AFS 2015 RT29_Résumé_G.Ronsin-D.Denayer-I.Arpin-A.Cosson

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AFS 2015 RT29_Résumé_G.Ronsin-D.Denayer-I.Arpin-A.Cosson
Réseau Thématique 29 -«Sciences et techniques en société»
6° Congrès de l'AFS du 29 juin au 2 juillet 2015
« Articuler connaissance et gestion de la nature : le travail de médiation dans les conseils
scientifiques »
Gaëlle Ronsin
Doctorante IRSTEA (UR DTM, 2 rue de la Papeterie, BP76,38402 Saint-Martin d'Hères cedex) et
EDYTEM –LabEx ITEM.
[email protected]
Isabelle Arpin
IRSTEA (UR DTM) –LabEx ITEM.
[email protected]
Dorothée Denayer
Unité SEED (Socio-économie, Environnement et Développement) du Département de Sciences et
Gestion de l’Environnement de l’Université de Liège (ULg).
[email protected]
Arnaud Cosson
IRSTEA (UR DTM) –LabEx ITEM.
[email protected]
Fabien Hoblea
EDYTEM, UMRCNRS-Université Savoie-Mont Blanc, Le Bourget du Lac-LabEx ITEM
[email protected]
En dépit du slogan « connaître pour agir », les connaissances scientifiques sont rarement
mobilisées et mobilisables dans l’action et un travail est nécessaire pour assurer une
collaboration entre ceux qui produisent des connaissances et ceux qui prennent ou
mettent en œuvre les décisions. Dans le domaine de l’action publique
environnementale, ce travail a été institutionnalisé de plusieurs manières : recrutement
de scientifiques par des institutions gestionnaires, formation de gestionnaires par des
scientifiques, création d’organisations-frontières.
Une attention particulière a récemment été portée au travail de médiation que
nécessitent l’établissement et le maintien d’un lien durable entre la production de
connaissances par des scientifiques et la mobilisation de ces connaissances dans des
contextes d’action publique. L’accent a plutôt été mis sur le rôle des scientifiques dans
ce travail. Nous voudrions contribuer à la compréhension des situations de médiation
scientifique, en explorant un cas qui permet d’aborder le travail de médiation de
manière plus équilibrée et qui a été peu étudié jusque-là : celui des conseils scientifiques
des institutions de protection de la nature et de développement durable des territoires
(dans la suite dénommés CS).
Les CS sont composés de spécialistes, appartenant à un grand nombre de disciplines des
sciences de la vie et de la terre et des sciences humaines et sociales. Ils sont notamment
chargés d’aider les institutions auxquelles ils sont attachés (parcs nationaux, parcs
naturels régionaux, réserves naturelles, conservatoires botaniques nationaux,
organismes nationaux de protection et de gestion de la nature, etc.) à concevoir leurs
programmes et protocoles d’inventaire et de suivi et plus largement leur politique de
connaissance. Ils élaborent également des avis sur les activités menées dans les
territoires concernés, en particulier lorsqu’il s’agit d’activités nouvelles susceptibles
d’avoir un impact sur les écosystèmes Ils se réunissent lors de séances auxquelles
participent des membres des institutions (par exemple des membres de l’équipe de
direction et des chargés de mission).
Notre communication s’appuie sur une enquête empirique menée auprès d’une
cinquantaine de personnes impliquées dans des conseils scientifiques d’espaces
protégés et sur des observations de situations de médiation. Elle vise à rendre compte
des pratiques de la médiation, exercées tant par des gestionnaires que par des
scientifiques.
Nous montrerons la diversité des pratiques, des lieux et des moments de la médiation,
qui peut se dérouler lors de réunions, de discussions informelles, sur le terrain, à travers
des correspondances ou au cours des processus d’élaboration de projets. Nous verrons
que le travail de médiation ne relève pas uniquement des scientifiques mais est
accompli aussi par des gestionnaires et qu’être amené à jouer un rôle de médiation plus
ou moins durable renvoie à un processus où interviennent à la fois le statut des individus
et leurs compétences, telles qu’elles se manifestent dans les interactions au sein des CS.
Nous mettrons également en évidence la diversité de ces compétences, qui ne se
réduisent nullement à des compétences scientifiques ou de « traduction ». Il s’agit aussi
souvent de compétences techniques, sociales, organisationnelles, qui permettent de
créer des liens et d’assurer un minimum de continuité dans un collectif intermittent. Les
employés des institutions gestionnaires prennent une place centrale dans ces processus,
invitant à envisager le CS de manière beaucoup large que leur définition officielle.
Finalement, nous faisons le constat que les activités de médiation, tout comme le rôle
pris par les gestionnaires dans les CS, sont le plus souvent peu reconnus, peu
formalisées, occultées par les objectifs pratiques et le maintien de la légitimité
scientifique de ces collectifs.