Traité d`athéologie,
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Traité d`athéologie,
Traité d’athéologie, Michel Onfray « La notion de Dieu a été inventée comme antithèse de la vie – en elle se résume, en une unité épouvantable, toute haine de vie ». Nietzsche, Ecce Homo. Michel Onfray est docteur en philosophie - professeur et philosophe. Dans une conférence donnée à propos de la psychanalyse, il s’identifie à Sinope sur la tombe duquel est inscrit : « il dénuda nos chimères ». Dénuder les chimères, les croyances, les fables, les mythes des hommes : voilà le travail du philosophe qui utilise sa raison pour sans cesse remettre en cause ses idées. Contre les fictions, Michel Onfray oppose la raison. Ce résumé n’a pas pour but de livrer la pensée de Michel Onfray sur la religion mais de donner des arguments, des clés d’analyse pour porter un nouveau regard sur nos croyances, refuser les illusions. Qu’en est- il de nous ? Qui croit encore en Dieu, dans quelle mesure ? En France, les églises se vident, plus grand monde ne croit à la transsubstantiation, à la virginité de Marie, à l’infaillibilité papale… Tous ces signent donnent l’impression d’une insouciance pour la religion. Pourtant, jamais la présence du judéo-christianisme n’a été aussi forte. Après la mort ? Non, sûrement pas rien, mais quelque chose. Quelque chose qui explique le monde, la nature, qui donne sens à notre vie… Cette croyance à quelque chose génère une superstition vivace, qui, sous couvert d’un athéisme en réalité déiste, voile notre véritable foi en une entité supérieure. Tous les secteurs de la vie sociale sont touchés par la religion, même ceux prétendument laïcs : la Charte des personnels de la santé qui condamne la FIVETE, l’expérimentation sur l’embryon, l’euthanasie … autant de positions faussement laïques. De même en droit. On se souvient du Jardin d’Eden : tout individu est libre de choisir le bien ou le mal, donc responsable, donc possiblement coupable… Pour dépasser l’athéisme chrétien – négation de Dieu et affirmation des valeurs chrétiennes- et approcher un athéisme post-moderne –négation de Dieu et des valeurs qui en découlent-, il faut franchir trois étapes : déconstruction des monothéismes, du christianisme, des théocraties. Le but de la réflexion ? Démontrer que la religion signifie haine de la raison, de la liberté, de tous les livres au nom d’un seul, de la vie, de la sexualité, haine du féminin, du corps, des désirs, des pulsions ; que la religion signifie obéissance, goût de la mort, chasteté, virginité. Que Jésus est un personnage conceptuel – construit. Enfin, que le christianisme procède de la pulsion de mort. LA HAINE DES MONOTHEISMES Les monothéismes sont une haine de la raison : les trois livres du monothéisme prétendent contenir l’ensemble du savoir nécessaire, ils se prétendent être révélés et uniques. Au départ 7 corans existent : 6 seront brûlés pour asseoir l’autorité d’un seul. De même, Paul de Tarse appelle à brûler les écrits dangereux (Acte des apôtres, XIX, 19), l’Eglise crée L’Index des livres prohibés. Les monothéismes sont une haine de la science : elle rejette systématiquement les hypothèses matérialistes. Au IVème siècle avant J-C, Leucippe et Démocrite découvrent l’atome : l’Eglise refuse cette découverte. En fait la quasi-totalité des découvertes Grecques antiques seront oubliées durant 25 siècles… Depuis ? Une reconnaissance de ses erreurs ? Une accréditation des théories scientifiques ? Non, le rejet : rejet de l’héliocentrisme d’Aristarque, rejet de l’évolutionnisme de Darwin, rejet du polygénisme, rejet des causalités matérielles aux pathologies, rejet de l’inconscient, rejet de la génétique du XXème siècle, etc. Comment parvient-elle à faire croire à la transsubstantiation ? Oui, car l’Eglise croit à la présence réelle du Christ dans le pain azyme du boulanger : selon sa théorie, les espèces sensibles (saveur, chaleur, couleur) se maintiennent lorsque le prêtre professe ses paroles tandis que la substance disparaît. Ce tour de magie relève du scientifique, à n’en pas douter… Le monothéisme méprise les femmes. On s’en souvient, le péché originel procède d’une femme (le serpent Iblis dans le Coran qui s’adresse à une femme). Tentation, tentée, tentatrice, la femme est dangereuse. Ainsi la haine de ce qu’elles représentent : désir, plaisir, vie… « Que vaut une femme stérile ? » Réponse : « rien ». N’est-il pas étonnant aussi que l’homme juif remercie chaque jour par la prière Dieu de na pas l’avoir fait femme ? De même le voile avec le Coran. LA CONSTRUCTION DE JESUS C’est évident, Jésus a existé -tout comme Ulysse et Zarathoustra… En fait l’époque de Jésus est une époque d’angoisse et de peur lors de l’occupation romaine. Au bord du Jourdain, un nommé Theudas se prend pour Josué –étymon de Jésus…- qui prétend ouvrir le fleuve pas ses paroles. Les soldats romains décapitent ce Moïse de seconde zone. Un autre illuminé venu d’Egypte avec 40 000 fidèles prétend détruire les portes de Jérusalem par la seule force de sa voix : il est décapité. L’époque regorge en fait de fous illuminés, d’hystériques convaincus de l’excellence de leurs idées grotesques. Jésus nomme donc l’hystérie de l’époque, le refus juif de la domination romaine. L’auteur de Jésus ? Marc. Il rédige vers 70, rien ne prouve qu’il ait connu Jésus. De bonne foi, Marc tente en réalité de convaincre, de captiver l’hystérie du moment à des personnes alors insensibles au christianisme. De plus, la vie de Jésus est extrêmement proche, dans les faits à celle de Socrate, à celle de Platon dans les idées. Marc, Matthieu, Jean et Luc ne trompent pas sciemment, ils sont trompés. Ils disent vrai ce qu’ils croient et croient vrai ce qu’ils disent. Auto-intoxication… D’où les contradictions : Jésus végétarien ou ressuscitant un coq cuit dans un banquet ? Jésus étranglant des petits oiseaux ? Jésus riant aux éclats ? Toutes ces versions existent dans les apocryphes chrétiens. Question : Pourquoi les avoirs écartées ? Jésus est un personnage conceptuel, construit, pensé. « Les évangélistes écrivent une histoire, les croyants inventent leur créature, puis lui rendent un culte : le principe même de l’aliénation… » conclut Michel Onfray. Culte de la mort, enfin. Paul de Tarse – Saint Paul - est un juif hystérique qui jouit de la persécution des chrétiens. Sur le chemin de Damas, en 34, il tombe de sa hauteur, voit une intense lumière, entend Jésus, se convertit au christianisme. Diagnostic : cécité hystérique, suspension sensorielle, tendance mytho maniaque. Paul de Tarse est atteint de névrose, les faits l’attestent. Or, comment vivre avec sa névrose ? En névrosant le monde. Jésus est en fait très silencieux sur les questions du corps, de la sexualité, des femmes et de la vie. Paul de Tarse transforme son silence en haine de la vie. Il crée le monde à son image : haine du corps, mépris des femmes, déconsidération de l’ici-bas. Paul confie aussi que Satan lui a infligé une écharde dans la chair, probablement une impuissance sexuelle –d’où la chasteté, l’abstinence, etc. Le malheur ? La maladie de Paul contamine les Evangiles en interprétant –inventant- une pensée de Jésus. Le monothéisme est fasciné par la mort. Non ? A la fin de la 2ème guerre mondiale, les alliés découvrent avec effroi les camps de concentration. La réaction de l’Eglise ? Le cardinal Bertram organise un requiem à la mémoire… d’Adolf Hitler. Les Tutsies massacrent les Hutus. Jean Paul II écrit au président du Rwanda. Il compatit ? Il fait repentance ? Il regrette ? Pas du tout : il demande qu’on sursoie à la peine de mort des génocidaires. Il n’y aura jamais aucun mot pour les victimes. Et ce n’est que deux pauvres exemples… Contre la religion, le combat libre-penseur a produit de considérables effets : déconstruction des fables chrétiennes, laïcisation du serment juridique, de l’éducation, de la santé, de l’armée, séparation de l’Eglise et de l’Etat… Pour autant, sur le plan de la laïcité, si l’épistémè demeure judéochrétienne, on fait comme si la religion n’imprégnait pas les consciences. Construits par 2000 ans de formatages, les individus pensent, vivent et agissent selon ces valeurs. Il faut choisir. Choisir entre une laïcité chrétienne et une laïcité post-chrétienne, entre l’athéisme chrétien et l’athéisme athée, entre d’un côté la fable, le mythe, la fiction, la pensée magique, le nihilisme et de l’autre la raison, le réel, la pensée scientifique, le positivisme. « Nulle part je n’ai méprisé celui qui croyait aux esprits. Nulle part. Mais partout j’ai constaté combien les hommes fabulent pour éviter de regarder le réel en face. La création d’arrières-mondes ne serait pas bien grave si elle ne se payait du prix fort : l’oubli du réel, donc la coupable négligence du seul monde qui soi. » 04/02/2013 Jules CHANCEL