D1 – Couverture de terre

Arts de bâtir:
D1 – Couverture de terre
Pays :
Jordanie
PRÉSENTATION
Emprise Géographique
Définition
Couverture de terre
- Toiture à très faible pente couverte d’une ou
plusieurs couches de terre ou de mélange de
terre, d’éléments organiques ou de chaux.
- La toiture repose sur un plancher de bois,
ou parfois sur une ou plusieurs voûtes.
- La chape est compactée, et parfois enduite
d’un badigeon de chaux pour améliorer son
étanchéité.
- La vulnérabilité aux intempéries de la terre
nécessitant un entretien constant, cette
technique de couverture, progressivement
abandonnée, est en voie de disparition.
Milieu
Dans l’espace MEDA, les couvertures de terre sont généralement présentes en milieu rural de plaine, de façon courante sauf en Espagne.
En Jordanie, ce type de couverture est couramment présent en ville et en milieu rural, dans tous les milieux géographiques.
Illustrations
Vues générales :
Vues de détail :
Ce projet est financé par le programme MEDA de l'Union Européenne. Les opinions exprimées dans le présent document ne reflètent pas nécessairement la position de l'Union Européenne ou de ses Etats membres
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D1 Jordanie– Couverture de terre
PRINCIPE CONSTRUCTIF
Matériaux
Illustrations
Nature et Disponibilité (sous quelle forme)
La couverture est constituée d’une chape compactée d’une ou plusieurs couches de terre
argileuse extraite à proximité, parfois mélangée à des éléments organiques (végétaux ou
animaux) ou à de la chaux.
En Jordanie, l’argile est mélangée à de l’eau, de la paille, du roseau, des feuilles, des gravats,
de la cendre ou des poils de chèvre, pour améliorer la résistance de la chape. Celle-ci est
revêtue d’un badigeon de chaux assurant l’étanchéité.
Modules, Dimensions, Epaisseurs, Dosages
L’épaisseur totale de la chape varie de 7cm à 40cm, l’épaisseur courante se situant entre
10cm et 30cm.
En Jordanie, l’épaisseur totale de la chape varie de 15cm à 20cm.
Type de pose
Type de pose
La chape est réalisée en étalant la terre ou le mélange en une ou plusieurs couches sur un lit
de branches, de feuilles ou d’algues, ou bien directement sur le plancher ou la maçonnerie du
support. La terre (ou le mélange) est ensuite compactée pour assurer l’étanchéité de la
chape.
En Jordanie, la couche d’argile mélangée repose sur une couche de feuilles de palmier, posé
sur un lit de roseaux.
Principe constructif :
coupe verticale
Ossature associée
La couverture repose généralement sur un plancher de bois, parfois sur une ou plusieurs
voûtes.
En Jordanie, la couverture repose sur un plancher de chevrons sur poutres rondes, ou sur
une ou plusieurs voûtes croisées.
Evacuation des eaux
Type de pose :
détail de l’organisation interne
Pente adaptée (%)
La pente, extrêmement faible, se situe généralement entre 1% et 5%, hormis au Maroc où
celle-ci peut être plus forte.
En Jordanie, la pente se situe entre 2% et 5%.
Collecte et évacuation des eaux
La pente est suffisante pour permettre l’écoulement des eaux, dont l’évacuation est assurée
par des gouttières ou des gargouilles, hormis en Egypte.
En Jordanie, les gouttières alimentent des puits ou des citernes.
Traitement des points singuliers (rives, égouts, noue, faîtage…)
La couverture présente une surface homogène. Parfois, les bords font l’objet d’ouvrages
spécifiques (acrotères, avant-toits…).
En Jordanie, la toiture est ceinturée d’un acrotère en mortier de terre de 20cm à 30cm de
hauteur. L’acrotère est entaillé d’encoches (15cm à 20cm de large) raccordées aux gouttières
permettant l’évacuation des eaux.
Pathologie de vieillissement, liée à la
technique : nature et épaisseur des couches
Evacuation des eaux :
détail du drainage
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PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
Outils
Illustrations
Des outils spécifiques sont souvent utilisés pour le compactage de la terre.
Métiers
Métier, Nombre de personnes nécessaires
Les couvertures plates de terre sont souvent mises en œuvre par le constructeur du bâtiment
(maçon), quelquefois aidé par le propriétaire ou le voisinage, quand ce n’est pas le
propriétaire lui-même qui réalise l’ouvrage. Une à six personnes au minimum sont mobilisées,
selon les cas, pour ces ouvrages.
En Jordanie, la couverture est réalisée par une équipe de six personnes encadrée par un
maçon : deux ouvriers pour le malaxage du mortier, deux ouvriers pour étaler le mortier, et un
maître-maçon assisté d’un ouvrier assurant le nivellement et le lissage de surface de la
chape. Parfois une aide est apportée par le propriétaire ou l’occupant, et éventuellement, par
le voisinage.
Performances
Étanchéité, Protection aux intempéries
La résistance des couvertures plates en terre est généralement faible, face à la neige, à la
pluie et aux importantes variations hygrométriques (périodes de sècheresse) provoquant un
craquellement de l’argile.
En Jordanie, l’étanchéité de la couverture de terre est insuffisante, notamment lorsque la
neige s’y dépose; en revanche, les toits ont une meilleure résistance à l’érosion du vent et de
la pluie.
Evacuation des eaux :
détail du drainage
Isolation Thermique
En raison du pouvoir isolant et de la forte inertie de l’argile, les couvertures plates en terre
offrent de bonnes performances thermiques, à condition que la ventilation de la toiture soit
suffisante.
En Jordanie, les performances thermiques de la couverture de terre sont bonnes, sauf quand
il ya des cheminées ou des prises de ventilation.
Pathologie de vieillissement
Liée au matériau et aux conditions climatiques :
La faible résistance mécanique de l’argile contribue à sa vulnérabilité à l’érosion pluviale; ce
matériau est en outre extrêmement sensible aux variations hygrométriques, provoquant des
craquelures par temps sec.
Vue extérieure générale
Liée à la technique :
Un mauvais compactage, une épaisseur insuffisante de la couche de terre, et une pente
irrégulière n’ assurant pas un bon écoulement des eaux, peuvent nuire à l’étanchéité de la
couverture.
En Jordanie, la pose régulière (tous les deux ans) d’une nouvelle couche pour assurer
l’étanchéité de la couverture, provoque une surcharge de la toiture.
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PRINCIPE CONSTRUCTIF (suite)
DESCRIPTION DE MISE EN OEUVRE
En Jordanie :
Conditions de réalisation :
La réalisation des travaux doit se faire par temps sec, pour éviter les infiltrations d’eau de pluie; aucune protection particulière n’est nécessaire.
En Jordanie, la saison propice est l’été.
Travaux préparatoires :
L’argile et, dans certains cas, les matériaux nécessaires à la préparation des mortiers ou des différentes couches sont approvisionnés. Parfois,
l’argile est tamisée pour la débarrasser des impuretés, avant d’être, dans certains cas, mélangée à de l’eau, à de la paille ou à des agrégats. La
charpente doit être suffisamment propre.
En Jordanie, deux ou trois ouvriers préparent le mélange, à l’aide d’une pelle, de l’argile à de l’eau, de la paille, des feuilles, de la cendre, du
gravier ou des poils de chèvre, puis foulent le tout à l’aide des pieds. Le mélange est ensuite versé dans de petits récipients.
Mise en œuvre et détails importants :
Un bon damage ou compactage de la terre ou du mortier est indispensable à l’étanchéité.
En Jordanie, la mise en œuvre de la couverture de terre est assurée par une équipe encadrée par un maçon, ou bien par le propriétaire ou
l’occupant, et ses proches. Les récipients d’argile mélangée sont approvisionnés sur le toit par les ouvriers préparateurs (échelle de bois), tandis
que deux ou trois ouvriers étalent le mélange à la truelle et à la main, afin de former une couche épaisse. Cette dernière est renforcée sur le
pourtour, afin de canaliser l’écoulement des eaux vers les gouttières. Le jour suivant, une fine couche de mortier de terre tamisée et de chaux est
appliquée et lissée au chiffon, pour assurer l’étanchéité de la couverture. Deux journées sont nécessaires à la réalisation d’une toiture de taille
moyenne.
Moyens de Vérification:
On peut vérifier l’étanchéité de la couverture en arrosant cette dernière, afin de détecter d’éventuelles infiltrations d’eau.
En Jordanie, des craquelures peuvent apparaître après l’achèvement de la couverture : l’application d’un mélange de terre fluide, puis le
brossage, le jour suivant, de la poussière de terre sont nécessaires.
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D1 Jordanie– Couverture de terre
USAGE, EVOLUTION ET TRANSFORMATION
Usage
Types de bâtiments
La couverture plate de terre se trouve sur tous types de bâtiments à travers l’espace MEDA.
Période d’apparition de la technique / Période d’emploi de la technique – Usage contemporain ou disparu
L’apparition de la couverture plate de terre est généralement très ancienne : elle remonte à l’époque Néolithique en Jordanie, au Moyen-Age en
Espagne, et plus tardivement, au XVII° siècle (période Ottomane) en Palestine.
La technique de la couverture plate en terre a pratiquement disparu, à l’exception de la Grèce où elle est en voie d’extinction, et du Maroc où
celle-ci est toujours en usage.
En Jordanie, la technique de la couverture plate de terre a été utilisée jusqu’aux années 1960.
Raisons de la disparition ou de la modification de la technique
La technique de la couverture plate de terre a pratiquement disparu, en raison de la faible résistance de la terre ou du mortier de terre aux
intempéries, qui nécessite un entretien constant, voire une réfection totale périodique.
En Jordanie, un entretien annuel est nécessaire en raison de la désquamation et de la pulvérisation de la couche de surface. Ces couches de
couverture doivent être décapées et refaites environ tous les dix ans.
Evolution / Transformation
Les matériaux
Les couvertures plates de terre sont progressivement remplacées par des dalles de béton ou d’autres couvertures étanches, et parfois par des
toitures en pente couvertes de tuiles.
En Jordanie, les couvertures de terre sont remplacées par des dalles de béton ou des toitures en pente couvertes de tuiles. De nouveaux outils
tels que règles d’aluminium, planches à lisser, sont de plus en plus utilisés aux côtés des outils traditionnels.
Les aspects techniques
La pose d’un film imperméable (bitume, nylon…) entre le support et la chape, permet de corriger le défaut d’étanchéité de la couverture de terre.
Cette technique est notamment employée en Grèce et en Espagne.
Evaluation des matériaux et des techniques de remplacement
Le remplacement de la terre par du ciment ou du béton présente de nombreux inconvénients : ces matériaux sont peu compatibles avec les
planchers de bois traditionnels, leur niveau d’isolation thermique est réduit, et leur esthétique est moindre. En revanche, la pose d’un film
imperméable entre le support et la chape offre une solution satisfaisante au défaut d’étanchéité des couvertures de terre.
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