Edito p.2 Shaloin Kung-Fu ! p.3/4 Ai Weiwei p.4 Démocratie

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Edito p.2 Shaloin Kung-Fu ! p.3/4 Ai Weiwei p.4 Démocratie
N°26 - Mai 2012 / Juin 2012
SOMMAIRE
Editop.2
Shaloin Kung-Fu !
p.3/4
Ai Weiweip.4
Démocratie participative
p.5
Le Petit Pope
p.6/7
Perles de Tokyoïtes
p.8
AIESEC Sciences Po
p.9
Lettre ouverte - IDEX
Calendrier Culturel
Libre expression en Russie
Journée Culturelle
Voyage Outre-Atlantique Recette : Bubble Tea
Assos INALCO
Concours photo
p.10-12
p.13
p.14/15
p.16
p.17
p.18
p.19
p.20
Edito
Salut tout le monde,
C’est avec beaucoup de retard que sort ce
numéro. Troisième numéro de l’année pour
être précis, suite à une petite baisse de régime
de l’équipe.
êtes nombreux à vous poser des questions sur
l’avenir des Langues O’ et à vous demander
pourquoi il n’y a pas de communication de la
part de l’établissement sur ce sujet délicat et espérons que cette lettre répondra à vos attentes.
Mais ce n’est pas pour ça que l’on a bâclé le travail. Pour la première fois depuis sa création
Langues zOne atteint le nombre de vingt pages
! Vingt pages qui vous feront voyager. De la
Chine aux Amériques, de la Russie au Japon,
en passant par l’Europe centrale, et bien sûr par
notre établissement et ses associations, mais
pas seulement. Ce mois-ci, nous avons décidé
de publier une lettre ouverte des enseignants
et personnels administratifs de l’INALCO contre la mise en place du programme Initiatives
D’Excellence (Idex). Nous savons que vous
Au programme également, l’organisation de la
prochaine Journée Culturelle des Langues Orientales et la diffusion dans ce numéro 26 d’un
appel à projets lancé par les associations en vue
de cet évènement qui n’a plus eu lieu ici depuis
trois années déjà ! Mobilisez-vous et dépêchezvous, vous n’avez que jusqu’au 5 juin pour balancer à vos associations et au Journal toutes vos
idées pour animer cette journée qui sera un des
points d’orgue de la rentrée prochaine !
Bonne lecture !
2
Culture
Shaolin kung-fu !
et, enfin, une heure de pause pour le dîner,
ainsi qu’une dernière heure d’entraînement, et
ce six jours sur sept, trois-cent soixante jours
par an. Oui c’est intensif, et oui il vaut mieux
se préparer avant d’entreprendre ce voyage,
car les blessures sont vite arrivées. Cela dit,
cet emploi du temps n’a rien d’universel
puisque chaque école planifie ses leçons selon
son propre fonctionnement. D’ailleurs, rien
que dans la ville de Deng Feng (qui compte
environ 70 000 habitants), vous trouverez une
trentaine d’écoles réunissant environ 100 000
élèves venus de toute la Chine. La plus grande
de ces écoles se trouve être Tagou qui comptent
environ 30000 élèves.
Peut-être avez-vous déjà entendu parler de
Shaolin, ce fameux temple dont la légende
raconte que le moine indien Bodhidharma
a créé au 5e siècle ce qui donnera plus tard
le kung-fu, qu’affectionne tant notre maître
à penser, l’illustre Jackie Chan. D’après la
légende, Bodhidharma aurait créé et enseigné
cet art qu’est le kung-fu aux moines du temple
Shaolin, pour les aider à se défendre des
animaux et des brigands qui rodaient autour
du monastère. Peut-être avez-vous même
pratiqué vous-même certains arts martiaux...
Eh bien l’histoire que je vais vous raconter est
la mienne, petit scarabée parti sur les traces
de cette légende pour deux raisons : d’une
part, étant étudiant en master de géographie,
il me fallut choisir un lieu et un thème, ce qui
complétait fort bien la seconde raison, qui
est que j’ai derrière moi quelques années de
pratique (huit ans de Judo et cinq ans de kungfu, entre autres...). Bon, comme je ne suis pas
là pour raconter ma vie mais plutôt pour vous
raconter ce que fût mon année au sein d’une
des nombreuses écoles d’arts martiaux qui
pullulent sur les routes de Chine, en particulier
dans le HeNan, et plus précisément à où se
situe ce temple tant fantasmé.
Oui, j’ai bien passé un an entre froid glacial,
puisque pas de chauffage ni d’eau chaude, et
chaleur torride. Ainsi, je commencerai dans
cette édition par vous raconter ce qui concerne
le monde martial et les pratiques sportives
de ce type de structure, pour finir dans une
suivante par quelque chose de plus prosaïque
: le développement économique et culturel qui
en est tiré, et pour tenter d’approcher ce qui
tient plus aujourd’hui d’une grande école de
commerce plus que d’un temple ancestral.
Commençons par le commencement. Pour
faire court, une journée dans une école d’arts
martiaux se déroule ainsi : réveil à 5h20 pour
une heure d’entraînement, puis petit-déjeuner,
et une pause d’une heure. Viennent ensuite
trois heures d’entraînement en tout genre, en
fonction des préférences de chacun (acrobaties,
formes de maniement d’armes, -tai-chi, boxe
chinoise, etc.). On compte une nouvelle fois
trois heures de pause et un déjeuner, puis
entraînement de nouveau pour trois heures
Pour vous donner une idée de cursus scolaire, cela se rapproche du sport-étude que l’on
trouve ici. La plupart des disciples viennent de
familles d’agriculteurs pauvres et leur scolarité
leur coûte extrêmement cher. Les prix varient
bien sûr. Entre les tarifs proposés aux étrangers
(allant de 300 euros par mois jusqu’à 15000 euros pour un an pour certaines écoles de Tagou).
Pour les Chinois, c’est environ 200 euros, ce
qui, pour une grande majorité, représente une
somme folle. Mais me direz-vous, qu’espèrentils trouver là-bas ? Chercheraient-ils à devenir
des stars de kung-fu tel Jet Li ou Jackie Chan
? À avoir une meilleure éducation et de plus
grandes chances d’accéder à une université ?
3
Ou encore devenir eux-même entraîneurs (travail qui leur rapportera quelque chose comme
100 euros par mois) ? Eh bien, un peu de tout
ça. Il n’y a pas vraiment de profil typique, mis à
part une certaine fascination qui perdure pour
les arts martiaux (notamment depuis leur renouveau, grâce au développement du cinéma
et en l’occurrence, de Shaolin, le film du même
nom, réalisé en 1981).
J’ai pu constater que les âges des pensionnaires
sont variables : entre 4 et 18 ans. La plupart ne
rentrent d’ailleurs dans leurs familles que pour
le nouvel an chinois, et je vous laisse imaginer
la réaction d’un bambin de 4 ans loin de sa
famille pendant tout ce temps... Mais ils s’y
font avec le temps et les méthodes des « Shi
Fu » ont changé ; cependant et bien que nous
ne sommes plus au temps des coups de bâtons,
la discipline reste très stricte, et ce même pour
les étrangers. Combien de séries de cent, deux
Culture
cents, trois cents pompes ai-je dû exécuter
pour un malheureux petit retard...
pleurent, il y en a pléthore. Enfin bref, ceci
c’est qu’un rapide aperçu de ce que fût mon
année, et de ce que j’ai pu y voir. Sur ce, je vous
donne rendez-vous à la prochaine pour un
propos un peu plus critique sur l’évolution de
cet art méconnu.
D’ailleurs, et ce n’est là une nouvelle fois que
mon humble avis, mais l’enseignement est
basé sur la reproduction ; je m’explique. J’ai
pu constater que les âges des pensionnaires
sont variables : entre 4 et 18 ans. La plupart ne
rentrent d’ailleurs dans leurs familles que pour
le nouvel an chinois, et je vous laisse imaginer
la réaction d’un bambin de 4 ans loin de sa
famille pendant tout ce temps... Mais ils s’y
font avec le temps et les méthodes des « Shi
Fu » ont changé ; cependant et bien que nous
Mettons qu’un élève ait passé quinze années de
sa vie dans ces écoles et soit devenu très bon,
rien ne l’empêche d’enseigner. En effet, aucun
diplôme d’entraîneur d’État n’existe, seule la
performance est récompensée, et cela pose des
problème lorsque ceux-ci n’ont rien de grands
pédagogues. Cela peut même être dangereux
lorsqu’ils ne mesurent pas leur force ou,
encore, de par leurs brillantes techniques
d’étirements du style « tant que ça craque pas
je force », et je vous assure que des enfants qui
Etienne B.
Le temple shaolin de Deng Feng
© Rosie Baker
Ai Weiwei : l’art au service de la liberté
S’il est des artistes dont le nom est associé à une
idée, Ai Weiwei en fait clairement partie. C’est
en effet lui qui, à travers son art, fait ressortir
les idéaux d’égalité et de démocratie dans ce
grand pays qu’est la Chine.
C’est la Chine, dans toute sa splendeur, son immensité, mais aussi ses contrastes qu’il cherche
à représenter. Il montre ainsi les façons dont
est touché le territoire du Pays du Milieu par
son ouverture sur le monde, sa place prépondérante dans la société mondiale et son accession
à la modernité.
Artiste dissident s’il en est, Ai Weiwei incarne
à lui seul toutes les revendications de Chinois
qui rêvent de liberté. C’est par sa publication
d’un poème caricaturant la censure apportée
au massacre de la place Tian’An Men qu’il se
fit connaître réellement en tant que combattant
des droits de l’Homme. Il est arrêté en Aavril
2011, officiellement pour évasion fiscale. Drôle
de sort réservé à celui qui fut l’un des architectes du fameux ‘’Nid d’Oiseau’’, le stade national de Pékin.
Son style, mêlant provocation et réflexion politique, pose clairement les bases d’une relation
fusionnelle entre l’art et la liberté. S’il cherche
avant tout à représenter les dérives du système
politique chinois, c’est aussi un véritable amour
pour son pays qui ressort à travers son œuvre.
Artiste non conventionnel, il montre son attachement à ses propres règles à travers des noms
d’exposition provocateurs, comme « Fuck Off »,
exposition qu’il tint en 2000 à Shanghai. C’est
notamment ce côté iconoclaste qui lui apporta
des démêlés avec la justice chinoise.
S’il a été libéré récemment des geôles chinoises après plus de 80 jours de détention, il reste
cependant sous liberté surveillée. C’est avec le
soutien de nombreux occidentaux, aussi bien
qu’artistes que politiques, que son œuvre continue d’exister à travers le monde, et que son
cri pour la liberté des Hommes reste entendu,
malgré la tentative de certains de l’étouffer.
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Thomas E.
Société
La démocratie participative au Japon
fondera officiellement le premier parti politique écologiste japonais en 2013.
Son but principal est actuellement d’obtenir un
maximum de sièges à la Diète (le Parlement
japonais) afin d’asseoir sa légitimité dans le
paysage politique de l’Archipel. Mais le futur
parti a d’ores et déjà commencé à développer
sa stature internationale et ses liens avec ses
homologues étrangers, notamment lors de sa
rencontre avec les membres d’Europe Écologie
Les Verts le 22 octobre 2011.
En-dehors de sa vocation à protéger
l’environnement, le futur parti écologiste est
aussi devenu le nouveau porte-drapeau de la
démocratie participative au Japon, (poste abandonné il y a longtemps par le Parti Démocrate)
et place celle-ci au cœur de ses priorités. On retrouve donc ici une nouvelle fois le rapprochement entre questions nucléaires et délibération
commune entre dirigeants et citoyens.
Comme on pouvait s’y attendre, les conséquences de la catastrophe du réacteur nucléaire de Fukushima se ressentent encore au
Japon, mais pas uniquement dans les domaines
sanitaires ou économiques : en politique aussi
de nouveaux courants et idées ont vu le jour
dernièrement.
La poursuite de l’utilisation de l’énergie nucléaire soulève notamment la question de la démocratie participative, qui comme son nom
l’indique insiste sur le renforcement de la participation des citoyens à la prise de décision
politique, et qui avait déjà été promue sans succès par le Premier ministre sortant, M. KAN
Naoto.
La question d’un référendum
Au mois de juin déjà s’était formé un groupe de
citoyens à Tôkyô, dans le quartier de Shinjuku,
et qui comme objectif d’échanger des idées au
sujet des politiques à mener concernant le nucléaire. Les débats étaient menés par M. IMAI
Hajime, journaliste et expert dans le domaine
des référendums et qui enquêtait depuis de
nombreuses années sur la question de la démocratie directe. Depuis, ce groupe a fait du
chemin et s’appelle maintenant « Décidons ensemble sur le nucléaire par référendum » (minna de kimeyô « genpatsu » kokumintôhyô).
Sous la présidence de M. Imai, le groupe s’est
fixé pour but d’inciter le gouvernement à mettre en place un référendum national sur l’avenir
du nucléaire au Japon.
Leur projet consiste donc en deux campagnes
pétitionnaires de grande envergure, l’une
à Tôkyô et l’autre à Ôsaka, afin, une fois le
nombre suffisant de signatures collectées (pas
moins de 300 000 à Tôkyô !), de soumettre aux
autorités locales des propositions de référendums régionaux, qui pourront peut-être ouvrir
la voie à un autre d’échelle nationale.
L’apparition d’un parti vert et
pro-démocratique
La catastrophe du 11 mars a également entraîné
au Japon un regain d’intérêt pour les groupes
écologistes, comme notamment Greens Japan, un regroupement politique qui a toujours
été opposé au nucléaire. Celui-ci, qui compte
comme membres plus de soixante élus locaux,
Une tentative de sondage délibératif
Dans ce même courant d’idée pro-démocratie
participative, qui semble s’être répandu au travers de toute la société japonaise, a eu lieu les
28 et 29 mai 2011 à la prestigieuse université
Keiô à Tôkyô une tentative de sondage délibératif. Celle-ci a consisté à réunir une portion
représentative de la population, cent ving-sept
personnes (choisies au hasard), pendant deux
jours, durant lesquels ils ont eu l’opportunité
tantôt de débattre par petits groupes sur des
questions de société, tantôt de s’adresser directement à des experts sur ces mêmes questions, afin non pas d’arriver à une conclusion
unanime, mais qu’après ces dix heures de débat,
chacun puisse se forger une opinion précise et
informée sur des problématiques qui seront
très certainement abordées lors des prochaines
élections.
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Ce type de sondage(qui n’en est pas un à
proprement parler) se propose donc comme
un nouveau moyen d’expression démocratique
qui pourrait peut-être à l’avenir, combiné à un
référendum national et à un environnement
politique adapté, aboutir à un autre type de
démocratie qui délibère dans son ensemble et dans lequel chaque constituant peut
s’impliquer de façon éclairée.
Karine T.
Voyages
Le Petit Pope
En fin d’après-midi, nous étions à la recherche
d’un hôtel proche de cet édifice pour le visiter
tôt le lendemain. Un orage violent nous força
à l’arrêt dans un petit village. Je demandai
dans un sabir russo-bulgare la direction du
bourg de Yablanitsa, proche du monastère, à
un petit groupe d’hommes abrités sous un auvent. Nous sommes probablement partis dans
la direction opposée à celle qu’ils tentèrent de
nous indiquer à cause d’une malencontreuse
confusion grammaticale. Notre quête mystique
et routière aboutit ensuite dans un petit village
où un gros policier devisait tranquillement
avec des villageois. Comme je lui demandai, en
russe, de m’indiquer un hôtel, il me répondit
laconiquement dans la même langue :
« Au monastère vous pourrez manger et dormir ».
Cathy, ma compagne, ne semblait guère enthousiaste, ayant depuis longtemps déjà pris
ses distances avec la religion à cause sans doute
d’un curé sadique dont elle dut subir le catéchisme. Quant à moi, juif agnostique, mais
porté à un certain mysticisme laïc, je me réjouissais d’avoir enfin l’occasion de faire une courte
retraite dans un lieu marqué par le silence et
l’esprit.
Le monastère était tout proche, aux dires du
gendarme et des panneaux indicateurs, mais
en Bulgarie, il ne faut pas nécessairement les
croire. La route montait dans une forêt d’autant
plus obscure que le jour déclinait. Elle était très
étroite et bordée de précipices sans parapets.
Par chance, à la montée nous étions du bon
côté et n’avions pas croisé de véhicule.
Après une quinzaine de kilomètres nous
sommes arrivés sur un parking, l’octroi sans
doute (?) puisque qu’on nous fit payer une
place alors qu’hôtes du monastère, nous nous
sommes garés bien plus loin, dans la cour
même de notre gîte d’un soir.
Un couple ténébreux nous accueillit, la femme
nous conduisit à notre chambre, monacale
comme il se doit. Elle donnait sur une cour supérieure à laquelle on accédait par un souterrain fermé d’une lourde porte en bois sombre.
Autour de la cour, d’autres chambres, dont celle
de notre hôte et probablement celle d’un jeune
pope sautillant que nous n’avions qu’entr’aperçu
sortant de l’église.
Nous avons dîné, pas si mal, sur la terrasse
Si vous allez en Bulgarie, vous ne manquerez
pas de visiter de nombreux monastères. La
plupart sont récents, ils datent de la « Renaissance bulgare », c’est-à-dire de la fin de la domination ottomane qui dura cinq siècles ; en avril
1876, une révolte improvisée fut écrasée dans
le sang en trois semaines. Deux ans plus tard,
les Russes envahirent le pays et en chassèrent
l’occupant. Furent alors construits nombre
d’édifices religieux chrétiens. Le monastère de
Rila, très visité, est splendide mais l’émotion
que l’on y ressent tient plus à sa magnificence
qu’à l’émoi suscité par les pierres et fresques
patinées par le temps.
Pourtant, il existe encore, perdus dans la
montagne, quelques monastères anciens qui
datent du Moyen Âge, du moins d’après certains guides. D’autres sont plus dubitatifs quant
à leur ancienneté. En feuilletant l’un d’eux,
un soir, au bord de la mer Noire, étonnamment verte à cause du grand nombre d’algues
de même couleur, je tombai en arrêt sur une
photo du monastère de Glozhene. Situé sur un
socle rocheux, bordé de précipices, il semblait
tout droit sorti du rêve gothique d’un cinéaste halluciné. Outre sa situation périlleuse, il
était entièrement bâti de ces planches en bois
goudronné qui, vieillissant, déclinent des nuances terre de sienne, amarante, cannelle et
noir charbon. Les toits en lauzes épaisses des
différents bâtiments achevaient de donner au
lieu une austère solennité à peine tempérée par
la petite église blanche qui dominait l’ensemble.
Il fallait atteindre ce bout du monde !
Le monastère de Glozhene
© Maxime Gotesman
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dominant le moutonnement de forêts compactes. Comme il était encore tôt, nous avons
fait le tour de notre royaume temporel. La
grande cour du bas donnait de tous côtés sur
des précipices. Le bout de l’éperon rocheux
était gardé par un molosse agressif. Nous nous
sommes dirigés de l’autre côté vers la grille
d’entrée pour nous apercevoir qu’elle était déjà
cadenassée.
C’est alors que, soutane et chignon au vent, le
pope, agile comme un cabri, dévala la pente vers
nous, accompagné du tintement d’un trousseau
de clés. Il criait presque : « Excuse me, excuse
me ! ». Qu’avions-nous donc fait pour susciter
ces excuses ? Nous voyant nous diriger vers la
grille, il voulait nous ouvrir, croyant que nous
voulions faire quelques pas sur la route. Nous
l’en avons dissuadé et remercié, puis nous avons
regardé le jour décliner.
Plus tard, je suis retourné prendre quelques effets dans la voiture. Sa porte était ouverte. Je
cherchai alors les clés pour la fermer pour la
nuit. Pas de clés ! Les heures suivantes, jusqu’à
la nuit noire, nous avons retourné toute la
chambre, vidé plusieurs fois la voiture, refait
à plusieurs reprises le chemin que nous avions emprunté dans le monastère. Les clés demeuraient introuvables.
La sérénité ne touche pas nécessairement ceux
qui y aspirent. J’étais dans un état d’énervement
avancé, envisageant déjà de retourner en stop à
Sofia pour récupérer une clef ou de téléphoner
à l’agence pour qu’il envoie un employé, mais le
réseau fonctionnait-il ? Par contre Cathy était
d’un calme céleste. La nuit tombée, elle me dit
d’un ton angélique : « Ce n’est plus la peine de
chercher, allons nous coucher. Demain il fera
jour ». Mon sommeil fut agité. J’ai rêvé d’un
pope goguenard s’enfuyant vers la grille de la
cour, grande ouverte cette fois, avec, dans les
mains, les clés de la voiture.
Au petit matin, de petits nuages cotonneux
flânaient au creux des vertes vallées que nous
surplombions, mais j’étais insensible à la beauté
du monde.
Nous avons repris notre quête. Je suis repassé
dans un endroit herbeux l’explorant à quatre
pattes, centimètre par centimètre. Mais, dans
un tel lieu, pour trouver le «salut», il faut bien
évidemment élever le regard, ce que fit Cathy,
la plus mécréante des deux. Elle aperçut alors
les clés tranquillement posées sur le parapet
bordant la cour, à l’endroit même où la veille,
émerveillé par le spectacle de la nature, je les
avais posées pour prendre une photo. Apaisés, nous avons rejoint notre cellule de moine
toutefois dotée d’un bon lit à deux places, pour
un petit repos réparateur.
Le petit déjeuner fut généreux. Puis, je suis
reparti tranquille pour faire un dernier tour
de notre domaine passager quand, soudain, je
croisai le pope tout affairé qui me glissa dans un
souffle : « Vous êtes les bienvenus pour l’office
du dimanche, dès que les cloches sonneront ».
Catastrophe ! J’annonce la « bonne » nouvelle à
Cathy qui, perdant son visage de madone conclut : « Bon, ben, faut y aller ! ».
Les cloches sonnèrent. Nous étions les seuls
pèlerins dans la petite église inondée par la
lumière du levant. La petite fille du couple qui
nous avait accueillis enlevait les cierges calcinés. J’en brulai deux, un pour l’ange qui passait,
l’autre pour les clés.
Notre pope officiait maintenant derrière
l’iconostase, dos tourné aux deux infidèles. Il
chantait juste, je distinguais des mots : Gaspadin, Seigneur en russe, Elohim, Dieu en hébreu. L’instant était émouvant. Notre petit pope
chantait seul, presque pour lui-même, loin de
tout, sauf de Celui qu’il célébrait.
Mais voilà qu’il se tourna vers nous, brandissant
un gros livre orné d’une croix en métal repoussé. Miséricorde, il se dirigeait vers nous ! Cathy
me susurra : « Je te préviens, je n’embrasse pas
le livre ». Le regard du petit pope croisa le nôtre, il hésita un instant puis comprit. Son visage
esquissa comme un sourire, il fit demi-tour.
Quand nous sommes sortis, soulagés et attendris, des pèlerins bulgares arrivaient en car.
Notre petit pope ne ferait pas seulement l’office
pour deux incroyants.
En nous éloignant par la route, nous avons tenté d’entrevoir une dernière fois le monastère.
Peine perdue. Nous avons croisé une voiture
qui montait. Cette fois nous étions du mauvais
côté, il fallut replier les rétroviseurs. Le précipice était tout proche mais le petit pope veillait
sur nous.
Maxime G.
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Voyages
À la rencontre des quartiers de Tôkyô
semaine après semaine
Nous sommes Sam & Lulu, et depuis déjà plusieurs années nous sommes attirées par une
culture lointaine : le pays nippon et son univers décalé. En marge de nos études respectives,
une envie commune de construire et mettre en
œuvre un projet s’est faite sentir. Touchées par
les évènements de mars 2011, nous souhaitions
agir à notre échelle en faveur du tourisme au
Japon. Ce fût un réel effet déclencheur pour
lancer notre projet. Nombreux sont ceux qui
sont fascinés par ce pays, mais peu franchissent
le pas et décident d’y aller. Il était déjà étiqueté
comme inaccessible : trop loin, trop cher, trop
différent… et les impacts de ces catastrophes
n’ont fait pour beaucoup que conforter cette vision. Il faut pourtant savoir que le pays
à l’honneur pour le tourisme en 2011 était le
Japon (Organisation Mondial du Tourisme), ce
qui est passé assez inaperçu. Nous avons donc
voulu mener des actions afin de transmettre
notre enthousiasme vis-à-vis de ce pays, susciter l’engouement de ceux qui n’osent plus faire
le pas de ce grand voyage : montrer que ce pays
n’est pas si inaccessible qu’on le pense !
Nous voulons également apporter un nouveau
regard car l’une de nous se déplaçant en fauteuil roulant, nous voulons proposer une réponse et une visibilité à ce niveau-là : le voyage
en situation de handicap ne doit pas être une
barrière aux projets.
C’est donc dans un cadre associatif que nous
avons monté le projet de partir trois mois au
Japon et de visiter un quartier de la capitale
nippone par semaine. Nous vous ferons partager notre aventure grâce à la publication de
nos épisodes sur les différents réseaux sociaux
et sur notre site Internet. Pleins de surprises
vous y attendront : des vidéos thématiques, des
photos, des rencontres, des défis, etc.
Dans notre chronique, nous voulons explorer
différents points de la culture japonaise : sa
population, son architecture, ses coutumes,
ses activités, sa gastronomie, ses boutiques et
la sérénité qui y règne. Le tout en variant les
points de vue : ceux des Japonais ayant vécu en
France tout autant que ceux des Français vivant au Japon… Nous voulons confronter nos
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échanges avec des interlocuteurs de tout âge, en
ayant à la fois des regards naïfs mais aussi professionnels. Nous nous sommes encadrées dans
un contexte franco-japonais.
Que vous soyez sensibilisés par le côté traditionnel de la culture nippone comme Lulu,
ou intéressés par son aspect plutôt moderne
et geek comme Sam, notre séquencier est déjà
prêt, et n’attend que vous ! En voici un aperçu :
Tokyo Centre : abritant la famille impériale et
concentrant les salarymen, ce quartier est le
centre de la capitale,
Ueno : haut lieu culturel, nous y découvrirons
temples et musées,
Shinjuku : pour s’imprégner de l’atmosphère de
la ville, rien de mieux que néons et gratte-ciel,
Ikebukuro : ce quartier, regorgeant d’activités
ludiques, est aussi le fief des Otome,
Shibuya : entre bars, mode et shopping, c’est le
quartier préféré des jeunes,
Asakusa : le quartier historique nous ramène
aux traditions du vieux Tôkyô,
Harajuku & Aoyama : branché ou barré, vous
y serez accueillis par cosplayers et boutiques
atypiques,
Ebisu & Daikanyama : culture raffinée et détente au cœur de la tradition japonaise,
Akasaka & Roppongi : ici se côtoient lieux de
divertissement nocturne, institutions de l’État
et jardins traditionnels,
Odaiba : le rendez-vous du shopping au
féminin, la baie de Tôkyô et son Île artificielle
vous emmèneront en croisière.
Par ailleurs, à partir de début mai, nous avons
prévu de partir à la découverte des autres régions du pays, notamment le Kensai (Kyôto,
Ôsaka…), ce qui nous permettra de nous imprégner de la vie de l’ensemble du pays.
Alors si vous aussi vous êtes adeptes de la
blogosphère et des globe-trotteurs (tels que
dans Les Chroniques de la grosse pomme, relatant la découverte de la mythique ville de New
York ; Romain World Tour, avec qui nous réalisons un tour du monde ou encore Japan in
Motion, au cœur de la culture qui nous attire
tant), venez rejoindre les Perles de Tokyoïtes,
sur notre site internet www.perlesdetokyoites.
fr mais aussi sur Facebook et Twitter.
Sam & Lulu
Associatif
AIESEC Sciences Po: une association
a 60 ans, c’est la plus grande association étudiante dans le monde. Elle est présente dans 110
pays et compte pas moins de 54 000 membres.
Cette formation a pour but de développer le
leadership de ses membres. La logique AIESEC
est basée sur une coopération internationale
active et constructive, et ce depuis plus de 50
ans. L’association se définit elle-même : leadership, polyvalence, conscience de soi, efficacité,
international et diversité. AIESEC est reconnue
d’utilité publique par l’Organisation des Nations Unies, où elle possède un siège consultatif et est membre du comité permanent de
l’UNESCO.
Vous recherchez un stage en France ou à
l’étranger ? Une association étudiante se propose de vous le trouver à partir de vos compétences et de vos objectifs. Au choix, vous pouvez partir dans une ONG, ou bien effectuer un
stage en entreprise.
Stage en entreprise et ONG : que peut-on
espérer ?
Dans une ONG, vous ne serez pas rémunérés.
Mais dans la plupart des cas les étudiants sont
logés, nourris, et blanchis. Les stages dénichés
par les équipes AIESEC sont souvent rémunérés au-dessus du SMIC. Ceux sont des stages
prévus pour une durée de 6 à 72 semaines. Si
un étudiant demande à l’association de lui débusquer un stage -une tâche difficile- son profil est décortiqué pour lui permettre de trouver
le stage qui lui convient. De plus, si l’étudiant
part en stage à l’étranger, les membres AIESEC
du pays seront là pour préparer son arrivée,
l’accueillir, l’aider dans ses démarches avec
la préfecture. Bref, le réseau AIESEC permet
une prise en charge des stagiaires, ils ne sont
pas « lâchés » dans la nature. De plus, ils sont
accompagnés pendant toute la durée de leur
séjour, pour favoriser leur intégration dans la
culture locale. Le fait de devenir un stagiaire
AIESEC permet aussi d’avoir accès à la base de
données regroupant tous les stages, dont certains sont réservés aux stagiaires AIESEC. Et,
un bon point pour l’association, ils ont 4400
entreprises partenaires. Tous ces avantages ont
un coût. Pour un stage en entreprise le prix est
de 350 euros, et pour un stage en ONG il est
de 225 euros. Si jamais l’étudiant ne trouve pas
de stage AIESEC rembourse les deux tiers du
paiement. Mais Sarah Creurer, la présidente
d’AIESEC Sciences Po, assure que si le demandeur de stage est sérieux et réaliste quant à ses
compétences réelles, « il trouve un stage » !
L’association met en ce moment en avant
différent stages d’été dans le domaine de
l’humanitaire en Asie du Sud-Est, Afrique et
Amérique du Sud. Ces stages sont de courtes
durées et ne demandent que peu de prérequis.
Donc, AIESEC Sciences Po peut non seulement vous décrocher un stage, en France ou à
l’étranger. Mais aussi vous faire rentrer dans ce
grand réseau AIESEC, afin de dynamiser vos
compétences.
Florence B.
Contact : http://aiesec-sciencespo.com/
Une courte histoire de l’AIESEC
AIESEC signifie Association Internationale des
Étudiants en Sciences Économiques. Créée il y
9
INALCO
La disparition des Langues’O dans
l’Idex Sorbonne-Paris-Cité :
une affaire qui nous concerne tous
Les Idex pourquoi ?
Idex (Initiative d’Excellence) est le nom donné aux programmes visant à faire émerger en
France 5 à 10 pôles pluridisciplinaires «
d’excellence » d’enseignement supérieur et de
recherche de rang mondial.
Réinscrite dans une perspective plus large, la
constitution des Idex représente une nouvelle
étape1 dans le processus de refonte néolibérale
de notre système d’enseignement2 , c’est-à-dire
d’introduction de la concurrence et du modèle
de l’entreprise comme norme.
Le processus de Bologne3 (1999), présenté
comme un projet d’harmonisation des systèmes d’éducation et de recherche au niveau
européen, est une pièce de la globalisation
visant à étendre le champ du capitalisme à la
vie sociale. Les verrous qui séparaient jusqu’à
une période récente l’échange symbolique (de
la culture, l’éducation, les connaissances, le
savoir) du monde du marché ont sauté, à la
faveur de transformations progressives, n’ayant
jamais fait l’objet de débat public :
- la loi du marché est une loi fondamentale à
laquelle nous devons nous adapter.
- l’université doit répondre aux impératifs
de rentabilité, de concurrence internationale
des entreprises, parmi ses objectifs figurent
l’employabilité, la flexibilité et la mobilité (Livre
Blanc de la Commission Européenne 1991),
- l’éducation est un service rendu à
l’économie, elle doit s’adapteraux transformations de la société et de l’économie (1995
« Toward the learning society », Table Ronde
des Industriels Européens –ERT-)
- la déclaration de la Sorbonne (1998), introduit la notion « d’économie de la connaissance » : la connaissance, a priori le bien
le plus anti-économique qui soit, est envisagée
comme marchandise soumise à la loi du
marché (la notion de « compétence » - qui fait
plus aisément entendre les logiques d’efficacité
et de rentabilité - fait son apparition aux côtés
des « savoirs » dans toutes les descriptions
des missions des établissement éducatifs ; et
l’unité de compte de la connaissance est créée
dans le cadre de la loi LRU, avec les ECTS (European Credits Transfer System)),
- l’éducation répondant à la logique marchande, elle peut être confiée au secteur privé :
les partenariats public-privé, accentuant encore la soumission du bien public à la logique
du marché, sont encouragés par toutes les instances de contrôle de l’enseignement et de la
recherche (ANR, AERES),
- la loi LRU fournit les pouvoirs nécessaires
au président d’université pour qu’il gère son
entreprise de façon rentable, et instaure une
logique managériale à tous les niveaux (soustraitance des biatoss d’abord, hausse des droits
d’inscription, etc.).
Cette révolution culturelle, impensable il y a
encore quelques dizaines d’années, tant elle
va à l’encontre de la tradition humaniste de
l’Université, s’est petit à petit imposée comme
avenir
L’objectif affiché - et présenté comme rationnel
– de cette logique et dont l’Idex est un maillon
crucial, est la constitution d’une université
à deux vitesses avec la création de quelques «
établissements d’excellence » concentrant tous
les moyens et recrutant un petit nombre de
privilégiés, une petite élite d’excellence4 destinée à être compétitive sur le plan mondial,
au détriment de la masse de la population qui
devrait se contenter d’un socle minimal commun de formation pour pouvoir tenir des fonctions subalternes.
Cette vision
« post-moderne »
de
l’Enseignement est aux antipodes des mis-
1 Après la loi relative aux Libertés et Responsabilités des Universités –LRU-, la création des Pôles de Recherche et
d’Enseignement Supérieur –PRES-, et des Laboratoires d’Excellence –Labex2 La même analyse peut être faite pour notre système de santé qui subit une évolution parallèle.
3 Pour une analyse du processus de Bologne comme pièce dans la globalisation néolibérale, écouter l’exposé de
G. Azam : http://www.dailymotion.com/video/x8rxrj_du-processus-de-bologne-a-la-l-r-u_news
indépassable, à la faveur du tournant néolibéral des années 80, relayé par de nombreuses institutions (OCDE, Commission
Européenne, Unesco, OMC) et les media.
4 Cf. l’emploi récurrent de ce terme dans les appellations des diverses unités créées ces derniers temps et les discours de nos
Ministres et Président actuels.
10
sions que se fixaient jusqu’ici l’Université et
l’École5 , et il nous appartient de mesurer
l’impact de cette logique sur notre société à
long terme pour décider si le jeu vaut la peine
de s’y opposer.
leur fondement même qui est menacé.
L’Inalco dans l’Idex Sorbonne-Paris-Cité
Dans ce contexte, l’entrée de l’Inalco dans l’Idex
Sorbonne-Paris-Cité, préparé dans le secret,
sans concertation des instances élues7 , apparaît comme une aberration à laquelle il faut
nous opposer.
Les Sciences Humaines et Sociales dans les
Idex
S’il est un domaine qui semble particulièrement inadapté à l’application de la logique de
l’entreprise et de la concurrence, il s’agit bien
des Sciences Humaines et Sociales. Domaine
par excellence du savoir non rentable, des enseignements visant à construire l’esprit critique
du citoyen, à lui fournir les moyens de se penser comme un être libre, capable de transcender
le monde dans lequel il vit, domaine des formations aux antipodes de l’utilitarisme de rigueur
dans le monde du Marché, il constitue l’os
susceptible de bloquer cette mécanique bien
huilée.
Quel est notre rôle dans la Très Grande Université (120 000 étudiants) qui se prépare ?
Apprendre le chinois, le japonais ou autre
langue de pays économiquement fort aux
ingénieurs et aux managers que M. Descoings ambitionne de former8 ? Ce serait là
le démantèlement de notre Institut, où les
formations adaptables aux impératifs de la
concurrence entreraient dans le périmètre
d’Excellence, et où les autres seraient rejetées
à l’extérieur, condamnées à une disparition
proche9.
Les partisans du néolibéralisme l’ont compris
depuis longtemps, d’où leurs efforts répétés
pour intégrer ce champ de la connaissance
à leur révolution6. Dans cette optique, la
disparition récente du terme « Sciences Humaines et Sociales » au profit du consensuel
« Humanités » camoufle mal la volonté de les
réduire à quelques fondamentaux de culture
générale, très éloignés de ce qui constitue leur
essence profonde.
Les Idex sont une mise en péril directe de la
recherche fondamentale, indépendante et dégagée de toute compétition. Ils signifient également une disparition à court terme des formations axées sur la transmission du savoir et de
la culture. Les Sciences Humaines et Sociales
ont tout à perdre dans ce type de cadre, c’est
Nous ne pouvons pas être les spectateurs passifs de la négation pure et simple de la mission
que l’Institut National des Langues et Civilisations Orientales assume depuis plus de 200
ans. Cet établissement, héritier d’une histoire
longue et complexe, où 93 langues sont enseignées en articulant étroitement connaissances
linguistiques et maîtrise des contextes historiques sociaux et culturels des domaines étudiés,
est un Institut unique au monde, à 1000 lieues
d’une simple école de langues. Acteur essentiel
de la diffusion de la connaissance et de la compréhension des langues, cultures et sociétés du
monde, l’Inalco tient une part cruciale dans le
rayonnement des ambassades françaises, grâce
à la qualité reconnue de sa préparation des
futurs diplomates. Depuis plusieurs années,
5 Cette révolution ne touche pas que l’Université, elle frappe de plein fouet le primaire et le secondaire également
(voir l’analyse de l’Institutde recherchede la FSU, «La nouvelle école capitaliste», http://www.institut.fsu.fr/La-NouvelleEcole-Capitaliste-l.html).
6 Ainsi, Laurence Parisot s’exprimait en ces termes le 22.11.11 à la semaine de l’Ecole de l’Entreprise :
« Il y a beaucoup à gagner si on finit par faire comprendre que dans les filières littéraires, sociologiques, on apprenait un tout
petit peu l’entreprise. Au MEDEF, on fera du coup aussi comprendre qu’il y a des jeunes filles et des jeunes hommes qui certes
ont choisi a priori une carrière ou une approche peut-être un peu intellectuelle des choses, mais qui peuvent apporter beaucoup à l’économie et à l’entreprise »
7 Cette préparation anti-démocratique des différentes Idex et leur mise en œuvre précipitée est un trait récurrent source de
protestation au sein des personnels concernés.
8 Cf. la vidéo du lancement de l’Idex : http://vimeo.com/37371380
9 SOAS (School of Oriental and African Studies), qui était l’homologue anglais de l’Inalco (moins les langues
« orientales » d’Europe), a renoncé à une grande partie des langues enseignées après sa refonte dans la Très
Grande Université de Londres.
11
INALCO
l’Inalco se fait également remarquer par sa recherche, unique en cela que les chercheurs
des 93 domaines linguistiques représentés
travaillent à partir des sources originales,
aussi bien historiques qu’actuelles. Ils sont
régulièrement sollicités pour de nombreuses
manifestations et publications scientifiques
croisant littérature, linguistique, géopolitique
et histoire, mais ce sont pour beaucoup aussi
des experts recherchés par les ministères et les
médias.
Pour toutes ces raisons, nous ne pouvons pas
accepter la fonte programmée de l’Inalco dans
cette énorme machine qu’est l’Idex Sorbonne
Paris Cité et dont l’objectif affiché est de figurer
en bonne place dans le classement de Shanghaï.
En tant que personnels de l’Inalco, responsables actuels de l’avenir de cet établissement
historique, nous nous devons de préserver ce
patrimoine culturel français et de nous opposer maintenant à la situation que l’on tente de
nous imposer. Au-delà du cas emblématique
de l’Inalco, c’est l’ensemble de l’Enseignement
et de la Recherche qui est concerné et, au final,
notre société tout entière.
Cécile Folschweiller (MCF de roumain)
Pauline Fournier (MCF de slovène)
Snejana Gadjeva (MCF de bulgare)
Georgios Galanes (MCF de grec)
Francine Hennel (Administratif)
Agnès Henri (MCF de linguistique océanienne)
Jean-Charles Hilaire (MCF de haoussa)
Evelyne Huet (Administrative ITARF)
Theeraphong INTHANO (ATER de thaï)
César Itier (PU de quechua)
Meta Klinar (Lectrice de slovène )
Jovan Kostov (Répétiteur de macédonien) Boris
Lazic (Répétiteur de serbo-croate) Andrei Lebedev
(MCF de russe)
Diana Lemay (MCF de slovaque)
Elisabeth Luquin (MCF de filipino/tagalog)
Alexandru Mardale (MCF de roumain)
Jean-Luc Martineau (MCF d’histoire contemporaine) Amir Moghani (MCF de persan)
Daniel Negers (MCF de télougou)
Marius Negre Popote (Adjoint technique) Hélène de
Penanros (MCF de lituanien)
Patrice Pognan (PU de tchèque)
Isabelle Rabut (PU de chinois)
Jelena RAJAK (lectrice de BCS)
René Ricard (Technicien)
Claude Sablé (Technicien)
Bruno Sarnay (Directeur des publications) Thomas
Szende (PU de hongrois)
David Teurtrie (docteur en géographie, ATER au département Russie)
Joseph Thach (MCF de khmer)
Marek Tomaszewski (PU de polonais)
Frédéric Vareillas (Attaché d’Administration)
Marie Vrinat-Nikolov (PU de bulgare, responsable
de la spécialité “traduire les littératures et les oralités du monde”, co-directrice du CREE (Centre de
recherches Europes-Eurasie), membre du Conseil
scientifique, membre de la section 13 du CNU)
Robert Edmond Ziavoula (PU, Directeur de l’EA 4511
: “Histoire Sociétés et Territoires du Monde”(HSTM),
Responsable de la spécialité “Afrique Océan Indien”, Master Langues, cultures et sociétés du
monde. Mention : Histoire sociétés et territoires du
monde (HSTM))
Christina Alexopoulos (Chargée de cours de grec et
méthodologie)
Makiko Andro-Ueda (MCF de japonais)
Michel Antelme (MCF HDR de khmer)
Anton Antonov (MCF de japonais)
Gueorgui Armianov (MCF de bulgare)
Benoît Berthelier (Doctorant en coréen)
Faruk Bilici (PU de civlisation turque) Dominique
Blampain (Technicien) Rémi Bordes (MCF de népali)
Frosa Bouchereau (MCF de macédonien, Directrice du département Europe centrale et orientale,
Vice-Présidente de la Commission Nationale des
Universités Section 13, Etudes slaves.)
Michel Bozdémir (PU de turc)
Olga Camel (PU d’ukrainien)
Lucia Chabert (Assistante Ressources Documentaires)
Oleg Chinkarouk (MCF de russe)
Elisabeth Collard (responsable pédagogique) Nadine
Cointet
Joelle Dalègre (MCF de grec)
Gilles Delouche (PU de Thaï, ancien Président de
l’Inalco)
Thierry Djikine (Technicien)
Sophie Drouet (Secrétaire pédagogique Filière commerce international)
Bruno Drweski (MCF de civilisation polonaise)
Tom Durand (Doctorant en sciences du langage)
Catherine Durandin (PU de roumain)
Outi Duvallon (MCF de finnois)
12
Premiers soutiens extérieurs :
Michel Bernard (Professeur de littérature française,
Université Sorbonne Nouvelle - Paris 3)
Valérie Lowit (ingénieur d’études, Université Paris
Diderot — Paris 7)
Philippe Meirieu (Professeur en sciences de
l’éducation à l’université Lumière-Lyon 2, Vice président de la Région Rhône-Alpes délégué à la formation tout au long de la vie)
Denis Paillard (Directeur de recherche émérite,
CNRS. UMR 7110 Université Paris Diderot)
Graham Roberts (MCF de russe, Univ. Paris Ouest
Nanterre La Défense)
Julien Serreau (MCF - Laboratoire APC, Université
Paris Diderot)
Culture
Calendrier culturel ddu mois de juin
objet fragmentaire, précaire ou transitoire,
dont la finalité importe moins que le processus
menant à sa réalisation. Des actions collectives
menées dans la nature du groupe japonais The
Play aux visites guidées de Tokyo pour une
pieuvre de Shimabuku, des pierres enveloppées sous papier de Susumu Koshimizu à
celles de Jimmie Durham jetées sur des objets
de consommation, cette exposition pose la
question de démarches collectives ou individuelles qui soulignent par leur engagement et
leur recherche, une attitude et un esprit dont le
jeu, la sincérité, l’économie et la poésie
Au Pôle des Langues et Civilisations
Qu’ils soient organisés par l’INALCO ou la
BULAC, voici une courte liste de conférences
et colloques, qui auront lieu à l’auditorium et
qui pourraient bien vous intéresser !
les 1er et 2 juin : Conférence sur l’enseignement
du chinois
les 8 et 9 juin : Plurilinguisme en migration et
pédo-psychiatrie : le cas de la communauté du
Zhejiang à Paris
le 14 juin : Cinq ans d’engagement pour l’accès
au livre et à la lecture dans le monde (17h3019h)
Les 14 et 15 juin : Littérature et politique dans
le monde turc
le 19 juin : De la carte au territoire : les nouvelles
frontières de l’Asie Centrale (18h30-20h30)
semblent aujourd’hui essentiels.
Alexis B.
À Paris
Voici une nouvelle liste non-exhaustive de conférences et expositions prenant place dans la
capitale au mois de juin !
Le 30 mai : découverte de collection, Chine
(Musée Guimet)
Le 7 juin : découverte de collection, Japon (musée Guimet)
le 8 juin : Les fouilles franco-tadjikes à Sarazm
: la rencontre de mondes anciens en Asie centrale aux IVe - IIIe millénaires avant J.-C. (à
12h30, le Louvre)
Le 30 juin : Monarchie et maoïsme au Népal
(Musée Guimet)
Jusqu’au 5 juillet : Mascarades et Carnavals
(Musée Dapper)
Jusqu’au 28 juillet : Kimonos d’enfants, collection de Kazuko Nakano 1870-1920 (Bibliothèque Forney)
Nous vous recommandons tout particulièrement :
Du 7 juin au 5 août : Le Mont Fuji n’existe pas
(Le Plateau)
L’exposition dérive du mono no aware, principe littéraire japonais, et pose l’hypothèse d’un
rapport sentimental à l’œuvre d’art comme
13
Société
D’Internet à la rue : l’expression se libère
en Russie
« Le pouvoir a peur parce que nous n’avons
plus peur » a dernièrement résumé l’ex-champion du monde russe d’échecs, Garry Kasparov.
Depuis les élections législatives russes du 4
décembre dernier, dont l’issue s’est traduite par
la victoire du parti poutinien Russie Unie avec
49% des voix, les journaux du monde entier relatent et retransmettent les récits et images des
manifestations émergentes en Russie contre
le système Poutine, manifestations réprimées
via le discours et les actes par les autorités. Les
fraudes électorales, constatées lors de ces dernières élections, ne datent pourtant pas d’hier en
Russie. Déjà en 2004, à propos des présidentielles ayant reconduit Poutine pour un second
mandat, l’OSCE (l’Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe) condamnait
un processus électoral qu’elle apparentait à une
« régression démocratique ».
Dès lors, pourquoi le peuple (ou pour l’instant
du moins, une partie du peuple) ne commencet-il que maintenant à manifester son désaccord
avec le système en place depuis presque vingt
ans ? La première réponse tient en ce que les
dites élections n’avaient en réalité pour unique
finalité que d’asseoir le nécessaire soutien politique à une situation orchestrée par les actuels
président et premier ministre, au mépris de
l’avis du peuple. Les deux hommes ont en effet
déclaré, non sans un certain amusement, que la
nomination de M. Medvedev en 2008 à la présidence devait principalement servir à mettre en
place une réforme constitutionnelle permettant
à M. Poutine d’être de nouveau élu pour deux
mandats présidentiels. Dans une perspective
favorable, il s’agirait alors pour l’ex directeur du
KGB Vladimir Poutine de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2024. En contrepartie, M. Medvedev lui, se verrait à nouveau confier le poste de
Premier ministre. Il va sans dire que la finalité
d’ordinaire démocratique des élections, de surcroît législatives, a en l’occurrence été plus que
balayée d’un revers de deux mains.
La seconde raison qui explique une réaction
populaire si tardive relève du déroulement
même de ces élections, particulièrement frauduleuses.
Au-delà de la question des causes de fond, se
pose celle des causes de forme : comment la
contestation s’est-elle diffusée ? La présence de
l’ONG Golos (financée par les Etats-Unis) et
d’observateurs de l’OSCE ont permis une dénonciation de « fraudes massives » à l’échelle
planétaire. Mais qu’en est-il de la diffusion interne à la Russie ? Le pays est en effet un cas
hybride en matière de liberté de l’information.
Sur ce point, la Russie se plait à s’autoériger en
démocratie, ce qui n’est vrai qu’en comparaison
avec le régime soviétique. En effet, le pouvoir
exerce une stratégie de contrôle des médias
consistant en une sélection des médias à contrôler, sur laquelle il convient ici de s’interroger.
Comment cette stratégie étatique s’est-elle finalement retournée contre le pouvoir, et plus particulièrement contre Vladimir Poutine ? Pour
y répondre, il est nécessaire de dresser un tableau du contrôle exercé sur la télévision et sur la
presse par l’Etat, puis d’analyser le manque de
contrôle d’Internet, source de la contestation.
La formule de Marshall McLuhan « the medium is the message » s’impose parfaitement à la
situation des chaînes de télévision russes. C’est
le gouvernement qui s’exprime à travers ORT
et RTR. Lorsqu’un Russe regarde la télévision,
il sait que c’est le message du gouvernement
qu’il écoute. La télévision en Russie, hors télévision satellite, est essentiellement étatique. Les
informations diffusées sont des informations
officielles. La dernière émission de reportages
critiques, Namedni, diffusée sur NTV, vient
d’être déprogrammée, ainsi que son responsable limogé et ce, au profit de la publicité et des
émissions de divertissement. Profits publicitaires, détournement de l’esprit du citoyen vers
des programmes légers et présentation d’un
Poutine qu’il faut craindre, tels sont les objectifs des chaînes de télévision russes.
14
À côté, la presse est soumise à un contrôle partiel mais capital. À la différence de la Chine,
où les journalistes reçoivent chaque matin une
liste de sujets à ne pas traiter, la presse russe
dispose en principe d’une liberté d’expression
semblable à celle des démocraties occidentales.
Néanmoins, la pratique s’avère davantage contraignante. S’il est loisible aux journalistes de
critiquer certaines actions du gouvernement,
de publier des opinions contraires aux messages officiels, il existe néanmoins des sujets tabous (les réalités du pouvoir autour de Poutine,
Kadyrov en Tchétchénie, le terrorisme, etc.)
dont le traitement peut conduire leurs auteurs
à des fins tragiques. Il s’agit également pour les
journalistes d’entretenir non plus une Russie
mythique comme sous le régime soviétique,
mais la distance verticale entre le peuple et le
pouvoir. Comme lorsqu’il regarde la télévision, le peuple ne doit pas se sentir proche du
pouvoir et doit même le craindre. Toute tentative de montrer les dirigeants sous un angle
divergent engage la responsabilité de celui qui
agit. C’est ce qu’illustre le limogeage en décembre dernier du rédacteur en chef et PDG du
pourtant très respecté journal Kommersant
Vlast à la suite d’une une et d’un article relatifs
aux fraudes lors des législatives de décembre
dernier. La une montre un Poutine solennel,
debout devant une urne. Dans un clair-obscur
masquant son regard baissé sur l’endroit prêt
à accueillir les bulletins (ou prêt à être bourré
de bulletins) qui lui permettront d’asseoir son
ambition politique pour les années à venir, le
premier ministre apparaît à la fois puissant et
faible. Le caractère frauduleux des élections ne
fait que traduire l’incertitude du dirigeant de
Russie Unie quant à leur issue si celles-ci devaient se dérouler de manière légale. Le symbole de l’image est fort. À côté, on y lit « победа
единовбросов », jeu de mots associant victoire de Russie Unie et bourrage des urnes. À
l’intérieur de l’hebdomadaire, un reportage est
illustré par la photographie d’un bulletin de
vote invalidé sur lequel il est inscrit « Poutine
va te faire foutre ». La publication de cette photographie, aussi insultante soit-elle, ne justifie
cependant pas une mesure aussi disproportionnée que le limogeage du rédacteur en chef,
et ce d’une part parce ce qu’elle illustre parfaitement le propos de l’article, et, d’autre part,
parce ce qu’elle ne signifie en rien l’adhésion du
journaliste à l’opinion qu’elle véhicule. Le message passé par l’État est alors fort : aucune expression ne doit venir contredire ou critiquer
la politique du Kremlin en matière d’élections
nationales.
C’est alors qu’à côté se distingue Internet.
Contrairement aux deux autres médias, celuici n’est assujetti à aucun contrôle majeur. Le
pouvoir croyait même en maîtriser les rouages.
Par exemple en faisant apparaître sur Google
des blogs étatiques en haut de la liste de recherches, ou encore en créant des comptes
Facebook à ses dirigeants, à l’instar de Barack
Obama aux Etats-Unis ou plus modestement,
de Nicolas Sarkozy en France. Internet n’a jamais été considéré comme une menace par
Poutine. Pendant longtemps, seules les grandes
villes disposaient d’un équipement ordinateur/
Internet, le reste du pays étant principalement
livré à la télévision. De même, le régime a analysé le média comme un système individuel,
où la personne est derrière un écran, assise sur
une chaise dont elle ne se lèvera a priori pas
pour concrétiser ce qu’elle publie sur la toile
ou lit sur son écran. C’était sans compter sur
le développement fulgurant des réseaux sociaux et sur le développement, même lent,
dans les provinces de l’accès à Internet. N’étant
pas contrôlé, Internet, qui jusqu’à présent était
réservé en Russie principalement à une élite
intellectuelle, a finalement permis de lever le
voile sur des situations mises en scène par le
pouvoir. C’est ainsi que les chaînes de télévision russes ont diffusé le 20 novembre dernier
(quelques semaines avant les élections) des
images de Poutine saluant les mérites des participants d’un combat de boxe dans une ambiance, dirons-nous, sage. Il a fallu attendre que
la vidéo soit postée sur Internet pour constater
les sifflements et huées de la foule à l’encontre
du premier ministre, alors quelque peu troublé. Mais l’importance et l’impact d’Internet
se sont véritablement fait sentir le 4 décembre
dernier, au moment des désormais fameuses
élections législatives. En effet, des dizaines
d’internautes ont posté des vidéos témoignant
de la fraude régnant alors en maître. La toile a
pu entamer son essor. Le phénomène a pris une
telle ampleur que le pouvoir a été contraint de
réagir. Pour réfuter ces accusations absurdes, le
Kremlin considère que la quantité de bulletins
frauduleux n’aurait en rien modifié la victoire
à 49% de Russie Unie. Y verrions-nous là une
reconnaissance tacite ? De toute évidence, la
machine Internet est aujourd’hui en marche et
ce jusque dans la rue. Des blogueurs opposants
gagnent au gré de leur discours en popularité, à
l’instar d’Alexei Navalny.
15
N’oublions pas que le « printemps arabe » a pu
aboutir en grande partie grâce aux réseaux sociaux. Il reste que le mouvement contestataire
en Russie apparaît disparate car composé de
groupes hétérogènes (jeunes blogueurs, communistes ou opposants politiques concentrés
sur le système) desquels ne parvient pas à
s’extraire, pour le moment, un leader suffisamment charismatique pour faire face à l’ancien
dirigeant du KGB.
Claire T.
Associatif
Le samedi 6 octobre 2012 aura lieu la grande journée culturelle de l’INALCO.
Nous avons besoin de votre aide !
Vous faites de la musique ? De la danse ? Du chant ? Vous êtes un pro des arts martiaux ou un
comédien en devenir ? Faites-vous connaître et devenez acteur de cet évènement !
Toutes vos idées et suggestions (y compris pour le choix du nom de cette journée) sont les
bienvenues à l’adresse du journal : [email protected]
Date limite des propositions : 5 juin 2012
16
Société
Voyage Outre-Atlantique
Ce n’est pas de Barack Obama et de sa campagne dont il sera question, ni même de
l’obésité connue et toujours aussi consternante
d’environ 34% de la population adulte, ou encore le retrait des troupes d’Irak. Je vais vous
parler de l’Amérique dont on rêve et dont on ne
peut témoigner qu’une fois vécue, celle dont la
culture fluctue d’État en État, dont les communautés sont aussi nombreuses que variées, dont
la musique et même la cuisine (pas forcément
connue de tous) lui sont propres.
Bien sûr, en tant que jeune étudiant parisien de
Langues O’ aux deux fêtes étudiantes par an,
sans club sportif, et à lla mentalité de collégien
ambiante, je n’ai pu que reconnaître en me
rendant sur pas moins de trois campus universitaires les différences fondamentales qui font
que là-bas, un campus n’est pas moins grand
grand qu’un village français, campus où il faut
bien une voiture de minigolf pour aller d’un
bout à l’autre, ou même un vélo est le minimum
syndical pour se déplacer du campus aux salles
de cours (dispersées dans tout Atlanta) ou bien
au sport. Et puis, tous ces étudiants arborant le
même pull aux couleurs de leur université avec
fierté et ces grandes maisons étudiantes participent à la création d’une atmosphère, à la création d’une communauté. Tout jeune Français
serait impressionné devant le nombre de lycéens américains conduisant leur voiture à l’âge
de 16 ans tout juste, et des quinze dollars tout
ronds qu’il faut débourser pour l’obtention de
son permis . La quantité incroyable d’activités
et de choses à découvrir pourrait même nous
rendre jaloux, bien que nous ne sommes loin
d’être à plaindre…
On ne peut que vibrer lorsque l’on touche pour
la première fois ce sol et ce quelque soit la destination, de Los Angeles à Miami en passant
par le Texas, la Nouvelle-Orléans, la Géorgie
ou L’Alabama. Les taxis à l’extérieur, les agents
vêrus d’uniformes bleus de la « Homeland Security » (Sécurité Nationale) et leurs interminables interrogatoires, aussi fastidieux qu’inutiles,
après des heures de vol, tout comme les fouilles
aléatoires de bagages pour vous faire comprendre qu’ici, le rêve n’est pas si facile. En bref, « bienvenue aux Etats-Unis » diront certains agents
au dixième polyglotte à l’accent inaudible malgré l’effort notable ! Mais passons, le fait est que
ce pays éveille une passion, une vibration, lorsque l’on se perd dans les rues de’Atlanta, New
York ou encore Los Angeles, et que chaque
passant prendra le temps de vous expliquer
votre chemin en vous proposant de vous accompagner tout en faisant la conversation sur
la France. Tomber face au musée Martin Luther
King, Times Square ou l’enseigne Hollywood,
découvrir et comprendre ce pays, à commencer
par, selon mon parcours, un État : la Géorgie. Il
faut d’abord aller au contact de ses communautés, de ses quartiers hispaniques aux panneaux
publicitaires en langue étrangère où, malgré
les clichés de gangs bien connus, même un
afro-américain est le bienvenu. Puis, allons au
« Downtown » d’Atlanta où les quartiers noirs
défavorisés sont à un trottoir des plus grands
quartiers d’affaire. C’est à cet instant que l’on
commence à comprendre que, là bas, peu importe qui l’on est ou d’où l’on vient, on est né
Américain. (De même pour laïcité qui malgré
le fameux 09/11 n’est pas un sujet chaud chez
nous, en sommes l’esprit communautaire malgré la couleur et la croyance et aux antipodes de
celles que nous connaissons.)
Comment parler des États-Unis sans bien sûr
mentionner cette sensation de « gigantisme »
général, que ça soit à propos de la nourriture,
qui offre une variété incroyable selon les États
et les cultures ; des bujitos aux fajitas, du poulet
frit à la purée avec des « mac’n’cheese » (pâtes
au fromage) afro-américain, en passant par les
côtes de porc au caramel grillé accompagnées
de crevette frites. Les choses à essayer, goûter et
voir pour un touriste curieux sont simplement
infinies, il y tellement de choses, et il y aura
toujours de nouvelles choses qui arriveront,
c’est un peu cette magie qu’évoque chaque visiteur. Sans oublier l’immense des buildings, des
voitures et même des gens (eh oui, la pointure
47 s’en va très vite !) comparé à cette « retenue »
française, qui nous libère, face à laquelle on se
sent de souffler un bon coup devant tout cet espace, mais que l’on a quand même du plaisir à
retrouver, tout comme nos viennoiseries, nous,
éternels râleurs.
17
Il faut du temps pour vraiment découvrir une
ville américaine, de telle manière que mes trois
séjours en Georgie ne m’auront pas suffit, et je
dirais même qu’il faudrait certainement plus
d’une vie pour connaître tout le pays.
Mouhamadou S.
Cuisine
Bubble Tea
J’ai découvert les bubble tea (ou boba tea) il y a
de cela deux ans, par un ami qui m’en avait fait
goûter dans un petit salon de thé. Ayant plutôt
bien apprécié, je me suis dit que je pourrais les
faire moi-même, et que cela pourrait être original lors d’un après-midi entre amis ou même
juste pour le plaisir. Tout le monde n’aimera pas
forcément la texture peu commune des perles
de tapioca, mais ceux qui aiment pourront se
faire plaisir sans sortir de chez eux et pour pas
cher.
Le bubble tea a été inventé il y a une vingtaine
d’années à Taïwan où il rencontra un franc succès. La mode du bubble tea se propagea petit
à petit ailleurs en Asie avant d’arriver enfin
jusqu’à nous. Le concept, assez simple, consiste en un thé servi dans un grand verre, dans
lequel on ajoute des perles de tapioca, et que
l’on déguste chaud ou froid a l’aide d’une paille.
ration du thé.
Ensuite, retirer la casserole avec les perles de
tapioca du feu et laisser reposer une dizaine de
minutes pour qu’elles gonflent. Puis les égoutter et les rincer sous l’eau froide. Préparer un
bol avec le sucre roux et mettez-y le tapioca
pour le tapisser de sucre.
Remplir à moitié deux verres (ou tasses) de
thé, puis compléter avec le lait de soja. Si vous
n’aimez pas le lait de soja, vous pouvez vous en
passer, on reste toujours dans l’esprit du bubble tea quand même. Enfin, répartir les perles
de tapioca dans chaque verre. Pour le boba tea
froid, ajouter la glace pilée ou les glaçons. Et
voilà, vos boissons sont prêtes !
Donc il faut, dans un premier temps, réunir
les ingrédients que l’on trouve aisément dans
le quartier chinois ou encore dans une épicerie
asiatique, au même titre que les pailles (ici pour
2 verres ou tasses) :
- 30 cL d’eau,
- 30 cL de lait de soja,
- un sachet de thé (généralement vert ou noir,
mais on peut aussi prendre du thé aromatisé),
- 5 cuillères à soupe de billes de tapioca,
- 3 cuillères à soupe de sucre roux,
glace pilée ou glaçons.
Pour les gourmands qui souhaiteraient des
saveurs un peu plus exotiques, on peut également ajouter certains arômes que l’on trouve
dans le commerce, ainsi vos boissons ressembleront plus à celles que l’on trouve dans les
salons de thé.
On peut également faire soit même les perles
de tapioca et ainsi pouvoir en varier les formes,
mais n’ayant pas encore essayé, je ne peux vous
en dire plus pour le moment.
Passons maintenant à la recette en elle-même...
Pour commencer, prendre une casserole qui
n’attache pas afin de faire bouillir de l’eau. Lorsque l’eau bout, y mettre les perles de tapioca.
Elles mettent environ une demie heure à cuire.
Si vous ne faites pas attention au temps de cuisson, lorsqu’elles seront cuites elles deviendront
transparentes. Bref, vous pouvez alors passer à
l’étape suivante. Pendant la cuisson, ne pas oublier de touiller régulièrement afin que cela ne
colle pas au fond de la casserole et pour vérifier
qu’il y a encore assez d’eau.
Pendant que les perles sont sur le feu, préparer
le thé que vous avez choisi et le laisser refroidir
si vous voulez un boba tea froid . Si vous le
préférez chaud, attendez que les perles soient
presque cuites pour vous occuper de la prépa-
Et enfin, si certains ne se sentent pas prêts à se
lancer dans la préparation de cette boisson, je
vous donne quelques adresses où vous pourrez déguster des boba tea aux saveurs quelques
fois surprenantes: Boba Tea Coffee, 44 avenue
d’Ivry, Centre commercial Les Olympiades,
75013 (pour celui là, je vous conseille le milky
miel au thé vert) ; Zen Zoo, 2 rue Cherubini,
75002 ; Bubble Tea, 15 Rue Belleville, 75019.
Edwina R.
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© La Maison Bubble Tea
Associatif
Rejoignez une de vos associations !
Que ce soit dans un de vos départements,
au journal, ou bien au Bureau des Étudiants, rejoindre une association étudiante
est une expérience plus que valorisante qui
vous permet de vous investir dans un projet global ou plus particulier. Si une activité
ou un projet vous tient singulièrement à
coeur, vous pouvez même venir le proposer
à l’association que vous jugerez la plus appropriée pour vous aidez à le ou la mettre en place.
Cette année, malgré la désorganisation liée au
déménagement aux Grands Moulins, fut enrichissante et de nouvelles assos ont pu se structurer, tandis que d’autres pourraient être sur
le point de disparaître. Des projets comme la
journée de la Corée, de l’Indonésie, la fête russe,
la Journée du Goût ou encore les soirées du Bureau des Étudiants ont pu être organisées grâce
aux personnes qui s’investissent dans vos associations. Il ne tient donc qu’à vous, étudiants,
d’améliorer la vie estudiantine à l’université en
vous nvestissant au sein d’une équipe motivée
!Mais il est temps de faire un point rapide sur
ces associations présentes cette année et l’année
prochaine.
- Langues zOne : le journal étudiant de la fac, créé en avril 2005 et donnant la parole aux étudiants qui souhaitent s’exprimer sur une langue, une culture, ou simplement sur l’université en
elle-même. [email protected]
- WEAST : l’association en charge de la zone Asie du Sud Est, elle organise chaque année divers
évènements en rapport avec cette région. Ses membres ont également organisé et interprété, avec
la participation de l’ONU, la pièce de théâtre de Tagore nommée Chitra. [email protected]
- Dejima : l’association du département Japon qui met en place chaque année un club d’échange
franco-japonais grâce étudiants japonais, ainsi que du tutorat, etc. [email protected]
- Becak : l’association des étudiants d’indonésien de l’INALCO qui organise régulièrement des
projections de film, des visites d’expositions, des déjeuners, et, entre autres, une fête de l’Indonésie.
- O’Korea : l’association des étudiants en coréen organise la journée de la Corée, des concours et
diverses soirées autour du thème, toujours, de la Corée. [email protected]
- Asmahan : l’association culturelle des études d’arabe propose chaque mois des sorties culturelles et des tarifs préférentiels en rapport avec l’agenda que l’association met en place chaque
année. [email protected]
- PROMETHEI : les étudiants de la filière HEI (Hautes Études Internationales) se sont réunis
sous la bannière d’une association pour promouvoir leur filière, et cela grâce à l’organisation et à
la participations de conférences sur les Relations Internationales, ainsi qu’au forum professionnel
de l’INALCO. [email protected]
- AESCI : l’association des étudiants en langue cambodgienne (khmère) qui organise tout au long
de l’année des projections de films et documentaires, entre autres. [email protected]
- Chin’alco : la toute dernière association créée à l’INALCO, et qui concerne le département
Chine. [email protected]
Le BDE continue de grandir !
Suite à ses débuts en octobre dernier, le Bureau des Étudiants des Langues O’ souhaite
se diversifier et souhaite monter plusieurs équipes de sport structurées pour pouvoir les
inscrire à la rentrée dans les différentes ligues universitaires. Les sports concernés sont le
futsal, le basketball et le football américain. Certains entraînements ont par ailleurs déjà
débuté. Plus d’infos en nous contactant à [email protected] ou sur notre page Facebook
BDE Langues O.
Vous souhaitez rejoindre notre pôle culturel (qui s’occupe des partenariats et évènements
culturels du BDE), contactez nous à [email protected].
Venez également nous rencontrer au local 2.03 !
Alexis B.
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Annonce
Langues zOne et le Bureau des Étudiants sont fiers de vous annoncer la tenue de leur premier concours photo.
Il aura lieu du 1er juin au 1er octobre 2012 !
Le règlement du concours est disponible sur le blog du BDE :
bdelangueso.blogspot.com
Le concours aura pour thème : le Voyage.
Profitez de vos vacances et de vos escapades pour participer à cette
première édition, dont les trois premiers lauréats remporteront chacun un prix (prix qui seront dévoilés le 1er juin sur le blog du BDE).
Un choix plus large de photographies seront sélectionnées pour être
exposées dans notre bâtiment des Grands Moulins !
Les gagnants, quant à eux, seront invités à venir retirer leurs prix lors
de la grande Journée Culturelle du 6 octobre 2012.
Vos clichés sont à envoyer à l’adresse [email protected] dans la
limite de deux exemplaires par participant.
À vos appareils !
Profitez également de vos vacances pour nous écrire et nous envoyer
vos récits de voyage et vos articles !
Chaque article doit faire 4000 caractères (espaces et ponctuation
compris) pour un article d’une page, tandis qu’un texte de deux
pages doit contenir 8000 caractères.
Plus de renseignements à l’adresse [email protected] !
Le Journal est à la recherche d’un illustrateur et un webmaster (dans
l’optique de la création d’un site web permettant de traiter plus aisément l’actualité), ainsi que, bien évidemment de rédacteurs, réguliers
ou ponctuels.
Envie de nous rejoindre ?
Toujours pareil : [email protected] !
Langues zOne et le Bureau des Étudiants partagent désormais le même
local associatif : le 2.03 !
Il est situé dans le couloir des associations, qui est lui-même situé entre
la terrasse et l’escalier du deuxème étage.
Bonnes révisions et bonnes vacances !
Et retrouvez dès la rentrée prochaine le numéro 27 de votre journal
préféré ainsi qu’un numéro spécial Folflore Étudiant, de son apparition en Italie il y a plus d’un siècle, jusqu’à son arrivée en France et aux
Langues O’.
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Langues zOne
DIRECTEUR DE LA
PUBLICATION
Alexis BARBIN
RÉDACTEURS
EN CHEF
Alexis BARBIN
Benjamin ENOU
ONT COLLABORÉ
(TEXTES)
Alexis BARBIN
Florence BARGÉ
Étienne BRETON
Thomas EXBRAYAT
Maxime GOTESMAN
Edwina RICHARD
Mouhamadou SECK
Claire TARTARIN
Karine TOLLARI
Sam & Lulu
ONT COLLABORÉ
(IMAGES)
Rosie BAKER
Maxime GOTESMAN
CORRECTION
Alexis BARBIN
Sophie GAUTHIER
GRAPHISME
(COUVERTURE)
Bénédicte ENOU
(MISE EN PAGE)
Alexis BARBIN
ÉDITEUR
Langues zOne
(association loi 1901)
IMPRIMEUR
Inalco, 65 rue des
Grands Moulins,
75013 Paris
D’après la loi de 1957,
les textes et illustrations
publiés
engagent
la
seule responsabilité de
leurs
auteurs.
L’envoi
de textes, photos ou
documents implique leur
libre utilisation par le
journal. La reproduction
des textes et dessins
publiés est interdite. Ils
sont la propriété exclusive
de Langues zOne qui
se réserve tous droits
de reproduction.
ISSN : 1774-0878

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