Fish and chips Patrick Frank est un ancien voyageur de commerce

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Fish and chips Patrick Frank est un ancien voyageur de commerce
Fish and chips
Patrick Frank est un ancien voyageur de commerce reconverti dans le tourisme. Dorénavant, il
nous enverra de temps à autre quelques petites chroniques de la vie quotidienne anglaise. Aujourd’hui,
il nous présente une spécialité gastronomique incontournable à ses yeux…
Voici une saucisse de Francfort. Ca vous fait penser à quel pays? L’Allemagne? Bravo! Voici un
croque-monsieur. Là, vous me dites spontanément: La France. Encore bravo. Mais quel plat symbolise
l'Angleterre? Réfléchissez…oui! Le fish and chips.
En voici un. Voici du fish, du poisson, et voici les chips, les frites.
Mais attention. Ceci n'est pas seulement un plat. Le fish and chips est aussi un lieu, c’est
l’endroit où on achète son fish and chips. Voici un fish and chip shop. Les Chinois, les Indiens et les
Grecs ont élargi les goûts anglais, mais ils offrent souvent le fish and chips, eux aussi.
C’est un rituel. Par exemple, le vendredi soir, à la sortie du travail, une petite virée au chip shop
s’impose. Généreux, bien gras et moins cher que McDonalds, le fish and chips peut nourrir toute la
famille.
L'histoire du fish and chips est en réalité une histoire de pâte à frire. Selon les historiens, des
immigrés juifs venus du Portugal au 17e siècle, auraient importé cette façon de faire frire le poisson. A
cette époque, les Anglais connaissaient déjà les pommes de terre, frites selon la mode française. Mais il
aura fallu la Révolution Industrielle du 19e siècle pour qu’un petit malin ait l’idée d’associer poisson et
frites en créant ce qui devint rapidement le plat préféré des ouvriers. Le fish and chips ne coûte toujours
qu’un sou, et même les cadres s’y mettent. Tony Blair en personne avoue en être mordu.
Pour faire un bon fish and chips il vous faut du bicarbonate de soude, de la farine, du sel et un verre
d'eau. Voilà votre pâte à frire. Trempez votre filet de poisson blanc dedans. Maintenant, coupez des
morceaux de pomme de terre en bâtons bien épais. Plongez-les dans de la graisse de boeuf bien chaude.
La graisse de boeuf, c’est ça l’ingrédient secret du vrai Fish and Chips! Ne les laissez pas trop
longtemps, l’Anglais aime les frites plutôt molles. Ensuite, dans la même graisse, faites frire le poisson.
Pour l'aventurier, il y a toute une gamme d'accessoires. Une purée de petits pois? Des baked beans à
moitié fondus? Une petite sauce au curry?
Attention. Dans le chip shop, il y a tout un rituel à observer. La serveuse vous demande
d’abord: Cod or haddock, love? Cabillaud ou aiglefin? Peu importe. De toute façon, c’est la pâte à
frire qui donne le goût.
Salt and vinegar? Pour le sel et le vinaigre, la réponse est toujours yes. Et finalement: Open or
wrapped? Ouvert ou couvert? Qu'est que ça veut dire?
Depuis son invention, le Fish and Chips était empaqueté dans du papier journal, qui a la
particularité d’absorber la graisse tout en gardant l’humidité. Les Anglais pouvaient ainsi lire les
nouvelles tout en mangeant. L’encre d’imprimerie n’étant pas excellente pour la santé, un décret a mis
fin à ces casse-croûtes hautement informatifs dans les années 80. Aujourd’hui, le papier utilisé est
toujours le même que pour les journaux, mais il est vierge, et depuis peu les Anglais se résignent même
à l’arrivée de barquettes en plastique.
Pour une expérience totale, il faut prendre le fish and chips «ouvert», dans un cornet en carton,
en se promenant au bord de la mer.
Muni d'une petite fourchette en bois, le promeneur refroidi va rapidement retrouver ses forces.
Et là, on comprend à quoi ça sert, le fish and chips anglais.