le cancer du poumon
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JIC61ter BAF.qxd 27/01/2005 09:39 Page 1 LE JOURNAL DE SÉLECTION D’ARTICLES L’INSTITUT CURIE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER DOSSIER Le cancer du poumon # 61ter – MARS 2005 – 1,25 € - ISSN 1145-9131 JIC61ter BAF.qxd 27/01/2005 09:39 Page 2 DOSSIER CANCER DU POUMON LE CANCER DU POUMON h Nombre de cancers bronchopulmonaires ne peuvent être opérés à cause d’un diagnostic trop tardif, alors que des signes auraient dû inciter à consulter. Parmi les examens souvent nécessaires au diagnostic : la fibroscopie bronchique (lire p. 5). A. Lescure/Institut Curie Inhalation de substances nocives À lui seul, le tabagisme (actif et passif) est responsable de 90 % des cas de cancer du poumon. D’autres substances chimiques sont parfois en cause, dans le cadre professionnel : amiante, radon, métaux lourds, nickel, fer… Et la pollution de l’air serait impliquée dans 6 à 11 % des décès par cancer du poumon chez les plus de 30 ans, d’autant que sa combinaison au tabagisme accroît la probabilité de développer un cancer. Le nombre de patients est en constante augmentation depuis vingt ans et va encore suivre cette tendance longtemps, étant donné qu’il peut s’écouler jusqu’à quarante ans entre l’exposition aux facteurs de risque et la survenue du cancer. Au fil des années, les substances chimiques inhalées altèrent les mécanismes de réparation du génome des cellules, ce qui donne lieu à des mutations qui s’accumulent et rendent les cellules cancéreuses. h Trois questions au… Dr Alain Livartowski, pneumologue à l’Institut Curie p. 3 h Fiche pratique La fibroscopie bronchique p. 4 h Grâce à vous Les rayons, là où il faut p. 5 h Roger témoigne p. 7 2, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE Malgré de nets progrès, le pronostic du cancer du poumon reste mauvais… Il fait plus de victimes que les cancers du sein et de la prostate réunis. La prévention du tabagisme, principale cause de la maladie, devrait permettre une diminution du nombre de cas, mais pas avant une vingtaine d’années. D’où la nécessité d’investir dans la recherche, pour une meilleure prise en charge, afin que le cancer du poumon ne soit plus une fatalité. EXTRAIT LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE COMPRENDRE POUR AGIR CONTRE LE CANCER EST ÉDITÉ PAR L’INSTITUT CURIE 26, RUE D’ULM, 75248 PARIS CEDEX 05 - [email protected] - WWW.CURIE.FR - DIRECTEUR DE LA PUBLICATION: PR CLAUDE HURIET - RÉDACTRICE EN CHEF: NATHALIE BOISSIÈRE - ICONOGRAPHIE: CÉCILE CHARRÉ (01 44 32 40 51) - CONTACT AVEC LES ABONNÉS : YOVAN VUJOSEVIC (01 44 32 40 80) - ABONNEMENT POUR 4 NUMÉROS/AN : 5 € - PHOTO DE COUVERTURE : RADIOGRAPHIE DES POUMONS (BSIP) - CRÉATION ET RÉALISATION : CITIZEN PRESS (01 53 00 10 00) - FABRICATION : TC GRAPHITE (PARIS) - IMPRESSION : VINCENT 26, AVENUE CHARLES-BEDAUX 37000 TOURS - NUMÉRO DE COMMISSION PARITAIRE 0907H82469 - DÉPÔT LÉGAL DU N° 61TER: MARS 2005 - CE NUMÉRO A ÉTÉ IMPRIMÉ À 100 000 EXEMPLAIRES, IL COMPREND UN ENCART « URGENCE CANCER » ET UN PROGRAMME « UN JARDIN POUR LA VIE ». h SOMMAIRE 73 jours C’est le délai moyen entre les premiers symptômes et le diagnostic du cancer du poumon. La prévention s’organise Tout en cherchant à démontrer l’efficacité d’un dépistage systématique dans la lutte contre le cancer du poumon, les efforts se tournent principalement vers la prévention. Le renforcement en France de la politique antitabac a déjà porté ses fruits : une chute de 12 % de la consommation entre 1999 et 2003. Là où le nombre de fumeurs diminue depuis les années 1970, comme au Royaume-Uni, les effets d’une telle démarche sont avérés : la mortalité par cancer du poumon y est en régression chez les hommes depuis 19801. Les efforts se multiplient également pour améliorer la lutte contre les cancers professionnels. Entre 5 et 15 % des cancers du poumon sont en effet liés à l’exposition à des produits cancérogènes sur le lieu de travail. Ils peuvent être reconnus comme maladie professionnelle et donner droit à une indemnisation. ■■■ suite page 5 TROIS QUESTIONS AU… A. Lescure/Institut Curie E n France, le cancer du poumon est la cause de plus de 27 000 décès par an ; le nombre de nouveaux cas ne cesse d’augmenter, majoritairement des hommes, fumeurs, âgés de plus de 60 ans. Mais d’ici à 2050, à cause du tabagisme, les femmes seront aussi nombreuses et les jeunes de plus en plus concernés. DR ALAIN LIVARTOWSKI de l’Unité de pneumologie de l’Institut Curie La lutte contre le cancer du poumon remporte-telle des victoires? Assurément. En quinze ans, les guérisons ont été multipliées par deux. C’est insuffisant, mais significatif. La recherche s’oriente avant tout vers de nouvelles molécules qui bloquent les facteurs de croissance, comme les anti-EGFR*. La chirurgie est de mieux en mieux maîtrisée et la radiothérapie progresse en précision, ce qui permet d’augmenter les doses. Justement, l’Institut Curie est pionnier en France dans l’utilisation de la radiothérapie asservie à la respiration… Oui, nous sommes l’un des centres pilotes. Le programme, sous la responsabilité du radiothérapeute Philippe Giraud à Curie, est appliqué au cancer du poumon depuis novembre 2003. Il s’agit de tenir compte des mouvements respiratoires au cours de l’irradiation. La respiration peut en effet déplacer la tumeur de plusieurs centimètres. Déclencher l’irradiation à un moment précis du cycle respiratoire, grâce à des capteurs, offre une meilleure précision. Est également démarrée, ici à l’Institut, la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité, d’une précision exceptionnelle (cf. encadré p. 5). L’hôpital de l’Institut Curie fait partie du réseau de soins Résomed. Quel est l’intérêt pour les patients? Toute décision thérapeutique est prise après concertation entre les spécialistes concernés : oncologues, radiothérapeutes, chirurgiens… Au sein des réseaux, les stratégies considérées comme les meilleures sont répertoriées dans un référentiel disponible pour tous. Ensuite, il est discuté des traitements possibles et de la manière dont ils peuvent être adaptés à chaque patient, de Qui fait quoi? entre les équipes de l’Institut, les spécialistes de chirurgie thoracique rattachés à d’autres hôpitaux. Le partage de l’information et la diffusion des connaissances permettent d’assurer non seulement une meilleure prise en charge, mais également un meilleur suivi. Propos recueillis par Géraldine Lebourgeois * EGFR pour : récepteur de facteur épithélial de croissance. 1. Lire aussi « Stop au tabac » Le Journal de l’Institut Curie, juin 2003. EXTRAIT LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE ,3 JIC61ter BAF.qxd 27/01/2005 09:39 Page 4 DOSSIER FICHE PRATIQUE CANCER DU POUMON bronchique h La stratégie thérapeutique est définie après discussion du dossier du malade en réunion pluridisciplinaire. La fibroscopie bronchique est un examen indispensable pour le diagnostic et la prise en charge d’un cancer du poumon. h h LA PRÉPARATION Si une tumeur pulmonaire est trop périphérique, elle ne sera pas repérée ni accessible par fibroscopie bronchique. Le médecin peut être amené alors à faire une ponction sous scanner. • Il est indispensable d’être à jeun depuis au moins six heures. • L’examen est facilité si le patient est détendu. LE DÉROULEMENT Le médecin va regarder à l’intérieur de la trachée et des bronches en introduisant un fibroscope (tube fin et flexible), par le nez ou la bouche. Le fibroscope comporte une microcaméra et permet souvent de réaliser des prélèvements : - avec une petite pince, - avec une petite brosse, - par injection, puis réaspiration de sérum physiologique. Le patient est en position assise ou allongée. L’examen est réalisé sous anesthésie locale et dure environ quinze minutes. L’examen peut également être réalisé sous anesthésie générale, parfois simplement à la demande du patient. Les prélèvements sont adressés au laboratoire d’anatomopathologie. Seule leur analyse permet de confirmer en quelques jours s’il s’agit ou non d’un cancer. ■■■ Pour prélever les ganglions au niveau du médiastin (région située entre les poumons), une intervention chirurgicale, la médiastinoscopie, est réalisée sous anesthésie générale. Un tube flexible est introduit le long de la trachée pour atteindre les ganglions du médiastin et les prélever pour analyse. APRÈS L’EXAMEN Une surveillance médicale est nécessaire tant que l’anesthésie fait effet. Le patient doit rester à jeun durant les deux heures qui suivent l’examen pour éviter qu’il avale « de travers ». Si le patient reçoit un médicament relaxant, la conduite d’un véhicule est interdite toute la journée. EXISTE-T-IL DES COMPLICATIONS ? DES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES Selon les cas, d’autres examens sont nécessaires pour une investigation complète (lire ci-contre). A. Lescure/Institut Curie Saignements, toux ou fièvre sont les principaux inconvénients, ils disparaissent, le plus souvent, rapidement. Toute complication qui paraît anormale ou prolongée doit être signalée au médecin. h le sentiment de culpabilité associé à la maladie. » Et de souligner combien l’investissement dans la recherche et la prise en charge du cancer du poumon restent largement inférieurs à ce qui est fait proportionnellement pour d’autres maladies. A. Lescure/Institut Curie h h Des examens supplémentaires… Un bilan d'extension Parfois nécessaire pour poser les indications thérapeutiques, un bilan d’extension (scintigraphie osseuse, scanner cérébral, examen d'IRM cérébrale, échographie abdominale et, parfois, Tep ou tomographie par émissions de positons) peut être réalisé. Choisissant novembre comme « le mois du cancer du poumon », un groupe international d’associations de patients, la Global Lung Cancer Coalition (Coalition contre le cancer du poumon), souhaite – pour sa part – « augmenter la prise de conscience de cette maladie, informer le public, mais aussi détruire les nombreuses idées reçues et Un diagnostic délicat Plus de 80 % des cancers broncho-pulmonaires ne peuvent pas être opérés à cause d’un diagnostic trop tardif. Pourtant, certains signes devraient attirer l’attention, même s’ils sont communs à des affections pulmonaires bénignes : toux tenace, crachats sanglants, respiration sifflante, souffle court, perte de poids, douleur thoracique… doivent inciter à consulter. Plus tôt le cancer sera détecté, plus la « marge de manœuvre » sera grande. Après un interrogatoire et un examen clinique, le médecin peut être amené à faire pratiquer des examens pour établir un diagnostic : radiographies ■ ■ ■ GRÂCE À VOUS Radiothérapie : les rayons, là où il faut Véritable bouleversement technique et conceptuel, la radiothérapie conformationnelle avec modulation d’intensité permet désormais de faire varier rapidement la forme de la région irradiée, grâce à des caches personnalisés et dynamiques, modelés à distance selon une préprogrammation. Seule technique, avec la protonthérapie, à pouvoir sculpter aussi précisément le volume d’irradiation, elle est particulièrement avantageuse dans le traitement du cancer du poumon, du fait de la proximité d’organes et de tissus sensibles et vitaux. Elle distribue également la dose avec une meilleure homogénéité. Des études cliniques montrent que, couplée à un asservissement à la respiration, la modulation d’intensité permet une précision à quelques millimètres près. Le couplage d’un appareil de radiothérapie et son scanner à un dispositif indiquant précisément, à chaque instant, où en est le cycle respiratoire a été rendu possible grâce à la générosité du public. Les quelque 60000 euros de financement nécessaires ont été apportés pour un tiers par la ville de Charenton-le-Pont et pour les deux tiers par le Comité de Paris de la Ligue contre le cancer. (lire Le Journal de l’Institut Curie. mars 2003). Noak / Le bar Floréal / Institut Curie A. Lescure/Institut Curie La fibroscopie DR CATHERINE DANIEL, PNEUMOLOGUE À L’INSTITUT CURIE 4, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE EXTRAIT EXTRAIT LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE ,5 JIC61ter BAF.qxd 27/01/2005 09:39 Page 6 DOSSIER DOSSIER CANCER DU POUMON CANCER DU POUMON Noak / Le bar Floréal / Institut Curie Depuis 2003, la création du Temps médical protégé permet à des médecins de l’Institut Curie de concilier pratique et recherche clinique. « J’ai été un des premiers à bénéficier de cette possibilité, témoigne le Dr Philippe Giraud, radiothérapeute. Je passe chaque semaine trois jours auprès de mes patients et j’en consacre deux à l’enseignement et à la recherche clinique. Grâce à cette organisation, j’ai pu notamment mettre en place la radiothérapie asservie à la respiration appliquée au cancer du poumon à l’Institut Curie. » Cet aménagement lui a aussi permis d’être habilité à monter une équipe de recherche transversale en imagerie et radiothérapie avec d’autres collègues, mais également des radiologues, des physiciens… tout en encadrant des étudiants en DEA ou en thèse. Ce sont les fonds récoltés auprès des donateurs qui permettent cette réorganisation au sein de l’hôpital. « La recherche est une priorité. Jusqu’à présent, l’Institut Curie menait plus d’une centaine de protocoles d’essais cliniques pour un total de 500 patients chaque année. Objectif 2007 : doubler le nombre de patients bénéficiant dela recherche clinique. » Géraldine Lebourgeois Extrait du Journal de l’Institut Curie, mars 2005 thoraciques, scanner (ou tomodensitométrie) thoracique permettant une analyse plus fine du poumon et de la région située entre les deux poumons (médiastin) qu’une radiographie, ou encore une fibroscopie bronchique (lire fiche pratique). Il existe plusieurs types de cancer, répartis en deux grands groupes : les cancers bronchiques à petites cellules (15 à 20 % des cas) et les cancers dits «non à petites cellules» (80% des cas environ). Ils n’évoluent ni ne réagissent aux traitements de la même façon. Un bilan complet est nécessaire pour préciser le type et le stade d’avancement du cancer et pouvoir déterminer en toute connaissance de cause la stratégie thérapeutique à adopter. ■■■ GÉNÉROSITÉ Pour soutenir les projets de l’Institut Curie, merci d’utiliser le bulletin joint ou à défaut d’envoyer votre participation à Institut Curie – gestion des dons – 26 rue d’Ulm – 75248 Paris Cedex 05. Grâce au soutien et à la générosité de ses donateurs, l’Institut Curie explore de nouvelles stratégies thérapeutiques, améliore la prise en charge de ses patients et soutient des activités de recherche innovantes. 6, LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE EXTRAIT Trois principaux traitements Les trois principales armes thérapeutiques sont la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. L’arrêt du tabagisme est impératif. Ces traitements peuvent être réalisés, soit de manière isolée, soit de manière séquentielle ou combinée. La stratégie thérapeutique sera établie après discussion du dossier en staff pluridisciplinaire de pathologies thoraciques. La chirurgie consiste à retirer la tumeur et à prélever des ganglions du médiastin pour savoir s’ils sont atteints et préjuger de l’extension de la maladie. Plusieurs types d’intervention sont possibles en fonction de la localisation et de l’extension de la tumeur : celles retirant un ou plusieurs lobes pulmonaires (lobectomie ou bilobectomie) et celles retirant un poumon entier (pneumonectomies). Pratiquée sous anesthésie générale, l’opération dure deux à trois heures. Le patient peut être hospitalisé jusqu’à deux semaines. Peu de temps après l’opération, des séances de kinésithérapie sont prescrites pour réapprendre à contrôler sa respiration et à l’optimiser. Dans certains cas, selon les résultats anatomopathologiques de la pièce opératoire, radiothérapie et-ou chimiothérapie viennent compléter l’intervention chirurgicale. La chirurgie n’étant pas toujours possible – notamment si le patient est atteint d’un cancer bronchique à petites cellules –, radiothérapie et-ou chimiothérapie sont alors réalisées en première intention. Des traitements de plus en plus ciblés et personnalisés La radiothérapie agit localement et directement sur la zone touchée, et de façon de plus en plus TÉMOIGNAGE « Je me suis mis à cracher du sang, j’ai compris tout de suite » Ph. De Poulpiquet/Le Parisien Réserver du temps pour accélérer la recherche précise. Le traitement dure en général six à huit semaines, avec des séances quotidiennes de dix minutes environ. Les progrès techniques permettent de mieux cibler le cancer, donc d’augmenter la dose d’irradiation tout en épargnant au maximum les tissus sains. La première étape de la radiothérapie, appelée simulation ou repérage, consiste à préparer une coque personnalisée pour améliorer la précision du traitement et définir les champs d’irradiation. Un scanner est maintenant le plus souvent utilisé pour disposer d’une représentation tridimensionnelle de la tumeur et des organes sains avoisinants. Pendant le traitement, en consultation hebdomadaire, le radiothérapeute contrôle les réactions du patient et module éventuellement le traitement. Des effets secondaires sont possibles, en particulier des douleurs à l’œsophage (œsophagites) et ce, d’autant plus si la radiothérapie est concomitante à une chimiothérapie. Leurs toxicités peuvent alors se surajouter. Mais il existe désormais des médicaments pour y remédier. Quant à la chimiothérapie, elle permet la diffusion d’un traitement cytotoxique (particulièrement toxique pour les cellules cancéreuses) à tout l’organisme. Souvent pratiquée par perfusion intraveineuse, elle peut aujourd’hui combiner plusieurs molécules. La plus communément employée est le cisplatine. Le choix de la combinaison thérapeutique dépend du type et du degré d’extension du cancer et du profil médical du patient. L’association peut être modifiée dans le temps selon la tolérance du patient et l’évolution de la maladie. Des progrès techniques ont régulièrement fait leurs preuves ces dernières années. Toutefois, le taux de survie après cinq années ne dépasse pas les 15 % en moyenne pour le cancer du poumon. Un chiffre qui, à lui seul, justifie de poursuivre les efforts de recherche, de prévention, de diagnostic et de prise en charge globale. h GRÂCE À VOUS COMBIEN ÇA COÛTE? Un appareil de radiothérapie de très haute précision coûte 2 millions d’euros. Géraldine Lebourgeois h POUR EN SAVOIR PLUS www.fnclcc.fr site de la Fédération nationale des centres de lutte contre le cancer qui propose notamment les guides SOR Savoir Patient • Comprendre le cancer du poumon • En savoir plus sur le cancer du poumon (Éd. FNCLCC). ROGER, 74 ANS, SIX ANS APRÈS UN CANCER DU POUMON SOIGNÉ À L’INSTITUT CURIE « Il n’y a pas de secret, j’ai fumé deux à trois paquets par jour de brunes depuis le service militaire jusqu’à l’âge de 58 ans, confesse Roger. Maintenant, quand je vois des jeunes avec leur cigarette, je leur dis d’arrêter, mais ils ne m’écoutent pas. Ils ne savent pas les risques qu’ils prennent comme je ne le savais pas à leur âge. » En octobre 1998, Roger sort de chez le notaire, où il vient de signer l’achat d’une petite résidence secondaire en Vendée, quand il est pris d’une quinte de toux. « Ce jour-là, je me suis mis à cracher du sang. J’ai compris tout de suite. J’ai pensé à Gabin, John Wayne, Alice Sapritch, ces gros fumeurs, qui n’en sont pas revenus.» Sans attendre, Roger téléphone à l’Institut Curie. Pris en main par une équipe de chirurgiens, cancérologues, radiologues, Roger subit l’ablation de la moitié d’un poumon, suivie de six mois de chimiothérapie. «C’est pas drôle, bien sûr, j’avais des aphtes, j’étais très fatigué, je perdais mes cheveux, mais j’ai toujours gardé le moral. J’ai dit à mon cancer: “tu veux avoir ma peau, mais je ne vais pas me laisser faire”.» Peintre amateur, marcheur invétéré, Roger goûte depuis la fin de son traitement, chaque moment de la vie du lever au coucher du soleil. «Vous ne pouvez pas imaginer comme j’aime la vie. J’ai envie de dire à tous ceux qui sont malades en ce moment de ne jamais désespérer, de profiter de chaque journée qui passe et de croire très fort dans les progrès de la médecine.» Propos recueillis par Corinne Thébault pour Le Parisien Extrait du Journal de l’Institut Curie, juin 2003 EXTRAIT LE JOURNAL DE L’INSTITUT CURIE ,7 JIC61ter BAF.qxd 27/01/2005 09:39 Page 8 DÉCRYPTAGE CANCÉROGENÈSE Naissance d’une tumeur Le cancer est une maladie chronique résultant de dérèglements du fonctionnement des gènes, tout particulièrement dans les cellules vieillissantes. Alors que la séquence des événements aboutissant à une tumeur recèle encore des inconnues au niveau génétique, les spécialistes connaissent très bien les phénomènes à l’échelle des tissus. PLANTES AUSSI Le cancer touche l’homme, mais aussi les autres vertébrés et même certains invertébrés. Quant au règne végétal, il n’est pas à l’abri. La majorité des types cellulaires des vertébrés – près de 200 – peut donner naissance à une cellule cancéreuse. h TOUT DÉPEND DU TISSU TOUCHÉ On subdivise les cancers en deux grandes catégories : • La catégorie des cancers concernant les cellules hématopoïétiques (les cellules du sang) et qui causent des leucémies et des lymphomes, • et celle incluant les cancers, communément nommés « tumeurs solides », associés aux autres tissus, tels que les mélanomes (les cancers de la peau) ou les carcinomes (les cancers des épithéliums, ces tissus qui recouvrent les faces interne et externe des organes). D’après La Complexité des mécanismes de cancérogenèse. Daniel Louvard et Jean Paul Thiery, Institut Curie. Pour la science Hors série n° 314 – décembre 2003. Avec l’aimable autorisation de l’éditeur. L’exemple type d’un carcinome: le cancer de l’intestin 2 3 1 Quand une cellule épithéliale acquiert une mutation génétique, elle risque de proliférer. 2 Cette hyperplasie est à l’origine de la tumeur. 3 Quand une cellule de cet amas prolifératif subit à nouveau une mutation (c’est la phase de dysplasie), les cellulesfilles sont de plus en plus anormales. Tant que l’amas de cellules tumorales reste en place, on parle de carcinome in situ. 4 4 Parfois, une cellule acquiert une nouvelle mutation qui lui confère la capacité de traverser la membrane basale. 5 Le cancer devient invasif. Une des cellules peut atteindre un vaisseau sanguin ; elle est alors transportée par le sang. Quand plusieurs de ces cellules s’accumulent dans un petit capillaire, elles l’obstruent. 6 5 7 Certaines quittent le vaisseau pour gagner le tissu environnant. Quand l’affinité pour ce tissu est suffisante, une nouvelle tumeur, une métastase, se développe. Ce type de cancer peut être repéré avant la phase métastatique et, dans le meilleur des cas, éliminé avant d’avoir métastasé : le patient peut guérir. ATTENTION. Certains carcinomes, dont celui de la vessie, ne suivent pas la série des étapes décrites pour le cancer intestinal. Ils évoluent différemment. 6 7 Delphine Bailly/Pour la science 2003 h CHEZ LES 1