L`exigence de la candeur

Transcription

L`exigence de la candeur
MATTHIEU 7.1-6
Introduction
Scie électrique
Une scie électrique est, pour le bricoleur avisé que je suis, une bénédiction remarquable. Cet outil coupe facilement et
correctement le bois. Mais j'ai appris à mes dépens qu'il est délicat à manier. Il peut blesser autant qu'aider.
La manière dont nous utilisons notre bouche reflète un peu l'utilisation de cette scie. Nos paroles peuvent servir au
bien, comme elles peuvent servir au pire.
Nous reprenons notre série sur Matthieu. Au cours du sermon sur la Montagne, Jésus va évoquer ce sujet. Comment
devons nous parler aux autres. Quel que soit le contexte de votre communication : père, mère, collègue, voisin,
serviteur de cellule, ancien, diacre, responsable d'une activité…
Lecture : Matthieu 7.1-6
" 1 Ne jugez point, afin que vous ne soyez point jugés.
2 Car on vous jugera du jugement dont vous jugez, et l'on vous mesurera avec la mesure dont vous
mesurez.
3 Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et n'aperçois-tu pas la poutre qui est dans ton
œil ?
4 Ou comment peux-tu dire à ton frère, Laisse-moi ôter une paille de ton œil, toi qui as une poutre dans
le tien ?
5 Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors tu verras comment ôter la paille de l'œil de
ton frère.
6 Ne donnez pas les choses saintes aux chiens, et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur
qu'ils ne les foulent aux pieds, ne se retournent et ne vous déchirent. "
Dieu veut développer en nous une gentillesse prudente, quelque chose qui se
rapproche de la candeur, alors que nous nous occupons des âmes.
Selon le dictionnaire, la candeur est la [qualité d'une personne pure et innocente,
sans défiance. Opp. : dissimulation, fourberie, ruse.]
Ecume la critique (7.1-2)
" 1 Ne jugez pas, afin de ne pas être jugé. 2 C'est du jugement dont vous jugez qu'on vous jugera, de la mesure
dont vous mesurez qu'on vous mesurera. "
Notre texte ce matin commence par un commandement impérieux : " ne jugez pas ! " Comme d'habitude dans les
propos du Christ, ce n'est pas ici l'expression d'un vœu ou la présentation d'une option. C'est obligatoire ! C'est une
exigence pour le disciple du Christ. " Ne juge pas ! " Si tu appartiens à Christ, tu ne jugeras pas.
Bien entendu, il faut comprendre correctement l'objet du jugement en question. S'agit-il de ne plus rien juger, de ne
juger de rien, de ne juger personne ? D'être éternellement crédule, naïf, ou encore tolérant de tout comportement,
de toute pensée, de toute doctrine, de tout vice ?
Vous avez remarqué que notre texte se termine par le devoir de ne pas donner de trésor à des chiens ou à des
cochons. Il est impossible de se dire qu'une personne est une sorte de cochon, sans passer par un jugement !
Ce commandement n'est donc pas un appel à fermer les yeux sur tout. Dans le même chapitre, Jésus nous
invite à prendre garde aux faux prophètes (7.15), qui ont l'odeur des vrais prophètes, le look des vrais
prophètes, la couleur des vrais prophètes — mais qui n'en sont pas !
Jésus prononce à l'encontre des Pharisiens les paroles les plus dures. En 10 versets il les traite ainsi :
" hypocrites, conducteurs aveugles, insensés, aveugles, sépulcres blanchis, remplis d'hypocrisie et d'impureté,
serpents, race de vipères " (Matt 23.13-32). Si cela, ce n'est pas un jugement…!
Tout le N.T. nous appelle à une saine évaluation des gens et des enseignements :
Rom. 16.17 : "Je vous exhorte, frères, à prendre garde à ceux qui causent des divisions et des scandales,
au préjudice de l'enseignement que vous avez reçu. Eloignez-vous d'eux."
1 Cor 11.31: "Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés," [Cène]
1 Cor. 12.1: "Pour ce qui concerne les (dons) spirituels, je ne veux pas, frères, que vous soyez dans
l'ignorance".
2 Cor 10.5-6: "5 Nous renversons les raisonnements et toute hauteur qui s'élève contre la connaissance
de Dieu, et nous amenons toute pensée captive à l'obéissance de Christ. 6 Nous sommes prêts aussi à
punir toute désobéissance, lorsque votre obéissance sera complète".
Gal. 2.11-14 Paul a dû affronter Pierre et le corriger publiquement parce qu'il ne marchait pas droit.
Phil. 3.2: "Prenez garde aux chiens, prenez garde aux mauvais ouvriers, prenez garde aux faux circoncis."
Col. 2.18 "Que personne, sous une apparence d'humilité et par un culte des anges, ne vous ravisse à son
gré le prix de la course; tandis qu'il s'abandonne à ses visions, il est enflé d'un vain orgueil par ses
pensées charnelles,"
1Tim. 3-4 "Je te rappelle l'exhortation que je t'adressai à mon départ pour la Macédoine, lorsque je
t'engageai à rester à Ephèse, afin de recommander à certaines personnes de ne pas enseigner d'autres
doctrines, 4 et de ne pas s'attacher à des fables et à des généalogies sans fin, qui produisent des
discussions plutôt qu'elles n'avancent l'œuvre de Dieu dans la foi."
Tit. 1.9-11 "[Le serviteur de Dieu doit être] attaché à la vraie parole telle qu'elle a été enseignée, afin
d'être capable d'exhorter selon la saine doctrine et de réfuter les contradicteurs. Il y a, en effet, surtout
parmi les circoncis, beaucoup de gens rebelles, de vains discoureurs et de séducteurs, auxquels il faut
fermer la bouche. Ils bouleversent des familles entières, enseignant pour un gain honteux ce qu'on ne doit
pas enseigner."
1 Jean 1.7-11: "Car plusieurs séducteurs sont entrés dans le monde, et ne déclarent pas publiquement
que Jésus-Christ est venu en chair. Celui qui est tel, c'est le séducteur et l'Antéchrist. 8 Prenez garde à
vous-mêmes, afin que vous ne perdiez pas le fruit de votre travail, mais que vous receviez une pleine
récompense. 9 Quiconque va plus loin et ne demeure pas dans la doctrine de Christ n'a point Dieu; celui
qui demeure dans cette doctrine a le Père et le Fils. 10 Si quelqu'un vient à vous et n'apporte pas cette
doctrine, ne le recevez pas dans votre maison, et ne lui dites pas: Salut !"
Jude 1.3-4: "Bien-aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me
suis senti obligé de le faire afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints
une fois pour toutes..."
Apoc. 2.20 [Jésus dit à l'Eglise de Thyatire] : "mais ce que j'ai contre toi, c'est que tu laisses la femme
Jézabel, qui se dit prophétesse, enseigner et séduire mes serviteurs, pour qu'ils se livrent à l'inconduite et
qu'ils mangent des viandes sacrifiées aux idoles…"
Ni Paul, ni Pierre, ni Jean, ni Jude ne sauraient contredire Jésus Christ. Ce que Christ interdit ici, c'est le sport
favori des scribes et des Pharisiens : le jugement selon l'apparence (6.1ss). Le classement des hommes entre
les bons et les mauvais sur une base artificielle, souvent faite d'orgueil. C'est se soucier toujours des fautes des
autres, lorsqu'on est soi-même rempli de fautes. C'est croire que si l'on maîtrise une tentation, ceux qui ne l'ont
pas maîtrisée sont des nuls, et ne pas voir que l'on est tombé dans l'orgueil.
Je suis sûr qu'il vous est déjà arrivé de vivre la même chose. De se sentir fort à un moment donné, et d'être
dur envers un frère qui est tombé, sans réaliser que l'arrogance est toute aussi grave que le péché du frère…
Vous le savez, Dieu nous appelle à venir à Lui tel que nous sommes. Avec seulement nos cœurs et notre foi, et notre
désir de Lui. On n'attend pas d'être quelqu'un de bien pour venir à lui. C'est lui, Jésus Christ, qui nous transforme en
quelqu'un de bien. Et beaucoup de gens louches venaient à Christ : " Comme Jésus était à table dans la maison, voici,
beaucoup de publicains et de gens de mauvaise vie vinrent se mettre à table avec lui et avec ses disciples. " Et cela
dérangeait énormément les grands hommes spirituels : " Les pharisiens virent cela, et ils dirent à ses disciples,
Pourquoi votre maître mange-t-il avec les publicains et les gens de mauvaise vie ? "(Matt. 9.10-11)
Nous en avons une superbe histoire qui évoque ce contraste en Luc. 7.36-50 :
" 36 Un pharisien pria Jésus de manger avec lui. Jésus entra dans la maison du pharisien, et se mit
à table. 37 Et voici, une femme pécheresse qui se trouvait dans la ville, ayant su qu'il était à table
dans la maison du pharisien, apporta un vase d'albâtre plein de parfum, 38 et se tint derrière, aux
pieds de Jésus. Elle pleurait; et bientôt elle lui mouilla les pieds de ses larmes, puis les essuya avec
ses cheveux, les embrassa, et les oignit de parfum. 39 Le pharisien qui l'avait invité, voyant cela, dit
en lui-même, Si cet homme était prophète, il saurait qui et de quelle espèce est la femme qui le
touche, il saurait que c'est une pécheresse. 40 Jésus prit la parole, et lui dit, Simon, j'ai quelque
chose à te dire. -Maître, parle, répondit-il. - 41 Un créancier avait deux débiteurs, l'un devait cinq
cents deniers, et l'autre cinquante. 42 Comme ils n'avaient pas de quoi payer, il leur remit à tous
deux leur dette. Lequel l'aimera le plus ? 43 Simon répondit, Celui, je pense, auquel il a le plus
remis. Jésus lui dit, Tu as bien jugé. 44 Puis, se tournant vers la femme, il dit à Simon, Vois-tu
cette femme ? Je suis entré dans ta maison, et tu ne m'as point donné d'eau pour laver mes pieds;
mais elle, elle les a mouillés de ses larmes, et les a essuyés avec ses cheveux. 45 Tu ne m'as point
donné de baiser; mais elle, depuis que je suis entré, elle n'a point cessé de m'embrasser les pieds.
46 Tu n'as point versé d'huile sur ma tête; mais elle, elle a versé du parfum sur mes pieds. 47 C'est
pourquoi, je te le dis, ses nombreux péchés ont été pardonnés, car elle a beaucoup aimé. Mais celui
à qui on pardonne peu aime peu. 48 Et il dit à la femme, Tes péchés sont pardonnés. 49 Ceux qui
étaient à table avec lui se mirent à dire en eux-mêmes, Qui est celui-ci, qui pardonne même les
péchés ? 50 Mais Jésus dit à la femme, Ta foi t'a sauvée, va en paix. "
Christ accueil l'homme et la femme pécheurs qui viennent à lui humblement. Christ est celui qui transforme les
cœurs, et nous sommes en route vers une vie de gloire. Ce que Christ nous demande, c'est de cesser ce jeu
constant de comparaison entre les hommes. Cette évaluation, cette mesure de l'âme et de la valeur des autres,
sur une base gratuite, ou des bases extérieures. Jésus résume admirablement son propos en Jean 7.24 : " ne
jugez pas selon l'apparence mais selon un juste jugement "
John Wesley parlait d'un homme pour lequel il avait peu de respect parce qu'il considérait qu'il était avare et
envieux. Un jour, quand cet homme ne donna qu'une petite offrande à une œuvre de charité, Wesley le critiqua
ouvertement. Après cet incident, l'homme alla trouver Wesley en privé et lui dit que cela faisait plusieurs
semaines qu'il vivait de pain et d'eau. Il lui expliqua qu'avant sa conversion, il avait contracté beaucoup de
dettes. Maintenant, en épargnant sur tout et en ne s'achetant rien pour lui-même, il remboursait ses créanciers
un par un. "Christ a fait de moi un honnête homme, dit-il, et alors avec toutes ces dettes à rembourser, je ne
peux que faire de petites offrandes en plus de ma dîme. Je dois régler mes comptes avec les autres et leur
montrer ce que la grâce de Dieu peut faire dans le cœur d'un homme qui était autrefois malhonnête". Wesley
s'excusa auprès de l'homme et lui demanda pardon.
S'il nous faut évaluer quelqu'un (un devoir fréquent même dans la vie de tous les jours), nous devons être vrais
et justes.
Il est parfois nécessaire, impératif, de reprendre quelqu'un. Tite 3.10 : " Eloigne de toi après un premier et un second
avertissement celui qui cause des divisions. " Si tu dois reprendre quelqu'un qui s'est planté (dans sa doctrine, dans
son comportement, dans ses paroles, ou dans ses actes), tu dois le faire avec douceur. 2 Tim. 2.24 : "Or, il ne faut
pas qu'un serviteur du Seigneur ait des querelles; il doit, au contraire, être affable pour tous, propre à enseigner,
doué de patience;"
Gal 6.1 : " Frères si un homme vient à être surpris en quelque faute, vous qui êtes spirituels, redressez-le avec
douceur. Prends garde à toi-même, de peur que toi aussi, tu ne sois tenté. "
Pour nous donner une vision plus forte de l'importance de l'obéissance à ce commandement, Jésus présente deux
répercussions à notre désobéissance :
" afin de ne pas être jugés. " Tout jugement d'un autre individu invite le jugement. Peut-être le jugement des
autres — tant il est vrai que l'homme aime répondre par le mal. Sûrement aussi, le jugement de Dieu. Un peu
comme lorsqu'on entend un enfant critiquer un autre, on reprend ses propos pour les placer sur ses propres
épaules, afin de tenter de lui faire comprendre !
" c'est du jugement dont vous jugez qu'on vous jugera, de la mesure dont vous mesurez qu'on vous mesurera "
(7.2). C'est par les mêmes outils de mesure que nous serons mesurés ! On voit quelqu'un réagir mal, on le
critique, et Dieu dit : OK, regardons maintenant comment toi tu réagirais ! On voit quelqu'un pleurer suite à une
situation difficile, on se moque un peu, et Dieu dit : je remarquerai comment tu fais face aux difficultés…
L'apôtre Paul était confronté à de vertes critiques de la part de l'Eglise de Corinthe. En leur écrivant, Paul est
assez ironique : " Nous n'osons pas nous égaler ou nous comparer à quelques-uns de ceux qui se
recommandent eux-mêmes. Mais, en se mesurant à leur propre mesure et en se comparant à eux-mêmes, ils
manquent d'intelligence. " (2 Cor 10.12)
Avant d'aborder l'antidote, permettez-moi de vous donner quelques domaines où il est nécessaire de veiller à la
critique :
En tant que parents. Je crains les paroles que j'adresse à mes enfants. Je ne veux surtout pas leur donner
l'idée que la croissance spirituelle est facile, que l'obéissance est facile, que mourir à soi-même n'est jamais
douloureux. Je veux qu'ils sachent que lorsqu'il est dur pour eux d'accepter par la foi qu'une chose n'est pas
bonne pour eux, c'est aussi dur pour moi, que lorsqu'ils pèchent contre leur mère ou leur père, ils peuvent
trouver un plein pardon, et qu'ils sachent que moi j'ai besoin de leur demander pardon. Attitudes. Douceur dans
les propos.
Par rapport à mes collègues. Par rapport au gouvernement (soumission confiante, se préoccupant de prier et de
vivre en modèle)
Par rapport aux frères. Il arrive que l'on partage des informations " pour la prière, bien sûr ! " et que ces
informations contiennent un jugement de la personne, une critique qui va au-delà de la réalité.
Les péchés de nos paroles sont plus lourds de conséquences que bien d'autres péchés. Si tu voles, tu n'offense qu'une
personne. La malveillance est au Corps du Christ ce que le cancer est au corps humain. Si tu critiques, tu enflammes
un peuple. Tu détruis le Temple de Dieu qui est l'Eglise. La langue est un venin, nous rappelle Jacques, enflammée
par le diable.
Il existe plusieurs moyens de cesser de critiquer. Ce qui est difficile, tant la critique est attachée à notre habitude
humaine. Je vous propose trois moyens d'inverser la vapeur.
Remplacer par la prière. Chaque fois que vous entendez une critique, priez pour la personne en cause, afin
que votre cœur ne s'endurcisse pas contre elle. Dès que vous souhaitez critiquer, priez, pour que votre cœur se
remplisse de bienveillance.
Cultiver une vertu opposée. Chaque fois que la critique surgit, je vais chercher à la remplacer une attitude
d'amour… par une attitude d'espérance… de patience… de service… J'ai lu l'histoire touchante d'un jeune homme
confronté sur son lieu de travail à une critique constante des uns par les autres. En chrétien sincère, il était
chagriné par cet état de fait, et il mit au point une stratégie. Il prit un des employés à part, et posa une
question visant à tirer un compliment sur un autre employé : " ne trouves-tu pas que Chantal gère bien ses
contacts clientèle ? " " c'est clair, elle est très proche d'eux… ". Le lendemain, il prit Chantal à part et lui dit
" tu sais ce que m'a dit Richard ? Il m'a dit que tu étais super avec la clientèle. " Rougissant un peu, elle dit :
" c'est chouette de faire partie d'une équipe comme la nôtre. " En quelques jours, l'atmosphère de l'entreprise
avait complètement changée.
Utiliser nos observations pour chercher à grandir soi-même. C'est le point suivant.
Veille à ta croissance (7.3-5)
" 3 Pourquoi vois-tu la paille qui est dans l'œil de ton frère, et ne remarques-tu pas la poutre qui est dans ton œil ? 4
Ou comment dis-tu à ton frère : Laisse-moi ôter la paille de ton œil , alors que dans ton œil, il y a une poutre ? 5
Hypocrite, ôte premièrement la poutre de ton œil, et alors, tu verras comment ôter la paille de l'œil de ton frère. "
Le verset trois commence par un " pourquoi " auquel il est difficile de répondre. Pourquoi sommes-nous autant
capables d'observer le mal chez autrui, et si peu enclins à le voir chez nous ? Pourquoi Jonas pouvait-il voir les
Ninivites avec tant de mépris pour leurs péchés, sans voir son propre péché ?
L'orgueil. Quand on voit les fautes d'un autre, on se sent meilleur, saint, puissant, supérieur. C'est "
formidable " pour notre chair de savoir qu'un autre est pire ! On se sent plus grand quand on regarde d'en haut
.
La ‘fainéantise.' Elle me permet de fermer les yeux sur mes propres péchés, que je juge inférieurs en gravité.
Tant que je pense que d'autres sont pires, je n'ai à m'inquiéter de ma vie spirituelle, n'est-ce pas ? ceci cultive
une tendance naturelle à la paresse spirituelle…
Notre conscience. Nous savons plus ou moins intuitivement que certains traits de caractère sont à développer
en nous. La frustration de les voir si faibles nous rend sensibles à leur absence chez d'autres. On remarque plus
facilement chez les autres ce qui précisément nous manque.
Plusieurs similitudes unissent la " paille " et la " poutre. "
Toutes les deux empêchent de voir. S'il est vrai que la seconde laisse des dommages permanents, la première
provoque une gêne identique quant à la vue.
Lorsque vous avez ne serait-ce qu'une poussière dans l'œil, il est quasiment impossible de faire un travail
manuel précis — encore moins un travail de chirurgien.
L'idée du Christ, c'est que le péché aveugle ou rétrécit notre vision. Il nous rend incompétent.
Un aveugle ne peut conduire un autre aveugle sans risquer la catastrophe. Il devient aberrant de vouloir aider
quelqu'un. Et celui qui le voudrait ne fait que l'œuvre d'un comédien, un acteur, quelqu'un qui met un masque (c'est
ce que veut dire hypocrite).
Par cette illustration, Christ rappelle combien la base d'un ministère, c'est le caractère. C'est ce que l'on est qui
nous donne le droit de parler à quelqu'un, ou de l'enseigner.
Être " irréprochable " est l'une des qualités requises d'un ancien (c'est-à-dire qu'on ne peut remporter un procès
contre lui). Cela ne veut pas dire la perfection, mais le fait que tout ce que l'on découvre de lui était déjà
connu, qu'il avance dans la lumière avec humilité.
Ainsi, le désir de juger (une saine préoccupation parfois) doit être simplement réorienté : vers soi-même. C'est
comme si nous avions un outil constant d'évaluation, un radar toujours en éveil. On peut le faire travailler sur
différentes zones, le Christ voudrait que nous le fassions fonctionner sur nous-mêmes, pour aspirer à la croissance. Le
désir de critique, c'est un peu comme le faisceau d'une lampe de poche. Il n'éclaire qu'une zone à la fois. Si vous
éclairez un endroit, vous ne pourrez en éclairer un autre. Christ dit : éclaire donc tes propres pas.
Cela comporte un certain danger… Permettez que j'en explicite deux :
Les plus zélés parmi nous vont prendre ce commandement pour en faire de l'introspection ! Ceux qui se
lancent dans cette démarche terminent souvent découragés, et arrêtent tout. Moi je préfère ne pas ouvrir une
fosse septique, ça sent mauvais ! Donc remplaçons l'introspection par la confiance et le développement
progressif de notre piété… Nous sommes renouvelés par l'action de Dieu, dans la mesure où nous le laissons
faire.
Les plus spirituels ne se manifestent pas seulement par une vie irréprochable, mais par une vie de douceur.
Corriger un autre doit se faire dans l'esprit du Christ. Souvenez-vous que Christ corrige les excès de ceux qui
jouaient aux " religieux " indépendamment de la justice qui vient de Dieu par la foi et la confiance (comparer.
5.20 & 48). Contre eux, Christ a les mots les plus durs.
Pour imager…
Imaginez un instant que toutes les recommandations que nous ayons jamais données à d'autres soient écrites à
notre droite, sur un rouleau. Imaginez que sur notre gauche soient écrites toutes les actions qui ont violé nos
propres recommandations. Ce n'est déjà pas très cool ! Cela s'appelle de l'hypocrisie.
Imaginez maintenant qu'à notre droite se trouvent non plus nos recommandations, mais nos critiques. Et qu'à
notre gauche se trouvent nos manquements directement liés à nos critiques ! C'est pire que de l'hypocrisie !
Christ voudrait que nous cessions ceci pour nous concentrer sur notre propre croissance.
Le roi Cambyse (Perse) fit exécuter un juge qui avait accepté un pot de vin pour rendre un jugement. Il fit
couvrir la chaise du juge avec sa peau, afin que les juges rendant leur sentence dans ce tribunal se souviennent
de son sort
Un des hommes de Dieu des temps passés a écrit : ‘que l'on sache que la plus grande entreprise de ma vie est la
sanctification de mon âme.'
Conseille avec prudence (7.6)
" 6 Ne donnez pas ce qui est saint aux chiens et ne jetez pas vos perles devant les pourceaux, de peur qu'ils ne les
foulent aux pieds et ne se retournent pour vous déchirer. "
Les chiens et les porcs n'ont pas bonne presse dans la Bible !
Les chiens de la Bible ne ressemblent pas aux caniches des maisons françaises. Ils étaient plutôt les ennemis
des hommes. Ils rodaient en bandes, étaient souvent malades, et constituaient une menace pour la santé, pour
les enfants et pour ceux qui voyageaient seuls.
Un avion faisant le trajet Boston - San Francisco a récemment été mis en danger par un chien qui s'est libéré de
sa cage. Il s'est mis à mordiller les fils électriques du train d'atterrissage du 767, allumant un signal d'alarme
dans le cockpit. Les 159 passagers de ce 24 juillet 99 ont cru qu'ils atterrissaient sans roues ! Cela peut être
dangereux, un chien !
Quant aux pourceaux, c'étaient des animaux impurs selon la loi de Moïse. Ils étaient répugnants pour la
population de l'époque. Leur élevage ou leur consommation étaient interdits.
Ces deux animaux sont utilisés dans la Bible comme illustration d'hommes mauvais, ou rusés pour le mal, et
dont il faut se protéger. Phil. 3.2 : " prenez garde aux chiens, prenez gardes aux mauvais ouvriers, prenez
garde aux faux circoncis. "
Par leur saleté constante ou par leur comportement, ces animaux illustrent la condition de quelqu'un qui fait un
pas avec Christ, découvre un peu de sa splendeur, mais fait marche arrière et se vautre dans le péché : " Le
chien est retourné à son vomissement, et la truie à peine lavée va se vautrer dans le bourbier " (2 Pie 2.22)
Ce qui est saint représente plusieurs choses dans la Bible :
les chrétiens sont appelés des saints (Ac. 9.32 — et il n'est pas bon de donner des saints en pâture aux chiens !
— comme résultat du pardon complet de Dieu (Rom. 15.26)
notre vocation, notre appel ou service chrétien est saint (2 Tim. 1.9)
notre comportement lorsqu'il reflète l'abandon au Saint Esprit. Est saint tout ce qui est bon et parfait et séparé
du mal (1 Cor. 7.34)
Ce qui est saint, c'est tout ce qui est pur, vrai, séparé de tout mal, soit en
comportement, soit en parole.
La perle évoque évidemment ce qui est précieux, et qui a de la valeur — vraie ou vaine (1 Tim. 2.9, Apoc. 17.4). Par
extension, cela s'appliquait à des proverbes, des maximes utiles pour vivre sagement. Apoc. 21.21 nous dit que les 12
portes de la nouvelle Jérusalem seront faites de douze perles.
Ainsi quand Jésus dit de ne pas donner ce qui est saint aux chiens, ni des perles à des pourceaux, il met en garde
celui qui possède des choses bonnes et précieuses à communiquer. Le chrétien n'est pas un distributeur aveugle de
choses bonnes, précieuses et saintes. Il doit exercer un discernement pour savoir s'il est approprié de parler ou de ne
pas parler, de reprendre ou de ne pas reprendre quelqu'un.
Prov. 9.8 " Ne reprends pas le moqueur, de crainte qu'il ne te haïsse; Reprends le sage, et il t'aimera. "
Essayez de donner une montre Seïko à un chien affamé ou enragé. Vous verrez comment il vous traitera ! Il
laissera la Seïko et vous dévorera.
Il y a eu des temps dans ma vie chrétienne où je me suis fermé à tout conseil. Je suis devenu un peu comme
un chien ou un pourceau — nous pouvons endurcir nos cœurs… Je suppose que cela vous est arrivé aussi.
Il y a des gens à qui j'ai parlé, qui ne voulaient pas entendre. Au début de ma vie chrétienne et dans mes
premiers pas dans le ministère, j'ai forcé beaucoup de paroles, beaucoup de conseils. Aujourd'hui, je réalise
qu'un cœur qui n'est pas prêt à entendre, n'écoutera pas. Non seulement les paroles ne serviront à rien, mais
en plus, on risque de se blesser par des retours de manivelles. On peut se faire dévorer, fouler au pieds,
déchirer.
Je dois apprendre à compter que le Saint Esprit va me faire discerner son œuvre dans les cœurs, pour dire ce
qui est approprié à un chrétien.
Comment discerner ?
Celui qui est fermé à cause de la souffrance a besoin de compassion, de compréhension.
Celui qui est fermé à cause du péché, a besoin d'une courte exhortation douce et ferme. Associée à
beaucoup de prières, car c'est Dieu qui donne la repentance.
Celui qui est fermé à cause de sa propre décision d'être fermé, n'a besoin de rien que d'attendre la mort.
Son endurcissement conduira à sa mort physique (si j'ai bien compris 1 Jean ), en attendant le salut de
l'âme et le jugement du tribunal du Christ.
Même chose pour les non chrétiens. Les premières fois où j'ai lu les Évangiles, j'ai trouvé que Jésus ne répondait pas
toujours aussi bien ou aussi complètement que moi, (pardonnez du peu !) je l'aurais fait !
Dans cette phase unique de la vie chrétienne, je pensais qu'on pouvait prouver la vérité, et que par cette
preuve, tout le monde accepterait le Christ. Pas vraiment ! Donner à tous de la même manière, n'est pas
approprié.
Parfois Jésus refusait de répondre (Matt 27.12). Parfois il parlait en paraboles pour éprouver le degré d'intérêt
pour le spirituel et éviter que ses auditeurs ne soient davantage condamnés par leur refus conscient (Matt
13.10-13).
Un jour, je prenais le métro et en sortant, j'ai remarqué un jeune homme qui débitait, du haut des marches, un
ensemble de paroles qui contenaient le message de l'Évangile. La rapidité du débit semblait indiquer une grande
nervosité ! La monotonie du ton semblait indiquer peu de confiance dans la force de ces propos. Si je me
réjouis de toute action visant à la communication de l'Évangile, il me semble que l'Évangile n'était pas présenté
pour être vécu, ni le Christ annoncé pour être aimé.
Nous serions bien inspirés de rechercher ce discernement. Comment ?
1 Cor. 3. 6-9 distingue l'acte de semer, l'acte d'arroser, et l'acte de moissonner.
Devant les hommes et les femmes qui nous entourent, il nous faut distinguer où en sont les gens… Une
première semence, ou plutôt le temps d'apporter la repentance…
Conclusion
Comment manier nos paroles ?
Pas de critique ni de zèle amer — mais un souci qui vient d'un cœur aimant
Une juste préoccupation de sa propre sanctification — bien faire lever la pâte, que notre croissance personnelle
soit la base de notre ministère !
De la sagesse pour discerner les personnes et les moments opportuns — discerner ce qu'il convient…
J'espère que vos paroles entre conjoints ne sont pas remplies de critiques. Si c'est le cas — je le confesse, c'est
parfois mon cas — je vous invite à l'admettre devant Dieu et à vous en repentir. Laissez Dieu remplir vos cœur
d'amour alors que vous demeurez en lui.
Si je sortais d'une caisse un Stradivarius pour le faire passer dans les rangs, comment le prendriez-vous ? Il en va
de même des hommes et des femmes qui nous entourent. Ils sont à manier avec prudence, avec attention.