Samson et Dalila - Passerelle Centre d`art contemporain

Transcription

Samson et Dalila - Passerelle Centre d`art contemporain
CORENTIN CANESSON
Samson et Dalila
blabla
Fichier d’accompagnement
06.02.2015 – 22.05.2015
Le fichier d’accompagnement de l’exposition Samson et Dalila apporte un éclairage sur les œuvres et
fournit des outils de compréhension et d'expérimentation de celles-ci, en relation avec les enjeux de l’art
actuel et de l’histoire de l’art occidental.
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Samson et Dalila / Corentin Canesson
Fichier d’accompagnement
Sommaire
Présentation de l’exposition
03
Biographie
04
Les Chantiers
05
Oeuvre(s) présentée(s)
06
Pour aller plus loin
10
Pistes pédagogiques
14
Bibliographie
14
Passerelle Centre d’art contemporain, Brest
15
Service des publics
16
Informations
17
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Samson et Dalila / Corentin Canesson
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Présentation de l’exposition
Au commencement, il y a un titre : Samson et Dalila.
Référence biblique par excellence, il évoque autant une histoire de la
peinture classique que le thème éculée de l’aventure amoureuse qui
finit mal, en général. Contrairement à l’usage qui consiste à nommer
la pratique une fois celle-ci réalisée, ce titre, Corentin Canesson
l’avait choisi avant de débuter sa résidence à Brest. Il devient alors
le point de départ à partir du quel l’exposition s’est construite,
hypothèse qui irrigue le travail.
Conscient que proposer un titre de prime abord, c’est mettre
la charrue avant les bœufs, l’artiste poursuit la même idée en
choisissant de réaliser une série de peintures au format 120 x
176 cm déployées dans les cadres urbains que sont les panneaux
publicitaires. Affiches de promotion autant qu’œuvres uniques,
elles revendiquent les éléments de communication de l’exposition
comme prétexte à la peinture. Comme Monet en son temps maltraitait
volontiers ses bottes de foin par tous les temps, Canesson arrange
son « Samson et Dalida à Passerelle » à toutes les sauces, picturales
cette fois. Chaque affiche devient l’excuse pour explorer les canons
de l’abstraction. On reconnaît ici un peu de Morris Louis, là un zeste
de De Kooning, plus loin un soupçon de Rebeyrolle, etc.
Et c’est, en somme, de cette série que toute l’exposition émane. Son
exploration érudite génère les autres œuvres en alimentant un plaisir
de peindre entre les traits de ses héros.
Artiste trentenaire aujourd’hui, Corentin Canesson a grandit dans
des années 2000 cherchant à se bâtir sur l’après-abstraction,
reléguant cette dernière au siècle révolu. Force est de constater
qu’il prend cette doxa à rebours en revendiquant au contraire la
poursuite de l’aventure, sans passéisme aucun mais avec le recul
critique nécessaire. Et la peinture de Corentin Canesson de se
construire de situations données, en atelier, avec un modèle vivant,
dans l’appropriation comme dans le geste résolument painterly pour
investir d’autres formats comme la vidéo ou la performance.
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Samson et Dalila / Corentin Canesson
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Biographie
Corentin Canesson est né à Brest, en 1988.
Il vit et travaille à Brest, Rennes et Paris.
Il a suivi l’enseignement de Jean-François Maurige et a obtenu son
DNSEP (Diplôme National Supérieur d’Expression Plastique) aux
Beaux-arts de Rennes en 2011. Il a également étudié à l’école d’art
la HGB (académie des arts visuels) à Leipzig (Allemagne).
Son travail part d’une réflexion sur la peinture et son actualité,
l’amenant à décontextualiser sa pratique vers l’écriture, la
performence ou la vidéo. Il présentera une exposition personnelle à
Paris en septembre prochain à la galerie Palette Terre.
Parallèlement à sa pratique plastique, il a codirigé de 2008 à
2014 l’espace d’exposition STANDARS à Rennes et poursuit des
recherches liées aux formats d’expositions, à l’autorité de l’artiste
et/ou du commissaire dans les jeux de stratégies que permettent
les expositions. Il assiste actuellement Vincent Honoré, directeur de
la DRAF (David Roberts Art Foundation), pour l’exposition Le musée
d’une nuit (script for leaving traces) qui ouvrira en octobre prochain
à la fondation Hippocrène à Paris.
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Samson et Dalila / Corentin Canesson
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Les Chantiers, résidence d’artiste
Les CHANTIERS sont un dispositif de soutien aux artistes émergents
en Bretagne.
Au sortir des études, il est souvent difficile pour un jeune artiste
de poursuivre sa pratique, sans moyens, sans atelier et sans
accompagnement artistique et critique.
Passerelle Centre d’art contemporain, Brest et Documents d’Artistes
Bretagne mettent leurs compétences et expériences en synergie au
service de la résidence Les CHANTIERS. A l’issue d’un appel à projet
lancé par Passerelle et DDAB, un jury composé de professionnels
de l’art sélectionne deux artistes accueillis pour une durée de trois
mois au centre d’art et bénéficient d’un accompagnement technique
et curatorial.
À la suite de 3 mois de résidence, le projet fait l’objet d’une
exposition personnelle à Passerelle Centre d’art contemporain,
Brest.
Un site internet dédié au programme,
mis en œuvre par Documents d’Artistes
Bretagne, rend compte de la résidence
et des étapes de conception et de
réalisation du projet.
www.leschantiers-residence.com
Le projet titre a été développé dans le cadre des ChantiersRésidence, programme de soutien aux artistes émergents en
Bretagne mené par Passerelle Centre d’art contemporain, Brest et
Documents D’Artistes Bretagne.
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Samson et Dalila / Corentin Canesson
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Oeuvre présentée
Exposition Samson et Dalila
12 acryliques sur toile
3 vidéos.
Installation dans du Quai, au sein de Passerelle, centre d’art
contemporain, Brest.
Corentin Canesson
2015
L'exposition Samson et Dalila prend place dans l'espace à l'arrière
du quai. Corentin Canesson y présente 12 peintures et 3 vidéos.
Contrairement à la plupart des artistes qui choisissent le titre de
leur exposition après avoir produit des oeuvres, Corentin Canesson a
pris le parti de choisir le titre avant même de commencer une toile.
Samson et Dalila1 est un thème biblique, qui a été étudié de
nombreuses fois par les peintres classiques. Par le choix de ce titre,
nous pouvons déjà ressortir deux constantes du travail du jeune
artiste : son intérêt pour l'histoire de l'art en général, ainsi qu'une
réflexion autour du travail du peintre.
Il y a dans la peinture et dans les vidéos de Corentin Canesson
un questionnement heureux sur comment faire de la peinture
aujourd'hui, alors que de nombreuses choses ont été déjà peintes.
L'artiste s'intéresse donc aux références majeures de l'histoire de
l'art, et la manière dont elles influent sur la peinture aujourd'hui. Il
s'interroge également sur le regard entre le peintre et son modèle,
ainsi qu'à la notion de reprise.
La plupart des toiles présentées au sein de l'exposition ne sont ni
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1. Voir «Pour aller plus loin» : Samson et
Dalila
Samson et Dalila / Corentin Canesson
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totalement figuratives, ni totalement abstraites. En effet, les gestes
fluides et amples (abstraction) côtoient des fragments de corps
(figuration). S'inspirant notamment de peintres comme Picasso ou
encore Bram Van Velde2, Corentin Canesson met en avant le corps
sous différents angles. A la fois dans la représentation d'un corps
fragmenté : des yeux, des bouches ou encore des seins viennent
rythmer les toiles. Mais le corps est également présent à travers
la peinture abstraite. Les aplats de couleurs, les lignes amples
et les coulures trahissent l'effort physique que le peintre a du
effectuer pour qu'elles apparaissent. Ne désirant pas revendiquer
une appartenance à une lignée picturale précise, Corentin Canesson
vient glaner ce qui l'intéresse dans l'abstraction et ce qui lui plaît
dans la figuration, et s'interroge ainsi sur ce qu'est le travail du
peintre.
2. Voir « Pour aller plus loin » :
Bram Van Velde
Les trois vidéos présentées au sein de l'exposition peuvent être
vues comme une mise en lumière du processus de création propre à
l'artiste. To be in your eyes, reflète le travail entre le peintre et son
modèle. Sur cette vidéo, on peut voir une jeune femme que l'artiste a
invité au Centre d'art, se peindre le corps puis laisser l'empreinte de
ce dernier sur une affiche.
You saved my life est une vidéo réalisée suite à un rêve fait par
l'artiste. Dans ce rêve, un ami de l'artiste se promène dans les rues
de Paris en portant une veste sur laquelle sont peints les mots "seul
et grégaire". En réalisant ce film, Corentin Canesson montre que
les idées liées à la peinture peuvent surgir à tout moment, y compris
dans le rêve.
Y a papa qui dessine est réalisée avec la complicité d'un ami artiste.
Ce dernier porte un masque et une pierre en polystyrène sur la tête.
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Cet être étrange qu'il incarne dessine sans s'arrêter. Les étudiants
présents lors de cette performance3, tentent d'interagir avec lui,
mais rien ne semble le déconcentrer dans sa création.
Corentin Canesson est un peintre très productif, pour faire connaître
son exposition au sein du Centre d'art Passerelle, il a décidé de
peindre quarante affiche. Sur ces peintures-affiches disséminées
comme des panneaux publicitaires dans Brest, l'artiste reprend la
façon de peindre d'artiste qui ont marqué l'histoire de l'art et de la
peinture. Ainsi, on peut retrouver certaines affiches marquées par
l'influence de Picasso ou de De Kooning, d'autres influencées par
les anthropométries d'Yves Klein.
La citation 4 chez Corentin Canesson est plus un hommage rendu
qu'une volonté de copier. Dans ses peintures, il ne cherche pas
à cacher les références auxquelles il fait appel. Au contraire, il
les montre. C'est une façon joyeuse d'appréhender la peinture
aujourd'hui. Conscient de la difficulté de créer quelque chose
d'inédit, l'artiste s'intéresse davantage à ce qui l'a poussé à
peindre et à ce qu'il aime dans la peinture.
Les références auxquelles il fait appel révèlent sa propre sensibilité
vis à vis de l'art. La peinture abstraite et colorée de Bram van
Velde l'a beaucoup influencé, la fragmentation du corps que l'on
trouve dans les toiles de Picasso est une source d'inspiration pour
sa peinture, et l'utilisation de la couleur rose est une manière de
rendre hommage à Jean-François Maurige. Par ailleurs, certains
tableaux laissent apparaître de l'écriture. Ces phrases sont des
citations issues de chansons ou encore de livres qui ont marqué
l'artiste et nourri son travail 5. Les références qu'il convoque, ainsi
que les thèmes utilisés ( le corps, le travail du peintre, le rapport
avec le modèle) sont pour le peintre des outils, des matériaux pour
construire son langage plastique.
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3. La performance artistique est un
médium ou une tradition artistique
interdisciplinaire qui met en avant
l'action. La performance est un
art éphémère qui subsiste le plus
souvent au travers de photographies
et de vidéos.
4. Voir "Pour aller plus loin" :
La pratique de la citation en art
contemporain.
5. Voir "Pour aller plus loin" : L'art
de l'appropriation : Richard Prince.
Samson et Dalila / Corentin Canesson
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L'histoire de l'art devient pour l'artiste un médium comme la
peinture. Le thème du peintre et de son modèle présent au sein de
l'exposition en est l'exemple. Comme nous avons déjà pu l'évoquer,
To be in your eyes montre le travail qu'il a effectué dans son atelier
avec un modèle. Le résultat de cette séance de travail se retrouve
au sein de Ta rose distraite et trahie. Cette peinture est quelque peu
différente des autres toiles que l'artiste a produit pour l'exposition.
Il s'agit au départ d'un bout de tissu dont se servait la modèle
pour s'essuyer après avoir effectué l'empreinte de son corps sur
les supports. Corentin Canesson a décidé de garder ce tissu avec
ces traces de peintures et de le tendre sur un châssis. Il s'agit
d'une démarche et d'un geste simple, mais qui indique le travail
sous-jacent du peintre. Cela nous montre également sous un angle
différent (par la trace) la relation entre l'artiste et son modèle.
Partant au départ d'un thème évoquant les cheveux, l'exposition
Samson et Dalila se transforme en un jeu de regards. Tout d'abord
entre les différents yeux qui se répondent au sein des différentes
toiles de l'artiste créant un lien visuel entre chacune d'elles. Puis
un jeu qui se poursuit à travers le regard que pose l'artiste sur
l'histoire de la peinture, celui qui le lie à son modèle, ou encore le
regard du spectateur qui découvre cette peinture.
Photographies de © Aurélien Mole,
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Pour aller plus loin
Samson et Dalila
Samson et Dalila sont des personnages bibliques, dont le récit
est écrit dans le livre des Juges (Jg 13.1. à Jg 16.31), extrait de
l'Ancien Testament.
Au moment du récit, les Israéliens sont livrés par Dieu aux mains des
Philistins pour quarante ans, en punition de leurs fautes.
La femme de Manoach de la famille des Danites (Israël) , jusqu'alors
stérile, apprend de l'ange de Dieu qu'elle enfantera un fils qui
délivrera Israël des Philistins.
Cet enfant, baptisé Samson, sera consacré à Dieu, dès sa naissance,
en tant que nazir. Le rasoir ne devra jamais passer sur sa tête afin
qu'il reste consacré par Dieu.
Au cours des différents passages de l'histoire, le nazir sera à
plusieurs reprises possédé par l'Éternel. Samson démontrera
ainsi une force herculéenne. Parmi ces épisodes on retrouve de
nombreuses confrontations avec les Philistins.
Durant l'un de ses voyages, Samson rencontre une femme : Dalila
(ou Delilah) dont il tombe amoureux. Celle-ci s'allia avec les princes
Philistins afin de dompter la force de Samson.
Elle supplia plusieurs fois à Samson de lui révéler le secret de sa
force sans que celui-ci ne lui dise la vérité. Pourtant, comme preuve
de son amour, le nazir finira par lui révéler : "Le rasoir n'a point
passé sur ma tête, parce que je suis consacré à Dieu dès le ventre
de ma mère. Si j'étais rasé, ma force m'abandonnerait, je deviendrais
faible, et je serais comme tout autre homme."
La nuit tombée, Samson s'endormit sur les genoux de Dalila. Elle en
profita pour rasé la chevelure du nazir qui tomba dans les mains des
princes Philistins que Dalila avait prévenu.
Prisonnier des Philistins, Samson fut rendu aveugle et condamné à
travailler pour ses ennemis. Quand les princes voulurent le sacrifier
à leur dieu (Dagon) les cheveux de Samson avaient commencé à
repousser. Il en tira la force pour faire écrouler le bâtiment du
sacrifice tuant ainsi tous les princes Philistins. Il mourut lors de sa
vengeance.
Samson et Delilah
Peter Paul Rubens
1609
huile - 185x205
National Galery Londres
Samson et Dalila
Le Caravage
1615
80x53
Le récit de Samson et Dalila est un thème biblique qui se retrouve
régulièrement dans la peinture classique. Un opéra français de
Camille Saint-Saëns sur ce thème a été composé en 1877.
Cette histoire a également été produite en film par Cécil B. De Mille,
en 1949.
Samson and Delilah (Samson et Dalila)
Cecil B.De Mille
1949
Film technicolor américain
131 min
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Samson et Dalila / Corentin Canesson
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La pratique de la Citation en art contemporain
En art contemporain, la citation est un élément d'une œuvre qui
reprend un thème ou un procédé technique appartenant au passé.
Il s'agit d'un clin d'œil. C'est un processus artistique au cours
duquel l'artiste se saisit d'une oeuvre où d'un héritage culturel et le
transpose, le présente, dans un autre contexte.
La pratique de la citation s'inscrit dans une logique postmoderne
c'est-à-dire en réaction contre pratique linéaire/classique de l'art.
Les oeuvres postmodernes vont puiser librement dans les différents
styles historiques préexistants, faisant de la subjectivité, un critère
essentiel du jugement. Le passé devient ainsi un simple répertoire
de formes. La citation en art contemporain est un matériau comme
un autre. Tout comme la peinture, le son ou d'autres matières, elle
permet de révéler le point de vue et le message de l'artiste. Elle
donne également la possibilité de poser un regard critique sur
l'histoire de l'art.
Bertrand Lavier est un artiste français qui se sert de la citation
comme un peintre se sert de la peinture. Chacune de ses oeuvres
fait appel à des styles et des périodes différentes de l'histoire
de l'art. Il reprend les grands poncifs de l'histoire de l'art afin
de les réactualiser et d'en faire sa signature. À partir de 1978,
Bertrand Lavier met en place son vocabulaire plastique, avec des
photographies et des objets repeints, dont les motifs et détails
sont exactement recopiés. Au début des années 1980, il s’impose
rapidement comme l’une des figures majeure de la scène artistique
européenne, à travers des séries comme ses «objets peints»,
«objets superposés» ou encore «Walt Disney Productions». Ces
séries, que l’artiste qualifie lui-même de chantiers, jouent avec
les codes, les catégories, les genres et les matériaux. Son œuvre
exprime une inclinaison pour l’addition, le croisement, l’hybridation
et la transposition. Ainsi, Bertrand Lavier cite et s'approprie, sans
s'en cacher, les marques de fabrique des artistes comme Dali en
reprenant le canapé bouche que l'artiste espagnol a conçu en 1936
(inspiré de celui de Gufram un designer italien) et en le posant sur
un congélateur, ou encore en repeignant à la manière de Van Gogh
sur une oeuvre de François Morellet.
Par ailleurs, Andy Warhol figure exemplaire du Pop Art (ce
mouvement conteste les traditions en affirmant que l'art se trouve
également dans l'utilisation d'éléments visuels de la culture
populaire. Le concept du pop art se présente plus dans l'attitude
donnée à l'œuvre que par l'œuvre elle-même.) a réutilisé des
oeuvres majeures de l'histoire de l'art afin d'y apporter un regard
critique, et nous les montrer d'une nouvelle manière. Il reprend par
exemple la Joconde ou encore la Cène de Léonard de Vinci. Ces
oeuvres sont devenues des icônes avec le temps et tout le monde
semble les connaître par coeur. En utilisant un procédé mécanique
de sérigraphie pour les reproduire et en jouant avec des couleurs
vives, l'artiste nous montre à la fois que le message de ces images
a disparu avec le temps car elles ont été reproduites maintes fois,
mais il signale d'autre part la possibilité de les réinventer, et de les
voir sous un autre angle.
Avec Warhol, l'oeuvre initiale devient une forme au service d'un
des questionnements du pop art : quelle est l'influence des images
(publicitaires, artistiques...) sur les consommateurs.
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Bertrand Lavier, La Bocca/Bosch, 2005
Canapé sur congélateur
85 x 212 x 87 cm (canapé)
86 x 157 x 70 cm (congélateur)
Bertrand Lavier , Lavier / Morellet (1975
- 1995),Peinture acrylique sur toile, 200
x 200 cm
Andy Warhol, Joconde, Sérigraphie et
acrylique sur toile, 111,8 x 73,7cm,
1963
Andy Warhol, The Last Supper,
Sérigraphie et acrylique sur toile, 1987.
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Bram Van Velde
Bram Van Velde (1895-1981) est un peintre et lithographe
néerlandais. Il a vécu une aventure picturale totalement solitaire,
sans partage, et d’une absolue sincérité. Ce peintre doit sa
reconnaissance à quelques amateurs éclairés, poètes et écrivains
(comme Samuel Beckett). Son œuvre est restée longtemps
confidentielle et proprement « invisible » à ses contemporains, à
l’écart de l’abstraction lyrique, autant que de l’art informel.
Il commence sa carrière comme apprenti en 1907 dans une entreprise
de peinture et de décoration intérieure à La Haye. Encouragés par
ses patrons, l'artiste se lance dans une carrière artistique.
Ses premières toiles sont figuratives (elles font références à
la réalité) et influencées par les expressionnistes allemands
(stylisation de la réalité pour atteindre une expressivité instense). Il
y reprend des thèmes rustiques et villageois. Sa palette s'éclaircit
par la suite lorsqu'il arrive à Paris, où il délaisse les thèmes
précédents au profit de thèmes floraux et de la nature morte.
Bram Van Velde, Masques, 1922.
Après avoir habité à Paris, l'artiste s'installe à Majorque en Espagne.
Ce changement de situation marque également un changement au
niveau de sa peinture qui devient plus abstraite même si les thèmes
sont toujours identifiables. C'est le cas notamment de la série des
Masques où l'on voit des masques peint sur un fond abstrait où la
peinture rend compte du geste de l'artiste. Abstraction et figuration
se mêlent. Au fur et à mesure les références au réel vont disparaître
et en 1939, il trouve son propre langage plastique qui laisse place
à la pure abstraction et l'exaltation de la peinture. La surface
picturale est d'un côté construite de manière rigoureuse, délimitée
par des cernes noirs, et de l'autre, beaucoup plus expressive, où
l'on voit apparaître des coulures propres au lyrisme gestuel.
Produisant peu, dix à douze toiles par an, Bram Van Velde, pendant
près de trente ans, se soumet à un geste quasi automatique, de
plus en plus ample, qui s’abandonne à un pinceau qui dessine,
sans profondeur ni relief, des formes en décomposition jusqu’à
leur effondrement et leur effacement. La structure du tableau
préalablement établie se dissout peu à peu dans la matière et
les aplats de couleurs donnent un ton particulier à la lumière du
tableau.
Bram van Velde traite de la limite entre peinture abstraite et peinture
figurative, renouvelant la problématique de la figure. L’image paraît
ainsi abolie, le pinceau traduisant sur la toile ni un fragment de réalité ni une vision intérieure.
Bram Van Velde, Sans titre
1978, Lithographie, 49,8 x 43,5 cm
Composition LV (55), 1978
Lithographie originale en 9 couleurs, monogrammée au pinceau par l'artiste.
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L'ART DE L'APPROPRIATION : rICHARD PRINCE
Richard Prince est est un artiste peintre et photographe américain
né en 1949. Son travail est rattaché à l'appropriation art qui
se caractérise par des références ouvertement citées et la
réutilisation d'images prééxistantes. En 1975, il commence à créer
des collages contenant des photographies. Il passe beaucoup de
son temps libre à découper et collectionner des photographies
tirées des divers magasines pour lesquels il travaille (dont le
Time). Richard Prince recycle ces photographies afin de créer
ses propres images et ses propres toiles. Il utilise ces images
non comme objet mais comme un médium, à l'instar du peintre
qui utilise la peinture. Il développe peu à peu une technique en
reproduisant les images, les agrandissant et les modifiant.
D'oeuvre en oeuvre, l'artiste met progressivement en place un
panel d'instruments pour s'approprier les codes, les genres et
l'iconographie véhiculés par la publicité, le graphisme et les arts
plastiques. Ses collages se complexifient, l’image photographique
tirée de la presse est re-photographiée, peinte, enfin ré-assemblée.
L'artiste prend principalement pour sujets des thèmes
vernaculaires et issus de la sous-culture américaine : les
motards, les célébrités ou encore les romans à sensations.
Dans les années 80, il créé la série des cowboy. A l'origine, ces
photographies proviennent d'une campagne publicitaire de Marlboro.
Richard Prince reprend ces images et les sort de leur contexte
original en ôtant tous les détails qui trahissent le fait d'être des
publicités ( plus de slogan ni de logo). Le symbole publicitaire
se brouille, l'image est agrandie et le sujet de la photographie
devient une icône. Ses cow-boys deviennent alors motifs, signes,
symboles à la fois d’une histoire mythique et imaginaire, construite
par vagues successives, au gré des westerns et des classiques.
Richard Prince intervient à la jonction d’un processus qui transforme
les figures de l’imaginaire en divertissement, en coupant tout lien
avec l’Histoire. Par le déplacement, l'artiste américain retravaille
la modernité des mythes, créé une nouvelle histoire où la source
initiale est totalement oubliée et où le symbole demeure.
En réutilisant des images existantes, l'artiste s'est vu poursuivi
en justice pour plagiat en 2009. Prince a en effet réinterprété des
photographies issues du livre Yes Rasta conçu par Patrick Cariou1.
La Cour de justice a statué que le droit d'auteur n'avait pas été
violé, et qu'un artiste avait le droit d'utiliser une autre oeuvre d'art.
L'appropriation en art se différencie donc du plagiat. En effet,
il y a appropriation lorsque l'artiste copie consciemment et avec
une réflexion stratégique. L'appropriation peut donc avoir une
intention critique ou prendre la forme d'un hommage. On peut parler
d'appropriation dans le cas de Richard Prince car il effectue un
détournement qui consiste à faire perdre le sens premier de l'image
originale afin de la recontextualiser et lui donner un sens nouveau.
En utilisant depuis les années 70 des images issues des médias, de
la publicité et du divertissement, l'artiste a redéfini les concepts de
paternité, de propriété et d'aura au sein de l'art. En appliquant à
l'art sa compréhension du trafic complexe des images, il a développé
une signature unique remplie des échos d'autres signatures.
Richard Prince, Hotel Nurse, 2003.
Richard Prince, Untitled (Cow Boy), 1989,
photographie
A gauche la photographie originale de Patrick
Cariou issue de Yes Rasta, à droite la photographie
reprise pour le série Canal Zone de Richard Prince.
1 Patrick Cariou est un photographe français né à Lorient en 1963
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Pistes pédagogiques
Primaire
> Atelier sur la représentation du corps : représentation de partie de corps humain ou d'animaux.
> Atelier sur la gestuelle dans la peinture : le trait, les mélanges de peinture, l'expression.
> Atelier sur le mélange d'images et de peinture
Au collège
> Mélange de peinture figurative (objets reconnaissables) et de peinture abstraite ( peinture
gestuelle)
> La mise en peinture de textes : citations, extraits de chansons ou de livres.
> La notion de reprise : celle d'un thème récurrent en histoire de l'art, peindre à la manière de...
Bibliographie
Document sur l’artiste
> Site internet de l’artiste : www.stephanecalais.net
> Pour plus d’images de l’exposition et mieux comprendre les Chantiers : www.leschantiers-residence.
com/corentin-canesson/
> Autres expositions de Stéphane Calais :
creative.arte.tv/fr/community/la-collection-stephane-calais-ou-le-tatouage-mural
www.franceculture.fr/personne-st%C3%A9phane-calais-artiste.html
www.zerodeux.fr/specialweb/stephane-calais-une-grammaire
Bibliographie « pour aller plus loin » > www.centrepompidou.fr/cpv/resource/cR55rE4/rdLrEjk
> www.mba-lyon.fr/mba/sections/fr/expositions-musee/bram-geer-van-velde/films-archives-de-l
> www.richardprince.com/
> www.slate.fr/story/71741/art-richard-prince-patrick-cariou-justice-americaine-droit-auteur-copyright
> www.lire.la-bible.net/index.php?reference=Juges+16%3A28-31&versions%5B%5D=TOB
> www.mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-Lavier/
> www.oratoiredulouvre.fr/evangile-et-liberte/la-cene-art-contemporain.php
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Passerelle
Centre d’art contemporain, Brest
Passerelle Centre d’art contemporain est une plateforme de dialogue entre productions artistiques et
publics installée depuis 1988 dans un exceptionnel bâtiment industriel de 4000 m² en plein cœur de
Brest, caractérisé par son Patio monumental sous verrière.
Ses missions de création, de médiation et de diffusion sont envisagées comme autant d’espaces
collectifs de production de sens au sein duquel artistes et visiteurs participent activement à une
discussion sur ce qui anime, construit et motive notre rapport à l’art contemporain.
La programmation conjugue chaque année une dizaine d’expositions monographiques ou collectives,
des cycles de projections, des rencontres, des débats et différents dispositifs d’accompagnement des
publics dans leurs découvertes des pratiques exposées.
Passerelle Centre d’art contemporain est aussi le lieu du décloisonnement disciplinaire qui explore les
autres champs de la création contemporaine, du graphisme à la danse, de la musique au design.
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Service des publics
En s’appuyant sur les expositions en cours
de Passerelle Centre d’art contemporain, le
service des publics programme des activités
pédagogiques adaptées à chaque public
visant une approche sensible des œuvres
et des problématiques de l’art actuel.
Des rendez-vous réguliers sont proposés aux
publics adultes – visites guidées, rencontres
« spéciales », parcours urbains – pour faciliter
l’accès aux œuvres et mieux appréhender les
démarches artistiques contemporaines.
Différentes actions autour des expositions
sont proposées aux jeunes publics, scolaires
ou individuels, basées sur la découverte des
techniques artistiques, sur l’apprentissage du
regard et le développement du sens critique
(analyse, interprétation, expression).
Les zones d’augmentation
Les Zones d’augmentation sont la première
interface de médiation du Centre d’art, déployées
à la fois dans l’espace et sur le site Internet.
Pensées par le service des publics, elles
sont dédiées à la présentation de matériel
artistique et documentaire pour poursuivre et
mettre en perspective les questionnements
abordés par les propositions artistiques
exposées. Leurs contenus sont déterminés
en discussion avec les artistes invités.
Dans le Patio, elles sont un espace convivial qui
permet au public de boire un café en lisant la
presse et la documentation sur les expositions.
Sur ce site Internet, les Zones d’augmentation
réunissent des contenus textes, vidéos et images
pour préparer votre visite ou la poursuivre.
Temps scolaires
Les visites préparatoires s’adressent
prioritairement aux enseignants, animateurs ou
responsables de groupes constitués (écoles,
associations, centres de loisirs...) qui souhaitent
préparer une visite ou l’accompagner d’un projet
pédagogique ou éducatif spécifique. Ces rendezvous sont proposés afin de préparer au préalable
la venue d’un groupe et sa visite de l’exposition.
Un fichier d’accompagnement est
remis lors de ce rendez-vous.
(Ces rendez-vous et documentations sont gratuits.)
Les visites libres ((soit non accompagnées) sont
également proposées aux établissements et structures
adhérentes. Lors d’une visite libre, l’enseignant guide
lui-même sa classe. Il choisit les oeuvres à découvrir
et construit son parcours. Des moyens sont mis à sa
disposition pour l’aider dans cette préparation telles
que des pistes pédagogiques permettant d’orienter les
enseignants dans leurs réflexions et dans la mise en
lien avec leurs programmes scolaires. Ces documents se
présentent tels des aides à la visite, comme des clés de
lecture possibles et non comme des modes d’emplois.
Les visites commentées des expositions sont
réalisées tout au long de l’année par les médiateurs
du centre d’art Passerelle sur le mode du dialogue.
Ces rendez-vous permettent, au-delà du simple
commentaire d’œuvres, de créer un dialogue avec les
jeunes publics autour des questions soulevées par les
pratiques artistiques contemporaines, les courants de
l’art actuel et de pouvoir se positionner par rapport
aux œuvres : les regarder, les décrire, les analyser…
Ce format de visite est conseillé aux collèges et lycées.
Sur rdv, durée 1h30.
Les visites - ateliers pproposent de prolonger la
visite des expositions en s’appropriant leurs modes
et leurs processus artistiques et en créant des
situations de réflexion et de production pour identifier
les intentions et les temps de création d’une œuvre.
Ces ateliers concrétisent, par des propositions de
travail individuel et collectif, la mise en pratique des
notions développées durant la visite des expositions.
Elles s’adressent notamment aux cycles
1, 2 et 3. Sur rdv, durée 1h30.
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Réserver un temps de visite ou d’atelier :
Nous demandons aux enseignants de réserver, quel
que soit le type de visite choisi, afin d’organiser au
mieux l’accueil des plus jeunes dans le Centre d’art.
Contact médiation :
Claire Laporte-Bruto
Chargée des jeunes publics
[email protected]
02 98 43 34 95
Evénements et rendez-vous en détail sur le site
www.cac-passerelle.com
Samson et Dalila / Corentin Canesson
Fichier d’accompagnement
Informations
Passerelle Centre d’art contemporain
41, rue Charles Berthelot / F- 29200 Brest
tél. +33 (0)2 98 43 34 95
fax. +33 (0)2 98 43 29 67
[email protected]
www.cac-passerelle.com
Heures d’ouvertures
Ouvert le mardi de 14h à 20h
du mercredi au samedi de 14h à 18h30
fermé dimanche, lundi et jours fériés
Tarifs groupes (10 personnes minimun)
Passerelle Centre d’art contemporain encourage les établissements
scolaires à adhérer, afin de fidéliser les publics scolaires, de
proposer les meilleurs tarifs aux classes, et d’engager les
établissements dans une démarche de soutien au centre d’art.
L’adhésion est de 40€ l’année. Valable pour toutes les classes d’un
établissement, elle donne droit à des tarifs préférentiels sur les
actions proposées.
(Bulletin d’adhésion disponible à l’accueil du centre d’art passerelle
ou sur son site Internet)
Médiation
Renseignements et réservations des ateliers et visites guidées
tél. +33(0)2 98 43 34 95
Équipe de Passerelle
Etienne Bernard
Directeur & curator
Laëtitia Bouteloup-Morvan
Administration
Séverine Giordani
Expositions
Emmanuelle Baleydier
Communication & partenariats
Claire Laporte-Bruto
Jeunes publics
Prune Bodenez
Animation & publics adultes
Clémence Talineau
Jean-Christophe Deprez-DeperiersAccueil & multimédia
Jean-Christophe Primel
Production
Tanguy Belbéoc’h
Maintenance & régie
Passerelle Centre d’art contemporain, Brest bénéficie du soutien de la ville de Brest, de Brest métropole océane, du Conseil Général du Finistère, du Conseil Régional de
Bretagne et du Ministère de la Culture et de la Communication (DRAC Bretagne).
Passerelle Centre d’art contemporain, Brest est membre des associations
ACB - Art Contemporain en Bretagne
d.c.a. - association française de développement des centres d'arts
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Samson et Dalila / Corentin Canesson
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