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Crépuscule - Photo : P. Men Sommaire P2 Remerciements P4 Mots du Ministre P6 Préface P7 Introduction P8 1- Généralités P8 P10 P12 1.1- Le climat de Madagascar 1.2- Tendances globales et régionales du climat 2- Evolution récente du climat de Madagascar P13 2.1- La température de l’air P16 2.2- Les précipitations P20 2.3- Les cyclones tropicaux P23 3- Projections climatiques à Madagascar P23 P24 3.1- Modélisation du climat 3.2- Futurs scénarios du climat : température P26 3.3- Futurs scénarios du climat : précipitations P28 3.4- Futurs scénarios du climat : cyclones tropicaux P30 Conclusion Chute de la Lily - Photo : MR Remerciements Auteurs La Direction Générale de la Météorologie remercie le Trust Fund for Environmentally and Socially Sustainable Development (TFESSD), le South Africa Consultant Trust Fund, la Bank Netherlands Partnership Program et la Banque Mondiale pour avoir financé ce travail. Direction Générale de la Météorologie • Zoaharimalala Rabefitia • Luc Yannick Andréas Randriamarolaza • Marie Louise Rakotondrafara Climate Change Analysis Group University of Cape Town • Mark Tadross • Zheng Ki Yip Nous remercions l’Université de Cap Town, la Banque Mondiale et ProVention Consortium pour leur assistance. Nous remercions également les groupes de modélisation, le Program for Climate Model Diagnosis and Intercomparison (PCMDI) et le Working Group on Coupled Modelling (WGCM) du WCRP (World Climate Researsh Program) pour l’obtention des données du WCP (World Climate Program). Les supports de ces données sont fournis par l’Office of Science, U.S. Department of Energy. Nos remerciements vont aussi à l’équipe chargée de la Gestion des Risques de Catastrophes et de l’Adaptation au changement climatique de la Banque Mondiale pour avoir soutenu cette initiative. Nous remercions finalement tous ceux qui ont contribué à la réalisation de ce rapport. p2 • Le changement climatique à Madagascar Le changement climatique à Madagascar • p3 our le Ministère des Travaux Publics et de la Météorologie, le développement des infrastructures routières reste une des priorités pour assurer et soutenir la croissance économique de Madagascar. Les principales activités consistent par conséquent à entretenir et étendre le réseau routier selon un planning défini. Outre les contraintes financières qui conditionnent la réalisation des projets routiers, ce sont les conditions climatiques qui amplifient les difficultés techniques des travaux (dégradations dues aux intempéries et application rigoureuse des normes). Les observations, les prévisions météorologiques et climatiques effectuées par la Direction Générale de la Météorologie sont d’une grande importance à cet égard. Route de Mahajanga - Photo : MR P Mots du Ministre des Travaux Publics et de la Météorologie Photo Ministre A côté de sa mission à caractère fondamental qui est de fournir des informations sur le temps et le climat pour la sécurité des biens et des personnes, la contribution de la météorologie est vitale dans la réalisation des priorités de notre pays surtout dans le domaine du développement du monde rural et l’effort pour une croissance économique soutenue. En effet, d’une part, au stade actuel des pratiques agricoles à Madagascar, les rendements sont encore, pour une grande partie, tributaires des conditions climatiques. D’autre part, une tendance à la croissance économique amorcée après plusieurs années d’effort peut être ralentie ou même anéantie par des phénomènes météorologiques extrêmes (sécheresses, cyclones, inondations) si des précautions ou mesures préventives n’ont pas été prévues en tenant compte des informations météorologiques (norme, assurances, …). La valorisation et la considération des informations météorologiques dans le processus de planification et de prise de décision doivent donc être un impératif surtout en ce moment où l’on redoute les effets néfastes du changement climatique. Ce rapport vient à point nommé d’autant plus que l’amélioration de l’accès et de la distribution d’informations météorologiques fiables dans tout le pays figure parmi les objectifs du secteur météorologie dans le MAP (Madagascar Action Plan). Ce document dresse un portrait de l’évolution du climat à Madagascar en considérant les observations réelles obtenues à partir des stations météorologiques et les projections du climat futur. Je suis certain que les informations qui sont présentées ici serviront de base pour toutes activités en lien avec le climat, en particulier celles relatives à la formulation de stratégies d’adaptation au changement climatique. Pour finir, je tiens à exprimer mes remerciements à tous ceux qui ont participé à la rédaction et à la publication de ce rapport sur le changement climatique à Madagascar. Signature Rolland RANDRIAMAMPIONONA p4 • Le changement climatique à Madagascar Le changement climatique à Madagascar • p5 Introduction Préface Ce rapport décrit comment le climat de Madagascar a évolué dans le passé récent et présente notre compréhension sur la manière dont il pourrait évoluer durant ce XXI è siècle en réponse aux émissions anthropiques de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Les données historiques de précipitations et de températures journalières utilisées proviennent de la Direction Générale de la Météorologie. Les travaux d’investigation et de recherche ont été menés en collaboration avec l’Université de Cap Town (Afrique de Sud) avec l’appui de la Banque Mondiale à Madagascar. Ce document fournit des informations sur des changements du climat observé et prévu vers le milieu du XXIè siècle à Madagascar. Les résultats qui sont présentés sont basés sur des observations, des projections de changement du climat mises à l’échelle sur Madagascar et d’une bibliographie sur le changement climatique. Une grande partie des résultats qui sont présenté ici ont été tiré de la publication intitulé : ’’Climate change in Madagascar; recent past and futur ‘’ et dont les auteurs sont : Mark Tadross (Université de cap Town), Luc Randriamarolaza (Direction Générale de la Météorologie), Zo Rabefitia (Direction Générale de la Météorologie) et Zheng Ki Yip (Université de cap Town). Les projections futures relatives aux cyclones tropicaux présentées ici sont les premiers résultats d’une études en cours réalisée par Marie-Louise Rakotondrafara (Direction Générale de la Météorologie) en collaboration avec Mark Tadross (Université de cap Town). Cette série d’études est réalisée avec l’appui de la Banque Mondiale dans le cadre d’une assistance technique sur l’adaptation et la gestion des risques de catastrophes à Madagascar. L’objectif de la publication de ce rapport est de fournir des informations pouvant faciliter la conduite d’études et d’évaluations des impacts possibles du changement climatique dans de nombreux domaines et secteurs d’activités à Madagascar. Le futur est incertain mais les ingénieurs et chercheurs qui ont préparé ce document ont utilisé des outils préconisés par l’Organisation Météorologique Mondiale et le Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) pour détecter et modéliser l’évolution du climat. Ce rapport est le premier de ce genre à Madagascar, il constitue une alerte sur les possibles changements dans un futur qui n’est pas loin. A nous de l’utiliser pour formuler des stratégies d’adaptation adéquates. p6 • Le changement climatique à Madagascar Le climat change t-il à Madagascar ? Quelles sont les manifestations de ce changement climatiques ? Comment les cyclones vont se comporter dans le futur dans un contexte de réchauffement global ? Ce document qui est divisé en trois parties présente des premiers éléments de réponses à ces questions. La première partie décrit des généralités sur le climat de Madagascar et le changement climatique ; la seconde partie présente les résultats sur l’étude de l’évolution du climat à Madagascar ; la troisième partie traite les projections futures du climat à Madagascar. Photo DG Bâtiment de la Direction Générale de la Météorologie Ampandrianomby. RAELINERA Nimbol Directeur Général de la Météorologie Mars 2008 Sans s’écarter des concepts scientifiques des travaux ci-dessus, le présent rapport est conçu pour faciliter l’utilisation des résultats à des fins relatives à l’évaluation des impacts du changement climatique. En effet, une des principales missions de la Direction Générale de la Météorologie (DGM) est de mettre à la disposition de l’ensemble des acteurs du développement des informations météorologiques et climatologiques adaptés à leurs besoins. Ces informations serviront d’outils de prises de décision afin de faire des choix éclairés pour réduire aux mieux les effets néfastes des aléas climatiques et du changement climatique et pour mettre en place des stratégies d’adaptation. Le changement climatique à Madagascar • p7 Le climat de Madagascar est conditionné par quatre facteurs : sa position géographique, son relief, l’influence maritime et le régime des vents. 1.1- Climat de Madagascar Deux saisons Saison sèche (Mai à Octobre) Saison pluvieuse (Novembre à Avril) Hauteur moyenne annuelle des précipitations 350 mm (Côte Sud-Ouest) 4000 mm (Baie d’Antongil et Massif de Tsaratanàna) A Madagascar les cyclones tropicaux constituent une menace constante à la sécurité et au bien-être de la population car ils créent de nombreux dégâts tant en terme de vies humaines qu’en matière d’économie. Chaque année, le pays constitue une cible potentielle pour les cyclones tropicaux qui se forment dans le bassin du Sud-Ouest de l’Océan Indien. En effet les cyclones qui touchent la grande île prennent naissance soit dans l’Océan Indien soit dans le Canal de Mozambique. Par son Nombre moyen de jours de pluie 30 (Sud-Ouest) à 250 (Est) jours par an Température moyenne annuelle Entre 14°C et 27,5°C Saison cyclonique Novembre à Avril En moyenne 3 à 4 cyclones par an Madagascar est située presque entièrement dans la zone tropicale. Une arête dorsale montagneuse culminant entre 1200 et 1500 mètres d’altitude parcourt l’île du Nord au Sud sur toute sa longueur. Cette situation géographique, la forme du relief, l’influence maritime et le régime des vents sont les causes des conditions climatiques très variées que l’on rencontre sur l’île. On distingue principalement à Madagascar deux saisons : la saison sèche, de Mai à Octobre et la saison pluvieuse de Novembre à Avril. Deux courtes intersaisons avec une durée d’environ un mois chacune séparent ces deux saisons. De Mai à Octobre, le climat est conditionné par un anticyclone au niveau de l’Océan Indien qui dirige sur Madagascar un régime de vent d’alizé du Sud-Est. Au cours de cette saison, la partie Est de l’île jouit d’un climat humide « au vent », tandis que la partie Ouest subit la sécheresse d’un climat « sous le vent ». Dans cette partie, on parlera de saison sèche ou de saison fraîche (ou même hiver) selon l’altitude de l’endroit. Pendant l’été ou la saison chaude, l’anticyclone de l’Océan Indien s’affaiblit et le régime d’alizé devient moins régulier mais la partie Est de Madagascar reste toujours sous son influence. Pendant cette saison, des instabilités orageuses se développent presque quotidiennement en toutes régions. La Zone de Convergence Intertropicale (ZCIT) étend par intermittence son influence sur Madagascar. Les précipitations varient de 350 millimètres sur la côte Sud-Ouest à près de 4000 millimètres dans la baie d’Antongil et le massif de Tsaratanana. p8 • Le changement climatique à Madagascar 30 60 90 120 AFRIQUE B1 (10%) -10 -10 B2 (40%) A (15%) Figure 1. Carte physique de Madagascar. (Source : FTM) Le nombre moyen de jours de pluie est compris entre 30 et 250 jours par an. Sur la côte et le versant Ouest ainsi que sur les plateaux, 90 à 95% du total annuel tombent d’Octobre à Avril. Sur la côte et versant Est, il n’existe pas de saison sèche bien définie, mais seulement une diminution des précipitations en Septembre et Octobre. Concernant la température, les moyennes annuelles sont comprises entre 14°C et 27,5°C . Sur le littoral, elles dépendent de la lattitude et varient de 27°C au Nord à 23°C au Sud. La côte Ouest est plus chaude que la côte Est (1°C à 3°C). Sur les plateaux, les températures moyennes annuelles sont comprises entre 14°C et 22°C. La température moyenne atteint son minimum en Juillet sur l’ensemble du pays ; le maximum a lieu en Janvier et Février pour la plupart des régions, sauf en quelques lieux des Hauts-plateaux et sur la région Nord-Ouest où il est observé en Novembre. MADAGASCAR B3 (15%) -30 -30 extension du Nord au Sud et sa position géographique à l’ouest du bassin, l’île se dresse sur sa trajectoire privilégiée de ces météores. En moyenne, sur la dizaine de cyclones qui s’y forment, 3 ou 4 touchent le pays durant la saison cyclonique qui va de Novembre à Avril. En général les cyclones qui se forment en début de saison (NovembreDécembre) passent au Nord de l’île (Figure 2). Environ 60 % des cyclones qui se forment en pleine saison (Janvier – Février) traversent le pays. En fin de saison les cyclones issus de l’Océan Indien arrivent rarement jusqu’à l’île. Les cyclones les plus intenses touchent Madagascar aux mois de Janvier et de Février. En général, ils prennent naissance à l’Est dans l’Océan Indien. Les cyclones issus du Canal de Mozambique constituent les 15% des cyclones de l’Océan indien. Bien que de moindre intensité, ils n’en sont pas moins un danger pour le pays car ils se forment le plus souvent à proximité des côtes Ouest de l’île. B1 (10%) - début de saison (Nov - Déc) A, B2 - pleine saison (Jan - Fév) -50 -50 B3 - fin de saison (Mar - Avr) 60 90 120 Figure 2. Trajectoire type des cyclones sur l’Océan Indien. (Malick et Mercusot : « Le Fichier des cyclones de l’Océan Indien : Trajectoires de 1959 à 1989 ») En bref... Les conditions climatiques de Madagascar sont très variées ; on passe du climat très humide toute l’année (Est) au climat à tendance aride (Sud). Les autres régions ont un régime de pluie avec une saison sèche et une saison humide. Le climat est tempéré par l’altitude sur les Hauts-plateaux et chaud sur le reste de l’île. Sur une dizaine de cyclones tropicaux qui se forment annuellement dans la région, 3 ou 4 peuvent toucher Madagascar entre le mois de Novembre et le mois d’Avril. Le changement climatique à Madagascar • p9 La température moyenne de l’air a connu une augmentation accélérée au cours des 40 dernières années. Le réchauffement climatique est sans équivoque et en grande partie attribué aux activités humaines. Les changements de précipitations sont en général plus difficiles à détecter à cause de sa grande variabilité. Néanmoins, des changements ont été détectés dans certaines parties du globe. Là où les séries de données sont suffisamment longues, il y a eu des augmentations sensibles du nombre de situations où l’on a observé des précipitations extrêmes3. Dans l'hémisphère Sud, il y a une humidification des régions tropicales et subtropicales6. En Afrique Australe, les tendances à l’allongement de la saison sèche et l’augmentation de l'intensité moyenne de précipitations ont été mises en évidence5. Cependant, la manière dont le réchauffement global affecte les climats des différents pays et les sous-régions constitue encore un sujet de recherche de pointe surtout celui relatif à la réduction des incertitudes. Les évolutions observées au niveau mondial mentionnées plus haut montrent que le changement climatique est une réalité et pourrait bien s’amplifier dans le futur. A Madagascar, pour bien appréhender ce problème, il est nécessaire d'explorer comment le climat a évolué et à quels changements pourraient-on s’attendre dans le futur. 1.2- Tendances globales et régionales du climat De plus, ces changements de la température moyenne sont associés aux diminutions des situations extrêmes froides accompagnées des augmentations des situations extrêmes chaudes5. En outre, la température moyenne globale présente un taux de changement croissant, et c’est durant la dernière moitié du XXe siècle que l’élévation de la température a été la plus importante. On s'attend à ce que cette augmentation du taux d’élévation de la température globale continue engendrant des changements plus rapides du climat à l'avenir. “Sous la pluie” - Photo : P. Men Le réchauffement global de la Terre est sans équivoque1. Il y a eu une élévation discernable de la température moyenne pendant les 40 dernières années et cette élévation ne peut pas être expliquée si l’on ne tient pas compte des effets des activités humaines2,3. La distribution régionale des augmentations de la température n'est pas cependant uniforme car certaines régions ont éprouvé un plus grand réchauffement que d'autres, particulièrement l'intérieur des régions continentales telles que l'Afrique australe4. En bref... Figure 3. Distribution de la tendance de la température au niveau mondiale (1979-2005) en surface (gauche) dans la troposphère (droite) calculée à partir des données satellitaires. En bas : températures moyennes annuelle du globe depuis 1850 montrant une nette augmentation vers la fin du XXè siècle (Source : Solomon et al., 2007). p10 • Le changement climatique à Madagascar Au cours des 40 dernières années, une élévation générale de O,2°C environ de la température moyenne mondiale a été enregistrée. Cette élévation a été plus importante durant la dernière moitié du XXè siècle. Au niveau mondial, les changements des précipitations ne sont pas uniformes. Par exemple, on constate une humidification des régions tropicales et subtropicales et une diminution des précipitations en Afrique Australe. Le changement climatique à Madagascar • p11 La température moyenne de l’air de la région Sud de Madagascar a régulièrement augmenté depuis les années 50. La température moyenne de la partie Nord de Madagascar a commencé à s'élever depuis le début des années 70. Le réchauffement à Madagascar est significatif. Ce réchauffement se manifeste surtout par l’augmentation des températures extrêmes (surtout les températures minimales). Ce réchauffement est en cohérence avec les observations au niveau mondial. 2- Evolution récente du climat de Madagascar 2.1- La température de l’air Conformément à ce qui s’est passé au niveau mondial, les températures dans les deux régions ont commencé à se refroidir pendant les années 40, atteignant un minimum durant la période 1950-1970. Le refroidissement global pendant cette période est attribué aux activités volcaniques et aux sulfates. Après cette période, l'impact des émissions attribué aux activités humaines a contribué à l’augmentation globale de la température1. Ce fait est évident sur la Figure 4 car l’augmentation de la température entre 1975 et 2000 est très rapide, surtout dans la partie Sud du pays. La Figure 4 indique l’évolution la température de l'air de la partie Sud (Figure 4a) et Nord (Figure 4b) de Madagascar durant le XXè siècle. La température moyenne de l’air de la région Sud de Madagascar a régulièrement augmenté depuis les années 50. Ce réchauffement a été également observé durant les quatre premières décennies du siècle. Par rapport à cette période, la température moyenne en l'an 2000 a augmenté approximativement de 0,2°C. Les températures de la partie Nord de Madagascar ont commencé à s'élever depuis le début des années 70 mais restent inférieures de 0.1°C à la température moyenne maximale atteinte durant la première partie du XXè siècle. 22.5 23.9 22.4 23.8 22.3 23.7 22.2 23.6 22.1 23.5 22 21.9 23.3 23.2 21.7 23.1 21.6 23 21.5 22.9 1910 1920 1930 1940 1950 (a) “Zavona” - Photo : P. Men 23.4 21.8 21.4 p12 • Le changement climatique à Madagascar Temperature partie Nord (°C) (°C) Température partie Sud 1960 1970 1980 1990 22.8 1910 1920 1930 1940 1950 1960 1970 1980 1990 (b) Figure 4. Moyennes (sur 6 ans) des températures de l’air en surface (°C) de 1901-2000 : a) partie Sud de Madagascar (4351°E, 27-20°S); b) Partie Nord de Madagascar (43-51°E, 20-11°S). Source : Climate Research Unit (Mitchell et al., 2004). Le changement climatique à Madagascar • p13 Antsiranana Vohemar Sambava Analalava Mahajanga Besalampy Maevatanana Ste-Marie Ambohitsilaozana Toamasina Antananarivo Antsirabe Mahanoro Morondava Mananjary Fianarantsoa Ranohira Farafangana Toliara Taolagnaro Figure 5. Les 21 stations utilisées pour l’étude des tendances climatiques. Une analyse plus fine des données de températures quotidiennes de 21 stations (Figure 5) pour la période 1961 à 2005 indique qu'il y a eu une augmentation des températures minimales journalières. En effet, sur la Figure 6a, représentant la moyenne annuelle des températures minimales, 17 stations présentent des augmentations statistiquement significatives. Ces augmentations de la température minimale sont observées pendant toutes les périodes de l’année. Pendant la saison pluvieuse (saison d’été), les températures maximales journalières présentent également des tendances à la hausse pour la plupart des stations. Pendant la période saison sèche (hiver austral), certaines stations présentent des tendances à la diminution de la température maximale. Annuellement, la plupart des stations présentent des tendances à la hausse des températures maximales quotidiennes (Figure 6b). (a) “Sécheresse” - Photo : P. Men Morombe (b) Figure 6. Tendance moyenne annuelle des températures minimales journalières (a) et maximales journalières (b) de 1961-2005. “+“/”-“ représente une tendance positive/ négative (devenant plus chaud/froid) statistiquement significative au niveau de confiance 95% ou plus. Température maximale journalière STATION DJF MAM JJA SON ANN Ambohitsilaozana 0.017 0.017** 0.01 0.014 0.013* Analalava 0.031** 0.037** 0.026* 0.014 0.025** Antananarivo 0.034** 0.034** 0.030** 0.038** 0.032** Antsirabe 0.025** 0.040** 0.056** 0.051** 0.043** Antsiranana 0.034** 0.027** 0.019** 0.021** 0.024** Besalampy 0.006 0.006 - 0.002 0.001 0.003 Farafangana 0.004 - 0.001 0.003 0.002 0.001 Fianarantsoa 0.031** 0.023* 0.029** 0.032** 0.027** Maevatanana - 0.04 - 0.057** - 0.084** - 0.099** - 0.069** Mahajanga 0.037** 0.037** 0.028** 0.035** 0.033** Mahanoro 0.016* 0.012* 0.011* 0.017** 0.013** Mananjary 0.005 0.014* 0.013 0.015 0.008 Morombe 0.013 0.023 0.001 0.001 0.01 Morondava 0.008 0.024** 0.024* 0.016* 0.019** Ranohira - 0.002 - 0.003 - 0.003 0.014 0.002 Sainte-Marie 0.009 0.008* - 0.003 0.005 0.004 Sambava - 0.003 - 0.003 - 0.003 - 0.009 - 0.006 Taolagnaro 0.031** 0.039** 0.034** 0.037** 0.033** Toamasina 0.024** 0.029** 0.022** 0.015** 0.021** Tulear 0.039** 0.044** 0.038** 0.038** 0.040** Vohemar 0.031** 0.021** 0.015* 0.011* 0.016** Le tableau 1 présente les tendances des températures maximales et minimales journalières entre 1961 et 2005. Ces tendances ont été calculées séparément pour les 4 trimestres climatologiques mais aussi pour l’année entière. Les températures minimales ont accusé des tendances à la hausse très significatives dans 67% des cas. Les températures maximales présentent des tendances à la hausse significatives dans 63% des cas. Le seul cas de diminution significative de la température maximale à Maevatanana est à noter. D’après ces résultats, le réchauffement est globalement significatif à Madagascar. Ce réchauffement se manifeste surtout par l’augmentation des températures minimales. Ceci est en cohérence avec les observations au niveau mondial. Température minimale journalière DJF MAM JJA SON ANN 0.019** 0.022** 0.018** 0.019** 0.020** 0.009 0.008 0.007 0.01 0.005 0.028** 0.032** 0.027** 0.035** 0.029** 0.028** 0.035** 0.026 0.032** 0.031** 0.012* 0.005 0.001 0.001 0.004 0.015 0.026** 0.022* 0.031** 0.026** 0.023** 0.037** 0.035** 0.034** 0.037** 0.034** 0.035** 0.027** 0.038** 0.033** 0.03 0.020* - 0.024 - 0.02 0.006 0.008 0.008 0.004 0.011* 0.001* 0.027** 0.028* 0.017 0.023** 0.022** 0.029** 0.030** 0.032** 0.033** 0.031** 0.017 0.050** 0.019 0.034* 0.040** 0.025** 0.037** 0.040** 0.036** 0.035** 0.030** 0.038** 0.026** 0.047** 0.033** 0.030** 0.036** 0.027** 0.026** 0.030** 0.042** 0.039** 0.030** 0.034** 0.037** 0.021** 0.033** 0.027** 0.032** 0.026** 0.007 0.010* 0.001 0.003 0.005 0.023** 0.030** 0.020** 0.033** 0.027** 0.029** 0.024** 0.018** 0.014* 0.021** Tableau 1 : Tendances (°C/an) des températures maximales (partie gauche du tableau) et minimales journalières (partie droite) pour 21 stations durant la période 1961-2005. Les tendances sont présentées par trimestre (DJF : Décembre à Février ; MAM : Mars à Mai ; JJA : Juin à Août ; SON : Septembre à Novembre) et aussi pour l’année (AN). Les tendances significatives à 95%(99%) sont marquées par *(**). p14 • Le changement climatique à Madagascar Salary Bay Toliara - Photo : DGM En bref... A Madagascar, le réchauffement a commencé dans la partie Sud dès 1950 et s’est étendu au Nord à partir de 1970. En l’an 2000, le niveau de réchauffement de la partie Sud de Madagascar est plus important que celui du Nord. Le changement climatique à Madagascar • p15 Cependant en superposant ces courbes de précipitations (Figure 7) avec celles des températures (Figure 4) on constate qu’à partir de 1950, pour la moitié Nord de Madagascar, les valeurs moyennes annuelles des précipitations ont tendance à diminuer alors que celles des températures moyennes augmentent et vis versa. Pour la partie Sud de Madagascar, c’est l’inverse : les précipitations ont tendance à augmenter avec la température. Les séquences sèches s’allongent sur les Hautes Terres Centrales et la côte Est. Sur les Hautes Terres, ceci est dû au recul de la saison de pluies. Les changements des précipitations à Madagascar varient d’une région à l’autre. Les précipitations deviennent de plus en plus intenses sur la partie Ouest . La difficulté de la détection des changements des précipitations annuelles réside dans le fait que les changements au cours de l’année peuvent se compenser. Par exemple, l’augmentation des précipitations pendant un trimestre peut compléter la diminution pendant un autre trimestre. De ce fait, il est important de voir le caractère saisonnier des changements des précipitations. Des indicateurs relatifs aux précipitations ont été calculés sur les 21 stations pour la période 1961-2005. Les tendances ont été calculées et représentées sur des cartes. 2.2- Les précipitations La détection des changements pour les précipitations est en général plus difficile que celle des températures. Cette difficulté est d’autant plus grande si l’étude concerne des régions où les précipitations sont très variables (Ouest et Sud de Madagascar par exemple). Une ou plusieurs journées de fortes précipitations peuvent par exemple contribuer d’une façon significative au cumul annuel. De plus, les facteurs (a) climatiques locaux participent à la création de microclimats. L a F igu r e 7 mon t r e l’évolu t ion d es précipitations entre 1901 et 2000 dans la moitié Sud (Figure 7a) et Nord (Figure 7b) de Madagascar. Durant cette période de 100 ans, il n’y a aucune tendance évidente dans les deux régions. (b) p16 • Le changement climatique à Madagascar “Sous la pluie 2” - Photo : P. Men Figure 7. Moyennes (sur 6 ans) des précipitations (millimètres/mois)) de 1901-2000 : a) partie Sud de Madagascar (43-51°E, 27-20°S); b) Partie Nord de Madagascar (43-51°E, 20-11°S). Source : Climate Research Unit (Mitchell et al., 2004). Le changement climatique à Madagascar • p17 Les résultats les plus significatifs concernent les Hautes Terres Centrales et la Côte Est : les précipitations des trimestres de Juin à Août et de Septembre à Novembre ont tendance à diminuer sur les Hautes Terres Centrales et sur la Côte Est durant la période 1961-2005. Juin à Août Septembre à Novembre précipitations les diminutions de la quantité de pluies dans ces régions s’accompagnent d’une tendance à l’allongement des séquences sèches Juin à Août Septembre à Novembre L’autre résultat important est la tendance à l‘augmentation du nombre maximal de jours secs consécutifs par an (Figure 9) sur l’ensemble de l’île. Le nombre maximal de jours secs consécutifs représente ici la plus longue séquence sèche observée chaque année. Cette situation peut s’expliquer par la diminution des précipitations de Juin à Novembre mentionnée plus haut se manifestant par des débuts tardifs de la saison pluvieuse et la diminution du nombre de jours de pluie durant la période allant de Juin à Novembre. Figure 9. Tendances annuelles du nombre maximal de jours secs consécutifs (jour/an). Les tendances de hausse statistiquement significatives sont indiquées par +. La Figure 10a montre également une tendance à la diminution des précipitations journalières moyennes sur une grande partie de Madagascar. Ces diminutions sont statistiquement significatives sur la moitié Sud des Hauts-plateaux, le Nord-Ouest et la partie Sud de la côte Est. Les tendances observées sur la partie Ouest ne sont pas significatives à l’échelle annuelle. La Figure 10b montre la distribution spatiale des changements d’intensité des précipitations. La majorité des tendances observées ne sont pas statistiquement significatives. Cependant, on constate une tendance à la diminution l’intensité des précipitations sur les parties Sud de la Côte Est, le Sud des Hauts-plateaux et le Nord-Ouest (côté Nosy be et Analalava). Sur le reste de l’île et principalement sur la côte et versant occidental, l’intensité des précipitations a tendance à augmenter. Figure 10. (a) Tendances annuelles des moyennes journalières et (b) des intensités journalières moyennes des précipitations (mm/jour/an). Les tendances à la hausse/baisse statistiquement significatives sont indiquées par +/-. durée moyennes des séquences sèches Juin à Août Photo : P. Men la tendance à la diminution du nombre de jours à fortes précipitations (10 millimètres ou plus) peut également expliquer la diminution des quantités de précipitations Septembre à Novembre (a) (b) En bref... nombre de jours de précipitations supérieures à 10mm Au cours des 100 dernières années, le niveau des précipitations à Madagascar a connu une grande variabilité. Pour la partie Sud, les précipitations augmentent avec la température. Dans la partie Nord, les précipitations augmentent quand la température diminue. Figure 8.Tendances des précipitations (mm/jour/an), de la durée moyenne des séquences sèches (jour/an) et du nombre de jour de précipitations > 10mm (jour/an) pour les trimestres Juin à Août (JJA en haut) et Septembre à Novembre (SON en bas). Les tendances de hausse/baisse statistiquement significatives sont indiquées par +/- . Sur les Hautes Terres Centrales et la Côte Est, les précipitations totales des trimestres Juin – Juillet Août et Septembre – Octobre – Novembre ont tendance à diminuer. Un allongement des séquences sèches est constaté. Sur la partie Ouest, l’intensité des précipitations ont tendance à augmenter. p18 • Le changement climatique à Madagascar Le changement climatique à Madagascar • p19 5 4 Cyclones tropicaux ayant touché terre 3 Cyclones ayant touché terre avec des vents > 200km/h 2 Figure 11. Nombre annuel de cyclones (toutes intensités confondues) ayant touché Madagascar et nombre annuel de cyclones intenses ayant touché l’île. 1 0 Cette tendance se retrouve aussi dans l’Océan Indien. Entre 1990 et 2004, les cyclones dans le sud de l’Océan Indien, dans les catégories les plus intenses ont doublé en nombre et en pourcentage par rapport à la période de quinze années auparavant (Tableau 2)7. Entre 1980 et 1993, seulement 1 cyclone sur 20 (Kamisy en 1984) a amené des vents supérieurs à 200 km/h sur la Grande Île. A partir de 1994, les cyclones de forte intensité deviennent plus fréquents. Madagascar a subi des cyclones d’intensité identique au cyclone tropical Geralda (1994) presque tous les 2 ans. Ces cyclones intenses constituent 9 des 24 cyclones tropicaux ayant touché le pays. Comme les cyclones les plus intenses généralement durent plus longtemps et se déplacent sur de plus longues distances, et comme Madagascar se trouve le long de leurs trajectoires, il est normal que nous observons une intensification des cyclones sur la Grande Île. “Pont Nord Mampikony” - Photo : DGM En somme, bien que le nombre de cyclones qui touchent le pays annuellement (toutes intensités confondues) n’a pas changé ces 25 dernières années. Le nombre de cyclones intenses touchant Madagascar a nettement augmenté cette dernière décennie. Période Bassin Sud Océan Indien (50°- 115°E, 5°S-20°S) 1975-1989 Nombre de Pourcentage cyclones de du nombre total catégorie 4-5 de cyclones formés 23 18 1990-2004 Nombre de Pourcentage cyclones de du nombre catégorie 4-5 total de cyclones formés 50 34 Tableau 2. Nombre total et pourcentage de cyclones de catégorie 4-5 (vent > 250 km/h) formés (Webster et al.,2005). 2.3- Les Cyclones tropicaux p20 • Le changement climatique à Madagascar technique standard de Dvorak des années 80 ont permis d’augmenter la fiabilité d’estimation de l’intensité des cyclones. La Figure 11 donne le nombre annuel de cyclones (toutes intensités confondues) touchant Madagascar et le nombre annuel de cyclones qui ont touché le pays avec des vents supérieurs à 200 km/h entre 1980 et 2005. Photo satellite Gafilo - Photo : DGM Bien que la Direction Générale de la Météorologie dispose des informations sur les cyclones depuis 1911, avant l’ère des satellites, les données sur les cyclones sont peu fiables. Les positions et intensités des cyclones ont été déduites à partir de rapports qui parfois peuvent être sujets à caution. A partir de 1971, l’utilisation de l’imagerie satellitaire et surtout celle d’une Le changement climatique à Madagascar • p21 La Figure 12 donne le vent soutenu maximal apporté par les cyclones par district. Entre 1980 et 1993 (Figure 12a), une grande partie de Madagascar n’a connu que des vents de 120 km/h ou moins. Les régions les plus touchées étaient le Centre Est, le Centre Ouest et une partie des Hautes Terres. Ces zones ont réçu des vents moyens de 150 km/h. Seule la pointe Nord de l’île a connu des vents de 200 km/h. Les projections futures du climat à Madagascar confirment partiellement les tendances déjà observées sur la Grande Île. 3- Projections climatiques à Madagascar 3.1- Modélisation du climat Figure 12a. Vent maximum apporté par les cyclones par district sur Madagascar (1981 - 1993). Après 1994 (Figure 12b), les cyclones apportent des vents plus forts. Des vents supérieurs à 150 km/h ont été observés sur une grande partie de la grande île. La zone la plus touchée a migré vers le Nord, et principalement le Nord Est du pays. Cette partie de l’île a connu des vents supérieurs à 200 km/h, mettant ainsi en péril les cultures de rentes, une de nos principales sources de devises étrangères. Il faut noter que la Figure 12 représente le vent soutenu maximal apporté par les cyclones par district. Par définition, les rafales de vent accompagnant les cyclones sont largement supérieures au vent soutenu. Figure 12b. Vent maximum apporté par les cyclones par district sur Madagascar (1994 - 2005). En bref... Les Modèles Climatiques Globaux (MCG) sont des outils utilisés pour évaluer les causes du changement passé et obtenir des projections des changements futurs. Ce s on t d es mod èles nu mér iqu es complexes, qui représentent des interactions entre les différents composants du système climatique tels que la surface de la terre, l'atmosphère et les océans. Pour élaborer des projections de changement climatique, on utilise des MCG et des scénarios des futures émissions de gaz à effet de serre. Les résultats de ces modélisations forment un ensemble de climats futurs possibles. Chaque résultat d’un modèle est une représentation plausible de ce que le climat futur peut être. La résolution spatiale des MCG est de l’ordre de 200-300km. A cette échelle, les MCG représentent assez bien, par exemple, les changements de la circulation at mosp h ér iq u e ou la p r oject ion d u réchauffement global (températures). Les MCG ont toutefois leurs limites dans l’évalu at ion d es chan gement s d e précipitations et même des températures surtout si l’on descend à l’échelle locale ou d’un petit pays. Pour pallier à ce problème, la technique de mise à l’échelle (downscaling) est utilisée pour produire des projections à une échelle spatiale plus fine. Les projections de changement des précipitations présentées ici sont des résultats de mise à l’échelle en utilisant six MCG. Les projections de changements de température ont été obtenues en utilisant une combinaison d'un modèle climatique régional et de 13 MCG du Programme Mondiale de Recherche Climatique (PMRC). Les projections climatiques présentées ici sont obtenues en utilisant le scénario d’émission A2 du GIEC (la société continuera à employer les combustibles fossiles avec un taux modéré; il y aura moins d'intégration économique et les populations continueront à augmenter) pour les températures et pluies et le scénario A1b (un monde futur dans lequel la croissance économique sera très rapide et de nouvelles technologies plus efficaces seront introduites rapidement) pour les cyclones tropicaux. Les données de températures et précipitations ont été calculées pour la période centrée en 2055 (2046-2065) et celles relatives aux cyclones tropicaux calculées pour l’année 2100. Ces 25 dernières années, le nombre moyen annuel de cyclones qui touchent Madagascar n’a pas changé, mais le nombre de cyclones intenses ( vents supérieurs à 150 km/h) a augmenté. Entre 1980 et 1993, - les régions les plus touchées étaient le Centre Est, le Centre Ouest et une partie des Hautes Terres - les cyclones apportaient des vents de 120 km/h en moyenne A partir de 1994, - ces cyclones ont touché une plus grande partie du territoire et la zone la plus touchée a migré vers le Nord, essentiellement vers le Nord-Est - des vents moyens supérieurs à 150km/h ont été observés. p22 • Le changement climatique à Madagascar En bref... Pour cette étude, des Modèles Climatiques Globaux (MCG) et Régionaux ont été utilisés pour réaliser les projections en se basant sur des scénarios des futures émissions de gaz à effet de serre. Le modèle climatique régional a permis d’affiner les résultats des MCG utilisés. Une analyse quantitative des résultats a permis de réduire les incertitudes des projections retenues. Le changement climatique à Madagascar • p23 Vers 2055, la température annuelle moyenne à Madagascar augmenterait de 1,1°C à 2,6°C par rapport à la moyenne de la période 1961-1990. Cette augmentation ne sera pas uniforme pour l'ensemble du pays. 3.2- Futurs scénarios du climat : température La Figure 13 représente la température moyenne de l’air en surface en utilisant 13 MCG (période 2046-2065). Ces résultats sont des prédictions fournies par un modèle climatique régional en tenant compte des valeurs minimales et maximales des changements de températures pour la période centrée en 20558. L a plus faib le augmentation de la température (Figure 13a) concerne le Nord du pays et le long des régions côtières (plus de 1,1°C). Ce fait pourrait s’expliquer en grande partie par l’accroissement de l'hu midité, de la nébulosité et des précipitations dans le Nord qui favorise la modération de l’augmentation de la température. Les plages de valeurs de l’augmentation des températures moyennes à Madagascar présentées ici donnent une orientation sur l’évolution de la température annuelle pour la période centrée en 2055. Ces valeurs ne reflètent que les changements annuels de températures. Ilakaka - Photo : P. Men Les valeurs minimales des accroissements de températures augmentent en s’éloignant des côtes et particulièrement vers le Sud (plus de 1,5°C). Le long des côtes, les valeurs maximales des augmentations de la température sont supérieures à 1,8°C et elles atteignent des valeurs supérieures à 2,6°C dans le Sud du pays (Figure 12b). Ceci indique une variation spatiale plus importante des valeurs maximales des augmentations de la température par rapport à celle des valeurs minimales. On note également que la plage des valeurs d’augmentation de la température est plus large pour le Sud de Madagascar. En bref... (a) (b) Par rapport à la période 1961-1990, l’ensemble de Madagascar connaîtrait une augmentation de la température vers 2055. Cette hausse varie d’une région à l’autre : - hausse importante dans le Sud (de 1,6°C à 2,6°C) Figure 13. Valeurs minimales (gauche) et maximales (droite) des projections de la température moyenne annuelle (°C) obtenues à partir de 13 modèles climatiques globaux et pour la période centrée en 2055. p24 • Le changement climatique à Madagascar - augmentation plus faible le long des régions côtières (de 1,1°C à 1,8°C) - augmentations comprises entre de 1,3 et 2,5°C sur le reste de l’île Le changement climatique à Madagascar • p25 Vers 2055, les précipitations augmenteraient sur une grande partie de Madagascar à l’exception des régions extrême Sud-Est (diminution en Juin), Est (diminution en Juillet). 3.3- Futurs scénarios du climat : précipitations Janv Fev Mars Avr Mai Juin Juil Août Sept Oct Nov Déc Les projections sur la Figure 14 suggèrent que les précipitations augmenteraient de Janvier à Avril. Les projections sont quelque peu contradictoires et donc pas concluant pour certaines régions de Madagascar (Nord, Nord-Ouest, Nord-Est). Une station présente une diminution des précipitations en Mars (4 sur 6 modèles). Pour les mois de Mai et Juin, les projections vers 2055 s uggèr ent des augmentations de précipitations pour la majeure partie de Madagascar à l’exception de la région S u d-Sud -Es t où l’on constate une diminution. Vers 2055, les projections présentent une diminution des précipitations pour la partie Est (Juillet) et la moitié Sud de la partie Est (Août-Septembre) ; le reste du pays sera plus humide. En octobre, une seule station (extrême Sud-Est) présente une diminution des précipitations, le reste du pays devenant progressivement plus humide en Novembre (particulièrement au Nord ) et Décembre. Cependant les projections sont contradictoires dans les régions Nord et Nord-Est de Madagascar pendant ces mois. Ces résultats sont conformes avec les projections de changement climatique et leurs manifestations en Afrique australe. Dans cette région proche de Madagascar, les systèmes dépressionnaires (hiver) se manifesteront plus au Sud réduisant les précipitations pendant la saison froide et sèche. Le réchauffement de l’atmosphère associé à l’augmentation de l’humidité, surtout durant la seconde moitié de la saison pluvieuse (été), favorisera la formation des précipitations sur la plupart des régions. p26 • Le changement climatique à Madagascar Photo : P. Men La Figure 14 montre les valeurs médianes des changements des précipitations mensuelles obtenues par la mise à l’échelle de 6 MCG pour tous les mois de l'année. Figure 14. Changements (Médiane) des précipitations mensuelles (mm/mois) obtenus à partir de la mise à l’échelle de 6 modèles globaux (période centrée en 2055). Les régions où 3 modèles ont donné des augmentations des précipitations et les 3 autres des diminutions sont laissées en blanc. Il en est de même pour les régions où les augmentations sont < 10 mm/mois. En bref... LES RESULTATS LES PLUS CONCLUANTS sur les projections des précipitations à Madagascar pour 2055 (à l’exception des parties laissées en blanc sur la figure 8) : - Janvier à Avril : augmentation généralisée - Mai à Juin : diminution dans la région Sud-Sud-Est et une augmentation sur le reste de l’île - Juillet à Septembre : augmentation dans les parties Nord, Nord Ouest et Hautes Terres et une diminution dans les parties Est et Sud-Est - Octobre : diminution sur l’extrême Sud-Est et une augmentation sur le reste de l’île - Novembre à Décembre : augmentation généralisée Le changement climatique à Madagascar • p27 Vers la fin de ce XXIè siècle, on s’attend à ce que les cyclones, augmentent d’intensité, bien que leur fréquence annuelle ne devrait pas changer. Les figures 16 et 17 donnent un exemple d’évaluation des aléas suivant un modèle climatique donné. L‘utilisation de simulations de cyclones du modèle climatique ECHAM permet de déterminer la probabilité d’occurrence de cyclones dans le climat actuel et futur. Les points sur le pourtour de Madagascar sont les points d’entrée des cyclones. 3.4- Futurs scénarios de climat : cyclones tropicaux En 2007, dans son quatrième rapport d’évaluation, le GIEC a indiqué qu’à l’échelle mondiale, une augmentation de la force de ces cataclysmes naturels est à craindre9. Au niveau mondial, il n’y a cependant pas d ’indication claire sur un éventuel accroissement de la fréquence des cyclones ni d’un changement notable de leurs trajectoires à cause du réchauffement climatique. Ceci peut toutefois varier d’une région à une autre. A Madagascar, la Direction Générale de la Météorologie doit répondre à plusieurs questions : est-ce que cette intensification des cyclones observée dans le passé va continuer dans le futur dans un contexte de réchauffement global de la planète ? Quelles sont les zones actuellement épargnées par les cyclones mais qui risqueraient d’en connaître dans le futur ? Une actu alisation des normes d e construction serait-elle à faire notamment pour les ouvrages pouvant durer plusieurs décennies (infrastructures routières, portuaires, …) ? Comme relevé plus haut, les données historiques concernant les cyclones tropicaux sont limitées. La rareté des évènements extrêmes (les cyclones dans les catégories les plus fortes) rend difficile la construction d’une analyse statistique robuste, élément essentiel de la gestion des risques. Il est ainsi impossible de répondre avec certitude aux questions relatives aux impacts du changement climatique sur l’activité cyclonique à Madagascar, avec les 25 années de données historiques fiables dont dispose la Direction Générale de la Météorologie. Pour remédier à ces problèmes d’insuffisance de données, des nouvelles méthodes ont été adoptées. Il est entendu que les propriétés statistiques de ces cyclones peuvent changer dans le climat futur mais pas les mécanismes physiques qui forcent leur dynamique. Par conséquent, des simulations de cyclones dans son environnement climatique actuel et dans ce qu’on peut attendre du climat futur permettent alors d’identifier un éventuel changement des risques encourus. Suivant la figure 16, selon ce modèle, la fréquence des cyclones (toutes intensités confondues) qui passent par la grande île ne va pas changer dans le futur. Sur 1000 cyclones qui se forment dans le bassin, 267 passent par Madagascar dans le climat actuel, contre 263 pour le climat futur. Cependant il semblerait qu’ils auront tendance à passer par le nord de Madagascar dans le futur. Figure 16. Nombre de passages par carré de 1° (~120 km x 120 km) sur 1000 cyclones qui se forment dans l’Océan Indien suivant le modèle ECHAM. Une réduction du passage de ces cyclones est à attendre sur le Centre Ouest, alors que le Sud Ouest verra une augmentation relative de leurs passages. Figure 17. Nombre de passages de cyclones ayant des vents > 200 km/h par carré de 1° (~120 km x 120 km) sur 1000 cyclones qui se forment dans l’Océan Indien suivant le modèle ECHAM. La figure 17 donne la variation du passage des cyclones intenses dans le climat actuel et futur. Les cyclones intenses sont définis ici comme des cyclones qui auront touché terre avec des vents supérieurs à 200 k m/h. S elon ce modèle E CHA M, une augmentation de la fréquence de cyclones intenses est attendue. Dans le climat actuel 37 cyclones intenses sur 1000 passent sur l’île. Pour le climat futur ce nombre s’élève à 54 sur 1000 cyclones. Ils viennent le plus souvent de l’Océan Indien et atterrissent sur le Nord Est pour suivre la côte Nord Ouest du pays. Il faut noter que les figures 16 et 17 ne montrent que le passage du centre du cyclone. Les zones de vents forts qui accompagnent les cyclones se trouvent souvent entre 20 à 150 km du centre. La région de la SAVA (producteur de vanilles) sera ainsi susceptible d’être placée dans la zone des vents extrêmes des cyclones dans le futur. La figure 15 donne un exemple de simulations de trajectoires de cyclones dans une projection climatique de 2100. La Direction Générale de la Météorologie procède actuellement à une évaluation des aléas cycloniques actuels et dans le futur en utilisant cette procédure. La partie Nord des Hauts-plateaux connaîtra également un regain d’activité de cyclones intenses dans le futur ainsi le sud ouest du pays. Il est à noter que les cyclones qui vont passer par le Sud-Ouest de l’île sont des cyclones qui auront touché terre à d’autres endroits et vont sortir en mer dans cette zone. Figure 15. Simulations de 200 trajectoires de cyclones en 2100. En bref... Sur la base de 1000 cyclones simulés, il est probable que, dans l’avenir (vers 2100) : - la fréquence des cyclones passant par la Grande Île resterait inchangée - une augmentation de la fréquence de cyclones intenses serait attendue - de plus en plus de cyclones passeraient par la partie Nord p28 • Le changement climatique à Madagascar Une étude est en cours pour confirmer ces résultats Le changement climatique à Madagascar • p29 Madagascar ne fait pas exception. Conformément à la tendance mondiale, le changement climatique est une réalité dans la Grande Ile. Lac Tritriva - Photo : DGM Cette publication nous montre les éléments essentiels illustrant cette situation : Conclusion p30 • Le changement climatique à Madagascar • Un réchauffement significatif se manifestant par une augmentation des températures moyennes de l’air sur l’ensemble du territoire. • Au niveau annuel, l’évolution des précipitations n’est pas significative. Cependant on constate une réduction de leur quantité pendant la saison sèche surtout sur la Côte Est. Les séquences sèches s’allongent et s’accompagnent d’un retard du début de la saison des pluies. Par conséquent, les précipitations se concentrent sur une période relativement courte, d’où l’augmentation de leur intensité durant la saison pluvieuse, notamment sur la partie Ouest et les hautes terres. • Une augmentation du nombre de cyclones à forte intensité est constatée depuis 1994. Toutefois le nombre moyen de cyclones qui passe annuellement dans le pays n’a pas tellement changé ces 25 dernières années. Concernant les projections, • vers 2055, la température annuelle à Madagascar augmenterait de 1,1°C à 2,6°C par rapport à la moyenne de la période 1961-1990. Cette augmentation ne serait pas uniforme pour l'ensemble du pays. • Une grande partie de Madagascar deviendrait plus humide, à l’exception de la partie Est où les précipitations diminueraient du mois de Juillet à Septembre. • Le nombre moyen de cyclones tropicaux touchant Madagascar annuellement ne devrait pas changer mais on s’attend à l’augmentation du nombre de cyclones intenses vers 2100. La science du climat évolue rapidement et les recherches avancent à grand bond. Malgré les ressources scientifiques importantes utilisées des proportions d’incertitudes inhérentes aux modèles numériques sont toujours à considérer lors de l’utilisation des projections climatiques. Là où les tendances significatives observées sont en conformité avec le changement projeté et les mécanismes physiques qui y sont liés sont compris, la planification et l'adaptation à de tels changements peuvent être réalisées sans trop de contraintes. Par contre, si l’on a des tendances statistiquement significatives observées au niveau de la majorité des stations dans une zone donnée alors que les projections des différents modèles sont en désaccord sur le signe du changement ou incohérents, des investigations plus approfondies sont nécessaires. Dans ce cas, il est possible que les changements observés s’expliquent par la variabilité naturelle du climat. Dans le cas où il n'y a pas de cohérence au niveau des tendances observées, alors que l’ensemble des modèles projette un changement physiquement réaliste, des activités de suivi sont nécessaires pour détecter si les changements attendus se sont manifestés. Concernant les cyclones tropicaux, les résultats présentés qui ont été présenté ne sont que la projection du futur climat vu par un seul modèle climatique. Ce sont les premiers jets d’une analyse des risques cycloniques que la Direction Générale de la Météorologie (DGM) effectue actuellement. Etant donné l’importance de l’intégration des risques cycloniques dans la planification du développement économique du pays, elle se doit de poursuivre ses investigations et d’affiner les résultats par l’utilisation d’autres modèles climatiques et par l’addition de nombres considérables de simulations de cyclones. Ces résultats feront l’objet d’une publication ultérieure qui sera diffusée dans l’objectif d’aider les autorités compétentes, le secteur privé, et les communautés de base dans les zones à risque afin de mettre à jour et adopter des normes et standards anticycloniques. Le souhait de la Direction Générale de la Météorologie, par l’intermédiaire de ce travail est de contribuer à l’amélioration des stratégies d’adaptation au changement climatique et de gestion des risques de catastrophes à Madagascar. Le changement climatique à Madagascar • p31 Références 1 - GIEC (2007). Climate Change 2007 : The Physical Science Basis. 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