des clichés aux avancées

Transcription

des clichés aux avancées
Emploi au
féminin
des clichés aux avancées
JOB
préface
Priscilla Gout
Mes spécialités : l’actualité de l’emploi et plus
particulièrement l’emploi
au féminin. Rédactrice
web au sein de l’équipe
éditoriale de RegionsJob,
1er site d’offres d’emploi
spécialisé en région, j’alimente les contenus des
sites du réseau RegionsJob et du blog Mode(s)
d’Emploi.
fr.twitter.com/Priscilla_RJ
redaction.blog.regionsjob.com
Les contributeurs :
Rédactrice web depuis bientôt trois ans chez RegionsJob,
et notamment en charge de la rubrique « L’emploi au
féminin» du blog Mode(s) d’Emploi, j’ai fait un constat.
Il existe de nombreuses études sur les thèmes des écarts
salariaux entre hommes et femmes, de la discrimination,
des inégalités de traitement au sein des entreprises.
Face à cette avalanche de chiffres, il est parfois difficile
d’y voir clair entre les informations qui concernent les
femmes, les dirigeantes ou les cadres, les françaises ou
les européennes, les écarts salariaux moyens et les
écarts à poste et diplôme égaux, etc.
L’idée était donc de réunir sur un même support tout
le flot d’informations qui circule sur l’emploi des femmes.
Mais le but n’est pas de proposer du contenu froid et
statique. Les chiffres sont là, nous les connaissons pour
la plupart.
Chaque jour, des milliers de personnes oeuvrent en faveur
de l’emploi des femmes, et des projets voient le jour.
Ce qui m’importait, c’était de montrer ces évolutions,
ces femmes qui bougent, leurs initiatives… Alors
parlons-en et rendons-les visibles.
Que l’on soit féministe militante ou pas, il faut se
l’avouer, les femmes et les hommes n’ont pas les mêmes
problématiques, notamment au travail. Peu importe à qui
la faute, le tout est de réussir à changer cela pour œuvrer
en faveur d’une plus grande mixité. C’est la clef.
En aparté
Remerciements
Merci à Morgane Maillard, ma collègue-graphiste chez
RegionsJob pour ses idées et la mise en page ! Mes collègues
Flavien le Modérateur et Fabrice Mazoir pour leurs conseils
et mention spéciale à Fabrice pour les multiples relectures.
Merci également à Elise Lacabarats de l’agence Eté en Hiver et
Stéphane Martin de Neodialogue pour leur aide.
Un grand merci à tous les illustrateurs et toutes les illustratrices
pour leur enthousiasme et leurs dessins originaux : Shug, Yatuu,
Klaire, Anthony Lelgouarch, Lili la Baleine Verte, Isabelle Gatzler,
Fanny Bonnin.
Et à tous les participants : Yves Deloison, Claire Romanet,
Nathalie Cordeaux, Sylvaine Pascual, Hypathie, Flavien Chantrel,
Gaëlle Picut, Fadhila Brahimi, Sophie-Antoine Dautremant,
Rodolphe Helderlé, Marlène Schiappa, Emmanuelle Gagliardi,
Olympe, Aurélie Collet, Laurence Roy, Marie-Sophie Pawlak,
Nora Esnault, Gwenaëlle Quénaon-Hervé, Blandine Métayer.
Le contenu de cet ebook est bien sûr loin d’être
exhaustif. Qu’à cela ne tienne, tout ce qui ne figure pas
dans ce premier tome pourra faire l’objet d’un second
plus complet. Vous y trouverez un panel d’articles de
professionnel(le)s, d’expert(e)s du recrutement ou
de l’emploi, de rédacteurs(trices), de blogueurs ou
blogueuses… Autant de points de vue et de témoignages
que j’ai trouvé intéressant de réunir. L’ebook collaboratif
m’est apparu comme l’outil idéal pour cela, qui plus est
lorsqu’il est richement illustré. Je remercie au passage
toutes les participantes et les participants.
Bonne lecture…
Chapitre 1 : Femmes et emploi : Etat des lieux
• En France, la parité ne fait pas partie des priorités, par Priscilla Gout
• Questions de quotas, dessin d’Isabelle Gatzler
• Les limites des indicateurs de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes, par Miroir Social
• Où se situent les métiers du web en matière de sexisme ? par Flavien Chantrel
• Hommes et femmes parfaitement égaux devant l’énergie consacrée à leur emploi, dessin de Klaire
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Chapitre 2 : Les freins à la carrière des femmes
• Les recruteurs préfèrent les hommes, par Claire Romanet16
• Discrimination des femmes enceintes, dessin de Yatuu 18
• L’informatique : toujours pas pour les femmes ? par Hypathie19
• Les choix professionnels stéréotypés des femmes, par Yves Deloison21
• Les tâches domestiques, dessin de Shug23
Chapitre 3 : Les tremplins à la réussite des femmes
CRÉATION D’ENTREPRISE
• Zoom sur les Mompreneurs : « Les femmes ont toutes les qualités pour réussir une création d’entreprise »
Entretien avec Aurélie Collet, de Mompreneur Breizh
• « J’ai toujours eu envie d’être un jour indépendante »
Entretien avec Nathalie Cordeaux, blogueuse et créatrice d’entreprise
• « Pourquoi je me suis lancée dans l’entrepreneuriat… » par Sophie-Antoine Dautremant, cofondatrice de Recrutae
• « Les entrepreneuses ont besoin de se mettre en réseau » - Interview de Nora Esnault d’Entrepreneuses Mag
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COACHING ET « PERSONAL BRANDING »
• L’ennemi n°1 de la femme, c’est la femme ! par Fadhila Brahimi
• « Le coaching permet aux femmes de se libérer » par Sylvaine Pascual
• « Soyez combattante ! » dessin de Shug
• L’intérêt de développer une stratégie de visibilité sur le web :
« Vous n’êtes pas une femme, vous êtes un candidat ! » par Sophie-Antoine Dautremant 33
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FEMMES ET RÉSEAUX
• Les réseaux de femmes par Emmanuelle Gagliardi
• Femmes d’Energie d’Assystem : « les jeunes femmes doivent oser !»
Entretien avec Laurence Roy, membre du réseau Femmes d’Energie
• «Elles bougent» : promouvoir les métiers d’ingénieurs auprès des femmes
Interview de Marie-Sophie Pawlak, fondatrice de l’association « Elles bougent »
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Chapitre 4 : En route vers la parité
• Conciliation vie privée / vie professionnelle : des femmes témoignent, par Gaëlle Picut
• Le télétravail, une solution pour les mères de famille, par Nathalie Cordeaux
• «Je suis Top !» : quand le théâtre brise le plafond de verre – Entretien avec Blandine Métayer
• Management au féminin : « un peu de douceur dans un monde de brute »
Interview de Gwenaëlle Hervé, Directrice de la communication de RegionsJob
• Zoom sur le concours d’entrepreneuses, par Marlène Schiappa
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Conclusion
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• A propos de RegionsJob SAS
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Chapitre 1
FEMMES & EMPLOI
ÉTATS DES LIEUX
En France,
la parité ne fait pas partie des priorités
par Priscilla Gout
La position de la France au classement mondial des
inégalités hommes-femmes établi par le Global Gender
Gap Report fait peine à voir. Après avoir été 18ème en
2009, la France se classait seulement en 46ème position
en 2010. Un phénomène dévoilé lors du World Economic
Forum (WEF), qui s’explique par la chute du nombre de
femmes en politique et aux hautes responsabilités ainsi
à l’écart salarial persistant entre hommes et femmes…
Chaque année, le Global Gender Gap Report passe en
revue plus de 130 pays du monde en matière d’égalité.
Il mesure l’importance des inégalités entre les sexes sur
quatre points : le niveau d’éducation, l’influence politique,
la santé, et ce qui nous intéresse ici, la participation dans
l’entreprise et les opportunités économiques. Chaque
année également, les pays nordiques présentent les plus
faibles disparités en termes d’égalité entre les hommes et
les femmes. L’Islande est le pays leader en matière d’égalité grâce à son taux élevé de femmes en emploi et en
politique, malgré des écarts de salaires malheureusement
élevés eux-aussi. Norvège, Finlande, et Suède composent
avec l’Islande le quatuor de tête. La Norvège a d’ailleurs
depuis quelques années déjà imposé un quota de 40%
de femmes dans les CA des grandes entreprises, mesure
adatée récemment en France.
La mixité pourtant levier de performance
Et outre le fait d’être nordiques, ces pays ont une autre
chose en commun : leur performance. Pour Klaus Schwab,
fondateur et président du Forum économique mondial
(WEF), « les faibles écarts entre hommes et femmes sont
directement corrélés avec une forte compétitivité économique. » Depuis 2007, le prestigieux Cabinet Mc Kinsey
conduit des recherches visant à expliquer la corrélation
entre mixité et performance des entreprises. Il a depuis
publié quatre rapports sur le sujet intitulés « Women
Matters », qui mènent tous à la même conclusion :
les entreprises ayant une plus forte représentation de
femmes dans leur comité de direction ou leurs équipes
de management sont aussi les plus performantes. C’est
un fait, la mixité est levier de performance.
La France au 46ème au rang de la parité
Mais l’argument de la performance ne semble pas encore faire recette en France. Selon le Global Gender
Gap Report, elle a perdu 28 places au rang de la parité entre 2009 et 2010 pour finalement se retrouver à
la 46ème place ! Une dégringolade due en grande partie à la forte baisse du nombre de femmes aux postes
ministériels et aux responsabilités des grandes entreprises durant l’année 2010, mais aussi à l’écart salarial ressenti par les femmes pour lequel le pays est en
bas de classement (127ème sur 134 pays). En France,
les femmes gagnent 64% du salaire des hommes et à
poste égal, la différence de salaire entre eux en France
est de 27%.
Les clefs de la réussite
Pourtant, la France a toutes les clefs pour mettre en
œuvre la parité. En termes d’éducation et de santé, elle
est très bien positionnée. Durant l’année 2010, le nombre
de femmes présentes au Parlement a légèrement
augmenté. Un tiers des hommes et des femmes vont à
l’université et les Françaises ont accès aux hautes études
au même titre que les Français. Mais entre les études
et l’accès aux responsabilités, les femmes « se perdent ».
Pourquoi ? Certaines filières, comme les filières scientifiques, restent traditionnellement masculines et peu
attractives (même si aujourd’hui, elles travaillent leur
image). Et autour de la trentaine, la maternité marque
souvent un coup d’arrêt dans la progression des femmes
vers les hautes responsabilités. La faute, entre autres,
au poids des tâches domestiques qui pèsent encore trop
sur les femmes et à une absence de politique familiale
dans les entreprises.
La France doit s’inspirer du modèle nordique. Elle l’a déjà
fait en finissant par adopter la loi sur les quotas de
femmes obligatoires dans les conseils d’administrations
des grandes entreprises. Ce n’est qu’un début.
En savoir
- Global Gender Gap Report 2010
www3.weforum.org/docs/WEF_GenderGap_Report_2010.pdf
- Étude Women Matter - Mc Kinsey
www.mckinsey.com/locations/paris/home/womenmatter_french.asp
- Article d’Agora Vox : «Pays nordiques et parité hommes-femmes»
11/02/2011
www.agoravox.fr/actualites/citoyennete/article/pays-nordiques-et-parite-hommes-69805
5
Isabelle Gatzler
Graphiste web/print depuis 6 ans, Isabelle Gatzler a créé son activité «Phénomène
Graphique» en 2008 : identité visuelle, communication, édition, illustration, sites web,
animation flash ou demande spécifique, pour vous servir ! Egalement illustratrice,
Isabelle tient un blog BD, «Un Geek à la Maison», sur le thème des Geeks.
site : www.phenomenegraphique.com - blog : www.un-geek-a-la-maison.com
Questions de Quotas - Isa Gatzler
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Miroir Social, réseau d’information sociale
La responsabilité sociale des entreprises est un beau concept, lui donner du sens
ne peut pas lui nuire. Miroir Social est un média qui développe une approche
journalistique classique en intégrant toutes les parties prenantes (salariés, syndicats,
directions, prestataires, associations) du dialogue social dans le processus éditorial.
Miroir Social est un réseau professionnel regroupant 7 000 membres.
www.miroirsocial.com
Les limites des indicateurs de l’égalité
professionnelle entre les hommes et les femmes
Les indicateurs permettant de comparer les évolutions
professionnelles des hommes et des femmes sont essentiels pour nourrir les négociations mais ils ne sont
en aucun cas suffisants. Parce que les partenaires
sociaux sont souvent bien en peine de les interpréter
et aussi parce que ce ne sont pas les indicateurs qui
contribuent le plus à faire évoluer les mentalités...
Toujours plus. Les nouveaux indicateurs du rapport de
situation comparée entre les hommes et les femmes,
fixés par le décret du 22 août 2008, ne suffisent pas
à beaucoup de délégués syndicaux. Chez Amadeus,
la centrale de réservation, la CFDT demande ainsi
cinq nouveaux indicateurs hommes-femmes (salaires
moyens par niveau et par type de métier, effectifs par
métier et par niveau, salaires à l’embauche par niveau
et par type de métier, mobilité interne par division d’arrivée, taux de remplacement des personnes en congé
longue durée par niveau hiérarchique). La CFE-CFG de
En savoir
sur les indicateurs...
L’égalité professionnelle est l’un des thèmes de la négociation collective. Toute entreprise de plus de 50 salariés a l’obligation d’établir
« un rapport annuel de situation comparée des conditions générales
d’emploi et de formation des femmes et des hommes », fait à partir
d’une analyse s’appuyant sur des indicateurs. Ceux-ci reposent sur
des éléments chiffrés définis par décret, qui retracent pour chacune
des catégories professionnelles, la situation respective des femmes
et des hommes en matière d’embauche, de formation, de promotion
professionnelle, de qualification, de classification, de conditions de
travail et de rémunération effective. Ces indicateurs offrent une grille
de lecture commune à toutes les entreprises comportant des statistiques exprimées en pourcentages.
Source : www.travail-emploi-sante.gouv.fr
Michelin demande quant à elle l’intégration du pourcentage de femmes participant aux plans de successions.
Du côté de la CGT de Thalès, on demande trois nouveaux indicateurs, par catégories professionnelles, que
sont la date d’embauche, le coefficient à l’embauche et
le diplôme à l’embauche.
Des indicateurs difficiles à commenter
Des indicateurs qui ne font pas partie du cahier des
charges du nouveau rapport de situation comparée
dont Anne de Ravaran, Directrice juridique des Ressources Humaines de Thalès, a conduit le groupe de
travail au début de l’année 2008. « Il faut faire attention à ne pas trop multiplier les indicateurs. On peut
toujours en demander plus mais on se rend compte que
cela n’aide pas forcément au diagnostic », affirme Annie
Ducellier, du cabinet Isotelie. Pour Isabelle Gueguen du
cabinet Perfegal, lui aussi spécialisé dans l’accompagnement des entreprises en matière d’égalité professionnelle, « les rubriques commentaires associées aux
rapports de situations comparées se réduisent souvent
au strict minimum. Cela démontre bien la difficulté qu’il
y a d’interpréter les indicateurs déjà existants ».
30 % des entreprises d’au moins 300 salariés
ne se plient pas à l’exercice théoriquement obligatoire du rapport annuel de situation comparée,
ancienne version, sans craindre quoi que ce soit de
la part des inspecteurs du travail. C’est bien pour cela
que le rapport de situation comparée, nouvelle formule, qui s’impose à toutes les entreprises de plus de
7
300 salariés simplifie et précise avant tous des indicateurs préexistants. Seuls les indicateurs sur l’ancienneté et les durées moyennes d’interruption dans l’activité salariée sont nouveaux. Les directions seront-elles
plus enclines à remplir correctement ce rapport dont
l’obligation est toute théorique ? Pas certain. « Aucun
système informatique ne permet de sortir automatiquement le rapport de situation comparée. Les données à
traiter viennent de systèmes différents », explique Annie
Ducellier. Sans compter qu’il ne faut pas attendre que
le système informatique produise les commentaires,
même avec l’intelligence artificielle en option.
Il y a certes eu une indéniable simplification du rapport
mais l’exercice pour le produire reste compliqué. Les
directions se montrent donc d’autant moins enclines à
aller au delà de l’obligation légale. D’autant que certains indicateurs sont considérés comme sensibles.
Chez Airbus, au niveau des cadres, le rapport indique
qu’en 2007, 72,2 % des femmes contre 68,7 % des
hommes ont reçu une augmentation individuelle. Mais
la transparence a ses limites. Ainsi, mystère sur la place
des femmes dans les 9 % de cadres ayant perçu une
prime annuelle supérieure à 13,5 % de la rémunération
annuelle.
Des indicateurs qui nourrissent les négociations
Malgré leurs limites, les indicateurs permettent toutefois de nourrir les négociations des accords sur l’égalité
professionnelle. L’occasion pour les syndicats de négocier des objectifs en termes de taux de féminisation.
Lors de son premier accord de 2005, Michelin ne tenait
pas à s’engager sur ce type d’objectifs. Fin 2008, le taux
de féminisation n’avait progressé que de 0,5 %. Ainsi,
pour le nouvel accord triennal, la direction a accepté de
s’engager sur une progression de ce taux de 5 % en
3 ans sur les métiers du commerce et de l’industrie.
Des indicateurs qui permettent de modérer les discours
de certaines directions. La direction d’Auchan France a
ainsi vu « une évolution en faveur des femmes » dans son
bilan sur l’égalité professionnelle, présenté en commission paritaire nationale fin 2008. La CFDT y est allée de
son bémol en soulignant que : « là où il y a beaucoup de
femmes, il y en a de plus en plus. Et là, il n’y en a pas
beaucoup, il y a en de moins en moins... ».
Au niveau hiérarchique 9, le plus élevé, le nombre
de femmes a diminué par rapport à 2006 (6 femmes
en moins) alors que cette population a augmenté de
80 personnes... Le pourcentage des femmes augmente
en revanche au niveau 2. C’est là que l’on retrouve
70 % d’entre elles.
Les indicateurs sur les écarts de rémunération permettent
quant à eux de baliser des plans d’actions. Au Crédit du
Nord, la situation individuelle d’un salarié est désormais
analysée dès constatation d’un écart salarial supérieur à
10 % à niveau égal de qualification et de compétence et
dans des conditions semblables d’exercice d’un métier.
Priorité à la femme cadre
Les accords égalité professionnelle hommes-femmes ont
tendance à se focaliser sur la place des femmes au niveau
des cadres. Le Crédit du Nord visait fin 2010 une représentation des femmes dans la catégorie cadre supérieure
à 40 %. À la Société Générale, 40 % des salariées sont
cadres (contre 35,7 %, fin 2005) avec un objectif de 42 %,
fin 2011. « On peut tourner les choses différemment selon
que l’indicateur va concerner le pourcentage de cadres
qui sont des femmes ou le pourcentage de femmes qui
sont cadres », prévient Isabelle Gueguen. Et celle-ci de
mettre en garde sur le côté réducteur de l’indicateur
femme cadre : « celui-ci correspond encore largement à
un modèle de cadre masculin. Les hommes cadres sont
très peu interrogés sur les questions d’équilibre entre vies
professionnelles. La réflexion et les actions en faveur de
l’égalité professionnelle doivent être globales ».
Dans ce contexte, les indicateurs représentent des conditions nécessaires, mais en aucun cas suffisantes, pour
faire évoluer les mentalités, les pratiques, la culture.
Des changements qui prennent du temps. Ne serait-ce
que pour faire évoluer la répartition de ceux et celles qui
négocient justement des accords égalité professionnelle.
Une étude conduite par Isotélie révèle que les femmes
représentaient 27,5 % des signataires des accords.
La part des femmes dans l’encadrement est en
stagnation totale, avec un taux de 29,5% en 2010
(contre 29,4% en 2009). Ce taux a très faiblement
évolué depuis 5 ans (27, 2% en 2006).
par Emmanuelle Gagliardi - Source CapitalCom, mars 2011.
8
Flavien Chantrel
Flavien Chantrel est Community Manager de RegionsJob depuis 4 ans et formateur
sur le thème du recrutement et des réseaux sociaux. C’est également un blogueur
assidu, très actif sur Twitter. Il anime le Blog du Modérateur qu’il a créé lors de
son arrivée chez RegionsJob en 2007.
moderateur.blog.regionsjob.com
twitter.com/moderateur
Où se situent les métiers du web
en matière de sexisme ?
Il y a des marronniers dont on se passerait bien. Celui
de la discrimination à l’embauche par exemple. Plus
précisément la discrimination liée au sexe, problématique centrale de cet article. Le sujet revient tellement
souvent que beaucoup n’y font même plus attention.
Comme si ce constat était immuable. Pourtant, les
chiffres mettent en exergue une situation inacceptable
et archaïque. La France, pays des droits de l’homme,
n’occupe que la 46ème place en matière de parité...
Niveau salaires c’est pire, avec la 127ème place sur
134 (!). Une femme en France gagne en moyenne 64%
du salaire d’un homme. A poste égal, et donc à compétences et effort égal, une femme gagne 27% de moins
qu’un homme. Incompréhensible non ? Et mieux vaut
ne pas être une mère de famille si vous ne souhaitez
pas aggraver votre cas. Seules 36% des entreprises
mondiales souhaitaient l’année dernière en recruter,
un chiffre en baisse de 20%... Preuve que la situation n’évolue pas dans le bon sens. Ne parlons pas
de l’obligation de mettre en place des lois pour faire
monter le pourcentage de femmes dans les conseils
d’administration à... 20%. On pourrait continuer encore
longtemps.
La discrimination liée au sexe est un délit
Pourtant, la discrimination liée au sexe est bien
sanctionnée par le code pénal (cf l’article 225-1). Si elle
est avérée, elle est punie de trois ans d’emprisonnement
et de 45 000 Euros d’amende.
C’est bien le problème, mais encore faut-il que la
discrimination soit avérée. Le combat pour l’égalité
des sexes se situe souvent ailleurs : dans la vie
professionnelle au quotidien. Le sexisme s’est banalisé
et s’est installé de manière insidieuse en entreprise.
Pas seulement lors de l’entretien d’embauche ou de
la négociation salariale, mais dans les actes, mots et
décisions de tous les jours. Mais ce sexisme ordinaire
est-il présent de la même manière dans tous les corps
de métiers ?
Le cas du secteur du web
Pour cet article, nous nous sommes intéressés à un
secteur particulier : les métiers du web. Sans idées
préconçues, dans un sens ou dans l’autre. La meilleure
manière de faire un point sur la question était de donner
la parole aux principales concernées : les femmes qui
y travaillent. Suite à un appel à contributions, elles
ont été plusieurs dizaines à vouloir donner leur avis.
Pas suffisant pour tirer des conclusions définitives,
bien sûr. Mais assez pour rendre compte d’exemples
précis et des différentes réalités rencontrées par les
travailleuses du web. Comme souvent, les témoignages
sont hétéroclites. Tout dépend de l’entreprise et
surtout des personnes qui la composent. Par souci
d’anonymat, certains noms ont été changés. Voici donc
les témoignages recueillis.
Des signaux positifs
Pendant le processus de recrutement
Emilie, Community Manager en agence, n’a jamais
ressenti de discrimination lors de ses recherches
d’emploi : « Jamais. De toutes les candidatures que j’ai
envoyées lorsque j’étais en recherche d’emploi, je n’ai
jamais eu le sentiment d’être défavorisée parce j’étais
une fille. A l’inverse, en discutant avec des amis, je n’ai
9
pas non plus eu le sentiment d’être favorisée. » Cela
n’empêche pas de devoir faire ses preuves, parfois
plus que les hommes, comme l’explique Mademoiselle
Lychee, responsable artistique et communication
interne. « Lors des entretiens oui, il y a certaines
questions qu’on nous pose qui sont peut être un peu
plus pointues, pour savoir si vraiment vous, la ptite nana
assise dans le fauteuil, vous avez bien tout fait toute
seule... et que vous connaissez vraiment le milieu...
Nous sommes souvent face à 2,3 voire 4 hommes en
entretien dans le secteur, il faut savoir jouer le jeu et
avoir du répondant! »
Des différences pas forcément négatives
Toute différence n’est pas négative. Sophie, directrice
conseil, pense par exemple qu’être une femme permet
de se différencier en bien : « Mes clients aujourd’hui
apprécient mon approche féminine des affaires, et j’ai
remarqué que je travaille très bien avec des clients
femmes qui se sentent probablement plus en confiance.
Au niveau des prestataires que je fais intervenir, je
pense qu’ils apprécient mes méthodes. Sans faire
de ma condition de femme un ‘avantage’, je n’essaie
pas d’agir comme un homme et cela me confère une
certaine humanité. » Sophie continue : « Pour moi, être
une femme change forcément la façon dont on est
abordée. Comme être blond, brun, grand, petit, d’origine
étrangère ou bien franchouillard :) Les relations
humaines sont influencées par tout un tas de facteurs
internes et externes et on ne peut pas nier qu’une
relation homme-femme ne sera jamais équivalente
à une relation homme-homme. Pour l’instant, je n’ai
jamais ressenti en revanche de discrimination négative
du fait de ma condition de femme. »
Clichés et lieux communs
Le spectre de la maternité et des enfants
La maternité semble toujours poser problème à certains
employeurs, comme le prouve le témoignage de
Catherine : « Par le passé cela a pu m’arriver notamment
quand d’autres collègues femmes partaient pour des
congés maternité, il y avait une crainte énoncée de
voir l’équipe se vider si d’autres parmi nous tombaient
enceintes.» Marie, référenceuse à son compte, se
souvient d’un ancien entretien : « Durant l’entretien on
m’a demandé ce que je comptais faire concernant la
garde de mon fils et comment j’allais m’organiser en
cas de maladie ou de maîtresse absente. Mon conjoint,
qui passait aussi des entretiens d’embauche à la même
période, n’a jamais eu droit à ce type de question ».
La maternité inquièterait donc, mais les clichés
concernant la responsabilité des enfants au sein d’un
couple perdurent. Marie enfonce le clou : « J’ai parfois
été mise à l’écart de certains projets ou réunions car
je suis une femme et que j’ai des enfants et je dois
donc m’en occuper (les papas apparemment n’ont
pas ce problème...). Mais ce qui m’agace le plus c’est
quand j’explique à mes clients qu’après 17h je ne suis
plus disponible par téléphone car mes enfants sont à
la maison et que c’est bruyant et qu’on me répond «ah
moi c’est ma femme qui s’occupe des gosses»... Oui, ici
c’est bien moi la femme ! ».
Parfois un avantage
Certaines ressentent un avantage à être une femme lors
des prises de parole en ligne, comme Céline, Community
Manager pour une entreprise du secteur privé : « Il faut
avouer qu’être une femme a ses avantages. Une femme
sur le web c’est intrigant je trouve, on va donc peut être
générer plus de trafic (c’est une hypothèse) dès lors que
nous sommes des femmes. » Pour Marie, référenceuse
à son compte, être une femme peut parfois donner
un coup de pouce : « Je pense effectivement bénéficier
d’un traitement différent du fait que je sois une femme
mais ici cela va en ma faveur. On se souvient de moi car
je suis une des rares femmes dans le métier de SEO.
Et je pense avoir un «fan club» plus développé que mes
collègues masculins et de ce fait, plus de commentaires
sur mes blogs ou un traitement un peu différent ;) Je
sens aussi parfois de l’indulgence à mon égard du fait
que je sois une femme quand il s’agit de demander de
l’aide technique par exemple. »
Anthony Legouarch - tonylotteillustration.blog.ouestjob.com
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Femmes et informatique
Les clichés ont la vie dure. Celui consistant à dire
que les femmes sont forcément moins qualifiées
techniquement que les hommes est le plus persistant,
comme l’explique Lucie : « La seule petite chose que j’ai
pu remarquer c’est la relation avec les techniciens web,
c’est à dire les développeurs et autres grosses têtes...
Ils s’imaginent souvent qu’en tant que femme, on n’y
connaît rien en technique et sont surpris quand ce n’est
pas le cas. Du coup, certains d’entre eux (souvent de
nature un peu prétentieuse, il faut l’avouer) se sentent
touchés dans leur ego ! » Heureusement, cette barrière
peut être dépassée selon Alice : « Ayant travaillé
pendant 2 ans dans une petit boîte éditrice de logiciel,
il est vrai que la nana est considérée un peu comme
une novice qui n’y connait rien et qui de toute façon
ne comprendra rien. Mais à partir du moment ou cette
fameuse nana s’intéresse au travail des informaticiens,
ils vont volontiers lui faire part de leur connaissance
et l’aider à comprendre un peu plus. Bon parfois, il
faut un peu jouer sur le fait d’être une femme et son
charme naturel et le tour est joué. Mais rien de bien
Da Beez - http://www.flickr.com/photos/andoline/
grave ou méchant ! » Emilie, Community Manager en
agence, met tout de même une nuance à ce propos.
« J’avoue que sur des communautés ultra-spécialisées
en informatique, notamment, il m’est arrivé de trouver
les réactions de certains membres un peu déplacées.
Mais ca reste quand même très marginal. Je ne saurais
jamais si on m’a mal parlé parce que j’étais une fille
ou parce que je n’étais pas informaticienne ! De toute
façon, globalement, en ligne les gens ont plus tendance
à se lâcher ».
Des petites cases, toujours des petites cases
Un autre cliché courant concerne les centres d’intérêt.
Visiblement, le fait d’être un homme ou une femme
apporte de nombreux préjugés sur les passions ou
les capacités à s’intéresser à tel ou tel sujet, comme
l’explique Pauline, Community Manager pour un site
d’information : « Sur le plan éditorial, j’ai constaté que
l’on attribue plus aux filles la charge des animations,
choix de thématiques et des cadeaux/dotations mais
aussi l’envoi des colis cadeaux aux internautes, tandis
qu’on charge plus facilement les hommes de travailler
avec les développeurs sur les possibles évolutions
techniques.»
C’est encore plus fort dans le choix des thématiques
traitées, comme le témoigne L.A., pigiste pour un
site de cinéma : « Les films les plus importants sont
systématiquement confiés en priorité aux hommes de
la rédaction. C’est d’autant plus le cas lorsqu’il s’agit de
films d’action. C’est très arriéré et machiste de penser
que seuls les rédacteurs hommes pourraient rédiger des
articles de qualité sur ce genre de films. En revanche les
petits films ou les films d’amour, comédies musicales,
Bollywood etc sont plutôt la spécialité des filles, selon
le rédacteur en chef.(…) De manière générale les filles
sont moins sollicitées que les garçons pour à peu près
tout sur le site : critiques, news, interviews, sauf quand
ça dépanne. S’il y a un bug lors de la mise en ligne,
ça vient forcément des filles, et non du webmaster en
charge de la bonne marche du site. »
Le sexisme peut souvent se manifester sous forme
de tentatives d’humour. Cela ne change pas le fond
du message, comme l’explique Pauline, Community
Manager pour un site d’information : « Certaines blagues
sur les «incompétences» des femmes voire l’incapacité
à avoir des «idées», font que oui, je me sens parfois
discriminée, même si ce n’est pas de la discrimination
directe ».
Mais les clichés contraires existent aussi. Catherine, si
elle ne s’est jamais sentie discriminée, est « toujours un
peu agacée par le discours du type c’est de l’industrie
donc je veux un homme ou c’est de la mode, je veux une
femme. La discrimination qui conduirait à l’exclusion
d’un genre ou d’un autre voilà ce qu’il faut faire tomber,
pas seulement celle dont les femmes feraient l’objet. »
Quand le sexisme est (encore plus) réel
Des situations injustifiables
Certains témoignages font état de situations
intolérables. C’est le cas de celui de Claire, chef de
projet dans une agence de webmarketing : « On est
deux filles (la vingtaine) pour 3 hommes, et l’agence est
totalement sexiste. On monte des projets de A à Z, pour
se retrouver présentées comme des secrétaires, tout
juste bonnes à prendre des notes et apporter le café,
en face des clients ou des prestataires, on est traitées
différemment de nos collègues masculins... le sexisme
11
on le vit quotidiennement. Il s’agit d’une première
expérience, et j’ai bien conscience que la personnalité
de mon supérieur est à l’origine d’une partie de ce climat,
mais pas entièrement. Les prestataires, eux aussi, ont
tendance à être sexiste. Alors peut-être que le fait d’être
en province, et jeune de surcroît, n’aide pas, mais oui,
le web peut être sexiste. Et pas qu’un peu. » Ce n’est pas
aussi marqué pour Marie, référenceuse à son compte,
mais elle tient tout de même à souligner une différence
courante : « J’ai parfois l’impression d’être moins prise
au sérieux que mes homologues mâles. D’autre part,
lors d’un débat ou discussion, même sur un sujet que
je maîtrise totalement, je me mettrai forcément en
retrait, ne pouvant couvrir la voix de ces messieurs avec
la mienne, sous peine de «monter dans les aigüs» et
laisser penser que je crie ou que je m’énerve (ce qui
est faux ;) ) ».
Certaines annonces en cause
A titre personnel, Catherine n’a jamais ressenti une
forme de discrimination lors d’un entretien ou d’une
candidature. Mais cela ne l’empêche pas de savoir que
cela existe : « j’ai pu voir passer des offres avec un
genre spécifié dans l’annonce, ce qui est, rappelonsle parfaitement illégal. Il m’est aussi arrivé d’avoir
des contacts cherchant à recruter et précisant leur
préférence pour un homme ou une femme en fonction
du secteur d’activité du client. »
Le web, en avance sur la question ?
Les valeurs du web effaceraient les différences
Le web est-il en avance par rapport à d’autres secteurs
d’activité ? Oui, selon Alice : « je pense que le monde
du web est bien plus ouvert par rapport à l’égalité
homme/femme que d’autres secteurs d’activité et
j’espère que ça ne changera pas de si tôt. » Céline,
Community Manager, va plus loin en affirmant que les
valeurs mêmes du web en font un secteur en avance :
« je pense que le monde du web est en avance, car
une grande majorité des personnes travaillant dans
ce secteur prônent des valeurs tels que le partage des
connaissances, l’open data, le creative commons...
Il n’est nul question de différence entre les
sexes. » Marie, qui travaille depuis 11 ans en tant
que développeuse, webmaster et technicienne et qui
a connu différents types de structures (de 3 à 100
personnes), ne s’est même jamais posé la question.
« Jamais je n’ai rencontré de problème de sexisme... Ça
me parait bizarre, maintenant que j’y pense... Peut-être
ai-je eu la chance de travailler avec des gens bien ?
Ou juste avec des geeks, qui, du moment que l’on peut
parler code et wow ne font pas de différence entre fille
et garçon... Récemment on m’a fait la remarque que je
devais avoir en face des personnes hésitant à confier
un projet à une fille. En fait non. Tout au plus on m’a dit
que c’était rare de voir une femme dans ce métier (sans
ton particulier, sans sous-entendu). »
Mathilde, qui a 20 ans d’expérience dans l’informatique
et le web (animation d’un réseau de distributeurs
informatiques, encadrement d’une équipe de R&D,
dirigeante d’un webservice), est catégorique : « il n’y
a pas de sexisme dans le Web ni dans la High Tech en
général. (...) Je n’ai jamais rencontré de problème, même
de façon anecdotique, parce que j’étais une femme.
Pour moi le sexisme en particulier et la discrimination
en général existe sûrement plus en politique, dans les
institutions financières ou les grands groupes que dans
le Web où on a l’habitude de dépasser les frontières et
d’être en contact avec des gens de toutes origines. »
Même son de cloche chez Lucie : « En ce qui me
concerne, je ne ressens pas de sexisme, travaillant
dans une agence de marketing ou il y a plus de femmes
que d’hommes. »
L’âge plus discriminatoire que le sexe
Mais si les témoignages sont globalement positifs en
matière de discrimination liée au sexe, il reste des
efforts à faire dans d’autres domaines, comme le
souligne Sophie, chef de projet web : « Pour ma part j’ai
pu constater que la discrimination n’est pas liée au sexe
mais à l’âge... Quand on cumule vaut mieux travailler
dans le web, plus ouvert en effet, ça fait un critère
discriminant de moins à affronter quand on cherche
un poste.» Même constat pour Céline, Community
Manager : « Je ne pense pas qu’être une femme soit
un handicap lors d’une candidature. Je parlerai plus
de la discrimination sur l’âge. Je suis une femme de
caractère et sais me faire entendre, c’est peut être
pour cette raison que je n’ai jamais eu de problème, ou
ressenti la moindre gène. »
Mais l’âge n’est pas la seule autre forme de
discrimination, rappelle Sophie, Chef de projet web :
« Globalement, je me suis sentie plus souvent discriminée
à l’époque où j’étais obèse et où l’on m’inventait des
prétextes farfelus pour justifier ne pas donner suite à
mes entretiens d’embauche qu’aujourd’hui en tant
que femme dans le milieu du web (mais c’est toujours
pareil, je suis à des fonctions marketing qui ne sont pas
connotées ‘homme’). »
Il reste du chemin à parcourir
Pour Catherine, le chemin vers l’égalité des sexes est
loin d’être terminé et l’origine du problème est à voir
dans l’éducation. « Si on prend un peu de recul, la
question du rapport aux genres est ancienne, lente à
déconstruire pour faire des propositions sociétales qui
12
permettent de remettre chaque individu dans une place
où l’autonomie lui permettrait d’aller dans tous les
mondes possibles. Parce que c’est bien de là que vient
le problème: l’éducation qui est offerte et qui permet ou
non de se penser à égalité ou non, pouvant accéder ou
non à certains emplois ou positions. (...) Peut-être avonsnous, femmes, une trop grande propension à ne pas
avoir assez confiance en nous. » Pauline est également
résignée : « Je crois qu’il y a des milieux plus machos
que le web, mais comme partout malheureusement,
être une femme change quelque chose. Il suffit de
constater que tous les plus hauts postes sont occupés
ici par des hommes, mais qu’ont-ils vraiment de plus
que nous ?! » Emilie, Community Manager en agence,
tient également à ne pas généraliser les bonnes ou
mauvaises pratiques : « Je pense que le monde du web
est assez disparate pour qu’on ne puisse pas en faire
une généralité. Honnêtement, je travaille dans le monde
de l’édition en ligne, et c’est un secteur assez féminisé,
et je n’ai pas l’impression qu’il y ait de la discrimination.
Mais je crois que ce n’est pas le cas dans tous les
secteurs. »
D’autres sont moins optimistes. C’est le cas de L.A., qui
travaille au service communication d’un grand groupe
de télécommunications. Selon elle, le web serait même
en retard sur certains aspects : « Je pense que le web
est en retard sur les autres entreprises du secteur
de la communication. (…) Dans le monde du web,
les hommes étant encore très présent, à des postes
stratégiques, les petites mains féminines sont peut-être
moins bien traitées qu’ailleurs. »
homme pour arriver à la même reconnaissance. Encore
une fois, cet article n’a pas pour objectif de faire un
point exhaustif sur la situation. Mais s’il permet déjà
à certains de prendre un peu de recul et de se poser
les bonnes questions sur leurs actes au quotidien,
le pari sera déjà gagné. Et vous ? Comment vous sentezvous traitée sur votre lieu de travail ? Traitez-vous de
la même manière vos collègues, qu’ils soient de sexe
masculin ou féminin ?
Le combat continue…
Le mot de la fin sera pour Mademoiselle Lychee,
Responsable artistique et communication interne. Pour
elle, le combat continue : « Je pense que la disparité
entre les sexe est plus présente dans les milieux très
masculins comme l’industrie ou la publicité... Si on veut
réussir en tant que femme dans ces milieux, il faut jouer
des coudes, montrer sans cesse que l’on vaut autant,
voire plus qu’un autre, que non, avoir un enfant ne
jouera pas sur notre compétitivité, et que des fois oui
nous avons raison ! C’est dur à accepter mais je pense
que cela viendra au-fur-et-à-mesure que les années
passent, grâce certainement à ces femmes qui ont
atteint de grands postes dans les agences et qui nous
font dire «oui c’est possible!!» »
Le secteur du web n’est donc pas exempt de tout reproche
quand on aborde la question de l’égalité Hommes/
Femmes en matière professionnelle. Les clichés ont
la vie dure ! Il semblerait donc qu’à compétences
égales, une femme devra déployer plus d’énergie qu’un
Lili la Baleine Verte - www.lililabaleineverte.fr
13
HOMMES ET FEMMES : ÉGAUX DEVANT L’ÉNERGIE
CONSACRÉE A LEUR EMPLOI
Klaire fait «Grr» - www.klaire.fr
14
Chapitre 2
LES FREINS À
LA CARRIÈRE
DES FEMMES
Claire Romanet
Claire Romanet dirige Elaee, cabinet de recrutement spécialisé sur les métiers de
la communication, du marketing et de l’internet, basé à Paris et à Lyon. Elle possède
20 ans d’expérience dans la communication et 10 ans en «chasse de têtes».
Elle anime avec son équipe le blog Elaee, un espace d’échange ouvert sur lequel
on trouve des offres d’emploi, des billets d’humeur, des coups de cœur ou des coups
de gueule…
www.elaee.com
Les recruteurs préfèrent les hommes
Force et pouvoir pour les hommes, douceur et
maternage pour les femmes : les clichés ont la vie
dure. Et s’il y a un monde dans lequel ce phénomène
est clairement amplifié, c’est bien le monde du travail.
Les enquêtes nous montrent que 70% des employeurs
du secteur privé disent préférer recruter des hommes
(Dares de juillet 2009). Au final et si on parle de CDI,
ce sont 59% d’hommes qui sont recrutés (soit 41% de
femmes). Il y aurait des raisons à cela ? Posons-nous
la question « Pourquoi ? ».
Le modèle familial ancestral qui prône que « l’homme doit
impérativement avoir un emploi, la femme peut toujours
rester à la maison » montre qu’on n’a guère évolué
sur la répartition des tâches. Ce n’est ni plus ni moins
ce que nous expliquait l’éthologue Desmond Morris dans
son best-seller « Le singe nu » (éditions Jonathan Cape,
1967) : à l’homme la chasse (il faut nourrir la famille et
par là même affronter les dangers), à la femme la grotte
(ranger la maison et élever les enfants). Morris a-t’il
raison de dire qu’on est si proches des singes ?
1. Parce que les hommes ont de plus gros bras
3. Parce que les hommes aiment la vie nocturne
Dans nos sociétés évoluées, le physique est un vecteur
important qui joue sur la nature du poste à pourvoir.
Reste ancrée dans nos petites têtes la certitude que les
métiers où les contraintes physiques sont fortes ne sont
pas faits pour les femmes. Certes, porter des sacs de
ciment, faire fondre de l’acier à 1200° ou bien monter
dans l’arbre récupérer le chat du voisin, ne sont pas
tâches aisées.
Il apparaît donc que, à l’heure où le tertiaire représente
75% des emplois (Alternatives Economiques Pratique
n° 023 - 2006), la force physique, la masse musculaire,
la taille, etc. sont encore interprétés comme signes de
vigueur et de capacité de travail.
Non, on ne parle pas ici de boîtes de nuit mais plutôt
d’horaires de travail. Parce qu’en France, on continue
de croire que ce sont les salariés qui quittent tard
leur lieu de travail qui sont les plus efficaces. Et force
est de constater que ceux qui restent accrochés à leurs
bureaux sont en majorité des hommes. Pourquoi ? Parce
que les femmes, elles sont déjà parties en courant
dans les escaliers pour gérer la maison, les devoirs,
les courses, la belle-maman…
2. Parce que les hommes ne font pas d’enfants
Enfin si, bien sûr, les hommes sont aussi des pères
mais bizarrement, les employeurs ne leur demandent
pas, à eux, comment ils organisent le mode de garde de
leur progéniture…
4. Parce que les hommes négocient mieux leurs salaires
Ou plutôt « parce que les femmes coûtent moins cher ».
On a beau reconnaître l’existence d’une discrimination
salariale et du fameux « plafond de verre », l’objectif qui
consiste à faire disparaître les écarts de rémunération
devait être tenu en… 2010. Zut, on a encore du travail
pour changer le taux qui correspond à 27% de moins
sur la fiche de paie d’une femme par rapport à celle
d’un homme (OFCE, juillet 2010).
16
5. Parce que les hommes prennent les postes
les plus qualifiés
Aujourd’hui, nous avons à faire face au développement
de contrats de travail courts et précaires qui prennent
de plus en plus le pas sur les CDI et à la progression des
services à la personne (assistants maternels, personnels
de ménage, aides à domicile, etc.). Ces changements
favorisent un plus grand nombre d’emplois non qualifiés.
La moitié des Français gagnent moins de 1500 euros
(Les Echos, juillet 2009) et on est considéré comme
pauvre lorsque l’on a des revenus inférieurs à 791 euros.
Or, ce sont les femmes qui occupent le plus les emplois
les moins qualifiés, bien que le niveau d’éducation et de
formation des femmes augmente chaque année (OCDE
2008). Savez-vous que les emplois atypiques (intérim,
CDD, contrats aidés, temps partiels…) sont occupés à
62% par des femmes (Insee, enquêtes emploi, 2009) ?
Alors attention à vous si êtes femme, jeune, sousemployée et seule… La sociologue et chercheuse au
CNRS Margaret Maruani fait un constat explicite de la
féminisation du salariat dans son ouvrage « Travail et
emploi des femmes » (éditions La Découverte) : « Les
femmes ont conquis la liberté, il leur reste à obtenir
l’égalité… / … Il faudrait un siècle, au rythme actuel,
pour atteindre l’égalité des salaires ».
Vous l’aurez compris, la situation est grave pour
l’emploi des femmes car les préjugés à combattre
sont encore énormes.
En tant que chasseuse de têtes, je témoigne ici de
ce que les employeurs, nos clients, nous disent (discours
d’alcôve bien sûr, puisqu’ils ne sont pas censés exiger ce
genre de critère) : ils sont globalement plus satisfaits du
travail fourni par les femmes. Pourquoi ?
En fait, deux « vérités » au sujet des femmes au travail
s’expriment le plus souvent.
L’une est négative : c’est le fait que les femmes sont
plus difficiles à manager. Sont souvent évoquées les
petites guerres intestines qu’il faut gérer. Quelle était
l’expression déjà ? Ah oui : « comme des poules dans
un poulailler ».
Mais cette contrainte est vite compensée par une 2e
vérité, positive celle-ci. Les employeurs sont plus en
confiance avec les femmes et les reconnaissent plus
efficaces. Habituées à jongler avec différentes missions
(tiens donc, une récurrence du travail à la maison ?),
plus impliquées que leurs confrères masculins (parce
que entrainées à ce qu’on leur demande de faire leurs
preuves, voire de rendre des comptes ?), plus corvéables
(elles sont éduquées pour employer le « non » le moins
possible), elles sont reconnues comme plus fiables et
plus orientées résultats.
Dernier point et non des moindres car il s’agit là d’une
grande différence avec les hommes : les femmes
penseraient plus à faire bien le job qu’on leur confie qu’à
embellir leur plan de carrière.
Alors que faire pour que les recruteurs préfèrent
les femmes ?
C’est un changement des mentalités qui est à initier.
Il nous faut transformer l’état d’esprit des recruteurs, des
hommes, mais aussi… des femmes. En effet, par crainte
de mesures de rétorsion ou de conflits, ou par atavisme,
il est clair que les femmes rechignent à agir. Emmanuelle
Boussard-Verrechia, avocate au barreau de Versailles
(Semaine sociale Lamy, septembre 2010, n° 1457), note
2 types de femmes « agissantes » :
- les femmes investies dans la représentation du
personnel et qui se battent pour le collectif. Souvent
employées ou techniciennes, elles ont de plus en plus le
soutien des syndicats,
- les femmes surdiplômées qui croyaient être à l’abri,
subissant la discrimination surtout du fait de leur
maternité, et qui montrent dorénavant leur colère.
Francine Gomez, PDG de Waterman, résume ainsi la
situation : « Pour réussir, une femme doit ressembler à
une jeune fille, se comporter comme une dame, penser
comme un homme et travailler comme un cheval ? »
Les lois, les syndicats, les organismes et autres Halde
œuvrent tous dans le même sens. Et c’est le « bon » sens.
Cette métamorphose, que dis-je, cette mutation, doit être
actée, dans nos vies professionnelles, par la mise en
œuvre de mesures simples. Exemples :
- aménager les horaires (supprimer les réunions tardives
serait un 1er point),
- former les décideurs pour mettre en œuvre la parité en
mettant en œuvre des indicateurs,
- sensibiliser les managers aux situations discriminantes
(voire récompenser, par exemple en notant leur capacité
à les corriger),
- etc.
Gageons que l’adage disant que « les recruteurs préfèrent
les hommes » est aussi peu darwinien que celui qui dit
que « les hommes préfèrent les blondes » (sinon, vous
l’avez compris, la sélection naturelle ferait qu’on ne
trouverait que des blondes sur terre). Insurgeons-nous
contre ce mode de pensée qui, sociologiquement parlant,
est de toute façon remis en cause aussi bien dans la vie
professionnelle que dans la vie personnelle.
17
DISCRIMINATION DES FEMMES ENCEINTES
Yatuu - www.yatuu.fr
18
Hypathie
Hypathie, blogueuse féministe, est également ingénieure commerciale
en nouvelles technologies et consultante en ressources humaines.
hypathie.blogspot.com
L’informatique : toujours pas pour les femmes ?
Qui sait encore que ce sont des femmes qui ont «inventé» l’informatique ? Certainement quelques ingénieurs
informaticiens qui savent que le langage ADA a été
nommé d’après l’inventrice du premier algorithme
en 1842 : Adélaïde Lovelace, mathématicienne ? On
leur a aussi appris dans leurs écoles d’informatique
que Grace Hopper , militaire au Pentagone qui amusait
bien ses collègues en prétendant qu’un jour les ordinateurs parleraient le même langage que nous, a inventé
le premier langage de compilation et le langage Cobol  ?
Mais qui aujourd’hui dans le grand public qui le sait ?
Cela n’inciterait-il pas les femmes à faire ces formations
et entrer dans ces métiers «masculins» contre tout bon
sens, de savoir que ce sont des femmes qui en sont les
inventrices ? Pourquoi n’y a t-il pas plus de publicité sur
ce fait historique ? Serait-ce destiné comme toujours à
se garder un espace entre-soi masculin, pour des métiers qu’ils ont décidé unilatéralement de s’approprier ?
Depuis ces temps héroïques, où sont les femmes ?
Dans les sociétés de services informatique (SSI
ou SSII) française, les femmes sont employées en
majorité écrasante aux postes (junior) de Chargées de
recrutement ou d’assistantes. Tout se passe comme
si une fois encore, elles étaient plus aptes à travailler
dans l’humain, l’organisation ou l’entretien que dans
la technique pure.
Selon l’étude du Journal du Net de Lætitia Bardoul,
« Les femmes dans les métiers de l’ingénierie en France »
qui date de 2005 (backlash et récession économique
oblige, cela ne s’est pas amélioré : je suis en contact
régulier avec ces sociétés, je peux en témoigner !) il
est clairement établi qu’elles sont sous-représentées
chez les techniciens et les cadres techniques. C’est
même lamentable. D’autant que ces postes ne sont ni
pénibles ni salissants, qu’on n’y subit aucun aléas climatique puisque ce sont des postes de «bureau», et qu’on
y travaille assis devant un écran d’ordinateur ! L’argument du travail dur, donc masculin, ne tient pas.
Dans les pays asiatiques, notamment la Malaisie,
les femmes ont bien compris les avantages de travailler assise, sans se salir, en utilisant sa tête plutôt
que sa force physique devant un écran d’ordinateur :
elles sont 65 % dans les universités d’informatique et
de technologie. Évidemment, le discours en France est
toujours dramatiquement différent des actes : on
s’arrache les cheveux devant un tel gap, on se fait
des promesses, et.... Rien ne change. Il suffit d’ailleurs d’envoyer sa candidature de femme dans une
SSII pour se rendre compte du traitement qu’on lui
réserve : au mieux, elle n’est pas traitée, au pire, elle
est écrasée ou rangée... les assistantes ! Ce sont en
général des femmes, puisqu’elles sont cantonnées
aux ressources humaines, qui discriminent mais c’est vrai
qu’elles n’ont en général pas de pouvoir décisionnaire !
Rien n’est plus triste que ces SSI et ces bureaux d’études où il n’y a que des hommes sortant tous des mêmes écoles de prêt-à-penser :
c’est sinistre, poussiéreux et ça sent le renfermé !
On peut aussi se demander si les ordinateurs,
les machines à commandes numériques et toutes
leurs applications logicielles ne seraient pas plus
humaines ou user friendly si des femmes les concevaient, et si les chiffres d’affaires de ces sociétés ne s’en
poteraient pas mieux, tellement elles ont l’habitude de
confier leur commercial à des ingénieurs qui ont furieusement tendance à prendre le péon qui sarcle la haie pour
le décideur - conséquence désastreuse d’une navrante
monoculture.
19
L’argument de la totale disponibilité (non souhaitable
par ailleurs) ne tient absolument plus : avec les moyens
actuels de la mobilité (téléphone cellulaire, visio-conférence, ordinateurs portables connectés au haut débit
rendant possible l’ubiquité, transmission d’information
à la vitesse de la lumière...) comme les magistrates,
les enseignantes ou les pharmaciennes, les femmes
informaticiennes peuvent travailler de chez elles.
Je rencontre de plus en plus de développeurs hommes
en home office, utilisant toutes ces technologies. Pour
des raisons culturelles, les femmes sont mieux organisées et plus efficaces que les hommes. Il faut donc
qu’elles choisissent ces formations porteuses d’emploi,
aux postes aménageables et flexibles : la sous-traitance
permet d’essayer différents types d’entreprises et de se
faire une expérience. Et si les garçons y arrivent, il n’y a
aucune raison pour que les filles qui sont meilleures à
l’école, ne soient pas à la hauteur.
Historiquement, les magistrates qui peuvent emporter des dossiers chez elles et rédiger leurs attendus de
la maison sont nettement majoritaires à la Justice, de
même que les enseignantes à l’Education nationale pour
les mêmes raisons. Ou encore les pharmaciennes officinales à cause de l’appartement attenant ou au-dessus
de la pharmacie ; on se demande donc ce que font les
entreprises d’informatique ? Elles attendent de se fabriquer une image désastreuse de dinosaures ?
Article publié le 3 juin 2010 sur le blog Hypathie
L’informatique : toujours pas pour les femmes ?
Isa Gatzler - www.un-geek-a-la-maison.com
20
Yves Deloison
Spécialiste des questions liées au changement, journaliste pour Courrier Cadres,
Le groupe L’Etudiant puis Rédacteur en chef du magazine Changer tout et fondateur
de la plate-forme Toutpourchanger.com, Yves Deloison est aussi l’auteur de plusieurs
ouvrages. Le dernier en date, « Je veux changer de job ! » est édité par Hachette
Pratique.
www.toutpourchanger.com
Permettre aux femmes de nouveaux
choix professionnels moins stéréotypés
Rémunérations plus faibles, retraites moindres,
postes moins qualifiés, contrats précaires, temps
partiels… La situation des femmes au travail est
loin d’être idyllique. En cause, les stéréotypes qui
conditionnent leur place dans la société et leurs
choix professionnels. Et si cela changeait ?
Nul n’ignore les bénéfices que procure le travail. Il
garantit un salaire, l’autonomie, la stabilité. Composante
clé de notre identité, il est vecteur d’insertion sociale et
d’épanouissement. Autant dire qu’il occupe une place
majeure chez l’individu. C’est pourquoi les inégalités
professionnelles qui subsistent pénalisent durement les
femmes. Quelques illustrations : à travail égal, le salaire
horaire est largement inférieur à celui des hommes ;
plus nombreuses à travailler à temps partiel non choisi,
elles sont par ailleurs bien plus souvent soumises aux
contrats précaires. Cerise sur le gâteau, leur taux de
chômage est plus élevé que celui des hommes, 7,9 %
contre 6,9 % en 2008. Conséquence, la durée moyenne
de travail des femmes est inférieure à celle des
hommes, leur revenu moyen aussi. Tous ces aspects
engendrent pour les femmes une plus grande précarité
et l’angoisse du lendemain. Revenir une énième fois sur
ce sombre constat ne suffit pas, il faut surtout souligner
l’origine de ces nombreux maux.
La double journée des femmes
Rien ne change dans la sphère privée. Certes depuis les
années 1970, l’aspiration à l’indépendance financière
des femmes vis-à-vis de leur conjoint a produit ses
effets. Une meilleure répartition des rôles au sein de la
famille et de la société a favorisé l’accroissement de leur
taux d’activité. En revanche, elles restent chargées de
l’essentiel des tâches domestiques. La plupart d’entre
elles vivent la double journée de travail. A propos de
la place des femmes, Claude Chabrol déclarait lors d’une
interview réalisée en 2002 : « La montrer dans son activité
quotidienne correspond aux douze travaux d’Hercule
pour un homme. Je pense que le con qui a fabriqué
l’être humain devait être légèrement misogyne  ». Je ne
peux pas m’empêcher de penser à toutes ces petites
filles auxquelles on offre toujours mini cuisine équipée
ou aspirateur afin de les préparer à leur sort. « Elles
aiment ça », me rétorque-t-on. Peut-on vraiment parler
d’envie quand les modèles que les jeunes filles imitent
sont leur mère ou les femmes aperçues dans les séries,
les pubs ou les dessins animés un plumeau à la main ?
Récemment, j’écrivais sur Toutpourchanger.com,
« Regardez comme aujourd’hui encore, les publicitaires
continuent à ne s’adresser qu’aux femmes pour
présenter leurs produits miracle qui briquent la maison
du sol au plafond. Hormis le débit de parole plus rapide,
les images plus colorées et le montage plus rythmé,
le message ressemble à s’y méprendre à celui des
premiers spots de l’ORTF. Et quand, par miracle, un
homme apparaît sur les écrans pour donner un coup
de main, cela fait plus d’effet que lorsque la Mer Rouge
s’est écartée pour laisser passer Moïse ». Les dernières
enquêtes menées à ce sujet indiquent clairement que
rien ne bouge de ce côté là. A quand le partage des
tâches ? Comment dans ces conditions pourraient-elles
consacrer plus de temps à leur carrière professionnelle  ?
L’orientation professionnelle des femmes
Rien ne change non plus en ce qui concerne l’orientation. Là aussi, le rôle stéréotypé dévolu aux femmes a
un réel impact sur les choix professionnels et explique
21
une grande part de l’inégalité qui se perpétue entre les
deux sexes. Cette situation provient essentiellement
des représentations que chacun porte en soi, en particulier en ce qui concerne les métiers. Car ces représentations conditionnent fondamentalement l’orientation
professionnelle des individus. Premières et principales
victimes, les femmes qui limitent leur recherche à un
nombre restreint de secteurs et ferment la porte à de
nombreuses opportunités. Sur les 86 familles professionnelles recensées, tandis que les hommes se répartissent de façon plutôt équilibrée, la moitié des femmes
actives françaises se concentrent dans seulement une
douzaine de ces familles : le sanitaire et social, les
services aux particuliers, l’éducation… Cliché or not
cliché ? Un choix qui regroupe justement les secteurs
les moins porteurs en termes d’emplois et bien moins
rémunérateurs que d’autres. De leur côté, les hommes
s’engouffrent dans presque tous les secteurs d’activité
avec à la clé, plus de places disponibles et des pistes
d’emploi plus prometteuses en matière d’évolution ou
de responsabilités.
Combattre les idées reçues
Pour que les femmes investissent de nouvelles voies
professionnelles, il faut donc les inciter à mener ce travail
de découverte, à s’informer sur l’ensemble des secteurs
existants, des postes à pourvoir, des conditions d’accès,
des spécificités, etc. Des actions concrètes doivent
être proposées afin de les aider à se débarrasser des
représentations stéréotypées et sexuées des métiers.
C’est le meilleur moyen pour elles de s’autoriser ensuite
à élargir leur champ de prospection. Une évolution
indispensable. Toute idée préconçue est à combattre
afin de favoriser l’ouverture vers des choix bien plus
larges, vers d’autres professions, souvent méconnues.
Aujourd’hui, il est possible de changer d’orientation
quel que soit son âge, de bâtir un nouveau projet et
de se donner les moyens pour y parvenir grâce à la
formation ou la validation des acquis de l’expérience
notamment. Les femmes ont le droit de bénéficier de
ces opportunités. Qu’elles en profitent ! Elles ont aussi
le devoir d’ôter leurs œillères pour rompre avec les
vieux schémas qui les desservent tant.
Plus de travail, une meilleure rémunération
Nombre de secteurs recrutent et offrent des
débouchés en masse que les femmes, par peur ou par
méconnaissance, s’interdisent d’explorer. Victimes de
préjugés qu’elles ont consciencieusement intégrés,
nombre d’entre elles s’imaginent que les activités
industrielles, le transport, la logistique, la maintenance
informatique, électrique, électronique, le bâtiment et
les travaux publics ne sont pas pour elles. Et cette liste
n’est pas exhaustive.
C’est pourquoi il faut inciter les femmes en démarche
d’orientation à vérifier que l’image qu’elles ont de
ces métiers ou secteurs correspond bien à la réalité.
Ainsi, évoluer sur un chantier, utiliser des machines
ou conduire des équipements lourds ne pose aucun
problème aux femmes. On peut s’en rendre facilement
compte au Canada par exemple. Sur les routes, dans
les chantiers, elles bitument, donnent des instructions,
portent du matériel. Alors qu’en France, on explique
la faible présence des femmes à ces missions par un
manque de motivation ou une inadaptation aux tâches
à réaliser, les actions menées de longue date de l’autre
côté de l’Atlantique en faveur de l’accès des femmes aux
métiers physiques ou techniques, ouvre à de nombreux
débouchés, à une meilleure évolution professionnelle, à
la formation et à des rémunérations supérieures.
22
LES TÂCHES DOMESTIQUES
par Shug : enpleintravail.blogspot.com
23
Chapitre 3
LES TREMPLINS
À LA RÉUSSITE
DES FEMMES
Création
d’entreprise
Aurélie Collet
Aurélie Collet est responsable de Mompreneur Breizh.
Après 15 ans dans le tourisme à occuper des postes de responsable commerciale,
il était temps pour Aurélie de se lancer à son compte ! Sa société existe depuis
3 ans maintenant, avec le lancement en février 2010 de la marque et du site Perles de
Voyages, agence de voyages sur mesure.
www.perles-de-voyages.com
Zoom sur les Mompreneurs :
« Les femmes ont toutes les qualités
pour réussir une création d’entreprise »
par Priscilla Gout
Vous avez sans doute déjà entendu parler des
« Mompreneurs » ? Le mouvement vient des EtatsUnis. Là-bas, les mamans entrepreneuses ont décidé
de se regrouper pour partager leur expérience et se
soutenir. En France, on les appelle les mampreneurs.
Certaines se sont regroupées au sein de l’association Mampreneurs France, un réseau créé par Céline
Fénié, créatrice du site Maman Shopping. Il compte
aujourd’hui 400 adhérentes en France.
Aurélie Collet, créatrice d’une agence de voyage et
responsable de l’antenne bretonne Mompreneurs
Breizh, a bien voulu répondre à quelques questions…
Que cherchent les femmes en intégrant
un réseau comme celui des Mompreneurs ?
Certaines femmes ont déjà le projet de créer et qui ont
déjà lancé leur activité. Elles viennent pour bénéficier de
partages d’expérience, se faire des contacts ou établir
des partenariats. Tout ceci dans une optique de réseau
d’affaires, non pas au sens pur mais pour sortir de l’isolement. Faire partie des Mompreneurs permet d’échanger avec d’autres femmes qui ont les mêmes problématiques.
Nous accueillons également une autre population de
femmes : celles qui sont en phase de création, au début
de leur projet et qui ne savent pas encore trop le faire
évoluer. Ainsi, elles peuvent bénéficier de l’expérience
de celles qui ont déjà créé leur entreprise.
Et que trouvent-elles ?
Très concrètement, cela consiste à échanger des informations sur comment créer sa boite, à quelles portes
frapper, obtenir des contacts en CCI, auprès des
banques, des astuces pour faire une demande de prêts,
trouver des financements, créer son site, établir un
business -plan, etc.
Nous essayons également de rapprocher les porteuses
de projet et les créatrices des organismes spécialisés
qui peuvent leur apporter de l’aide.
« Les femmes comme les hommes ont toutes les
qualités pour réussir une création d’entreprise.
C’est juste leur approche qui est différente.»
Pourquoi les femmes créent moins que
les hommes selon toi ?
Le problème est qu’une femme ne réagit pas du tout
de la même manière qu’un homme. Effectivement,
certaines femmes n’ont pas cette confiance en elles pour
le faire. Mais il faut savoir que beaucoup de femmes sont
vite découragées face aux obstacles qu’elles peuvent
rencontrer car leur crédibilité est remise en cause par
beaucoup de leurs interlocuteurs comme les banques
ou les investisseurs. Une femme doit montrer deux
fois plus patte blanche pour demander quelque chose.
26
Je schématise, mais une femme fonctionne beaucoup
plus à « l’émotionnel » qu’un homme. Les femmes
craignent plus de mal faire, comme par exemple, d’imposer leur prix pour un service ou ce genre de choses.
Et les clichés femme faible/homme fort persistent. On
pense souvent que la femme sera moins investie dans
son business parce qu’elle a ou aura des enfants.
Quels conseils peux-tu donner aux femmes qui
souhaitent se lancer dans la création d’entreprise ?
Il faut savoir bien s’entourer déjà, bien travailler son
projet. Il ne faut pas se lancer sur un coup de tête. Il faut
se faire accompagner, c’est très important. Beaucoup
d’associations existent pour cela.
Après, en tant que femme, il ne faut pas avoir peur de
vendre, de dire les choses, d’être soi-même et de croire
en ce qu’on fait, même face aux difficultés. Il faut être
forte pour soi et face aux interlocuteurs que l’on peut
avoir. Il ne faut surtout pas baisser les bras à la première
difficulté, et c’est là où intervient un réseau comme
les mompreneurs ! Je parle par expérience pour le
réseau Bretagne, mais notre force, c’est de ne pas avoir
peur de s’appeler les unes et les autres en admettant :
« ça ne va pas, je n’y arrive pas ». On créé seule, mais
parallèlement nous sommes plus fortes ensemble pour
affronter certaines situations.
A propos des Mompreneurs…
En France, le réseau des Mompreneurs créé par
Céline Fénié, créatrice du site Maman Shopping,
compte 2000 membres dans toute la France.
Le mouvement vient des Etats-Unis. Les mères de
famille américaines pour qui il est beaucoup plus
difficile de faire garder les enfants qu’en France,
ont décidé de se regrouper. Aujourd’hui, elles
sont là-bas plus de 7 millions de mompreneurs.
www.les-mompreneurs.com
MamCafé Breizh à la Cantine Numérique de Rennes - 10 janvier 2011
27
Nathalie Cordeaux
Communicante depuis plus 15 ans, Nathalie Cordeaux-Dulac est une bloggeuse
avertie mais également créatrice d’entreprise. Passionnée par le Web, les réseaux
sociaux et les mots, elle a fondé Corpor@tement Vôtre en 2009, et s’est spécialisée
dans la création de blogs corporate et l’accompagnement des entreprises sur
les réseaux sociaux.
www.corporatementvotre.com
« J’ai toujours eu envie d’être un jour indépendante »
Entretien avec Nathalie, blogueuse et créatrice d’entreprise
par Priscilla Gout
Nathalie, tu as créé ton entreprise en 2011,
quelles ont été les étapes de cette création ?
En fait mon entreprise a été officiellement immatriculée
le 2 janvier de cette année mais elle existe réellement
depuis octobre 2009…
Licenciée fin 2008, j’ai bénéficié d’une CRP (Convention
de Reclassement Personnalisé). 8 mois d’un programme
personnalisé pour tenter de me recaser qui, au final,
ont abouti sur un parcours de création d’entreprise. J’ai
eu la chance d’avoir une référente compétente qui m’a
dirigée vers un parcours accompagné dans le cadre du
NACRE (Nouvel Accompagnement pour la Création et
la Reprise d’Entreprises). Mon choix de l’organisme pour
cet accompagnement s’est porté sur une Couveuse
d’Entreprises pour deux raisons : la formation dispensée
et la possibilité de tester en conditions réelles mon
activité.
Aujourd’hui, j’ai officiellement immatriculé Corpor@
tement Vôtre ou plutôt non… Je me suis immatriculée
comme Auto-Entrepreneur, Corpor@tement Vôtre
n’existe que pour l’INPI. Je suis donc Conseillère en
Communication Numérique Interactive et j’exerce en
profession libérale.
Pourquoi t’être reconvertie et avoir voulu créer
ta propre entreprise ?
Je ne me suis pas reconvertie à proprement dit,
je travaille depuis plus de 15 ans dans la communication
et le Web est une passion de toujours. Ma reconversion
vient véritablement de mon statut de salarié vers celui
de chef d’entreprise.
J’ai toujours eu envie d’être un jour indépendante mais
je n’ai jamais osé franchir le pas. Pas la bonne idée, pas
les moyens, pas le bon moment, pas assez de soutien…
Et soyons honnête, créer sa boite, ça fiche la trouille !
Et puis, à 45 ans, j’ai décidé qu’il était temps de ne
plus faire que ce que j’aime. Convertir ma passion pour
la communication et le Web en fil rouge professionnel
s’est imposé rapidement. Ceci combiné à de nombreux
changements dans ma vie perso, toutes les conditions
se trouvaient rassemblées pour me lancer…
Avoir créé ta boite a-t-il changé la donne sur
le plan de la conciliation vie pro/vie perso ?
Oui beaucoup ! Côté organisation vie pro/vie perso
c’est idéalement ce que je recherchais. Pouvoir gérer
les impondérables familiaux, régler les urgences
d’intendance, s’absenter et rattraper quand on veut.
Cette liberté m’est très chère mais elle a ses revers…
Je ne sais pas si c’est parce que je démarre que
je donne plus pour mettre toutes les chances de
mon côté mais toujours est-il que je travaille plus que de
raison. Et cette situation est à mon avis très largement
« aggravée » par le fait que je travaille depuis la maison
et en couple !
Certes plus libre donc, mais je ne laisse pas mes
responsabilités au bureau, je ne les transmets pas à
ma hiérarchie. Mes responsabilités, mes obligations,
mes peurs me suivent toute la journée.
Qu’est-ce qui a été le plus difficile dans ton
parcours de création ?
Sans aucun doute, le sentiment lancinant d’incertitude
et de danger. Le parcours de création en lui-même s’est
techniquement bien déroulé, j’ai été accompagnée,
28
soutenue, conseillée. J’ai évité des écueils, j’ai trouvé
des réponses, j’ai posé les bases et les bonnes…
Mais tout cela n’enlève pas les incertitudes qui
reviennent de façon récurrente. On a beau être sûre de
soi, de son projet, de ses capacités, le fait d’être seule
avec un enfant fragilise la motivation parfois… Je reste
persuadée qu’une femme seule avec un enfant doit
doubler ses capacités pour entreprendre.
Mais au cours de mon parcours, j’ai eu le bonheur de
rencontrer mon conjoint qui est devenu mon partenaire
professionnel. Depuis lors je me sens un peu plus en
sécurité, il y en aura toujours un des deux pour rebondir,
pour rassurer et soutenir l’autre, pour équilibrer…
Même la plus dure des féministes ne peut nier qu’il a
des domaines plus féminins que d’autres.
Maintenant je ne m’arrête pas au sexe du blogueur
(drôle d’expression tiens !) A titre perso, je lis ce qui me
touche, m’intéresse, me questionne, peu importe que
cela soit une femme ou un homme. Côté pro… tant que
les compétences sont là…
Parlons « réseautage », tu es présente sur les
réseaux sociaux, tu tiens cinq blogs… Est-ce
important pour se faire connaître ?
Sur le plan personnel, et dans le cadre du projet de
création, cela pallie évidemment à la solitude et au
manque de motivation. Côté professionnel, les échanges
sont enrichissants et peuvent aboutir sur d’autres
projets, des associations ou des partenariats.
Je réseaute personnellement de deux façons différentes
: en virtuel via Twitter, Facebook, Viadeo, Linkedin et
d’autres… Et en réel via des Clubs professionnels, des
conférences ou des rencontres entre Twitterriens… Et je
pense que les deux sont nécessaires.
Le réseau m’aide indéniablement à améliorer mon
référencement personnel sur les moteurs de recherche.
Aujourd’hui, tous mes clients viennent de mes réseaux
Twitter et Viadeo sans que je n’aie eu à prospecter.
Le réseau est donc une formidable vitrine de compétences !
« Le réseau est nécessaire pour un entrepreneur
homme comme femme.»
Plus généralement, quel est ton regard sur la
blogosphère féminine ? Car vous êtes finalement
peu nombreuses à parler « web »…
Pour moi, si on se lance dans un blog c’est qu’on a
une passion à partager, une histoire à raconter. Quoi de
plus naturel que des femmes partageant des passions
comme la mode, la cuisine, les enfants ? Rares sont
celles qui ont une passion pour la F1 ;-).
29
Sophie-Antoine Dautremant
D’abord consultante chez Cap Gemini, Sophie-Antoine Dautremant a co-fondé Recrutae en
2003 avec Xavier Grangier. Elle est aujourd’hui responsable des contenus et de la gestion
commerciale de cette société qui développe et édite des services web de recrutement en
ligne. Parmi leurs réalisations, on trouve : easy-CV.com, BuroRH.com, TweetEmploi.com et
leurs applications respectives sur Facebook et iPhone. Sophie-Antoine est également très
active sur les réseaux sociaux comme Viadeo et LinkedIn et sur Twitter.
www.recrutae.com
« Pourquoi
je me suis lancée dans l’entrepreneuriat… »
par Sophie-Antoine Dautremant, cofondatrice de Recrutae
De manière générale je considère que l’on doit être
chacun “entrepreneur de sa vie”. L’entreprise peut être
aussi bien sa propre société qu’une société tierce, il
faut avant tout que le projet soit engageant et motivant,
et qu’il permette de déployer ses forces vers un objectif
dont les conséquences pourront apporter de la satisfaction. C’est parce que l’on place trop souvent l’entreprenariat dans un modèle assez masculin de conquête
qui peut effrayer beaucoup de femmes, car elles ne s’y
identifient pas. Entreprendre c’est aussi, et avant tout à
mon sens, se réaliser. Par ailleurs ce n’est pas une fin
en soi, un but ultime, c’est uniquement un moyen.
« On place trop souvent l’entreprenariat dans
un modèle assez masculin de conquête qui peut
effrayer beaucoup de femmes »
le sentiment d’être seul... Mais après tout, ces aspects
sont communs à bien des projets et à bien des femmes
de nos jours quand on voit le nombre d’entre elles qui
mènent de front vie professionnelle et vie familiale !
L’entreprenariat est donc à la portée de toutes si
l’idée et l’envie sont là (la validation de la viabilité du
projet est bien entendu un pré requis). Des différences
existent cependant pour l’entreprenariat « au féminin » :
des sacrifices sont à envisager et le temps peut être
long avant de transformer ses efforts en réussite.
Pour beaucoup de femmes, il peut donc paraître plus
confortable d’être salariée pour le quotidien familial.
Mais c’est la passion qui mène la danse et c’est la
passion qui anime tout entrepreneur. Si elle est là, on a
alors les moyens de franchir le cap de l’entreprenariat, et
si elle n’est pas là, ce n’est pas grave, il y a bien d’autres
moyens de s’épanouir dans sa vie professionnelle, fort
heureusement !
J’ai créé Recrutae avec des idées de services différents
de ceux qui existaient. Par conséquent à ce moment-là
l’entreprenariat était le moyen de faire avancer ces idées.
Mais pour autant on peut avoir des idées et entreprendre
en entreprise, sans avoir le titre d’“entrepreneur” (en
fonction des cultures des entreprises) et on peut alterner
dans sa vie professionnelle “pur entreprenariat” et
“projets en entreprise”.
Il est vrai que l’entreprenariat est un peu un parcours de
combattant, où il faut savoir s’adapter, convaincre, avoir
plusieurs casquettes et où l’on peut avoir par moment
30
Nora Esnault
Nora Esnault, 30 ans et maman de deux jeunes enfants, a fondé en mars 2009
« Entrepreneuses Mag », le 1er média de l’entrepreneuriat féminin ainsi que le Prix
de l’Entrepreneuse, 1ère distinction nationale pour les créatrices d’entreprises. Elle
adhère également aux réseaux « Mompreneurs » et « Maman travaille ». Actuellement,
elle travaille sur de nouveaux projets de création d’entreprise et sur la 3ème édition du
Prix de l’Entrepreneuse.
entrepreneusesmag.typepad.com
« Les entrepreneuses
ont besoin de se mettre en réseau »
par Priscilla Gout
Comment avez-vous été amenée à créer le blog
entrepreneusesmag.typepad.com ?
Créer son entreprise est-elle une solution sur
mesure pour l’emploi des femmes ?
D’abord assistante de direction dans une grande
entreprise pendant 10 ans, j’ai par la suite créé un site
de e-commerce. Grâce à cette dernière expérience, j’ai
pu réaliser mon rêve mais aussi prendre conscience
des difficultés de la création d’entreprise. Le manque
d’informations, notamment sur les aides spécifiques
pour les femmes, sur les nombreux réseaux qui existent,
mais aussi sur le manque de « modèles » d’expériences,
m’ont donné envie de développer un média sur
l’entrepreneuriat dédié aux femmes.
J’ai souhaité utiliser cette tribune pour mettre en avant
des expériences d’entrepreneuses et annoncer les
événements qui leurs sont consacrés ou qui peuvent
fortement les intéresser pour développer leur business.
Les femmes ne sont pas assez médiatisées, alors plutôt
que d’attendre la presse, j’ai préféré créer un outil de
communication sur-mesure.
La création d’entreprise est une aventure passionnante
et les femmes y trouvent beaucoup d’avantages,
notamment en termes de souplesse dans l’organisation
ou encore parce que leur carrière tourne au ralenti.
Toutefois, il faut être réaliste et bien intégrer le fait que
cela demande un travail important, qui contraint à ne
plus compter son temps (travail le soir, le week-end, en
vacances…) pour permettre justement d’être davantage
disponible à d’autres moments pour sa famille. La
création d’entreprise est aussi un risque financier qu’il
faut être prêt à affronter. Il ne faut pas se lancer tête
baissée mais plutôt étudier les plus et les moins pour
éviter les déconvenues.
Quelles sont les principales préoccupations des
porteuses de projet et des créatrices ?
Les entrepreneuses ont besoin d’être informées,
formées, de communiquer et de se mettre en réseau : de
nombreux besoins qui ne sont pas forcément prioritaires
au premier abord, et qui sont pourtant indispensables
pour s’épanouir et développer ses affaires. Il faut prendre
en compte ces aspects et y consacrer du temps, ce qui
n’est pas toujours évident dans l’organisation de sa vie
professionnelle et privée.
« En France, 30% des créateurs sont des
femmes, alors qu’aux Etats-Unis ou au Canada,
elles représentent 50% des créateurs »
Pourquoi est-il nécessaire de promouvoir
l’entrepreneuriat féminin ?
L’entrepreneuriat féminin français est bien moins
représentatif que dans d’autres pays. C’est pourquoi il est
nécessaire de s’intéresser de plus près à ce phénomène
et d’encourager celles qui en auraient l’envie, de créer
leur entreprise. Cette activité économique ne doit pas
rester un sujet inconnu et si peu investi par les femmes
car elles peuvent y trouver leur place et réaliser de beaux
succès.
31
Coaching et
«personal branding»
Fadhila Brahimi
Fadhila Brahimi a fondé et dirige la société FB-Associés spécialisée dans l’accompagnement en stratégie de présence. Elle est aussi Responsable éditoriale du Blog Personal
Branding. Son métier est d’accompagner les personnalités publiques, les entreprises et
leurs organisations en mutation, plus précisément dans l’utilisation stratégique du Web
pour gérer leur notoriété et leur réputation.
www.blogpersonalbranding.com
twitter.com/FBRAHIMI
L’ennemi n°1 de la femme, c’est la femme !
Comment peut-elle devenir sa meilleure amie
et affirmer sa personnalité ?
“Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien et
pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes
routières ?” 1
Ce n’est pas un constat biologique ou neurologique
mais le conditionnement culturel et éducatif que la
société alimente depuis qu’il nous est offert de penser.
En somme, si les filles jouaient aux gendarmes et aux
voleurs dans la cour de récréation ; elles seraient
probablement plus combatives et plus en confiance
dans les arènes politico-économiques. Les femmes
luttent pour abolir les inégalités sans avoir les mêmes
aspirations. Elles ont autant de luttes à mener dans la
société qu’auprès de leur environnement proche, pour
elles-mêmes voire entre-elles. Et si ces inégalités ne
se trouvaient pas seulement au niveau de la parité
mais aussi dans la vision que les femmes ont de la
réussite ?
Et vous, quelle serait votre vision de la réussite ?
C’est en répondant à cette question que vous pourrez
affirmer votre identité, prendre des décisions et bâtir
un projet de vie en adéquation avec votre personnalité…
Toutes les femmes n’aspirent pas ou ne seront pas
des femmes d’exception primées aux Women’s Awards
ou bien des travailleuses à mi-temps ou encore mère
au foyer à plein temps. Aujourd’hui, les dispositions
sociales (crèche d’entreprise, télétravail, valorisation
du temps partiel, etc.) ne favorisent pas le choix
délibéré. La configuration familiale a changé mais
les pressions sociales sont encore très fortes.
Cependant, les contraintes ne sont pas qu’externes à
notre volonté. Elles résident aussi dans ce que nous
nous autorisations à rêver, à agir, à porter et à assumer
366 jours par an !
Gandhi disait : « Vous devez être le changement que vous
voulez voir dans le monde »… Et si vous commenciez à
oser et à vous révéler pour vous mêmes ?
1. Libérez-vous des « dragons » : idées reçues,
préjugés, auto-censure...
La littérature sur les différences entre les hommes et les
femmes est extrêmement dense. Elle tend à décrypter
les excellences de la femme en les comparant à celles
des hommes. Ainsi, la femme serait douée pour la
communication et la persuasion, elle serait intuitive
et influençable, portée par l’épanouissement…
Selon, Catherine Vidal, neurobiologiste et directrice
de recherche à l’institut Pasteur2 , toutes les études
sur le cerveau démontrent que ce sont la culture et
l’éducation qui dictent les aptitudes mentales des
femmes. Rien d’acquis donc ! Les femmes auraient
autant de capacité que les hommes. Jung3 affirmait
même que les femmes comme les hommes avaient
en eux une part féminine, « l’anima » et, une part
masculine, « l’animus ».
La structure et le fonctionnement du cerveau se
constitue en fonction de l’histoire de chacun. Estime
de soi, création d’un environnement favorable et travail
sur soi sont des clefs indispensables pour se construire
ses propres potentiels. Mais les idées reçues et les
stéréotypes de genres constituent un frein.
L’éducation nous dicte notre rôle dans la société
Les femmes occidentales ont d’abord connu l’éducation
religieuse avant de flirter avec l’art. Et même lorsqu’il
fut question de se préoccuper de leurs éducations
au XVIIème siècle, le Traité de l’éducation des filles
de Fénelon révélait que l’éducation des filles était
Titre du livre “Pourquoi les hommes n’écoutent jamais rien et pourquoi les femmes ne savent pas lire les cartes routières ? “[Broché] d’ Allan Pease et de Barbara Pease
http://www.tedxparis.com/catherine-vidal-le-cerveau-a-t-il-un-sexe
3
Carl Gustav Jung est un médecin, psychiatre, psychologue et essayiste suisse né le 26 juillet 1875 mort le 6 juin 1961
1
2
33
« Jeunes Filles, prenez-en de la graine ! » - Extraits d’un manuel scolaire de 1960
une priorité publique car elles influençaient les moeurs,
les vertus et le mode de vie des garçons. Cette fonction
est ancrée dans la conscience collective au point que
les femmes culpabilisent lorsqu’elles reprennent le
chemin du travail aux lendemains d’un accouchement
ou qu’elles occupent leurs RTT à « se taper journée de
fille ». De plus, « la société porte un regard sceptique ou
amusant »4 sur les hommes au foyer ….
La culture guide nos décisions et nos trajectoires
Au XXIème, on pense qu’une femme mariée qui porte son
nom de jeune fille comme nom de famille, rejette les
us admis comme obligatoires. Que celle qui opte pour
une sexualité différente des codes dits de « normalité »
ou celle qui n’alimente pas en simultanée son livret
de famille et son CV est une femme sans ambition,
carriériste ou rebelle. Les femmes sont prises en étau
4
5
entre l’image idéale dictée par la société, celle qu’elles
refusent d’être et celle qu’elles veulent être pour être
appréciées ou encore celles qu’elles n’osent pas être.
Les femmes sont « pluralité »
Alors que nous luttons fermement pour la parité dans
les plus hautes instances (politiques, économiques,
institutionnelles, etc.) et pour l’égalité professionnelle
dans l’emploi (accès à la formation et l’emploi, à
la promotion, à une rémunération égale…), seules
60% des femmes accepteraient d’avoir plus de
responsabilité au travail5 . 6 femmes sur 10 refusent
d’avoir plus de responsabilités professionnelles
parce qu’elles éprouvent des difficultés à concilier
vie professionnelle et vie personnelle. Les trois quarts
d’entres-elles travaillent en premier, pour bénéficier
d’une indépendance financière et, en second, pour
réaliser des projets.
“Le Père est une mère comme les autres” de Damien Lorton
Observatoire Cegos sur les femmes au travail, étude menée en sept.2010 qui croise les avis de 900 femmes et 166 directeurs des ressources humaines (dont 47% de femmes)
34
2. Oser être audacieuse !
Le 8 novembre 2010 à la cérémonie de remise de la
1ère édition de La Tribune Women’s Awards au Théâtre
Marigny (Paris), les 7 lauréates affirmaient qu’elles
devaient leur réussite à trois actions :
Cultiver sa part de féminité
Si la biologie et les neurosciences ne font pas de
distinction entre les capacités des hommes et celles des
femmes, on peut attribuer à « féminité » le qualificatif
« féminin ». Dans ce cadre, on reconnait comme
féminines les qualités qui permettent d’accueillir ce qui
est et ce qui vient, à la manière d’une coupe largement
ouverte sur l’univers. Ces traits ne sont pas exclusifs à
un sexe, mais seulement prédominants.…. Les attributs
plus spécifiques de la femme seraient : l’accueil, la
réceptivité, l’altruisme, la tendresse, l’empathie, la
sensibilité, la délicatesse, la patience, la compréhension
et la collaboration… Les qualités du féminin sont amour,
union, fusion, générosité, tendresse, compassion”6.
développer une vie familiale épanouissante ». La femme
2010 veut être partout. Le défi majeur de la femme
aujourd’hui est de pouvoir concilier sa maternité et sa
carrière. Elle ne veut plus choisir mais aménager son
temps de travail et ses priorités.
Mais à quel moment s’interroge-t-elle sur le temps
qu’elle accorde à son propre épanouissement ?
A la Tribune Women’s Awards, les femmes affirmaient
toutes qu’elles devaient leur succès à la mise en place
de rendez-vous réguliers avec un coach, un mentor...
Des pauses qui leur permettaient de sortir du cadre
de femme-mère-amante pour être un instant qu’un
être humain ayant besoin de se régénérer loin des
responsabilités et de la to do list journalière.
Affirmez votre personnalité !
Après le succès de la pièce « Célibattante », Blandine Métayer, a
décidé d’interroger une quarantaine de femmes cadres. Sur la base
de ces interviews, elle joue depuis septembre dernier « Je Suis Top »,
une pièce de théâtre qui met en scène une femme, cadre, mère
de famille. En apportant un « regard acerbe, amusé, tendre mais
sans concessions sur les rouages de notre société, et de la vie en
entreprise », elle dévoile comment elle a percé le plafond de verre en
7 points :
Dépasser les préjugés
En août 2010, le journal Les Echos a publié un dossier
exceptionnel retraçant le parcours de femmes7 qui ont
osé braver les idées préconçues et des environnements
austères jusqu’à impacter l’économie. Oprah Winfrey,
Jeanne lanvin, Marthe Hanau, Marguerite Boucicaut,
Ruth Handler, La Montpansier... Des femmes qui n’ont
pas été épargnées par les obstacles. Elles se sont pas
toutes nées avec « une cuillère d’argent dans la bouche
mais avec un panier de linge sur la tête » dixit, Maggie
Lena Walker, la première femme à fonder et à diriger
un établissement bancaire aux Etats-Unis. Divorcée,
vivant chez sa mère avec son jeune fils, Brownie Wise
a crée les fameuses réunions Tupperware alors qu’elle
était en quête de revenus supplémentaires. Même si sa
tentative entrepreneuriale a échoué, elle a révolutionné
les pratiques commerciales aux Etats-Unis alors qu’elle
venait d’un milieu modeste.
En ce moment, on attribue aux femmes tunisiennes
et égyptiennes un rôle prépondérant dans le
déclenchement des événements et dans la construction
de l’avenir dans ces pays alors qu’elles n’occupent pas
ou peu de hautes fonctions.
S’offrir des rendez-vous avec soi
En mars 2010, le magazine AuFeminin.com publiait le
résultat d’une étude8 qui visait à définir le profil type
de la femme des années 2010. D’après cette enquête
la femme 2010 est une femme « active, fortement
impliquée dans la vie professionnelle, désireuse de
- Mettre en avant ses points forts : la femme doit s’appuyer sur ses
qualités et ses talents et cesser de s’attribuer des défis plus importants qu’à ceux des hommes.
- Parler de ses réussites et éviter que croire que leurs existences
seules suffisent à les valoriser.
- Affuter son sens politique, c’est-à-dire, développer son propre
lobbying, avoir une approche structurée et organisée, décoder les
cercles d’influence...
- S’accepter telle que l’on est avec ses forces, ses faiblesses, ses
rêves et ses contraintes.
- S’impliquer dans des réseaux (vie physique et vie virtuelle) et
accroître son cercle d’influence.
- Travailler son image : apprendre à valoriser son apparence physique et à avoir une attitude assurée en fonction de sa personnalité.
- Établir une stratégie globale pour réaliser ses projets de vie
personnelle et professionnelle, sociale et familiale.
Définition Wikipédia de “Féminité” http://fr.wikipedia.org/wiki
F%C3%A9minit%C3%A9
6
http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/dossier/020662333222-cesfemmes-qui-ont-change-l-economie.htm
7
http://www.aufeminin.com/debats-de-societes/enquete-femme-active2010-d12106.html
8
35
Conclusion : le web, nouveau challenge
des femmes !
Pour une femme, construire une marque personnelle
afin de se différencier et créer une empreinte singulière
et personnelle, passe indéniablement par l’acceptation
de ses particularités. En août 2010, Comscore a rédigé
un « livre blanc» 9 sur la question de l’usage du web
par les femmes intitulé « How Women are Shaping
the Internet ». D’après le magazine «Regards sur le
Numérique», l’étude révèle plusieurs tendances que
voici :
- les femmes sont devenues la norme numérique :
les publicitaires pensent que les sites de magazines
féminins sont les meilleurs endroits pour toucher les
femmes en ligne.
- les femmes sont plus engagées que les hommes
sur Internet. Elles y écrivent leur propre histoire sur les
réseaux sociaux (16,3% du temps passé en ligne), sur les
messageries instantanées et les sites communautaires.
- les réseaux sociaux au coeur de la pratique féminine.
Les femmes s’approprient les réseaux sociaux d’une
manière différente des hommes notamment en y
passant significativement plus de temps.
- l’explosion des réseaux sociaux a favorisé
l’émergence de nouvelles pratiques et de nouvelles
activités chez des femmes de tout âge : principalement
le partage de photos, les jeux, la vidéo et la messagerie
instantanée.
- les femmes achètent plus que les hommes en ligne.
Les femmes utilisent plus Internet que les hommes pour
leurs transactions et elles dépensent significativement
plus.
- les stéréotypes s’atténuent. Les femmes gèrent
autant leurs comptes en ligne et s’engagent dans les
« services en ligne » comme les hommes.
Les rédactrices de cette étude concluent : « Une fois que
les femmes se connectent, elles s’engagent ; une fois
qu’elles s’engagent, elles étreignent ; une fois qu’elles
étreignent, elles pilotent. Et c’est le futur. Internet : c’est
l’œuvre des femmes. »
9
http://www.rslnmag.fr/blog/2010/8/24/les-femmes_ces-internautes-un-peu-plus-en-avance-que-les-autres
36
Sylvaine Pascual
Coach en développement personnel, spécialiste de la reconversion professionnelle.
Sylvaine Pascual aborde les questions professionnelles sous un triple angle relationnel : relation à soi (estime de soi, confiance en soi), relation à l’autre et relation
au travail.
www.ithaquecoaching.com
Le coaching permet aux femmes de se libérer
En dehors de ce que le coaching apporte à tout un
chacun dans le cadre personnel ou professionnel, il peut
aussi permettre aux femmes de se libérer d’un certain
nombre de clichés qui brident leurs ambitions et
entravent leur évolution au sein de l’entreprise.
Si l’on déplore le peu de femmes engagées en politique
ou à la tête des entreprises, c’est sans doute le manque
d’envie engendré par les idées reçues sur le rôle de
la femme qui en est le principal responsable. Car
une femme qui a envie est un être humain comme les
autres : elle trouve alors des moyens de parvenir à ses fins.
Déculpabiliser
L’image moderne de la super woman à la fois mère
parfaite et infatigable, épouse dévouée, sexuellement
épanouie et libérée, qui entretient son corps et son
look, professionnelle irréprochable (souvent limitée à la
working girl quand même, trop de responsabilités, ça
nuirait à son engagement familial) est ultra culpabilisante.
Il est à l’évidence impossible de répondre à de telles
exigences, et privilégier l’une revient à négliger l’autre.
Ce qui à son tour contribue à entretenir une vision très
ancrée dans l’inconscient collectif : on associe encore
souvent une femme avec un poste à responsabilité avec
une égoïste qui a sacrifié ses enfants sur l’autel de la
réussite professionnelle.
Ca fait beaucoup d’idées reçues et se schémas étriqués
dans lesquels il est impossible de caser ses limites
et imperfections en même temps que ses désirs et
aspirations. Et le sentiment de culpabilité généré est
souvent un frein à l’évolution professionnelle car il
s’en prend directement aux seconds pour privilégier le
dépassement obligatoire des premiers.
Se réapproprier ses désirs
dans les habits de leurs moufflets, on se dit que bien des
clichés anté-ferroviaires ne sont pas près de mourir, ni
même de leur laisser la liberté de faire leurs propres choix.
Pour nombre d’entre elles, il s’agit donc de commencer par
s’autoriser et se réapproprier leurs désirs, sans complexes,
en fonction de leurs aspirations, de leurs valeurs et de leurs
envies, plutôt qu’en fonction de l’increvable image d’Epinal
version mère-dévouée-fée-du-logis.
Créer une identité professionnelle propre
Lorsque ces désirs sont de l’ordre de l’ambition
professionnelle, l’étape suivante consiste à développer ou
renforcer en chacune la capacité à s’affirmer, à affirmer
ses choix, ses désirs, ses opinions, son autorité si besoin.
Et le tout en tant que personne avec ses caractéristiques
propres, plutôt qu’en tant que femme, car cela reviendrait
à continuer de perpétuer des généralisations abusives
qui nient l’unicité de chacun et sont davantage le fait
d’héritages sociaux-culturels que des vérités naturelles.
Disons-le tout net : hommes et femmes viennent tous de
la Terre et chacun a pris ce qu’il a trouvé sur son passage.
C’est cette capacité à être soi qui permettra de
construire une identité professionnelle propre, en
fonction de ses convictions et de sa personnalité, et de
trouver sa place au sein de l’entreprise avec confiance
et assurance.
Développer les compétences
Restent ensuite tous les apports habituels du coaching,
qui concernent autant les femmes que les hommes  :
le développement des compétences relationnelles,
managériales, communicationnelles, organisationnelles
etc. Ce qui inclue bien entendu la conciliation vie
professionnelle et vie privée.
Quand les médias et au fond toute la société renvoient aux
femmes l’idée que leur rôle consiste à « mettre du doux »
37
SOYEZ COMBATTANTE !
par Shug
par Shug : enpleintravail.blogspot.com
38
L’intérêt de développer une stratégie
de visibilité sur le web : «Vous n’êtes pas
une femme, vous êtes un candidat !»
par Sophie-Antoine Dautremant
Au risque de choquer, voici quelques conseils pour
créer et gérer son CV ou profil en ligne lorsqu’on
est une femme. Le but n’est pas tant de gommer sa
féminité que de mettre en avant ses compétences et
ainsi, de maximiser les chances d’être trouvée via les
moteurs de recherche, objectif n°1 de toute présence
en ligne...
Oublier la féminisation des postes
Ceci par exemple si vous êtes « pharmacien ».
La pharmacienne étant plutôt considérée comme
l’épouse du pharmacien… Il faut savoir qu’un recruteur
cherche plus souvent les mots « directeur marketing »
que « directrice » et tous les moteurs ne prennent
malheureusement pas bien en compte les variations
féminin/masculin, même s’ils sont de plus en plus
performants (en fonction des sites).
Clarté et pureté plutôt que fantaisie
On peut être originale sans être fantaisiste, utiliser des
couleurs pour mettre en avant des titres ou points
importants, sans publier pour autant un CV rose
bonbon parce que c’est la couleur que l’on aime.
Sauf à rechercher un poste dans un secteur qui s’y
prête, on évitera donc de transformer sa mise en page
en magazine de mode. Par ailleurs c’est aussi une
tendance générale que de préférer des présentations
épurées à des pages surchargées d’informations (ex :
site d’Apple, de 37signals.com...).
Préférer les verbes ou les mots d’actions
aux adjectifs
Cela évite d’avoir à accorder les adjectifs. Il est toujours
plus impactant de dire que vous savez « organiser,
conseiller, communiquer... » ou que vous avez des
expériences en « organisation, communication,
conseil... » plutôt que de dire que vous êtes « une
personne organisée, conseillère, communicante... ». Et
là encore l’orientation « moteurs de recherche » prend
du sens, puisque l’on y cherche des mots-clés.
Avoir des centres d’intérêts et non des loisirs
Cette partie est à exploiter uniquement si elle peut
apporter de la valeur à vos compétences. Bien entendu
les voyages vont pouvoir souligner des capacités
linguistiques, mais seulement s’il ne s’agit pas de
séjours au Club Med. Lecture, natation, danse sont très
bien pour votre équilibre personnel mais est-ce que cela
vous permet de façon déterminante d’être meilleure
dans votre travail ?
Fotolia.com ©Yuri Arcurs
39
Femmes
et réseaux
Emmanuelle Gagliardi
Co-auteure du Guide des Clubs et Réseaux au féminin (édition du Cherche Midi,
2007), Emmanuelle est aussi la fondatrice du site interdit-aux-hommes.net dédié
au networking féminin. Elle a lancé en avril 2009, L/ONTOP, le premier mensuel
business féminin. Emmanuelle travaille également avec les entreprises « women
friendly » auxquelles elle propose des outils d’accompagnement de la mixité. Elle
organise régulièrement des rencontres et colloques de femmes au top et participe
à de nombreux débats et tables rondes.
www.l-ontop.com
Les réseaux de femmes
Historique des réseaux féminins
S’ils sont aujourd’hui très largement médiatisés, leur
apparition ne date pas d’hier. Très tôt, les femmes,
maintenues à l’écart des grands réseaux comme le
Rotary Club jusqu’en 1987, ont du s’organiser. Ainsi,
le Soroptimist Club est-il apparu en France dès 1924
et fut l’un des premiers club d’entraide au féminin de
l’hexagone, fortement investi sur des thématiques
solidaires et culturelles, et regroupant à l’époque de
nombreuses artistes. En 1929, c’est l’Union Féminine
des Carrières Libérales et Commerciales qui est créé,
peut après sa grande sœur américaine. Yvonne Foinant,
première femme élue à la chambre de commerce de
Paris, lance à son tour le réseau des Femmes Chef
d’Entreprise en 1945.
Progressivement, les femmes s’organisent par
profession, toujours en réaction à des situations
d’inégalité. Les architectes interdites de concours se
regroupent, les médecins font de même et aujourd’hui,
même les femmes business angels, toisées par leurs
homologues masculins, s’unissent afin d’investir dans
les starts up de leur choix.
En 2000, les femmes actives de 35-40 ans, réalisant
la difficulté de l’ascension professionnelle au féminin,
comparé au parcours linéaire de leurs collègues
masculins, se regroupent au travers des réseaux d’écoles
et d’entreprises.
Internet et l’explosion des réseaux sociaux formera
la dernière vague de cette déferlante qui n’épargne
maintenant plus aucun secteur.
Pourquoi intégrer un réseau féminin ?
Les réseaux féminins sont les seuls à répondre aux
problématiques spécifiques des carrières au féminin et à
leur rythme cyclique. Ils permettent aux femmes de sortir
de l’isolement, d’exposer leurs doutes et difficultés dans
un univers bienveillant, tout en créant des liens business
forts. Alors qu’ils portent parfois l’image de réunions
Tupperware, ou Tea parties, ils sont de véritables
accélérateurs de carrière.
Les différents types de réseaux
Les réseaux « d’anciennes » : HEC, Polytechnique,
Dauphine, Sciences Po… Beaucoup de grandes écoles
et universités possèdent des réseaux Alumni au féminin
créés par des anciennes soucieuses d’avertir les jeunes
générations de l’existence du plafond de verre. On s’y
rencontre par thématique de travail, ou autour de femmes
brillantes venues témoigner de leurs parcours.
Les réseaux d’entreprise : réseaux lobbyistes internes
aux entreprises, ils agissent sur les strates de résistances
qui persistent dans ces structures, par le biais de
sensibilisation sur les stéréotypes hommes/femmes et
de formation/coaching, mise en place du mentoring... Ex
: Accent sur Elles pour Accenture, InterpElles chez EDF,
WE chez Areva…
Les réseaux par métiers : (juristes, directrices de
communication, ingénieures, architectes) ou par secteur
(automobile, banque, immobilier, bâtiment…) sont d’une
aide précieuse au quotidien, pour toutes questions
techniques précises se rapportant à leur domaine
d’activité. Ex : Les Elles de l’Auto, Union internationale
des Femmes architectes, Femmes et Finance, Association
française des femmes ingénieures… A noter, la percée
récente des réseaux de femmes du net. A coté de Cyber
Elles sont ainsi apparus : Girls inTech, Girlzinweb, Women
& Mozilla, témoignant de l’intense activité des femmes
sur la toile.
41
Les réseaux transversaux de femmes cadres :
ils regroupent des membres de tout secteur et de toute
fonction. Ils font réfléchir à la gestion de carrière au
féminin et sollicitent de nombreux coachs pour intervenir
lors d’ateliers pratiques. Ex : EPWN, HRM Women…
Les réseaux d’entrepreneuses et de femmes dirigeantes :
ils sont de plus en plus nombreux et font profiter à leurs
membres de conseils clés concernant le passage de
l’idée au projet, la structuration du business plan, la
croissance de l’entreprise. Ex : Action’Elles, Cop’s&Co,
Femmes chef d’entreprise, Les Mompreneurs…
Les réseaux lobbyistes : ils poussent les instances
nationales à légiférer, notamment sur la mixité, et à créer
des outils de mesures. Certains d’entre eux participent
également aux débats européens sur le genre. Ex : Action
de Femmes, Arborus, BPW…
Les réseaux de loisirs : sous couvert de rencontres
autour d’une passion, ils constituent de réels réseaux
d’entraide et d’échange de cartes de visite. Ex : Ladies
Only pour le Golf, le Club des Amatrices de Cigares…
Les fédérations de réseaux : les réseaux ont aujourd’hui
de plus en plus tendance à tendre des passerelles
entre eux. L’idée : mutualiser les énergies et créer
des synergies. Pour accompagner cette dynamique,
une plate forme inter-réseaux a même été lancée :
www.connecting-women.net
Quelques groupements de réseaux
Grandes écoles au féminin (GEF) organise régulièrement
des petits déjeuners avec les patrons du CAC40, et sort
des études largement médiatisées sur la réussite de ses
diplômées.
Du Rose dans le Gris, groupe accélérateur de mixité créé
en 2005 par 6 réseaux de femmes cadres supérieures :
Accent sur elle, Action de femmes, Administration
moderne, Arborus, EPWN, et HRM Women. Son site
épingle souvent le sexisme ordinaire des grandes
entreprises et des médias.
Interelles se réunit une fois par an, à l’occasion du
8 mars, pour faire le point sur l’avancée de la mixité dans
chacune des 9 entreprises technologiques membres de
son cercle.
Financielles, lancé par MixCity de BNP Paribas, et
Féminin by Société Générale, souhaite rendre visible les
réseaux de femmes salariées de grandes banques et des
assurances.
Et … 43 réseaux de femmes cadres ont participé
en 2009, au baromètre de confiance lancé par
Brigitte Grésy préalable au rapport sur l’égalité
professionnelle, ce qui montre l’extraordinaire cohésion
dont font preuve parfois les réseaux sur des sujets
sensibles.
Le fonctionnement des réseaux
Le mode de fonctionnement est globalement le même
pour toutes les catégories de réseaux avec des réunions
mensuelles sur une thématique donnée ou avec un
invité extérieur qui intervient sur un sujet précis. Les
thématiques de prédilection sont : articulation des temps
de vie, inégalités des salaires, travail sur le leadership
féminin, gestion d’équipes masculines, exercices sur la
confiance en soi...
Comment devenir membre ?
Chaque réseau a sa propre politique d’intégration.
Certaines sont inhérentes au type de réseau : sortir
de telle école pour adhérer à son réseau, rejoindre
celui de son entreprise, d’autres sont plus spécifiques,
marrainage ou examen des candidatures libres.
La plupart des adhésions sont payantes. Cela va de 30 et
300 euros par an.
Choisir son réseau
Il est intéressant de faire partie d’au moins trois réseaux.
Un en lien avec ses études, un second en lien avec
son entreprise ou son secteur, et un troisième plus
transversal, qui permet d’élargir son champ d’action.
Les colloques, conférences ou portes ouvertes sont
de bonnes occasions pour discuter avec les membres
et trouver réseau à son pied !
Cultiver le networking
La plupart des femmes, même celles ayant obtenu
des postes de direction, regrettent de n’avoir pas pu
consacrer au cours de leurs carrières un temps de
networking. Aujourd’hui, la prise de conscience survient
à deux périodes clés :
- à 35-40 ans, quand elles se retrouvent au pied du mur,
avec des prises de décisions importantes à prendre par
rapport à leur carrière et leur vie privée,
- à 50-55 ans, lorsqu’elles ont atteint des postes à
responsabilité et réalisent qu’en dehors de l’entreprise
dans laquelle elles évoluent, leur carnet d’adresse
transversal est peu fourni.
« Le réseau est une communauté d’entraide
forte. De véritables amitiés peuvent se nouer.»
42
Apprendre à réseauter
Pour se faire repérer rapidement dans un réseau, il faut
être capable de décliner son expertise en 2 phrases.
Cela permet de se différencier et de faire en sorte que
les autres membres se souviennent aisément de vous et
vous recommandent à leurs propres contacts.
Devenir membre d’un réseau en apportant spontanément
son expertise aux autres adhérents leur donne envie de
vous aider en retour. Il faut prévoir son stock de cartes
de visite avant chaque rencontre. Et bien noter, sur celles
que l’on vous transmet, les pour-actions qui en découlent.
Enfin, surtout donnez votre feed-back sur les actions que
vous avez pu engager suite aux conseils avisés.
Par Emmanuelle Gagliardi – Directrice L/ONTOP, co-auteure
du Guide des Clubs et Réseaux au féminin cherche midi
2007). Plus d’informations tous les mois dans L/ONTOP, sur
www.interdit-aux-hommes.net et dans le Guide des Clubs et
Réseaux au féminin (Cherche Midi Editeur).
43
Laurence Roy
Laurence Roy est Directeur technique ingénierie nucléaire chez Assystem. Elle fait
également partie du réseau Femmes d’Energie créé il y a un an par le groupe. Pour
elle, évoluer dans un milieu masculin n’a jamais été un problème. Mais, le métier
d’ingénieur n’attire pas les jeunes femmes. C’est pour cela qu’il faut agir, et c’est la
mission du réseau Femmes d’Energie dont elle fait partie.
www.assystemrecrute.com/assystem/reseau.html
Femmes d’Energie d’Assystem :
« les jeunes femmes doivent oser ! »
par Priscilla Gout
Laurence, revenons sur votre parcours
professionnel…
Je suis issue d’une formation d’ingénieur généraliste et
j’ai commencé à travailler en 1996. Après une première
expérience en tant que chef de projet pour une entreprise
d’ingénierie suisse, j’ai rejoint Assystem, société pour
laquelle je travaille depuis 10 ans.
J’ai aujourd’hui une longue expérience en management
d’équipe et gestion de projet pour le compte de clients
industriels. J’ai donc l’habitude d’évoluer de façon
permanente dans un milieu très masculin.
Aujourd’hui je suis Directeur Technique sur une entité
dédiée à l’ingénierie dans l’environnement Nucléaire :
je suis en charge du soutien opérationnel technique
sur l’ensemble des projets d’ingénierie en France et à
l’international.
Évoluer dans ce milieu masculin dès l’école
vous a-t-il posé problème ?
Non, pas forcément… Masculin ne veut pas dire
misogyne. Par contre, avec le recul et en travaillant
sur la thématique des femmes en entreprise, je me
suis rendue compte qu’il y a des aspects à prendre en
compte quand on est une femme au milieu de nombreux
hommes. C’est ce que nous essayons d’évoquer au sein
du réseau. Pour ma part, j’ai eu la chance de rencontrer
des personnes pour qui être une femme est un élément
positif et non un frein.
Le nombre d’étudiantes dans les écoles
d’ingénieurs plafonne depuis 5-6 ans aux alentours
de 27 %. Comment expliquer ce phénomène ?
Au sein du réseau, nous sommes justement partis de
ce constat : aujourd’hui, les métiers d’ingénieurs ou à
forte technicité présentent à priori peu d’intérêt pour les
femmes, et même plus globalement pour les jeunes,
ce qui est encore plus problématique !
Historiquement et culturellement, les postes techniques
n’attirent pas les femmes. Elles ne sont ni attirées par ce
côté qu’elles estiment «austère» ni par les responsabilités
liées aux postes d’opérationnels ou de chefs de projets.
Comment est né le réseau Femmes d’Energie
d’Assystem ?
Nous faisons le constat tous les jours que la mixité de
nos équipes apporte vraiment quelque chose de positif,
une richesse. Le deuxième point est que nous sommes
aujourd’hui face à de très forts besoins en recrutement
dans le domaine du nucléaire, de l’automobile ou encore
de l’aéronautique. Et l’ensemble des jeunes qui vont
nous aider à pourvoir ces postes là ne peut résolument
par être exclusivement masculin.
Nous avons monté ce réseau il y a un an avec le soutien de
la Direction Ressources Humaines, avec des personnes
de différents âges et avec de différentes expériences,
comme Martine Griffon-Fouco, membre du Directoire, qui
fut la première femme à la tête d’une centrale nucléaire
en France, ou moi-même et mes collègues qui avons une
quinzaine d’années d’expérience.
Quels sont les objectifs du réseau Femmes
d’Energie d’Assystem ?
Premier objectif : il s’agit de développer une action
volontariste pour recruter plus de femmes. Même si
44
aujourd’hui, le pourcentage d’effectif féminin d’Assystem
se situe autour de 18%, et est donc relativement
cohérent par rapport au taux de femmes dans les écoles.
Deuxième objectif : augmenter le nombre de femmes
aux postes à responsabilités, notamment dans les filières
projet, technique et de management.
Pour cela, nous favorisons l’échange entre les femmes
au sein d’Assystem et encourageons les liens avec
l’extérieur, que ce soit par le recrutement de profils
féminins, en valorisant les parcours existants en interne
ou encore en se connectant à d’autres réseaux. La
mission du réseau est de «faire rayonner» les femmes
déjà en poste chez nous.
« Il faut faire reprendre conscience aux femmes
que les métiers d’ingénieurs techniques et de
projet sont passionnants »
Pourquoi l’avez-vous intégré personnellement ?
Lorsqu’Assystem est venu vers moi, j’ai vraiment eu un
moment d’hésitation. J’ai évolué dans ce monde très
masculin sans avoir vécu de problème majeur et je ne
voulais pas être cataloguée. Je ne me reconnaissais pas
dans une image, comment dire, trop «féministe». C’est
surtout la mixité qui m’intéressait.
En revanche, cela m’a permis de me rendre compte
qu’effectivement, il faut mener des actions réelles et
concrètes pour que des femmes nous rejoignent et
accèdent à des postes à responsabilités, cela ne se fait
pas naturellement.
Que diriez-vous à la jeune génération de
femmes qui hésitent à se diriger vers les métiers
techniques ?
Déjà, il faut leur faire « reprendre » conscience que
les métiers d’ingénieurs techniques et de projet sont
passionnants ! Nous avons donc un rôle à jouer dans
la valorisation de ces métiers qui sont très riches et
qui correspondent bien aux femmes, car elles ont cette
capacité à gérer ET des contraintes techniques ET des
enjeux de management humain. L’autre point, c’est que
les jeunes femmes doivent «oser». Franchement, quel est
le risque ?
A propos du réseau :
Les Femmes d’Energie, le réseau des femmes du
Groupe Assystem est né en 2010 de la volonté de
faire avancer la problématique de l’égalité, dans
tous les métiers et secteurs du Groupe. Cette
politique volontariste a trois objectifs majeurs :
1 - Valoriser les métiers de l’ingénierie auprès des femmes dans les écoles
2 - Recruter plus de femmes à des postes
d’ingénieurs
3 - Augmenter le nombre de femmes à
des postes à responsabilités
Des rencontres sont organisées entre les femmes
d’Assystem et la jeune génération d’ingénieurs.
En interne, des référentes ont été désignées dans
chaque pôle du groupe afin de porter et animer
les actions sur le terrain tant en interne qu’en
externe, accompagner, répondre aux questions
des collaboratrices et les conseiller en matière
d’orientation dans leur carrière.
Qu’est ce qui entrave la montée en compétences
des femmes aujourd’hui selon vous ?
Au sein de réseau Femmes d’Energie, nous nous
sommes rendu compte que les grandes périodes
positives professionnellement ont eu lieu à des moments
également très forts personnellement (arrivée d’un
enfant par exemple). Je n’idéalise pas, mais je dis
souvent aux jeunes femmes qu’en acceptant un poste
à responsabilités, on a aussi plus de latitude pour gérer
son investissement au lieu de le subir. Et qu’on soit
femme ou homme, occuper un poste à responsabilités
est certes exigeant, mais très gratifiant. Il ne faut pas voir
uniquement le possible stress lié à ce type de postes. La
nécessité de s’engager existe déjà pour les postes situés
«au bas de l’échelle».
45
Marie-Sophie Pawlak
Ingénieure aujourd’hui Directrice des relations industrielles et internationales à l’Institut
Supérieur de Mécanique de Paris Supméca, Marie-Sophie Pawlak a fondée l’association
«Elles Bougent» en 2005. L’objectif : informer et sensibiliser les jeunes filles sur le métier
d’ingénieur dans des secteurs traditionnellement masculins comme l’automobile, le ferroviaire,
le spatial et la défense. La deuxième mission de l’association est de fédérer les marraines au
sein d’un réseau inter-entreprise et de faire de l’échange de bonnes pratiques.
www.ellesbougent.com
«Elles bougent» : promouvoir les métiers
d’ingénieurs auprès des femmes
par Priscilla Gout
En France, plusieurs structures agissent pour féminiser
les secteurs traditionnellement masculins. C’est le
cas de l’association « Elles bougent », dont l’objectif
est de faire découvrir aux jeunes filles les métiers
d’ingénieures et techniciennes de l’automobile, de
l’aéronautique, du spatial, du transport ferroviaire, du
maritime et de l’énergie. En effet, malgré une relative
parité entre filles et garçons en classe de terminale
scientifique, seulement 17% des diplômes d’ingénieurs
sont délivrés à des femmes aujourd’hui.
Pour féminiser les équipes dans les entreprises, MarieSophie Pawlak, ingénieure et Directrice des relations
industrielles et internationales à Supméca, a eu l’idée
de fonder «Elles bougent»…
Quelle est la mission d’Elles bougent ?
L’idée de départ était de créer un club dans lequel les jeunes
filles pourraient être en contact direct avec les femmes
ingénieures de tous âges. A travers les témoignages de
ces femmes, il s’agit de donner envie et de susciter des
vocations chez des jeunes filles dans des métiers ou des
secteurs dans lesquels elles ne penseraient pas faire
carrière.
L’association fonctionne grâce à des membres
bienfaiteurs, qui sont des entreprises engagées en
faveur de la mixité, ainsi que des établissements de
l’enseignement supérieur. Elle se pose en trait d’union
entre l’entreprise et le lycée. L’entreprise n’est pas
présente dans les lycées, l’idée était donc de faire venir
les filles en entreprise afin qu’elles découvrent
concrètement ce qu’est le métier d’ingénieur.
En France, il semblerait que l’on n’oriente pas ou
peu les filles vers les filières scientifiques...
Pour moi, il y a deux sortes de freins à la présence
des filles dans les métiers techniques. Nous sommes
encore dans une société patriarcale, où le bricolage, la
technique, les voitures sont l’affaire des garçons. Et cela
se vérifie dans les magasins de jouets si vous comparez
les rayons filles et les rayons garçons…
Il y a aussi le problème de l’orientation sexuée, de la
part des parents comme des conseillers d’orientation.
On conseille rarement à une fille de travailler dans
le secteur automobile ou ce genre de choses, sauf si
soi-même on y travaille. Et encore !
Entre le lycée et les postes d’ingénieurs, les filles
semblent « se perdre en route ». Pourquoi ?
En terminale S, on peut dire qu’il y a une quasi-parité.
Mais seulement 10% des filles en terminales S se dirigent
vers des études d’ingénieurs, que ce soit immédiatement
après le Bac ou après Maths Sup et Maths Spé. 60% de
ces lycéennes vont plutôt vers médecine ou vers des
études en maths, en physique, en sciences ou du secteur
paramédical. 30% se dirigent vers HEC ou le commerce
et management. C’est pourquoi, si l’on veut avoir plus
de femmes dans certains secteurs comme l’automobile
par exemple, il faut agir en amont, c’est-à-dire dès
l’orientation ! Car malgré tout ce qu’elles pourront faire,
les filières techniques ne pourront de toute façon pas
embaucher plus de femmes qu’il y en a dans les écoles.
Pourquoi aujourd’hui est-ce indispensable que
le secteur se féminise ?
Plusieurs études en ont fait le constat : plus l’entreprise est
mixte, plus elle est performante. Elle est plus performante
parce qu’elle réunira des approches techniques et des
formes de management différentes. Une femme veillera
plus à l’harmonie de l’équipe et aura tendance à arrondir
un peu plus les angles tout en gardant en tête l’objectif,
alors qu’un homme ira plutôt droit au but. Ce sont deux
formes de management complémentaires. Une entreprise
a besoin des deux.
46
Chapitre 4
En route
vers la parité...
Gaëlle Picut
Journaliste et blogueuse, Gaëlle Picut, 37 ans, a 14 ans d’expérience en journalisme
et en communication, 12 ans d’expérience maritale, 10 ans d’expérience parentale
(x3) ! Depuis 2008, elle écrit sur son blog En Aparté, sur les thèmes de la conciliation
entre vie privée et vie professionnelle et des valeurs du travail. Elle travaille également
comme pigiste spécialisée dans les thématiques emploi/économie et social pour
différents médias nationaux ou régionaux (Entreprise & Carrières, Courrier Cadres,
www.maviepro.fr, etc.)
en-aparte.over-blog.com
Conciliation vie privée / vie professionnelle :
des femmes témoignent
Sur mon blog En aparté, je recueille régulièrement des
témoignages de femmes actives sur la thématique de
la conciliation entre vie privée et vie professionnelle.
Leurs parcours sont très différents. Certaines sont
salariées à plein temps, d’autres à temps partiel,
certaines exercent des professions libérales, d’autres
ont créé leur propre activité, certaines ont des enfants
(un, deux, trois, voire cinq !), d’autres non… Bref, les
choix sont aussi multiples que le sont les priorités, les
désirs, les personnalités de chacune.
Mais pour toutes, l’équilibre entre vie personnelle et
travail est un sujet qui leur tient à cœur et sur lequel
elles s’interrogent. C’est avec beaucoup de sincérité
et de générosité qu’elles ont accepté d’évoquer leurs
parcours, leurs joies et leurs difficultés.
Malgré cette très grande diversité, on note un certain
nombre de constantes qui aident les femmes à mieux
vivre cette difficile et souvent périlleuse articulation
entre vie professionnelle et vie personnelle. Quelques
éléments récurrents favorisent et facilitent une
meilleure conciliation.
Les conditions à une bonne conciliation :
- Un métier intéressant, choisi, qu’elles aiment et
qui fasse sens, dont elles tirent fierté, valorisation et
épanouissement personnel.
- Lorsqu’elles sont salariées, elles signalent l’importance
de la culture d’entreprise. Lorsqu’elles sont à temps
partiel, elles apprécient lorsque leur manager ne les
pénalise pas trop (mais cela n’est pas toujours le cas,
loin de là…).
- L’instauration d’une organisation «béton», la présence
de relais familiaux, la capacité à déléguer certaines
tâches sans culpabilité.
- Un conjoint qui participe aux tâches ménagères et
familiales, et qui les soutient dans leurs choix, et une
répartition dans le couple des contraintes liées au rôle
de parent.
- Elles soulignent l’importance de prendre les décisions
à deux, d’en discuter dans le couple, afin que chacun
cautionne et soutienne le plus possible les choix de
l’autre.
- Le fait d’accepter qu’il est impossible d’atteindre la
perfection mais l’importance d’avoir le sentiment de
faire au mieux, de bien vivre ses choix, ses décisions.
Il s’agit d’assumer le mieux possible les concessions
qu’elles ont faites, que ce soit dans leur vie personnelle
ou professionnelle.
- L’importance de définir ses priorités et d’être claire
avec soi-même.
Une meilleure qualité de vie
Les femmes que j’ai pu interviewer retirent en général
une certaine fierté de cette conciliation, plutôt que de
la culpabilité ou un sentiment de confrontation. Elles
admettent qu’il s’agit d’un équilibre mouvant, fragile et
qui peut et doit évoluer avec l’âge, celui des enfants,
les opportunités professionnelles, etc. Celles qui ont
fait le choix de l’indépendance expliquent avoir une
plus grande charge de travail mais parallèlement une
meilleure qualité de vie car elles ont plus de souplesse
et de flexibilité dans leur emploi du temps. Mais j’ai pu
constater qu’elles semblent davantage intéressées par
le qualitatif que le quantitatif, que ce soit dans la sphère
personnelle ou professionnelle.
48
Une part variable importante
Des axes d’amélioration…
Une constatation assez générale exprimée par ces
femmes : le peu de temps qu’elles ont pour elles-mêmes !
En général, c’est vis-à-vis d’elles-mêmes qu’elles font
le plus de concessions ! Mais toutes disent accorder de
l’importance à quelques moments rien qu’à elles ou à
leur couple.
Parmi les éléments sur lesquels elles aimeraient que
les choses évoluent ou progressent, on peut citer : les
problèmes de garde d’enfants, la souplesse dans les
horaires, la compréhension de la part du management,
le développement et la reconnaissance du travail à
domicile et du télétravail, la flexibilité dans l’organisation
du travail, la confiance de la hiérarchie, l’autonomie, etc.
Pour les salariées, les éléments les plus handicapants
sont les horaires à rallonge : certains managers
peu compréhensifs, les déplacements, la mobilité
géographique. Le présentéisme est très discriminant
pour les femmes, la maternité encore trop souvent
considérée comme un handicap...
Les femmes que j’ai interrogées parlent également de
choses plus difficiles à quantifier, à faire évoluer telle
que la charge mentale (qu’elles portent encore très
largement), la disponibilité temporelle mais également
psychologique, les temporalités différentes de la vie
professionnelle et de la vie personnelle, notamment avec
des enfants. Ce sont des femmes qui doutent souvent au
moment d’une promotion ou d’un virage professionnel
important, de crainte de bousculer l’équilibre mis en
place. Des femmes qui évoquent rarement leur attrait
pour le pouvoir en lui-même et qui ont parfois du mal à
formuler leurs ambitions professionnelles. Mais ce sont
aussi des femmes qui aiment que leur travail ait du sens
et soit utile, qui souhaitent faire progresser leurs équipes,
qui apprécient d’évoluer dans une bonne ambiance de
travail, à la fois exigeantes et lucides.
Des femmes qui veulent continuer à concilier les deux
mais qui reconnaissent que cela n’est pas toujours facile
au quotidien…
Lili la Baleine Verte - www.lililabaleineverte.fr
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Le télétravail,
une solution pour les mères de famille
Chronique d’une télétravailleuse : Nathalie Cordeaux
Nathalie, blogueuse et créatrice d’entreprise, a
une longue expérience du télétravail. Une méthode
de travail qui lui a beaucoup apporté en tant que
mère de famille notamment et dont elle apprécie
la souplesse. Mais télétravailler nécessite quelques
ajustements. Non, le télétravail n’est pas fait pour
toutes. Mais il peut s’avérer être une solution idéale
pour les femmes en recherche d’une meilleure conciliation vie pro/vie perso, qui plus est lorsque l’on créé
son entreprise. Avis à toutes les femmes qui rêvent
d’être « autonomes, indépendantes et libres »…
Bénéfique pour tous
Le télétravail est une méthode de travail encore
relativement méconnue et donc inévitablement inexploitée alors qu’elle pourrait l’être si facilement. Prenons le premier de ses bienfaits avec la réduction des
dépenses dues aux transports et donc la participation
à la protection de l’environnement grâce à la diminution des émissions de CO2 (sans compter le stress des
heures d’embouteillage, l’absentéisme dû aux grèves,
les retards…). Ce à quoi vient s’ajouter l’équilibre rural/
urbain avec le maintien des emplois en campagnes ou
en provinces (télétravailler depuis son bourg provincial
pour une grosse boite parisienne sans devoir déménager par exemple) et nous voilà déjà avec deux belles
raisons de développer la méthode…
Le culte de la présence physique du bureau
Malheureusement freinées par l’omniprésence du
salarié au bureau qui reste dans les esprits comme
une condition de travail essentielle, synonyme de travail bien fait, de contrôle, de pouvoir hiérarchique.
Et pourtant… A-t-on toujours besoin de nos jours d’être
présent physiquement pour exercer son activité ? Pour
certains jobs, la réponse est oui sans aucun doute, mais
Internet et le NetWorking ont changé la donne.
Il me semble évident que salariés et employeurs gagneraient à adopter le télétravail pour tant et tant de
raisons, dont la productivité et la compétitivité forcément améliorées par un salarié épanoui… Et c’est
encore plus valable quand il s’agit d’une salariée.
Une qualité de vie appréciable
Le télétravail et moi nous nous sommes fréquentés de
1998 à 2008. Une découverte pour moi. Une méthode
vite devenue indispensable à mon épanouissement,
à une qualité de vie autrement plus appréciable.
J’ai connu le télétravail par hasard, c’est un ami qui
nous a présenté et je crois pouvoir dire que c’est une
majorité des cas : les annonces passent rarement par
les réseaux classiques d’offres d’emploi.
Aux premiers abords, cela peut être attirant de se dire
que l’on ne passera plus des heures dans les bouchons,
que les rumeurs et ragots resteront dans les couloirs.
Mais télétravailler n’est pas si simple et nécessite
quelques adaptations…
Quelques adaptations nécessaires
De son home sweet home d’abord : pas question de travailler sur le coin de la table de la cuisine ou d’envahir
la chambre à coucher ! Un bureau dédié est nécessaire et il est certain que si je n’avais pas eu un coin
réservé à mon travail, je n’aurais pas tenu longtemps
car le télétravail est envahissant ! Parfois je me faisais
l’effet d’un gendarme vivant dans sa caserne, d’une
institutrice logée dans son école... Il faut être capable
d’accepter qu’une partie de son chez soi devienne
une annexe de son travail. Voir les papiers envahir les
étagères, entendre le crissement du fax après 19h
n’est pas chose facile pour ceux qui vivent avec vous.
Ne jamais oublier que le télétravail se vit en famille et
doit être compris et accepté par toute la tribu, sinon
il va droit à l’échec.
Côté cadre de travail, mon bureau était agréable, à mon
image, calme et silencieux (la musique ne compte pas
comme un bruit). Appréciable de ne pas entendre de
claquement de portes, les grands cris patronnesques,
les soupirs collégiaux, de ne pas supporter de queue à
la cafetière, et de profiter de toilettes toujours propres...
En été, je transportais une annexe de mon bureau sur
ma terrasse, même si la cohabitation avec les cigales
était parfois tendue tant elles troublaient les émissions
hertziennes de mon (insu)portable.
Surveiller son image de «néo-travailleuse»
Côté image, ce fut une autre histoire… Passer soudain
bizarrement du statut de working girl à celui de femme
au foyer fut quelque peu agaçant ! Nathalie ne prenait
50
plus l’ascenseur à 7h et à 20h pile, on croisait Nathalie
à la boite aux lettres ou chez le boulanger plus souvent,
on pouvait joindre Nathalie au téléphone tous les jours
et à toute heure... bref Nathalie ne bossait plus, Nathalie
était au chômage, Nathalie était malade, Nathalie profitait du système... J’ai heureusement échappé à Nathalie bat en part à la retraite !! Parfois je me demande ce
que j’aurais récolté si j’avais été un homme…
Le tout était de faire comprendre à tout ce petit observatoire curieux qu’une femme qui prend sa voiture ce
n’est pas que pour aller faire les soldes mais aussi pour
voir des clients ; que le soir, tandis qu’eux se reposaient
d’une journée d’embouteillage, d’autres font des rapports et des devis... J’avoue que le regard des autres au
départ fut assez lourd. Passer pour une feignasse, alors
que vous bossez plus que de raison est assez énervant... Mais pour la petite revanche anecdote, quand
vous êtes au chômage pour de bon... et bien... personne
ne remarque rien !!
Télétravailler rend-il asocial ?
Autre questionnement, autre sujet : télétravailler rend-il
asocial ? Peu de salariés peuvent se passer du contact
social quotidien et sont capable de travailler en solo.
Le sentiment d’isolement peut être très rapide,
un manque de communication « instantanée », en
période de crise par exemple, peut induire ce sentiment également. L’idéal est de garder le contact par
téléphone ou d’instaurer des visites régulières au siège
social et des réunions avec tous les télétravailleurs,
ce qui renforcera la notion d’équipe.
Pour ma part, déjà très responsable, je développais
un sens aigu de l’autonomie et je pense aussi que ma
maîtrise des NTIC ou des réseaux sociaux ont joué en
ma faveur. Ils m’ont permis de m’adapter plus vite et de
ne jamais me sentir isolée.
Question organisation, si vous ne supportez pas
les pointeuses, les hiérarchies hiérarchiques hiérarchisées, le télétravail est fait pour vous ! Quelques
ingrédients sont toutefois nécessaires : une relation
avec son employeur empreinte de confiance, de liberté d’action, de réciprocité. Côté salarié, autonomie,
responsabilité, organisation sont indispensables !
Repenser sa façon de travailler
Télétravailler, c’est aussi évaluer son travail non plus en
heures de présence, mais en tâches effectuées, revoir
sa stratégie de travail sur une organisation projets/résultats et non plus sur le flicage, repenser ses relations
avec l’extérieur non plus en accolades mais en virtuel.
Et franchement, cela me convenait très bien, non pas
que je sois un ours, mais je me retrouvais dans la productivité non parasitée par les aléas de la vie d’entreprise.
Savoir profiter de la flexibilité de son temps de travail sans en abuser, savoir équilibrer vie familiale
et vie professionnelle, n’est pas évident et surtout à
double tranchant : il est très facile de tomber dans les
extrêmes… Pendant que « monsieur » regarde le foot,
on a tendance à boucler un dernier dossier. Un weekend pluvieux et on met le nez dans l’administratif.
En période de solde, on travaille le soir à la fermeture
des magasins. On démarre la journée à 7h, un café dans
une main, la souris dans l’autre, on emmène le fiston
à l’école, on rentre travailler et on oublie de déjeuner
jusqu’à la sortie de l’école... La Sécurité Sociale quant à
elle devrait également remercier les télétravailleurs car
il est évident que les arrêts maladie sont bien moindres
quand vous travaillez chez vous, un paquet de Kleenex
dans une main, la boite de Doliprane dans l’autre.
De l’épanouissement au rendez-vous
Côté épanouissement, je dirais qu’il est évident mais
encore faut-il maitriser la méthode : travailler chez soi
est au début très prenant et il est impératif de prendre
du recul et l’inverse est également vrai, ne pas laisser
nos deux vies privées et professionnelles se marcher
l’une sur l’autre s’apprend.
Mon plus bel exemple d’épanouissement a été ma
maternité : travailler enceinte sans les inconvénients
habituels que beaucoup subissent ou redoutent, pas
d’arrêt maladie, la satisfaction de mener à bien les deux
«missions» du moment, j’envoyais même encore des
fax la vielle de mon accouchement ! En même temps,
aucun scrupule à me reposer quand la fatigue se faisait
sentir. Retour à la maison : m’occuper de ma Graine
d’ADN en travaillant, pas de crèche, pas de nounou...
me permettant ainsi d’allaiter mon bébé jusqu’à 8 mois !
J’ai très certainement également changé : encore plus
responsable, plus organisée, basant plus que jamais
mes relations professionnelles sur la confiance réciproque; avec un regard nouveau sur l’entreprise, voir
son employeur de l’extérieur donne un recul nécessaire
et salutaire en cas de conflit, de crise.
Le petit bémol sera pour la fin d’un poste en télétravail… Pas facile de se dire qu’on va reprendre un job
à plein temps dans un open space bruyant avec des
gens pas toujours agréables… Trouver une nounou,
un centre aéré pour son enfant… Retourner faire les
courses le samedi matin, reprendre des RTT pour les
RDV docteurs, prendre des jours enfants malades…
J’avais été si loin de cet environnement que je n’envisageais pas du tout d’y replonger. C’est pourquoi j’ai
décidé de fonder mon entreprise. Toujours autonome,
indépendante et libre !
51
Blandine Métayer
Comédienne et auteure de talent, Blandine Métayer est également directrice
artistique de la société « Changement de Décor » qu’elle co-dirige avec David
Riquet. Depuis plus de 15 ans, elle a conçu, écrit, mis en scène et interprété de
nombreux spectacles pour les entreprises. Après le succès de « Célibattante »,
elle est de nouveau à l’affiche avec « Je suis top », un spectacle qui relate le
parcours d’une femme « top manager » dans une grande entreprise.
www.changementdedecor.com
« Je suis Top ! » :
quand le théâtre brise le plafond de verre
par Priscilla Gout
Pour réussir à être une femme manager en France, il
faut être vraiment « top », au sens propre comme au
figuré. Catherine Boissard l’est. Mais pour atteindre
les hautes sphères de son entreprise, il lui a fallu une
volonté de fer. Un parcours plein de rebondissements
raconté et interprété par Blandine Métayer dans «Je
suis Top». Pour écrire la pièce, la comédienne s’est
inspirée des témoignages d’une quarantaine de
femmes. Loin de stigmatiser les hommes, elle met
en exergue les travers de notre société, tantôt avec
humour tantôt avec émotion. Et la pièce plaît aux
femmes comme aux hommes. Entretien avec Blandine
Métayer…
D’abord, quelles sont les réactions à la pièce ?
Les femmes rient beaucoup. Les hommes eux rient
moins. Ils sont surpris, voire émus, de constater que
les inégalités en entreprise persistent. Cela dit, les
spectatrices rient parfois amèrement car l’effet miroir
de la pièce est assez puissant, et elles ont tout un
vécu derrière elles… Mais les rires sont libérateurs,
ils interviennent beaucoup lors des blagues sexistes,
que j’ai concentré sur un personnage en particulier.
Un prototype de vilain, et évidemment les hommes ne se
reconnaissent pas du tout en lui !
Quel est votre sentiment personnel sur les
inégalités hommes-femmes ?
Les femmes seront d’abord attaquées sur leur physique,
alors que les hommes le seront sur leurs idées. Et qu’on
soit qualifiée de belle ou moche, le résultat est le même.
Pourtant elles sont compétentes, brillantes dans leurs
études, et sont en général tenaces et courageuses. Mais
il y des progrès à faire. Et il y aura véritablement une
égalité hommes-femmes quand « le poids » des enfants
ne pèsera plus seulement sur les épaules des femmes.
Il y aurait aussi des aménagements faire comme des congés
de paternité, mais des vrais ! Si un homme est susceptible
de prendre autant de congés qu’une femme, cela les mettra
au même niveau. Il faut aller jusque là pour que cela change.
Et je suis sure que beaucoup d’hommes aimeraient
s’occuper de leurs enfants autant que certaines femmes.
Il faut agir à la fois au niveau des lois mais également
des mentalités.
Selon vous, quels sont les risques pour
les femmes si ces inégalités persistent ?
Il y a un passage dans la pièce, où à force de lutter, mon
personnage s’endurcit. Il se créé une armure, et finit par
être une espèce de monstre de travail. Ce passage fait
beaucoup rire les hommes, car ce phénomène existe.
Mais ils en sont en partie responsables… J’évoque
également la rivalité féminine, ce qui existe aussi. Je
ne voulais pas que mon personnage soit une sainte.
Je voulais qu’elle tombe justement dans tous les pièges
qui l’amènent à une sorte de révolution interne puis à
la maturité. Mais avant cela, elle est malheureusement
passée par des comportements extrêmes…
« Je suis Top ! », une pièce
écrite, mise en scène et
interprétée par Blandine
Métayer. Actuellement tous
les lundis et mardis au
théâtre de Dix Heures mais
aussi en représentation
privée pour les entreprises
et les réseaux »
www.jesuistop.fr
52
Gwenaëlle Quénaon-Hervé
Gwenaëlle Hervé fait partie des fondateurs de la société RegionsJob. Titulaire d’une
Maîtrise en Droit des affaires et Droit fiscal, elle se destinait au métier d’avocat.
Mais elle a finalement débuté sa carrière au sein d’une agence de recrutement.
Forte de sa longue expérience, elle possède aujourd’hui une double compétence
web et emploi.
www.regionsjob.com
Management au féminin :
« un peu de douceur dans un monde de brutes »
par Priscilla Gout
Gwenaëlle Quénaon-Hervé est Directrice de la
Communication chez RegionsJob depuis un peu plus
de 10 ans maintenant. Titulaire d’une Maîtrise en Droit
des affaires et Droit fiscal, elle se destinait à devenir
avocate. Mais son intérêt pour les RH et le management l’a amené à travailler pendant un an au sein d’une
agence de recrutement, puis elle a saisi l’occasion de
participer au lancement de RegionsJob. Aujourd’hui
Directrice des services Communication et Production de RegionsJob, elle a bien voulu nous donner sa
vision sur «le management au féminin», si tant est qu’il
existe, et nous faire part de sa propre expérience à
un poste à responsabilités…
Selon toi, en quoi «le management au féminin»
est-il différent du masculin ?
Le management est avant tout très personnel selon
moi ; il existe cependant des différences assez caractéristiques entre les hommes et les femmes dans la motivation à devenir manager. Finalement un peu à l’image
de l’engagement politique où les hommes ont tendance à considérer le pouvoir comme une fin alors que
les femmes l’envisagent comme un moyen - de faire
évoluer les choses.
Ainsi, les managers « hommes » se valorisent par ce
qu’ils parviennent à faire faire à leur équipe, alors que
les managers « femmes » auront tendance à mettre
davantage en avant la réussite de leur équipe. Elles ont
peut être moins l’impression que sans elles «rien ne serait possible !»
Côté masculin, l’approche du management me semble
plus manichéenne : plus de confrontation, d’opposition
directe, plus tranché. C’est utile et cela peut être très
efficace, mais poussé à l’extrême, cela peut aussi être
destructeur.
Côté féminin, l’approche se fait davantage dans
le partage : plus d’écoute, de dialogue, d’échanges.
Comme l’arrivée des femmes à des postes de management est finalement assez récente, elles sont parfois moins légitimes qu’un homme aux yeux des autres
(et pas seulement des hommes, certaines femmes aussi
entretiennent ces clichés). Par conséquent, les femmes
managers sont obligées de se conformer aux codes assez
masculins de l’entreprise tout en apportant leurs qualités propres. En résumé, pour reprendre une vieille pub,
c’est « un peu de douceur dans un monde de brutes » !
Et cela fait du bien à l’entreprise !
Quels sont ses atouts ?
Aujourd’hui le management old school est de plus en
plus mal supporté par les collaborateurs, notamment
par les nouvelles générations de travailleurs. Le travail
est une obligation certes, mais les salariés veulent se
sentir bien dans leur job.
Comment le management joue un rôle essentiel ? Le fait
d’écouter ses équipes, de dialoguer, de les impliquer,
de valoriser leur travail dans un projet collectif change
beaucoup la considération qu’ils ont d’eux-mêmes et
de l’entreprise.
Ceci dit, comme toujours la vérité se trouve entre
les deux. Pour moi, un bon manager empruntera aux
deux attitudes : à lui ou elle de connaître suffisamment
ses collaborateurs pour savoir quand il faut se montrer
plus ferme ou au contraire plus tolérant…
Ce n’est pas simple, mais tout l’intérêt et la richesse de
la conduite des hommes et des femmes réside ici !
53
En tant que femme, as-tu rencontré des
difficultés particulières au cours de ta carrière ?
Ma carrière s’est déroulée quasi exclusivement au sein
d’une entreprise dans laquelle je suis à la direction.
De ce fait, je n’ai globalement pas subi de difficultés réelles liées à ma condition de femme.
Bon, je n’ai pas échappé à quelques remarques sexistes,
mais je leur pardonne, ces messieurs avaient déjà
un certain âge…
Plus sérieusement, l’entreprise étant un monde masculin à la base, je m’efforce de gommer tous les clichés liés à la femme et à la mère, car c’est ce que l’on
reproche le plus aux femmes en général. Aussi, je ne
termine pas plus tôt, je ne refuse pas les réunions
tardives ou les déplacements, ni ne m’arrête pas dès que
mon enfant est malade, etc. (Non, non, non, je ne suis
pas une mauvaise mère !) Bref, je fais en sorte que l’on
ne puisse pas me reprocher quoi que ce soit vis à vis
de ma vie privée. Je trouverais cela insupportable.
Finalement, les seuls moments plus compliqués ont
été les congés maternité : là, pas d’autre solution que
de s’arrêter. Et la gestion de l’intérim reste ardue même
si elle est organisée.
Avoir des responsabilités dans une entreprise
rend-t-elle la conciliation vie pro/vie perso plus
difficile selon toi ?
pas avec les enfants quand on doit rester au bureau
ou pour le dossier que l’on n’a pas bouclé quand on est
en famille le week-end par exemple. Il est indispensable
de bien isoler les temps de vie : être à 100% au travail
ou avec sa famille, mais pas entre les deux. Ce n’est pas
simple mais c’est assez essentiel.
S’avouer (à soi et aux autres) que l’on ne peut pas tout
faire (bien j’entends) et se faire aider, là encore sans
culpabiliser. Pour améliorer la gestion quotidienne des
tâches domestiques et afin de favoriser ainsi une vie de
famille plus sereine. Dans ce cadre, il ne faut pas oublier de mettre à contribution son homme : pour avoir
une femme ultra-épanouie, à la fois heureuse dans
son job et dans sa vie perso, il y a quelques efforts
à faire !
Enfin, LE conseil ultime : être égoïste et se réserver
des moments « rien-que-pour-soi »… Shopping, sport,
ballade, spa, virée entre copines, peu importe, mais
se faire plaisir à soi ! Comment ? Il faut convenir avec
son conjoint d’une demi-journée le week-end où vous
n’êtes pas disponible par principe. Ou encore poser
de temps en temps un jour de congé et le consacrer à sa petite personne. Et non, on n’en profite pas
pour garder les enfants ce jour-là et c’est très bien
comme cela ! Voire même partir en week-end entre
copines ? Le bénéfice est instantané pour soi, profite
à toute la famille et finalement aux collaborateurs…
Sans hésiter, oui. Mais c’est aussi vital pour moi, je ne
veux pas choisir, alors, il faut bien composer !
La difficulté essentielle est basiquement temporelle :
avoir des responsabilités implique d’être présent. Mais
avoir des enfants aussi ! Alors assurer une écoute qualitative, se montrer disponible (et positive) aussi bien
pour ses collaborateurs que pour ses enfants demande
beaucoup d’énergie et d’organisation. Et il ne faut pas
oublier les autres personnes de notre vie : conjoint,
famille et amis… Malgré tout, je considère que c’est
un vrai luxe de conjuguer job intéressant, enfants et vie
sociale. Et je sais que le luxe a un prix !
Finalement, quels conseils donnerais-tu aux
femmes qui souhaitent mener de front un poste
de dirigeante et une vie de mère de famille ?
« Acheter » des nerfs d’acier, s’organiser au maximum
pour ne rien oublier, ne pas être parasitée par les événements mineurs et être efficace sur tous les fronts…
Un autre point très important est de ne pas se
culpabiliser inutilement : pour le temps que l’on ne passe
54
Marlène Schiappa
Marlène est directrice éditoriale de l’agence Pampa Presse, qui produit du contenu
pour le web : Yahoo! pour Elles, Yahoo! Finances, Monnaie Time, MSN Finances,
Amaury, etc. Blogueuse, formatrice web, entrepreneuse, elle est également fondatrice
du réseau de mères actives « Maman travaille », membre des Mompreneurs françaises,
des Vigilantes, des Etats généraux de la femme ELLE, et de plusieurs jurys liés à
l’entreprenariat féminin sur le web. Marlène est aussi auteure et scénariste.
www.mamantravaille.fr
Zoom sur les concours d’entrepreneuses
Les femmes sont nombreuses à entreprendre. Envie
de liberté, conviction que l’entreprenariat permet de
percer le plafond de verre, volonté de mieux concilier
vie familiale et carrière… Les motivations sont nombreuses, et les freins aussi. En témoigne le phénomène des Mompreneurs, ces mères entrepreneuses,
ont le nombre toujours croissant fascine – à tort ou à
raison – les médias.
Mais trop souvent, les concours liés à l’entreprise et
l’entreprenariat sont trustés par les messieurs. Il suffit
de jeter un œil à la page « candidats » de la fameuse BFM
Académie… Désirs inconscients ou non de se coopter
entre soi, plus grande facilité d’accès ou meilleur culture
du concours, les raisons de cette sur-affection et de
cette surreprésentation de nos collègues masculins sont
multiples et difficilement analysables à une telle échelle
sans se lancer dans une discussion sur les stéréotypes
de genre.
Lors du 3ème Forum des Femmes de Suresnes le 8 mars
dernier, une adjointe au Maire amorçait une tentative
d’explication, et expliquait « Quand il s’agit d’être bénévole ou volontaire, les filles sont là. Dès qu’il s’agit d’un
concours, d’une élection ou de se mettre en parallèle à
d’autres, les filles se retirent de la course. »
Etats-Unis, depuis des années, des prix récompensent
les meilleurs entrepreneuses, comme Valérie Orsoni, CEO
de LeBootCamp, « Prix de la femme d’affaires 2007 » et
« Prix Artémis de l’éthique dans les affaires ».
Toutefois, être une femme n’est pas suffisant pour remporter un de ces concours, et pour cause. Comme le
disait François Giroud (fréquemment citée en ce mois de
la Journée de la Femme) « Être une femme n’est pas une
incompétence, ce n’est pas une compétence non plus. »
Anne-Laure Vincent, cofondatrice du Prix de la Mompreneur, l’affirmait en conférence : « Le jury du Prix de
la Mompreneur regarde le côté business… pas le côté
maman. » Comme dans tout concours, un solide business
plan est la locomotive qui fait avancer le reste du train.
Les femmes ont-elles besoin de concours
« genrés » ?
Les femmes ont-elles besoin de concours spécifiques à
leur sexe ? Oui, si l’on en croit le nombre exponentiel
de candidatures reçues par les organisatrices : « 500
dossiers complets » expliquait récemment Nora Esnault,
fondatrice du Prix de l’Entrepreneuse. Alors les sousdossiers « femmes », « woman », « au féminin » se multiplient. Oxatis décerne par exemple un prix catégorie «
business woman » aux meilleures entrepreneuses. Aux
Focus sur trois concours d’entrepreneuses :
Power Starter Cyber Elles
Le concours « Power Starter » s’adresse aux entrepreneuses venues de quartiers dits « sensibles » (ZUS, ZFU
ou villes difficiles). Il a été créé en 2010 sous l’impulsion
55
de Séverine Smadja, Présidente d’honneur du réseau
Cyber Elles. Impliquée dans ce réseau « des femmes qui
font le web » pendant dix ans, elle a ressenti le besoin
de se tourner vers des femmes qui avaient moins accès
aux concours, aux réseaux ou aux prix. Marrainée par
Nathalie Kosciusko-Morizet la première année, il fédère
une dizaine de professionnels au sein de son jury dont
je fais partie et dont Maman travaille est partenaire. Les
lots sont aussi variés qu’impressionnants (services de
coaching privé, relations presse, prestations…)
Plus d’infos : mamantravaille.typepad.fr/maman_travaille/2009/11/power-startercyberelles-lance-un-grand-concours-pour-les-entrepreneuses-web-des-quartiers.
html
Prix de l’Entrepreneuse
Nora Esnault, à la tête du portail « Entrepreneuses Mag »,
a organisé en 2010 la cérémonie du « Prix de l’Entrepreneuse » pour la deuxième année consécutive. Son jury,
présidé par Catherine Barba (CEO de Malinéa, qui a démarré avec Marc Simoncini) décerne des prix dans plusieurs catégories dont l’auto-entrepreneuse de l’année
ou l’étudiante entrepreneuse de l’année. Ce prix a été
marrainé par Hapsathou Sy d’Ethnicia, puis par Sandra
Le Grand.
Prix de la Mompreneur de l’année
Remis pour la première fois au Salon des Micro-entreprises par Hervé Novelli (le « père » du controversé statut
d’auto-entrepreneur), ce prix récompense la meilleure
entreprise montée par une mère. Le prix de la Mompreneur est organisé par l’association Mompreneurs France
(à ne pas confondre avec les Mompreneurs françaises) et
propose de remporter entre autres des espaces de publicité sur le site Auféminin.com et des prestations offertes
par PayPal. La marraine de cette année était également
Sandra La Grand, preuve que les entrepreneuses ne sont
pas (encore) si nombreuses ! Alors Mesdames, on sort
du bois ?
Plus d’infos : concours.mompreneurs.fr/index.php/blog/articles/4/lancement-de-la2eme-edition-du-Prix-de-la-mompreneur-de-lannee-avec-PayPal-et-auFeminin.com
Inspirées par ces prix prestigieux, les régions, collectivités locales et organisent de plus en plus de prix dédiés
aux entrepreneuses. N’hésitez pas à vous renseigner…
Et à candidater !
Plus d’infos : yahoo.mamantravaille.fr/maman_travaille/2010/11/prix-delentrepreneuse-2010-cest-parti-.html
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Conclusion
La prise en compte de la mixité est aujourd’hui plus que jamais un véritable
enjeu sociétal et économique. Et c’est sans doute cela le plus frustrant.
La France a tout pour mettre pleinement en œuvre l’égalité. Contrairement
à d’autres pays, les femmes bénéficient d’un système de santé avantageux,
ont accès à l’éducation, aux hautes études… L’égalité professionnelle fait
partie des négociations collectives en entreprise et rappelons-le encore
une fois, « toute entreprise de plus de 50 salariés a l’obligation d’établir un
rapport annuel de situation comparée des conditions générales d’emploi
et de formation des femmes et des hommes ». Mais même avec tout cela,
il aura fallu imposer un quota obligatoire de femmes dans les administrations
des grandes entreprises françaises pour que la mixité soit effective. Plutôt
décevant non ?
Pour autant, les femmes ne se laissent pas abattre, et elles ont bien raison !
Elles créent, sont coachées, investissent les secteurs traditionnellement
masculins tout comme la toile, réseautent, rient parfois aussi d’elles mêmes…
Tout cela sans finalement trop stigmatiser les hommes, et c’est tout à leur
honneur. Et toujours, avec cette volonté de tout concilier.
Mais la femme parfaite n’existe pas. Tout comme l’homme parfait n’existe
pas. Hommes et femmes sont complémentaires. Suffit que les entreprises
et leurs dirigeants s’en rendent enfin compte. Mais pour cela, il faudra être
patiente. Et les femmes ont, malgré elles, appris à l’être.
En attendant, réjouissons-nous de l’incroyable dynamisme des femmes,
regroupées en réseaux ou non, dirigeantes, salariées ou indépendantes.
Et pourvu qu’elles « rayonnent» pour ouvrir la voie aux autres.
Priscilla Gout, rédactrice web
contact : [email protected] - Tél. 02 23 44 84 21
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A PROPOS DE REGIONSJOB SAS
Réseau national leader de l’emploi et de la formation
sur Internet, RegionsJob.com accompagne les candidats tout au long de leur vie professionnelle (emploi,
formation), les entreprises dans leur quotidien RH
(recrutement, formation) et les centres de formation
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les candidats de niveau Bac à Bac +5, jeunes diplômés
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Les candidats accèdent gratuitement à des services
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plus de 25 000 offres d’emploi, de stage et de formation
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Atypique sur le marché des JobBoards, RegionsJob
est en fait bien plus qu’un site emploi ! Précurseur
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RegionsJob scrute, décrypte et innove pour ses utilisateurs en leur proposant des solutions vraiment utiles
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Avec plus de 4,9 millions de visites et 2,7 millions
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Partenaire privilégié de l’ANDRH (Association Nationale des Directeurs des Ressources Humaines),
RegionsJob s’implique auprès des professionnels des
RH et s’engage envers les candidats. RegionsJob est
aussi signataire de la Charte « A Compétence Egale »
pour le respect de l’éthique professionnelle dans
le recrutement.
RegionsJob SAS a comme actionnaires Le Télégramme,
Le Monde et Le Nouvel Observateur. En septembre
2007, la société s’est associée avec le Groupe Amaury
pour créer ParisJob SAS - éditeur du site ParisJob.com.
(* sources : Xiti – Sept. 2010 - OJD Janvier 2011).
www.regionsjob.com
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