Du style rocaille au néoclassicisme

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Du style rocaille au néoclassicisme
Du style rocaille au néoclassicisme
 Le style rocaille
En France, ce style raffiné s’exprime surtout dans les arts décoratifs, de la mort de Louis XIV en
1715, jusqu’au milieu du siècle. La rupture que représente la Régence de Philippe d’Orléans par
rapport à la période précédente favorise l’épanouissement de goûts nouveaux dans une société
avide de liberté, de fantaisie, d’exotisme et de légèreté. Dans des pièces où les boiseries aux teintes
claires dominent, les meubles adoptent des lignes souples, contournées, les pieds se galbent, les
angles droits s’arrondissent, sont masqués par les volutes des coquillages et des feuillages. Se
distinguant du classicisme de la fin du XVIIe siècle, le style rocaille trouve son origine dans le
baroque, mais s’en détache aussi en adoptant une expression plus intime. Il privilégie l’asymétrie et
les lignes serpentines, suggérant le mouvement, et s’orne de feuilles, de palmes, de fleurs, de
coquilles, parfois associées à des animaux fantastiques et à des motifs exotiques, notamment des
chinoiseries.
Commode en demi-tombeau à deux niveaux de tiroirs sans traverse,
Roussel, Pierre, vers 1745-1750, Paris, MAD 157
Rococo… A sa création, le terme a une dimension péjorative. Il a été inventé au
XIXe siècle par les détracteurs du style rocaille pour se moquer des excès de ce
style perçu comme désuet.
Le mot résulte d’une déformation de l’appellation rocaille sous l’influence du
terme baroque. Si le terme est resté péjoratif dans la langue courante, ce n’est
pas le cas dans le vocabulaire des historiens de l’art.
 Le style néoclassique
La découverte et les fouilles des sites d’Herculanum (dès 1709) et de Pompéi (à partir de 1748)
passionnent toute l’Europe et suscitent un regain d’intérêt pour l’Antiquité et la civilisation grécoromaine. En parallèle, les critiques du style rocaille se font de plus en plus importantes dans les
salons parisiens et sont relayées notamment par les philosophes des Lumières, en particulier
Voltaire. Un nouveau style, renouant avec le classicisme du XVIIe siècle, s’impose donc
progressivement dans les arts décoratifs dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle. La rigueur
géométrique, la simplicité des formes, les lignes droites et les ornements inspirés de l’Antiquité
détrônent peu à peu les courbes et les lignes sinueuses, souvent asymétriques, du style rocaille. Le
retour à l’antique répond à la recherche d’un « beau idéal ». Les cannelures, les rinceaux réguliers,
les frises symétriques, les pattes de lion, les oves, les bucranes ou les têtes de béliers, les vases, les
guirlandes et les grotesques sont autant d’éléments décoratifs caractéristiques du néoclassicisme.
Utilisés depuis la Renaissance, ces ornements font l’objet d’un nouvel engouement à cette époque.
Desserte, Topino, Charles, Paris, vers 1780, MAD 2035
Grotesque… Ce terme est emprunté au XVIe siècle à l’italien
« grottesca » qui signifie peinture de grotte. Il désigne au départ
un genre de décoration murale inspiré de la Domus Aurea de
Néron, redécouverte à la Renaissance et présentant des
arabesques associées à des motifs animaux et végétaux et à de
petites figures fantaisistes. De cette idée de fantaisie, le terme va
évoluer vers le sens d’extravagant, puis de burlesque, ridicule.
 Motifs caractéristiques du néoclassicisme
Bucrane
Un bucrane est une tête de bœuf décharnée
dont les cornes sont décorées de guirlandes
de feuillages.
Tissu arabesque dans le style de Salembier,
France, époque Louis XVI, MT.2865.1.0
Cannelure
Une cannelure est une moulure concave qui
orne verticalement le fût d’une colonne, un
pilastre ou un meuble par exemple.
Fauteuil en cabriolet, Nogaret, Pierre ?,
Lyon, dernier tiers du XVIIIe siècle, MAD 3140
Grotesque
Les grotesques présentent des arabesques
associées à des motifs animaux et végétaux et
à de petites figures fantaisistes.
Plateau dit à la Bérain, Moustiers-Sainte-Marie,
vers 1725, MAD 792.1
Ove
Un ove est un motif en relief en forme d’œuf,
souvent entouré de feuillages.
Goûte-vin, Hanappier, Antoine François, Orléans,
entre 1764-1766, MAD 997
Rinceau
Un rinceau est un motif ornemental composé
d’arabesques de feuillages, de fleurs ou de fruits.
Le socle en marbre blanc est orné d’un rinceau de
bronze doré.
Athéna entre la Paresse et l’Etude,
France, époque Louis XVI, MAD 1543.
Triglyphe
Un triglyphe est composé de deux glyphes,
c’est-à-dire deux sillons gravés, et de deux
demi-glyphes sur les bords du motif.
Détail de la façade de l'hôtel Lacroix-Laval,
Soufflot, J.-G. 1739-1754
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