il ne faut jamais sous estimer l`importance du mât!
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il ne faut jamais sous estimer l`importance du mât!
TECHNIQUE 101: LES MÂTS Il ne faut jamais sous estimer l’importance du mât! Quand vient le temps d’allonger une couple de centaines de dollars pour se procurer un nouveau mât, force est d’admettre que “l’acte” s’avère moins excitant que celui de se procurer une nouvelle voile ou une nouvelle planche. Pourtant nous allons voir que le comportement de votre gréement est directement lié à la performance de votre “espar” en carbone. Comme vous savez, le vent n’est jamais constant à 100% et les designers se sont rapidement penchés sur la question, de façon à permettre à leurs voiles de s’adapter aux variations de la façon la plus efficace possible. L’idée qui a frayé son chemin jusqu’à nos jours était somme toute assez simple. Il s’agissait d’agrandir le triangle de base de la voile du côté chute, en ajoutant une projection de bordure maintenue en place par des lattes qui, en “ouvrant”, laisseraient passer une éventuelle survente, comme si la voile devenait plus petite pour un moment et reprenait sa pleine grandeur par la suite. Toute cette technologie fut possible grâce à la nature flexible des matériaux utilisés pour fabriquer les mâts ! En effet, c’est au moment où ce dernier plie que la puissance de la voile s’atténue en ouvrant la chute de la voile et en diminuant le creux. Les mâts ont beaucoup évolué avec les années. Les premiers modèles étaient constitués de fibre de verre et d’époxy. L’utilisation de ce matériel présentait toutefois quelques inconvénients. D’abord, le poids était élevé, jusqu’à quatre kilos, ce qui est énorme à bout de bras. En fait, une différence d’aussi peu qu’un demi-kilo s’avère cruciale en navigation. Pour vous en convaincre, faites le test suivant avec quelques mâts de poids inégaux contenant plus ou moins de carbone. Mettez le mât par terre, saisissez-le avec une main à la base et balancez-le avec l’autre main placée à environ 50 cm du bas, vous serez surpris par la différence! C’est ce qu’on appelle le poids de balancement (swing weight). C’est cet effet que l’on perçoit en navigation. Le deuxième inconvénient de ces premiers mâts était leur pauvre “reflex”. Le reflex est la mesure de la vitesse à laquelle le mât revient à sa position originale après avoir plié lors d’une rafale. Plus le chiffre est grand, plus le mât effectue cet aller-retour rapidement et plus le gréement est efficace, performant et nerveux. Les anciens mâts en fibre offraient un reflex très lent couplé à une rigidité beaucoup plus élevée que maintenant. Le résultat : une voile raide comme une porte de garage qui travaillait mollement. Parallèlement, on vit l’apparition d’un nouveau matériau plus léger, l’aluminium, qui avait aussi pour avantage d’offrir un reflex deux fois plus élevé que le fibre de verre. Malheureusement, les mâts d’alu avaient comme défaut majeur de voir leur reflex diminuer avec le temps comme s’il ramollissait et ils ont finalement disparu au profit d’un matériel encore plus noble, le carbone. Ce ne fut pas facile au cours des premières années car les mâts en carbone se sont avérés très fragiles. On eut alors la brillante idée de définir un nouveau standard qui offrirait une ouverture régulière mesurant 48.5 mm à la base comme les anciennes fibres ou alus mais qui deviendrait notablement plus petit en diamètre en montant vers Au Vent Fou 3839 St-jean-Baptiste, Mtl, H1B 5V4 Mettez le mât par terre, saisissez-le avec une main à la base et balancez-le avec l’autre main placée à environ 50 cm du bas le haut. Ce fut la naissance du “diamètre réduit”, le même mât qui est aujourd’hui considéré comme standard. Pour faire une histoire courte, on a pu, de cette façon, mettre assez épais de carbone pour augmenter la solidité sans changer la rigidité. Ces mâts sont devenus extrêmement fiables avec les années, quel que soit leur teneur de carbone. Les réclamations de garantie sont donc maintenant presque inexistantes, genre une ou deux par année et c’est habituellement le résultat d’un planchiste qui s’est planté solide et non un pur défaut de fabrication ou de conception ! Voyons maintenant pourquoi l’agencement entre le mât et la voile est si crucial. C’est simple, si un des deux maillons est faible, il va affecter l’ensemble de la performance du gréement. Prenons exemple avec un système de son. Vous aurez beau avoir un excellent ampli tout neuf, si vos haut-parleurs sont de basse qualité, le son que vous entendrez sera… de basse qualité. Il en va de même pour votre voile, il lui faut absolument un mât qui lui fait honneur. Alors comment déterminer le mât requis ? Deux aspects principaux caractérisent les mâts modernes. D’abord, la rigidité. Mesuré en imcs, ce chiffre peut varier entre 17 pour les mâts les plus mous jusqu’à 34 pour les plus raides. On a utilisé plusieurs façons différentes pour mesurer les rigidités dans le passé, ce qui semble avoir causé beaucoup de confusion. C’est maintenant assez élémentaire. Par exemple, dans l’ensemble les mâts de 490 cm ont presque tous la rigidité de 29 imcs, les 460 sont cotés à 25 imcs et les 430 à 21 imcs. Donc si votre voile suggère l’utilisation d’un mât 460, il est sous-entendu que la rigidité requise est le 25 imcs. Facile ! Il est donc impératif d’utiliser le mât de la longueur recommandée même si dans certains cas, il peut être tentant de tricher. Votre voile a été conçue pour fonctionner avec cette longueur de mât (et cette rigidité implicitement), ne pas suivre cette règle amène des problèmes aigus de performance. Ensuite, deuxième caractéristique importante, le pourcentage de carbone. Celui-ci influence aussi bien le reflex que le poids du mât. Ainsi un modèle 100% carbone “opère” deux fois plus rapidement qu’un 30% pour ce qui est du reflex en plus de peser presque deux fois moins. Imaginez la différence énorme sur le “swing weight”. Alors quelle teneur choisir pour votre voile? PremièreTel: (514) 640-3001 Web: www.auventfou.com ment, il est très important d’utiliser au moins le minimum de pourcentage recommandé par le fabricant. Exemple, les voiles d’entrée de gamme s’accommodent normalement assez bien de mâts 30% et les voiles à 6 lattes sans camber, de 55%. Comme les compagnies de mâts offrent généralement trois ou quatre teneurs différentes de carbone, on s’entend à dire qu’une amélioration d’un degré ou deux (mettre un meilleur mât) va nécessairement donner plus de “pep” à votre voile, le contraire étant désastreux (mettre un mât avec très peu ou aucun carbone). Méfiez-vous donc de ceux qui vous offrent des mâts sans carbone (ou à très faible teneur) quand vous achetez un gréement complet. Ce n’est que de la poudre aux yeux qui leur permet d’annoncer un prix plus bas, par contre votre voile sera loin de livrer son plein potentiel. Ne faites pas cette erreur de débutant. Finalement une facette dont on ne se souciait plus est revenue nous hanter en 2007, il s’agit du genre de courbe de mât. Depuis les années 2000, la plupart des fabricants utilisaient tous, après plusieurs années d’essais et d’erreurs, des mâts normalisés avec courbe constante. Deux compagnies ont recommencé à faire bande à part depuis 2007. Neil Pryde utilise maintenant une courbe assez souple en tête, idem pour North mais en un peu moins mou. Ça veut donc dire que les mâts à courbe constante ne fonctionneront malheureusement pas très bien avec ces voiles. Il vaudrait mieux dans ces deux cas de se munir d’un nouveau mât récent de la même marque pour un ajustement parfait. Maui Sail et Gaastra restent fidèles à la courbe constante en ajoutant toutefois un brin de rigidité dans la tête pour leurs mâts respectifs. La plupart des mâts fabriqués dans les années 2000 vont toutefois très bien fonctionner avec les produits de ces deux dernières compagnies. Petite parenthèse. Un autre type de mât destiné principalement au “ wave rider “ est reconnu pour sa solidité à toute épreuve. On l’appelle le “skinny”. Il présente un diamètre encore plus réduit qui permet techniquement d’épaissir encore plus la membrane de carbone. Il nécessite l’utilisation d’une extension de mât spéciale et d’un adaptateur pour la poignée de wishbone. Ces mâts sont plus lourds à teneur de carbone équivalente et présentent une courbe différente. Ils ne doivent être utilisés qu’avec des voiles conçues en conséquence, la plupart du temps des voiles de vague et en aucun temps avec des voiles régulières. En conclusion, plusieurs planchistes sont découragés par la nécessité d’utiliser un mât différent par taille de voile et se demandent si les concepteurs n’exagèrent pas un peu. La réponse est non, car en fait ils n’ont pas le choix. C’est seulement en changeant de longueur et de rigidité de mâts que les designers peuvent créer des familles de voiles aux caractéristiques communes (comportement, gréage, etc.) malgré les différences de taille. Et ma foi, comme l’équipement de planche représente un investissement tellement moins cher que d’acheter un bateau de ski nautique à $75,000 par exemple, arrangez-vous donc pour que vos voiles fonctionnent… et n’oubliez pas : le vent est «gratis», mais ce n’est pas parce qu’il est gratis qu’il faut être équipé tout croche ! Mail: [email protected] oct ‘09 PAGE 1