le sexe aratoire - Association Suisse des Libres Penseurs
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143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 1 le libre penseur Périodique romand laïc et indépendant Editeur: Association vaudoise de la Libre Pensée Case postale 5264 CH-1002 Lausanne 35e année Décembre 2009 Trimestriel N° 143 Abonnement annuel: CH Fr. 10.–, CCP 10-7494-3 Etranger Euro 10.– ISSN 0256-8985 Rédacteur responsable Ivo Caprara Tirage 1700 exemplaires LE SEXE ARATOIRE (AVEC INTRODUCTION D’UN NÉOLOGISME) Nos politiciens et nos partis politiques, il leur arrive de ne pas être très futés. Voyez cette initiative visant à interdire la construction de minarets en Suisse. Ils sont allés au plus visible, à ce qui est symbolique, pensent-ils, de l'islam et qui leur apportera l'approbation massive de leurs «ouailles». Les problèmes que pose l'islam en Occident (dans l'Orient, c'est pire) ne sauraient se résoudre par des visions et des propositions simplistes et populistes. Car il y a les musulmistes. J'aimerais proposer ce néologisme pour la raison suivante: un musulman est né dans cette religion, il est possible qu'il la pratique, plus ou moins intensément (ou pas du tout), mais il ne fait pas de prosélytisme; l'islamiste est un forcené, un violent qui prétend imposer l'islam au moyen d'explosifs, quitte à y laisser lui-même sa peau, moins, à ce qu'on m'a assuré, celle de ses roustons qu'il protège d'un blindage local, rapport aux activités libidineuses qui l'attendent au paradis d'Allah; entre les deux, les musulmistes seraient ceux qui, si vous acceptez le mot, avancent à petits pas, sans se découvrir vraiment (prodeunt larvati), et essaient d'introduire des mesures qui nous paraissent anodines («après tout, si c'est leur idée!») mais qui grignotent notre tissu culturel selon la technique du saucisson qu'on découpe en tranches fines. Nadia Karmous, dont il sera question ci-après, les Ramadan Brothers, sont des musulmistes. Quelques exemples: les carrés confessionnels dans les cimetières. La Suisse, cela date je crois du XIXe siècle, a imposé à ses morts, ou plutôt à leurs proches encore vivants, d'accepter que protestants et catholiques soient enterrés dans un même lieu. Cela n'a d'ailleurs pas été sans mal, les tenants de chaque religion insistant pour qu'un apartheid des macchabées soit maintenue. Les macchabées ne se sont pas prononcés. Il restait les cimetières juifs, et si vous me permettez cette remarque antisémite, rien ne les justifiait. Viennent maintenant les musulmistes qui demandent que leur noble carcasse ne se mélange pas aux répugnants ossements des infidèles et que leurs orbites bientôt creuses regardent en direction de La Mecque. Demande arrogante et philosophique- Explose et sois belle. Une fatwa promet beauté aux femmes kamikazes. Espérons qu’au paradis d’Allah, elles auront au moins un «Chippendale» pour s’amuser! (Saturne, 3 février 2006). SOMMAIRE 1. 2. 3. 4. 5. 6. 7. 8. 9. Le sexe aratoire André Thomann Extase, épectase et pompe funèbre André Panchaud Quelques questions sur Léon X Claude Cantini Valeurs douteuses Pierre Lexert Pourquoi suivre les commandements de Dieu est incohérent Bertrand Cassegrain Bleu, à point ou saignant? Narcisse Praz Le passé du présent Gérard Delaloye Le comble Edouard Kutten Internet en liberté p.1-2 p. 3-4 p. 4 p. 5-6 p. 6-7 p. 7 p. 8 p. 8 p. 8 10. Maladie du foie, maladie de la foi 11. Songe de Noël 12. Une laïcité révisée! 13. Courrier des lecteurs 14. «Un génocide sans importance» 15. Libre service 16. Le rôle néfaste des suiveurs 17. La fouine des archives 18. En lisant 19. Les brèves 20. Bon de commande Robert Lescuyer Robert Nicole Edouard Kutten Michel Jörimann Philippe De Dehm p. 9-10 p. 11 p. 11 p. 12 p. 13-14 p. 14-15 Georges Krassovsky p. 16-17 p. 17 Claude Cantini p. 18-19 Thor Danneman p. 19 p. 20 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 2 le libre penseur/no 143 2 ment risible à laquelle des municipalités frileuses se sont empressées d'accéder. Ensuite, nos musulmistes ne sauraient manger une viande provenant d'une bête qui n'aurait pas été abattue selon des rites à eux. Sauf à espérer une situation édénique où l’on ne mangerait que des fruits et des légumes, nos civilisations en sont encore à l'omnivoracité. Nos pays occidentaux, mécréants ou presque, demandent que les animaux de boucherie passent de vie à trépas avec le moins de souffrance possible. Soit avec une anesthésie préalable. Pas de ça Lisette, couinent en chœur les juifs et les musulmans pratiquants, l'animal destiné à l'abattage doit être, on ne rit pas, vivant au moment de mourir. Vivant, c'est-à-dire lucide. C'est la tradition, imposée par leurs Livres. Le problème c'est que ces extrémistes, de quelque obédience qu'ils soient, n'ont pas compris qu'une tradition, si elle se révèle mauvaise, doit être abolie. L'excision des petites Africaines, qui comporte des souffrances inouïes pour les victimes, que voulez-vous, c'est une tradition. Et si beaucoup d'entre elles meurent d'une septicémie, on ne va pas en faire une montagne. Encore une tranche fine du salami? Un petit con musulmiste (16 ans), vient d'obtenir, à Berlin, qu'une salle de son lycée soit réservée à sa prière. Ainsi en ont décidé les juges, arguant que la liberté religieuse comprenait aussi celle de la manifester. Devant cet excès de laxisme, le proviseur a décidé de faire appel. L'argument des autorités scolaires est que l'établissement comporte de nombreuses nationalités et religions est que le seul moyen de les faire vivre ensemble, c'est de les faire fondre dans un système unique qui est précisément l'école. Si les juges ne comprennent pas cette donnée fondamentale, on se demande s'ils ont cette intelligence supérieure à la moyenne qui est requise dans l'exercice de leur fonction. Et cela est vrai non seulement des juges berlinois mais d'autres qui sévissent sur la partie occidentale de cette planète. Cela dit, j'ajouterai qu'il n'est pas exclu que notre pieux petit jeune homme ait été un peu téléguidé par plus pieux que lui.Vous savez ce que c'est, à seize ans, on est aisément influençable. Ces empiètements insidieux ne sont possibles que par la nonchalance de l'opinion publique, par l'aveuglement des politiques et par la pleutrerie des tribunaux. Les uns et les autres ont une notion erronée de la liberté de croyance. Dans un pays islamique, la manifestation de sa foi est non seulement libre, elle est même requise. Cela était vrai dans tout l'Occident catholique avant la Réforme et même audelà. En Pologne ou en Espagne, un congrès eucharistique, une procession, ne gênent encore personne. Les mécréants savent qu'ils doivent adopter un profil bas. Mais dans nos sociétés multiculturelles et aux religions nombreuses et contradictoires, la discrétion est désormais de mise, pour éviter les affrontements. Encore quelque chose que les musulmistes n'ont pas assimilé. Ils se plaignent de n'être pas compris, pas acceptés. C'est qu'à l'inverse des musulmans, ils sont exhibitionnistes, et dans leur apparence et dans leurs discours. S'ils se rasaient tous les matins et si leurs femmes ne portaient pas le voile de la soumission, ils se fondraient dans la masse et ne seraient la cible d'aucune animosité et d'aucune incompréhension. Mais c'est plus fort qu'eux, il faut qu'ils la ramènent. Ainsi Nadia Karmous, notre pasionaria helvétique, arborant fièrement la tenue musulmane et pratiquant sur un ton doucereux une «agit-prop» qu'on croyait défunte après la chute du régime soviétique, a réussi à convaincre la commune de Colombier (NE) de réserver quelques heures à la gent féminine pour lui permettre de faire trempette à l'abri des regards lubriques des hommes. Car dans le corpus des clichés de l'islam, il y a cette notion que le mâle est avant tout un violeur, un énergumène qui n'a qu'une idée en tête, c'est de se taper toutes les gonzesses qui sont à sa portée. Cette idée extrémiste n'est possible que parce que l'islam n'a de la sexualité qu'une idée rudimentaire. Le Coran donne la marche à suivre: «La femme est un champ que l'homme doit labourer.» Ce qui situe l'activité sexuelle très bas dans l'échelle de Richter de l'érotisme: pas de séisme en vue. Notre Occident décadent (?) et heureux de l'être, s'est affranchi d'un certain nombre de contraintes dans le domaine sexuel (ça n'est évidemment pas vrai de tout le monde), ce qui lui permet d'aborder la chose de façon équilibrée. La conception aratoire du coït n'est plus son fait. L'Eglise catholique a aussi longtemps fait sienne cette vue utilitaire de l'union des sexes qui devait avoir pour seul but la procréation. Les paroissiens ont fini par en avoir marre et se sont rebiffés, ce qui explique que la confession auriculaire ne fait plus recette; l'idée qu'on pouvait aller en enfer si on s'écartait de la position agréée, si on faisait l'amour pour le seul plaisir, a paru infantilisante à ces partenaires (quelquefois non mariés!) qui désiraient s'émanciper. On a parlé de façon abusive de révolution sexuelle. Et quoi encore? On en est simplement venu à une situation normale qui aurait dû être la règle depuis le Neandertal. Nos naïades de Colombier ont donc tout faux. D'abord parce que l'homme, avant d'être concupiscent, est d'abord admiratif.Voir une femme bien faite comble son besoin de beauté. Et la femme ne ressent-elle pas le besoin, elle, de se faire admirer? En règle générale, c'est la femme qui met du khôl et du henné, qui porte des bijoux. Et cela va dans les deux sens: rien n'empêche une baigneuse de mater un beau mec à la musculature flamboyante. Elle vous répondra que, justement, cela fait venir des mauvaises pensées, comme disent les théologiens et les confesseurs. Allons! Sont-elles si mauvaises que ça? Nos effarouchées, faisant écho à leurs imams, se plaignent d'une liberté des mœurs qui peut conduire aux pires excès. Contresens! Les viols n'ont rien à voir avec la licence. Ils sont le fait de déséquilibrés sexuels (le contraire des émancipés dont il est question plus haut) qui opèrent dans des chemins mal éclairés et des garages de voitures souterrains. Par comparaison, les piscines et les abords des lacs sont des endroits sûrs où ces dames ne risquent rien. A fortiori, les camps de naturistes. Plus on est nu, paradoxalement, plus on est chaste. Les musulmistes, dans leurs raisonnements simplistes, pensent exactement le contraire. Les naturistes, eux, ont réussi le pari de séparer la nudité de l'érotisme. On les voit faire une partie de ping-pong, jouer aux échecs, se promener en forêt (avec leurs enfants non traumatisés), manger des pizzas, bref, donner l'image non truquée de la joie de vivre. Dame Karmous, qu'on voit sur les photos vêtue comme une Lapone frileuse, ne peut évidemment pas comprendre cette liberté sans péché. Le dogme coranique (correction: il n'est même pas coranique) lui donne des œillères. Elle va continuer, au nom d'une morale qui a prouvé sa nuisance à demander plus de piscines «chastes». Il faut la contrer et demander haut et fort que les piscines seront mixtes ou ne seront pas. (Moi aussi, je peux faire du Malraux!) L'islam n'a rien compris à la sexualité. C'est son problème, mais il est prié de ne pas l'importer dans notre culture qui en est arrivée, je crois, à l'âge adulte, dans ce domaine tout au moins. Ainsi, je vous demande de reprendre ensemble le slogan d'une autre pasionaria, plus sympathique, elle: no pasaran! ANDRÉ THOMANN 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 3 le libre penseur/no 143 3 EXTASE, ÉPECTASE ET POMPE FUNÈBRE Le 20 mai 1974 les médias annonçaient la nouvelle de la mort du cardinal (et académicien) Jean Daniélou. Dès que furent connues les circonstances dans lesquelles était décédé l'éminent prélat, ce fut un (sacré) branle-bas dans les hautes sphères du clergé. Les hauts dignitaires s'efforceront de donner de l'événement une explication pieusement correcte. Il fut déclaré que le cardinal avait été frappé d'une crise cardiaque dans la rue. Paul Guth, tout confit en dévotion, y alla aussi de sa version1: «Le cardinal Daniélou vient d'avoir la fin la plus sublime pour un prêtre. Il portait la communion à un ami malade.Avec sa pétulance habituelle, il a gravi trop vite l'escalier jusqu’au quatrième étage. Il s'est effondré sur le palier, foudroyé par une attaque.» Tu parles!... Là, une petite rectification s'impose: l'homme de Dieu ne portait pas la communion à un ami mais venait «confesser» une pécheresse. Il ne s'est pas effondré au quatrième étage mais s'apprêtait à se transporter au septième ciel. Gardons-nous cependant d'accabler celui qui succombe aux convoitises de la chair. Du reste, son divin maître ne l'a-t-il pas absous d'avance: «Que celui de vous qui est sans péché lui jette la pierre le premier» (Jean 8:7). Et puis, franchement, expirer dans la chaude moiteur duveteuse d’une toison pubienne, en respirer le parfum, en goûter la saveur, n'est-ce pas, comme l'affirme l'auteur des Mémoires d'un naïf, «la fin la plus sublime»? LUXURE, CALME ET VOLUPTÉ C'est Le Canard enchaîné du 29 mai 1974 qui révéla la vérité. Le cardinal était, depuis trois mois, le visiteur assidu de l'appartement loué par une artiste de cabaret surnommée Mimi, qui faisait des «heures supplémentaires» à domicile pour occuper ses loisirs et arrondir ses fins de mois. Selon certaines sources, «les Renseignements généraux surveillaient depuis six ans les activités extra-sacerdotales de Son Eminence» révèle Le Canard enchaîné, en juin 1974. Dans une oraison funèbre publiée par Le Figaro (24.5.1974), le R.P. Xavier Tilliette s.j. écrivait du cardinal: «Son existence harassante avait, sans qu'on le vît, sans qu'on le sût, miné l'organe qui propulsait son activité apparemment infatigable. C'est dans l’épectase de l'apôtre qu'il est allé à la rencontre du Dieu vivant.» Épectase!… le mot était lancé. Il allait faire fortune. En 1974, le mot épectase ne figurait dans aucun dictionnaire français, ni même dans des lexiques d'expressions religieuses. Utilisé en philosophie, ce terme signifie en grec classique «extension, allongement». Il est cité dans la Bible2 dans l’épître de saint Paul aux Philippiens (3:13-15): «Oubliant les choses qui sont derrière et tenant avec effort (epekteinómenos) vers celles qui sont devant, je cours droit au but pour le prix de l’appel céleste de Dieu dans le Christ Jésus.» Dans les Homélies sur le Cantique des cantiques de saint Grégoire de Nysse (340-400) épectase désigne la tension de l’âme hors d’elle-même à la rencontre de Dieu. Dans le culte orthodoxe, le mot est employé de manière courante; il caractérise la béatitude des élus au paradis, s’accroissant sans cesse et n’atteignant jamais la satiété. Le cardinal Daniélou avait abondamment commenté la notion d’épectase dans son ouvrage sur Grégoire de Nysse Platonisme et Théologie (1944). Prémonition peutêtre? VADE RETRO, SATANA! Il va sans dire qu’après les révélations du Canard enchaîné le mot fit florès dans la presse satirique, dans l’acception profane de «mort durant l’orgasme». Il fallut bien du temps pour que ce terme qui, désormais, sent plus le soufre que l’encens, soit accueilli dans les dictionnaires usuels3. Ce n'était pas la première fois que le «Canard» soufflait le mauvais esprit dans les sacristies. En 1924, son collaborateur Georges de La Fouchardière avait révélé que Mgr Grente (académicien lui aussi) était propriétaire de maisons de tolérance sises derrière la cathédrale du Mans. L’histoire retient encore maintes polissonneries de certains serviteurs de Dieu avec des «créatures». Quelques mois seulement après l’épectase de Jean Daniélou ce fut Mgr Tort, archevêque, qui fut trouvé mort dans le couloir d’un hôtel… particulier. Il était passé de l’autel à l’hôtel, de la chaire à la chair, en quelque sorte. Remontons le temps. Ces augustes prélats avaient eu un illustre prédécesseur en la personne de Pie IV (Giovanni Angelo Medici, 14991565). Ce Saint Père la pudeur prêchait le célibat des prêtres et fit recouvrir «les nudités les plus choquantes» peintes par Michel-Ange à la chapelle Sixtine. Ce qui ne l’empêcha pas de connaître l’épectase lors d’un coït fatal avec sa courtisane favorite. En 1695, Mgr Harlay de Champvallon, archevêque de Paris et académicien, expira dans les bras de la duchesse de Lesdiguières. On trouve décidément, chez les académiciens, un goût prononcé pour certaines… académies. Loin de nous, on s’en doute, l’idée de blâmer ce que les bigots appellent le «péché de la chair». Il ne s’agit ici que de démasquer l’hypocrisie des bons apôtres qui violent la morale qu’ils imposent aux autres. Venons-en maintenant à des turpitudes plus profanes. Saint-Simon relate dans ses Mémoires la fin du régent Philippe d’Orléans (1674-1723) dans la couche de Mme Falari, l’une de ses nombreuses maîtresses. Une histoire semblable arriva, en 1921, au sénateur Antonin Dubost, au domicile d’une dame de petite vertu, à l’occasion d’un «massage spécial». Citons encore les cas d’orgasme fatal de Richard Wagner et de Nelson Rockefeller. 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 4 le libre penseur/no 143 4 Mais l’affaire qui eut le plus grand retentissement est celle du décès de Félix Faure, président de la République, le 16 février 1899. Le président fut subitement victime d’une syncope résultant d’une fellation pratiquée un peu trop consciencieusement par Mme Steinheil, sa maîtresse attitrée. Ce qui valut à celle-ci le surnom de «la pompe funèbre». Armand Lanoux raconte4: «Un jeune vicaire appelé en hâte pour administrer les derniers sacrements au président arriva à l’Elysée et demanda à un garde: «Le président a-t- il encore sa connaissance?» Mon père, elle vient juste de sortir par l’escalier de service.» Cet événement fut une véritable aubaine pour les chansonniers, qui composèrent cette épithète devenue célèbre: «Il se croyait César, il ne fut que… Pompée.» Le président eut droit à des obsèques nationales. Célébrées en grand pompe, comme il se devait. ANDRÉ PANCHAUD 1 Publications commerciales, mai 1974. 2 Ne figure que dans la traduction du 3 4 théologien anglais John Nelson Darby en 1859. Inconnu du Petit Larousse. Nouveau Petit Robert: 1974; du grec epectasis «extension» Aristote, remotivé d’après ectasis «extase». Fam. Décès pendant l’orgasme. Armand Lanoux: Madame Steinheil ou la connaissance du président, Grasset, Paris 1983. Il existe une multitude de versions plus ou moins fiables de cet événement. QUELQUES QUESTIONS SUR LÉON X En avril 2009 est sortie de presse (comme Le Libre Penseur de septembre dernier l'a annoncé) la réédition du «Gesù Cristo non é mai esistito», publié pour la première fois à Bellinzone en 1904. La couverture (fac-similé de la deuxième édition de 1905) comporte une citation explosive, attribuée au pape Léon X: «La fable du Christ nous apporte tellement qu'il serait folie d'avertir les ignorants de la tromperie» (trad.). Un ami m'a fait justement observer qu'il serait fort utile d'approfondir, par une documentation, la valeur de cette citation. D'où ma tentative. Au sujet de Léon X (1475-1521) – dans le siècle: Giovanni de Medici – voici donc quelques jugements. «Si les caisses du Saint-Siège, remplies par Jules II, se trouvèrent vides à sa mort, le crédit moral du pontife était également ruiné» (François Fossier dans le «Dictionnaire historique de la papauté», Paris 2003). «Léon X non seulement aimait les arts... mais il accordait ses faveurs à tous les travaux de l'esprit...; même et peut-être surtout à la comédie licencieuse et à l'épigramme libertine» (E.-H. Vollet dans «La Grande Encyclopédie», tome 22). «On a reproché à ce pape son faste, sa Léon X (Jean de Médicis) 1475-1521. passion pour la table, et même des habitudes de débauche... Léon X, dit Avenel (historien français), avait l'humeur enjouée, l'esprit enclin à la bouffonnerie; il passait, avec une extrême facilité et un plaisir assez visible, des entretiens les plus sérieux aux plaisanteries les plus frivoles... Roscoe discute longuement les accusation d'impiété (Littré: «mépris pour les choses de la religion») et d'immoralité dirigée contre Léon X par ses contemporains, et il conclut au rejet de ces accusations, mal fondées selon lui» (Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle, tome X/1er). N'ayant pu consulter les quatre volumes de l'importante biographie de l'historien anglais William Roscoe (Vie et pontificat de Léon X, Paris 1808), car en cours de numérisation, ma petite recherche s'arrête là. Qu'il me soit néanmoins permis d'avancer une hypothèse «In vino veritas»? CLAUDE CANTINI ✂ Pour en savoir plus sur Léon X et pour commander le livre de Milesbo, voir le bon de commande ci-dessous. ■ Milesbo (Emilio Bossi) – Gesù Cristo non è mai esistito (en italien). 272 pages, Fr. 27.– (16,50 euros). ■ Milesbo (Emilio Bossi) – Jésus-Christ n’a jamais existé (résumé en français) 1926, 16 pages, Fr. 6.– + port (reproduction AVLP). ■ Maurice La Châtre – Léon X 1870, 22 pages (A4) Fr. 10.– + port. Nom: Prénom: Adresse: NP: A retourner à: AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne Ville: 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 5 le libre penseur/no 143 5 VALEURS DOUTEUSES Sa Sainteté Benoît XVI est allé passer ses vacances en Vallée d’Aoste, – région naguère francophone jouxtant la France et la Suisse romande, qui fut, vers le mitan du XIXe siècle, arbitrairement séparée de la Savoie pour être rattachée au naissant royaume d’Italie. Prétextes: l’écoulement des eaux dans le Pô – manque de pot! – et la préservation des terrains de chasse et de fornication du roi de la Botte de l’époque. L’avis de la population? Négligeable. Pis encore: le Vatican fit tout pour la défranciser, la coupant ainsi de ses racines gallicanes et attentant à son verbe, autrement dit à son âme. Ce qui n’a pas empêché notre blanc Benoît de se prélasser dans cette contrée sans manifester la moindre velléité de réparation, cependant que, venu pour ne pas se fouler, il s’y est foulé le poignet – la montagne ça ne pardonne pas – incident qui mit en grand émoi médicastres et thuriféraires. Toujours est-il que la foi en son Dieu de cette itinérante brebis laisse beaucoup à désirer. En effet, si persuadée qu’elle se prétende de l’infinie sagesse et de l’incommensurable bonté dudit Dieu, elle ne s’en déplace pas moins en voiture délicatement blindée et protégée par des gardes du corps musclés dont les façons n’ont rien d’évangélique. Est-ce à dire qu’il redoute d’être rappelé trop tôt auprès du Sauveur et de devoir se casser éternellement les pieds parmi les bienheureux de son acabit? Etrange défiance de la part de l’infaillible garant des félicités que l’au-delà réserve aux justes! Un identique scepticisme, regardant les pouvoirs des saints, s’est manifesté chez des ecclésiastiques italiens déconseillant à leurs ouailles de toucher ou d’embrasser les reliques de san Gennaro, qui pourrait – le salaud! – leur instiller la grippe A... On voit donc que, lorsque la réalité menace, toutes ces calembredaines ne valent plus tripette, même aux yeux de leurs camelots. Ce qui m’amène à m’interroger sur le déprimant spectacle des enterrements chrétiens, où règne la consternation alors que chacun devrait pourtant se réjouir de savoir le défunt se la coulant douce à la droite du Seigneur. Quant aux sinistres cimetières qui accueillent les dépouilles charnelles de cette chrétienté, préfigureraient-ils l’urbanisme paradisiaque qui nous attend au tournant? Passons vite. La récente diffusion, sur l’antenne de France 2, d’un fort mauvais film (il fallait s’y attendre) concernant «La Dame de Monsoreau», a de nouveau mis en évidence la criminelle collusion de l’Eglise apostolique et romaine – sainte salade! – et d’une «noblesse» autoproclamée telle, bien que parasitaire, futile, fourbe et dépravée. J’ai déjà fait observer que les peuples tendent à se prévaloir des vertus qui leur manquent ou qu’on leur dénie. Ainsi les fieffés faux jetons que sont les Anglais se gargarisent-ils de leur «fair-play»; ainsi les Français – on ne peut plus remarquables pour leur inconséquence – se donnent-ils pour cartésiens après en avoir engendré un par inadvertance; ainsi les Etats-Unis qui ambitionnent d’éclairer le monde du haut de leur liberté statufiée, n’ont-ils de cesse – via les vilenies assassines de leur CIA – d’asseoir partout des régimes tyranniques et un libéralisme ravageur. De même, la noblesse institutionnelle, qui se réclame de l’honneur – vertu discutable qui se nourrit de suffisance plus que de droiture – se comporte-t-elle globalement comme un ramassis de prédateurs et d’arrivistes sans scrupules, prêts, pour jouir de privilèges et de rentes immérités, à toutes les compromissions, qu’il s’agisse de félonie, de meurtre, d’abus de confiance, de corruption ou de mésalliances juteuses, – sous l’hypocrite et arrogant couvert d’un vernis de traditions faisandées. (Ce, d’ailleurs, dont l’entreprenante grande bourgeoisie post-révolutionnaire s’est montrée tout aussi capable). La chevalerie, on le sait, ne fut qu’une invention littéraire, destinée à flatter les seigneurs – chers saigneurs! – et dresser un voile trompeur devant leurs exactions. Tout comme en matière de religion, quelques figures d’exception, portées aux nues par la légende, ont servi de caution à d’innombrables sacripants et contribué à donner le change au peuple sur leurs ignominies. On rêve d’une thèse objectivement documentée qui révèlerait les fondements de cette pseudo–aristocratie, l’épinglant sous son vrai jour depuis ses origines, peu recommandables, marquées par le brigandage, l’appropriation indue, la coercition et le racket. Mais quel maître accepterait de la patronner, cette thèse, et quel jury d’en recevoir l’impétrant? Jusqu’à quand les valeurs douteuses affichées par les grandes sectes religieuses, la noblesse historique, le chœur des notables, les héritiers abusifs, tromperont-elles la confiance et l’attente d’un public dont leurs représentants exploitent la crédulité et organisent l’aveuglement? Venons–en maintenant au spectacle de ces athlètes de haut niveau (surtout physique) qui, lors des championnats du monde – comme dernièrement à Berlin – multiplient invocations et signes de croix avant l’épreuve. Compte tenu du peu de fair-play et de la sotte vanité qu’implique le fait de s’estimer digne d’être assisté par Dieu, on peut imaginer le parti qu’en pourrait tirer un malicieux cabinet d’avocats, bien rétribué par un collectif de mécréants. D’abord, en postulant l’efficace de l’intervention divine, l’assimilant à une forme de dopage favorisant le fidèle aux dépens de l’incroyant; ou bien et à contrario, jouant les fervents du culte, en exigeant l’interdiction de ces manifestations de piété, du fait que les nombreux échecs qui en résultent sont de nature à discréditer l’omnipotence divine. Force nous est de constater, d’ailleurs, que la virilité corporelle n’a rien à voir avec celle du caractère. D’où la déroute des compétiteurs français. Enfin n’y a-t-il pas lieu de déplorer qu’après la fameuse et capitale Nuit du 4 août 1789, où fut proclamée l’abolition des privilèges, l’on ait fait marche arrière sous la houlette du gredin corse qui non seulement les rétablit mais bricola une aristocratie d’empire, aidant ainsi au rafistolage de l’ancienne? Des débordements desquelles se gavent toujours le roturier universel et le petit–bourgeois épaté devant les ducs, marquis, comtes et barons qui excipent d’un sang bleu – 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 6 le libre penseur/no 143 6 car altéré par la consanguinité, le vermeil des bâtardises ne suffisant pas à le régénérer. On comprend aussi pourquoi le Quai d’Orsay – qui sert essentiellement de fromage aux rejetons des ci-devant d’après coup (entendez cou coupé) – apparaît comme le plus inopérant des ministères français, truffé qu’il est de potiches condescendantes, surtout expertes en parlages, ronds de jambe et petits fours. Il est vrai qu’ils sont censés s’occuper d’affaires qui leur sont totalement étrangères. Belle égalité des droits que celle qui, autorisant qu’on fustige le racisme, ne met aucun frein à la création des ces catégories sociales, tenues pour plus ou moins estimables en fonction de leur fonction ou de leur origine.Au point que tel manchot jouant au fou-de-balle dont on pourrait se passer sans dommage, engrange des millions tandis que l’indispensable éboueur et la précieuse infirmière tireront le diable par la queue. Ainsi acceptons–nous de – ou nous résignons-nous à – vivre dans une société du faux–semblant prétendue démocratique, en fermant les yeux sur tout ce qui nous inciterait à réagir et à nous impliquer pour y restaurer l’équité. Ne serait–ce qu’en en éliminant, à la faveur des consultations électorales, ces inusables politiciens, docteurs en langue de bois, dont la devise générale, au lieu du «Rien de commun» de feu José Corti, pourrait simplement être: «Comme nul». PIERRE LEXERT Association vaudoise de la Libre Pensée Case postale 5264 CH-1002 Lausanne Internet: www.librepensee.ch Libre Pensée de Genève Ch. des Quoattes 27 CH-1285 Avusy Associazione Svizzera dei Liberi Pensatori (ASLP) Sezione Ticino, Casella postale 721, 6902 Paradiso Presidente: R. Spielhofer 091 994 21 45 Association suisse de la Libre Pensée FVS-ASLP Case postale CH-3001 Bern Internet: www.freidenker.ch International Humanist and Ethical Union Internet: www.iheu.org POURQUOI SUIVRE LES COMMANDEMENTS DE DIEU EST INCOHÉRENT Tout croyant issu d’une des trois grandes religions monothéistes estime qu’il faut suivre les commandements divins. La théorie du commandement divin veut que ce que commande Dieu de faire est bon et que ce qu’il interdit de faire est mal. Par exemple, si Dieu interdit de tuer, cela signifie que tuer est mal. S’il commande d’aider son prochain, aider son prochain est bien. S’il ne spécifie rien à propos d’un acte, celui-ci n’est ni bon, ni mauvais. Par exemple, Dieu ne dit rien à propos du fait de se gratter le nez. Ainsi, si le croyant pense que Dieu a ordonné de ne pas tuer, alors il ne doit pas tuer. S’il a ordonné d’aider son prochain, alors il doit aider son prochain. Si l’on estime qu’il a ordonné de ne pas avorter, alors on ne doit pas avorter, voire on se doit d’empêcher tout avortement. En effet, suivre le commandement divin n’implique pas seulement de respecter le commandement de manière individuelle, mais également de le promouvoir (par exemple, à l’aide d’une campagne de sensibilisation anti-avortement, ou en tentant de faire voter par le parlement une loi qui interdit l’avortement) ou, dans une version minimale, de le défendre lorsque celui-ci va être violé par un individu (par exemple en empêchant sa fille mineure d’avorter alors qu’elle en exprime le désir). Toutefois, il apparaît que se conformer au commandement divin remet en cause la conception fondamentale qu’ont les croyants de Dieu. Il n’est pas nécessaire ici de spécifier quels sont (ou seraient, selon les interprétations des écritures saintes) les commandements de Dieu. De plus, la démonstration qui suit est intéressante dans la mesure où il n’est pas nécessaire de nier l’existence de Dieu. Partons du postulat qu’il existe, il n’empêche qu’il est incohérent de suivre le commandement divin. Ce pour les raisons suivantes1: Le croyant monothéiste adhère à trois prémisses concernant Dieu: 1) Dieu est le créateur de toutes choses. 2) Dieu est totalement rationnel.Tout ce qu’il fait, il le fait pour une raison et avec une complète sagesse. 3) Dieu est une perfection morale. Il est parfaitement juste, bon, aimant, miséricordieux, etc. Une fois que nous avons cela en tête, passons à la théorie du commandement divin à proprement parler. Il y a deux façons de comprendre l’idée que «ce que commande Dieu de faire est bien, et ce qu’il interdit de faire est mal», interprétation qui nous mène au dilemme suivant: a) Soit ce qui est bien ou mal (juste ou faux) dépend du commandement de Dieu, dans le sens où le commandement fait que telle action est bonne ou mauvaise. Par exemple, Dieu dit que tuer est mal (il interdit de tuer), alors tuer est mal. Mais Dieu pourrait tout aussi bien dire que tuer est bien (il ordonne de tuer), alors tuer serait bien. b) Soit Dieu nous commande ou nous interdit de faire certaines choses parce qu’elles sont intrinsèquement bonnes ou mauvaises, indépendamment de son jugement (mais il sait qu’elles sont bonnes ou mauvaises). Ainsi, dans cette optique, Dieu nous commande de ne pas tuer parce qu’il sait que tuer est mal. L’option (a) représente la théorie du commandement divin. L’option (b) est son rejet, car cela suppose que certaines actions sont bonnes ou mauvaises indépendamment du commandement de Dieu. Si l’option (b) était la bonne, cela signifierait que Dieu ne répond pas à la prémisse (1), qui consiste à dire que Dieu est créateur de toutes choses. En effet, dans l’option (b), il n’est pas le créateur des normes de juste et d’injuste, de bien ou de mal. Il n’en a que connaissance. Seule l’option (a) paraît donc acceptable pour tout croyant. Le problème est qu’adhérer à l’option (a) implique de rejeter les prémisses (2) et (3). Pourquoi? Si Dieu décide de ce qui est bien ou mal indépendamment de raisons, alors il ne répond pas à la prémisse (2), qui prétend que Dieu est parfaitement rationnel et qu’il agit toujours en fonction de (bonnes) raisons. Si (a) est juste, les commandements de Dieu paraissent en effet bien arbitraires! Il décide que, par exemple, tuer est mal, mais il pourrait tout aussi bien décider et commander le contraire (sans raisons). Comme nous l’avons vu, selon la théorie du commandement divin, dire que 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 7 le libre penseur/no 143 quelque chose est bien n’implique pas seulement de respecter ce quelque chose, mais également de le défendre, voire de le promouvoir. Par exemple, si Dieu dit que la paix est quelque chose de bien, alors je dois promouvoir ce bien ou, au minimum, selon les théories, le défendre lorsque celui-ci est en danger. Or, il est dit dans la prémisse (3) que Dieu est bon. D’une part, il est absurde de vouloir «promouvoir» ou «défendre» une entité omnipotente, qui se suffit à elle-même. Dieu est si puissant qu’il n’a pas besoin de «protecteurs». D’autre part, nous estimons généralement que si Dieu est bon, juste, etc., c’est en fonction de certaines caractéristiques, et non en fonction d’un commandement qu’il donne. En effet, le croyant ne considère pas que Dieu est bon parce que ce dernier a décrété qu’il 7 l’était (ce qu’implique la théorie du commandement divin), mais parce qu’il possède certaines caractéristiques qui font de lui un être bon. De ce fait, adhérer au commandement divin met à mal la prémisse (3). Ainsi, suivre le commandement divin – l’option (a) – remet en question la conception qu’ont les croyants monothéistes de Dieu. Or, il apparaît que les croyants ne peuvent rejeter cette conception fondamentale. Donc, s’ils veulent êtres cohérents, les croyants doivent rejeter la théorie du commandement divin. Reste, pour le croyant, l’option (b). Comme nous l’avons vu, cette option implique, dans un premier temps, de rejeter l’idée que Dieu est créateur de toutes choses. Certains théoriciens ont trouvé la parade2, mais ce n’est pas ce qui nous intéresse ici. Le but de cet article était de montrer que les croyants issus des trois grandes religions monothéistes, étant donné la conception qu’ils avaient de Dieu, ne pouvaient adhérer à la théorie du commandement divin, et c’est ce qui a été accompli. BERTRAND CASSEGRAIN ASSISTANT AU DÉPARTEMENT DE SCIENCE POLITIQUE DE L’UNIVERSITÉ DE GENÈVE 1 2 Je reprends ici l’argumentation que l’on trouve dans le livre de Mark Timmons (2002), Moral Theory. An Introduction, Rowman and Littlefield publishers Inc. Voir l’ouvrage de Timmons déjà cité, pp. 30-32. BLEU, À POINT OU SAIGNANT? L'Eglise catholique reste fidèle à son culte morbide de la souffrance. En témoignent ses chemins de croix parsemés d'images sanguinolentes d'un Jésus pissant le sang par sa tête couronnée d'épines si profondément enfoncées dans son crâne qu'on se demande si les Romains n'avaient pas déjà inventé le fil de fer barbelé à longues pointes. Et puis les chutes répétées du condamné sous le poids de sa croix: Jésus tombe pour la première fois. Simon de Sirène aide Jésus à porter sa croix. Jésus tombe pour la deuxième fois. Puis pour la troisième fois. Mais le paroxysme de la jouissance masochiste du catholique en communion avec son sauveur (de quoi? de qui?) est encore à venir, lorsqu'au terme de la montée au Golgotha il peut enfin se régaler de la vision de la crucifixion: et que je t'enfonce un clou dans chaque main! Et que je t'en enfonce un autre, plus gros, plus long celui-là, car il doit relier entre eux et fixer sur le bois de la croix les deux pieds du malheureux. Et c'est pas tout! Il y aura encore le coup de lance du soldat romain dans le flanc du crucifié. Et puis l'agonie, longue, assaisonnée d'un peu de vinaigre pour étancher la soif du mourant! Alors, enfin, la jouissance du pénitent récitant ses patenôtres culmine au délire! Ouah! Et c'est cette image-là que l'Eglise catholique tient absolument à infliger à tout écolier italien, espagnol, latino- Crucifix (Ecole de Donatello, env. 1410) américain et... valaisan! Dans chaque salle de classe un crucifix! Fixe! Et voilà que, patatras, la Cour européenne des droits de l'homme vient d'ordonner à la très pieuse Italie de retirer de ses écoles cette abomination visuelle, cette offense faite à la sensibilité enfantine que sont les crucifix bien saignants appelant au culte suprême de la souffrance comme élément indissociable de la conquête des mérites menant au paradis. Il est des crucifix bien réalistes, bien pourvus en hémoglobine dégoulinant des plaies du personnage qui me rappellent l'époque où, l'épidémie dite de la vache folle aidant, les télévisions ne rataient pas une occasion de nous infliger le spectacle lamentable et horrifiant de dizaines de carcasses bovines suspendues le long des parois des abattoirs. A vous dégoûter à jamais de man- ger du cadavre bovin ou autre! A vous rendre végétarien, herbivore et frugivore.Tout mais plus jamais ça! Alors, votre crucifix, chers petits Italiens et Valaisans, comment le préférez-vous? Bleu? A point? Saignant? Il aura donc fallu la pugnacité d'une citoyenne italo-finlandaise d’Abano-Terme (province de Padoue) Mme Soilé Lautsi, pour que le scandale éclate enfin: ses filles ne supportaient plus ce spectacle de boucherie humaine dans leur école! Dame Soilé Lautsi s'est donc battue d'abord sur le plan national. Elle a perdu son procès. Naturellement: justice aux ordres du Vatican oblige. Elle a porté l'affaire devant le Tribunal des droits de l'homme et elle a gagné! Enfin! Et cette fois la tempête soulevée dans les bénitiers est de taille. Il y aura recours. Il y aura bataille. Mais enfin, voilà la très catholique Italie sommée par la C.E. des droits de l'homme d'avoir à retirer ses crucifix de toutes les écoles publiques du pays dans les trois mois! Madame Soilé Lautsi, vous êtes une sainte! Toute l'Europe laïque et enfin lucide vous vénère! Et moi, je vous embrasse. NARCISSE PRAZ P.-S. Mais où est-elle, la Soilé Lautsi du Valais, de Fribourg et des autres cantons suisses? Ne répondez pas toutes en même temps! Je n'en espère qu'une. Une seule. 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 8 le libre penseur/no 143 8 LE PASSÉ DU PRÉSENT EN SUISSE, LES CRUCIFIX SONT INTERDITS DEPUIS 1990 ! André Malraux avait plus que raison: on n'en finit pas en ce nouveau siècle avec les religions. Après les intégristes de tout poil, les minarets, voici que les crucifix refont la une de l'actualité. Suite à la condamnation de l'Italie par la Cour européenne des droits de l'homme, la révolte gronde dans les sacristies. Même en Suisse, où un conseiller d'État radical valaisan estime ne pas devoir se prononcer sur la question. Au mépris de la loi, car en 1990, en conclusion d'une bataille juridique homérique, le Tribunal fédéral interdisait les crucifix dans les écoles. C'est à Guido Bernasconi, un instituteur tessinois, que la Suisse doit d'avoir une définition claire de la neutralité religieuse de l'espace scolaire. Ayant construit en 1984 un nouveau bâtiment, la municipalité de Cadro, petit village perché au-dessus de Lugano, crut bon d'accrocher un crucifix dans chaque salle. A la rentrée des classes, Bernasconi décroche l'ob- LE COMBLE Apparemment l'endoctrinement religieux précoce ne semble pas suffire à certains milieux politiques cléricaux. Les adultes y ont droit aussi au Luxembourg comme le montre Erwuesse Bildung (Education pour adultes). Un théologien protestant (I.H.) a été engagé à ces fins. Tout en travaillant pour une institution catholique il est au service de «l’Education des adultes». Dans le temps protestants et catholiques s'entretuaient, aujourd’hui ils font bande commune. Le dogme catholique de la «Vierge Marie» ne fait plus obstacle, il faut endoctriner ensemble. Bref, l'endoctrinement religieux catholique au Luxembourg ne connaît pas de limite d'âge, on n'est jamais trop jeune ni trop vieux. EDOUARD KUTTEN jet au nom de la laïcité du lieu. Emoi de la municipalité qui confirme sa décision. Avec l'appui de quelques citoyens, l'enseignant fait recours au Conseil d'Etat, arguant, selon la Constitution, de la violation du principe de l'égalité de traitement, de la liberté de croyance et de la neutralité confessionnelle de l'école. En décembre 1985, le Conseil d'Etat rejette le recours. Bernasconi s'adresse aussitôt au Tribunal administratif cantonal qui lui donne raison en mai 1986. C'est alors la municipalité de Cadro qui, le 30 mai 1986, au nom de l'autonomie communale, demande au Tribunal fédéral d'annuler la sentence tessinoise. Hésitations, discussions, conciliabules: le TF repasse la patate chaude au Conseil fédéral qui accepte le recours le 29 juin 1988. Bernasconi ne se laisse pas impressionner et, deux semaines plus tard, s'adresse alors à l'Assemblée fédérale, soit les deux chambres réunies du Parlement, l'autorité suprême de notre petit pays. Nouveaux conciliabules entre juges et hommes politiques. Pour finir, l'Assemblée fédérale estime que l'affaire ne relève pas de la compétence du Conseil fédéral et renvoie le dossier au Tribunal fédéral. Son avis tombe le 26 septembre 1990. L'instituteur avait raison: la présence d'un crucifix sur le mur d'une salle de classe viole le principe de neutralité confessionnelle de nos écoles, d'autant plus que la scolarité est obligatoire. GÉRARD DELALOYE, JOURNALISTE ET HISTORIEN Article paru dans Le Matin du 8 novembre 2009 et publié avec l’autorisation de son auteur que nous remercions vivement. N.d.l.r.: Malheureusement cette décision du Tribunal fédéral n’est pratiquement pas respectée. Est-ce que la religion est au-dessus de la loi? INTERNET EN LIBERTÉ INDEX LIBRORUM PROHIBITORUM (INDEX DES LIVRES INTERDITS) Si vous désirez télécharger cette liste de quatre mille ouvrages que les catholiques romains n’étaient pas autorisés à lire, nous vous conseillons d’abord de rechercher sur Internet: Index librorum prohibitorum.Vous arrivez sur Wikipedia et vous pouvez lire une petite histoire de cette censure du Vatican. A la troisième page vous trouverez Liens externes et ensuite vous cliquez sur Index librorum prohibitorum 1948. Les 203 pages de cette liste apparaîtront alors sur l’écran, classées par auteur ou par la date de parution si l’auteur n’était pas connu. La consultation de l’Index ne manquera pas de vous surprendre et en plus il vous permettra de trouver une foule de renseignements sur ces livres et ses auteurs. Pour ceux qui n’ont pas accès à Internet, cette liste peut être obtenue à notre rédaction pour le prix de 25 fr. 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 9 le libre penseur/no 143 9 MALADIE DU FOIE, MALADIE DE LA FOI A l’occasion des fêtes de Noël, fêtes profanes et religieuses, nous avions tous souvenir de ces repas copieux et arrosés, marqués particulièrement par une abondante consommation de foies de nos amis ansériformes et anatidés, palmipèdes gavés dont la maladie est un vrai délice. Mais observons également ces autres ansériformes et anatidés qui s’en vont palmi-pèdant, dans la froidure et la pluie, au réconfortant gavage liturgique baptisé «messe de minuit», (l’heure du crime, prétendent certains). A ce sujet et pour ceux qui souhaitent approfondir le caractère «sacré» de l’événement ou qui ignorent ce qui se cache (et s’exprime) derrière cette musique aux accents de mâles triomphants, il est utile d’en rappeler les termes qui, souvent en matière religieuse, se veulent d’une poésie illuminante: «Minuit chrétien c’est l’heure solennelle où l’homme Dieu descendit jusqu’à nous pour effacer la tache originelle et de son père arrêter le courroux. Le monde entier tressaille d’espérance à cette nuit qui lui donne un sauveur. Peuple à genoux, attends ta délivrance. Noël, Noël voici le rédempteur! Courbez vos fronts devant le rédempteur (bis) Ainsi nous pouvons noter que l’heure est solennelle puisque l’homme Dieu descend jusqu’à nous! «L’homme Dieu», expression bien maladroite. Elle vient en concurrence avec Tarzan, l’homme des bois, l’homme-araignée, l’homme-cheval, le loup-garou et tant d’autres! Enfin on nous assure que l’atterrissage est réussi, grâce à cette opération un enfant Dieu dit «petit Jésus» est né. Ce qui est performant dans la foi c’est que vous n’avez aucune explication à demander: on vous annonce l’événement, un point c’est tout! Pourtant, et c’est très important, cet homme Dieu vient pour effacer la tache originelle. Vous ne le saviez pas? Vous avez bien fait de venir parce que nos ancêtres ont fauté grave et maintenant c’est que vous pouvez «tressaillir d’espérance» (le monde entier a le droit de «tressaillir», excusez du peu). C’est une des formes de la transe catho. La transe, sous une forme ou une autre, est un des incontournables effets recherchés par toute religion. Toutefois vous avez un moyen de calmer le courroux de «l’homme Dieu» que l’on croyait à l’origine de tout: de la fabrication du vivant, du non-vivant, enfin de tout y compris de ce qui peut s’ensuivre: harmonie universelle, tous les plaisirs possibles, bref le bonheur pour tous (de nuit comme de jour!) Malgré tout, en cette nuit du solstice d’hiver qui nous donne un sauveur, il est demandé, à vous, peuple de Dieu, de vous mettre à genoux, dans l’attente de votre délivrance. (On se croirait dans une salle d’attente pour femmes enceintes!) Voici donc l’homme-Dieu-rédempteuraccoucheur de votre libération. Pourquoi pas de votre liberté, ce serait plus immédiat et plus facile à mettre en pratique. Pour en terminer avec ce rappel à l’ordre divin, il vous est enjoint de courber vos fronts devant le rédempteur. C’est un comble: on ne l’a pas appelé, il vient quand même, on ne comprend pas ce qu’il dit et en plus il faut se mettre à genoux et courber le front! Tout cela sur des musiques aux envolées d’un lyrisme tonitruant et propres à vous donner les frissons recherchés et auxquelles se sont appliqués de nombreux compositeurs de talent tels Adolphe Adam ou Charles Gounod. Faites tout de même attention à la fin où il y a cette explosion du «Noël, Noël voici le rédempteur» qu’on vous prie de bisser, ce qui, après le «tressaillement d’espérance», peut vous conduire tout droit à une sorte d’orgasme cérébral, ce qui n’est pas recommandé à votre tête déjà fragile puisque vous êtes venu et encore fragilisée par ce traitement de choc. Bref, comme dit la sagesse populaire, «on peut se faire sauter la cafetière». Si vous n’avez pas été convaincu par le grand classique du «minuit chrétien» ou si vous êtes en manque d’opium du peuple (pas forcément le moins cher) vous pouvez vous abandonner aux chansonnettes qui participent également à la bonne formation de cette jeunesse, ravie de la crèche. Il est né le divin enfant Depuis plus de quatre mille ans nous le promettaient les prophètes tout petit enfant que vous êtes Ô jésus ô roi tout puissant régnez sur nous entièrement. Dans ce superbe texte d’anthologie, on apprend également beaucoup de choses. Les prophètes (excellente et solide référence) promettaient cette divine naissance depuis plus de quatre mille ans. Et l’évolution dans tout cela? Il est vrai que quatre mille ans est une référence de science chrétienne (ainsi: la terre est plate... comme un encéphalogramme de théologien!) Autre affirmation: «Jésus roi tout puissant». Si petit et déjà en puissance royale. Cela vous a une autre allure que Jean fils de Nicolas. Pour en finir avec ces affirmations enfumantes et, comme le dernier soupir d’abandon du mental fidéiste: «Régnez sur nous entièrement». Il est important de noter ici le côté «monarchie absolue» des textes. Nul étonnement, l’Eglise n’a pas vraiment quitté l’Ancien Régime: le roi, le règne, le peuple à genoux, les courbettes sans oublier que Dieu est infatigablement appelé «Seigneur» dans ces prières qui ont traversé les siècles: Seigneur ayez pitié de nous (c’est le Kyrie Eleison), Seigneur exaucez-nous, Seigneur, faite que ma fille soit dans les quatre-vingt pour cent de réussite au bac (avec mention ce serait un petit plus dont je vous serais obolement reconnaissant, Seigneur!), faites que ma date de naissance soit le super-gagnant du gros lot, etc. etc.Ah, j’allais oublier: et que nos affaires prospèrent, vraiment bon dieu vous me troublez. En cette nuit exceptionnelle que la religion a tenté de voler au profane, vous pouvez également ajouter une note féminine avec l’Ave Maria encore un des standard des albums cathos, tout aussi propre à vous procurer les bons frissons. Jean Paul II s’est beaucoup investi dans le culte marial.Aussi il serait de la dernière inconvenance de rappeler que le Talmud de Jérusalem a gardé la trace d’une ancienne tradition (ayons toujours le respect des traditions nous répètent à satiété les bons penseurs), affirmant que Marie avait eu pour amant un soldat romain appelé Pandera et que Jésus était le fils de celui-ci. Cette histoire est confirmée par Celse (philosophe grec surtout connu par Origène qui l’a combattu sans laisser trace des documents authentiques de Celse.) Ajoutons qu’en l’an zéro (tiens...) l’adultère était outrageusement puni et Marie qui n’était point la sotte que la religion nous fait souvent «apparaître», se souvenant que «depuis plus de quatre mille ans» il y avait un créneau libre, elle s’y est courageusement 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 10 le libre penseur/no 143 10 engouffrée. Non seulement en sauvant son fils elle en fit un sauveur, mais, toujours selon la tradition, il eut un parcours époustouflant en marchant sur les eaux, multipliant les pains, les poissons, changeant l’eau en vin au grand dam des vignerons et biophiles de la région. Tout cecla pour finir, toujours selon la tradition, cloué sur une croix comme un vulgaire esclave tels ceux qui voulaient leur liberté et qui furent plus de six mille à être crucifiés sur la voie romaine Appienne de cent quatre-vingt-quinze kilomètres (de Capoue à Rome), soixante et onze ans avant l’an zéro. Il est curieux que l’on parle fort peu de ces nombreux esclaves ainsi martyrisés pour avoir suivi Spartacus sur le chemin de la liberté. Nous sommes donc nés coupables et aucune vie ne semble assez longue pour expier cette faute originelle aussi convaincante qu’une apparition de Jules César à la tribune de l’ONU. «Durch leiden freude»: Par la souffrance vers la joie. Cette règle morale, dans les milieux biens formés, est la définition même du sadomasochisme. Evoquant la guerre d’Espagne (1936-39), le journal LaCroix, d’une infaillibilité papale (voir, en simple exemple, sa position antidreyfusarde) par la voix du chanoine Loutil imprimait cette intervention qui révèle très exactement ce qui inspire les pasteurs en charge des troupeaux humains. «Les Espagnols avaient tout pour être heureux. Baignés d’azur, sans grands besoins, ils pouvaient même rêver sous le soleil et jouer de la mandoline. Un jour soixante juifs arri- ANCIENS NUMÉROS Des anciens numéros du Libre Penseur sont encore disponibles en écrivant à notre rédaction. • Numéro séparé Fr. 1.50 • Par année (4 numéros) Fr. 5.– • Série complète Fr. 75.– + frais de port Quelques numéros épuisés peuvent être fournis seulement en photocopie. AVLP Case postale 5264 1002 Lausanne vent de Moscou, ils sont chargés de remontrer à ce peuple qu’il est très malheureux.» Une telle appréciation du drame espagnol en dit long sur l'élévation de pensée de son auteur et l'ambition qu'il manifeste ainsi pour le peuple espagnol. Quant aux soixante juifs, comment ce chrétien pouvait-il exprimer plus fortement son rejet d'une aide républicaine qu'en utilisant un terme qui a, depuis des siècles, donné la preuve de son abominable efficacité. Les religions savent s’adapter aux circonstances. Compelle intrare Forcez-les d’entrer, disait Augustin, le saint. Ainsi, autrefois le fer et le feu étaient les meilleurs arguments pour donner tout pouvoir aux «inventeurs de Dieu» voie royale pour la domination du peuple. Actuellement, et bien que le «décousu main» ait quelque peu évolué depuis l’Antiquité, le résultat est le même: en manœuvrant un levier pour un canon ou en pressant sur un bouton pour une soute à bombe ou un missile, à quelques milliers de mètres de distance ou d’altitude, vous pouvez avec la plus grande efficacité, projeter à une vitesse nettement améliorée des morceaux d’acier dans toute partie du corps, sans distinction de sexe ou d’âge, vers ceux que l’autorité militaro-religieuse vous aura désignés comme appartenant au peuple de Satan (encore une belle invention celui-là!) En outre, le progrès réside en le fait que la boucherie mécanisée permet d’exercer ce patriotisme (on a envie de dire pas-trouille-autisme.) sans voir le résultat immédiat de son action: les larmes, les cris de douleur physique ou morale, les corps ensanglantés, les foyers détruits, les villages en flammes, des villes entières en ruine, sans parler de l’exode des populations avec un misérable baluchon. Pour compléter cette sinistre évocation (mais est-ce possible?), il est important de savoir qu’au seuil de la «grande» guerre 14-18 (la fameuse «der des der»), l’évêque en chef des armées allemandes et l’évêque aumônier en chef des armées françaises ont rédigé pratiquement le même texte pour exhorter leurs ouailles en uniforme à s’affronter et à s’étriper avec cet enthousiasme qui peut vous remuer quand ceux qui font autorité vous ont bien «claironné» que c’est vous qui défendez la juste cause. En ce début de vingt et unième siècle, il existe encore, ici et là sur notre planète, quelques foyers de haines recuites et irréductibles et qui, animées d’un «souffle divin» (se dit kamikaze en japonais), s’expriment par des massacres que l’on serait en droit de juger d’une époque révolue et, point rouge sur ce gâchis, les populations civiles comptent le plus grand nombre de victimes de cette horde de fous furieux (certains se flattent d’ailleurs d’être des «fous de Dieu»). Dans tous ces conflits; directement ou indirectement, les religions sont partie prenante et on ne voit guère une «communauté» religieuse en règlement de compte interne sauf, en phase finale, pour décrocher ce pouvoir, prétendument civil, qui est le but de toute opération militaire. Mais, pour autant, la paix apparente qui semble actuellement prévaloir dans nos régions dites occidentales, est-elle le signe d’un apaisement des rapports entre les religions et l’Etat à prétentions laïques? Pour répondre à cette question déjà largement débattue, il suffit, pour l’essentiel, de savoir que: les religions ont toutes. une ambition planétaire et l’Etat souhaite la paix dans les limites de sa «gouvernance». (N’oublions pas que l’Etat est souvent sous influence religieuse, discrète ou ouverte, selon les circonstances.) Or, il y a là une incompatibilité majeure sachant que les religions n’ont pas encore réalisé ou accepté que l’humanité peut vivre sans le secours de la foi et qu’elle atteindra plus sûrement bien-être social et joie de vivre dans son autonomie terrestre de progrès, soucieuse avant tout du bonheur de l’être, ce qu’on appelle l’humanisme à l’état pur. Et justement, comment prétendre à cet idéal lorsque l’on met avant tout un personnage abstrait, irréel, mythique que l’on fait parler selon sa politique ou ses besoins et pulsions personnels, en miroir déformant de la réalité. Mais il est dans la nature profonde de toutes croyances, en formant leur ronde communautaire, de tourner le dos à tous ceux qui n’entrent pas dans leur cercle illuminé. Il n’y a pas d’empathie malgré les annonces de surface de leur «evangelium». Ils parlent beaucoup d’amour mais leur eschatologie prétentieuse et funeste les rend plus proches du «viva la muerte» du général Mola (bras droit de Franco et exécuteur en chef) que de cet amour qui forme et unit les couples et donne à l’humanité tout entière des raisons et la force d’espérer. ROBERT LESCUYER 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 11 le libre penseur/no 143 11 SONGE DE NOËL Le plus beau conte de Noël, c'est certainement le plus ancien, celui que tout le monde connaît: le conte de l'évangéliste Luc : le petit enfant dans la crèche, Marie attendrie, Joseph très ému, l'âne et le bœuf soufflant leur chaleur, les bergers accourus, le chant des anges dans le ciel et les mages d'Orient guidés par une étoile. Conte repris, développé, enjolivé au cours des âges par la ferveur populaire. Or la première version de ce conte merveilleux a été écrite, plus de septante ans après l'événement, par Luc, un médecin grec, disciple de l'apôtre Paul. Dans la théologie de ce dernier, Jésus est le Messie attendu depuis des siècles par Israël, le Messie annoncé par les prophètes, et ce descendant du roi David ne pouvait naître qu'à Bethléem, la ville de David. Mais ce récit, propre à toucher les cœurs et susciter l'émotion, cette merveilleuse histoire répétée de génération en génération depuis deux mille ans, n'est qu'un conte, produit de l'imagination fertile d'un évangéliste poète. Aujourd'hui, alors que les anges chanteurs et musiciens ont déserté le ciel pour faire place aux avions, fusées, satellites et sondes spatiales, il n'est pas interdit de rêver et d'imaginer un conte de Noël qui n'aurait nullement la prétention d'être prophétique car, comme pour les anges, le temps des prophètes barbus, à l'imagination débordante, est révolu. * * * Ce soir de Noël, le ciel de Jérusalem est constellé d'étoiles. Sur la place principale, brillamment éclairée, les représentants de toutes les Eglises, de toutes les sectes, de toutes les religions sont rassemblés. On distingue, dans leurs costumes chatoyants, le pape des catholiques romains, les patriarches orthodoxes russes et grecs, les musulmans, grands muftis, ayatollahs et imams, chiites et sunnites, ainsi que, sobrement vêtus, les représentants des protestants libéraux, évangélistes et fondamentalistes et même des Mormons. On repère à leurs grands chapeaux, les hassidims juifs, comme aussi à leurs robes orange le dalaï-lama et les moines bouddhistes. Il y a les adeptes de Confucius et du zen, les taoïstes, des hindouistes de toutes nuances et des chamans sibériens. Personne n'a voulu manquer cette réunion mondiale, et même Michel Onfray, le théoricien de l'athéisme, est présent. Il faut dire qu'en réaction aux innombrables massacres ethniques et religieux de ce troisième millénaire, la population du monde entier a fini par hurler jusqu'au ciel pour que cessent les oppositions ridicules entre dispensateurs de foi, entre ces apôtres têtus clamant leurs vérités et provoquant ainsi des tensions meurtrières. A la question de Pilate: «Qu'est-ce que la vérité?» la grande voix de Gandhi a fini par répondre: «Dieu est la Vérité: or la Vérité étant Une... elle ne peut qu'unir tous les hommes!» On ouvre un grand débat. D'abord, chacun est invité à reconnaître ses torts. Et c'est alors que le miracle se produit: l'un après l'autre, chaque représentant monte à la tribune pour reconnaître que, poussés par leur prétention absurde à être seule détentrice de la Vérité, par la force, l'intimidation, la torture, le massacre, leur propre religion a souvent imposé violemment sa foi, établi sa domination sur les peuples, exploité leur crédulité et profité de leurs ressources et de leurs biens. Croisades, conquêtes, annexions, spoliations, esclavagisme, bûchers, massacres, génocides... la liste était longue. Personne n'en réchappe. Même les Juifs ont fini par déclarer que leur prétention d'être le «peuple élu» était absurde, parce qu'un Dieu juste ne peut qu'aimer également tous ses enfants. Il faut dire que les chrétiens venaient d'admettre que proclamer Jésus «Fils unique» de Dieu ne tenait pas, que ce titre de «Fils de Dieu» pouvait être attribué à d'autres grandes âmes, comme Confucius, le Bouddha, et plus récemment à Gandhi, à Martin Luther King et, pourquoi pas, à Mahomet même, forcé à contrecœur à des actions guerrières. Après ce «mea culpa» général, s'engagea le débat sur la Vérité. Chacun finit par admettre que nul ne la possède et que les pères fondateurs de toutes les religions ne la possédaient pas davantage. Ils n'avaient même aucune idée de tout ce que nous savons aujourd'hui, de ce que, pas à pas, la science humaine nous a révélé. Or certes, si la science ne peut pas tout expliquer, chacun dut reconnaître qu'aucune religion ne le peut non plus. «Unissons-nous donc, se disent-ils, pour confronter sereinement nos acquis et rechercher fraternellement cette Vérité qui pour l'instant nous échappe. Peut-être que, tous ensemble, nous rencontrerons finalement Dieu, puisqu'il est la Vérité.» S'étant tous reconnus frères en humanité, ils allument alors un immense brasier dans lequel ils précipitent les croix, les croissants, les étoiles, les mitres, les tiares, les chapeaux, les kippas, les turbans, les foulards, tous ces signes qui marquaient leurs différences. Et lorsque le soleil se lève, brillant symbole de la puissance universelle, ils l'accueillent par un vibrant «Hymne à la Joie» jaillissant de toutes leurs poitrines. ROBERT NICOLE UNE LAÏCITÉ RÉVISÉE! L'on constate une activité politique de plus en plus grande des Eglises et surtout de l'Eglise catholique dans le monde capitaliste et parallèlement à cette évolution des tentatives de plus en plus nombreuses de remettre la laïcité en question voire de la réviser. La laïcité selon les bons vœux de certains milieux cléricalement inspirés devrait être philosophiquement neutre et laisser aller les religions à leur guise. Nul n'a mieux su résumer cette révision de la laïcité que Sarkozy, président d'une république se déclarant laïque. Selon Sarkozy «dans la transmission des valeurs et dans l'apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l'instituteur ne pourra jamais remplacer le curé et le pasteur.» Des paroles graves qui mettent en question l'enseignement public et la société démocratique. Sarkozy n'est pas le seul politicien à avoir cette vision.Tous les partis de droite à philosophie chrétienne partagent ses idées. L'Etat clérical «new look» frappe à la porte. Aux vrais laïcs de lui barrer le chemin, ce n'est plus le moment de se cacher derrière une soi-disant neutralité. Faut-il rappeler que la neutralité a toujours servi les intérêts de la droite. EDOUARD KUTTEN 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 12 le libre penseur/no 143 12 COURRIER DES LECTEURS LA PLUS GRANDE IMPOSTURE DE L'HISTOIRE Quel plaisir de découvrir, dans le N° 142 de septembre dernier, que vous vous attaquiez à la plus grande imposture de l'Histoire: l'affaire Jeanne d'Arc. Qui n'a jamais, d'ailleurs, porté ce nom. Déjà dans mon enfance, j'avais de la peine à croire la merveilleuse histoire. Cette bergère lorraine... qui parlait le français! Cette gardienne de moutons... qui montait à cheval comme un cavalier aguerri! Cette pucelle inculte... qui maniait la lance et l'épée comme un soldat professionnel. J'avais quinze ans lorsque, par le plus grand des hasards, je découvris dans une boîte de bouquinistes à Genève le livre rare et «maudit» de Jean Grimod: «Jeanne d'Arc a-t-elle été brûlée?» qui, sur ordre supérieur, avait été retiré des librairies françaises. Ce fut un choc et une révélation. Non seulement cet auteur, poursuivi par la haine cléricale, répondait à toutes les questions que l'on pouvait se poser sur le mystère johannique. Mais ses explications éclairaient d'un jour totalement nouveau l'histoire de l'héroïne nationale française. Bien plus. La clé de lecture qu'il nous fournissait donnait la seule interprétation valable de cette «merveilleuse» histoire: l'une des plus grandes opérations de manipulation politique de tous les temps. Devenue l'une des plus grandes impostures de l'Histoire. Jean Grimod n'était pas le premier (ni le dernier) de ces courageux auteurs. Que l'on nomme les «orléanistes» parce qu'ils pensent que Jeanne la Pucelle était Jeanne d'Orléans, fille illégitime de la reine de France Isabeau de Bavière et du duc d'Orléans. Donc la demi-sœur (et peut-être la sœur) du roi de France Charles VII. Et que l'on appelle aussi les «survivistes». Car ils ne croient pas au bûcher de Rouen (brûler vive une princesse royale!) et retrouvent la trace de Jeanne plusieurs années après sa prétendue disparition. C'est au début du XIXe siècle qu'apparut, pour la première fois, la thèse de la bâtardise royale de Jeanne. Son auteur, Pierre Caze, dont on ignore les sources, se rendit compte de l'impact qu'allait provoquer sa découverte. En lieu et place d'un livre d'histoire qui aurait relaté la vérité, il écrivit une pièce de théâtre, fort mauvaise au demeurant, mais qui contenait sa découverte. Elle passa quasi inaperçue. Il faut attendre les première années du XXe siècle pour voir paraître les premières thèses orléanistes et survivistes. Puis, au milieu du siècle, Jean Grimod déjà cité. Puis Gérard Pesme, le plus agressif de tous mais qui contribua à faire connaître cette thèse dans le grand public. Puis Jean Bancal, peut-être le plus percutant. Avocat de formation, il présente la thèse de Jeanne, princesse royale, comme s'il s'agissait d'un dossier à plaider devant un tribunal avec une rare objectivité. Inutile de dire que tous ces auteurs furent traînés dans la boue par les historiens traditionalistes et, bien sûr, par le clergé. Mais le plus incroyable dans cette affaire, c'est de comprendre pourquoi depuis le XVe siècle (car la légende naquit quasiment du vivant de l'héroïne) on veut nous faire croire à l'histoire bêtifiante de la bergère lorraine inspirée, au lieu de nous raconter la vérité. Celle de la princesse royale Jeanne qui joua, au-delà de toute espérance, le rôle qu'on lui fit tenir de libératrice du territoire et qui mena sacrer le «gentil» dauphin à Reims. Cette formidable opération d'intox politique a certainement été montée par la reine Yolande d'Aragon, bellemère de Charles VII et l'une des plus grandes têtes politiques de ce temps. Il faut avouer que c'était génial. Des prophéties annonçaient que le royaume de France perdu par une femme (Isabeau de Bavière) serait sauvé par une femme. Et cette femme, on l'avait sous la main. C'était une petite bâtarde, de sang royal, élevée à Domrémy par la famille d'Arc qui était loin d'être d'humbles paysans comme on le sait aujourd'hui. Dès lors, élever cette fille en fonction de sa mission, lui apprendre le métier des armes, l'équitation, les manières de cour fut l'œuvre de personnages que l'on trouve quasi depuis l'enfance dans son entourage. Et qui sont très ennuyeux pour les tenants de l'orthodoxie qui ne peuvent nier leur existence... Les fameuses «voix» qu'entendait Jeanne, sont des voix humaines et non divines. Qui lui apprenaient son rôle. Bien sûr qu'il ne fallait pas révéler qui elle était sans faire capoter tout le projet. Et si le secret fut généralement bien gardé, ce qui n'est pas le moins étonnant de toute cette épopée, il se produisit cependant quelques «dérapages», qui, à eux seuls, devraient suffire pour que la vérité éclate. Quand Jeanne, elle-même, en présence du dauphin et à l'arrivée du duc, d'Alençon s'écrie: «Ah! Gentil duc soyez le bienvenu. Plus on sera ensemble du sang de France, mieux cela sera.» Une humble bergère du sang de France? C'est-à-dire du sang royal! Ou quand Dunois (bâtard d'Orléans, donc demi-frère de Jeanne) arrive sous les murs d'Orléans et y rencontre, pour la première fois, la jeune fille qu'il ne connaît pas, que lui dit-il? «Salut Noble Dame, comment vous va?» La paysanne lorraine, une noble dame? A mes yeux, ces deux «bourdes» suffiraient, à elles seules, à révéler la vérité. Il est temps qu'elle éclate au grand jour. Car l'Opération Bergère, comme la nomma si joliment un historien anglais, n'enlève rien au mérite du personnage historique de Jeanne. Bien au contraire. La princesse royale jouant un rôle écrasant avec éclat, s'inscrit beaucoup mieux dans la géopolitique de l'époque que la niaise bergère entendant des voix et dont l'histoire est tissée d'invraisemblances. MICHEL JÖRIMANN Le comité de rédaction, respectueux d’une totale liberté d’expression, précise que les articles signés sont sous la responsabilité de leurs auteurs et ne peuvent engager l’Association vaudoise de la Libre Pensée dans son ensemble. 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 13 le libre penseur/no 143 13 NOTE DE LECTURE «UN GÉNOCIDE SANS IMPORTANCE» LA FRANCE ET LE VATICAN AU RWANDA Par Jean-Paul Gouteux aux éditions Tahin Party Le 6 avril 1994, l'avion du chef de l'Etat rwandais, Habyarimana, est abattu par un missile. Il n'y a aucun survivant. Un quart d'heure après commencent les premières exécutions ciblées conduites par le colonel Bagosora, chef de la garde présidentielle. Il faudra trois jours, du 7 au 9 avril, à ses 1500 hommes pour nettoyer, par familles entières, tous les leaders de l'opposition y compris les personnalités libérales hutu. Le Premier ministre sera dénoncé comme traître et complice avant d'être ignominieusement massacré ainsi que tous les membres de l'opposition. Tel est le prélude à un génocide qui va se dérouler avec ampleur, rapidité et efficacité, qui durera trois mois et fera plus d'un million de victimes, soit la quasitotalité de la population tutsi. Celle-ci sera massacrée à l'arme blanche, les autorités ayant acheté plus de machettes pendant le seul mois de février 1994 (trois mois avant l'attentat) que pendant toute l'année 1993: 581 tonnes de machettes ont ainsi été importées au Rwanda. Rien ne différencie le Hutu du Tutsi: ni la langue, ni la culture, encore moins la religion. Seule une mention indiquant l'origine ethnique sur les cartes d'identité distinguait le Tutsi du Hutu. Ce fichage avait été rendu obligatoire avec la mise en place en 1961 par les pères blancs et les autorités belges, d'un état ethnique au Rwanda, sous la houlette d'un parti unique, le Parti du mouvement d'émancipation des Hutu. L'Eglise prend en effet une part déterminante dans l'élaboration d'une doctrine basée sur des critères raciaux. Mgr Perraudin, père blanc et ancien vicaire apostolique de Kagbayi, qui représente la hiérarchie catholique au Rwanda, théorise dès la fin des années cinquante un intégrisme ethnique et supervise les textes fondateurs des deux premières républiques. Ces textes discriminatoires stigmatisent la minorité tutsi et la désigne à la vindicte de ceux qui organiseront les pogromes de 1959, 1961, 1963, 1965 qui annoncent le génocide de 1994. L'état d'esprit du clergé, décrit par le journal catholique Golias, donne l'exemple d'un père blanc, le père Carlisquia, qui non seulement «pendant ses homélies, prêchait avec virulence la haine et la chasse aux Tutsi, mais au long des mois d'avril à mai 1994, stationnait aux barrages avec son fusil accompagné de tueurs qu'il aurait luimême formé au maniement des armes». Pour l'Eglise et ses séides, le caractère biblique de l'annihilation des Tutsi était manifeste: il s'agissait de présenter leur élimination comme une lutte purificatrice du bien contre le mal. Le bras armé de la purification ethnique était l'armée rwandaise flanquée par les miliciens du Hutu Power, et encadrée par le corps expéditionnaire français. Les slogans anti-Tutsi tenaient lieu de seul programme politique, et en appelait à un front de race contre le «seul véritable ennemi», le FRP*. C'est pour des raisons politiques et économiques évidentes que les stratèges français décideront d'envoyer des troupes au Rwanda après le retrait du contingent belge en 1990, jouant à fond la carte anti-Tutsi. C'était le moyen de s'assurer le soutien des responsables et d'affirmer la présence française en Centrafrique. Ce dispositif intégrait la formation et l'équipement de l'armée rwandaise, conçue non comme l'armée d'un pays indépendant, mais comme une force supplétive au contingent français. Celle-ci passera ainsi en quatre ans, de 5300 à 50000 hommes. Son intégration se fera aussi par des mercenaires «officiels» ou des officiers supérieurs sous uniformes rwandais, avec la connivence totale de Christian Josselin, ministre de la Coopération. Du côté de l'état-major particulier de F. Mitterrand, alors président d'un gouvernement de cohabitation avec Edouard Balladur premier ministre et Alain Juppé ministre des Affaires étrangères, il répandit le mythe des «khmers noirs Tutsi» et évoqua «des siècles de luttes tribales», marquant son soutien au gouvernement rwandais. La mission des troupes françaises était de participer aux opérations anti-insurrectionnelles destinée à stopper l'avance des FPR, d'interroger les prisonniers, de fournir du renseignement militaire, de conseiller les officiers et d’assurer l’entraînement dont la plupart de ceux qui en bénéficieront joueront un rôle actif dans le génocide. Le camp d'entraînement de Bigogwe a ainsi formé les commandos qui vont activement participer à l'extermination. Les troupes de choc du 1er régiment parachutiste d'infanterie de marine (1er RPMIa) évolueront au milieu des rivières de sang d'hommes, de femmes et d'enfants, qui seront non seulement massacrés mais suppliciés, ces atrocités ayant pour but de nier l'humanité des victimes. Suite au verso IMPORTANT N’oubliez pas de vous réabonner au Libre Penseur pour l’année 2010. Abonnement Fr. 10.– (étranger € 10.–) / CCP 10-7494-3 – Pour les membres de l’ASVLP, de la LPG et de l’ASLP sezione Ticino, l’abonnement est compris dans les cotisations. – Pour les abonnés au Freidenker, abonnement demi-tarif (indiquer «demitarif» sur le bulletin de versement). L’abonnement au Libre Penseur ne couvre pas totalement les frais, cependant nous n’avons pas augmenté son prix pour l’année 2010. En contrepartie, et selon vos possibilités, nous comptons sur votre générosité pour alimenter l’indispensable «souscription de solidarité» (réservée en principe pour la publication du Libre Penseur). 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Nous avons vu des militaires qui contrôlaient les miliciens qui tenaient les barrières en agitant des machettes dans tous les sens... je me suis rendu compte que parmi les militaires il y avait aussi des Français qui demandaient les cartes d'identité où figurait la mention «Hutu,Tutsi,Twa». Les Tutsi se faisaient sortir des voitures et les militaires français les remettaient aux mains des miliciens agacés qui les coupaient à coup de machette et les jetaient au bord de la grand-route.» Lorsqu'il fut évident que la progression du FPR ne pourrait être arrêtée et que le dispositif militaire s'effondrerait, le gouvernement français lança l'opération Turquoise, présentée comme une mission humanitaire destinée à stopper les massacres: 2500 para-commandos, plus de 100 véhicules blindés, des batteries de 120 de marine, 10 hélicos de combat, 12 chasseurs-bombardiers Mirage et Jaguar, plus de 20 avions gros porteurs, servirent pour l'essentiel, quand ils ne s'opposèrent pas aux insurgés, à couvrir la fuite des dignitaires du régime et du clergé génocidaire pour assurer leur évacuation vers le Zaïre. L'écran de fumée du «conflit interethnique» a été le leitmotiv des politiques et des autorités françaises ainsi que de I'Eglise catholique: leur complicité est totale y compris dans la thèse défendue du «double génocide», où le génocide planifié des Tutsi était considéré comme de légitime défense pour les Hutu. Pour l'Église, «un Hutu est simple, droit, mais un Tutsi est rusé et hypocrite. Il se montre bien poli et charmant, mais quand le moment est venu, il fonce sur toi. Un Tutsi est foncièrement mauvais pas par l'éducation, mais par sa nature». PHILIPPE DE DEHM Libre Pensée 38, août 2009 * Mouvement insurrectionnel contre le régime génocidaire. L'auteur note son refus de toute idéologie ethniciste, se traduisant par la présence de Hutu et de Tutsi parmi les dirigeants comme les simples soldats, à l'inverse du FAR qui était une armée strictement hutu et dont l'expression politique le MRND, alors qu'il planifiait le génocide des Tutsi, était invité en tant que membre de l'Internationale démocrate chrétienne (IDC), à son Xe congrès. LIBRE SERVICE • H1N1, LA PANDÉMIE DE LA PEUR BERNARD DUGUÉ La machine sanitaire est-elle devenue folle? Depuis avril 2009, les autorités sanitaires, sous l’impulsion des gouvernements, ont mis en place un dispositif exceptionnel et jamais vu de lutte contre la pandémie de grippe A, comprenant des campagnes de vaccination urgentes et massives – mais aussi des bévues médicales incompréhensibles. La gravité de la menace justifie-t-elle tant d’alarmes et de frais? Les effets réellement constatés de la grippe A tendraient plutôt à démentir cette escalade. Mais comment en est-on arrivé là? Dans cet essai, Bernard Dugué présente une vision dépassionnée qui contredit l’hystérie ambiante. Partant de la froide chronologie des faits et de leurs répercussions, il montre que cette agitation est le résultat d’un dysfonctionnement de la machine sanitaire, relayé par l’em- Association vaudoise de la Libre Pensée Service des obsèques civiles, tél. 022 361 94 00 026 660 46 78 Service gratuit pour les membres. Pour s’exprimer lors des cérémonies, s’adresser au comité ballement médiatique et aggravé par les intérêts colossaux des firmes pharmaceutiques. Plutôt que de verser dans la théorie du complot, Bernard Dugué fournit une interprétation sociologique et philosophique de la peur diffuse qui fait désormais partie de notre quotidien. Et dont les puissances – de la politique ou de l’argent – savent désormais jouer comme d’un instrument. Enquête sur une dérive globale, ce livre est également une réflexion sur l’ingéniérie sociale dont nous sommes tous les victimes ou les agents. Il illustre enfin l’impact des nouveaux médias – tel le site Agoravox – comme vecteur d’une information alternative. Esprit pluridisciplinaire, Bernard Dugué a été chercheur en biologie à Bordeaux 2, ingénieur civil de l’Ecole nationale supérieure des mines, docteur en pharmacologie, docteur en philosophie. Il a publié des articles sur la théorie des systèmes, ainsi qu’un essai de philosophie. Avec quelque 700 articles, il est l’un des auteurs les plus actifs d’Agoravox. «Mon enquête s’oriente vers l’analyse d’un système spécial au sein des sociétés et même présent à l’échelle planétaire. C’est évidemment le système sanitaire qui est en cause, avec la méga-organisation qu’est l’OMS, puis les «machines étatiques» composées de professionnels de santé, de scientifiques, d’experts, de directeurs, de communicants. Le tout en liaison avec les gouvernements d’un côté, les médias, les populations et les personnes de terrain habilités à agir en cas d’épidémie. Il sera question aussi de perception. A la fois celle des experts et celle des cibles visées...». Essais-actualité, 13x20 cm, 160 p, Fr. 28.–. (14.– euros). Xenia Editions, CP 395, CH-1800 Vevey,Tél. +41 21 921 85 05, Fax +41 21 921 05 57, [email protected], www.editionsxenia.com. Diffusion Suisse: Office du Livre. France: CED/Distribution Les Belles Lettres. 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 15 le libre penseur/no 143 15 LIBRE SERVICE (SUITE) • DANSER DANS L’AIR ET LA LUMIÈRE MICHEL MORET Danser dans l’air et la lumière est un journal tenu au cours de l’année 2008. Il constitue, en quelque sorte, la suite de Beau comme un vol de canards qui laissait entrouvertes certaines questions liées à mon avenir personnel et au destin d’une maison d’édition. Ainsi, le lecteur apprend que l’Aire survivra aux chamboulements historiques et que le soussigné continuera à assouvir sa passion. Mais l’objet du livre ne se limite pas à la description de ce moment de transition car il donne quelques coups de projecteur sur notre époque. En effet, si le métier d’éditeur a la réputation d’être économiquement très difficile, il offre aussi à ceux qui le pratiquent d’énormes satisfactions. Il est donc difficile de taire certains états d’âme, d’où la nécessité de émotions professionnelles. Danser dans l’air et la lumière célèbre la vie sous toutes ses formes et invite le lecteur à une fête du partage dont l’intérêt dépasse les problèmes strictement professionnels. M.M. Michel Moret dirige les Editions de l’Aire depuis 1978. Depuis 2001, il y a pris la plume à plusieurs reprises pour livrer les temps forts de sa vie d’éditeur: Feuilles et racines, Le Livre bleu des citations, Beau comme un vol de canards. tenir ce journal où s’entremêlent joyeusement quelques aspects de la vie intime, des plaisirs de lectures et autres 2009, 168 pages, Fr. 27.– (18 euros) Editions de l’Aire, Case postale 57, Rue de l’Union 15, 1800 Vevey, www.editionsaire.ch, [email protected], • LA BERCEUSE D’UNE EXPATRIÉE MARIA KAMENS Chères mamans et merveilleuses filles expatriées, à qui ce naïf bouquin est dédié. Il était une fois... une maman et une «sweetie-pie» qui habitaient Cambridge pendant que papa travaillait au Texas. Et elles ont beaucoup partagé, pendant ces années d’apprentissage et d’espoir! Et l’ouverture au monde permet ainsi de modeler une personne pensante et compatissante, de faire de son enfant un être humain et non un robot agressif. A toi, ma merveilleuse fille d’expatriée, installée maintenant «chez toi» dans une de tes trois patries, tout de bon! QUELQUES MOTS SUR L’AUTEUR Une révolution et une guerre civile ont précédé la venue au monde de Maria Kamens. Elle a donc toujours en elle un sentiment de non-appartenance, de déracinement. Née en Italie pour cause de déchirements en Espagne, elle aura toujours au fond du cœur la nostalgie de ce que sa vie aurait pu être. Etrangère donc déjà à sa naissance, elle a ensuite plié ou fait plier ses bagages vingt-cinq fois d’un pays à l’autre au cours de sa vie. Et a laissé un bout de son cœur dans chacun d’eux. Elle trouve triste de vieillir sans avoir connu le pays de sa mère, mais est heureuse d’en avoir fait découvrir des dizaines à sa fille. Les voyages, comme la vie, sont une accumulation de petits et de grands moments, d’un atterissage sous la foudre et les éclairs à Houston au Texas le jour de son 47e anniversaire, au bon- heur de voir sa fille devenue grande se glisser, épanouie, au creux de ses bras. Et c’est cela qu’a voulu relater avec force et émotion Maria Kamens dans ce livre. Un hommage à ses valeurs, à ses voyages, à sa famille... à ses valeurs qui ont été nécessaires et indispensables au cours de tous ses voyages avec sa famille. L’amour véritable, le respect de l’autre, la solidarité, l’amitié... autant de mots qui prennent tout leur sens dans un pays où l’on se sent étranger. Elle a réussi aujourd’hui à réaliser son plus grand rêve, s’établir dans «un petit coin, à la montagne», dans son pays adopté plus qu’adoptif, la Suisse. 2009, 100 pages, 13.50 euros. Editions Baudelaire, 11, cours Vitton, F-69452 Lyon Cedex 06.Vous pouvez aussi passer commande à la rédaction de l’AVLP. Les articles du Libre Penseur peuvent être reproduits librement, en indiquant la source, à l’exception (rare) de ceux qui sont protégés par le copyright © 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 16 le libre penseur/no 143 16 LE RÔLE NÉFASTE DES SUIVEURS Entrons d'emblée dans le vif du sujet. Tout d'abord, je persiste et je signe: la majorité des êtres humains sont bons, gentils, compatissants, bref humains. La majorité mais pas tous, car depuis des temps immémoriaux et sous toutes les latitudes, il apparaît à chaque génération un pourcentage, sans doute très faible, de mégalomanes. En psychiatrie, on leur donne le nom de paranoïaques. Nous allons donc les appeler ainsi. Il s'agit de cas pathologiques caractérisés par un besoin insatiable de se mettre en valeur et surtout de faire reconnaître cette valeur par les autres. En langage courant, cela s'appelle aussi: orgueil démesuré, ambition dévorante, soif de gloire, manie de grandeur, volonté de puissance. En réalité, le nom que l'on donne à cette propension de s'imposer aux autres importe peu. L'essentiel est de comprendre que tout paranoïaque est forcément attiré par les hautes sphères. On les retrouve, par conséquent, dans tous les domaines de l'activité humaine mais c'est surtout dans les allées (allées et venues?) du monde politique que l'on en compte le plus grand nombre et des plus atteints. Le pouvoir politique exerce en effet sur les grands paranoïaques un attrait absolument irrésistible. Ils y voient une sorte de consécration. Et comme ils sont généralement dotés d'une intelligence supérieure et très obstinés, quelques-uns d'entre eux arrivent effectivement à se hisser aux postes les plus élevés. Bons À VOUS DE VOUS EXPRIMER Cher lecteur du LIBRE PENSEUR, votre opinion peut intéresser d’autres lecteurs. Alors n’hésitez pas à nous envoyer votre article à l’adresse suivante: LE LIBRE PENSEUR Case postale 5264 CH-1002 LAUSANNE CLÔTURE DE LA RÉDACTION 1er février 2010 Les écrits anonymes ne seront pas pris en considération. orateurs, ils savent jouer à la perfection sur les cordes sensibles de ceux qui leur prêtent oreille et passent maîtres dans l'art de la manipulation des masses. Certains ont même indéniablement un côté charmeur qui les rend encore plus dangereux. Ils se gardent bien, toutefois, d'avouer leurs véritables motivations et on peut même se demander s'ils en sont toujours conscients. Quoi qu'il en soit, ils se mettent invariablement au service de nobles causes: la Patrie, le Bien Public, la Justice Sociale, la Liberté, la Paix, etc., et on a parfois l'impression qu'à force d'en parler, certains arrivent à se monter la tête au point de croire vraiment à leur mission. Pris isolément, un paranoïaque n'est pas forcément méchant et il y en a même eu à travers l'Histoire qui ne manquaient pas de panache. On pourrait sans doute s'en accommoder s'ils n'avaient pas la malencontreuse tendance à entrer en conflit les uns avec les autres, car c'est bien à partir de ce moment-là que les choses commencent à se gâter. Le nombre des postes de commande est forcément limité et les candidats nombreux; les conflits entre paranoïaques sont donc quasi inévitables. Il en résulte que tout mégalomane qui veut accéder au pouvoir se trouve fatalement en butte à d'autres paranoïaques qui ont les mêmes aspirations. On voit tout de suite les stratégies que cela implique. Dans une première phase de la lutte pour le pouvoir, chaque leader cherche à augmenter le nombre de ses partisans. L'union fait la force. Celui qui y parvient et devient le chef suprême prend aussitôt des précautions pour déjouer les complots toujours possibles. Il sait bien que ceux qui, dans son pays, convoitent le pouvoir, ainsi que ceux qui le détiennent à l'extérieur, sont des dominants eux aussi, et qu'avec eux il faut s'attendre à tout. Toute cette tragicomédie a généralement comme ingrédients des intrigues, des calomnies, des alliances, des revirements, des trahisons. En langage courant, on appelle tout cela la vie politique. Charmant euphémisme! Il s'agit plutôt d'une agitation comparable à celle d'un panier de crabes. Il existe toutefois des différences notables dans la lutte pour le pouvoir suivant le régime du pays. Dans les pays de régime totalitaire, les paranoïaques accèdent généralement au pouvoir à la suite d'une révolution qu'ils ont fomentée ou d'un putsch militaire, et se maintiennent ensuite par la contrainte et la terreur. Il arrive aussi que ce soit après une longue période de soumission à un dictateur en place que son dauphin finisse par lui succéder. Dans les démocraties dites parlementaires, les règles du jeu sont plus sophistiquées. Ceux qui veulent accéder au pouvoir sont tenus d'obtenir la majorité des voix au cours d'élections légitimes. D'où la création des partis et la mise en place par chacun d'eux d'un appareil de propagande destiné à convaincre les citoyens de voter pour un tel plutôt que pour un autre. Mais quels que soient les régimes et les contingences locales, un fait demeure: à de très rares exceptions près, ce sont toujours et partout les paranoïaques qui accèdent au pouvoir. Et les peuples marchent: les uns pour acclamer leur Chef Bien-Aimé, les autres pour aller périodiquement aux urnes afin de choisir entre plusieurs leaders, tous avides de pouvoir, celui qui aura su le mieux discréditer ses adversaires. Le scénario de la prise du pouvoir peut, certes, présenter quelques variantes, mais comme c'est toujours le même type d'acteurs qui l'interprètent, il n'y a rien d'étonnant à ce qu'il se produise de temps en temps des heurts entre les Etats. On sait notamment qu'il y a eu plus de deux cents conflits armés depuis la dernière guerre mondiale et on ose à peine penser à ce qu'il adviendrait si la lutte pour l'hégémonie aboutissait à une guerre nucléaire. Une chose en tout cas est évidente: les guerres sont toujours les guerres des chefs, mais depuis belle lurette ces derniers s'arrangent pour se combattre par personnes interposées – leurs partisans, leurs armées – et c'est ainsi que l'on arrive à ce que des braves gens qui ne feraient pas de mal à une mouche s'affrontent et s'entretuent. Si l'analyse sociopsychiatrique à laquelle nous nous sommes livrés ici est exacte, elle devrait comporter également une ébauche de solution. On ne peut certes pas envisager l'élimination de tous les mégalomanes qui sévissent dans le monde. Seul un paranoïaque surpuissant pourrait se charger d'une telle besogne! On ne saurait non plus 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 17 le libre penseur/no 143 17 dépister les tendances paranoïaques chez les enfants en bas âge sans courir le risque de commettre de graves erreurs. N'y a-t-il donc rien à faire? Si, mais à condition de s'y prendre tout autrement qu'on ne l'a fait jusqu'à présent. Il faut comprendre que le vrai problème et son éventuelle solution ne se situent pas au niveau des paranoïaques mais uniquement au niveau de ceux qui les suivent. C'est qu'à l'instar de certains gènes pathogènes, le paranoïaque n'acquiert toute sa virulence que dans certaines conditions. Tant qu'il reste seul et isolé, ce n'est qu'un pauvre diable miné par ses rêves de grandeur et ses ambitions inassouvies. Il ne devient dangereux que dans la mesure où il trouve des personnes à entraîner qui l'admirent et le suivent. Avec ses supporters, son potentiel se trouve multiplié par 1000, 10 000, 100 000... suivant le nombre de zéros qui s'accumulent derrière lui en tant que chef de file, en tant que N°1. Et c'est précisément là qu'apparaît le rôle néfaste des suiveurs. J'irai même jusqu'à dire que ce sont eux les grands responsables de la plupart des maux qui accablent les hommes et dont ils sont d'ailleurs eux aussi les principales victimes. Les mégalomanes-paranoïaques n'ont eux, à mon avis, qu'une responsabilité très relative, puisque les meneurs n'existent que dans la mesure où il y a des menés. Sans les menés, il n'y aurait ni leaders, ni chefs, ni affrontements entre les hommes. Il n'y aurait que solidarité et entraide, et tout le monde y gagnerait. Une question se pose évidemment: pourquoi y a-t-il toujours eu des suiveurs? – Naïveté et crédulité de personnes incultes et immatures. – Esprit tribal personnalisé dans l'image du chef. – Peur d'être seul: se retrouver au milieu d'un troupeau est rassurant. – Espoir de faire carrière dans le sillage d'un chef et de prendre un jour sa place. – Pour certains, suivre et obéir est plus facile que décider par soimême. Ce qui est certain, c'est qu'il n'y aura jamais de changement radical dans la condition humaine tant qu'il y aura des suiveurs qui porteront au pinacle des paranoïaques qui les subjuguent, les manipulent et les utilisent au moyen de jeux très habiles d'appartenances, d'étiquettes, de responsabilités, de récompenses et de culpabilisation. Par conséquent, la seule possibilité de nous en sortir consiste dans la mise en évidence de ce processus de conditionnement et de manipulation, car seuls ceux qui en sont conscients ont quelques chances de ne pas tomber dans les pièges qu'on leur tend un peu partout. En effet, une fois prévenus, nous reconnaissons au premier coup d'œil les paranoïaques qui tendent leurs pièges et se nourrissent de ceux qu'ils attrapent. Ces ogres ont un appétit féroce et insatiable et cherchent toujours à augmenter leur cheptel. Aussi faut-il se méfier de tous ceux qui nous demandent notre adhésion, notre soutien, notre vote. Les appels à l'effort, à la lutte, au combat, toujours contre d'autres groupes humains, sont également très suspects, car il y a de fortes chances pour qu'il y ait derrière ces appels un ou plusieurs paranoïaques. Il faut aussi se garder de commettre l'erreur capitale qui consiste à les combattre car cela ne peut avoir pour effet que celui de les réconforter. Pour les rendre inoffensifs, il suffirait de ne plus les suivre. Descartes corrigé: Je pense donc je ne suis pas! GEORGES KRASSOVSKY FONDATEUR DES JOURNAUX ESPRIT LIBRE (1958) ET LE COMBAT POUR L'HOMME (197 ) QUI DEVIENDRA DIX ANS PLUS TARD LE NOUVEL HUMANISME LA FOUINE DES ARCHIVES NOUVEAUTÉS «INTROUVABLES» DU PASSÉ Copie des brochures disponibles de nos archives que vous pouvez demander à notre rédaction (AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne) * ■ Benito Mussolini – L’Uomo e la Divinità 1904, 48 pages, Fr. 15.– + port (en italien) (Déjà proposé aux lecteurs du Libre Penseur) * ■ Aristide Tormenti – La Bibbia è immorale 1904, 40 pages, Fr. 12.– + port (en italien) * ■ J.-H. Malot – I Ciarlatani neri! 1904, 38 pages, Fr. 10.– + port (en italien) (Traduction et notes de B. Mussolini) * ■ Benedetto Baglioni – Repubblicani e Cattolici 1905, 30 pages, Fr. 8.– + port (en italien) * Biblioteca Internazionale di Progaganda Razionalista (Publications sur initiative de Benito Mussolini, quand ce dernier n’était pas encore devenu «l’homnme de la Providence). ■ Aristide Bochot – Appel à la Raison 1965, 12 pages, Fr. 5.– + port ■ Aristide Bochot – Catéchisme laïque 1965, 20 pages, Fr. 6.– + port ■ Robert G. Ingersoll – Qu’est-ce que la Religion? 1924, 26 pages, Fr. 8.– + port Nom: Prénom: Adresse: NP: Ville: A retourner à: AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne ✂ 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 18 le libre penseur/no 143 18 EN LISANT «Entre les atteintes au vœu de chasteté, les cas de pédophilie, les viols du secret de la confession et même le barbotage d’hosties, le tribunal pontifical (soit la «Penitenziaria Apostolica», une instance disciplinaire fondée en 1200 par le pape Innocent III) est débordé – écrit Ariel F. Dumont (Marianne, Paris, 17 janvier 2009). Il faut ajouter maintenant l’affaire des nonnes d’origine africaine, plus ou moins obligées, à Rome et pour survivre, de s’adonner à la prostitution, prioritairement avec leurs frères en religion. Une situation dénoncée dans le tout récent livre de Serge Bilé et Ignace Audifac intitulé Et si Dieu n’aimait pas les Noirs? «S’il y a un front mondial qui se durcit, c’est celui des religions. Dans le monde musulman – chez les sunnites comme chez les chiites – ce sont les mouvances les plus intolérantes, les plus rétrogrades, qui progressent. Chez les juifs, en Israël et ailleurs, l’heure est au durcissement du discours plus qu’à l’ouverture. Chez les protestants, ce sont les sectes évangéliques qui essaiment partout, dans une vraie croisade planétaire. Avec, à la clé, une foi intégriste et une morale étroite. Et chez les catholiques? Là, c’est la plus haute autorité de l’Eglise qui donne le ton; celui du retour au passé, celui de l’autisme face aux autres confessions écrit Jacques Pilet (L’Hebdo, 5 février 2009). «Mais qui donc est José Cardoso Sobrinho, archevêque de Recife et Olinda au Brésil? La grâce aurait-elle quitté l’esprit de cet homme pour laisser place à la folie; l’amour a-t-il déserté son cœur, la charité son âme, la raison son esprit? Après qu’une petite fille de 9 ans a été violée par son beau-père, et mise enceinte, la mère de l’enfant vient d’être excommuniée pour avoir autorisé son avortement (l’excommunication a été étendue à l’équipe médicale qui a procédé à l’intervention). Le geste de l’archevêque vient d’être salué par le cardinal Giovanni Battista préfet de la congrégation pour les évêques au Vatican (Jean-Christophe Aeschlimann, Coopération, 17 mars 2009). Enfin, ce passage de la présentation par Christian de Brie de l’ouvrage de Jean Soler La violence monothéiste, Paris 2009, parue dans Le Monde diplomatique (mars 2009): «On le sait depuis des lustres: la religion, c’est la guerre. Aucun doute en ce qui concerne les religions monothéistes issues de la Bible – juive, chrétienne, musulmane – auxquelles se réfère aujourd’hui encore la moitié de l’humanité. Affirmer qu’il n’y a qu’un Dieu et une vérité révélée, qu’il n’y a pas de compromis possible entre les contraires (le Bien doit triompher du mal et le jour de la nuit), qu’il importe de croire plutôt que de savoir, ne peut conduire qu’à l’intolérance et à l’extrémisme.» «Selon une étude de l’ONU, la pratique de l’esclavage demeure impunie, souvent même tolérée en Indonésie, au Pakistan, au Bangladesh, au Niger et en Mauritanie. Ces pays d’Asie et d’Afrique ont en commun d’être en majorité de religion musulmane... Certes, la persistance de l’esclavage n’est pas une révélation, mais les milieux réputés bien informés ne jugent pas toujours utile de diffuser l’information. Au moins la connaissance est-elle parvenue aux lecteurs de l’excellent ouvrage de Malek Chebel, L’Esclavage en terre d’Islam (Marianne, Paris, 21 février 2009). Le catalogue 2009 de la Librairie Droz de Genève signale la parution (en traduction du latin) du recueil d’épigrammes (petits poèmes satiriques) d’Etienne Dolet, paru en 1538 sous le titre de Carmina. Nous lisons dans la notice consacrée à cette nouveauté éditoriale: «Etienne Dolet (1508-1546), philologue et libre-penseur humaniste, est célèbre pour sa fin tragique sur le bûcher. Ses œuvres poétiques, en néolatin et en français, sont tombées dans l’oubli. Pourtant, il composa maints poèmes entre 1534 et 1542.Dolet est un auteur aux multiples facettes, poète un peu atypique qui n’hésite pas à polémiquer âprement sur la question du style... tout en montrant imprudemment son scepticisme en matière de foi.» Pour en savoir plus, relire l’article que le camarade André Panchaud a écrit sur Etienne Dolet pour Le Libre penseur de juin 2007. Une bonne nouvelle (annoncée par notre Freidenken d’avril 2009): le 13 mars a été présentée à la presse zurichoise la nouveau-née association des «Ex-Muslime» (ex-musulmans). Une initiative courageuse qui doit être... encouragée. Dans une lettre ouverte au Nigerian Martin Ihoeghian Uhomoibhi, président du Conseil des droits de l’homme, Charles Poncet écrit ceci (L’Hebdo, 9 avril 2009) au sujet de la résolution prise par cet organisme onusien qui «conditionne la liberté religieuse à une sorte de devoir collectif de respecter les religions établies»: «Ce texte est une infamie. Il prétend vouloir combattre la «diffamation des religions» en qui il voit une valeur collective à ménager et non plus l’exercice du droit individuel par excellence […]. La liberté religieuse est un droit individuel, intangible, qui protège non pas le pouvoir d’une communauté de régir ses semblables à sa guise, mais bien le droit inaliénable de chacun d’adorer la divinité qu’il aura choisie librement, d’en changer si cela lui plaît et de n’en reconnaître aucune s’il le préfère. Parmi les Etats votants, aucune démocratie n’a d’ailleurs approuvé cette mouscaille et la Suisse, pour son honneur, a voté contre. Soutenue par des parangons des droits de l’homme tels l’Arabie saoudite, la Chine, la Russie, Cuba, ou l’Egypte, la résolution 10/22 ne doit qu’à la honteuse abstention de quelques pays démocratiques (Argentine, Brésil, Mexique, Uruguay, Inde, Japon, Corée du Sud) d’avoir été adoptée par 23 voix contre 11 (Canada, Chili, France, Allemagne, Italie, Hollande, Slovaquie, Slovénie, Suisse, Ukraine, Grande-Bretagne). Le mois de juin 2009 a été rempli par les nouvelles en provenance d’Iran, où les fraudes électorales ont été suivies d’une répression prévisible. Le Monde diplomatique de juillet 2009 a publié sur le sujet un article de Ahmad Salamatian «Dans le chaudron du pouvoir iranien» et surtout un autre Olivier Pironet «Les structures du régime». C’est ce dernier qui démontre à merveille qui commande en Iran. «La charge de grand ayatollah – officiellement Guide de la révolution islamique – a été assumée, de 1979 à 1989 – par l’imam Khomeiny, remplacé à sa mort par Khamenei. Le Guide (qui a un représentant dans chaque province et dans chaque ministère) supervise les pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire […]. L’armée, les forces de l’ordre et la justice sont placés directement sous son contrôle.» En théorie, il peut être révoqué par 1’«Assemblée des experts», élue mais 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 19 le libre penseur/no 143 dont les 86 membres sont tous des religieux. Le «Conseil des gardiens de la Constitution» qui veille à la conformité des lois avec l’Islam est composé de six religieux nommés par le Guide et six juristes élus par le Parlement, il est de plus présidé par un ayatollah. Le «Conseil de discernement des intérêts supérieurs du régime» (34 membres) est «désigné par le Guide et a une compétence législative extraordinaire». En outre: «Le pouvoir judiciaire, quant à lui, appartient à un théologien juriste nommé par le Guide pour un mandat de cinq ans, qui choisit les juges, dont le chef de la Cour suprême». Enfin, le régime islamiste comprend «des organisations et institutions issues de la révolution qui fonctionnent comme des structures de dédoublement de l’appareil de l’Etat dépendant entièrement du Guide»: les Pasdaran (Gardiens de la révolution) qui comptent dans leurs rangs plusieurs millions de miliciens, les comités révolutionnaires et les tribunaux révolutionnaires. Inch Allah! «La crainte de l’Islam et son rejet en bloc partent du principe de la supériorité de la civilisation européenne à base chrétienne. Comme s’il n’avait pas fallu au christianisme, devenu religion d’Etat, quinze siècles de violence avant que les Lumières commencent à tempérer sa meurtrière intolérance envers tous les autres, les différents» (Jacques Poget, 24 heures, 29 juin 2009). L’historien Alain-Jacques CzouzTornare, auteur de La Révolution française pour les nuls, a été interviewé par l’hebdomadaire Coopération du 28 juillet 2009. A la question portant sur ce que la Révolution a apporté d’essentiel, il a rappelé: la Déclaration des droits de l’homme, la liberté d’expression et la publicité des lois («qui n’existait pas avant la Révolution. On a fixé les principes d’une justice égale pour tous»).Il conclut sa réponse ainsi: «La fraternité, c’est la laïcité. Avant 1789, on ne pouvait tout simplement pas changer ou vivre en dehors de la religion. Sinon, on n’existait pas, puisqu’on n’était pas inscrit dans les registres des baptêmes». Même s’il y a toujours et encore une belle différence entre les grands principes et la réalité sociale, il s’agit là – n’en déplaise à nos nostalgiques de l’Ancien Régime – d’une énorme avancée. Les Editions libertaires ont fait paraître l’ouvrage de Maurice T. Maschino La république des bigots. De la présentation 19 qu’en donne, dans Le Monde diplomatique d’août 2009, Christophe Ventura: «L’Eglise catholique, conduite aujourd’hui par «l’un des chefs d’orchestre de la réaction la plus noire» […]. En France, où elle dispose, avec le président Nicolas Sarkozy, «de son homme de main» contre les acquis de la laïcité; et au sein des institutions européennes, où elle peut compter sur le soutien indéfectible du président de la Commission européenne José Manuel Barroso. L’auteur prévient: «L’Eglise catholique ne peut être que totalitaire […] et […] n’a q’une ambition: reconquérir le terrain perdu, en usant de méthodes plus souples qu’autrefois, mais en conservant le noyau dur de son dogme.» CLAUDE CANTINI NOSTRA CULPA Chers Amis du Libre Penseur, dans les «Brèves de Thor Danneman», page 21 du No 142, 5e ligne, il y a une petite faute d’impression que je tiens à vous signaler: «Matthieu 15:27», c’est plutôt «25:27». La citation est effectivement de Jésus, mais c’en est une autre que l’on pourrait qualifier d’«indirecte» ou «au second degré», car celui qui l’aurait prononcée serait un autre monsieur – selon Jésus qui le relate – un maître d’esclaves. Cordiales salutations. ANTONIO TACCONE, MONTECATINI-TERME (ITALIE) N.d.l.r: Merci à M. Taccone pour cette rectification. Une fois de plus, nous constatons que l’ignorance religieuse n’est pas du côté des libres penseurs. BIBLIOTHÈQUE Avez-vous des livres anciens, des revues ou des documents dont vous souhaitez vous débarrasser? Si oui, faites-le-nous savoir ou envoyez-les-nous directement à notre rédaction, afin d’enrichir notre documentation et nos collections. LES BRÈVES DE THOR DANNEMAN Si le Petit Chaperon rouge avait rencontré dans la forêt non pas le loup mais cet autre canidé le renard, l'histoire se serait déroulée autrement. Le renard aurait noté l'adresse de la mère-grand, fait ensuite ses repérages, constaté que le poulailler de l'aïeule était aisément accessible moyennant un facile travail de sape et aurait, plus tard, de nuit, fait main basse sur deux dodues leghorns qui allaient nourrir sa petite famille. Il aurait laissé la mémé tranquille ainsi que la gamine. Cela nous aurait épargné la séquence sanglante avec éventrage (éventrement/éventration?) du loup et résurrection (ressuscitation?) des deux héroïnes restées miraculeusement guillerettes. On n'y croit pas plus qu'à celle du rabbin Jésus. *** Lorsqu'on entend Jessie Norman (une négresse!) chanter de façon bouleversante les Vier ernste Gesänge de Brahms, on se rend bien compte que ces histoires de supériorité et de spécificité de la race blanche sont des billevesées. Et bien le bonjour à Gobineau, Goebbels, Chamberlain (attention! Houston, pas Neville), Maurras et tous ces sinistres farceurs. *** Il n'est pas nécessaire d'entrer dans une église, une synagogue ou une mosquée pour trouver la paix de l'âme. Les quatuors de Beethoven suffisent largement. S'il existait une divinité, c'est elle qui les aurait inspirés. Sauf que le fougueux Ludwig n'aurait jamais accepté de partager les droits d'auteur. *** On peut se demander si en Judée, et si ça se trouve dans toutes les régions habitées du globe, on ne s'aimait pas les uns les autres avant que Jésus en fit un précepte. 143_decembre09.qxd 14.12.2009 14:07 Page 20 le libre penseur/no 143 20 SOUSCRIPTION DE SOLIDARITÉ CCP 10-7494-3 BON DE COMMANDE (marquer d’une croix) ■ Narcisse Praz – Dictionnaire satirique des noms propres et malpropres 242 pages, 3500 définitions satiriques, Fr. 43.– + port. ■ Claude Frochaux – L’Homme religieux 230 pages, Fr. 35.– + port R.J.G. L.A.B. Z.M.G. V.C.M.-I. B.J.-P.F. G.M.E. H.J.P. W.E.P. G.C.F. O.M.-A.G. S.R.B. Ch.P.-L.G. M.R.A. M.J.-L.Ch.-B. B.M.R. D.R.-A.Y. Th.C.B. Z.F.C.-St-P. K.E.B. (L) Ch.J.R. C.J.-M.V. F.Cl.L. P.R.B. B.L.V. C.R.C. Z.A.B. Gh.J.-P.N. R.M.P. F.Cl.R. R.M.LaCh. T.M.F. B.O.M. B.Ch.V. G.H.G. R.J.-L.V. S.T.Y. S.A.-M.St-L. F.R.G. S.J.G. B.Ch.Z. Z.R.B. ■ Robert Nicole – Voir clair 100 pages, Fr. 22.– + port ■ Narcisse Praz – La mésange charbonnière 280 pages, Fr. 35.– + port ■ Giancarlo Tranfo – La Croce di spine (in italiano) 452 pages, Fr. 32.– + port ■ Luigi Cascioli – La morte di Cristo (in italiano) 224 pagine, Fr. 28.– + port ■ Robert Nicole – Jésus, ce maître de sagesse méconnu 102 pages, Fr. 25.– + port ■ Narcisse Praz – Sous le pont Mirabeau 328 pages, Fr. 35.– port compris pour la Suisse ■ Louis Ducommun – L’existence improbable de Dieu 39 pages, Fr. 10.– + port (étranger 10 € avec port) ■ Albert-Marie Guye – Les entrailles de Gisors 20 pages, Fr. 5.– + port (étranger 5 €) ■ Roger Peytrignet – Jésus-Christ, mythe ou personnage historique? 206 pages, Fr. 32.– + port ■ Luigi Cascioli – La Fable de Christ ■ La Favola di Cristo (in italiano) 175 pages, Fr. 20.– + port ■ Narcisse Praz – Le dictionnaire insolent 554 pages, Fr. 48.– Nom: Prénom: Adresse: NP: Ville: JAB 1530 PAYERNE A retourner à: AVLP, Case postale 5264, CH-1002 Lausanne ✂ Fr. 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(F) € 20.– D.J.-Cl.L. (F) € 50.– L.R.R. (F) € 20.– B.G.A.-en-P. (F) € 10.– Merci à tous • Votre caissier Ordre des initiales: nom, prénom, ville. AVLP Pour une pensée libre, lisez Le Libre Penseur! Case postale 5264 Et pour nous aider: CH-1002 Lausanne – contribuez à diffuser et à faire connaître notre périodique; – pensez à vous acquitter du montant de l’abonnement annuel (Fr. 10.– ou euros 10.–, pour l’étranger); – et pourquoi pas? faites un petit geste de solidarité par le truchement du CCP 10-7494-3. NOTRE ASSOCIATION VOUS INTÉRESSE-T-ELLE? ■ Je désire de plus amples renseignements en vue d’une éventuelle adhésion. ■ Je désire m’abonner au Libre Penseur Nom: Prénom: Adresse: ■ Changement d’adresse ■ Ne plus envoyer Le Libre Penseur