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Les studios
Shaw Brothers
Rétrospective
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Rétrospective___La mémoire vivante
Grandeur et décadence
de l’empire Shaw
L’histoire de la famille Shaw est intimement liée aux aléas de
la vie politique de Hong Kong, ancienne colonie britannique,
dont la rétrocession à la Chine, en 1997, influença, économiquement autant que thématiquement et esthétiquement, la
production cinématographique (les Shaw firent beaucoup
pour l’âge d’or qu’elle connut dans les années 60 et 70). On
peut parler d’une saga familiale, du moins d’une fratrie irrésistible qui imprima sa marque au cinéma chinois.
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Le Justicier de Shanghai
© Licenced by Celestial Pictures Ltd. (a company incorporated in Hong Kong SAR) All rights reserved
Fondée par un riche homme d’affaires originaire de Shanghai, la famille « Shao »
compte quatre fils : Shao Zuiweng, Shao
Cunren, Shao Renmei et Shao Yifu. Son
épopée cinématographique commence
avec l’aîné, Zuiweng, qui fonde en 1925 la
Tianyi Film Company, profitant du relatif
amateurisme de l’industrie chinoise
d’alors. La compagnie se spécialise déjà
dans le film d’arts martiaux en costumes,
popularisant au passage les personnages
de dames d’épée (dont Kill Bill est de bien
des manières le dernier avatar), genre inauguré par l’Héroïne Li Feifei. En 1928,
Renmei et Yifu quittent Shanghai pour
Singapour où, associés au propriétaire d’un cinéma, ils importent les films produits par la Tianyi. C’est alors qu’ils prennent
des noms malais, Runme Shaw (pour Renmei) et Run Run
Shaw (pour Yi Fu). La famille Shaw étend sa domination au
sud-est asiatique durant les années trente, développant un
(1) Sources : P. Quévillart, « L’histoire des frères Shaw », http://cine-hk.chez.tiscali.fr
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(c)Celestial Pictures Ltd.
Généalogies d’un règne1
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La mémoire vivante___Rétrospective
marché filmographique sans concurrence ni précédent : on
peut commencer à parler de l’Empire Shaw.
C’est en 1934 que Shao Cunren, sous le nom de Runde Shaw,
part pour Hong Kong où il va imposer le cinéma parlant cantonais. Mais dès 1937, Shanghai tombant aux mains des
Japonais, bien des maisons de production vont
péricliter ; toutes sauf la Tanyi qui, forte
de son hégémonie économique, sut se
maintenir à flots. Et lorsque, en 1940, la
guerre civile entraîne un transfert des
capitaux depuis Shanghai jusqu’à Hong
Kong, le cinéma va largement en profiter.
C’est ainsi que, en 1946, Runde Shaw
fonde la Great China, dont la première originalité fut de proposer des films parlés
en mandarin. Mais la Great China disparaît assez vite, puisque deux ans plus
tard, revenue à Shanghai, la compagnie
fait faillite. Runde Shaw ne baisse pas les
bras pour autant, puisqu’il fonde en 1950
la Shaws and Sons Ltd., dont la principale
activité était de produire des films en mandarin.
La concurrence étant rude, la Shaws and Sons Ltd. souffre
devant sa principale rivale, la Motion Picture & General
Industry. Face à l’adversité, Runde Shaw fait l’acquisition d’un
immense terrain, à Clearwater Bay, dans l’intention d’y
construire des studios. C’est en 1958 que Run Run Shaw
reprend les choses en main, venant s’installer à Hong Kong. Il
fonde alors la Shaw Brothers.
The Kingdom and The Beauty, au titre tout à fait symbolique,
signe l’acte de naissance de la compagnie. Le film réalisé par
une figure de proue du Studio, Li Han-hsiang, marque l’histoire du cinéma hongkongais en ceci qu’il est le premier film en
couleurs tourné à Hong Kong. Run Run Shaw entreprend donc
un chantier pharaonique, la construction d’un immense stu-
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Rétrospective___La mémoire vivante
dio, d’une ville dans la ville, sur ses terres de Clearwater Bay.
Cet empire hollywoodien propose bien évidemment des studios de tournage, mais encore des écoles de comédie, des
magasins de costumes et divers ateliers. On parle désormais
du « dinosaure Shaw Brothers ».
Run Run Shaw était passé maître dans l’art délicat de la publicité : comme tout grand producteur, il savait ce que désirait le
public, mais il savait encore provoquer ses désirs. Il fut assisté dans cette tâche par Raymond Chow, ancien journaliste qui
devint le directeur de la publicité du studio. Il sera même
promu chef de production en 1962. Quoi qu’il en soit, l’hégémonie de la Shaw est impressionnante, une hégémonie qui
profite surtout de la faillite de plusieurs autres compagnies.
Leurs films dépassent bientôt les productions américaines au
box-office. Le premier de cette longue série de triomphes fut
Dragon Gate Inn de King Hu, réalisé en 1967.
Toute médaille a son revers. S’endormant sur des lauriers
certes mérités, la Shaw Brothers produit vite
les films à la chaîne, sans souci de renouvellement ni de qualité. C’est pourquoi Raymond
Chow va quitter la compagnie pour créer la
Golden Harvest (reprenant feue la Cathay). La
concurrence naît naturellement entre les deux
compagnies. Non seulement la Golden Harvest
débauche la grande star Wang Yu, mais elle
souffle encore Bruce Lee au nez et à la barbe des frères Shaw,
qui lui proposaient apparemment un contrat indigne de son
statut2. Evènement contrariant pour l’empire Shaw, puisqu’il
eut un effet boule de neige, tous les insatisfaits de la Shaw
allant voir du côté de la Golden (tels King Hu, Lo Wei). Un
chiffre parle de lui-même : au faîte de sa gloire, vers le début
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Le Justicier de Shanghai
(2) Pour l’anecdote, il est intéressant de noter que Bruce Lee rentrait alors des Etats-Unis,
où il joua dans la série Le Frelon vert, réglant aussi quelques scènes de combat dans des
films hollywoodiens. Sterling Silliphant lui donna régulièrement du travail, Silliphant, scénariste qui reçut un Oscar pour Dans la chaleur de la nuit (In the Heat of the Night, 1967),
film présenté au Festival dans le cadre de l’hommage à Haskell Wexler.
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Rétrospective___La mémoire vivante
La mémoire vivante___Rétrospective
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des années 70, la Shaw Brothers produisait une quarantaine
de films par an ; au début des années 80, sa production a
chuté à moins de vingt films.
Golden Swallow
Dès 1979, avec l’essor de la Nouvelle Vague hongkongaise
(constituée de réalisateurs venus de la télévision, tel le grand
Tsui Hark), le dinosaure pose un genou à terre. Les films tentent de renouer avec leur inspiration passée, mais ne font
généralement que se répéter, dépassés par la fougue et l’originalité de ces nouveaux auteurs. Seul Li Chia-liang (ancien
chorégraphe de Chang Cheh) parvenait à maintenir la compagnie à flots. Pour éviter sa disparition, la compagnie dut se
décider à produire des réalisateurs de la Nouvelle Vague,
comme Ann Hui ou Alex Cheung,
sachant qu’ils ne garantissaient
pas nécessairement un succès
commercial. Depuis lors, la
Shaw Brothers n’est plus que
l’ombre d’elle-même, bien
qu’elle bénéficie aujourd’hui du
revival de son âge d’or. Si la
compagnie se manifeste de loin
en loin, tentant plus que jamais
de voguer sur des succès révolus (produisant bien entendu des remakes de films désormais
classiques, comme Hero (Corey Yuen, 1997), remake peu inspiré d’un film de Chang Cheh présenté au Festival d’Amiens,
Le Justicier de Shanghai), son paradis semble bel et bien
perdu. Dernièrement, l’inusable Liu Chia-liang est revenu aux
affaires pour réaliser un bon film de kung-fu à l’ancienne,
Drunken Monkey (2002).
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L’Ogre Chang Cheh
Au cœur de cet Empire se trouvent quelques artistes marquants, tels l’acteur Ti Lung (peut-être la star la plus emblématique des studios) ou le cinéaste Chang Cheh, dont le
Festival présente dix films. Disparu en 2002, « l’Ogre de Hong
Kong3 » est l’un des plus grands cinéastes de cette époque
bénie, au point d’être devenu une source d’inspiration pour
une large frange du cinéma contemporain. Son style est
reconnaissable entre tous : inimitable, il est pourtant devenu
la monnaie courante d’une certaine
conception du film d’action. Parrain du
wu xia pian (film de sabre), il renouvelle
le genre en profondeur, y introduisant
« une brutalité et un érotisme sans précédent4 ». Sa collaboration avec Ti Lung
fut d’une incroyable originalité, jouant
du corps de la star pour créer des œuvres
charnelles et cruelles (au sens premier
de cruor : le sang qui gicle). Les films de
Chang Cheh sont, à la lettre, incarnés ; ce sont des corps sensibles, couturés des cicatrices de leur intrigue, couverts des
blessures de leurs passions. « Ce qui le taraude, c’est moins
le sens de l’univers que ce que cache la peau5 ». Cheh éventre
l’image. Elle est une seconde peau qui fait écran, se crevant
bientôt pour déverser sur le spectateur les flots d’un sang
digne des tragédies grecques et des pièces shakespeariennes. Ses personnages sont dévorés par leurs démons intérieurs, la pellicule devenant leur fragile enveloppe. D’où son
intérêt pour ce que l’on a nommé la « violence graphique »,
s’attardant sur les souffrances et l’agonie de ses personnages
comme on médite sur la fin de toutes choses. La mise en
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Cinq venins mortels
(3) Olivier Assayas, « Chang Cheh, l’ogre de Hong Kong », in Cahiers du cinéma,
« Made in Hong Kong », n° 362-363, septembre 1984.
(4) Patrice Blouin, « Chang Cheh, le sabre et la rose », in Cahiers du cinéma,
n° 574, décembre 2002, p. 36.
(5) op. cit., p. 37.
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Les Disciples de Shaolin
scène de Cheh, inspirée par exemple du western italien ou
encore du cinéma japonais, use de figures de style d’une
incroyable poésie, de celles dont la beauté est d’abord tranchante : le ralenti, le travail sur les sons (le film se déploie parfois à partir d’un seul son : le déchirement des vêtements
dans Have Sword, Will Travel ou la résonance des pas dans
Vengeance !) et les couleurs primaires. Les génériques de ses
films, tels ceux des westerns italiens ou de Saul Bass, sont
des condensés esthétiques, des programmes figuratifs de la
fiction à venir. Qui plus est, ses films regorgent de soudaines
trouées oniriques, comme ces sublimes ralentis qui sont une
manière de prémonition de la mort à venir de David Chiang,
dans Have Sword.... Chang Cheh, à
l’aide de son acolyte et chorégraphe
Liu Chia-liang, créa le genre du
Shaolin kung-fu, dont on perçoit
aujourd’hui encore les avancées
esthétiques (le Festival propose,
dans cette veine, les Disciples de
Shaolin). Ainsi Chang Cheh représente-t-il le meilleur de ce que fut la
Shaw Brothers : une imagination
vive et iconoclaste au service de l’efficacité narrative.
Malheureusement, « il fut dévoré par son étrange boulimie
autodestructrice autant que par l’amnésie inhérente à la nature même du cinéma de Hong Kong6. »
Il inspire désormais les plus grands cinéastes, tel John Woo
qui fut son assistant sur deux films (Frères de sang et le
Justicier de Shanghai), et reconduit bien de ses figures de
style favorites, réalisant notamment, avec Une balle dans la
tête (Bullet in the Head, 1990), un lointain remake de Frères
de sang. Tel Tsui Hark aussi, qui produit le Syndicat du crime
(A Better Tomorrow, 1986) de Woo, signant la renaissance de
Ti Lung. Tsui Hark, qui reprend le genre du Shaolin kung fu
(avec, par exemple, la série des Il était une fois en Chine). Tsui
Hark, qui réalise l’un des plus beaux films des années 90, The
Blade, directement inspiré de One-Armed Swordman (Chang
Cheh, 1967). « Du modèle commun, le premier aurait gardé la
force symbolique et l’homosexualité latente, le second, la violence iconoclaste et le raffinement cruel7 ».Un autre cinéaste a
récemment rendu un hommage appuyé à Chang Cheh (et plus
généralement à la Shaw Brothers), c’est Quentin Tarantino,
dont le récent Kill Bill est le décalque maniériste et enthousiaste de l’œuvre immense de
l’auteur des 13 fils du dragon d’or. « Les
deux sociétés de production pour lesquelles
j’ai une affection particulière sont la New
World de Roger Corman dans les années 70
et la Sir Run Run Shaw des Frères Shaw. Et,
pour moi, l’as des réalisateurs de cette dernière fut Chang Cheh. Il occupe au sein de la
vieille école du film de kung-fu la place de
John Ford dans celle du western. C’est lui qui signa en 1967 le
premier vrai film d’arts martiaux : One-armed Swordman, avec
Jimmy Wang Yu. Cet authentique pionnier est mort en 2002
durant les prises de vues de Kill Bill et j’ai parfois senti son
esprit planer sur nous8. » L’auteur de Jackie Brown avoue même
s’être inspiré d’une bonne vieille méthode inventée par Chang
Cheh pour faire gicler le sang (où il s’agit de remplir un préservatif de sang, que va presser l’acteur au moment de l’impact).
Autrement dit, sans la Shaw Brothers, Chang Cheh ou Ti Lung,
le cinéma d’aujourd’hui n’aurait certainement pas la même
saveur. Le Festival propose une sélection de films qui rappelleront de bons souvenirs à certains, et apprendront aux autres
que les films d’aujourd’hui ne sont certainement pas nés de la
dernière pluie. Il offre en tout cas l’occasion de maintenir
vivante, plus que jamais, la mémoire du cinéma.
(6) Christophe Champclaux, Tigres et Dragons. Les arts martiaux au cinéma,
Paris, Guy Trédaniel Editeur, 2000, p. 182.
(7) P. Blouin, op. cit., p. 36.
(8) Q. Tarantino, Dossier de presse de Kill Bill, volume 2, p. 18.
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La mémoire vivante___Rétrospective
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Have Sword, Will Travel
Fabien Qui
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La mémoire vivante___Rétrospective
Les studios Shaw Brothers
Les studios Shaw Brothers
Golden Swallow
Hong Kong - 1967
Hong Kong - 1968
© Celestial Pictures Ltd.
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La même année, Chang Cheh et la
star Jimmy Wang Yu révolutionnaient le cinéma de kung-fu avec
One-Armed Swordsman (film qui
inspirera The Blade à Tsui Hark,
son chef-d’œuvre, et l’un des tous
meilleurs films des années 90, qui
est au wu xia pian (film de sabre)
ce que Impitoyable est au western). Ils collaborent de nouveau
sur The Assassin qui, s’il s’ouvre et
se clôt dans le sang des combats,
fait preuve d’un goût affirmé pour
les personnages tragiques.
R/D : Chang Cheh • Sc : Chang Cheh • Ph/C : Yuan Tseng-shan, Kuang Han-le • M/Ed : Chiang Hsing loong • S : Wang Yung-hua • Mus : Wang Fookling • Ch : Lau Kar Leung, Tang Chia • Dec/AD : Chen Ching-sheng • P : Run Run Shaw • 112’ • 35mm • F • Coul/Col • Int/Cast : Jimmy Wang Yu, Chiao
Chiao, Huang Tsung-shun, Chao Hsin-yen, Chang Pei-shan, Tien Feng, Cheng Lei, Fang Mien, Ma Ying, Hu Tung, Wang Ching-ho, Chin Tung, Lin Ching, Li
Hsiang-chun • Contact : Celestial Pictures
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Famous swordswoman Golden
Swallow and swordsman Han Tao
are in love and lead quiet lives.
They learn that a former colleague
of Swallow’s called Hsiao Peng is
now the most feared of bandit
killers, hating them for having
killed his family. He leaves a hairpin
shaped like a swallow on his victims...
The indomitable martial arts team
of director Chang Cheh and stunt
choreographer Liu Chia-liang continues the compelling saga of
Golden Swallow from King Hu’s
Come Drink With Me in this sequel
of heartbreaking romance, jianghu
intrigue and stunning action.
Nieh Chen, un patriote ayant
appris le maniement du sabre
auprès de Wu Gee. Servante de
Wu, Hsia Ying s’entiche de Nieh.
Ce qui provoque le ressentiment
de son collègue, Hsu Shih, qui
conçoit un amour malheureux
pour la jeune fille. Lors d’une
séance d’entraînement d’escrime,
Hsu Shih, dans un accès de jalousie, frappe Nieh en traître. Furieux
devant cette mascarade, Wu renvoie Hsu, qui aura désormais soif
de vengeance…
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The Assassin
Pendant l’ère des Six Royaumes,
l’Empire Chun domine la Chine et
lance de constants assauts contre
les régions voisines. Le roi de
l’empire Han, de faible caractère,
a délégué les pleins pouvoirs à
son oncle, Han Kuei. Ce dernier
désire placer le royaume sous le
joug de l’Empire Chun, mais Yen
Sui, un fidèle officier, s’y oppose.
Dans le royaume Wei se trouve
During the Six Kingdoms era the
Chun Empire is stronger than all
others in China and launches
constant attacks on neighboring
areas. The king of the Han Empire,
a weak character, has allowed his
uncle Han Kuei to assume full
power. Han Kuei wants his empire
to come under the rule of the Chun
Empire, but loyal officer Yen Sui
opposes this.
In the same year Chang Cheh and
Jimmy Wang Yu revolutionized
Hong Kong cinema with OneArmed Swordsman, they also collaborated on this epic of bloody, brutal vengeance during the fascinating Six Kingdoms era.
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La célèbre Hirondelle d’or (Golden
Swallow) s’est retirée dans une
verte vallée aux côtés de Han Tao,
avec qui elle coule des jours paisibles dans la pratique sereine
des arts martiaux. Cette paix se
trouve vite troublée par Hsiao
Pong, ancien frère d’armes secrètement amoureux d’elle. Les
amants apprennent qu’il décime
un gang criminel, signant ses
meurtres d’une épingle à cheveux
dorée en forme d’hirondelle...
Reprenant le personnage de
l’Hirondelle d’or créé par King Hu
(Come Drink With Me, 1966),
Chang Cheh pose avec ce film les
bases du wu xia pian moderne,
genre qui va marquer le cinéma
d’action contemporain, de Tsui
Hark à John Woo, en passant par
Tarantino dont Kill Bill est largement inspiré par le style tranchant
de Chang Cheh. Les gerbes de
sang sont à la fois signe de passions violentes et signature graphique. Le cinéaste y affine encore sa griffe, ouvrant le cinéma chinois aux modernités européennes. Golden Swallow est un
film en or !
R/D : Chang Cheh • Sc : Chang Cheh • Ph/C : Pao Hsueh-li • M/Ed : Chiang Hsing-loong • S : Wang Yung-hua • Mus : Wang Fook-ling • Ch : Liu Chialiang, Tang Chia • Dec/AD : Chen Chi-jui, Chen Ching-shen • P : Runme Shaw • 108’ • 35mm • F • Coul/Col • Int/Cast : Jimmy Wang Yu, Cheng Pei-pei, Lo
Lieh, Chao Hsin-yen, Yang Chih-ching, Ching Miao, Wu Ma, Lin Chiao, Tang Dee, Ho Pin, Ku Feng • Contact : Celestial Pictures
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Rétrospective___La mémoire vivante
La mémoire vivante___Rétrospective
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Les studios Shaw Brothers
Les studios Shaw Brothers
Le justicier de Shanghai
Les Disciples de Shaolin
The Boxer from Shantung
Disciples of Shaolin
Hong Kong - 1972
Hong Kong - 1975
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combat qui les oppose aux
voyous de Yang Shuang. Mais de
la rue au ring, il semble n’y avoir
qu’un pas.
Ma Yung Cheng, a modest young
patriot, leaves Shantung to seek
his fortune in Shanghai. On arrival
he is befriended by Hsiao Chiang
Pei. When the two are involved in a
fight, underworld leader, Tan Wei,
sees and notes Ma’s fighting techniques and tries to entice him into
evil ways.
Ma Yung Cheng, un jeune et
modeste
patriote,
quitte
Shantung pour aller faire fortune
à Shangai, où il va se lier d’amitié
avec Hsiao Chiang Pei. Les deux
amis sont bientôt mêlés à une
rixe, durant laquelle Tan Wei, un
chef de la pègre, s’intéresse aux
techniques de combat de Ma, et
tente de le détourner du droit chemin. Impressionné, Ma, d’abord
sceptique, va bientôt se joindre
aux hommes de Tan Wei dans un
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A much lauded and analyzed top
ten hit, it made superstars of its
lead and director, who packed so
much blood-soaked symbolism
and dramatic power into it that
then assistant director John Woo
now openly acknowledges its
influence.
Le Justicier de Shanghai, qui fut un
gros succès à Hong Kong, et fit de
Chen Kuan-tai une superstar du
kung-fu, est aujourd’hui considéré
comme un classique du film d’arts
martiaux. Avec l’aide des chorégraphes Liu Chia-liang et son frère
Liu Chia-jung, Chen fait montre
d’une incroyable virtuosité martiale, secondée par la mise en scène
énergique de Chang Cheh. Hong
Kong Action Cinema cite d’ailleurs
ce film comme l’un des dix
meilleurs du cinéaste. Notons qu’il
s’agit de l’un des premiers films
où John Woo travaille comme
assistant réalisateur, subissant
l’influence des Shaw Brothers que
l’on retrouvera notamment dans
son chef-d’œuvre américain,
Volte-Face (Face/Off, 1997),
mais encore dans M:I-2
(Mission : Impossible II, 2000).
R/D : Chang Cheh, Pao Hsueh-li • Sc : Ni Kuang, Chang Cheh • Ph/C : Kung Mu-to, Juan Ting-pang • M/Ed : Kuo Ting-hung • S : Wang Yung-hua •
Mus : Chen Yung-yu • Ch : Tang Chia, Liu Chia-liang, Liu chia-jung, Chan Chuan • Dec/AD : Johnson Tsao • P : Runme Shaw • 126’ • 35mm • F • Coul/Col
• Int/Cast : Chen Kuan-tai, Chin Li, Tien Ching, Ku Feng, Chiang Nan, Feng I, Milano, Cheng Kang-yeh, Chen Hao, Liang Shang-yun, Tang Yen-tsan, David
Chiang, Wang Chung, Wang Kuang-yu • Contact : Celestial Pictures
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A young countryboy goes to a cloth
factory to visit a friend and is finally hired by the compagny. In the
meantime, the workshop faces the
competition of another workshop
trying to steal the employees by
making use of persuasion, but
most of the time violence. It does
not take much time to our young
hero to use his kung-fu skills to
defend his fellows successfully.
This is considered one of the most
notable films in Chang Cheh’s
career. Featuring Alexander Fu
Sheng in the role that secured his
stardom, and choreographed by
the mighty Liu Chia-liang, it is one
of the highlights in kung-fu film history.
Rendant visite à un ami (Chi
Kuan-chun) qui travaille dans
une fabrique de tissu, un jeune
campagnard (Fu Sheng) va s’y
faire embaucher. Chi Kuan-chun
conseille à Fu Sheng de ne
jamais montrer ni utiliser son
kung-fu, tout en faisant mystère
sur cette mise en garde…
Cependant, le chef hargneux
d’une fabrique rivale va chercher,
par tous les moyens, à récupérer
tous les ouvriers afin d’avoir la
mainmise sur le marché. Cette
rivalité économique va bientôt
tourner à la bataille rangée, donnant lieu à bien des combats de
kung fu, Fu Sheng ne tardant pas
à s’interposer pour défendre avec
succès ses collègues. Nouveau
favori du patron, il grimpe vite
l’échelle sociale, sans se douter
un instant que toute cette gloire
n’est qu’illusoire…
Les Disciples de Shaolin est l’un
des films les plus connus de
Chang Cheh, dont la légende s’est
pourtant construite au long de
plus de 70 films entre 1960 et
1975. Il est vrai que l’on peut tenir
les Disciples... pour l’un des sommets de sa riche filmographie,
tant il s’attarde et s’attache, plus
qu’à son habitude, aux motivations et aux états d’âme de ses
personnages. On retrouve toutefois la signature de « l’Ogre de
Hong Kong », dans les combats à
mains nues (chorégraphiés, pour
la dernière fois, par Liu Chia-liang)
ou les giclées de sang, mais encore dans ce fameux thème de l’amitié virile (aux soubassements
homosexuels) que John Woo
reprendra à son compte. Notons
que Chang Cheh réalisera un
remake nettement moins inspiré
des Disciples de Shaolin en 1983.
R/D : Chang Cheh • Sc : Chang Cheh, Ni Kuang • Ph/C : Kung Mu To, Hsu Te-li • M/Ed : Kuo Ting-hung • Mus : Chen Yung-yu • Ch : Lau Kar Leung, Liu
Chia-liang • P Run Run Shaw • 97’ • 35mm • F • Coul/Col • Int/Cast : Alexander Fu Sheng, Chi Kwan-chun, Chiang Tao, Wang Ching-ping • Contact :
Celestial Pictures
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La mémoire vivante___Rétrospective
Les studios Shaw Brothers
D’autres films de la Shaw Brothers sont présentés
au Festival d’Amiens dans le cadre de l’hommage
à Ti Lung, son acteur emblématique.
Cinq Venins mortels
The Five Venoms
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« Le Lézard » et « Le Crapaud »,
tous doués d’une technique spéciale, sont les venimeux membres
de ce Clan Poison. Chacun porte
un masque qui empêche quiconque de l’identifier. Or, leur
vieux maître craint qu’ils n’utilisent leur savoir à mauvais escient.
Avant de mourir, il charge son plus
jeune élève de mettre fin aux activités de ses cinq derniers disciples, qui en effet répandent le
mal et la terreur dans leur sillage...
L’école d’arts martiaux des 5
Venins est réputée pour les techniques de combat mortelles qu’elle enseigne. Le fondateur de l’école s’est retiré de cet univers depuis
longtemps. « Le Mille-pattes »,
« Le Serpent », « Le Scorpion »,
The Five Venoms est tout simplement un film culte, notamment
dans le milieu du hip-hop (pour le
Wu-Tang clan par exemple); et si
Chang Cheh a largement inspiré
Tarantino pour Kill Bill, ce film en a
dicté le final. Le succès international de Cinq Venins mortels propulse au rang de star cinq acteurs et
maîtres du kung-fu, qui seront
désormais
surnommés
les
Venoms. Avec eux, Chang Cheh
signera douze autres films jusqu’en 1982.
Have Sword, Will Travel (Chang Cheh, 1969)
Vengeance ! (Kung-Fu Vengeance, Chang Cheh, 1970)
Les 13 fils du dragon d’or (The Heroic Ones, Chang Cheh, 1970)
The Anonymous Heroes (Chang Cheh, 1971)
Frères de sang (The Blood Brothers, Chang Cheh, 1973)
The Empress Dowager (Li Han-hsiang, 1975)
The Last Tempest (Li Han-hsiang, 1975)
© Celestial Pictures Ltd.
Le Complot des clans (Clans of Intrigue, Chu Yuan, 1977)
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The School of Five Venoms is notorious among martial artists for the
evil deeds of its disciples. The master of the school Huang Yen has
retired from the martial world for
years. Before he dies, he feels so
guilty about all the evils associated
with the name of their school that
he orders his youngest disciple
Yang Te to go and stop the other
disciples from carrying on with
their wicked ways eliminating them
if necessary.
Chang Cheh’s super-heroic, grand
guignol-flavored thriller proved
hugely popular in America, inspiring a U.S. soft drink commercial,
and even an entire rap music act’s
world tour. It also spawned a film
series featuring more amazing,
high-flying, blade-juggling, fleshstabbing mayhem.
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Hong Kong - 1978
R/D : Chang Cheh • Sc : Ni Kang, Chang Cheh • Ph/C : Hung Mu-to, Tsao Hui-chi • M/Ed : Chiang Hsing-lung • S : Wong Yung-hua • Mus : Chen Yungyu • Ch : Liang Ting, Tai Chi-hsien, Chu Lu-feng • Dec/AD : Tsao Johnson • Cost : Lia Chi Yu • P Runme Shaw • 97’ • 35mm • F • Coul/Col • Int/Cast :
Chiang Sheng, Sun Chien, Kuo Chue, Lo Meng, Wei Pai, Lu Feng, Wang Lung-wei, Ku Feng, Tu Lung • Contact : Celestial Pictures
> Voir Hommage à Ti Lung, pages précédentes.
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