Actes 2007 - UNSAF - Syndicat National des Audioprothésistes

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Actes 2007 - UNSAF - Syndicat National des Audioprothésistes
Sommaire
N° de page
Statistiques du Congrès ..........................................................................................................
Discours d’ouverture du Congrès du Président de l’UNSAF .................................................
Discours d’inauguration du Congrès de l’UNSAF 2007 – Eric BIZAGUET ...........................
Discours du Président de l’UNSAF lors du cocktail du Congrès ............................................
Editorial de Christine Dagain, Chargée de l’organisation du Congrès ..................................
Samedi 24 mars 2007 - Journée Pluridisciplinaire :
L’audition : prévention, dépistage, traitement, de la naissance à la presbyacousie.
Engagements et responsabilités des audioprothésistes ...............................................
• UNSAF, présentation de la journée pluridisciplinaire – Paul AVAN et Eric BIZAGUET .....
• Intervention after an alarming outcome at neonatal hearing screening
Bert van ZANTEN ............................................................................................................
• Apport de l’électrophysiologie en pédio-audiologie – Emily MARKESSIS ........................
• L’accès à la communication linguistique chez l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire – Willy SERNICLAES ......................................................
• Nouvelle approche de la perte auditive cochléaire, nouvelles pistes pour le dépistage
et l’évaluation ... – Christian LORENZI .............................................................................
• Applications cliniques des otoémissions acoustiques dans l’industrie – Bart VINCK ........
• Presbyacousie et troubles cognitifs – Arach MADJLESSI ................................................
• Perception émotionnelle sociale et prothèse auditive – Gwladys REY ..............................
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Ateliers
• Atelier 1 : Mesure in vivo et application au micro contour – Christian BROCARD ............ 47
• Atelier 2 : Audiométrie du jeune enfant : comment installer le conditionnement des
réponses en fonction de l’âge du développement – Monique DELAROCHE ................. 63
• Atelier 3 : : Acouphène 3e partie - Philippe LURQUIN ........................................................ 71
Dimanche 25 mars 2007 .............................................................................................. 75
• Vers une normalisation des Services des Audioprothésistes.
Le point sur les travaux AFNOR
H. BISCHOFF - E. BIZAGUET - JJ. BLANCHET - B. ROY ............................................. 76
• Personal, social and economic consequences of hearing loss – Kim RUBERG ............... 81
• Table-ronde professionnelle « Les coûts socio économiques de la malaudition » ............. 117
Les relations presse du Congrès .......................................................................................... 123
Interviews : Ambroise OMO-OLOYE BABI (Bénin), Julie SABOURIN (Canada) et
Sophie VOUZELAUD (France) ............................................................................................. 126
Nouveaux exposants 2007 .................................................................................................... 131
Exposants 2007 ..................................................................................................................... 132
Partenaires 2007 ................................................................................................................... 133
Congrès des Audioprothésistes 2008 ................................................................................... 135
Organigramme de l’UNSAF ................................................................................................. 136
Contacts / Organisation ......................................................................................................... 137
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Statistiques du Congrès
RÉPARTITION DES
INSCRIPTIONS
(France)
Discours d'ouverture du Congrès
du Président de l’UNSAF
Auvergne 1,74 %
Basse Normandie 1,85 %
Aquitaine 2,77 %
Alsace 1,03 %
Bourgogne 2,07 %
Rhone-Alpes 8,05 %
Bretagne 4,57 %
Poitou-Charentes 1,20 %
Centre 3,81 %
Picardie 2,07 %
Champagne-Ardenne 1,47 %
Pays de Loire 4,73 %
Dom-Tom 0,98 %
PACA 6,64 %
Franche-Comté 1,69 %
Nord-Pas de Calais 5,60 %
Midi-Pyrénées 4,13 %
Haute Normandie 2,88 %
Lorraine 3,21 %
Limousin 0,76 %
Languedoc-Roussillon 2,56 %
Tunisie 3,97 %
RÉPARTITION DES
INSCRIPTIONS
(Étranger)
IDF 36,18 %
Non renseigné 0,36 %
Algérie 8,30 %
Togo 0,36 %
Allemagne 4,69 %
Suisse 20,58 %
Suède 0,36 %
Portugal 0,72 %
Pays Bas 2,17 %
Monaco 1,08 %
Maroc 4,69 %
Belgique 44,04 %
Liban 0,72 %
Italie 1,81 %
Grèce 0,36 %
États Unis 0,72 %
Bénin 0,36 %
Éspagne 0,72 %
Danemark 0,36 %
Canada 3,61 %
HISTORIQUE DE LA
FRÉQUENTATION
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Mesdames, Messieurs, Chers Confrères,
Bienvenue à toutes et à tous, au nom de l’UNSAF et de ses 3 composantes, FNAF, SAF, SNUA, je déclare ouverte cette 29e édition du Congrès
National des Audioprothésistes Français.
Je tiens tout d’abord à remercier de sa présence à l’inauguration de notre
congrès Sophie VOUZELAUD, première dauphine de Miss France 2007.
Nous sommes fiers de sa présence, elle représente en effet un porte-parole pour tous les
malentendants et une image positive de l’appareillage auditif.
Je remercie aussi tous les professionnels qui assistent nombreux à ce congrès et les exposants
qui cette année encore ont multiplié les efforts pour un salon d’exposition de très haute qualité.
Paul AVAN et Éric BIZAGUET ont une fois encore permis à cette journée pluridisciplinaire
d’être un succès par la qualité des conférences auxquelles ils vont nous permettre d’assister.
Je laisserai à Éric BIZAGUET, président du collège et président de cette journée scientifique, vous en présenter le contenu.
Pour ma part, je vous rappelle que notre manifestation comporte trois journées de Congrès.
Ces trois journées, nous les avons voulu très différentes :
Le samedi reste la journée pluridisciplinaire avec une orientation très scientifique. Demain
dimanche j’ai souhaité que nous ayons des débats plus politiques.
Effectivement, nous aurons une présentation par Kim RUBERG Secrétaire Général de l’organisation internationale Hear-It d’une étude passionnante sur « Les conséquences personnelles, sociales et économiques de la perte auditive ». Cette présentation sera suivie d’un débat
animé par Laurent BROOMHEAD. Nous y avons invité les candidats à l’Election
Présidentielle à se faire représenter. François BAYROU, Jean-Marie LE PEN, Ségolène
ROYAL, Nicolas SARKOZY, et Dominique VOYNET ont désigné un représentant.
Nous pourrons donc présenter notre métier et formuler nos souhaits.
Si j’insiste sur cette Table ronde maintenant, c’est parce que je souhaite que vous soyez très
nombreux à y participer. Il en va de la crédibilité de notre profession face aux responsables de
demain.
Enfin, lundi, nous donnerons la parole à ceux qui feront la profession demain.
Le matin, nous assisterons aux présentations des mémoires des candidats au titre de Lauréats
du Collège National d’Audioprothèse.
Cette année l’UNSAF s’est jointe au collège pour permettre de récompenser plusieurs
étudiants.
L’après-midi, des jeunes confrères feront leur première publication en public. Je vous demande
donc de venir les soutenir dans cette épreuve !
Merci à tous de votre présence et bon Congrès 2007 !
Benoît ROY
Président de l’UNSAF
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Discours d’inauguration du
Congrès de l’UNSAF 2007
C’est un honneur d’inaugurer en tant que Président du Collège National
d’Audioprothèse cette nouvelle session du Congrès des Audioprothésistes
français, organisée par l’UNSAF sous la présidence de Benoît ROY et
grâce à l’efficacité sans cesse renouvelée de Christine DAGAIN.
Ce congrès est la vitrine où se côtoient technique, service et savoir-faire
prothétique. Tous les fabricants sont représentés et démontrent par la qualité de leur
accueil et de leur efficacité l’extraordinaire bond en avant de la technologie mise au service
des déficients auditifs.
Je suis particulièrement heureux de pouvoir le faire cette année car c’est le quarantième
anniversaire de l’existence de notre belle profession. Il y a 40 ans, nos pères, Monsieur
Paul VEIT et Monsieur Joany VAYSSETTE entre autres, ont fait adopter la loi qui
réglemente toujours notre exercice professionnel et je leur rends hommage pour le travail
accompli.
Preuve de leur clairvoyance, cette loi protège toujours notre profession et nous permet de
pratiquer l’acte prothétique dans une grande indépendance sous la protection de la valeur
de notre diplôme.
Ne doit pouvoir exercer cet acte prothétique que le titulaire du diplôme d’audioprothèse.
Permettre au déficient auditif de pouvoir être pris en charge par un personnel qualifié et
diplômé dans un local adapté était une étape indispensable à une époque où existaient l’itinérance et la vente par correspondance. Cette loi nous protège, ainsi que le déficient auditif, de ce type de pratique et la changer pourrait fragiliser le cadre et la responsabilité de
l’audioprothésiste.
C’est pourquoi dimanche nous parlerons de l’évaluation des coûts sociaux économiques de
la malaudition, étude qui pourrait conditionner notre exercice futur. Ce qui nous conduit à
faire introduire cette table ronde par le point sur la normalisation des services des audioprothésistes, normalisation lancée par le Président Benoît ROY, les Présidents des syndicats qui composent l’UNSAF, Francine BERTHET, Frédéric BESVEL et Luis
GODINHO, avec l’adhésion totale du Collège National d’Audioprothèse.
Cette démarche de normalisation est sans doute l’un des arguments majeurs de nos prochaines négociations auprès des pouvoirs publics.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Discours d’inauguration du
Congrès de l’UNSAF 2007
Le but : réformer notre exercice professionnel sans modifier la loi qui le régit, tout en élevant le niveau de prise en charge du déficient auditif en créant un « Label de Qualité ». C’est
une nécessité du fait des progrès technologiques et de l’apparition de nouvelles méthodologies d’appareillage de faire évoluer, non les bases, mais le contenu de notre exercice.
Cette démarche se fait de plus en conservant avec conviction le fil conducteur de notre
démarche, l’indissociabilité de l’appareil auditif et du service d’adaptation et de suivi.
Notre profession est en cours de mutation et doit s’adapter pour rester performante. Le
rythme des changements est rapide, et ce rythme est dépendant de la vitrine technologique dont je parlais précédemment.
Merci aux fabricants de poursuivre leurs efforts technologiques et de nous associer à ces
progrès pour améliorer toujours plus la qualité de vie de nos patients.
Cette évolution imposée doit par ailleurs nous conduire à poursuivre la mise en place d’une
formation continue et à élever notre niveau d’études de façon à procurer à ces fabricants
des spécialistes audioprothésistes capables de mener des études cliniques et à fournir pour
l’avenir un corps d’enseignants aux directeurs d’enseignement.
Pour cela, la profession doit se mobiliser pour finaliser la mise en place du master d’audiologie-audioprothèse et profiter de cette chance extraordinaire d’entrer dans le cursus LMD
pour être demain audioprothésiste spécialiste de l’implant, de l’appareillage du nourrisson
et de l’acouphène.
C’est par la formation de notre profession que nous ferons progresser la qualité de notre
prise en charge. Amélioration de la qualité qui devrait élever notre notoriété et entraîner
une adhésion plus précoce à l’appareillage.
Cette formation existe déjà : EPU, DU, Congrès, revues professionnelles, sans oublier nos
amis des Sociétés Savantes d’audiologie et d’ORL. Participer à ces formations et échanges pluridisciplinaires nous rendra fort pour notre avenir.
Et c‘est pour préparer cet avenir que l’UNSAF a décidé de permettre à de jeunes audioprothésistes de venir communiquer pour la première fois. La relève doit toujours être préparée et je les remercie de leur courage car je sais combien il est difficile de monter sur
la tribune en s’exposant au jugement d’autrui. Soyez nombreux lundi à les soutenir dans leur
effort et j’encourage pour l’année prochaine les futurs jeunes talents à se faire connaître
aux membres du Collège, de façon à ce qu’ils puissent être aidés dans leurs démarches s’ils
le souhaitent.
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Discours d’inauguration du
Congrès de l’UNSAF 2007
De même, je félicite d’avance les 4 ex-étudiants de l’année dernière qui se sont portés,
grâce à la valeur de leur mémoire de fin d’études, candidats au titre de lauréat ou de lauréate du Collège National d’Audioprothèse. Ils sont devenus depuis mes collègues audioprothésistes et exercent cette belle profession. De façon à récompenser leur travail et
après les avoir écoutés et applaudis, le Collège remettra un chèque de 1000 € au lauréat
et l’UNSAF un chèque de 250 € pour les 3 autres participants.
Pendant ce congrès, des ateliers seront également ouverts concernant la mesure in-vivo,
l’audiométrie des jeunes enfants, l’acouphène et permettront du fait d’un nombre réduit de
participants des échanges que je sais riches et fructueux.
Les nombreuses pauses permettront de rencontrer nos amis fabricants qui viennent parmi
nous démontrer que l’avenir est déjà là et qu’il est radieux pour celui qui veut apprendre et
partager son savoir.
Discours du Président de l’UNSAF
lors du Cocktail du Congrès
Mesdames, Messieurs,
Merci à toute et à tous, votre présence fait de ce congrès 2007 un
29e succès.
Notre Congrès est une nouvelle fois un succès. Cette année l’inscription en
ligne a eu un succès important, elle a permis de simplifier les procédures.
Toute cette organisation n’est possible que grâce au travail considérable d’une petite
équipe. Cette équipe est coordonnée par une bénévole, notre responsable congrès à
l’UNSAF, Christine DAGAIN.
Bravo Christine pour ton action, et surtout continue à nous apporter de bonnes idées pour
que nous continuions à progresser.
Merci à Paul AVAN et à Eric BIZAGUET pour l’organisation de la journée scientifique.
Faire des efforts est cependant nécessaire et Sophie VOUZELAUD, avec qui j’ai eu l’honneur d’inaugurer le congrès, en est un exemple. Tout est possible, à condition de le vouloir.
Elle a su se dépasser et dépasser son handicap pour devenir la première femme malentendante à une finale de l’élection de Miss France. Elle est représentative de nos patients qui
veulent participer en étant comme les autres, des acteurs reconnus de la vie sociale.
Suivons son exemple et osons nous dépasser pour faire toujours mieux.
Le programme de la journée de demain est réservé à de jeunes conférenciers, la procédure
de certification, les négociations avec les pouvoirs publics, montrent bien la collaboration
étroite qui existe entre le Collège et l’UNSAF.
Pour cela nous devons nous épauler entre professionnels en partageant nos connaissances
et c’est pourquoi je remercie également Paul AVAN et les professionnels de cette journée pluridisciplinaire de nous permettre de progresser. C’est la mission de ce congrès.
Merci à nos fournisseurs, exposants, cette année encore ils ont réalisé des stands particulièrement attractifs. Je les remercie aussi pour la qualité des produits qu’ils nous fournissent et qui contribuent à la satisfaction de nos patients.
Merci à notre attachée de presse, Isabelle PATURLE et à toute son équipe qui contribuent grandement au rayonnement de ce Congrès.
Merci aux participants, par leur présence, ils contribuent à faire du congrès français un des
trois grands rassemblements de notre profession dans le monde.
Éric BIZAGUET
Président du Collège National d’Audioprothèse
Merci également à la société SPAT organisatrice de congrès qui, après des années de collaboration, connaît maintenant bien les spécificités de notre métier et de notre congrès.
Mais si nous en sommes là aujourd’hui, c’est grâce à ceux qui, il y a 40 ans, se sont mobilisés pour créer notre profession. Je ne les oublie pas, je pense notamment à Paul VEIT,
et à Joanny VAYSSETTE qui nous a quitté récemment.
Je n’oublie évidemment pas non plus ceux qui ont permis à la profession d’évoluer pour
s’adapter à l’évolution de la technologie et de la législation, je pense bien évidemment à
mon regretté prédécesseur, René BUISSIERE mais aussi à tous ceux qui l’ont épaulé
notamment Xavier RENARD, Daniel CHEVILLARD, Bernard AZEMA et tous ceux qui
ont permis à l’UNSAF d’exister…
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Discours du Président de l’UNSAF
lors du Cocktail du Congrès
Discours du Président de l’UNSAF
lors du Cocktail du Congrès
Que de chemin parcouru depuis le 3 janvier 1967…
En effet, la loi du 3 janvier 1967 a strictement défini la profession d’audioprothésiste.
Je n’accepte pas d’entendre, lors de débats parlementaires, notre ministre de tutelle porter la suspicion sur toute la profession en disant que nous « manquons de transparence ».
Depuis, la loi et les textes réglementaires ont permis une meilleure reconnaissance de la
profession, une élévation du niveau requis pour l’exercer à 3 années d’études, et ont fixé les
conditions d’exercice.
Il est vrai que l’on aimerait parfois que les choses aillent plus vite, plus loin, mais force est
de reconnaître, que depuis près de quarante ans, il s’en est passé des choses !
La loi 67-4 a reconnu notre profession, mais aussi la façon de l’exercer pour des décennies et je l’espère pour des décennies encore…
Notre liberté professionnelle y est inscrite et je pense qu’il fallait être visionnaire à cette
époque pour écrire : "Cet appareillage comprend le choix, l'adaptation, la délivrance, le
contrôle d'efficacité immédiate et permanente de la prothèse auditive et l'éducation prothétique du déficient de l'ouïe appareillée."
Je l’accepte d’autant moins que ce débat est intervenu alors que nous venions de réaliser
l’interview des acteurs et partenaires du marché de l’audioprothèse pour aboutir à une certification des services des audioprothésistes par l’AFNOR.
Une démarche qui est une preuve de notre volonté de transparence.
Aujourd’hui, la réalisation d’un appareillage de qualité nécessite une compétence accrue des
professionnels et un suivi permanent des patients que seul un audioprothésiste peut faire
convenablement. Il fallait donc voir loin pour décrire dans une loi, près de 30 ans avant l’arrivée des premiers appareils numériques le déroulement de l’appareillage.
Depuis, les choses ont évolué, on est passé à 3 années d’études, le métier change sans
cesse, mais nous devons rester vigilants quant cette évolution et c’est à cela que servent
les organisations professionnelles que je représente ce soir.
Oui, il est de notre responsabilité à tous de prévoir et d’orienter l’exercice de l’audioprothèse, en France et en Europe.
Prévoir l’évolution c’est notamment de ne pas se voir reprocher un manque de compétence
pour prendre en charge des patients qui exigent une formation accrue, je pense en particulier à l’appareillage des très jeunes enfants, aux réglages d’implants, etc. Comme l’a rappelé hier le Professeur Lionel COLLET, il est essentiel de montrer notre volonté, d’inscrire la formation des audioprothésistes dans le cursus LMD.
Nous avons participé à plusieurs réunions lorsque les ministères concernés ont décidé d’ouvrir ce dossier, hélas, il semble en panne aujourd’hui, c’est très regrettable pour toutes les
professions de santé.
Notre évolution c’est aussi de nous faire entendre afin que nous ne soyons plus victimes
d’une modification de la loi qui règlemente notre profession sans aucune concertation.
Ce qui s’est passé en décembre dernier est intolérable.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Et ce que vous ne savez probablement pas, c’est que les pouvoirs publics n’ont pas jugé
utile de répondre à nos demandes d’interview, et que cela a failli remettre en cause l’étude
de faisabilité !
Nous n’avons été reçus au cabinet du Ministre, en présence de la Direction de la Sécurité
Sociale et de la DGCCRF, qu’après le vote de l’amendement au Sénat. Nous nous sommes émus des propos tenus et de cette absence de réponse à nos interviews.
Nos interlocuteurs nous ont promis de travailler avec nous et de participer à nos travaux
de normalisation. Hélas, leurs sièges sont restés vides à la première réunion du groupe de
travail sur la normalisation. Les représentants des malentendants comme ceux de la profession n’ont pu que regretter ce manque de considération.
Voilà pourquoi j’ai souhaité l’organisation de la fructueuse Table ronde à laquelle nous
venons d’assister.
Il est indispensable d’exprimer en amont nos revendications et de rappeler que l’État a la
responsabilité de la qualité des soins. Nous voulons travailler à une amélioration de la prise
en charge de la surdité, par un dépistage accru, et par l’assurance qualité des soins que
nous dispensons.
Je ne reviendrai pas sur ce qui vient d’être dit.
Une chose est sûre, nous avons prouvé notre crédibilité en faisant venir à nous des responsables santé de premier ordre dans l’organisation des campagnes électorales, et nous saurons leur rappeler les engagements qu’ils ont pris. Depuis notre dernier Congrès, vos représentants syndicaux se sont mobilisés pour de nombreuses actions.
Je suis systématiquement présent aux réunions de l’Union Nationale des Professionnels
de Santé.
Appartenir à cette instance, c’est participer à l’action solidaire des professionnels de santé.
Nous avons pu nous en rendre compte en décembre dernier, lorsque « le fameux amende-
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Discours du Président de l’UNSAF
lors du Cocktail du Congrès
Éditorial de Christine DAGAIN
Chargée de l’organisation du Congrès
ment » a été adopté. Le Docteur CABRERA est intervenu auprès des ministres, c’est par
son intermédiaire que nous avons été reçus rapidement.
Il m’a également permis de rencontrer lors d’un bref échange Xavier BERTRAND qui s’est
alors engagé à nous recevoir pour travailler sur l’application de l’amendement…
Je participe également à la Conférence Nationale de Santé qui a voté jeudi dernier un avis
sur "Les voies d’amélioration du système de santé français" pour les 5 prochaines années
à destination des futurs dirigeants.
Nous participons aussi au groupe de travail sur le DMP, le Dossier Médical Personnel.
C’est un des plus gros chantiers dans le domaine de la santé. Nos représentants y défendent notre exercice professionnel car c’est maintenant que se prennent les décisions : que
pourront lire les audioprothésistes, que pourront-ils écrire sur le dossier ?
Nous participons aussi aux travaux du groupe de travail sur le handicap et sur les aides
techniques. Participer à toutes ces instances, c’est la preuve s’il en est, que 40 ans après
le vote de la loi nous sommes toujours une profession de santé et nous entendons le rester.
Nous regrettons de devoir trop souvent le rappeler en luttant contre les exercices illégaux
de l’audioprothèse et contre la vente des aides auditives "exotiques" !
Quelques décisions de justice nous ont encore récemment donné raison de mener ces
combats.
Toutes ces actions sont les vôtres, nous ne pouvons les mener que grâce aux adhérents
des organisations professionnelles. J’incite donc tous ceux qui ne sont pas encore syndiqués, et surtout les plus jeunes, qui veulent exercer ce métier de liberté pendant de longues années à adhérer à l’une des composantes de l’UNSAF.
Je terminerai enfin en vous disant que peu importe l’organisation à laquelle vous adhérez,
j’ai la grande satisfaction d’être le président d’une union syndicale qui travaille en parfaite
harmonie. Merci donc à Francine BERTHET, à Frédéric BESVEL et à Luis GODINHO
de participer à l’unité de la profession.
Je vous remercie et vous invite à partager le verre de l’amitié.
Voici l'heure du bilan de la 29e édition du Congrès National des
Audioprothésistes Français. Les Actes du Congrès marquent en
effet la dernière étape de notre manifestation.
Une étape que je suis heureuse de découvrir et de partager avec vous. Notre
Congrès a, cette année encore, été un réel succès. Preuve en est la participation
et la contribution de tous. Les conférences et ateliers ont été appréciés, les stands
remarquables de design et de convivialité, les visiteurs nombreux et satisfaits, et
la "Jeunesse" célébrée au travers du Prix du CNA et de la conférence dédiée
« aux jeunes et nouveaux talents de l’audioprothèse française ».
Le salon a accueilli 59 sociétés exposantes, et 2 115 visiteurs hors exposants.
La France a bien entendu largement répondu présent au travers des audioprothésistes venus de tous les départements, mais ce n'est pas tout. De nombreux
pays nous ont rejoint. Nous avons eu le plaisir d'accueillir cette année des visiteurs originaires de Belgique et Suisse (les plus nombreux), d'Italie, de Grèce,
d'Allemagne, de nombreux pays d'Europe, mais également des pays du Maghreb,
d'Afrique et même du Canada...
Sur ces notes positives, je vous laisse maintenant retrouver dans ces Actes, l'essentiel des trois journées du Congrès National des Audioprothésistes Français 2007.
Rendez-vous pour le 30e Congrès National des Audioprothésistes Français, du 29
au 31 mars 2008, au CNIT, Paris-La Défense.
Benoît ROY
Président de l’UNSAF
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Christine DAGAIN
Chargée de l’organisation du Congrès
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Samedi 24 mars 2007
Journée pluridisciplinaire
■ « L’audition :
Prévention, dépistage,
traitement de la naissance
à la presbyacousie.
Engagements et responsabilités
des audioprothésistes ».
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Présentation de la journée pluridisciplinaire 2007
Présentation de la journée pluridisciplinaire
Professeur Paul AVAN,
Président Scientifique du Congrès
Université d’Auvergne – Clermont-Ferrand
Responsable de l’EA 2667 – Biophysique sensorielle
Le dépistage universel de la surdité à la naissance, en cours
d’évaluation en France mais désormais une réalité, amène naturellement à réfléchir à la place de l’audioprothésiste dans le parcours suivi par un enfant sourd et
sa famille, au moment même où les solutions techniques, de l’appareil amplificateur à l’implant cochléaire, ne cessent de se perfectionner. La qualité de ces solutions retentit positivement sur les résultats de l’appareillage de l’adulte, domaine
d’activité majeur de la profession. De ce fait l’image de l’audioprothèse s’en
trouve transformée dans l’esprit de ses utilisateurs. Et qui plus est, la profession
a désormais en main les outils pour répondre aux plus hautes instances de Santé
qui souhaitent avoir la preuve de la qualité de ses interventions.
Le challenge est donc double, ce que reflète le programme de la journée scientifique 2007. Premièrement, il s’agit de valider non seulement le dépistage précoce
du bébé (ce que présentera le Dr. Bert Van ZANTEN, des Pays-Bas), mais aussi
l’intervention qui suit l’étape diagnostique : démontrer son efficacité et justifier l’effort de précocité (communication du Dr. Willy SERNICLAES, de Paris).
Deuxièmement, devant les nombreuses données issues des neurosciences qui
insistent sur l’importance d’un appareillage aussi précoce que possible chez
l’adulte sourd dès lors qu’un handicap se manifeste, il importe de réfléchir à la
manière de détecter plus tôt ce handicap (sujet traité par le Dr. Bart VINCK, de
Belgique) et de convaincre plus vite sa victime. Il faut aussi éviter de laisser pour
compte des sous-groupes déjà victimes d’autres handicaps plus évidents (le
Dr Arach MADJLESSI, de l'hôpital des Invalides, évoquera les troubles cognitifs
liés à l'âge). Ce double challenge, qui est déjà à notre portée, en soulève un troisième, celui d’améliorer encore les outils de mesure et de réhabilitation qui
conclura la journée en nous projetant vers 2008.
Conclusion de la journée pluridisciplinaire
Eric BIZAGUET,
Président de la Journée Scientifique du Congrès
Président du Collège National d’Audioprothèse
Cette journée scientifique, organisée de façon magistrale par Paul
AVAN, nous a conduit à analyser et comprendre l’importance du
dépistage aux différentes étapes de la vie. Le dépistage de la surdité à la naissance en cours de validation en France n’est plus que de la routine aux Pays-Bas
et la démonstration apportée par l’exposé du Dr. Bert Van ZANTEN, renforcée par
la conférence du Dr Willy SERNICLAES sur son efficacité et la justification de l’effort de précocité, ne peut que valider l’option française de dépistage. L’améliorer
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Présentation de la journée pluridisciplinaire 2007
sans cesse de façon à le rendre plus précoce et plus efficace en associant les différentes professions prenant en charge les questions de surdité sera l’objectif
auquel les audioprothésistes doivent s’associer. Avec une condition, respecter le
cadre éthique professionnel.
Ce dépistage verra d’ailleurs sa nécessité démontrée lors de la journée de
Dimanche sur les coûts économiques de la malaudition. Faire prendre
conscience aux pouvoirs publics que la surdité représente un coût social important et un handicap majeur doit faire partie de nos projets dans ce monde où les
prises en charge financières dépendent du service médical ou audioprothétique
rendu.
Prendre en charge plus précocement la surdité du nourrisson doit se faire dans
le cadre d’une amélioration de la technique prothétique comme le propose Emily
MARKESSIS au sujet des ASSR ou Auditory Steady State Responses, potentiels
auditifs objectifs qui permettraient de relever les seuils de façon fiable aussi bien
avec que sans appareils et surtout en révélant enfin les fréquences graves et
médianes, zones non traitées par les PEA habituels. Son exposé nous a montré
les avantages, mais aussi les limites de cette technique en pleine évolution. Le
fait qu’elle permette cependant le relevé avec aides auditives doit nous amener à
participer à cette nouvelle ouverture.
Devant ces démonstrations, on ne peut qu’encourager les pouvoirs publics à
poursuivre leurs efforts envers le dépistage du nourrisson, mais on doit aussi leur
rappeler que les années futures verront une augmentation significative de la longévité et que les seniors ne doivent pas être oubliés dans la mise en place du système de dépistage de demain. L’impact d’une surdité à la naissance n’est plus à
démontrer. Par contre, celui d’une surdité intervenant de façon insidieuse et très
progressive avec l’âge ne doit pas être sous-estimé comme elle l’est actuellement. Rendre obligatoire le dépistage à 60 ans, encourager les seniors à un
appareillage précoce, leur expliquer l’importance de rester auditivement actifs
pour être socialement intégrés, leur faire partager nos connaissances sur l’impact
d’un repli sur soi-même. Tous ces items ont été développés par Dr. Bart VINCK
de Belgique et Dr Arach MADJLESSI de l’Hôpital des Invalides. Limiter le poids
des ans et les troubles cognitifs liés à l’âge ne pourra se faire qu’en intégrant dans
le processus l’appareillage et l’audioprothésiste.
Cette journée pluridisciplinaire introduit le Congrès et nous rappelle que la pluridisciplinarité est indispensable à notre activité actuelle, que notre profession s’intègre dans un parcours de soins vers l’appareillage intégrant le généraliste, le
pédiatre, le gériatre, l’ORL, mais aussi les orthophonistes et psychologues dont
le rôle ne peut que grandir au fur et à mesure de l’allongement de la vie et de
l’augmentation des troubles cognitifs qui en découleront. Partageons le savoir et
écoutons nos partenaires pour participer de façon active à cette prise en charge
collective de demain.
15 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
Intervention after an alarming outcome at
neonatal hearing screening
Dr. Bert van ZANTEN
Clinical-physicist/Audiologist,
University Medical Centre Utrecht, the Netherlands
Introduction
In this paper, the neonatal conditions for the Netherlands, the why
and how of a neonatal hearing screening program and its follow-up are discussed, and the hearing care, will be described. An example will be presented.
Neonatal conditions
These are in the Netherlands somewhat special in the western world, because
30-35 % of the baby’s is born at home, and of those delivered in a hospital the
post natal stay is very short, over 85 % not ‘available for screening’ in a hospital
(discharge typically <12h). The postnatal health care is given at home by a midwife or general practitioner and a childbed nurse, coming in for about 50 hours in
the first postnatal week. In these conditions a hospital based neonatal hearing
screening program does not work.
For preventive health care, a system of Well Baby Clinics (WBC) takes care of all
neonates which are not hospitalized for a prolonged period after birth. The WBCsystem runs in 57 state subsidized autonomous districts. The WBC monitors
many aspects of the baby’s development and carries out immunizations. The system reaches over 97% of babies in the first year of live. The first contact is a home
visit by a nurse in the first weeks of life and thereafter the baby visits the neighborhood WBC according to fixed time schedule. At the first home visit, at age 4-8
days of the neonate, WBC nurse carries out the first screening tests, the hearing
screening and the blood spot screening for detecting a high risk of
PKU/CHT/AGS. The WBCs used to carry out the old hearing screening program,
where healthy babies were tested by distraction testing at the age of 9-11 months.
Hearing Care in the Netherlands
For children, up to 16 years of age, hearing care in The Netherlands is given by
Audiological Centers (ACs). For this purpose ACs employ multi-disciplinary teams
(audiologist, psychologist, social-worker, speech and hearing therapist, [ENT-doctor in university centers]). In case of hearing rehabilitation the audiologist prescribes the hearing aids, but does not sell them and an hearing aid dispenser, called
the “audicien”, sells the prescribed aids, makes the ear moulds and assembles
and programs the hearing aids. The hearing aid dispense can select another hea-
Actes du Congrès des Audioprothésistes
16
Intervention after an alarming outcome at
neonatal hearing screening
ring aid than prescribed, after consulting the audiologist. Audiological Centers are
evenly spread over the population of the Netherlands, which amounts 17 million.
Each year about 190.000 neonates have to be screened.
Why a neonatal hearing screening program?
The program of the Netherlands is still too young to present scientific evidence
supporting the answer to this question. But elsewhere ample evidence is available. The most compelling arguments come from research by Christine YoshinagaItano, Colorado, US. Colorado has a widespread neonatal screening program and
comparisons could be made between those hearing impaired children that were
identified by the screening program and those that were later identified (from
before the screen). For instance it was shown [Yoshinaga-Itano,1998;
Pediatrics,102,pp1161-1171] that there is significant less difference in non-verbal
and verbal intelligence at age 31-36 months between early identified and treated
babies , before the age of 6 months, and later identified and treated babies. In the
early identified group the difference is small and it is large in the later identified
group. Furthermore the child’s active vocabulary is growing faster and close to
normal in the early identified group, and significantly so compared to the later
identified group [Yoshinaga-Itano, Journal of Deaf Studies and Deaf Education
8:1 Winter 2003].
If in a specific neonate a hearing problem is obvious, for instance because of a
bilateral atresia of the outer ear canal, hearing assessment and treatment would
be started as soon as possible. A screening program is to identify all those neonates who carry a high risk of hearing impairment, without or with the obvious stigmata for hearing loss.
Two neonatal hearing screening programs
Two separate programs are running.
The first program is carried out within the preventive health care system, so by the
WBC system. It covers a target group of about 190.000 healthy born
neonates/year. The coverage is over 97% and the yield is 0.06 %: about 130
baby’s/year. The program encompasses 3 stages. In the first stage an Automated
click-evoked OtoAcoustic Emission (A-OAE) test is done. In case of fail a second
A-OAE-test is done. In case of fail an automated-auditory brainstem response test
is done, A-ABR. 0.32 % of the initially screened population is directly referred to
the regional Audiological Center. Furthermore, it must be remarked that, in order
to run such a mass screening program with a high quality, a comprehensible and
at the same time user friendly automated administrative system is obligatory. In
17 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
Intervention after an alarming outcome at
neonatal hearing screening
Intervention after an alarming outcome at
neonatal hearing screening
Table I some results are given. It shows that the quality of the program in terms
of coverage is excellent, compared to programs elsewhere.
can be found, per ear, and, in 80% of the cases, also the type of hearing loss (with
or without involvement of the middle ear). As soon as the hearing loss is proven,
a treatment program is made and will start. Hearing aid fitting is done is neonates
as young as 4-6 weeks of age. Depending on the degree of hearing loss, also a
family guidance program is started, with the goal of supporting the parents in
coping with their grief and to teach them how to communicate with their child by
sign language and/or sign supported spoken language. If the auditory development of the baby in the course of the first year is not favorable, then cochlear
implantation is considered and in many cases done at the age of 10-14 months.
Table I: quality and result figures of the well baby hearing screening program
The second program is carried out in the Neonatal Intensive Care Units (10
NICUs). The target group is about 3200 high risk neonates/year. The coverage is
virtually 100%, and the yield is 1.9 %: about 60 baby’s/year. The program consists
of a two stages, in which both an A-ABR is done. First test is done in the neonatal
intensive care unit, and in case of ‘fail’ (7%), repeat test in the outpatient clinic is
done. In case of again fail (3%) the neonate is directly referred to the Audiological
Center. 1.9% of the total group appears to be indeed hearing impaired.
For both program there is a rigid and accurate tracking system, to ensure that
neonates failing the screen indeed are assessed and treated in an Audiological
Centre.
The follow-up
The Audiological Centre follow a nationally agreed protocol. The most important
component is hearing assessment by Brainstem Electric Respons Audiometry.
With this diagnostic tool, the amount of hearing loss in the high frequency region
Actes du Congrès des Audioprothésistes
18
An exemplary case
A girl is born at date 14-05-06, after 37;6 weeks of gestation. The anamnesis
reveals no risk factors for hearing loss. The girl fails the hearing screen and is
referred to an Audiological Center. Her parents very anxious because of the
screening alarm. Therefore her first visit at the Center is at date 090606 at age 3
wks; Her BERA-response patterns showed that both ears have a high frequency
sensitivity loss of 60 dB.
At her second visit Free Field Behavioral Observation Audiometry was performed
with resulting strongly elevated Reaction Thresholds (250-500 Hz : 80 dBHL;1
kHz : 85 dBHL; 2-4 kHz : 100 dBHL). Tympanometry (with a 1 kHz probe frequency) proved bilateral normal middle ear mobility. Treatment was started immediately, that is referral to the Family Support Foundation was done. Bilateral hearing aids were prescribed. The first contact with Family Support system was at
age 5 weeks and the hearing aids were fitted at the age of 7 weeks. Although hearing aid use is not that simple at ages blow 3 years. This girl got extra sound stimulation with the hearing aids often enough to show an almost normal development of babbling between 6-12 months of age.
Summary
Scientific evidences is ample available to support the statement that early detection and treatment of hearing impairment pays off in terms of a more favorable
development of hearing and of spoken language.
It proved to be possible to install a high quality neonatal hearing screening program in the Netherlands, in spite of the fact that it could not be a hospital based
program, but community based. Although covering the whole of the Netherlands
only since july 2006, the program has proven to enable real early detection and
treatment.
19 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
Apport de l’électrophysiologie
en pédo-audiologie
Emily MARKESSIS 1,2
Cécile COLIN 3, Ingrid HOONHORST 3,4, Luc PONCELET 5,
Angélique COPPENS 5, Willy SERNICLAES 6,
Monique RADEAU 3,4, Paul DELTENRE 3,7
Audioprothésiste D.E. - Angers
1
Faculté de Médecine, Université Libre de Bruxelles, Belgique
Belgian Kid’s Foundation
3
Unité de Recherche en Neurosciences Cognitives, Université Libre de Bruxelles, Belgique
4
Fonds National pour la Recherche Scientifique
5
Faculté de Médecine, Université Libre de Bruxelles (Anatomie et Embryologie), Belgique
6
Laboratoire Psychologie de la Perception, CNRS & Université René Descartes, Paris 5, France
7
Laboratoire de Neurophysiologie Clinique, CHU Brugmann, Bruxelles, Belgique
2
Apport de l’électrophysiologie
en pédo-audiologie
Dès lors, le diagnostic de surdité doit répondre à deux exigences :
• Précocité : vers l’âge de six mois, période sensible de la réorganisation corticale, (Yoshinaga-Itano et al., 1998), et âge à partir duquel l’enfant passe d’un
mode de perception universel (phonétique) à un mode de perception spécifique
(phonologique) à sa langue. Cette maturation de la perception des phonèmes
peut être mise en évidence grâce à l’enregistrement des variations du rythme
cardiaque. Les décélérations du rythme cardiaque permettent en effet d’évaluer
chez des nourrissons de 4 et 8 mois, la discrimination entre deux stimuli appartenant à des catégories phonologiques différentes (Hoonhorst et al., soumis).
Alors que les enfants de 4 mois sont sensibles à tous les contrastes phonétiques de toutes les langues, les enfants de 8 mois ne sont plus sensibles qu’aux
contrastes phonologiques de leur langue maternelle.
Introduction
• Exhaustivité : diagnostic du composant d’atténuation et de distorsions.
Alors que l’audiométrie tonale liminaire demeure l’élément clé dans le continuum
diagnostic/réhabilitation, l’écueil principal reste la maturation du réflexe utilisé
pour indiquer une réponse ainsi que la bonne corrélation du seuil de déclenchement du réflexe avec le seuil comportemental. Ainsi, un patient au développement
normal doit avoir atteint un âge développemental de 5-6 mois pour pouvoir réaliser un Réflexe d’Orientation/Investigation (ROI). Avant cet âge, le diagnostic
repose principalement sur le “distraction test” (Ewing et Ewing, 1944) ou le “distraction test” modifié (Barr et Stensland-Junker, 1978 ; McCormik, 1995 ; Downs,
1995). Ces techniques utilisent des stimuli spécifiques en fréquence et donc, renseignent sur le composant d’atténuation de la surdité. Toutefois, ces techniques
peuvent ne pas fournir une évaluation exacte des seuils auditifs puisque ceux-ci
s’améliorent de l’ordre de 15-20 dB de 7 mois à deux ans d’âge développemental (Suzuki et Ogiba, 1961 ; Liden et Kankkunen, 1969 ; Kaga et Tanaka, 1980).
Par ailleurs, elles ne renseignent pas sur les distorsions fréquemment associées
aux surdités cochléaires : les distorsions du codage de l’intensité, du temps et de
la fréquence ou la présence de zones neuro-épithéliales non fonctionnelles
(Moore et al., 2000) en présence desquelles l’audiogramme tonal liminaire ne
révèle ni l’étendue ni le degré de la surdité. Chacune de ces dimensions présente
des conséquences psychophysiques sur la perception du langage (Moore, 1995)
avec des implications particulières en termes de stratégie de réhabilitation
prothétique.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
20
Les tests auditifs psychophysiques dont l’application à la population pédiatrique
est rendu difficile par l’obstacle que représentent les capacités cognitives indispensables à leur passation doivent être suppléés par des équivalents électrophysiologiques applicables à cette population.
Potentiels Evoqués Auditifs du Tronc Cérébral (PETAC)
Les PEATC évoqués aux clics, sous réserve d’être enregistrés en condition de
sommeil calme (spontané ou induit) représentent un indicateur très robuste du
seuil auditif, à condition que le sujet testé ne présente pas de troubles neurologiques et/ou de synchronisation des fibres afférentes.
Bien que l’emploi d’un stimulus large bande ne permette pas une excitation tonotopique spécifique, l’étude des effets de polarités du clic (R : Raréfaction et C :
Condensation) et des relations intensité-latence illustre de manière très précise le
comportement physiologique des neurones recrutés ce qui permet, dans de nombreux cas, une estimation de l’allure du profil audiométrique et des composants
de distorsion en intensité associés aux surdités neurosensorielles.
La sensibilité différentielle du potentiel Microphonique Cochléaire (MC), du Potentiel
de Sommation (PS) et des potentiels neuraux à la polarité du clic permet d’isoler l’un
ou l’autre composant par combinaison entre les deux polarités de simulation R et C.
21 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
Apport de l’électrophysiologie
en pédo-audiologie
Apport de l’électrophysiologie
en pédo-audiologie
L’enregistrement neurophysiologique permet de déterminer le seuil des afférents
primaires se synchronisant au clic et de tracer la fonction intensité-latence qui se
caractérise, dans le cas d’une audition normale, par la présence de deux segments distincts : le segment dit “L” de la fonction intensité-latence, aux faibles
intensités, présente une pente raide qui s’atténue vers 60 dB pour dessiner le
segment “H”.
En présence d’un audiogramme au profil horizontal, le seuil électrophysiologique
correspond au seuil auditif dans les régions audiométriques 2-4 kHz puisque la
fonction de transfert des oreilles externes et moyennes favorise cette zone fréquentielle.
Dans le cas d’une surdité cochléaire dans les hautes fréquences, le seuil des
PEATC correspond à la zone tonotopique dont les fibres afférentes sont les premières à se synchroniser au clic, la réponse évoquée pouvant provenir de zones
aussi basses que 0.5 kHz. Cette origine apicale se traduit par une latence élevée
de l’onde V due au délai mécanique inhérent à l’onde de propagation. Par ailleurs,
une différence de latence entre R et C sera d’autant plus importante que l’origine
de la réponse est apicale.
Toute atteinte cochléaire affecte l’allure de la relation Intensité-Latence et/ou les
gradients des segments “L” et “H”.
Quoique que faciles d’application, les PEATCs sont rapidement parus incomplets
car dépourvus de spécificité fréquentielle, incapables de fournir un dépistage des
surdités profondes ou des distorsions dans le domaine fréquentiel et dès lors inadaptés à l’obtention d’un audiogramme objectif. Différentes techniques permettent l’obtention de réponse spécifique en fréquence, par exemple l’utilisation de
Bouffées Tonales (BTs). Nonobstant, ces dernières sont rarement implémentées
en clinique audiologique courante car elles requièrent beaucoup de temps pour
obtenir une évaluation complète de l’audiogramme tonal liminaire. Cette méthode
est par ailleurs concurrencée par l’utilisation des potentiels auditifs stationnaires.
ment qu’aux BTs (Markessis et al., 2006), cette technique permet de bénéficier de
l’intégration temporelle étendant son champ dynamique jusqu’à 120 dB.
Les ASSRs induisent une réponse évoquée présentant des composants de
phase et d’amplitude constants dans le temps et sont analysés dans le domaine
fréquentiel au moyen de techniques d’analyse spectrale. Ils peuvent ainsi être
évalués avec des méthodes statistiques automatiques et objectives qui déterminent la présence de la réponse afin d’estimer l’audiogramme tonal.
La structure même des stimuli utilisés pour évoquer un ASSR permet divers
développements.
Auditory Steady State Responses (ASSRs) ou Potentiels Auditifs Stationnaires
Les ASSRs sont une réponse cérébrale évoquée par un stimulus acoustique
constant modulé en amplitude et/ou en fréquence. Ce signal continu utilisé pour
mesurer les ASSRs est optimalisé pour la spécificité fréquentielle et est plus comparable aux sons purs qu’aux clics ou BTs utilisés pour les PEATC. Outre l’avantage de fournir une évaluation spécifique en fréquence de l’audition plus rapide-
Actes du Congrès des Audioprothésistes
22
1. Mesure du gain prothétique
Le stimulus étant un son pur modulé de longue durée, il contient des composants
fréquentiels constant en amplitude et en phase (Regan, 1989), les distorsions
potentielles causées par l’amplification prothétique ou le champ libre étant supprimées. Dès lors, il est possible d’enregistrer des seuils auditifs absolus avec et
sans prothèse auditive chez des sujets qui ne pourraient être testés autrement
(Picton et al., 1998) et d’évaluer leur gain prothétique.
2. Mesure objective des courbes d’accord
Une technique classique de l’exploration de la sélectivité fréquentielle et des
zones non fonctionnelles consiste à mesurer des Courbes d’Accord
Psychoacoustiques (CAP) qui sont l’expression de la capacité d’un sujet à détecter un son en présence d’un autre. Pour la mesure d’une CAP, il faut mesurer le
niveau de bruit (masqueur) nécessaire pour masquer un son pur (signal) de fréquence et d’intensité fixes. Cette mesure est réalisée pour plusieurs fréquences
de masquage. Pour chaque fréquence de masque, il faut définir l’intensité minimale qui masque le signal d’intensité fixe (+/- 10 dB au-delà du seuil tonal liminaire). En appliquant cet algorithme de masquage aux ASSRs, il est possible de
tracer des CA.
Après avoir préalablement défini les paramètres d’enregistrement des ASSRs sur
l’espèce canine (Markessis et al., 2006), Markessis et al. (soumis) ont développé
une mesure objective des courbes d’accord (CA-ASSR) sur cette espèce qui présente la particularité de présenter de nombreux types de surdité congénitale servant de modèle à ce qui est observé chez l’humain. Les CA-ASSR mesurées
23 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
Apport de l’électrophysiologie
en pédo-audiologie
Apport de l’électrophysiologie
en pédo-audiologie
chez le chien ont confirmé la possibilité d’enregistrer des courbes d’accord présentant des paramètres qualitatifs et quantitatifs (Q10dB, pente haute et basse
fréquence) similaires à ceux décrits dans la littérature et obtenus par des techniques invasives chez le chat et le cobaye, et ceux obtenus chez l’humain et donc
la possibilité d’évaluer objectivement la sélectivité fréquentielle et la présence de
zones neuro-épithéliales non fonctionnelles.
gation des capacités de discrimination auditive et de la perception de la parole.
L’évaluation de la discrimination des traits acoustiques spécifiques par l’enregistrement de la MMN peut fournir des informations sur la maturation de la perception des phonèmes et d’explorer l’évolution de la perception catégorielle.
La MMN permet également d’étudier la spécification des conditions critiques d'occurrence des interactions audiovisuelles impliquées dans la perception de la
parole appelé ‘effet McGurk’; conflit entre parole auditive et lecture labiale (Colin
et al., 2002 ; 2004). Dans une population d’enfants sourds profonds, la MMN permettrait de mieux appréhender les mécanismes et les substrats neuraux à la base
de la perception de la parole audiovisuelle; et ainsi l'effet de la précocité de la
stratégie de remédiation menant au développement phonologique et celui de l'utilisation du Langage Parlé Complété (LPC) sur la qualité des représentations phonologiques sous-jacentes à l'apprentissage du langage.
3. Développements anticipés
L’analyse supraliminaire de l’amplitude, de la phase et des effets du rythme de
modulation sur l’enregistrement du seuil auditif absolu représente un champ d’investigation prometteur qui permettra d’affiner d’avantage le diagnostic de la surdité dans les populations pédiatriques prélinguales.
L’étude de l’amplitude à des niveaux supra-liminaires permettrait d’extrapoler le
seuil auditif à partir de mesures uniques réduisant encore le temps requis à l’évaluation d’un audiogramme tonal liminaire (Picton et al, soumis). D’autre part, le
paramètre de phase étant influencé par le délai par rapport à la présentation du
stimulus, il peut être converti en latence suivant une équation décrite par John et
Picton (2000) et Picton et al. (2003), avec des applications neurologiques potentielles. Enfin, le relevé du seuil auditif en fonction du rythme de modulation permet d’établir la fonction de modulation de transfert du système auditif (Cohen
et al., 1991).
Mismatch Negativity (MMN) ou Négativité de discordance
La MMN est une onde négative (N2a) de 100 à 200 msec de latence qui indexe
la détection automatique, pré-attentive, d’une disparité physique d’un stimulus
déviant présenté dans une séquence homogène de stimuli standards.
Contrairement aux autres composantes auditives, la MMN s’avère stable au
cours du développement, et serait déjà présente en fin de période de gestation.
Les changements les plus étudiés concernent les seuils de discrimination de
contrastes primaires (intensité, fréquence, durée, localisation spatiale, intervalle
entre les stimuli et omission d’un stimulus dans une séquence). Toutefois, cette technique permet également l’étude de percepts auditifs plus abstraits véhiculés par des
sons complexes, y compris de la parole, et ce même chez des prématurés ou des
enfants de quelques jours. De ce fait, la MMN constitue un excellent outil d’investi-
Actes du Congrès des Audioprothésistes
24
Conclusion
Dans la population pédiatrique prélinguale, il est particulièrement crucial d'appliquer une remédiation optimale pour assurer le développement du langage et une
bonne intégration familiale, scolaire et sociale. Si l’association de l’enregistrement
des PEATC évoqués au clic et des ASSRs permet l’obtention d’un tableau clinique relativement exhaustif de la surdité d’origine périphérique, il paraît important
de développer des batteries de méthodes neurophysiologiques capables de
documenter les divers déficits perceptifs induits par les déficiences auditives
d’origine cochléaire et contribuant à la détérioration de la compréhension de la
parole et/ou un retard de langage.
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Apport de l’électrophysiologie
en pédo-audiologie
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L’accès à la communication linguistique chez
l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire
Willy SERNICLAES
CNRS
Lab. Psychologie de la Perception (LPP)
CNRS & Université Paris Descartes
[email protected]
Introduction
Une question récurrente lorsque l'on aborde la contribution de l'Implant
Cochléaire (IC) à la communication parlée chez le sourd profond est celle du taux
de réussite. En particulier, on peut se demander quelles garanties offre l'IC pour
le développement linguistique de l'enfant sourd profond. Il est difficile de répondre à cette question en termes absolus, sans tenir compte de l'origine de la surdité, de l'âge du sujet au moment de l'implantation, de l'évolution du déficit auditif avant l'implantation, de l'aide fournie par l'environnement thérapeutique et familial, de l'homogénéité linguistique de l'environnement, etc. Il y a cependant moyen
de spécifier les principaux facteurs qui conditionnent le taux de réussite à partir
d'une synthèse de différentes données publiées dans la littérature scientifique.
L'examen de ces données suggère que, pour des surdités d'origine cochléaire, la
communication parlée avec IC dépend dans une large mesure de trois facteurs:
le niveau de développement phonologique au moment de l'implantation, l'âge du
sujet à l'implantation, et la durée d'utilisation de l'implant. Ces différents facteurs
agissent sur un niveau de perception relativement élevé, que l’on peut qualifier de
« phonologique ». C’est ce que je vais à présent expliquer après quelques rappels sur le développement normal.
Développement normal de la perception de la parole
Différents résultats suggèrent que le traitement des stimuli auditifs s’opère en
trois niveaux distincts: auditif périphérique, audio-phonétique et phonologique
(pour une revue : Serniclaes, 2000). Après les étapes périphériques de transduction et d’analyse en temps-fréquence, les caractéristiques pluridimensionnelles
du stimulus (transitions de fréquence, relations temporelles entre événements
acoustiques … ; VOT : voir Figure 1) sont décodées de manière catégorielle sur
Actes du Congrès des Audioprothésistes
26
27 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
L’accès à la communication linguistique chez
l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire
L’accès à la communication linguistique chez
l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire
base de frontières qualitatives (transition ascendante vs. descendante, décalage
vs. coïncidence entre le début de deux sons de composition spectrale différente…).
dant à une prédisposition différente, pour séparer les trois catégories de voisement
présentes dans cette langue tandis que le français n’utilise qu’une seule frontière
et cette dernière provient d’un couplage entre deux prédispositions (Figure 2).
Figure 1. Différences qualitatives de VOT (Voice Onset Time : Lisker & Abramson, 1964), selon
que le départ des vibrations laryngées (“voice”) précède (VOT négatif), coïncide (VOT nul) ou
Figure 2. Couplage entre prédispositions catégorielles pour le VOT en français.
intervient après (VOT positif) la détente de l’occlusion orale (“burst”).
Ces processus de catégorisation sont déjà présent chez l’enfant peri-linguistique
(transitions : Aslin, 1989 ; relations temporelles : Jusczyk et al., 1980). Il s’agit
vraisemblablement de mécanismes innés, hérités phylogénétiquement car voisins de ceux mis en évidence chez les animaux (transitions chez la chauve-souris : Sussman et al., 1998 ; relations temporelles : chez le singe : Steinschneider
et al., 1995). Chez l’homme, ces frontières catégorielles pourraient soit faire partie du système auditif généralisé, soit avoir été inclues dans un module spécialisé
dans le traitement des sons de la parole (Liberman, 1998). Il s’agit donc soit d’un
niveau auditif complexe, soit d’un niveau spécifiquement phonétique. Dans l’expectative, je l’appellerai « niveau audio-phonétique ».
Les prédispositions innées pour catégoriser les différences qualitatives entre les
stimuli de parole font ensuite l’objet de sélections et de couplages en fonction des
oppositions phonémiques (ou traits distinctifs) présents dans la langue environnementale. Par exemple, le Thaï utilise deux frontières de VOT, chacune correspon-
Actes du Congrès des Audioprothésistes
28
Figure 3. Fonction d’identification d’un continuum de VOT ‘de/te’ obtenu à l’aide de synthèse de
la parole. Mise en évidence de la frontière de 0 ms en français.
29 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
L’accès à la communication linguistique chez
l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire
L’accès à la communication linguistique chez
l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire
Développement de la perception de la parole avec Implant Cochléaire
Figure 4. Fonction de discrimination d’un continuum de VOT ‘de/te’ obtenu à l’aide de synthèse
de la parole. Mise en évidence de la perception catégorielle autour de la frontière de 0 ms : les
différences intractégorielles sont discriminées au hasard (scores de 50%)
Figure 5. Différences entre changements de rythme cardiaque en fonction de contrastes de VOT
inter-catégoriels (centrés sur les frontières de -30, 0 et +30 ms) et intra-catégoriels (paires
contrôles à -50, -20 et +50 ms). Un pic négatif indique un surcroît de discrimination. En milieu
francophone, des pics de discrimination apparaissent aux frontières universelles (-30 et +30 ms)
pour des bébés de 4 mois tandis que pour des bébés de 8 mois un seul pic de discrimination
apparaît et il correspond à la frontière du français (0 ms).
Actes du Congrès des Audioprothésistes
30
L'âge à l'implantation, qui a pour corollaire la durée de privation sensorielle chez
l'enfant sourd profond congénital, a reçu une attention particulière dans la littérature. L'implantation précoce permet de réduire la durée de privation auditive et
d'exposer l'enfant au monde sonore à un âge où les stimulations auditives ont un
impact maximal sur le développement linguistique. On sait que les enfants
implantés à un âge relativement précoce (à partir de 1 an) ont de meilleures performances de perception de la parole par rapport à ceux implantés plus tardivement (Svirsky, Teoh, & Neuburger, 2004 ; pour l’effet de l’âge d’implantation sur
le développement morphologique cf. Le Normand, en prép). Ceci suggère que le
développement linguistique est compromis en l'absence d'exposition au langage
durant la prime enfance, phénomène, ce qui s’accorde avec la période “critique”
ou “sensible” - durant laquelle les stimulations linguistiques ont un effet optimal
sur le développement- mise en évidence chez l’enfant entendant. Dans le cadre
du modèle à trois niveaux de traitement (cf. supra), l’environnement devrait affecter ni l’audition périphérique ni le traitement audio-phonétique, supposés innés,
mais bien le traitement phonologique, qui se construit culturellement.
Figure 6. Développement du niveau de traitement phonologique.
31 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
L’accès à la communication linguistique chez
l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire
L’accès à la communication linguistique chez
l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire
Développement de la perception des phonèmes avec Implant Cochléaire
Dans une recherche sur le développement phonologique des enfants implantés
cochléaires (Serniclaes, Medina, Schepers, & Simon, 2007) nous examiné les différences inter-individuelles des performances de production et de perception de
la parole en fonction de l’état initial (à l’implantation) et de la durée d’utilisation
(« âge audio-perceptif »). Comme des enfants qui ont été implanté au même âge
peuvent avoir différents degrés d’exposition de développement phonologique
(selon l’apport de prothèses externes, via le LPC, etc.), nous avons choisi comme
ligne de base non pas l’âge à l’implantation mais le degré de développement phonologique avant implantation. Le critère utilisé pour établir cette ligne de base
était la production de phonèmes (pour plus de détails voir Serniclaes et al., 2007).
Le même critère a ensuite été utilisé pour évaluer le développement à différents
moments après implantation. Enfin, des données de discrimination perceptive ont
également été recueillies. Les résultats sont présentés dans les Figures 7 et 8.
Figure 8. Prédiction du nombre de phonèmes produits par l’enfant à partir de ses performances
pre-IC et de l’âge IC. Ces deux facteurs expliquent 80 % de la variance des scores de production et 64 % de la variance des scores de perception.
Figure 7. Evolution du nombre de phonèmes produits par des enfants implantés cochléaires (20
enfants) en fonction de la durée d’implantation. Les fonctions individuelles sont relativement
homogènes, compte tenu des différences au moment de l’implantation (à 0 mois).
Actes du Congrès des Audioprothésistes
32
Ces résultats mettent clairement en évidence la régularité et l’homogénéité du
développement de la perception des phonèmes avec IC. Les différences entre
phonèmes sont elles pour autant perçues de manière catégorielle par les infants
implantés ? Une autre possibilité étant que l’enfant ne percevrait pas seulement
différences phonémiques mais également les différences allophoniques (entre
variantes contextuelles des phonèmes, à l’instar des dyslexiques: Serniclaes et
al., 2004). Mais il semble que l’on ne doive pas craindre de perception allophonique chez les enfants sourds implantés cochléaires : des résultats récents (Thèse
de V. Medina, en préparation), recueillis chez des enfants IC avec différentes
durées d’implantation – différents âges audio-perceptifs- suggèrent que les
enfants IC présentent le même degré de perception catégorielle du trait de voisement à âge audio-perceptif égal. Ceci ne vaut évidemment que pour les enfants
IC en tant que groupe et seulement pour les traits qui sont bien discriminables en
paires minimales (le voisement mais non le lieu d’articulation).
33 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
L’accès à la communication linguistique chez
l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire
L’accès à la communication linguistique chez
l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire
Conclusions
Implications de la perception des phonèmes pour la perception des mots &
phrases avec Implant Cochléaire
La Figure 9 montre les résultats d’une étude sur l’évolution de la perception des
phonèmes, mots et phrases entre 12 et 36 mois chez des enfants sourds appareillés avec IC. (Medina & Serniclaes, 2006). Les résultats mettent en évidence
une évolution linéaire de la perception des voyelles, des consonnes, des mots et
des phrases simples ou complexes. La pente de la fonction est cependant plus
raide pour les mots et encore plus raide pour les phrases, ce qui signifie que
l’évolution est plus rapide pour les segments les plus complexes. Cependant, les
performances relatives aux mots et aux phrases sont corrélées avec les performances antérieures pour les consonnes. Par contre, performances relatives aux
voyelles ne sont corrélées avec les mots et les phrases que pour la même
période. Ceci suggère un effet démultiplicateur de la perception des consonnes
sur celle des mots et des phrases. Les performances de discrimination des
consonnes à un stade relativement précoce après implantation fournissent des
indications assez fiables sur le développement linguistique ultérieur.
La perception des phonèmes par les enfants suit une progression régulière et
homogène compte tenu du niveau phonologique initial et de l’âge audio-perceptif.
Lorsque qu’un trait phonémique est discriminable par les enfants IC, il est perçu
de manière catégorielle et le degré de perception catégorielle est similaire à
celui des enfants normoentendants de même âge audio-perceptif.
La perception des consonnes se répercute sur le développement lexical et
syntaxique ultérieur.
Références
Aslin, R.N. (1989). Discrimination of frequency transitions by human infants.
Journal of the Acoustical Society of America, 86, 582–590.
Hoonhorst, I., Colin, C., Markessis, E., Radeau, M., Deltenre, P., & Serniclaes,
W. (Submitted). French native speakers in the making: when a phonological
boundary does not match natural predispositions.
Jusczyk, P.W., Pisoni, D.B., Walley, A., & Murray, J. (1980). Discrimination of relative voice onset time of two-component tones by infants. Journal of the Acoustical
Society of America, 67, 262-270.
Le Normand, M.-T. (en prep.). Production du lexique chez des enfants sourds profonds munis d’un implant cochléaire sur un suivi de quatre ans.
Liberman, A.M. (1998). Three questions for a theory of speech. The Journal of the
Acoustical Society of America, 103, 3024.
Figure 9. Evolution de la perception des phonèmes, mots et phrases entre 12 et 36 mois chez des
enfants sourds appareillés avec IC (18 enfants sourds congénitaux, cf. Medina & Serniclaes, 2006).
Actes du Congrès des Audioprothésistes
34
Lisker, L., & Abramson, A.S. (1964). A cross-language study of voicing in initial
stops: acoustical measurements. Word, 20, 384-422.
35 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
L’accès à la communication linguistique chez
l’enfant sourd profond :
Apport de l’Implant Cochléaire
Medina, V., & Serniclaes, W. (2006). Evolution de la perception des phonèmes,
mots et phrases chez l’enfant avec Implant Cochléaire : un suivi de trois ans postimplant. 26èmes Journées d’Etudes sur la Parole (JEP, Dinard, Juin 2006),
437-440.
Serniclaes, W. (2000). La perception de la parole. In La parole, des modèles cognitifs aux machines communicantes. P. Escudier, G. Feng, P. Perrier, J.-L.
Schwartz, Eds. (pp. 159-190) ; Paris : Hermès.
Serniclaes, W., Van Heghe, S., Mousty, Ph., Carré, R. & Sprenger-Charolles, L.
(2004). Allophonic mode of speech perception in dyslexia. Journal of
Experimental Child Psychology, 87, 336-361.
Serniclaes, W., Medina, V., Schepers, F., & Simon, P. (2007). Le développement
de la communication parlée avec Implant Cochléaire. In J. Leybaert, J. Alegria, P.
Deltenre & W. Serniclaes, Eds. Surdité et langage : Prothèses, LPC et Implant
Cochléaire. Presses Universitaires de Vincennes.
Steinschneider, M., Schroeder, C.E., Arezzo, J.C., & Vaughan, H.G. Jr. (1995).
Physiologic correlates of the Voice Onset Time boundary in primary auditory cortex (A1) of the awake monkey : Temporal reponse patterns. Brain and Language,
48, 326-340.
Sussman, H. M., Fruchter, D., Hilbert, J., & Sirosh, J. (1998). Linear correlates in
the speech signal: The orderly output constraints. Behavioral and Brain Sciences
21, 241-259.
Nouvelle approche de la perte auditive
cochléaire, nouvelles pistes pour le dépistage
et l’évaluation…
Christian LORENZI & GDR CNRS 2967 GRAEC.
CNRS
Université Paris 5, & Ecole Normale Supérieure, Paris
Plusieurs études psychophysiques récentes basées sur des algorithmes de traitement de signal dénommés « vocodeurs » démontrent que les informations
acoustiques temporelles jouent un rôle critique dans l’intelligibilité de la parole,
dans le silence comme dans le bruit. Plus précisément, ces travaux indiquent que
les capacités de notre système auditif à extraire au sein de chaque bande fréquentielle les informations temporelle lentes (l’enveloppe temporelle) et rapides
(la structure temporelle fine) d’un signal acoustique sont essentielles pour l’identification de la parole, et qu’un déficit dans la capacité à extraire les informations
de structure fine explique plus spécifiquement les troubles d’intelligibilité de la
parole observés dans des bruit fluctuants dans des pathologies auditives cochléaires et dans la perception sous implant cochléaire. Ces résultats ouvrent des
perspectives de développement de nouveaux tests de dépistage précoce de la
surdité, ainsi que des pistes pour la mise au point de nouveaux systèmes de
réhabilitation.
Lorenzi, C., Gilbert, G., Carn, H., Garnier, S., & Moore, B.C.J. (2006). Speech perception problems of the hearing impaired reflect inability to use temporal fine structure. Proceedings of the
National Academy of Science USA, 103(49), 18866-18869.
Svirsky, M., Teoh, S-W., & Neuburger, H. (2004). Development of language and
speech perception in congenitally, profoundly deaf children as a function of age at
cochlear implantation. Audiology and Neuro-Otology, 9, 224-233.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
36
37 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
Applications cliniques des otoémissions
acoustiques dans l’industrie
Presbyacousie et troubles cognitifs
Dr Arach MADJLESSI
Chef de service Unité Sensori-Cognitive
Institution Nationale des Invalides
6,Bld des Invalides
75700 PARIS 07 SP
Professeur Dr. B. VINCK,
Université de Gand, Belgique
L’une des plus grandes avancées des 20 dernières années dans
le domaine des sciences de l’audition a été la découverte que les
oreilles normales produisent des sons de faible niveau lorsqu’elles
effectuent le traitement des signaux acoustiques de l’environnement. Le fait que
ces sons de l’oreille, appelés otoémissions acoustiques (OEA), facilement enregistrables au moyen d’une sonde miniature contenant une source acoustique et
un microphone sensible placés dans le conduit auditif externe, représentent les
processus internes de la cochlée naguère inaccessibles, a conduit à des grandes
avancées dans la compréhension du fonctionnement de l’oreille normale.
De telles avancées ont permis de développer de nouvelles connaissances en ce
qui concerne les processus à l’origine des capacités auditives exceptionnelles de
l’homme. Ces processus cochléaires sont actifs en ce sens qu’ils ajoutent de
l’énergie biologique à l’énergie acoustique naturelle des sons. De tels processus
actifs permettent à notre audition de couvrir une dynamique impressionnante, des
chuchotements au fracas des moteurs à réaction, et de distinguer des différences
subtiles entre sons similaires tels que « pa » par rapport à « ba ».
La simplicité de la technique de mesure et la puissance de l’information qui en
résulte ont stimulé les chercheurs à approfondir avec enthousiasme les différents
aspects des OEA. Les résultats de ces efforts intenses expérimentaux, théoriques et cliniques représentés par la publication de plus de 900 articles au cours
des 10 dernières années soutiennent l’hypothèse que les OEA sont des sous-produits des processus normaux de l’audition. Il est vraisemblable que les OEA
résultent des mouvements non linéaires des récepteurs les plus fragiles et ubiquitaires de l’audition, les cellules ciliées externes. Ces mouvements évoqués collectivement sous le vocable d’activité micromécanique sont causés par des changements du potentiel de récepteur des cellules ciliées externes induits par le son.
L’électromotilité des cellules ciliées externes contribue au traitement des stimuli
en amplifiant et en affinant l’onde propagée de la cochlée, intrinsèquement peu
accordée. Ces réponses vibromécaniques deviennent alors la source des ondes
acoustiques réémises à partir des liquides remplissant l’oreille interne vers
l’oreille moyenne et la membrane tympanique, pour être détectées dans le
conduit auditif externe sous forme d’OEA.
Une application nouvelle récente des OEA est leur mise en oeuvre en
milieu industriel. Les rôles des OEA de différents types seront discutés. Des
exemples seront présentés et la complémentarité des OEA avec l’audiogramme
tonal sera établie.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
38
Le vieillissement de la population s’accompagne d’une augmentation des pathologies neurosensorielles et neurodégénératives qui peuvent retentir sur l’autonomie et la qualité de vie. Les plus de 85 ans représentent en France, plus
d’1.200.000 personnes, ce qui est trois fois plus que dans les années 1960.
Les pathologies entraînant un handicap cognitif, augmentent avec le vieillissement de la population, la prévalence de la démence en France est estimée à près
de 800.000 personnes dont une grande majorité (plus de 600.000) de maladies
d’Alzheimer (1). Il y a tous les ans près de 160.000 nouveaux cas, ce qui va
entraîner un doublement des chiffres d’ici 2020 (2).
Par ailleurs, selon les estimations 50 % des sujets de plus de 75 ans auraient une
perte d’acuité auditive à un degré plus ou moins important. Ce taux atteint 60 %
chez les sujets de plus de 85 ans (3). La presbyacousie étant de loin la cause la
plus fréquente de surdité. Dans ce cadre, la personne âgée perçoit bien les sons
mais éprouve de la difficulté à les décoder et à les comprendre. Cette hypoacousie s’accompagne d’une difficulté de certaines personnes à tolérer un environnement bruyant ou les discussions en groupe, ce qui peut être à l’origine d’un isolement social et d’un repli sur soi. Ceci pouvant contribuer à l’apparition d’un syndrome dépressif.
Par ailleurs, compte tenu de l’importance des perceptions sensorielles dans la vie
relationnelle, il n’est pas étonnant qu’un lien ait pu être établi entre leurs altérations et une atteinte des fonctions cognitives. Mais au delà d’une simple association liée à l’âge, l’hypoacousie semble aggraver le risque de survenue de démences comme l’indiquent plusieurs études longitudinales récentes. Un déclin de
l’audition ou une mauvaise acuité auditive au départ est prédictif d’une altération
des fonctions intellectuelles. Ces données confirment l’importance des fonctions
sensorielles dans la préservation de l’intégrité des capacités cognitives. Le diagnostic précoce et la prévention des maladies neurodégénératives et neurosensorielles permettent de mettre en place une stratégie de prise en charge préventive,
de réfléchir à des stratégies diagnostiques et thérapeutiques afin de maintenir
l’autonomie et la qualité de vie des patients et de leur entourage.
Références
1. Ramarosson et al. Rev Neurol ; 2003 ; 159 : 405-411.
2. Girard JF, Canestri A. D’après le rapport Girard, septembre 2000 (ministère de l’emploi et de
la solidarité. Secrétariat d’état à la santé et l’action sociale).
3. Herbst Br Med J ; 2000 ; 281 : 983-5.
4. VALENTIJN SA et al. Change in sensory functioning predicts change in cognitive functioning :
results from a 6-year follow-up in the Mastricht aging study .
39 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
Perception émotionnelle sociale et prothèse auditive
Gwladys REY,
CNRS – UPMC UMR 7993
PARIS
Le contexte
La perte auditive entraine une rupture dans la relation de l’individu avec l’environnement. Les études ont montré qu’elle conduit à une diminution de la qualité de
la vie. Au moyen d’échelles cliniques spécifiques et non-spécifiques, les auteurs
ont montré que la perte auditive s’accompagne de déficits de la communication
[1], [2], d’un sentiment d’infériorité, d’un sentiment de handicap social et émotionnel [3]. Il existe une plus grande prévalence des troubles de l’humeur et des troubles cognitifs dans la population des malentendants, avec en particulier la présence de dépression, d’anxiété [1], [4], [5], [6]. Ces troubles pourraient conduire
à un isolement social et émotionnel de l’individu.
En explorant les aspects non-auditifs de la réhabilitation auditive, les auteurs ont
montré le bénéfice apporté par le port d’aides auditives sur les troubles de la communication, les troubles cognitifs, les troubles émotionnels et sociaux [1], [2], [6].
Les bénéfices ont été observés après 4 mois d’appareillage, et étaient soutenus
à 8 et 12 mois [7].
Dans une étude américaine du groupe de recherche chez les séniors, 2300
malentendants ont complété un questionnaire se rapportant à la qualité de leur
vie. Par rapport aux sujets appareillés, les sujets non-appareillés rapportaient
plus souvent de la tristesse, de la dépression, un sentiment d’insécurité, de la
peur, de la tension, de l’anxiété, d’irritabilité, des tendances paranoïaques… ceci
d’autant plus que la perte auditive était sévère. Ces personnes et leur entourage
soulignaient l’amélioration des relations à la maison et l’estime de soi suite à l’appareillage [8].
L’étude
Compte tenu des troubles psychosociaux observés dans la population des
malentendants et des bénéfices apportés par l’appareillage, la perte auditive
pourrait entraîner une modification de la perception émotionnelle qui serait au
moins en partie réversible par le port d’aides auditives. Notre objectif était d’étudier l’évolution de la perception émotionnelle chez le malentendant au cours de
l’appareillage au moyen d’un test visuel d’hédonie. Ce test est un test de juge-
Actes du Congrès des Audioprothésistes
40
Perception émotionnelle sociale et prothèse auditive
ment émotionnel d’images dont le caractère plaisant est modulé par une variable
visuelle : le contraste.
Dans cette étude longitudinale, nous avons testé un groupe d’adultes malentendants non-appareillés, candidats à l’appareillage. Ces sujets ont été re-testé 6
mois après leur appareillage. Le groupe contrôle était composé de malentendants
appareillés depuis au moins 6 mois, qui ont été testé dans les mêmes conditions
et aux mêmes périodes. Les analyses ont porté sur 13 sujets tests et 22 sujets
contrôles. Les groupes n’étaient pas différents en terme d’âge, de répartition des
genres, de performances auditives sans appareil ni avec appareil auditif (tableau 1).
Tableau 1 : caractéristiques cliniques du groupe contrôle et du groupe test. Valeurs moyennes
(écart-types).
Le groupe contrôle était appareillé depuis 7 ans en moyenne.
Le protocole comportait :
- une évaluation clinique du déficit émotionnel d’anhédonie
- le test visuel d’hédonie
- une évaluation des performances visuelles (mesure psychophysique de l’acuité
visuelle et de la sensibilité au contraste).
√ Evaluation clinique du déficit émotionnel :
L’anhédonie est une diminution de la capacité à éprouver du plaisir. Les échelles
de Chapman [9] sont un outil de mesure de l’anhédonie physique (PAS) et de l’anhédonie sociale (SAS). En répondant par vrai ou faux aux énoncés qui lui sont
proposés, le sujet rapporte le plaisir ou l’absence de plaisir qu’il éprouve habituellement dans des situations ou des expériences jugées plaisantes dans la population générale. Les items de la PAS se rapportent à des expériences sensorielles et ceux de la SAS à des situations d’interaction sociale. Plus le score donné
par ses échelles est élevé, plus l’anhédonie est importante donc moins le patient
éprouve du plaisir.
41 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
Perception émotionnelle sociale et prothèse auditive
Gwladys REY,
CNRS – UPMC UMR 7993
PARIS
Le contexte
La perte auditive entraine une rupture dans la relation de l’individu avec l’environnement. Les études ont montré qu’elle conduit à une diminution de la qualité de
la vie. Au moyen d’échelles cliniques spécifiques et non-spécifiques, les auteurs
ont montré que la perte auditive s’accompagne de déficits de la communication
[1], [2], d’un sentiment d’infériorité, d’un sentiment de handicap social et émotionnel [3]. Il existe une plus grande prévalence des troubles de l’humeur et des troubles cognitifs dans la population des malentendants, avec en particulier la présence de dépression, d’anxiété [1], [4], [5], [6]. Ces troubles pourraient conduire
à un isolement social et émotionnel de l’individu.
En explorant les aspects non-auditifs de la réhabilitation auditive, les auteurs ont
montré le bénéfice apporté par le port d’aides auditives sur les troubles de la communication, les troubles cognitifs, les troubles émotionnels et sociaux [1], [2], [6].
Les bénéfices ont été observés après 4 mois d’appareillage, et étaient soutenus
à 8 et 12 mois [7].
Dans une étude américaine du groupe de recherche chez les séniors, 2300
malentendants ont complété un questionnaire se rapportant à la qualité de leur
vie. Par rapport aux sujets appareillés, les sujets non-appareillés rapportaient
plus souvent de la tristesse, de la dépression, un sentiment d’insécurité, de la
peur, de la tension, de l’anxiété, d’irritabilité, des tendances paranoïaques… ceci
d’autant plus que la perte auditive était sévère. Ces personnes et leur entourage
soulignaient l’amélioration des relations à la maison et l’estime de soi suite à l’appareillage [8].
L’étude
Compte tenu des troubles psychosociaux observés dans la population des
malentendants et des bénéfices apportés par l’appareillage, la perte auditive
pourrait entraîner une modification de la perception émotionnelle qui serait au
moins en partie réversible par le port d’aides auditives. Notre objectif était d’étudier l’évolution de la perception émotionnelle chez le malentendant au cours de
l’appareillage au moyen d’un test visuel d’hédonie. Ce test est un test de juge-
Actes du Congrès des Audioprothésistes
40
Perception émotionnelle sociale et prothèse auditive
ment émotionnel d’images dont le caractère plaisant est modulé par une variable
visuelle : le contraste.
Dans cette étude longitudinale, nous avons testé un groupe d’adultes malentendants non-appareillés, candidats à l’appareillage. Ces sujets ont été re-testé 6
mois après leur appareillage. Le groupe contrôle était composé de malentendants
appareillés depuis au moins 6 mois, qui ont été testé dans les mêmes conditions
et aux mêmes périodes. Les analyses ont porté sur 13 sujets tests et 22 sujets
contrôles. Les groupes n’étaient pas différents en terme d’âge, de répartition des
genres, de performances auditives sans appareil ni avec appareil auditif (tableau 1).
Tableau 1 : caractéristiques cliniques du groupe contrôle et du groupe test. Valeurs moyennes
(écart-types).
Le groupe contrôle était appareillé depuis 7 ans en moyenne.
Le protocole comportait :
- une évaluation clinique du déficit émotionnel d’anhédonie
- le test visuel d’hédonie
- une évaluation des performances visuelles (mesure psychophysique de l’acuité
visuelle et de la sensibilité au contraste).
√ Evaluation clinique du déficit émotionnel :
L’anhédonie est une diminution de la capacité à éprouver du plaisir. Les échelles
de Chapman [9] sont un outil de mesure de l’anhédonie physique (PAS) et de l’anhédonie sociale (SAS). En répondant par vrai ou faux aux énoncés qui lui sont
proposés, le sujet rapporte le plaisir ou l’absence de plaisir qu’il éprouve habituellement dans des situations ou des expériences jugées plaisantes dans la population générale. Les items de la PAS se rapportent à des expériences sensorielles et ceux de la SAS à des situations d’interaction sociale. Plus le score donné
par ses échelles est élevé, plus l’anhédonie est importante donc moins le patient
éprouve du plaisir.
41 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
Perception émotionnelle sociale et prothèse auditive
Perception émotionnelle sociale et prothèse auditive
Les scores d’anhédonie à la PAS et à la SAS n’étaient pas différents en première
phase de test. Six mois après appareillage du groupe test, le niveau d’anhédonie
physique et social avait diminué, alors que les scores du groupe contrôle restaient
stables. Ce résultat suggère que l’appareillage augmente la capacité à éprouver
du plaisir (graphique 1).
Graphique 2 : Cotation hédonique des images de plaisir sensorial et des images de plaisir
social, en fonction du niveau du contraste, chez le groupe test (HA2) avant (phase 1) et après
(phase 2) appareillage, et chez le groupe contrôle (HA1).
Graphique 1 : Scores d’anhédonie du groupe test (HA2) avant (phase 1) et après appareillage
(phase 2) et scores du groupe contrôle (HA1).
√ Le test visuel d’hédonie
Il repose sur la présentation d’images appartenant à 3 catégories : des photographies évoquant un plaisir sensoriel : paysages de plage, montagne, coucher de
soleil, désert, campagne… des photographies évoquant un plaisir social : personnages en situation d’interaction interpersonnelle : famille, amis… et des images
neutres sur le plan émotionnel (des objets).
Figure 1 : Image de plaisir social en 5 niveaux de contraste.
Ces images ont été dégradées en contraste et présentées en 5 niveaux de
contraste différents : 20 %, 40 %, 60 % et 100 % du contraste initial (figure 1). Le
participant devait juger devait juger le degré plaisir que chaque image lui évoquait
sur une échelle de 1 à 4, 1 pour une absence de plaisir et 4 pour un plaisir maximal, à l’aide de 4 touches du clavier.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
42
Le graphique 2 représente la cotation hédonique de 1 a 4 exprimée en fonction
du niveau de contraste pour les images de plaisir sensoriel et pour les images de
plaisir social donné par le groupe contrôle (HA2) et par le groupe test (HA1).
De manière générale, la cotation hédonique augmente à mesure que le contraste
augmente. La relation entre la cotation et le contraste, c’est à dire la pente de
cette courbe de cotation, est un indice de la sensibilité du jugement émotionnel à
une variation perceptive.
Histogramme : variation de
la pente de cotation des images de plaisir sensorial et de
plaisir social entre la phase 1
et la phase 2, chez le groupe
test (HA 2) et chez le groupe
contrôle (HA1). * p < .05
L’histogramme représente la variation de la pente de cotation entre la première et
la deuxième phase de test.
43 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
Perception émotionnelle sociale et prothèse auditive
Perception émotionnelle sociale et prothèse auditive
Chez le groupe contrôle, les résultats indiquent que l’effet du contraste n’était pas
différent d’une phase à l’autre, pour les images sensorielles comme pour les
sociales. Chez le groupe test, l’effet du contraste n’était pas non plus différent
pour les images sensorielles. En revanche, la pente de cotation des images
sociales augmente significativement : l’effet du contraste était plus important
après 6 mois appareillage.
Cette étude suggère que les aides auditives, en améliorant la perception sociale,
amélioreraient les interactions sociales.
[2] Mulrow C.D., Aguilar C., Endicott J.E., Tuley M.R., Velez R., Charlip W.S.,
Rhodes M.C., Hill J.A. & DeNino L.A. (1990). Quality-of-life changes and hearing impairment. A randomized trial. Annals of Internal Medicine, 113, 188-94.
Conclusion
La variation du plaisir en fonction du contraste dépend des influences réciproques
entre l’émotion et la perception visuelle. Le sentiment de plaisir est modulé par la
perception visuelle, elle-même modulée par l’émotion. Des études comportementales et de neuroimagerie suggèrent que la nature émotionnelle d’un stimulus
facilite sa perception : par exemple on détecte plus vite un stimulus lorsqu’il possède un caractère émotionnel. Aussi le cortex visuel est plus activé lorsqu’on perçoit un stimulus émotionnel qu’un stimulus neutre. Par rapport à une information
neutre, le traitement de l’information émotionnelle est amplifié : il est accru et plus
rapide. La conséquence est une amélioration de la détection de cette information.
Un mécanisme attentionnel pourrait participer à cet effet. En effet on a montré en
psychophysique que l’émotion et l’attention augmente la sensibilité au contraste.
Dans cette étude nous avons fait l’hypothèse que plus le sujet est capable d’éprouver du plaisir et plus il est capable de mobiliser ses ressources attentionnelles,
meilleure sera sa discrimination des images selon leur niveau de contraste, avec
pour conséquence une augmentation de la pente des courbes de cotation.
Les résultats suggèrent que la perte auditive s’accompagne d’une modification du
traitement de l’information émotionnelle sociale, et qu’il existe une normalisation
suite à l’appareillage.
L’appareillage auditif s’accompagnerait :
- d’une diminution du déficit émotionnel, soit une meilleure capacité à éprouver
du plaisir, ce qui est congruent avec le résultat à l’échelle d’anhédonie sociale,
et qui confirme les bénéfices émotionnels et sociaux montrés dans les précédentes études.
- d’une plus grande attention aux indices sociaux ; en effet certains auteurs ont
souligné que perte auditive aurait un impact attentionnel en particulier en situation sociale [10]. Recueillir le plus d’information possible du monde acoustique
pourrait requérir de la part du malentendant une hyper concentration, notamment pour comprendre les conservations, ce qui pourrait conduire finalement à
un retrait. On peut supposer qu’il existe chez le malentendant une modification
dans l’engagement et dans le maintien de l’attention en situation sociale.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
[1] Cacciatore F., Napoli C., Abete P., Marciano E., Triassi M. & Rengo, F. (1999).
Quality of life determinants and hearing function in an elderly population:
Osservatorio Geriatrico Campano Study Group, Gerontology, 45, 323-8.
44
[3] Weinstein B.E. & Ventry I.M. (1982). Hearing impairment and social isolation
in the elderly. Journal of Speech and Hearing Research, 25, 593-9.
[4] Kalayam B., Meyers B.S., Kakuma T., Alexopoulos G.S., Young, R., Solomon,
S., Shotland, R., Nambudiri, D. & Goldsmith, D. (1995). Age at onset of geriatric depression and sensorineural hearing deficits. Biological Psychiatry, 38,
649-685.
[5] Leposavic L., Leposavic I., Jasovic-Gasic M., Milovanovic S. & NikolicBalkoski G. (2006). Psychosocial aspects of acquired hearing impairment in
the patients with otosclerosis. Psychiatria Danubina, 18, 30-8.
[6] Appollonio I., Carabellese C., Frattola L. & Trabucchi M. (1996). Effects of sensory aids on the quality of life and mortality of elderly people: a multivariate
analysis. Age and Ageing, 25, 89-96.
[7] Mulrow C.D., Tuley M.R. & Aguilar C. (1992). Sustained benefits of hearing
aids. Journal of Speech and Hearing Research, 35, 1402-5.
[8] Seniors Research Group (1999). The Consequences of Untreated Hearing
Loss in Older Persons. Washington. DC: The National Council on the Aging.
[9] Chapman L.J., Chapman J.P. & Raulin M.L. (1976). Scales for physical and
social anhedonia. Journal of Abnormal Psychology, 85, 374-382.
[10] Arlinger S. (2003). Negative consequences of uncorrected hearing loss--a
review. International Journal of Audiology, 42, 2S17-20.
45 Journée Pluridisciplinaire Samedi 24 mars 2007
ATELIER 1
La mesure In Vivo et
application au micro contour
STAND PHONAK France
Christian BROCARD
Audioprothésiste D.E.
D.U. d’audiologie
Entendre Grenoble
[email protected]
■ Nombre de jours : 2
■ Nombre de sessions : 4
■ Nombre de participants : 99
STAND SIEMENS AUDIOLOGIE France
46
47
Le fondement actuel de toute adaptation réside sur une compensation en intensité du déficit auditif.
Cette affirmation peut paraître communément admise. Malgré tout, l’enveloppe
marketing dans laquelle baignent les arguments en faveur d’un appareillage performant, gravite rarement autour de l’optimisation des paramètres de compensation du déficit d’intensité.
Avant d’apporter une action dynamique ou active pertinente sur le signal corrigé
comme un débruiteur ou un microphone directionnel, il faut comme pré requis
s’assurer que l’appareillage auditif apporte un gain d’insertion suffisant et nécessaire sur l’ensemble du spectre corrigé.
Un débruiteur sur une zone qui n’est pas amplifiée reste un beau bouchon
dynamique !
Aussi, quel meilleur outil pour assurer la validation des paramètres d’amplification
de l’appareillage que d’utiliser la mesure in vivo !
Après avoir acquis quelques routines de manipulation et base théorique, son utilisation s’avère particulièrement pratique et pertinente pour s’assurer objectivement d’une bonne adéquation des niveaux de corrections proposées à notre
patient avec la méthodologie cible utilisée.
Patricia G. Stelmachowiez, Brenda Hoover, Dawna E. Leuris et Marc BrennanThe hearing journal novembre 2002) son utilisation reste discutable notamment
pour les déficits les plus faibles, et sa précision peut être remise en question.
On peut en effet souligner son caractère subjectif qui, combiné à une mesure
audiométrique souvent réalisée par pas de 5 dB, avec une approche par octave,
entraîne des accumulations d’erreurs et une imprécision importante.
Il est évident que le gain fonctionnel d’un système open apportant fièrement 15
dB peut être difficile à valider précisément, puisqu’un pas d’erreur à l’audiométrie
apportera dans ce cas précis 30 % d’erreur sur l’évaluation du gain !
Son utilisation reste malgré tout indispensable, elle permet bien sûr de tester l’intégration de la correction et de s’assurer de l’utilisation effective de l’énergie
apportée.
Une zone morte pourra difficilement apporter un gain fonctionnel, sauf peut-être
par des phénomènes de stimulation connexe !
Dans le quotidien, son utilisation est bien adaptée au suivi de la performance
dans le temps d’un appareillage, avec un matériel relativement basique.
Par contre, dans le cadre d’un ajustement initial, sa précision peut être insuffisante et inadaptée aux capacités actuelles des aides auditives.
Le gain d’insertion 2CC au coupleur
La technologie open a bousculé nos habitudes de travail, l’approche consistant à
ventiler entièrement le conduit auditif externe, a bien évidement des conséquences sur les transferts d’énergie dans ce même conduit.
Alors que le niveau sonore mesuré au tympan d’un appareillage conventionnel
avec embout fermé est majoritairement apporté par la correction, il existe évidement une interaction importante entre le son d’incidence directe et le son apporté
par notre appareillage open.
Aussi, ces considérations acoustiques vont bien sûr influencer notre approche de
la mesure in vivo dans ces catégories d’appareillage.
Avant d’aborder la partie propre à la mesure in vivo, un tour d’horizon des terminologies et méthodes utilisées dans la démarche de mesure subjective ou objective du gain d’un appareillage, est abordé ci-dessous.
Le gain fonctionnel
Il reste un outil de validation très utilisé par les professionnels.
Comme l’ont souligné certains auteurs (Functional gain is really functional ?
Actes du Congrès des Audioprothésistes
48
C’est l’outil de référence technique pour mesurer de façon très reproductible les
performances d’un appareillage de correction auditive.
On peut rappeler que son approche permet de mesurer le niveau de pression
acoustique fournit par l’appareillage dans un cadre normalisé, avec comme référence une résonance de conduit auditif standard et un embout fermé.
Cette approche ne prend pas en compte les disparités individuelles propres à
chaque patient ou à chaque adaptation (type d’embout, d’évent, cavité résiduelle,
type d’appareil….).
Son utilisation rigoureuse avec une méthodologie approuvée, permet d’obtenir
une base corrective particulièrement intéressante.
Les méthodologies informatisées proposent des cibles transformées par un facteur correctif en fonction du type d’appareillage, d’évent, d’embout ….
Malgré tout, la conception du coupleur 2cc et sa normalisation est celle d’une
cavité entièrement fermée, basée sur un appareillage conventionnel qui commence sérieusement à être éloigné des problématiques actuelles d’une correction open par exemple !
Pour une série de 30 patients nous avons mesuré le gain d’insertion in vivo pour
49
Atelier 1
un seul et même appareil auditif avec les mêmes réglages et l’embout fermé de
chaque patient (figure 1).
La suite de cet article, vous propose une présentation de cette méthodologie.
Tout d’abord quelques précautions et préconisations initiales indispensables à la
bonne compréhension et utilisation de cette technique, puis une proposition de
méthodologie ‘in vivo’ utilisable au quotidien dans une pratique courante.
Enfin, nous aborderons la spécificité de l’appareillage open
MATÉRIEL ET TERMINOLOGIE
Le système d’équalisation : haut-parleur et microphone de référence.
Le microphone de référence contrôle en permanence le niveau sonore émis par
le haut-parleur, et permet par un système de rétro contrôle de constater que le
niveau désiré par le testeur soit effectif au niveau du microphone de référence,
appelé point de référence (figure 2).
Figure 1 - Variation maximale et écart type du gain d’insertion mesuré in vivo pour une série de 30 patients avec le
même appareil et un embout fermé.
Ce point de référence sera positionné à l’entrée du conduit auditif externe.
Le microphone de référence ne devra pas changer de position lors de l’ensemble
du processus de test afin de garder un point de référence acoustique stable.
Le système de mesure : microphone de mesure et tube sonde
C’est donc une approche de proposition de gain 2CC identique pour des patients
différents.
L’extrémité de la sonde
détermine le point de
mesure.
Dans une plage de fréquences où la mesure in vivo est statistiquement fiable, à
savoir la zone de 500 à 5000 HZ, on note des disparités de gain mesurées pour
notre série de patients qui peuvent atteindre 25 dB !
Cette première observation montre que les disparités individuelles, liées à la morphologie du conduit ou à l’embout ont une influence directe importante sur la correction apportée.
Figure 2 - Microphone et point de référence, microphone
et point de mesure
Le gain d’insertion in vivo
C’est l’outil de référence pour une mesure objective du gain d’insertion.
Son intérêt réside dans sa précision d’investigation, pour le balayage de l’ensemble du spectre fréquentiel, et, dans sa capacité de nous donner en un minimum
de temps une image objective du gain d’insertion apporté à notre patient.
Il est particulièrement intéressant et adapté à l’évolution des aides auditives dans
leurs précisions d’ajustements.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
50
La sonde est munie d’un
repère coulissant permettant d’évaluer la profondeur
d’insertion de celle-ci. Elle
est enchâssée sur le microphone de mesure.
Pour compenser la modification de la sensibilité du microphone de mesure, liée
à la présence de la sonde, une étape de calibration ou en tout cas de contrôle au
centre du microphone de référence, permet de compenser les effets acoustiques
de la sonde et d’obtenir un niveau zéro dB SPL sur le point de référence.
51
Atelier 1
L’emplacement du haut-parleur
Le positionnement de la sonde
L'emplacement du haut-parleur par rapport au patient est une considération
importante en conduisant la mesure in vivo, (Hawkins et Mueller, 1986, 1992;
Ickes et Coll, 1991) la distance du haut-parleur et l'azimut peuvent affecter les
mesures.
Le positionnement du tube sonde est une étape de la mesure qui doit retenir toute
notre attention.
Il existe une variation du niveau de pression acoustique qui est fonction de la fréquence et de la position dans le canal (figure 3)
Une pression maximale existe au niveau de la membrane tympanique, une pression minimale existe à environ un quart de la longueur d’onde à partir du tympan.
Aussi, Il est nécessaire d’avoir une attention toute particulière au positionnement
de la sonde pour ne pas faire d’erreur d’évaluation.
La plupart des auteurs recommandent des distances entre le haut-parleur et le
patient comprises entre 0.5 et 1 mètre. Cette distance représente un compromis
entre l'exactitude de la mesure (c'est-à-dire, réduire au minimum la contribution
du bruit ambiant et la réverbération) et le confort du patient.
Quant à l'azimut du haut-parleur on recommande 0 degré.
Le type de signal
Les technologies d’appareillage actuelles utilisent des algorithmes actifs quant au
traitement du signal.
Bien qu’il soit recommandé de déconnecter l’ensemble de ces dispositifs
actifs lors des mesures, l’utilisation d’un son complexe qui tend à reproduire les
variations d’un spectre de parole permettra de limiter le fonctionnement de ces
dispositifs actifs.
En outre l’utilisation d’un son complexe aura tendance à uniformiser les niveaux
de pression présents en différentes positions du conduit (cf. : le positionnement
de la sonde).
Aussi, le choix préconisé par la plupart des auteurs, est l’utilisation d’un son de
type ICRA ou FFT (signal de parole mixé et pondéré).
PRÉCAUTIONS INITIALES
L’examen otoscopique
Avant la conduite d’une mesure in vivo, il est nécessaire d'exécuter un examen
otoscopique. Cela fournit des informations qui pourraient avoir un impact sur les
résultats, comme la présence de cérumen ou d'autres débris qui peuvent se heurter au placement du tube sonde ou bloquer le tube sonde.
L'examen otoscopique fournit aussi des détails quant à l'anatomie spécifique du
canal auditif, qui est utile en plaçant le tube sonde.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
52
Figure 3 - Modélisation du phénomène d’onde stationnaire dans le
conduit auditif.
La problématique est simple, la position optimale de mesure est le tympan, le tout
est donc de recommander une procédure simple, compatible avec une précision
suffisante tout en proposant une approche non invasive !
Si l’on positionne la sonde dans une zone située à moins de 8 mm du tympan,
l’erreur théorique maximale liée au positionnement de la sonde sera par exemple
a 5000 Hz, d’environ 2 dB (figure 3).
Ainsi, pour une fenêtre de mesure allant de 500 à 5000 Hz, en respectant
une bonne précision de la mesure liée au positionnement de la sonde, l’extrémité de cette dernière devra être située à moins de 8 mm du tympan.
Le professionnel devra bien sûr garder à l’esprit que les erreurs de mesure vont
apparaître de façon exponentielle à partir de 4000 Hz, et que la précision de
53
Atelier 1
mesure requise sera alors directement proportionnelle à la proximité du tympan.
Pour contrôler la position de la sonde on peut proposer plusieurs approches :
- La bague coulissante du tube sonde pourra être déplacée en regard de l’embout
ou de l’intra auriculaire, en assurant un positionnement de l’extrémité de la
sonde à 5 mm au-delà de la partie finale de l’embout.
- Lors de l’acquisition de l’amplification naturelle du conduit, la modification du
positionnement de la sonde sera riche d’enseignement sur la position dans le
conduit, notamment en visualisant en temps réel les modifications acoustiques
dans la zone au delà de 4000 Hz.
- La validation directe par une otoscopie ou vidéo otoscope.
Une contrôle de l’étalonnage peut être réalisé facilement en effectuant une
mesure du gain d’insertion ‘à vide’ sur le point de référence, qui doit nous donner
après calibration, un gain d’insertion égal à zéro sur l’ensemble du spectre fréquentiel (figure 4).
Le second temps : La résonance naturelle du conduit
LE GAIN D’INSERTION IN VIVO : UNE MESURE EN TROIS TEMPS
La suite de cet article vous propose une description pragmatique de l’utilisation
de la mesure in vivo par l’utilisation du gain d’insertion.
Le premier temps : la linéarisation du système
Figure 5 - Mesure de la pression acoustique à proximité du tympan : la résonance
naturelle du conduit auditif externe
Après avoir positionné correctement la sonde dans le conduit auditif (cf. chapitre
sur le positionnement de la sonde), Ce second temps, va permettre de déterminer la pression acoustique T oreille nue à proximité du tympan, permettant ainsi
de visualiser le gain naturel de l’oreille (G.N.O) ou gain éthymotique.
Gain naturel de l’oreille = T – P
Le troisième temps : Le gain d’insertion in vivo
Figure 4 - Calibration ou contrôle de la
pression acoustique au niveau du microphone de référence.
Cette première étape, qui est un processus de calibration, va permettre de définir la pression acoustique de référence P nécessaire pour fournir l’intensité
sélectionnée au niveau du microphone de référence.
L’extrémité de la sonde est placée en regard du microphone de référence (Figure 4).
Nous allons ainsi étalonner sur l’ensemble du spectre fréquentiel la courbe
d’équalisation du système.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
54
Pour ce troisième temps, il faut souligner un point important de la démarche globale qui réside dans le fait de laisser la sonde en lieu et place du deuxième
temps. En bloquant fermement la tubulure par le majeur d’une main en avant du
tragus, l’autre main met en place l’embout sans déplacer le tube sonde.
Ce protocole nous paraît essentiel pour assurer la meilleure précision de la
mesure. En effet, nous pensons que le fait d’utiliser le gain d’insertion, mesure
relative, est un facteur de précision dans la démarche d’adaptation in vivo.
Ce troisième temps, va permettre de déterminer la pression acoustique TA, oreille
55
Atelier 1
L’approche open
La ventilation complète du conduit auditif modifie de façon radicale l’approche de
la correction auditive.
Pour un appareillage conventionnel et un embout fermé :
Figure 6 : mesure de la pression acoustique à proximité du tympan oreille appareillée.
appareillée à proximité du tympan, permettant ainsi de visualiser le gain d’insertion in vivo
Gain d’insertion = TA – T
Lors de ce troisième temps, l’objectif est bien sûr de pouvoir ajuster en temps réel
les paramètres de l’appareil, pour ‘coller’ au mieux à la cible de gain requis calculé par notre logiciel d’adaptation sur la base d’une méthodologie de référence
de préférence supraliminaire ( NAL NL1 , DSL I/O), et ceci en fonction du niveau
d’entrée sélectionné.
Résumé du protocole de mesure in vivo
Étape 1
Étalonnage
Étape 2
Gain naturel de l’oreille (GNO)
Équalisation du système au niveau
Gain naturel de l’oreille = T - P
du microphone de référence
Au point de référence, le gain
mesuré doit être égal à zéro sur
l’ensemble du spectre
La majorité du son mesuré au niveau du tympan provient de la correction, et ceci
est d’autant plus vrai que l’embout est obstructif.
L’énergie sonore qui provient du tube de l’embout va pénétrer dans la cavité résiduelle. Une partie de cette énergie va être transmise côté chaîne ossiculaire.
Une autre partie de cette énergie sonore va être reflétée entre la paroi de l’embout, le conduit auditif et le tympan.
Ce phénomène acoustique va finalement permettre à une plus grande quantité
d’énergie de passer côté oreille moyenne.
Il est certainement aussi, à l’origine d’une partie des phénomènes de résonance
décrit par nos patients.
On peut évidement se poser la question de l’influence de cet effet acoustique sur
le signal corrigé ?
Et, ainsi, existerait-il des effets délétères sur l’intelligibilité ?
Pour un appareillage open :
Appareillage à conduit fermé
Appareillage open
Surdité d’insertion
Une partie de l’énergie ressort du conduit auditif
Filtre passe haut avec un filtre à 1500 Hz
Étape 3
Gain d’insertion in vivo
Gain d’insertion = TA - T
La profondeur d’insertion de la
Le tube sonde est laissé en place
sonde est prédéfini à l’aide de la pour conserver la même profondeur
bague coulissante à 5 mm au-delà d’insertion il est positionné entre
de l’embout ou de l’intra auriculaire.
l’embout et la peau du conduit.
Effet de résonance
Pas de surdité d’insertion
Contrôle précis des paramètres de correction sur
l’ensemble de la dynamique
(compression, effet actif, effet de masque…)
Interférence du son d’incidence directe et indirecte
Plage d’application étendue jusqu’aux déficits
les plus importants
Le gain utile ne devra pas compenser le déficit
d’insertion : à besoin équivalent le bouclage
du larsen sera plus faible
(mesure avant l’insertion de la sonde)
Actes du Congrès des Audioprothésistes
56
57
Atelier 1
La majorité du son mesuré au tympan provient de l’incidence directe, à laquelle
est ajoutée une quantité d’énergie apportée par le micro tube.
Comme pour un appareillage traditionnel, cette énergie apportée par la correction
va être en partie transmise côté oreille moyenne, et en partie reflétée côté conduit
auditif.
Bien sûr l’absence de résistance mécanique dans le conduit va permettre à une
quantité importante d’énergie sonore de ressortir du conduit, et ceci sur l’ensemble du spectre fréquentiel, il existe ainsi une forte déperdition d’énergie sur l’ensemble du spectre.
Compte tenu de l’addition des incidences directes et indirectes du son, il pourra
en outre exister des phénomènes d’interférences sonores, notamment liés à la
phase du signal.
Ainsi la boucle de rétro contrôle est leurrée, et le niveau mesuré par le système
sera ainsi sous évalué par rapport au niveau réel (Figure 8).
Spécificité de la mesure in vivo et appareillage open
Cette quantité d’énergie qui ressort du conduit auditif d’un appareillage open est
un invité surprise qu’il va falloir prendre en compte.
En effet, lors d’une mesure in vivo le niveau sonore désiré par le testeur est calibré au niveau de microphone de référence. Ce dernier qui est positionné à l’entrée du conduit va être influencé par l’enveloppe sonore qui ressort du conduit
auditif (Figure 7).
Figure 8 : Dans la zone située entre 3000 et 4000 Hz,
on note la sous évaluation de la mesure liée à l’erreur
induite par la boucle de rétro contrôle.
QUELLES SOLUTIONS ?
Une première solution consiste à obtenir la mesure en deux temps.
Tout d’abord la boucle de rétro contrôle est activée et permet de fixer un point
zéro dB sur le microphone de référence.
Puis, dans un deuxième temps, automatiquement, la chaîne de mesure coupe la
boucle de rétro contrôle, et prend l’étalonnage précédemment effectué comme
base au niveau du microphone de référence et donc sans influence de l’énergie
perturbatrice.
Figure 7 : La boucle de rétro contrôle va être modifiée par une enveloppe d’énergie qui ressort du conduit auditif
Ole Dyrlund Jensen – Real ear measurement and feedback phase
cancellation.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
58
Une autre approche consiste à s’interroger sur la position du microphone de référence, qui à distance de l’entrée du conduit auditif, permet de minimiser les effets
perturbant la boucle de rétro contrôle.
Mais, seule une méthodologie en gain d’insertion peut être valide pour cette
approche, en soustrayant les erreurs liées à la position du microphone de référence, les mesures absolues en niveau de sortie seront bien sûr faussées.
La distance du microphone de référence par rapport à l’entrée du conduit auditif
ne devrait pas excéder 20 mm.
59
Atelier 1
Méthodologie pour une mesure in vivo et un appareillage open
Bibliographie :
La méthodologie in vivo pour un appareillage open repose sur les mêmes bases
qu’un appareillage traditionnel.
• De Jonge R.
Real-ear measures: individual variation and measurement error.
In: Valente M, editor. Hearing aids:
standards, options and limitations.
New York: Thieme; 1996
Voici quelques recommandations complémentaires à prendre en compte :
- Le tube sonde pourra être placé efficacement sur le plancher du conduit auditif,
permettant notamment une plus grande facilité pour la mise en place des canules souples.
- Il peut être intéressant de mesurer la réponse occluse du système et savoir
dans quelle mesure le système est transparent. Par exemple pour un petit
conduit et un écouteur déporté, notre système open peut être surprenant !
- Il peut être souhaitable de prendre en compte les erreurs induites par le champ
acoustique ressortant de l’oreille et pouvant influencer la boucle de rétro
contrôle.
Un système de mesure permettant lors de la phase d’acquisition de couper la
boucle de rétro contrôle peut être intéressant, ou à défaut, un abaissement du
microphone de référence (pour un travail en gain d’insertion).
• Pumford Sinclair,
Real-Ear Measurement: Basic
Terminology and Procedures
Audiologie on line 2001
• Stelmachowiez,Hoover, Leuris et
Marc Brennan
Is functional gain really functional ?
The hearing journal 11/2002
• Dirks et Kincaid
Basics acoustic considerations of
ear canal probe measurements
Ear Hear 1987
• Valente M, Meister M, Smith P,
Goebel J.
Intratester test-retest reliability of
insertion gain measures.
Ear Hear. 1990
• Dodelé D et Dodelé L
La mesure in vivo et « in vivio »
simulé
Les cahiers de l audition Vol 12 N°
15 octobre 1999
• Brocard Christian
La mesure in vivo
Mémoire D.U d’audiologie audioprothétique approfondie LYON 2005
CONCLUSION
L’utilisation de la mesure in vivo dans une pratique courante, apporte la délicieuse
sensation de ‘piloter’ son adaptation avec des outils adaptés aux appareillages
auditifs actuels.
Pour un système open, il existe une somme de variables importantes qui implique de grosses différences de correction liées notamment à des paramètres
mécaniques.
Ainsi, la taille du conduit, l’insertion du tube sonde ou encore le choix du type de
canule vont directement influencer la correction.
Aussi, l’approche in vivo permet d’objectiver l’adaptation, et représente l’outil de
référence pour valider l’ensemble de ces paramètres.
C’est enfin, la seule technique qui permet une validation et une correction objective des paramètres de l’appareillage.
Elle permet une approche rapide, pertinente et professionnelle, véritable valeur
ajoutée pour l’audioprothésiste.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
60
• Fabry David, Ph.D
Real-Ear Measures for Open-Fit
Devices
Audiologie on line 2006
• Blondeau Thierry et
Brocard Christian
Apport de la mesure “in vivo” au
niveau de l’appareillage
Mémoire d’audioprothèse
LYON 1993
• Ole Dyrlund Jensen
Real ear measurement and feedback phase cancellation
GN Otometrics
• Kuk Francis, Keenan Denise,
Ludvigsen Carl
Efficacy of an open-fitting Hearing
aid
The hearing Review February 2005
61
Atelier 1
ATELIER 2
AUDIOMETRIE
DU JEUNE ENFANT
« Comment installer le conditionnement
des réponses en fonction de l’âge de
développement ? »
STAND BIOTONE TECHNOLOGIE
Monique DELAROCHE
Orthophoniste - Audiométriste
Unité d’Audiologie Pédiatrique
C.H.U. Bordeaux
■ Nombre de jours : 2
■ Nombre de sessions : 4
■ Nombre de participants : 89
STAND COCHLEAR FRANCE
62
63
Conditionner un enfant c’est installer un système lui permettant d’exprimer, sans
équivoque et pendant tout le temps nécessaire, la perception des stimuli délivrés
dans des conditions bien définies.
Le conditionnement implique la combinaison des paramètres suivants :
- la stimulation : le choix des stimuli et leur mode de présentation varient en fonction des informations recherchées,
- la réaction ou réponse déclenchée par la perception du signal
- le renforcement ou manœuvre ludique proposée par l’examinateur à l’enfant
pour le récompenser de ses réponses et l’encourager à les reproduire. Le couplage réaction / renforcement est essentiel.
Il peut s’agir :
- d’appuyer sur un bouton pour déclencher un spectacle : principe du train-show,
du cine-show,
- ou d’enfiler les éléments d’un jeu d’encastrement bien choisi.
Ces éléments déterminent la nature des réponses possibles et sont corrélés à la
maturation neurocérébrale.
(Dans le cadre de cet atelier, nous n’aborderons pas l’audiométrie du tout petit
nourrisson).
L’écoute active sollicite l’attention endogène, qui est sous le contrôle d’un réseau
cérébral antérieur, impliquant notamment le cortex frontal.
Comme l’ont prouvé les chercheurs, « ce n’est que vers 2 ans (âge de développement) que l’on voit l’émergence des processus permettant le contrôle volontaire de l’attention » (JF Camus, Psychologie cognitive de l’attention).
Cela ne veut pas dire que l’enfant de 2 ans est mûr pour le conditionnement
« volontaire », loin s’en faut !
Certains enfants, exceptionnels, seront prêts vers 2 ans 4 mois, d’autres vers 2
ans 6 mois, d’autres beaucoup plus tard !
Ce n’est pas la date de naissance qui compte mais le stade de développement et
le comportement de l’enfant. Il est donc primordial de bien jauger ses capacités
et de les respecter.
A cet égard, l’observation d’enfants normo entendants en crèche, en maternelle
et la pratique de tests audiométriques chez des enfants normo entendants aideront les audioprothésistes à forger leur expérience.
Nature des réponses :
Conditions favorables à l’émergence des réactions
- A partir de 5/6 mois : le bébé maîtrise la station assise avec soutien, et la maturation du cortex pariétal, qui s’effectue entre 3 et 6 mois, lui permet alors de
s’orienter vers la source de stimulation.
Quel que soit le type de réponse recherchée, la perception des stimuli est tributaire des états de vigilance ou d’attention au moment précis où la stimulation est
délivrée.
Il est donc important de tout faire pour favoriser la vigilance, pour bien l’exploiter
et la maintenir pendant tout le temps nécessaire.
Procédure d’apprentissage, le conditionnement doit s’adapter avec une grande
souplesse au niveau de développement de l’enfant, à son comportement, à ses
capacités attentionnelles.
Le réflexe d’orientation est un comportement de recherche, d’où l’appellation
Réflexe d’Orientation Investigation (R.O.I.).
L’émergence de ce type de réponse requiert un certain niveau d’attention, dite
attention automatique ou exogène, qui est sous le contrôle d’un réseau cérébral
postérieur
- A partir de 28 / 30 mois, donc environ 2 ans plus tard : la maturation de certaines régions cérébrales frontales permet à l’enfant de contrôler volontairement
son attention, donc d’attendre activement le stimulus et d’exprimer une réponse
motrice dite « volontaire ».
Actes du Congrès des Audioprothésistes
64
Quelques conseils :
- limiter au maximum les facteurs d’inhibition et les éléments distracteurs :
. simplifier l’installation technique,
. dégager entièrement le champ visuel de l’enfant pour éviter que la stimulation auditive ne soit inhibée par la prégnance d’une stimulation visuelle,
. pas de tierce personne pour occuper ou observer l’enfant,
. éviter toute intervention des parents.
- dissimuler nos manœuvres derrière un petit écran,
- bien choisir le moment pour délivrer la stimulation
65
Atelier 2
- bien gérer les stimulations pour ménager le capital attentionnel (nombre de stimulations /cadence)
- en cas d’utilisation de jeux d’encastrement, éviter les jeux qui vont trop absorber l’attention parce que nécessitant des jugements et des choix (taille / couleur / forme des éléments)
Comment installer un conditionnement fiable permettant de préciser les seuils
d’audition par voies osseuse et aérienne ?
Dans votre contexte d’audioprothésiste, plusieurs cas de figure peuvent se présenter :
- soit l’enfant a déjà été conditionné en amont et vous reprenez le même système
pour faire vos propres mesures (d’où concertation avec l’équipe diagnostique
nécessaire).
- soit aucun conditionnement n’a été tenté en amont ; vous n’avez que les résultats des PEA et vous devez installer un système de réponse chez un enfant
vierge de toute stimulations de mesure.
- soit l’audiométrie a été tentée mais s’est avérée impossible : il vous faudra effacer certaines traces et réinstaller ou installer le conditionnement.
Deux démarches / Deux modes de renforcement
1ère démarche : établir un conditionnement volontaire, à partir de 28 / 30 mois,
âge de développement, en utilisant cine-show, train-show ou jeux d’encastrement.
On va solliciter l’écoute active. Il faut donc être sûr que la stimulation de départ
est bien perçue par l’enfant. D’où l’intérêt de démarrer avec le vibrateur, sur le
500 Hz à 60/65 dB.
Même si l’enfant perçoit les graves quasi normalement, cette stimulation sera
bien supportée à condition de la faire sentir sur la main auparavant.
Inutile de donner des explications. Faire vivre la situation en accompagnant les
premières réponses (cf vidéos). Lorsque vous sentez que le réflexe pousse votre
main, l’enfant a compris le principe, le conditionnement est enclenché.
Rechercher alors le seuil du 500 Hz, en mode descendant. Lorsque le seuil du
500 Hz est défini, interroger les autres fréquences : 1000, 2000, 4000, et 250 Hz.
Pour chaque fréquence, l’intensité de départ prendra en compte le niveau du seuil
obtenu sur la fréquence précédente.
En raison du passage transcrânien, la précision d’une seule courbe osseuse suf-
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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fit. Lorsqu’elle est obtenue, passer à la recherche des courbes tonales de chaque
oreille, avec un casque ou des inserts.
Dans ce type de conditionnement, le renforcement ou récompense est inclus
dans le système ; c’est la réalisation motrice, à savoir : appuyer sur un bouton
pour déclencher un spectacle (cine / train-show) ou encastrer l’élément d’un jeu.
Intérêts des jeux d’encastrement :
- L’attitude requise (élément de jeu porté à l’oreille) favorise l’écoute. Elle met en
évidence des informations très révélatrices au niveau du visage : mouvements
des yeux, des cils, rictus qui précède la réponse, regard qui change de direction
etc…
Certains enfants bloquent leur respiration pour écouter, ce qui objective leur
grande concentration.
- Le canal visuel est beaucoup moins sollicité que dans le train ou ciné-show,
d’où :
. l’attention auditive est renforcée
. le regard est plus disponible pour le testeur qui soutient l’attention
. une véritable compétition s’engage entre l’enfant et le testeur qui, lui aussi,
écoute
. la relation s’en trouve renforcée
- Les jeux permettent de nombreuses improvisations pour relancer intérêt et
attention (ex : faire écouter le doudou, la poupée, le testeur… mais pas les
parents : attention ! Ils ne contrôlent pas la stimulation et risquent de déclencher
des réactions en dehors de toute stimulation).
- Informations intéressantes au niveau du geste : geste rapide, assuré, hésitant,
mou etc…
2e démarche : établir un conditionnement des « réactions de surprise »,
entre 5/6 mois et 28/30 mois, âge de développement.
L’installation doit favoriser une certaine stabilité : l’enfant, assis sur les genoux de
l’un des parents, est invité à manipuler, « gratuitement », quelques petits jouets,
disposés sur une table (cf vidéos).
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Atelier 2
Ces jouets ont pour but de canaliser regard et activité a minima.
Ainsi, la stimulation perçue va surprendre l’enfant, capturer son attention exogène
et déclencher des réactions « de surprise » diverses et/ou un réflexe d’orientation-investigation.
Schéma récapitulatif : conditionnements / âges de développement
L’enclenchement du système réaction/renforcement se fera toujours avec le
vibrateur mais, contrairement à la démarche précédente, la recherche de la première réaction se fera en mode ascendant, par paliers de 10 dB. L’intensité de
départ sera déterminée en fonction d’informations obtenues en champ libre
(jouets sonores, test du prénom ou stimulations vocales calibrées).
Dans les cas de surdité profonde : éveiller les réactions et installer le conditionnement en délivrant des stimulations vibro tactiles (500 Hz à 65 dB ou 250 Hz à
45 dB).
Après l’établissement de la courbe osseuse, les stimulations seront délivrées soit
en champ libre pour obtenir une courbe aérienne bilatérale, soit à travers un casque ou des inserts pour définir les courbes tonales de chaque oreille.
C’est la disponibilité de l’enfant qui règlera la progression des mesures et la durée
de l’examen.
Pour entretenir les réactions de surprise il faut les renforcer.
Le renforcement
Vous connaissez bien le renforcement décrit dans la littérature. Il consiste à proposer à l’enfant, en échange de sa réponse, une récompense visuelle (d’où l’appellation américaine Visual Reinforcement Audiometry ou VRA). Ce peut être la
mise en marche d’un gyrophare ou la projection d’un dessin animé ou l’agitation
d’une peluche ou…
Comme l’ont montré les vidéos, le renforcement visuel classique (système du
ROC) peut être remplacé par une interaction enfant/examinateur. Au cours de
cette interaction l’examinateur maintient la stimulation et donne du sens à la perception en proposant à l’enfant une « traduction symbolique » de ce qu’il perçoit :
balancement du corps au rythme de la stimulation, gestes, mimiques, paroles etc.
Une telle manœuvre, soutenue par un jeu relationnel très personnalisé, donne au
renforcement une valeur d’activité cognitive et amorce l’éducation auditive.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
68
Causes d’éventuelles difficultés :
- mauvaise évaluation du développement psychomoteur de l’enfant et de ses
capacités.
- attention perturbée par des éléments distracteurs
- interventions des parents dans la relation duelle enfant/ examinateur
- mauvaise interprétation des réactions et renforcement d’une non-réponse
- mauvaise gestion des stimulations : trop de stimulations, cadence trop rapide
- enfant testé trop souvent
- conditionnement mal établi lors d’un test antérieur.
Conclusion : pour installer un conditionnement fiable il faut proposer à l’enfant
un système adapté à son développement psychomoteur, l’inscrire dans un
contexte relationnel sécurisant et bien gérer les stimulations pour ménager les
ressource attentionnelles.
* Pour des informations complémentaires, se rapporter à l’ouvrage : Audiométrie
comportementale du très jeune enfant. Enjeux et modalités. Monique
Delaroche, De Boeck Université, Bruxelles, 2000.
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Atelier 2
ATELIER 2
ACOUPHÈNE 3e partie
« Établissement et contenu
de la dialectique
audioprothésiste-patient acouphénique »
STAND GN RESOUND
Philippe LURQUIN
C.H.U. St Pierre - Bruxelles
[email protected]
■ Nombre de jours : 2
■ Nombre de sessions : 4
■ Nombre de participants : 72
STAND OTICON
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Lors de la prise en charge d’un patient acouphénique, l’audiologiste informé des
bases de la thérapie acoustique d’habituation (ou T.R.T., acronyme de Tinnitus
Retraining Therapy) se retrouve sitôt son appareil programmé avec la tâche
apparemment difficile d’établir un processus de mise en confiance et de réassurance de son patient.
C’est là que s’installe une dialectique, tâche à laquelle ordinairement l’audiologiste est rôdé pour des situations relatives à la surdité et la presbyacousie.
Ici commence le processus de counselling.
le point clé fut établi comme l’explication du modèle de Jastreboff, l’illustration de
ses idées et la définition de ses concepts.
■ Le counselling est un conseil thérapeutique dirigé dont l’objectif à travers
une démarche éducative est de modifier les cognitions des patients à
l’égard de l’acouphène » (Prof B.Meyer 2001)
Pour le professeur Jastreboff, père de la TRT, les deux piliers de la thérapie
acoustique d’habituation sont l’enrichissement sonore au moyen de générateurs
de bruit blanc ou d’appareils combinés et le « counselling » directif.
Figure 2 : les principes de base du counselling
au patient acouphénique.
Nous avons détaillé l’outil principal de notre méthode : les séances de counselling (en général, quatre sont préconisées, quelquefois plus. Celles-ci se basent
sur une banque d’image et de commentaires et permettent avec chaque patient
d’aborder les bases du modèle neurophysiologique et d’en comprendre tenants
et aboutissants afin de procurer en finale une autonomie par rapport au thérapeute la plus large possible.
Figure 1 : les paliers successifs
entrainant le mieux-être du
patient acouphénique.
Grâce à cette « encyclopédie de la pathologie », l’audioprothésiste devient à
même de répondre à toutes les demandes d’explications et à démontrer, réfuter
puis emporter la conviction face à toutes les idées préconçues ou non fondées du
patient.
L’ensemble du processus recouvre un ensemble de pratiques telles que le soutien émotionnel, la guidance du patient, la gestion des interprétations ou des
idées erronées, l’orientation ou les informations dirigées dans le cadre d’une relation d’aide.
Après avoir défini le counselling et ses différentes variantes (seul ou en groupe,
de support ou axé sur le contenu, centrée sur le patient ou sur le professionnel),
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Afin de permettre une efficacité optimale l’atelier s’est attardé sur les processus
mnésiques afin d’attirer l’attention du patient acouphénique et sur les divers outils
nécessaires à la vulgarisation de notions complexes (fables, paraboles, métaphores, analogies et comparaisons).
Au travers d’une série d’exemple nous avons explicité des notions en apparence
arides ou incompréhensibles pour un non professionnel :
■ La surreprésentation corticale
■ La résonance stochastique
■ Le rôle du système limbique
■ L’accomodation
■ Le contraste auditif
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Atelier 3
Un point important fut l’explication des concepts de Lee.
Ces idées permettent de disséquer les problèmes du patient.
Auditif ou émotionnel, réaliste ou non, retentissant ou non sur ses aptitudes fonctionnelles, modifiant ou non son comportement.
Le tout résultant en une intégrale complexe souvent hasardeuse à décomposer
pour un audioprothésiste qui rencontre pour la première fois un patient parfois
confus ,désespéré et déposant une demande pressante d’aide afin de démêler un
écheveau qui semble inextricable
Dimanche 25 mars 2007
Conférence magistrale
■ « Vers une normalisation
des Services des
Audioprothésistes »
Le point sur les travaux AFNOR
(Association Française de Normalisation)
Figure 1 : les paliers successifs entrainant le mieuxêtre du patient acouphénique.
L’utilisation rationnelle de questionnaires (THI, Hazell & Mc Kinney) permet de
comprendre et de mesurer une grande partie des items décrit par Lee.
Le rôle de l’audiologiste soit travaillant seul soit opérant au sein d’une équipe pluridisciplinaire fut défini.
A titre d’illustration les résultats d’une étude sur près de 80 patients (thèse de fin
de baccalauréat en audiologie de T.Duval ,2006) portant sur les croyances des
patients acouphéniques fut rapportée ; les résultats montrent une nette tendance
à l’interprétation et aux idées erronées que l’audioprothésiste aura à cœur de travailler prioritairement avec le patient.
Ensuite la session fut animée par une démonstration pratique d’une séance afin
de permettre à chaque participant d’acquérir les bases formelles pour réussir ses
premiers entretiens.
Afin de convaincre encore les participants de la faisabilité de cette procédure une
étude (thèse de fin de baccalauréat en audiologie de M.Eugénie 2006) portant sur
l’évaluation par nos patients (70 questionnaires) du counselling réalisé fut présentée.
Les résultats démontrent un taux de satisfaction importante chez plus de 90 %
des patients.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Hervé BISCHOFF
Jean-Jacques BLANCHET
Éric BIZAGUET
Benoît ROY
Table ronde professionnelle
■ « Évaluation des coûts
socio-économiques
de la malaudition »
Animée par
Monsieur Kim RUBERG, Hear-it AISBL,
en présence des représentants
de différents partis politiques Français.
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Vers une normalisation des services des audioprothésistes. Le point sur les travaux AFNOR,
Vers une normalisation des services des audioprothésistes. Le point sur les travaux AFNOR,
(Association française de normalisation).
(Association française de normalisation).
Conférence animée par :
nécessite un suivi régulier sur plusieurs années. Il ne faut pas oublier que la prestation commence avant la fourniture de l’appareil et continue pendant et après sa
délivrance.
Hervé BISCHOFF, audioprothésiste, Responsable assurance-qualité
Jacques BLANCHET, audioprothésiste, Responsable assurance-qualité
Eric BIZAGUET, Président du Collège National d’Audioprothèse
Benoît ROY, Président de l’UNSAF
Ce document est une retranscription ad hoc de la conférence du dimanche 25
mars 2007 du Congrès des Audioprothésistes Français « Vers une normalisation des services des audioprothésistes », et reprend les interventions de
Messieurs BLANCHET et BISCHOFF dans leur intégralité.
Intervention de Monsieur Jean-Jacques BLANCHET
(retranscription)
« Je vais déjà vous présenter le contexte qui nous a orientés vers une telle
démarche, avant d’en aborder les bénéfices attendus. Ensuite, je passerai la
parole à M. Hervé BISCHOFF qui vous présentera les étapes de cette normalisation et qui vous en dira un petit peu plus sur son contenu.
Tout d’abord un bref état des lieux : il y a un an, une enquête diligentée par l’UNSAF
a démontré que la satisfaction globale des patients appareillés s’amélioraient,
notamment grâce aux progrès technologiques. Cela nous oblige quand même à
nous remettre en cause, notamment acquérir toujours des minima techniques, d’où
une nécessité d’une formation continue obligatoire.
Actuellement, notre profession est en mutation. On voit apparaître de nouvelles
démarches de commercialisation de différents systèmes d’aide à l’écoute. Nos
partenaires ont de nouvelles exigences : je pense aux pouvoirs publics, aux assureurs, aux associations de malentendants. Tout cela nous pousse vers une uniformisation de la qualité du service offert car il existe encore des disparités d’un
centre à l’autre et d’un patient à un autre.
Or, il ne faut pas oublier que l’image de notre profession est liée à la qualité de
nos prestations. Le métier d’audioprothésiste est un métier complexe qui couvre
de nombreux domaines, qu’ils soient psychologique, technique et commercial. Le
process d’appareillage, qui comprend le choix, l’adaptation, la délivrance, le
contrôle d’efficacité immédiat et permanent et l’éducation prothétique, tout cela
Actes du Congrès des Audioprothésistes
76
La dissociation entre la fourniture du matériel et la prestation représente donc un
risque de santé publique et un risque pour la qualité du service rendu. C’est pourquoi la fourniture et cette prestation nous paraissent indissociables.
Les normes actuelles ne sont pas mises à jour alors que notre profession évolue.
On peut parler du décret 1985 : cela fait quand même 22 ans qu’il est toujours en
application. Par exemple, il n’apparaît pas dans ce texte de loi “Nécessité de posséder du matériel informatique”. Cela dit, l’Etat n’est pas là pour tout réglementer.
Il ne faut pas tout attendre de l’Etat. Là, on peut parler de la vérification de nos
locaux qui n’est plus vérifiée par la DDASS.
Tout cela nous pousse à acquérir un minimum requis national sur l’appareillage
et la prestation associée, tout cela indépendamment de l’Etat. C’est pourquoi
l’UNSAF et le Collège National ont recherché une solution.
La solution qui a été choisie a été la certification de service par l’AFNOR, qui est
l’Agence Française de Normalisation. Les travaux ont débuté il y a à peu près
deux ans.
Quels sont les bénéfices attendus d’une telle démarche ? Tout d’abord définir un
niveau commun à harmoniser des prestations offertes. Cela nous permettra de
valoriser et de défendre notre profession par la publication d’une norme reconnue
nationalement. Elle favorisera la mise en place de démarches de qualité de service dans le secteur de l’audioprothèse. Elle permettra une identification des professionnels qui respectent ce niveau de qualité, par cette certification de service.
Elle donnera confiance aux acteurs du système et permettra de créer une dynamique d’échange.
Autre bénéfice attendu : le patient sera assuré d’avoir affaire à un professionnel
diplômé et, dans certains cas spécifiques, de reconnaître ses compétences,
notamment pour l’appareillage de l’enfant, de l’acouphénique ou des réglages
d’implants cochléaires.
Toutes ces évolutions technologiques nous posent la question d’une formation
continue. On peut aborder aussi, encore une fois, le respect des normes de nos
cabines d’appareillage.
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Dimanche 25 mars 2007
Vers une normalisation des services des audioprothésistes. Le point sur les travaux AFNOR,
Vers une normalisation des services des audioprothésistes. Le point sur les travaux AFNOR,
(Association française de normalisation).
(Association française de normalisation).
La norme est le fruit d’un consensus. Elle n’aura pas de caractère obligatoire.
Cela dit, la Caisse Nationale d’Assurance Maladie pourrait conditionner son remboursement à cette certification.
de Santé qui se sent très impliquée par ce qui peut se passer dans notre profession, au niveau qualitatif notamment ; des représentants des professionnels de
santé, donc le Conseil de l’ordre des médecins, bien sûr ; des ORL hospitaliers ;
des représentants des universités, avec les présidents d’université, le Collège
National d’Audioprothèse, bien évidemment ; des représentants des audioprothésistes, avec les syndicats, la Société scientifique d’audioprothèse, les membres
de l’équipe pluridisciplinaire, notamment avec les orthophonistes, etc. ; le SNITEM, pour les fabricants ; les associations de consommateurs, de malentendants.
Je passe maintenant la parole à Hervé BISCHOFF qui va vous en dire un peu
plus sur les étapes de la normalisation ».
Intervention de Monsieur Hervé BISCHOFF
(retranscription)
« Il y a essentiellement deux étapes principales dans le processus de normalisation : une étude de faisabilité, puisque le coût de normalisation est important et
plutôt que de se lancer dans la normalisation et d’aboutir au final à un blocage fort
qui bloquerait le processus, on va d’abord s’assurer que c’est faisable. Cela a
débuté début 2005. La base, c’est la constitution d’un comité de pilotage qui comprenait à l’époque un membre de l’UNSAF, un membre du Collège National,
Jean-Jacques BLANCHET et moi-même – qui sommes responsables Qualité –
essentiellement pour la mise au point, dans un premier temps, d’un guide d’entretien afin d’aller réaliser des interviews des différents acteurs du secteur. On va
les voir en détail un peu plus loin.
Les conclusions de cette étude ont été faites en novembre 2006, donc assez
récemment. Et c’est vrai que l’on a été très agréablement surpris par ce que nous
ont réservé les différents acteurs, parce que c’est qu’initialement on ne savait pas
trop comment cela allait se passer. Ils ont été plutôt favorables envers une norme.
C’est plutôt même une demande de leur part de normaliser tout le service apporté
par les audioprothésistes. Et donc c’est quelque chose qui s’est passé de façon
vraiment très positive.
La deuxième étape, c’est naturellement l’élaboration de la norme en elle-même.
Cette fois-ci, il y a un groupe de travail qui va être plus nombreux, qui va comprendre tous les acteurs du secteur. Il y a eu une réunion assez récemment, en
février, qui s’est tenue.
Parmi les acteurs, on a pas mal de monde : il y a les institutionnels, avec les
membres du Ministère de la Santé, la CNAM – qui n’est pas le Conservatoire
National des Arts et des Métiers, comme certains ont pu me le dire, mais bien la
Caisse Nationale d’Assurance Maladie ; des membres de l’HAS, la Haute Autorité
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Une fois ce groupe réalisé, monté, il y a la rédaction d’un avant-projet. Cet avantprojet était déjà rédigé et il a donc été présenté à ce groupe. Ce groupe est donc
en train de travailler à savoir ce qui peut être ajouté, ce qui peut être discuté. Le
principe maintenant est de trouver un consensus sur cet avant-projet. Il y a une
réunion qui est prévue très prochainement, en avril, pour déterminer les points qui
peuvent être discutés.
Si un consensus est trouvé – ce qui, on l’espère, est en bonne voie – une enquête
publique sur le projet va être lancée et l’élaboration de la version finale aboutira
suite à cela.
Au niveau des aspects qui sont couverts dans le projet de la norme, c’est essentiellement tous les points qui vont permettre de répondre aux besoins, aux attentes des patients, des acteurs du domaine. Il y a une tête de chapitre, un peu en
introduction : tout ce qui concerne le fondement du service, avec le cadre éthique,
la déontologie, un petit rappel sur le secret professionnel auquel le professionnel
est soumis, la moralité de la publicité, également, il y au point là-dessus.
Les engagements du service qui constituent le corps du projet, avec plusieurs
points sur l’information du consommateur, l’accueil qui couvre globalement ce
que l’on peut apporter au patient au niveau de l’accueil, la prise en charge, bien
sûr, audioprothétique avec tous les critères que l’on connaît, le service aprèsvente, tout ce qui concerne la réparation, les services complémentaires d’accessoires, de téléphonie, etc., et tout ce qui va concerner la gestion des locaux, tant
au niveau des normes sur les cabines que sur tout ce qui est métrologie, appareils de mesure qui vont devoir être vérifiés régulièrement afin de pouvoir faire
des mesures fiables.
Reste encore la gestion des ressources humaines, les compétences requises au
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Dimanche 25 mars 2007
Vers une normalisation des services des audioprothésistes. Le point sur les travaux AFNOR,
Table ronde
(Association française de normalisation).
Présentation de Kim RUBERG,
secrétaire général de Hear-it.
niveau de la formation, on l’a vu. Les techniques évoluent. Il est nécessaire déjà
d’avoir des professionnels formés, dans les laboratoires, et que ces professionnels
continuent à se former régulièrement.
La formation continue obligatoire peut faire un petit peu peur à certains. C’est simplement d’aller à un congrès, cela fait partie de la formation continue. Aller à l’EPU,
cela fait partie de la formation continue, etc. Ce n’est pas obligatoire non plus d’aller absolument pendant un an faire des études en guise de formation continue.
Cela doit représenter à peu près 1 % du temps de travail, donc cela va très vite :
cela représente une à deux journées par an, à peu près.
Et puis il y a un point important, c’est la mesure et l’amélioration continues de la
qualité de service. Il y a une vérification régulière qui se fait à ce niveau-là.
Au niveau de ce projet : le projet français est un petit peu en avance par rapport
à tous les autres pays européens, mais ce n’est pas pour cela que les pays européens ne s’intéressent pas à la qualité. Et ils sont très demandeurs également, à
plusieurs niveaux, de mettre au point cela.
Au niveau de l’AEA, un vote s’est fait pour laisser partir la France un peu en tête,
monter le projet. Et une fois ce projet bien avancé, parallèlement, le projet européen est en train de se mettre en route. Cela prend un petit peu plus de temps,
parce qu’il y a plus de pays. Et le projet français servira de base à la future norme
européenne sur les services offerts par les audioprothésistes.
Monsieur Kim RUBERG, secrétaire général de Hear-it, une association internationale à but non lucratif, a présenté en introduction de la Table ronde du dimanche
25 mars, les conclusions du rapport "Coûts socio-économiques de la malaudition
en Europe", réalisé par un groupe de chercheurs de la South Bank University de
Londres.
Les conclusions évaluent que le coût des troubles auditifs est de 284 milliards
d'euros en Europe, et de 224 milliards d'euros pour l'Union Européenne. Le coût
des pertes auditives non traitées en France est estimé à 24, 5 milliards d'euros par
an et sont donc du même niveau que les coûts engendrés par la consommation
de tabac ou d'alcool.
Soit encore, un coût estimé en Europe par personne et par an à 2 200 euros pour
une surdité légère, (inférieure ou égale à 21 à 39 dB*), à 6 600 euros par personne
et par an pour une surdité moyenne (40 à 69 dB*) et entre 11 000 et 13 200 euros
par personne et par an pour une surdité profonde (supérieure à 70 dB*).
* Définition des stades des troubles de l’audition en Europe proposées par la Commission Européenne, (Martini, 1996)
Présentation de Kim RUBERG (en anglais)
La certification au niveau de l’Europe se fait par le CEN, qui est le Comité européen de normalisation, puisque l’AFNOR, qui est au niveau français, ne peut pas
s’en occuper au niveau européen. Il y a 29 membres qui siègent au CEN et le
siège est à Bruxelles.
En conclusion : cette normalisation a pour but de mettre en place un canevas de
contrôle et de surveillance de norme minimale, de façon à ce que la profession
puisse s’autocontrôler et éviter qu’elle ne soit contrôlée justement par des organismes ou des intervenants qui n’ont pas forcément les compétences pour mesurer le service rendu en fonction des caractéristiques de la surdité et des patients.
Et je finirai par cette phrase : « la qualité de notre travail d’aujourd’hui préjugera
de notre travail de demain ».
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« Les coûts socio-économiques de la malaudition » :
les politiques confirment qu'il s'agit
d'un problème de santé publique
Table ronde animée par Laurent BROOMHEAD, en présence de Kim
RUBERG, secrétaire général de Hear-it AISBL et de Benoît ROY, Président
de L'UNSAF.
Etaient conviés et participaient, de gauche à droite :
Joëlle MELIN, Comité d'action présidentielle Santé du FN (Cap santé),
Marie-Anne MONTCHAMP, Députée du Val-de-Marne, ancienne Secrétaire
d'État aux personnes handicapées, représentant l'UMP,
Bruno LARTIGUE, Commission thématique santé de l'UDF
André CICOLELLA, responsable de la Commission santé des Verts,
Claude PIGEMENT, responsable national du PS à la santé.
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Table ronde
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[Synthèse]
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> 5 partis politiques à l'écoute de la malaudition
Les représentants santé des principaux partis politiques se sont engagés à être
à l'écoute de la malaudition à l'occasion d'une Table ronde sur « Les coûts
socio-économiques de la malaudition » initiée par le Président de l'UNSAF,
Benoît ROY, dimanche 25 mars 2007.
Au cœur du débat : la malaudition chez les jeunes, les actifs et les personnes
âgées, la CMU et les plus défavorisés, le remboursement de l'appareillage, la
norme AFNOR et la remise en cause de l'amendement sur la dissociation.
Synthèse.
> Le prix de la malaudition : entre 350-400 euros par français et par an
Cette Table ronde s'est ouverte sur la présentation de l'étude « Coûts socio-économiques de la malaudition en Europe » par Monsieur Kim RUBERG, secrétaire
général de Hear-it. Cette étude magistrale et inédite a été réalisée par un groupe
de chercheurs de la South Bank University de Londres.
Il en ressort que les coûts du non traitement des surdités sont de l'ordre de 170
à 226 milliards d'euros par an pour l'Union européenne, et entre 19 et 25 milliards
d'euros par an en France. Soit entre 350-400 euros par français et par an.
Un coût comparable à ceux du diabète, des maladies mentales, du tabac ou
encore de l'alcool.
> 7, 5 millions d'adultes souffrent d'une perte auditive
Autre conclusion de l'étude, 7,5 millions de personnes (16 % de la population
adulte) souffrent en France d'une perte auditive de plus de 25 dB, selon la définition retenue par l'OMS. Cette perte auditive est à l'origine de problèmes quotidiens de communication, de concentration, d'isolement, d'exclusion dans le milieu
social, familial ou professionnel.
Une sur six pourrait être traitée efficacement grâce au port d'appareils auditifs.
> La malaudition et les français
Monsieur Benoît ROY, Président de l'UNSAF a interpellé les représentants Santé
des différents partis politiques sur les conclusions de cette étude et sur différents
points d'actualité :
Actes du Congrès des Audioprothésistes
118
La malaudition chez les jeunes
La malaudition chez les adultes actifs
Le remboursement, la CMU et les personnes défavorisées
La remise en cause de l’amendement sur la dissociation appareil/appareillage
et le projet de norme AFNOR
• La malaudition chez les personnes âgées
L'UMP : Remboursement des appareillages auditifs
L'UMP insiste sur la nécessité de mettre en place de nouvelles stratégies de
dépistage (en plus de celles déjà en place pour les affections congénitales et
dans le cadre de la médecine scolaire) et sur la prévention : enquêtes épidémiologiques, lutte contre le bruit.
Priorité pour cela, de sortir d'une approche soignante et souvent comptable, pour
adopter une démarche orientée sur la gestion de la non qualité, source de gabegie.
Informer et sensibiliser le grand public est indispensable, et notamment au travers d'un Contrat de santé sur la qualité de l'audition. Une question d'autonomie,
qui devra être financée, comme les questions du vieillissement, par la création
d'une 5e branche, dans le même esprit que la CNSA prend en charge
aujourd'hui les handicaps. Des partenariats privé-public pourront être envisagés
pour son financement.
Les problèmes d'audition sont des problèmes de santé publique : la prise en
charge de l'appareillage auditif doit être total, sans dissociation de l'appareil auditif du service d'adaptation, sur la base d'un contrat de bonne foi entre l'Etat et la
profession autour d'un engagement de service rendu de qualité. Généraliser l'accessibilité à la prévention, au dépistage et à l'appareillage seront donc prioritaires
et envisagés dans le cadre de Maisons départementales, à l'instar des Maison du
handicap aujourd'hui.
Concernant les personnes âgées, l'UMP affirme des objectifs de bien être par la
santé publique sur trois axes : la santé mentale, l'alimentation et la qualité de
l'audition.
Les Verts : Transparence et maîtrise des dépenses de santé, passer du soin
à la santé.
Les Verts proposent la mise en place d'une Agence de promotion de la santé dont
dépendrait notamment la santé scolaire, acteur majeur de prévention auprès des
jeunes, notamment concernant le dépistage de la malaudition.
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Dimanche 25 mars 2007
Table ronde
Table ronde
Les Verts souhaitent la mise en place d'un système de santé en place et lieu de
l'actuel système de soin, afin de parvenir à un principe de maîtrise sanitaire en
agissant le plus en amont possible. Soit la mise en place d'une Démocratie sanitaire assise sur un système régionalisé, au travers d'un Conseil régional de santé
tri-partite (élus, professionnels et assurés) et de Maisons de santé regroupant
l'ensemble des professionnels de soins et de santé.
Concernant les appareillages auditifs, Les Verts souhaitent revoir la répartition
établie entre les complémentaires et la Caisse de sécurité sociale pour un système plus solidaire basé sur un principe de transparence et de maîtrise des
dépenses de santé.
La déficience auditive fait partie des objectifs de santé publique des Verts.
d'objectifs et de moyens. L'audioprothésiste s'inscrit dans le parcours de soins
idéal : généraliste, ORL, audioprothésiste.
PS : Un accord gagnant-gagnant avec la profession
Le PS met l'accent sur la précarisation de la santé des jeunes, préconise la mise
en place d'une politique de la malentendance dans le cadre de la création de la
Carte santé jeune pour les 16-25 ans et un rôle actif de la Santé scolaire en
matière de dépistage auditif.
Le PS insiste sur la nécessité d'une révolution de la santé afin d'aller au-delà de
la vision curative en cours actuellement, et en plaçant le généraliste et le médecin du travail au cœur du dispositif.
Concernant la prise en charge de l'appareillage auditif, le PS propose un accord
gagnant-gagnant avec la profession : normes de prestations contre remboursement. La "dissociation" appareil/service ne pouvant s'argumenter qu'autour de critères de qualité, comme la certification de service AFNOR en cours par exemple.
Concernant les personnes âgées, le PS recommande un parcours santé idéal
avec un médecin généraliste bien formé aux problèmes d'audition au travers de
la formation initiale et continue et d'une collaboration étroite entre l'ORL et l'audioprothésiste.
La malaudition est un problème important de santé publique.
L'UDF : Le médecin généraliste au centre de la prévention
L'UDF préconise un système de soin plaçant le médecin généraliste au centre de
la prévention auprès des jeunes, des personnes âgées et de l'ensemble des
citoyens par la mise en place d'une rémunération au forfait temps financé par un
système de capitation.
L'UDF inscrit le remboursement de l'appareillage auditif dans le cadre de contrats
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Le FN : Un dépistage audiométrique systématique au nom de la solidarité
nationale
Le FN souhaite prioriser les déficits fonctionnels et sensoriels (ouïe, vision,
bucco-dentaire), en insistant sur une généralisation du dépistage en matière d'audition. Le FN s'engage à revoir la nomenclature afin de parvenir à des remboursements convenables en matière de soins dentaires, oculaires et auditifs, grâce
à un régime général sous contrôle parlementaire.
Nul besoin de créer un nouveau risque, la nouvelle richesse nationale suffira à
leur prise en charge. Et il n'y a pas de raison de dissocier le produit du service
audioprothésique.
Concernant les personnes âgées, le FN s'engage à la mise en place d'un dépistage audiométrique systématique au nom de la solidarité nationale.
Benoît ROY : redéfinir les rôles des acteurs
Benoît ROY, président de l'UNSAF, a insisté sur la nécessité d'une redéfinition
précise des rôles des acteurs : les généralistes étant à l'origine du dépistage, les
ORL à l'origine du diagnostic et prescripteurs de l'appareillage et les audioprothésistes étant responsables de l'appareillage. Benoît ROY a également mis en
cause l'image et le « parcours du combattant » des personnes souffrant de surdité imposé par l'actuel système des maisons du Handicap.
Enfin, il s'est déclaré extrêmement satisfait de la réponse unanime de l'ensemble
des participants à écouter les professionnels de l'audition et a confirmé l'engagement de sa profession dans l'établissement d'une certification de service AFNOR.
Il a également pris acte de l'engagement des politiques présent à la Table ronde
de revoir l'amendement dissociant le produit du service audioprothétique : « J'ai
une conviction, quels que soient les futurs gouvernants, nous serons écoutés ».
Kim RUBERG : Dépister, c'est économiser
Au cours de ce débat, Monsieur Kim RUBERG a insisté sur le fait que le dépistage de la surdité des enfants revient moins cher que de lutter contre le bruit, sur
le fait que l'investissement dans un appareillage auditif est amorti au bout d'une
année (la durée de vie des appareils auditifs est en moyenne de cinq ans).
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Dimanche 25 mars 2007
Les Relations Presse du Congrès
C’est la troisième année que l'agence de relations presse Planet RP poursuit sa
stratégie d’information et de sensibilisation auprès des journalistes et des institutionnels pour assurer la promotion du Congrès et celle de notre profession.
Isabelle PATURLE et Christèle LAMBERT, ont
donc, pour l’édition 2007, optimisé les outils mis
en place en 2006 : la nouvelle identité visuelle, le
site Internet de l’UNSAF – www.unsaf.org notamment, et proposé de nouvelles actions
spécifiques autour du Congrès.
Une Table ronde sur les « Coûts socio-économiques de la malaudition en
Europe » à la veille des élections présidentielles.
STAND VIBRANT MED-EL HEARING TECHNOLOGY
STAND AUDIOMEDI HANSATON
Cette Table ronde avait pour objectif de réunir les acteurs politiques et économiques concernés par le problème de l’audition, à quelques jours du premier tour
de l'élection présidentielle, autour des conséquences économiques et sociales de
la malaudition.
Ce débat s'est articulé à partir de l'étude Hear-it « Coûts socio-économiques de
la malaudition en Europe » présentée par Monsieur Kim RUBERG, secrétaire
général.
Cette étude magistrale, internationale et inédite, réalisée par un groupe de chercheurs de la South Bank University de Londres, démontre que les coûts du non
traitement des surdités sont de l'ordre de 170 à 226 milliards d'euros par an pour
l'Union européenne, et entre 19 et 25 milliards d'euros par an en France. Soit
entre 350-400 euros par français et par an.
Un coût comparable à ceux du diabète, des maladies mentales, du tabac ou
encore de l'alcool.
Monsieur André CICOLELLA, responsable de la Commission santé des Verts,
Madame Joëlle MELIN, Comité d'action présidentielle Santé du FN (Cap santé),
Madame Marie-Anne MONTCHAMP, Députée du Val-de-Marne, ancienne
Secrétaire d'Etat aux personnes handicapées, représentant l'UMP, Monsieur
Bruno LARTIGUE, Commission thématique santé de l'UDF et Monsieur Claude
PIGEMENT, responsable national du PS ont répondu présents et ont unanimement reconnu la malaudition comme un problème de santé publique.
Planet RP s'est chargé de la coordination avec Hear-it, des invitations à la Table
ronde et de son organisation.
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Les Relations Presse du Congrès
Les Relations Presse du Congrès
Le site Internet de l'UNSAF
- des médias grand public : agences de presse, presse quotidienne nationale et
régionale, magazines, télévisions, radios, sites Internet, afin de les sensibiliser
à la profession d'audioprothésiste, aux produits et services qui y sont associés,
de les motiver et les informer sur la problématique de la surdité et de sa correction en France
Planet RP contribue, tout au long de l’année, à la mise à jour et à l’actualisation
du site Internet de l’UNSAF – www.unsaf.org - par la recherche permanente de
nouvelles informations et la rédaction de brèves.
Le site Internet de l’UNSAF propose aux audioprothésistes des informations
indispensables concernant, à la fois l'Union Nationale des Audioprothésistes
Français, le Congrès des Audioprothésistes Français, mais également la
profession.
Partenariats
Planet RP a proposé à l’UNSAF la mise en place d'un partenariat avec la
Semaine du Son.
En effet, engagée de façon active et constante auprès de toutes les instances
gouvernementales pour faire reconnaître les problèmes d’audition comme un problème sous-évalué de Santé publique, il semblait naturel que l’UNSAF devienne
un partenaire privilégié de la Semaine du Son qui s’est déroulée cette année, du
16 au 20 janvier 2007.
Créée en 2004, la Semaine du Son a pour objectif de sensibiliser tous les acteurs
de la société de l’importance des environnements sonores (privés, publics,
urbains, etc). La Semaine du Son a également pour ambition de constituer un pôle
de savoir, de savoir-faire et de faire-savoir sur le son, en privilégiant une approche
transversale -culturelle, médicale, industrielle, pédagogique et économique.
Benoît ROY, président de l’UNSAF, est intervenu lors de la conférence du mercredi 17 janvier à l’auditorium de TF1 sur le thème du "Son à la télévision".
- de la presse "économique" également : titres spécifiques et rubriques dédiées
dans les médias grand public et spécialisés, afin de mettre en valeur les atouts
économiques de la profession et du secteur d'activité (chiffres d'affaires,
emplois, formations, points de vente, distribution, histoire, évolution et avenir,
organisation syndicale…).
Un communiqué de presse annonçant et présentant le partenariat avec la
Semaine du Son a été diffusé en janvier 2007.
Au mois de février 2007, un communiqué de présentation du Congrès plus
détaillé et annonçant la Table ronde du dimanche 25 mars, a été envoyé à l’ensemble du fichier, ainsi qu'une invitation.
En mars 2007, le dossier de presse du Congrès a été à la fois remis aux journalistes sur le Congrès, et diffusé à l'ensemble des contacts du fichier UNSAF.
En mai 2007, un communiqué de presse présentant le bilan chiffré du Congrès
des Audioprothésistes a été diffusé à la presse.
Un autre communiqué, annonçant l’élection de Benoît ROY à la Présidence de
l’A.E.A. a également été diffusé en mai 2007.
Les actions presse
Dès le mois de décembre 2006, Planet RP a diffusé un communiqué de presse
d’alerte qui a été diffusé auprès de l’ensemble des journalistes ciblés, soit plus de
400 contacts :
L'ensemble de ces communiqués et dossiers de presse sont consultables sur le
site de l'UNSAF (www.unsaf.org/Actualité/Presse).
- des médias professionnels et spécialisés de l'audition, de l'audioprothèse, de la
santé (ORL, orthophonistes, médecins généralistes : magazines, sites Internet,
lettres professionnelles et agendas, afin de les informer de la date et du thème
du Congrès National des Audioprothésistes Français.
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Interviews
Interviews
« Le Congrès m'a tout donné ! »
« Je suis satisfaite de mon voyage ! »
Ambroise OMO-OLOYE BABI assiste cette année à son troisième Congrès des Audioprothésistes Français. Fin 2006,
Ambroise a obtenu son diplôme d'audiologie à l'université de
Bordeaux II après deux années d'étude en France.
Début 2007, muni de son diplôme, Ambroise est retourné
dans son pays, à Cotonou, capitale économique du Bénin.
Il s'est établi comme audiologiste et a monté un laboratoire d'audiologie et d'audioprothèse
avec le concours de Widex « Je suis directeur général » dit-il fièrement. Objectif : « soigner
tout le monde, toutes les classes sociales et participer ainsi de façon active au développement du pays en effectuant de la prévention notamment auprès des enfants grâce au soutien des associations (Fondation Lilianne, Ortho Bénin France) » précise Ambroise.
« J'ai rencontré Nicolas LEURANGER de Widex, responsable Afrique, en 2006 sur le
Congrès et nous avons tout de suite entamé une relation de confiance. Le Congrès m'a tout
donné ! » s'exclame le jeune audiologiste. « Grâce à leur technique et à leur soutien logistique et financier, je peux maintenant fabriquer les embouts sur place ce qui permet de proposer des prix abordables ».
Ambroise BABI suit régulièrement des formations de fabrication, réparation, service aprèsvente et d'audiologie au Danemark. « L'objectif est d'étendre notre activité aux pays francophones limitrophes. Je suis d'ailleurs responsable de l'Afrique francophone à l'exception
des pays maghrébins », précise-t-il.
Avec sa petite équipe composée d'une secrétaire et d'un assistant, Ambroise BABI a déjà
fabriqué 64 embouts pour le Bénin et une douzaine pour le Togo. « C'est bien parti ! ».
Ambroise est « hyper content ».
« Julie SABOURIN, Montréal, Québec, Canada »… Julie a 34 ans, elle est audioprothésiste à Montréal : « J'ai gradué en 2000 », explique-t-elle. Elle accompagne la délégation
de PHONAK Canada avec une dizaine d'autres audioprothésistes.
Après trois jours de Congrès, Julie semble satisfaite : « J'ai bien apprécié le concept et l'enchaînement des conférences. Elles sont suffisamment courtes pour ne pas être rébarbatives et sont donc très instructives. Cet après-midi, je participe à l'atelier "La mesure in vivo
et application au micro contour". Et j'ai particulièrement apprécié les présentations des étudiants de ce lundi matin. En fait, je suis à l'affût de solutions concrètes pour ma pratique au
quotidien et j'attends avec impatience la conférence de cet après-midi dédiée aux jeunes
et nouveaux talents de l'audioprothèse française ».
Julie décerne également un bon point à l'organisation : « C'est très efficace, je me suis inscrite par Internet et hop ! Je n'ai eu qu'à me présenter à l'accueil pour récupérer mon
badge. Je sais ce que c'est, car j'ai participé à l'organisation du Congrès des audioprothésistes québécois…» Julie a été formée au Collège de Rosemont à Montréal, unique organe
de formation à l'audioprothèse au Québec. Le diplôme technique d'audioprothèse est également sur trois années. « Nous sommes environ une trentaine par année. Quant à moi, je
suis établie comme audioprothésiste depuis 2000 ».
Julie a assisté à la Table ronde de dimanche où elle a pu entendre s'exprimer les représentants des partis politiques français. « Nos politiques à nous aussi commencent à s'intéresser de près aux problèmes d'audition. Pour preuve, depuis juin 2006, la Régie d'assurance
maladie du Québec a augmenté les remboursements des aides auditives. Les adultes
atteints d'une perte aux deux oreilles de 35 dB sont totalement pris en charge pour un ou
deux appareils ».
Côté grand public, Julie constate également une évolution dans la perception de la surdité :
« Les Baby boomers sont plus concernés par leur qualité de vie que les anciennes générations et me semblent plus sensibilisés au problème d'audition. Ils savent aussi qu'il y a
une réponse technologique à leur problème. Ils consultent plus tôt car ils savent pertinemment que nous pourrons les aider dans leur vie professionnelle par exemple. Par contre,
ils veulent la performance et l'esthétique. Et cette évolution touche l'audition à l'avantage
du patient, de la société et bien sûr des audioprothésistes ».
Le Québec compte environ 225 audioprothésistes pour une population d'environ 7 millions
d'habitants. Chaque année, au mois de septembre a lieu le Congrès des audioprothésistes
du Québec, sur trois jours également, avec un programme de conférences et un salon
d'exposition.
« Pour conclure, je suis satisfaite de mon voyage ! »
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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Interviews
Interviews
Sophie VOUZELAUD,
1ère Dauphine de Miss France 2007
Isabelle FRINGUET pour femmesplus.fr
Sophie et Hélène sont aussi ravissantes l'une que l'autre. Sophie est Première dauphine de Miss France 2007 et Miss Limousin, Hélène est sa maman. Sophie a presque vingt ans. Depuis son élection, elle est tout autant sollicitée que la détentrice du
titre de Miss France. Une première dans la saga des Miss…
La première Miss malentendante
« C'est pour Lauren, L.A.U.R.E.N., comme Lauren des Feux de l'amour ». Hélène "signe"
à Sophie l'orthographe de l'autographe. « Moi, je parle le LPC, le langage parlé codé car
Sophie est labiale, explique Hélène, je voulais absolument qu'elle parle et grâce à ce langage, j'appuie la parole par des gestes afin qu'elle distingue mieux les sons parfois difficiles à comprendre ».
Sophie est la première Miss malentendante jamais montée sur le podium. Elle souffre d'une
surdité à 80 %, aujourd'hui sollicitée par moult télé et autres "présidentiables", elle est un
symbole pour tous les malentendants et, plus largement, pour tous les handicapés de
France.
Ils ont eu confiance en elle
Mais comment et pourquoi avoir concouru ? Hélène répond : « Notre entourage la trouvait
super et nous conseillait de lui faire faire des castings. J'ai envoyé des photos au comité
Miss Limousin. Ils l'ont trouvé exceptionnelle. Là, il a fallu convaincre Sophie pendant plus
de trois heures ». Sophie acquiesce : « J'avais peur que l'on ne me comprenne pas ». Mais
lorsqu'on lui a proposé un interprète, elle a cédé.
Même compréhension du côté du comité Miss France. « Ils ont eu confiance en elle.
Madame de Fontenay a fait le déplacement jusqu'à Limoges avant les élections pour la rencontrer », se souvient Hélène.
Une lutte au quotidien
La suite, on la connaît. Sophie est remontée jusqu'au concours Miss France. Le plus difficile pour Sophie a été la chorégraphie. Forcément, elle n'entend pas la musique. « Je les
suivais [les autres candidates] au début, mais elles se trompaient. J'ai dû tout calculer dans
ma tête ».
Aujourd'hui, Sophie enchaîne les interviews, télé, presse… Elle est, bien entendu, sollicitée sur le thème du handicap et de la différence.
C'est aussi une victoire pour Hélène : « Sophie a le sentiment de participer à l'évolution du
Actes du Congrès des Audioprothésistes
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handicap ». Un handicap et une reconnaissance du handicap pour lesquels elle s'est toujours mobilisée : « Un handicap est une lutte au quotidien ». D'abord confirmer le handicap,
le premier médecin consulté lui avait dit que c'était elle qui avait des problèmes psy…
« Puis, il a fallu ensuite accepter, j'ai culpabilisé… J'ai cherché et je cherche encore l'origine de la surdité de Sophie, j'ai été jusqu'aux Etats-Unis pour en savoir plus ».
Ma vie est faite de résumés
Ensuite, il y a eu fallu affronter le quotidien. Hélène a tout fait pour que Sophie suive une
scolarité normale. « Il faut savoir que les sourds sont souvent des illettrés. L'apprentissage
de la lecture, et donc de l'écriture, passent par l'audition ». Trop de phrases, trop de tournures leur sont inaccessibles.
« Sophie a tellement souffert de la télé, raconte Hélène, et moi aussi ! Cela a été le cirque
à la maison pendant 15 ans. Je lui racontais ce qui se passait à l'écran, son père et sa sœur
pestaient sans arrêt. Combien de fois j'ai appelé TF1 pour leur faire part des variations de
sons et bien sûr, de l'absence de sous-titres…».
« Ma vie est faite de résumés…», enchaîne Sophie. Les malentendants n'ont donc directement accès à aucune information. Celles-ci leur parviennent tronquées par le biais des
interprètes et autres sous-titres... Mais il faut expliquer cela, Sophie. Sophie soupire doucement : « Il y a tellement de choses à expliquer. Il faut y aller pas à pas ».
Tout est compliqué
Même parcours du combattant du côté de l'administratif… Difficulté à déchiffrer courriers et
factures, problèmes aux guichets : « Je voudrais qu'ils parlent le langage des signes au
moins, comme le fait le Crédit Agricole depuis peu », regrette Sophie. « Tout est compliqué, l'hôtel, les transports, les factures ».
Hélène raconte comment elle se mettait en colère lorsqu'on lui disait qu'elle avait de la
chance parce que le handicap de Sophie n'était pas lourd : « C'est un handicap très
lourd, mais qui ne se voit pas. Ce n'est pas parce qu'elle est belle et vive et qu'elle
n'est pas dans un fauteuil roulant que son handicap n'est pas majeur ».
Il faut être riche pour vivre sourd
Sophie a été suivie à Hôpital Pellegrin de Bordeaux et par une équipe formidable, de l'ORL
à l'orthophoniste. Elle a été appareillée vers 18 mois : « Là, elle s'est plantée devant un
miroir en riant et en désignant ses oreilles. Je crois que le secret est que je l'ai pris comme
elle était. Je n'ai jamais hésité à "signer" avec elle en public et du coup, personne ne nous
a jamais rejetées ».
Sophie vient de monter une petite société avec sa sœur. Quant à savoir si elle peut être
autonome… « Ce n'est pas forcément facile. Sans compter qu'il faut être riche pour vivre
sourd. Il faut un téléphone spécial, un réveil spécial, un veille bébé spécial si un jour elle a
un enfants, sans parler de financer un interprète…».
A bon entendeur, salut…
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NOUVEAUX EXPOSANTS 2007
• AGIPI :
Association d'assurés pour la Retraite, l'Epargne et la Prévoyance.
• DISMARK GMBH :
Recherche et développement des forme de traitement des maladies de
l'oreille interne.
• EUREKA HEALTH :
Distributeur exclusif des produits Comfort Hearing en France et dans les
pays du Maghreb.
• GEEMARC TELECOM SA :
Conçoit toute une gamme de téléphones pour malentendants, ainsi qu'une
gamme d'accessoires.
• L'OUIE MAGAZINE :
Magazine de la filière audition.
• SURDICITÉ :
Distributeur françias de Comfort Audio AB. Équipement et référencement des
lieux pour l'accessibilité des personnes sourdes.
STAND ELSEVIER-MASSON
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EXPOSANTS 2007
AFI
Audition France Innovation
■ AGIPI
■ AMPLIFON
■ AUDIKA
■ AUDIO 2000
■ AUDIO INFOS
■ AUDIOMEDI HANSATON
■ AUDITION CONSEIL FRANCE
■ AUDITION MUTUALISTE
■ AUDITION SANTÉ
■ BELTONE AUDIOLOGIE
FRANCE
■ BERNAFON
■ BIOTONE TECHNOLOGIE SAS
■ CABINET BAILLY
■ CAHIERS DE L’AUDITION
SONICLAIRE
■ CENTRALE DES
AUDIOPROTHESISTES
■ COCHLEAR BONE ANCHORED
SOLUTIONS SAS
■ COCHLEAR FRANCE SAS
■ COSIUM
■ CRIP INFORMATIQUE GROUPE
SEPHIRA
■ DELPHIS SA
■ DISMARK GMBH
■ DORO SAS
■ ELSEVIER - MASSON
■ ENTENDRE SAS GROUPE
GUILDINVEST
■
■
EUREKA HEALTH
■
GEEMARC TELECOM SA
■
GN RESOUND SAS
■
INTERSON PROTAC
■
ISO SONIC
■
L’EMBOUT FRANÇAIS
■
LABORATOIRE + AUDIO
■
L’OUIE MAGAZINE
■
NEWSON
■
OCEP SAS - ANN. D’AUDIOPHONOLOGIE
■
OTICON
■
PHONAK FRANCE SA
■
POWER ONE
■
PROD’EMBOUT TECHNOLOGIES
■
PRODITION
■
RAYOVAC FRANCE
■
RENATA BATTERIES / SWATCH
PARTENAIRES 2007
• ASSOCIATION France ACOUPHENES :
Association pour l'information des personnes affectées
par les acouphènes.
• ASSOCIATION France PRESBYACOUSIE :
Pour faire de la Présbyacousie une cause nationale.
• ASSOCIATION Journée Nationale de l’Audition :
Informe sur les divers aspects du monde sonore et de l’audition.
• BIAP : Bureau International d’Audiophonologie
• BUCODES :
Défend les intérêts des devenus sourds et malentendants.
• CIDB : Centre d'Information et de Documentation sur le Bruit
Association dont la mission est d'informer et de former sur le
thème de la protection de l'environnement sonore
• COLLÈGE NATIONAL D’AUDIOPROTHÈSE
GROUP FRANCE
■
REVAUDIO
■
SCR ELECTRONIQUES
■
SIEMENS AUDIOLOGIE FRANCE
■
SMS AUDIO ELECTRONIQUE SARL
■
STARKEY FRANCE
■
SURDICITÉ
■
SURDIFUSE SA
■
UNITRON HEARING
■
VIBRANT MED-EL
HEARING TECHNOLOGY
■
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WIDEX-ACOUREX SA
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Notes
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CONGRÈS
DES AUDIOPROTHÉSISTES
FRANÇAIS
2008
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Le Congrès des Audioprothésistes Français 2008
se déroulera du 29 au 31 mars
au CNIT de Paris-La Défense
sur le thème :
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« Du diagnostic de la surdité
à l’évaluation de l’efficacité
de l’appareillage ».
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Il devrait rassembler plus de 2 500 congressistes et visiteurs français et étrangers
et une centaine d'exposants sur plus de 5000 m2.
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Renseignements et inscription auprès du Groupe SPAT SAS
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Tél : +33 (0)1 44 26 26 23
e-mail : [email protected]
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L’UNSAF A VOTRE ECOUTE
U.N.S.A.F.
UNION NATIONALE
DES SYNDICATS D’AUDIOPROTHESISTES FRANÇAIS
CONTACTS
Retrouvez toutes les informations
sur le Congrès,
ainsi que les Actes
sur le site de l’UNSAF :
www.unsaf.org
Siège social :
66, rue Bernard Palissy - 37000 TOURS - France
Tél. : +33 (0)2 47 60 60 08 - Fax : +33 (0)2 47 60 60 09
E-mails : [email protected] - [email protected]
Commissaire Général
Jean-Marie HUBERT
e-mail : [email protected]
www.unsaf.org
Président :
Benoît ROY
Président d’Honneur :
René BUISSIERE †
Vice-Présidents :
Francine BERTHET
Frédéric BESVEL
Luis GODINHO
Secrétaire Générale :
Catherine CATELIN
Archiviste :
Joëlle CASTRO
Secrétaire Général Adjoint :
Jean-Marie BOISSEL
Responsable du Congrès :
Christine DAGAIN
Trésorière :
Elodie VASSARDS
UNSAF :
Christine DAGAIN
Chargée de l’organisation du Congrès
[email protected]
Développement et Commercialisation
Administration des ventes
Fanny HUBERT - Responsable Congrès
e-mail : [email protected]
Biba AGGAR - Responsable Exposition
e-mail : [email protected]
GROUPE SPAT SAS
34 rue de l'Eglise
75015 PARIS - FRANCE
Tél. : +33 (0)1 44 26 26 23
Fax : +33 (0)1 45 54 23 86
Web : www.spat.fr
L’U.N.S.A.F.
Gestion des Conférences
Nathalie LEDUCQ
e-mail : [email protected]
Service Technique et Logistique
Ingrid GUERIN
e-mail : [email protected]
Benoît HUBERT
e-mail : [email protected]
Assistantes
Marie MERLE
Khadija TRAD
se compose de trois syndicats professionnels :
RELATIONS PRESSE
F.N.A.F.
S.A.F.
S.N.U.A.
Président :
Frédéric BESVEL
Président :
Luis GODINHO
Présidente :
Francine BERTHET
Commissaire Général :
Jean-Marie HUBERT
Salon autorisé :
Préfecture des Hauts-de-Seine
PLANET RP
Isabelle PATURLE
e-mail : [email protected]
Christèle LAMBERT
e-mail : [email protected]
CRÉDITS PHOTOS : N. DROZ pour HTM Production & SPAT
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