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© Alain Bénard - CASH de Nanterre Photos fournies par le CASH de Nanterre 162 DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 reportage © CASH de Nanterre Le Centre d’accueil et de soins Nanterre de © CASH de Nanterre hospitaliers La Bourse ou la Vie Bien sûr, tous les hospitaliers savent parfaitement que le CASH n’a rien à voir avec la Bourse. Pour autant, l’originalité du Centre d’Accueil et de Soins Hospitaliers de Nanterre n’en justifie pas moins que l’on se penche avec plus d’attention sur ce « Centre Hospitalier » pas comme les autres ! DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 163 REPORTAGE DH : CASH de Nanterre (Hauts-de-Seine) L’image du CASH Se recentrer sur nos missions principales et nos savoir-faire et contribuer à une image positive du CASH de Nanterre Entretien avec Brigitte de la Lance Directrice générale DH MAGAZINE – Le CASH de Nanterre est-il un par le tramway. Le projet d’une seconde ligne de tram- établissement comme les autres ? way qui dessert l’Est Parisien est déjà bien engagé et Brigitte de la Lance − Pas tout à fait. Le CASH son tracé passe devant le CASH. Ce sont là des leviers de Nanterre est un établissement unique et attachant. importants pour l’accessibilité de la population à la santé. Il a une double vocation : sanitaire mais aussi sociale proximité, il assure une prise en charge qui évolue en Comment gère-t-on un établissement tel que le CASH ? fonction des besoins de son bassin de population. Paral- C’est un établissement complexe. Nous gérons dix bud- lèlement, le CASH a développé un savoir-faire reconnu gets différents pour un total de 130 M€, mais une seule en matière de santé publique : l’accessibilité aux soins section d’investissement et une seule trésorerie. La et d’hébergement pour les populations en situation de diversité de nos activités explique la multiplicité de nos grande précarité. financeurs. Le CASH vit avec son histoire et son archi- et médico-sociale. En tant qu’établissement de santé de tecture qui influent et pèsent sur l’activité et l’organisaLe CASH est implanté dans le quartier du « petit Nan- tion au quotidien. L’établissement a un lourd passé de terre », un melting-pot riche culturellement, mais lour- déficit financier et met en œuvre depuis 2012 un Plan dement impacté par la crise et marqué par les problé- de Retour à l’Équilibre Financier (PREF) d’un montant de matiques de faible niveau de vie et un climat de violence 16,4 M€ pour un budget principal de 90 M€. Le PREF sociale. Le nord des Hauts de Seine est une zone écono- a été prolongé jusqu’en 2016. Le CASH est également miquement fragile en comparaison avec la moyenne du intégré au programme ARES*. département. Aussi, les spécificités de l’établissement sont-elles poussées à l’extrême avec un panel d’activi- Nous avons engagé la rationalisation des process de ges- tés très diversifié. tion en réorganisant les différents secteurs administratif, technique et logistique. Nous développons l’adaptabilité * ARES : Accompagnement régional des établissements sensibles 164 Dans le cadre du projet « Grand Paris », la Ville de Nan- de nos moyens, en particulier les effectifs à l’activité, terre a déployé un plan local d’urbanisme et réalisé des en créant des synergies entre les différents services et opérations de reconstruction visant à favoriser la mixité la mutualisation des capacités. Parallèlement, nous me- sociale. On relie le quartier de La Défense en cinq mi- nons une réflexion architecturale qui doit combiner une nutes et nous sommes à 20 minutes du centre de Paris réelle ouverture sur la ville et les contraintes de notre DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 © Benjamin Smith - Wikipedia.org © fr.wikimini.org © Zinneke - Wikipedia.org REPORTAGE DH : CASH de Nanterre (Hauts-de-Seine) Cité Pablo Picasso (ci-contre), La Défense et Place Gabriel Péri (ci-dessus) activité sociale qui nous amène à recevoir une population très fragilisée ayant besoin de protection. Quels sont les choix stratégiques pour développer et faire émerger le CASH ? Le CASH a développé un savoir-faire reconnu en matière de santé publique : l’accessibilité aux soins et d’hébergement pour les populations en situation de grande précarité. En conformité avec les exigences du Ministère de la Santé, la stratégie du CASH est fondée sur le repositionnement de l’offre du CASH en complémentarité avec les autres acteurs du territoire, en favorisant le retour à l’équilibre et donc la consolidation de la structure. Et plus concrètement... Tout d’abord, il s’agit de simplifier la structure pour minorer les coûts. Le CASH est un établissement pavillonnaire comportant une trentaine de bâtiments sur 17 Ha. Nous favorisons le regroupement des structures et des activités afin de simplifier les parcours et les flux de patients. Trois opérations de rénovations ont déjà abouti. D’abord, un bloc opératoire neuf, inauguré en 2009 avec sept salles d’opération. Ensuite un EHPAD de 248 lits et Cependant, tout ne s’arrête pas au « Bâtiment 21 » ? Non, bien sûr (rires). Ce qui est important, c’est aussi de se recentrer sur nos missions essentielles, nos savoir-faire et redimensionner nos capacités L’Hôpital de Nanterre est un hôpital de proximité, généraliste, qui développe la prise en charge en ambulatoire, en médecine et en chirurgie. Pour le pôle social, les activités seront recentrées sur l’hébergement d’urgence et la médecine sociale avec une équipe pluridisciplinaire et transversale. Le pôle d’évaluation sociale, médicale et psychiatrique joue un rôle majeur dans l’orientation des résidents. Ce projet se construit avec des partenariats forts notamment avec le CH Louis Mourier de l’AP-HP*3 enfin le futur pôle hospitalier qui sera réceptionné dans pour le pôle hospitalier et, pour le pôle social le SIAO 92 quelques jours et inauguré. Le service des urgences et (Service d’information, d’accueil et d’orientation). les plateaux techniques vont être déplacés pour faciliter En 2016, les sept zones de consultations seront rassem- Qu’en est-il de la gériatrie que vous avez évoquée tout à l’heure ? blées au rez-de-chaussée du pôle hospitalier entièrement Aujourd’hui, nous disposons d’un EHPAD*4 de 248 lits un accès direct à l’accueil et au Bureau des admissions*1. entièrement rénové et installé sur 11 000 m2. L’objectif Avec lui, nous entrons dans le 21 siècle. est de le redimensionner et de l’intégrer dans une filière *2 Aujourd’hui, les sept zones de consultations sont réparties sur différents bâtiments *3 AP-HP : Assistance Publique - Hôpitaux de Paris *1 EHPAD : Établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes ▲ rénové que nous appelons encore le « Bâtiment 21 »*2. *1 Pour accéder au service des urgences, il faut prendre actuellement le « chemin de ronde » et contourner tous les bâtiments, car il n’y a qu’une seule entrée pour accéder à l’ensemble du site. DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 165 REPORTAGE DH : CASH de Nanterre (Hauts-de-Seine) Marchés publics › Construction de bâtiments administratifs ou de collectivité, immeubles, HLM… Secteur tertiaire › Immeubles de bureau, d’habitation, de standing Secteur hospitalier et médical › Hôpitaux, cliniques, laboratoires… Secteur industriel › Usines, sièges sociaux, ateliers… ▲ 57, rue Salvador Allende 95870 BEZONS Tél : 01 39 98 59 00 Fax : 01 39 98 59 01 [email protected] www.agb-gle.fr gériatrique complète comprenant une Unité de Gériatrie Aiguë (UGA) un SRR de 50 lits, 100 lits d’EHPAD, 80 lits d’USLD*1, 8 places en Accueil de jour et un PASA*2. Il existe également une activité pour la maladie mentale... Oui, bien sûr, l’établissement compte 39 lits et 20 places. Nous avons pour projet de développer la filière psychiatrique avec l’accueil de nouveaux secteurs permettant de rapprocher les lieux d’hospitalisation des lieux de REMERCIEMENTS LA DIFFUSION RAPIDE Imprimerie et reprographie 88 rue de Chezy 92200 NEUILLY SUR SEINE [email protected] www.ladiffusionrapide.fr résidence de la population. Le CASH se veut là aussi porteur d’un projet de territoire. Comment garder la vocation hospitalière du CASH tout en renforçant la coopération avec l’hôpital Louis Mourier de Colombes de l’AP-HP. Notre coopération avec l’hôpital Louis Mourier consiste à mettre en œuvre un projet médical commun de coopération organisant les parcours de santé des patients sur le territoire dans les différentes disciplines. Les modalités juridiques de coopération restent à définir. Chaque établissement conserve un service d’accueil des urgences H24, une maternité : niveau 1 au CASH et niveau 3 à l’hôpital Louis Mourier. La réanimation, l’activité lourde de pneu- EMPLACEMENT RÉSERVÉ mologie, l’hospitalisation complète de l’orthopédie sont transférés sur l’hôpital Louis Mourier ; le bloc opératoire de ce dernier assure la permanence des soins la nuit ; celui du CASH de Nanterre accueille la chirurgie ambulatoire pour les deux sites ; le CASH conserve une activité d’USC et développe des spécialités médicales : médecine interne, diabéto-endocrinologie, cardiologie et des spécialités chirurgicales : ORL, OPH, URO, odontologie. 166 DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 © nanterrealite.blogspot.fr REPORTAGE DH : CASH de Nanterre (Hauts-de-Seine) Ne risque-t-on pas une certaine confusion entre les différentes activités des deux établissements ? pour créer un centre de recherche sur l’exclusion sociale Non, pas du tout ! Nous avons, du reste, été particulière- rain de recherche riche pour les étudiants. Nous comp- ment attentifs à ce que l’organisation soit parfaitement tons développer également un partenariat avec l’Institut claire. Sur chaque discipline, un site est « porteur » de Pierre et Marie Curie sur la délégation de compétences et l’activité lourde et assure sur l’autre site des activités la recherche en soins infirmiers afin de répondre aux pro- de consultations avancées et d’explorations en fonction blématiques des métiers « en tension ». Pour les instituts de ses expertises, ce qui suppose la mise en place de de formations (IFSI - IFAS - IPAP) actuellement installés à temps médicaux partagés et une orientation claire des l’extérieur, l’objectif à court terme est de les réintégrer au patients à partir des urgences et des consultations. La sein de l’établissement en développant d’autres cursus communauté médicale du CASH a validé le projet de de formation et un pôle formation continue. et les inégalités d’accès aux soins. Le CASH est un ter- coopération et de complémentarité. Elle commence à mettre en place les prérequis de la coopération : mise Peut-on évaluer les résultats du travail du CASH ? à disposition de temps médicaux, articulation du projet Oui ! Absolument ! Et l’instrument de mesure que je Réanimation/USC et regroupement de services. Je tiens vous propose est, rien de moins, que la HAS. Enfin, à saluer le courage de l’équipe médicale du CASH : les dans le domaine de la certification HAS, il convient de médecins ont compris que toutes les activités ne pou- relever les énormes avancées de l’établissement : cinq vaient être maintenues au CASH et que l’établissement réserves majeures sur le dossier patients, la prise en doit maintenant s’inscrire dans des partenariats qui lui per- charge médicamenteuse notamment, et 10 réserves ont mettent de faciliter la prise en charge et l’orientation des pu être levées en 2 ans et ce grâce à l’investissement et patients. Nous attendons que les instances de l’AP-HP se l’énergie de toutes ses équipes. Le CASH a encore de prononcent sur cette coopération et nous « porterons » « hautes marches » à franchir pour assurer son avenir en ensuite une politique de communication commune. revenant à l’équilibre. Comment donner une image positive du CASH ? Comment allez-vous y parvenir ? Le CASH est un établissement ouvert sur son environne- Comme pour beaucoup d’établissements en diffi- ment. Nous participons à des projets porteurs qui contri- cultés, la mobilisation interne des personnels, des buent à véhiculer une image positive sur les savoir-faire cadres, des responsables de services est très forte, et les expertises reconnues de l’établissement non seu- plus forte que les résistances pour réussir les trans- lement dans les différentes disciplines hospitalières mais formations nécessaires. Le pilotage est constitué aussi pour la prise en charge des populations fragiles. Le d’arbitrages fins entre la maîtrise des moyens, le sou- CASH est en pourparlers avec l’Université de Nanterre tien à l’activité et la préservation du climat social. *1 USLD : Unité de soins de longue durée *2 PASA : Pôle d’activité et de soins adaptés n DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 167 REPORTAGE DH : CASH de Nanterre (Hauts-de-Seine) Toujours aller Une structure unique en France mais avec un patrimoine architecture coûteux… Des mutations rapides, une situation sanitaire mal adaptée à la Tarification à l’activité (T2A),un mode de gouvernance dérogatoire… l’équation du CASH n’est pas aisée à équilibrer ! Entretien avec Dr Luc Rozenbaum, Pharmacien hospitalier chef de service, président de la CME du CASH de Nanterre, président de la commission sur la stérilisation des dispositifs médicaux de l’AFNOR DH MAGAZINE – À bien des égards, le CASH de ments, il existe déjà depuis de nombreuses années des Nanterre est un hôpital original. Comment s’intègre-t-il à son environnement ? collaborations efficientes. Le projet médical commun a Luc Rozenbaum − Le CASH de Nanterre a vécu de 18 juin 2013. Il est en attente de validation par l’AP-HP profondes mutations en peu de temps dans un contexte sans doute sous forme de conventionnement. La coopé- économique contraint. Ses enjeux sont bien plus larges que ceux d’un CH « classique » dont il assure également les missions de proximité. La structure gère sur un même lieu les aspects sanitaires, médico-sociaux et sociaux de la prise en charge de personnes souvent en grande précarité. Une telle structure est unique en France. L’activité de consultation est importante et répond à un véritable besoin de la population environnante. Cette activité s’adosse déjà et devra mieux s’insérer dans le maillage des Centre Municipaux de Santé (CMS) environnants avec lesquels des partenariats privilégiés sont tissés. Si la structure de l’établissement est unique, son mode de gouvernance est également singulier et dérogatoire avec un Conseil d’administration (et non un conseil de surveillance) présidé par le préfet de Police. Qu’en est-il du projet de coopération territoriale avec l’hôpital Louis Mourier ? 168 © Alain Bénard - CASH de Nanterre de l’avant été validé par le Conseil d’Administration du CASH le ration existe dans plusieurs domaines (SIH, IRM, SSR, service des urgences…). Le service d’urologie fonctionne actuellement sur un mode « bi-site », les interventions et l’hospitalisation étant réalisés au CASH et des consultations avancées à Louis Mourier. La garde d’imagerie est commune sur le site de Louis Mourier et les scanners faits de nuit sur le site de l’hôpital Max Fourestier sont télétransmis et interprétés sur le site de Louis Mourier. Comment se décline cette coopération ? Nous améliorons le maillage territorial, le parcours de soins au sein de chacun de nos établissements pour définir, pour le patient, un véritable parcours de santé. L’un des sites sera le porteur de l’activité d’hospitalisation et l’autre bénéficiera des avis, de l’expertise et de consultations avancées. La chirurgie ambulatoire que nous souhaitons développer et de spécialités (ORL, ophtalmologie, urologie) se feront sur le site de l’hôpi- La coopération avec l’hôpital Louis Mourier de Colombes tal Max Fourestier. La chirurgie viscérale, d’urgence, constitue une réelle opportunité pour créer un maillage d’orthopédie seront réalisées, à terme, sur le site de territorial et mettre en place un parcours de santé coor- Louis Mourier. Les spécialités médicales cardiologie et donné des patients. La volonté des équipes médicales diabétologie sont sur le site de Max Fourestier et les porte une offre de soins commune, « bi-sites » complé- praticiens assurent des consultations avancées sur le mentaires, de premier recours sur le bassin de Nanterre- site de Louis Mourier. Pour la pneumologie, l’hospita- Colombes. Si des difficultés subsistent, en particulier en lisation s’effectuera sur le site de Louis Mourier ados- lien avec les structures juridiques des deux établisse- sée à leur réanimation médicale et des consultations DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 REPORTAGE DH : CASH de Nanterre (Hauts-de-Seine) © CASH de Nanterre © CASH de Nanterre Le « Bâtiment 21 » modernisé et rénové Vues d’extérieur et d’intérieur Si la structure de l’établissement est unique, son mode de gouvernance est également singulier et dérogatoire. avancées resteront sur le site de Max Fourestier. Ainsi toutes les spécialités ont été déclinées en un fonctionnement « bi-sites » complémentaires pour optimiser la prise en charge des patients d’un point de vue médical et économique. Cette coopération doit se faire gagnantgagnant ! La reconstruction d’un nouvel hôpital est-elle encore envisageable ? Un tel projet serait irréaliste. Les deux établissements sont complémentaires et nous avons des objectifs communs : une prise en charge sécurisée et la fidélisation d’une clientèle en améliorant, d’une part, la lisibilité d’une offre de soins commune et en améliorant les prestations lors de séjours hospitaliers. Ainsi, pour le CASH de Nanterre un bâtiment a entièrement été rénové. Dans la société actuelle, aucun hôpital n’a les moyens de vivre en autarcie. Il faut mutualiser et développer les complémentarités. Avec l’hôpital Louis Mourier, nous avons intérêt à créer une synergie car c’est la qualité Parlez-nous des activités phares du CASH ? Le CASH réalise 50 % de son activité de chirurgie en ambulatoire. Nous avons développé cette modalité depuis 1997 et nous avons une expertise et un savoir-faire prouvés. Parallèlement, nous avons étendu le PRADO (Programme d’aide pour le retour à domicile) à la chirurgie orthopédique*1. Pour notre patientèle âgée, autour de l’unité de gériatrie aiguë (UGA) nous créons un parcours coordonné, combiné avec un accueil de jour pour les patients avec des problèmes mnésiques et comportementaux. La prise en charge doit être simple et lisible pour les patients grâce à la distinction entre le temps hospitalier, le « temps ville » et le « temps soins de suite ». Par ailleurs, le CASH est précurseur : il a été le premier établissement français à se doter d’armoires Cela signifie-t-il que des activités vont être transférées d’un site à l’autre ? Quelles sont les contraintes auxquelles le CASH est confronté aujourd’hui ? Je dirais plutôt qu’il s’agit de bâtir une collaboration Les contraintes sont doubles. Historiques par l’architec- « bi-sites » et d’introduire une logique de réciprocité et ture des bâtiments qui pèse lourdement sur les coûts lo- de complémentarité, en tenant compte de la démogra- gistiques. Puis, il y a la contrainte financière. Aujourd’hui, phie médicale, des besoins de la population du bassin nous avons investi dans un nouveau bloc opératoire et de vie et de l’évolution des techniques médicales et un bâtiment entièrement rénové ouvert en septembre chirurgicales. 2014*2. Les conséquences de la généralisation de la tari- *2 Le « Bâtiment 21 » a été entièrement rénové et modernisé pour accueillir l’activité d’hospitalisation. La deuxième phase de la rénovation prévue pour une livraison en 2015 va permettre de rapatrier l’ensemble des activités de consultations au rez-de-chaussée du « Bâtiment 21 ». fication à l’activité pour notre établissement, avec une ▲ automatisées et à généraliser l’usage de cathéters pro- *1 PRADO : Programme d’aide pour le retour à domicile. Ce dispositif permet aux patients hospitalisés de retourner plus rapidement dans leur environnement personnel et familial avec la mise en œuvre des aides nécessaires éventuelles. médicale qui fait l’attractivité d’un hôpital. tégés. DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 169 REPORTAGE DH : CASH de Nanterre (Hauts-de-Seine) ▲ absence de trésorerie, se font sentir lourdement. Si la nouvelle direction a mis en œuvre un véritable pilotage, la poursuite du soutien financier par les autorités locales et nationales reste indispensable. L’investissement est nécessaire au développement des activités médicales et chirurgicales, sources de recettes et du maintien de la sécurisation de la prise en charge des patients accueillis au sein de l’établissement. Pouvez-vous nous parler du projet de soins ? J’en parle en l’absence du directeur des soins... Le projet de soins est sous-jacent au projet médical. Nous mettons l’accent sur l’éducation thérapeutique qui constitue un enjeu majeur pour la prise en charge des patients et pour l’activité du CASH. Le projet de soins a deux autres la formation soignante suite aux évolutions réglementaires. Le CASH dispose d’un IFSI de qualité. D’autre part, le déploiement du dossier patient informatisé et tout particulièrement du dossier de soins informatisé va commencer. Du fait du PREF, les tensions dans les équipes sont réelles. Or, c’est en ce moment que la cohésion entre les communautés de professionnels est © Alain Bénard - CASH de Nanterre volets importants. D’une part, il s’agit de faire évoluer primordiale. Le projet de soins est sous-jacent au projet médical. Nous mettons l’accent sur l’éducation thérapeutique qui constitue un enjeu majeur pour la prise en charge des patients et pour l’activité du CASH. dical commun a été voté à une très large majorité par la CME. Les médecins doivent intégrer la dimension économique de leur exercice professionnel et de leur établissement et c’est ainsi qu’on pourra faire évoluer très rapidement le CASH. C’est un véritable changement de paradigme. Comment réagit la communauté médicale face à ces projets ? Le recrutement médical est-il aisé ? Nous avons opté pour le principe du partage des in- Le leadership d’un établissement se mesure à la com- formations. Nous devons trouver un compromis et pétence médicale dont il dispose. Or, il y a des secteurs un consensus. En interne, nous sommes assurés du où le recrutement médical est plus difficile. Je veux soutien ferme de la direction de l’établissement qui a souligner les avantages de la coopération qui permet de construit un véritable projet de pilotage. Le projet mé- résoudre certaines problématiques liées aux métiers et spécialités « en tension ». Et le Développement Professionnel Continu ? Nous avons mis en place un pilotage des axes stratégiques de la formation qui sont en continuité avec les dispositifs précédents. Nous en sommes à l’étape de définition des contenus du DPC. En santé publique, la © CASH de Nanterre formation est un droit mais aussi un devoir. Pour ma part, 170 DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 je suis persuadé que l’ambulatoire aussi bien chirurgical que médical est le premier vecteur du DPC à mettre en œuvre. Cela permettra une amélioration de l’efficience de l’établissement avec une sécurité sanitaire accrue. n REPORTAGE DH : CASH de Nanterre (Hauts-de-Seine) SAMU social La médecine sociale participe à une prise en charge globale, tant sanitaire que sociale. DH MAGAZINE – Créée en 1887, à la fois dépôt entre le sanitaire et le médico-social et il de mendicité et hospice de vieillards, la « Maison de Nanterre », poursuivait un but à la fois humanitaire et d’ordre public... Reste-t-il encore quelques traces de cette période ? a été largement amélioré ! Avant le pôle Jacques HASSIN − Le CASH a longtemps vécu velopper le pôle de médecine sociale ; un temps de stigmatisation dû à son passé. Il est au- les réflexions et le regard éthiques des jourd’hui à l’avant-garde dans la prise en charge des professionnels n’ont pas été inutiles. La personnes exclues, notamment avec la mise en place qualité de l’accueil est reconnue comme d’un pôle de médecine sociale. L’histoire du CASH est excellente et nous n’avons pas à rougir de notre activité. de médecine sociale, nous avions les lits « halte-soins » et des « lits-infirmiers »... Aujourd’hui, nous avons pu créer et dé- aussi étroitement liée à Max Fourestier – dont l’hôpital porte le nom – qui a été à la fois un médecin pneumologue et un médecin de l’hygiène scolaire. Ce praticien a Quel est votre regard rétrospectif sur le SAMU social ? beaucoup œuvré pour le dépistage de la tuberculose et a Le SAMU social est né car le regard sur les personnes qui inventé l’endoscope rigide. Il a aussi créé les classes de vivent dans la rue a évolué. Coluche a contribué à faire neige, véritable innovation pédagogique pour l’époque. prendre conscience de la pauvreté et de l’exclusion, pour Sa devise « Égalité de tous les hommes devant la souf- partie liées à la hausse du chômage. Le pauvre, ce n’est france et la guérison » imprègne toujours les valeurs de plus seulement le « clochard fainéant » qui a fait le choix l’établissement. Max Fourestier a voulu être enterré au de vivre dans la rue... Xavier Emmanuelli et Jacques cimetière du CASH parmi les pauvres qu’il soignait. Parlez-nous du pôle de médecine sociale ? Le pôle médecine sociale participe à une prise en charge globale, c’est-à-dire sanitaire et sociale. Il vient compléter les missions du Centre d’hébergement et d’assistance aux personnes sans-abris (CHAPSA). Pour les personnes sans domicile fixe, l’accès aux soins et aux dépistages est difficile, d’où des pathologies plus sévères dues à un recours tardif aux soins. L’exclusion touche en France 8,5 millions de personnes. Le secteur de médecine sociale ne peut fonctionner en dehors de l’hôpital. Il est temps de dépasser l’opposition entre le sanitaire et le social. Ici, nous pratiquons en réel et au quotidien la synergie sociale et médico-sociale. En effet, je codirige le pôle ; il existe une direction commune avec le chef du pôle Accueil, Orientation sociale et Médico-sociale. Comment fonctionne le pôle ? Le pôle de médecine sociale regroupe toutes les unités sanitaires délocalisées. Au CHAPSA, nous sommes capables, par exemple, d’accueillir une personne sans domicile fixe, de lui faire bénéficier d’un examen de Chirac ont bataillé pour créer le Samu social. La première sortie de véhicule du Samu social s’est faite sous le mandat de maire de Jacques Chirac. C’était encore la période faste et on a créé le Samu social, le 115, les lits infirmiers et l’équipe mobile de précarité. Puis en 1995, c’est la « fracture sociale » et une sensibilisation encore plus accrue des français à l’exclusion. Aujourd’hui, nous vivons une crise grave : les crédits pour le social et les SDF se font rares. Il y a eu une polémique lorsque la télévision est venue filmer le CHAPSA : il a pourtant fallu 20 ans de travail pour valoriser cette prise en charge. La nouvelle problématique sociale concerne maintenant les personnes étrangères atteintes de pathologies graves et pour lesquelles nous avons de moins en moins de latitude pour agir. Le CHAPSA est la dernière structure publique de prise en charge de personnes malades en précarité sociale. Que pensez-vous du Housing first ? À mon avis, la politique du Housing first* n’est pas la panacée, elle ne fait que cacher les pauvres ! ment. Cette modalité de prise en charge n’existe nulle Quelles perspectives pour le pôle de médecine sociale ? part ailleurs. Nous jouons le rôle de dispensaire où les Nous attendons beaucoup de la création d’un Institut médecins généraliste accueillent, de 9 à 18 h, les pa- de la précarité sociale. Nous avons le savoir-faire, il tients sans rendez-vous... On y pratique uniquement la manquait le faire savoir et il arrive avec le futur Insti- médecine générale. Pour autant, il ne s’agit nullement tut de la précarité sociale, fruit de la coopération entre d’un service médical pour pauvres ! Le pôle fait le lien les médecins du CASH et l’Université de Nanterre. scanner en 30 minutes avant de l’orienter très rapide- Entretien avec Dr Jacques Hassin, chef du pôle médecine sociale titulaire d’un DEA en éthique médicale n * Housing first (Un chez soi d’abord) est une expérimentation inspirée des ÉtatsUnis qui propose en première instance un logement aux personnes sans abri souffrant de troubles mentaux et/ou d’addictions. Lancée fin 2010 par le ministère du Développement Durable, au sein du programme Logement d’Abord, l’expérimentation est programmée sur 4 sites : Lille, Marseille, Toulouse et Paris. DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 171 © Alain Bénard - CASH de Nanterre REPORTAGE DH : CASH de Nanterre (Hauts-de-Seine) Les bonnes ressources aux bons endroits Si l’établissement est original, sa structure est également complexe. Le PREF est à la fois un garde-fou et le messager pour une évolution rapide. Entretien avec DH MAGAZINE – La mise en place d’un PREF*1 Hélène Le Roy, Directrice des usagers, indique une situation critique... des finances et du Hélène Le Roy − Disons une situation difficile mais système d’information nullement désespérée. L’une des particularités du CASH est que nous gérons dix budgets ! C’est un facteur de complexité... Les frais de structure représentent plus de 20 % du budget. Ce modèle atypique est lié à la superficie et à l’ancienneté du modèle architectural d’origine ; beaucoup de nos bâtiments sont très anciens* ... La 2 succession de plusieurs exercices déficitaires est à l’origine de ce plan de retour à l’équilibre. Le PREF a été voté par le Conseil d’Administration du CASH en juin 2013. Il a pour objectif une réduction du déficit de 16,4 M€ sur les exercices 2013 à 2016. Cette situation entraîne une perte de notre capacité d’autofinancement et un blocage des investissements. Les causes des déficits sont-elles identifiées ? On peut évoquer la diminution des recettes de MCO*3 *1 PREF : Plan de retour liée à la mise en place de la tarification à l’activité, une à l’équilibre financier baisse de l’activité, qui s’est combinée avec la réduc- *2 Dans un établissement classique, le titre 3 représente 12 à 13 % du budget * MCO : Médecine, Chirurgie et Obstétrique 3 * CPOM : Contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens 4 172 tion des tarifs nationaux. Par ailleurs, l’adaptation des moyens au volume d’activité n’a pas été faite à temps. Quels sont les principaux objectifs fixés au CASH par le PREF ? renégociation avec l’ARS. Il s’agit en premier lieu de parvenir à plus d’efficience dans nos organisations du secteur MCO. Quels gains d’efficience, par exemple ? Nous avons rénové entièrement le « Bâtiment 21 » qui va regrouper les principaux services d’hospitalisation. Mise aux normes DD, la rénovation est importante : elle représente un coût de 21 M€ pour la tranche hospitalisation. Ce secteur sera ainsi mieux calibré avec des ressources humaines adaptées. Pour la seconde tranche, l’évaluation est en cours. En 2016, les lieux de consultations externes seront regroupés : les moyens seront mutualisés, notamment les secrétariats médicaux et l’accueil. Le rapprochement du bureau des entrées et des activités d’hospitalisation et de consultations va permettre de résoudre les problèmes de flux des patients, tout en optimisant les recettes. Mais tout cela ne suffit pas encore... Tout à fait. Le second volet du PREF vise la réorganisation de tous les services support. Nous avons adapté les effectifs aux besoins. Nous n’avons pas hésité à supprimer un poste de directeur adjoint ! Cette adaptation des effectifs, à la baisse, concerne pôles logistiques et techniques, à la DRH, au SIH et au bureau des entrées. Le but est que les bonnes personnes soient affectées Nos objectifs concernent plusieurs domaines et leur réa- aux bons endroits. Nous nous sommes particulièrement lisation passe par la revue des organisations et des pro- attachés à un pilotage rigoureux de la masse salariale. cessus. Le PREF a repris les recommandations émises En termes d’organisation, la réorganisation des services par la Chambre régionale des Comptes lors de sa visite médico-techniques touche la stérilisation, le biomédi- de 2011. Parallèlement, le CPOM*4 est en cours de cal, l’imagerie et le bloc opératoire. Nous redimension- DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 © CASH de Nanterre REPORTAGE DH : CASH de Nanterre (Hauts-de-Seine) nons les effectifs du bloc opératoire tout en optimisant le temps d’occupation des salles... Pour le laboratoire, un rapprochement avec l’hôpital Louis Mourier est en cours. Le CASH participe également au programme Phare et met en œuvre la rationalisation des achats pour des économies ciblées. Comment organiser un PREF au quotidien ? La contrainte la plus importante est celle des effectifs. semble de la communauté professionnelle. Ce n’est pas facile bien entendu ! Notre leitmotiv est d’« aller de l’avant » avec détermination pour parvenir aux objectifs du PREF. Le pilotage de ce plan est thématique avec des chefs de projet désignés par thèmes. Le suivi per- © CASH de Nanterre Les objectifs d’économies sont supportés par l’en- manent des actions est réalisé en interne, tandis que toutes les six semaines, nous avons un suivi avec l’ARS. Au global, une évaluation en continu du projet permet de réajuster les actions. Nous avons, heureusement, obtenu des aides exceptionnelles pour renflouer notre trésorerie ce qui nous permet de « vivre au quotidien ». Nous sommes sur la bonne voie et les bonnes nouvelles commencent à arriver. Nous sommes sur la bonne voie et les bonnes nouvelles commencent à arriver. En 2014, les économies réalisées fixé par le PREF est de 6,1 M€ mais nos prévisions sont Qu’en est-il du système d’information qui est un enjeu national aujourd’hui ? de 6,2 M€. Déjà en 2013, nous avons réalisé des écono- Le déploiement du dossier patient informatisé (DPI) mies de 2,7 M€ contre les 2 M€ attendus. Pour 2015, va démarrer à la fin de l’année 2014. Ceci implique de le montant du PREF est de 5 M€ et de 2 M€ pour 2016. changer les méthodes de travail et d’accompagner ce sont au-dessus des prévisions. Le montant d’économies changement. Quelles sont les prochaines étapes ? Les mois à venir sont jalonnés d’objectifs précis et les Avec le PREF, pouvez-vous encore investir ? perspectives nous encouragent à poursuivre dans cette La capacité d’autofinancement est faible, et ceci est voie du redressement. L’ouverture de l’Unité de géria- nécessairement problématique pour investir. Nous dis- trie aiguë va permettre le développement de ce secteur posons d’un plan pluriannuel d’investissement qui est d’activité et augmenter les recettes. Parallèlement, nous plafonné à 6 M€ jusqu’en 2015, et la quasi-totalité de visons une exhaustivité du codage pour disposer de cette enveloppe est absorbée par le projet du « Bâti- toutes les recettes correspondant à notre activité. Après ment 21 ». C’est ici que le PREF prend toute son impor- plusieurs mois de vacances, le poste de médecin DIM tance pour retrouver des capacités d’investissement et a été pourvu et nous travaillons sur la base du dialogue faire évoluer la structure de l’établissement. et de la pédagogie avec les équipes de codage. En ce THOS pour obtenir le forfait soins global qui correspond Comment sont financées les activités de médecine sociale du CASH ? à la réalité de la prise en charge. Nous travaillons à sortir Nous percevons la dotation MIG*6 précarité car nous de la tarification partielle. Le renforcement de la qualité accueillons, en nombre très important, des « patients du dialogue de gestion avec nos interlocuteurs, la mise précaires ». Cependant, la prise en charge de la préca- en place d’outils de suivi par pôle et le renforcement rité n’est pas compensée intégralement par les crédits du contrôle de gestion interne, constituent les objectifs MIG. Par exemple, les créances irrécouvrables liées actuels de la DUFSI* . aux patients insolvables pèsent sur notre trésorerie. qui concerne l’EHPAD, nous allons réaliser la coupe PA- 5 n *5 DUFSI : Direction des usagers, des finances et du système d’information *6 MIG : Mission d’Intérêt Général DH Magazine 150 / 1er trimestre 2015 173