En savoir plus sur le Mail Art - Le Musée d`Art Moderne et d`Art
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En savoir plus sur le Mail Art - Le Musée d`Art Moderne et d`Art
Le fonds « Mail art » ou « Art postal » provient d’un don effectué par Marcel Alocco au MAMAC au printemps 2014. Il comprend 214 objets de 122 expéditeurs différents. Les envois sont constitués d’enveloppes avec ou sans contenus, de cartes postales originales d’artistes ou cartes commerciales modifiées, de supports divers construits par des artistes. S’y ajoutent des cartons d’invitation pour expositions de mail art, ou des invitations hors norme spécialement conçues par un artiste pour une exposition personnelle. Les formats de 10 cm x 7,5 jusqu’à 36,2 cm x 26, en général rectangulaires, peuvent avoir des formes travaillées, des bords taillés ou des mises en volume. Diverses techniques interviennent : peinture, dessin, collage, découpage de matériaux divers, couture, faux timbres et tampons, construction d’objets… Tous les envois sont marqués par le passage par la distribution postale ou sont destinés (comme les cartes postales) à être postés. Une part de cette collection est formée d’envois reçus pour une exposition en avril 1983 dans la Galerie Association « Lieu 5 », organisée dans le cadre des rencontres « Prima 1983 » Pays-Niçois/Piémont par Marcel Alocco, alors secrétaire général du CRIA (Centre de Recherches et d’Interventions Artistiques). D’abord initiatives d’artistes isolés, (comme le timbre bleu d’Yves Klein) la transmission œuvrée de concepts artistiques par voie postale (dans un esprit différent des simples enveloppes décorées) se constitue autour de 1960 en un réseau ouvert d’abord à dominante Fluxus, sous l’impulsion de la « New York School of Correspondance » de Ray Johnson. Avec le groupe Fluxus constitué autour de Ben (Vautier) ; qui reçoit les renforts importants de George Brecht et Robert Filliou installés en 1965 à Villefranche-sur-Mer ; Nice est alors un centre fort d’émissions et de réceptions de ces courriers insolites. Le maintien en une seule collection de ces envois venus de tous horizons portant des adresses niçoises souligne la vitalité des « avant-gardes » à Nice durant les années soixante à quatre-vingt. Cette pratique permettait l’échange, dans un circuit qui se constituait par cooptations d’artistes ou d’amateurs par des artistes (transmission de listes d’adresses), entre des créateurs parfois de différentes disciplines qui ne se rencontreraient jamais autrement, et pouvaient ainsi connaître des œuvres en élaboration, encore peu ou pas connues. Pour Marcel Alocco la spécificité du Mail Art est d’être constitué d’envois par service postal qui sont conçus comme des œuvres (conceptuelles ou matérielles) et font partie de la démarche artistique de l’expéditeur et ne peuvent faire sens que sous cette forme (ex. l’envoi de la « Crevette femelle avec ses œufs » d’Annette Messager). Marcel Alocco a tout de même souhaité garder dans ce fonds Mail Art diverses approches, pour que la collection présente toute la gamme des conceptions de l’envoi postal d’artiste, jouant sur les limites incertaines entre l’expression artistique et l’expression d’usage, gamme qui accueille jusqu’aux enveloppes illustrées et déborde donc largement la Mail Art Fluxus. Source : Rencontre avec Marcel Alocco, mai 2014. Expéditeurs : Actual, Allard Alexandra (2), Anelli Salvatore, Angeletti Fred, Alocco Marcel (4), Alocco Elsa, Arman, Artpool, Baldini Marco, Bedino Dino, BEN (9), Bertini Giani, Bertrand Michel, Besançon Sylvain (2), Blaine Julien, Bleus Guy, Boltanski; Boutillon Claude Gilles (3), Bozzi Robert (2), Brecht (George) (2), Brondello Michèle, Brusky Paulo (2), Bussi Jean-Claude, Capettti Paolo, Carretti Gigliola, Casimiro Manuel, Castillejo José Luis, Catalano Tullio, Cavellini, Champollion Véronique, Charvolen Max (2), Clerc-Ougan Alain, Collectivo 3 (3), Comissariat, Cortès José, Dardano Gio, Da Rocha Luis, De Aquino Angelo, De Dominico Béatrice, De Jonge Ko (8), Deman Harmen, De Rosa Savatore, De Rosny Marc, Devichi, Dragan Sreco, Duda Clairette (3), Ellena Victor, Erner (2), Espinosa Cesar (2), Evans Donald, Farhi Jean-Claude, Fischer Hervé (3), Fontan Virgilio, Fredrikson, Friedman Ken, Giner (4), Giorgi Claude, Goalec, Goiran Claude, Gravier Nicole (3), Guinochet François, Jakubowiz Maurice, Johnson Ray (2), Kalam, Klingbeil, La Poste, LASLO Jean-Noël (2), LEMERRE (10), Lepage Jacques, Lona, Mahou Pascal (2), Mas Jean (2), Mendonça Bruno (2), Mercier Elisabeth, Messager Annette (6), Mignots Gérard, Miguel Martin, Moineau Jean-Claude (5), Nanni Giancarlo, Nelva Giogio, Nespolo Ugo (3), Partum Andrzej, Pécheur Anne-Marie, Pineau Jacques (9), POLYPTIQUE, Pozetta Jean, Roquet Maurice (2), Restany Pierre, Richards Steve, Roesz Germain (3), Rastorfer Jean-Marc, Raysse Martial, René Denise, Sadowski Antoine / Michel Hosszu, Samson Eli / Michel Hosszu, Saytour Patrick, Serée Gérard, Schwarzenberger Jörg, Sigaud Danielle (3), Sgraffite, Simoni Piero, Sorensen, Stagnaro Umberto, Schwind Jean, Tacchella Rino (2), Tixier Philippe (Garage 103) (2), Tobas, Tomek, Torchio Mario, Tòt Endre, Tubiana Sylvie (7), Vachey Michel (2), Valla Anna, Valentiner Peter, Vandenbroucke José, Van Geluwe Johan, Venet Bernar, Vigo Edgardo Antonio (4), Vila Jean-Louis, Vitrotto Clotilde, Würz Hervé, Zabala Horacio, Non identifié Marcel Alocco réside et travaille à Nice, où il est né le 8 février 1937. Après des études de lettres modernes à l'Université d'Aix-en-Provence, il revient à la pratique des arts plastiques par la médiation de l'écriture et participe activement à l'Ecole de Nice : d'abord avec Fluxus, puis de 1966 à 1970 dans la création de l'esthétique Supports-Surfaces. Dans l'esprit Fluxus il produit des œuvres (Bandes-Objets, Le Tiroir aux Vieilleries) employant des matériaux divers, puis en 1967/68 travaille sur des draps de lit la transformation des formes confrontées aux conditions d'application, tout en expérimentant avec l'idéogrammaire le rapport textes-formes dans la peinture. Pour lui l'image est l'une des composantes fondamentales de la peinture car quoi qu'on fasse, "Toute peinture fait image" écrit-il. À partir de 1973, il élabore ses Fragments de La Peinture en Patchwork : le tissu est peint, puis déchiré, remonté par couture ou tricotage, traitant en un même processus les couleurs, figures et supports liés, donnant ainsi pleinement sa spécificité au travail plastique. Le dé-tissage de la toile peinte intervient, à partir de 1980, comme moyen de transformation de l'image par le déplacement de fragments de support-couleur. La technique la plus élémentaire du patchwork, introduisant une dialectique continudiscontinu, y est annexée comme outil d'ouverture pour la création, ainsi que le souligne Michel Butor: ..."on a chez toi tout un travail sur le déchirage du tissu. Ni découpure ni déchirure. Car il n'y a ni ciseaux ni accrocs.(...) La toile est libre chez toi autrement que chez les autres peintres, avec ses bords déchiquetés, frangés, qui la font communiquer avec l'extérieur". (Catalogue Marcel Alocco, Musée d'Art Moderne et d'Art Contemporain, Nice, 1993). L'exploration des origines (et des techniques archaïques) a conduit Marcel Alocco à s'intéresser (selon une hypothèse de Sigmund Freud) à l'invention du tissage à partir des cheveux de femmes. De février 1995 à fin 1999, il interroge la peinture avec le support-couleur cheveu, développant de fines miniatures de tissages élémentaires. En décembre 1999, il décide arbitrairement d'arrêter son travail de plasticien, et se consacre davantage à l'écriture, et travaux pour livres de bibliophilie. En décembre 2003, reprise du travail plastique avec diverses études de tissage sur l'image en ikat (attacher, nouer en indonésien) puis il aborde encore une fois le problème de l'origine dans un travail à partir des premiers dessins d'enfants ("Mes Enfances") d'abord sur papier, puis toile et enfin en dé-tissage. Parallèlement, il a créé et dirigé de 1962 à 1966 la revue "Identités", (Réédition en portofolio par les éditions de L'Ormaie en 1998), et en 1967-68 "Open". Il a également publié des poèmes, des essais, et des romans. source : http://www.alocco.com