GO WEST - Redbird
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PAYS : France RUBRIQUE : Levenenment PAGE(S) : 20 DIFFUSION : 192749 SURFACE : 84 % JOURNALISTE : Sylvain Rolland PERIODICITE : Hebdomadaire 31 mars 2016 - N°166 GO WEST La troisième promotion du programme d’accélération ubi i/o, mené par Business France et Bpifrance, a été dévoilée. Dix-huit pépites françaises, dont Lima, Qowisio, iTrust, S4M ou encore Redbird, font partie de cette promotion prestigieuse et vont s’immerger durant dix semaines dans la Silicon Valley de San Francisco ou la Silicon Alley de New York. Avec l’objectif de percer aux États-Unis. PAR SYLVAIN ROLLAND @SylvRolland « ous parlez trop de votre technologie et pas assez de votre business. Qui êtesvous?Quelle est, en quelquesmots, votre proposition devaleur? À quel besoinrépondezvous et comment le faites-vous mieux queles autres?Les investisseursont besoinde savoir pourquoi ils devraient croire en vous. » Jeudi 10 mars, 11 heures.La célèbre coach Laura Elmore, réputée pour avoir conseillé les plus grandsdirigeants de la Silicon Valley, y compris Steve Jobs, passe au crible le modèle économique de deux pépites françaises, Tilkee (un logiciel pour stimuler les ventes) et AB Tasty(marketing prédictif). Cette première séance se déroule dans une salle de réunion du hubde Bpifrance, àParis.L’objectif? « Faire réfléchir » lesdirigeants des deux startups sur leur proposition de valeur, de manière à améliorer leur capacité à « pitcher » auprèsd’investisseurs américains. Car, dans quelques semaines, Tilkee et AB Tasty, ainsi que 16 autres joyaux de la FrenchTech, s’envoleront vers lesÉtats-Unis. Ils participeront à la promotion 2016du programmed’accélérationubi i/o, mené par Business France et Bpifrance. Du 18 avril au 24 juin, ces entrepreneurs, souvent jeunes, vivront une immersion totale et intensive là où « tout sepasse ». Dix startups poseront leurs valises à V pp San Francisco, dans la Silicon Valley. Les huit autres, principalement des « adtech » (technologies de la publicité) et des startups du logiciel, atterriront à New York, dans la Silicon Alley, le deuxième écosystème d’innovation au monde, derrière celui de la côte californienne. « DE LA SUEUR, DU SANG ET DES LARMES… DE JOIE » Dans la lignée de sastratégie d’internationalisation des entreprises françaises, la French Techmet lespetits plats danslesgrandspour ouvrir les portes de l’international aux startups bleu-blanc-rouge. Pour sa troisième édition, le programme ubi i/o change de dimension. « Il y aura cetteannéedavantagede startupsaccompagnées quelors desdeuxprécédenteséditionsréunies,soit18 en2016contre16 jusqu’àprésent», relève Nicolas Dufourcq, le directeur de Bpifrance. Le but est clair : favoriser l’éclosion de nouvelleslicornes aux côtés de Criteo ou de Blablacar. Pour cela, réussir son implantation aux États-Unis est indispensable. « Toute startupqui veut changerdedimensionet devenir un acteur mondial dans son secteur doit se déployeraux États-Unisleplus vitepossible ,»a expliqué NicolasDufourcq, dansson discours aux participants. Triés sur le volet parmi une centaine de candidats, les participants ont été choisis en fonction de la maturité et du potentiel de leur Tous droits de reproduction réservés PAYS : France RUBRIQUE : Levenenment PAGE(S) : 20 DIFFUSION : 192749 SURFACE : 84 % JOURNALISTE : Sylvain Rolland PERIODICITE : Hebdomadaire 31 mars 2016 - N°166 startup. Lima (réseau dans le nuage personnel), Qowisio (opérateur télécom pour l’Internet des objets), iTrust (cybersécurité), S4M (publicité sur mobile) ou encore Redbird (drones) feront aussi partie de cette promotion prestigieuse. Mais le voyagene ressemblerapasà unesinécure. « Je vousprometsdela sueur,du sanget deslarmes…mais à la fin, deslarmesde joie », lance Henri Baïssas,le directeur généraldélégué export de BusinessFrance.« Vousn’allez pas beaucoupdormir, vousallezbeaucouptravailler, maisau bout du comptevousallezréaliser en dix semainescequi sefait d’ordinaire en un an », ajoute Nicolas Dufourcq. COACHING INTENSIF SUR LA SCÉNARISATION Ce que propose ubi i/o, c’est avant tout l’accès à un réseau. Les startups rencontreront des investisseursde premier plan,des grands groupes américains et la crème des coachs,à l’image de Laura Elmore. Ceréseaus’appuie sur les connexions de Bpifrance et de Business France aux États-Unis, et sur l’écosystème des Frenchiesdéjà installés à San Francisco et à New York. Stéphane Alisse, le directeur des activités high-techde Business France, joue un rôle clé dans ce dispositif. Installé à San Franciscodepuisquinze ans, ce fi n connaisseur de la Silicon Valley dispose d’un carnet d’adressestentaculaire, qu’il met à la disposition des startups d’ubi i/o. C’est lui qui a convaincu Laura Elmore de participer au programme, par exemple. Le premier objectif de cetteimmersion de dix semaines est d’adapter les Français à la culture entrepreneuriale très spécifi que des États-Unis. Ubi i/o est né du constat qu’il est très diffi cile pour un entrepreneur non américain de comprendre et de s’ajuster au marché étatsunien. Comme l’explique Stéphane Alisse, « onne fait pasdu tout du businessdela mêmefaçon.En France,uneentreprisetechnologiquenaît souventdansun laboratoire.D’abord on créela technologie,qui est souventremarquable, puis on trouve à quoi elle va pouvoir servir.Aux États-Unis,c’estl’inverse.On part de l’identifi cationd’un besoin,d’un marché,puison seposela questiondecommenton vay répondre. Cette inversion despratiques nécessiteun gros travail de préparationetd’adaptation. » Conseils juridiques et fiscaux coaching intensif sur la scénarisation, sur le « pitch » face aux investisseurs ou sur la gestion de produits (product management)…Le premier but d’ubi i/o est d’acquérir rapidement cette culture, indispensable pour signer des « deals » avec des grands groupes et partenaires, et séduire les investisseurs dans un contexte ultra-concurrentiel. « Notreambition estdésormaisdeparvenirà identifier rapidement les distributeurs aveclesquelstravailler pour faire connaître notre off re et nous implanter durablementaux États-Unis », espèreSylvain Tillon, le président fondateur de Tilkee, membre de la promo 2016. Ainsi, chaquestartup seraobligée de participer, toutes les semaines,à des concours de « pitch ». Elle devra aussi jongler avec « une cinquantaine derendez-voustrès ciblés,quece soit avecdesclientspotentiels,desinvestisseurs ou desjournalistes », précise StéphaneAlisse. Est-ceque ça marche?Les résultats des deux premières promotions sont, en tout cas,très positifs. Sur 16 startups qui ont bénéfi cié du programme, 14sesont implantées aux ÉtatsUnis, soit un taux de succèsde 88%.Ellesont levé 50 millions de dollars pendant ou à l’issue du programme et ont signé plus de 150 contrats commerciaux grâce à ubi i/o. Parmi elles, Giroptic (caméra à 360°, distingué au CES de Las Vegas),Pradeo (cybersécurité) ou encoreTradelab (« adtech »), font partie des plus belles réussites. Pour Philippe Laval, le PDG d’Evercontact, issu de la promotion 2015,ubi i/o a fait offi ce de « déclic ». Son service propose gratuitement aux particuliers, et via un abonnement aux entreprises, de récupérer toutes lesdonnées de contact des messageries électroniques pour constituer un carnet d’adresses remis à jour en permanence.« On s’estrendu comptequ’on avait unetechnologiedetrès haut niveau,maisqu’onnel’exploitaitpasà lahauteur desonpotentiel.Cetteréflexionnousa poussésà modifier à la foisnotre propositionde valeur et notremodèleéconomique», indique-t-il. Si l’entrepreneur a eu besoin de « cinq semaines »pour s’ajuster à la culture entrepreneuriale américaine, il estime avoir appris à « avoir davantaged’ambition » et à penser « businessfi rst ». « Lors de notre premier “pitch” faceà 15 autresstartups, on s’est fait massacrer,on a terminé danslesderniers. Trois semainesplus tard, onfi nissaitquatrième. Tous droits de reproduction réservés PAYS : France RUBRIQUE : Levenenment PAGE(S) : 20 DIFFUSION : 192749 SURFACE : 84 % JOURNALISTE : Sylvain Rolland PERIODICITE : Hebdomadaire 31 mars 2016 - N°166 Encoreun moisaprès,on gagnaitle concours » , sesouvient-il avec fi erté. Grâce aux contacts glanés, l’entreprise travaille actuellement sur une levée de fonds de 2 millions d’euros. Philippe Laval a déménagé à San Francisco et n’exclut pas de délocaliser le siège social d’Evercontact dans la Silicon Valley si ses futurs investisseurs le réclament. LA TENTATION DE LA DÉLOCALISATION Pour sa part, Mathieu Lhoumeau, le PDGfondateur de Concord Now, qui s’illustre dans l’informatique en nuage, a eff ectué cette transition. Issu de la promotion 2014, l’entrepreneur a levé en 20152,7 millions de dollars auprès d’investisseurs rencontrés lors de rendez-vous organisés par ubi i/o. « Nousavonschangénotrediscoursmarketing, notre manièrede “pitcher”, on a compris comment se distinguer de la concurrence pour mieux sedévelopper, car la compétition est beaucoupplusféroceaux États-Unis », indique celui qui se fait appeler « Matt » outreAtlantique. Même s’il conserve sa R&D à Paris, sa startup est aujourd’hui établie à San Francisco.C’est le revers de la médaille. Si ubi i/o permet à des pépites françaises de réussir leur implantation aux États-Unis en un temps record en leur fournissant conseils et réseau, la tentation est grande de larguer les amarres…pour de bon. Tous droits de reproduction réservés PAYS : France RUBRIQUE : Levenenment PAGE(S) : 20 DIFFUSION : 192749 SURFACE : 84 % JOURNALISTE : Sylvain Rolland PERIODICITE : Hebdomadaire 31 mars 2016 - N°166 Le premier objectif de l’immersion aux États-Unis de dix semaines permise à des startups de la French Tech par le programme ubi i/o, est d’adapter les Français à la culture entrepreneuriale américaine très spécifi que. Tous droits de reproduction réservés