Pêche artisanale aux petits métiers au niveau de la région Larache

Transcription

Pêche artisanale aux petits métiers au niveau de la région Larache
Pêche artisanale aux petits métiers au niveau de la région
Larache – Jebha :
Diagnostic de la situation actuelle
et analyse socio-économique
Par :
Malouli Idrissi Mohammed, Lamtai Aziz, Idrissi M’Hame et El Fanichi Chaib
Centre Régional de Tanger
1
Sommaire
Introduction
Méthodologie de travail
Caractéristiques du secteur de la pêche artisanale au niveau
de la région Jebha – Larache
IDescription des sites de la pêche artisanale
IILa flottille
IIILes métiers
III-1 Analyse par métier
IVL’effort de pêche
VLa production
VIAnalyse socio-économique de la communauté des pêcheurs de
la région Larache- Jebha
Conclusion
2
3
7
7
12
14
17
32
32
32
45
2
Introduction
La pêche artisanale dans la région Larache – Jebha, est l’une des activités économiques les plus
évoluées sur la côte Ouest de la méditerranée marocaine et Atlantique Nord, en plus du tourisme
balnéaire. Elle présente plusieurs atouts sur le plan économique en étant une source d’apport de
devise et sur le plan social par le nombre considérable de la main d’œuvre qu’elle génère et par la
fixation des communautés des pêcheurs sur place.
Les activités de pêche artisanale aux petits métiers, sont concentrées dans une région qui
présente plusieurs atouts très favorables au développement de ce secteur ; il s’agit notamment :
•
des ressources halieutiques ciblées, qui sont de haute valeur commerciale, destinées
principalement aux marchés européens
•
de la proximité des marchés européens
•
d’une zone de passage des espèces migratrices de valeur comme le thon rouge
•
et finalement d’une biodiversité importante, qui permet la diversification des métiers
et des opportunités pour améliorer les conditions de vie.
Toutefois, cette activité est handicapée par des problèmes relatifs à la faible efficacité des
pêcheurs, en raison du nombre limité de programmes d’encadrement rigoureux et spécifiques, au
manque, voire de l’inexistence des infrastructures de réception et d’approvisionnement et à
l’anarchie du système de commercialisation, généralement informel, qui défavorise les pêcheurs.
Ces dernières années, le Maroc commence à s’occuper de plus en plus des secteurs générant
des revenus faibles et des communautés qui vivent dans la précarité et dans des conditions socioéconomiques difficiles, et ce à travers plusieurs initiatives et programmes de développement, dont la
plus importante est l’Initiative Nationale pour le Développement Humain -INDH-. Dans ce cadre,
l’activité de pêche artisanale au Nord du Maroc a connu une progression ascendante grâce à la forte
volonté gouvernementale d’améliorer les conditions difficiles de travail des pêcheurs artisans.
La pêche artisanale dans cette région, est la première source de vie pour plus de 4000
familles ; le capital investi dans cette activité reste faible comparativement aux divers avantages
économiques et sociaux qu’elle génère.
Il faut signaler que l’activité de pêche artisanale dans la région Larache – Jebha, est pratiquée
par environ 1500 barques, au niveau de 37 sites. Ces chiffres représentent environ 50 %, aussi bien
de la flottille et que des sites où est pratiquée cette activité au niveau du littoral national de la
Méditerranée et de l’Atlantique Nord.
Les principaux objectifs assignés à cette étude sont :
•
Diagnostiquer la situation actuelle de la pêche artisanale dans la région Larache –
Jebha ;
•
Analyser les principaux aspects sociaux et économiques.
3
Méthodologie de travail
L’activité de la pêche artisanale peut être considérée parmi les secteurs informels dans la
région Larahe – Jebha, en raison de l’absence d’un système de suivi et collecte de données. Donc,
pour répondre aux différents objectifs de cette étude, il était nécessaire de procéder à la collecte
directe de données par le biais d’enquêtes de terrain, auprès des différents intervenants dans ce
secteur.
D’autres données sur les fichiers d’armement et sur la description des sites, étaient collectées auprès
des Délégations des Pêches Maritimes de Larache, Assilah, Tanger, M’diq et Jebha.
a. Déroulement des enquêtes
Afin de collecter les différentes données nécessaires, cinq missions de terrain ont été réalisées entre
octobre 2006 et juin 2007 au niveau de tous les sites implantés tout au long du littoral s’étendant
entre Larache et Jebha. Le calendrier de ces missions était le suivant :
•
•
•
•
•
Octobre 2006
Novembre 2006
Février 2007
Mars 2007
Juin 2007
: première enquête ;
: deuxième phase de l’enquête ;
: troisième phase de l’enquête.
: quatrième phase de l’enquête
: cinquième phase de l’enquête
En général, les missions de terrain se sont déroulées dans des conditions favorables ; les pêcheurs
étaient également coopérants, ce qui avait facilité le travail des enquêteurs. Le récapitulatif des
missions de terrain, est présenté dans le tableau suivant :
Tableau 1 : Récapitulatif des missions de terrain
Mois
Octobre 06 Novembre 06 Février 07 Mars 07
Juin 07
Nombre de sites
18
18
13
14
12
concernés par l’enquête
Nombre de pêcheurs
90
79
77
64
32
enquêtés
Les données collectées auprès des marins pêcheurs, des propriétaires de barques, des patrons de
pêche et certains mareyeurs ont concerné principalement :
-
les aspects sociométriques : âge, scolarisation, etc.
les aspects économiques
: Coûts, profits, etc.
des données sur la capture et l’effort de pêche
Le travail de terrain était divisé en trois parties, selon la nature des données à collecter :
•
une partie réservée à la collecte de toutes les données sociométriques possibles auprès
des pêcheurs, il s’agit de remplir une fiche comprenant les informations suivantes :
l’origine, l’expérience, l’âge, le niveau de scolarisation, la formation maritime acquise, la
4
•
•
relation avec le propriétaire, le nombre de personnes en charge et autres. Les enquêtes
relatives à cette partie ont concerné 178 marins pêcheurs ;
une partie réservée à la description détaillée des métiers au niveau de chaque site, cette
description comprend les engins de pêche, les espèces ciblées, les saisons de pêches et
les zones de pêche. Les enquêtes relatives à cette partie ont concerné 90 marins
pêcheurs ;
une partie réservée à la collecte des données liées aux aspects économiques, il s’agit des
coûts fixes et variables, des revenus, des captures et de l’effort de pêche. Les enquêtes
relatives à cette partie ont concerné 74 barques.
La collecte de données, a concerné les 37 sites de la pêche artisanale aux petits métiers implantés
dans la région Larache - Jebha. Au total, 342 enquêtes ont été réalisées.
•
Population cible
Cette étude consiste à traiter de près la situation du secteur de la pêche artisanale dans la
région Larache - Jebha. La majorité des informations collectées, était obtenue auprès des pêcheurs,
considérés comme l’élément principal dans le développement de cette activité. Le nombre de
pêcheurs est estimé à environ 4400.
Tableau 2 : Population cible
Zone
Effectif total de la
population maritime
Nombre moyen de
marins par site
390
390
1360
1440
1200
4390
150
110
85
120
Circonscription Maritime (CM) de Larache
(un seul site = port)
CM de Tanger (9 sites)
CM de M’diq (13 sites)
CM de Jebha (14 sites)
Total
b. Calcul des paramètres économiques
-
Capital Investi (CI)
Exprime la valeur actuelle des moyens de production, constitués principalement du bateau, du
moteur et des engins de pêche.
-
Produit Brut ou Chiffre d'Affaire (CA)
Il s'agit de la valeur des débarquements, à la première vente.
-
Charges de la production
Les charges liées à l’activité de la pêche artisanale, peuvent être divisées en deux grands
types : les charges fixes qui sont généralement des charges annuelles et les charges variables qui
changent en fonction de l’effort de pêche lié à l’activité, ainsi que les charges liées à la main-d’œuvre.
5
Les charges fixes
Généralement, ce sont des charges annuelles supportées par les armateurs et constituées
principalement des charges d’entretien et d’amortissement des moyens de production et des frais de
la licence, c’est-à-dire les droits de pêche.
o Amortissement des moyens de production
Les charges liées à l'amortissement des moyens de production, comprennent l’amortissement
de la barque, l’amortissement du moteur et l’amortissement des engins de pêche.
Par exemple, pour l’amortissement d’une barque, le coût d’amortissement annuel est calculé
comme suit :
Coût annuel d’amortissement de la barque = Valeur de remplacement / durée de vie économique
Le coût annuel des amortissements liés aux engins de pêche et au moteur, est calculé de la
même manière.
Ces coûts d’amortissement sont calculés sur la base de la durée de vie économique des
moyens de production. La durée de vie économique des différents moyens de production est
estimée principalement en faisant référence aux travaux de recherche déjà réalisés et aux enquêtes
réalisées auprès des pêcheurs. Elle se présente comme suit :
- Durée de vie d’une barque
- Durée de vie du moteur
- Durée de vie des engins de pêche
:
:
:
15 ans ;
05 ans ;
03 ans.
Pour la barque, il serait difficile de parler d’une durée de vie physique, car les propriétaires
essayent d’entretenir leurs bateaux, de telle manière qu’ils soient toujours en bon état et par
conséquent, les frais d’entretien peuvent inclure l’amortissement du bateau (Westland, 2004).
Les charges variables
Les charges variables sont partagées entre le propriétaire de la barque et l’équipage. Elles
varient en fonction du nombre et de la nature des sorties en mer réalisées. Ces charges sont
constituées principalement des frais du carburant.
Les charges liées à la main d’œuvre
Généralement, les marins pêcheurs ne touchent pas de salaires fixes, donc les charges liées à
la main d’œuvre sont calculées à partir d'un système de partage, qui sera détaillé et analysé dans le
rapport.
-
Profit Brut Estimé (PBE)
Exprime les revenues, après la déduction des coûts opérationnels, notamment les charges liées
à la main d’œuvre, les charges variables et les charges fixes :
PBE = Produit Brut – coûts opérationnels
6
-
Profit Net Estimé (PNE)
Exprime les revenues de l’armateur après la déduction des coûts d’amortissement du PBE :
PNE = PBE – coût d’amortissement
-
Taux du Profit ou Taux de Rentabilité (TP ou TR)
Exprime le rapport entre les profits nets annuels et l’investissement effectué :
TP (TR) = PNE / CI
-
Valeur Ajoutée Brute (VAB)
La valeur ajoutée brute exprime l’apport de l’activité de la pêche artisanale à l’économie
nationale et plus particulièrement à l’économie locale. Cet indicateur est calculé sur la base des
bénéfices réalisés et des salaires.
7
Caractéristiques du secteur de la pêche artisanale au niveau de la
région Jebha – Larache
VII-
Description des sites de la pêche artisanale
Le nombre de sites qui abritent l’activité de pêche artisanale dans la région Jebha- Larache, est
de 37. Ces sites peuvent être classés en 6 catégories :
1-1 Les grands ports :
Possèdent généralement toutes les infrastructures de pêche nécessaires, il s’agit notamment
d’un quai, d’une digue, d’une station de carburant, d’une halle aux poissons, de magasins
d’approvisionnement en matériel de pêches, d’un magasin de réparation des moteurs, d’une ou deux
fabriques de glace et parfois des lieux de dépôt de matériel de pêche.
Les grands ports de la région Larache – Jebha, sont au nombre de 4 : Larache, Tanger, M’diq et
Jebha.
Photo 1 : Port de M’diq (CM de M’diq)
1-2 Les petits ports ou villages de pêcheurs
Possèdent généralement certaines infrastructures de pêche, telles que : un quai, une digue,
une halle aux poissons, une station de carburant, des lieux de dépôt de matériel de pêche et parfois
une fabrique de glace.
Les sites qui possèdent ces caractéristiques sont : Assilah, Ksar Sghir et Chamaala.
8
Photo 2 : Village de pêcheur de Chmaala (CM de Jebha)
1-3 Les Points de Débarquement Aménagés (PDA)
Récemment construits dans le cadre du programme national d’aménagement des sites de la
pêche artisanale, ces PDA sont dépourvus de constructions « offshore ». Généralement, ils sont
dotés d’un lieu de commercialisation de poisson, où se passent les ventes aux enchères, de magasins
pour le dépôt du matériel de pêche et d’une fabrique de glace. Les deux PDA, jusque là réalisés,
sont Fnideq et Martil
Photo 3 : PDA de Martil (CM de M’diq)
1-4 Les plages ouvertes
Il s’agit de plages très sollicitées par le tourisme balnéaire en saison d’été, en raison de la
qualité du sable et de l’eau de baignade qu’elles offrent. Cette qualité est due à leur éloignement des
grandes villes et des zones industrielles. Ces sites sont dépourvus de toutes infrastructures de base et
de pêche. Les pêcheurs doivent se déplacer au niveau des grands ports pour s’approvisionner en
intrants de pêche et pour réparer leurs moteurs.
Les sites possédant ces caractéristiques sont au nombre de 12, il s’agit de Oued Alliane,
Ferdioua, Dikky, Dalia, Martil Oued El Maleh, Sidi Abdessalam El Bahri, Amsa, Azla, Oued Laou, Kaa
Srass, Zaouia, Targha, Stehat.
9
Photo 4 : Plage ouverte de Amsa (CM de M’diq)
1-5 Les sites isolés, avec activités balnéaires
Ces sites, malgré leur isolement, ils connaissent des activités balnéaires et touristiques
importantes en été. Ces activités engendrent des revenus supplémentaires pour les pêcheurs, en
raison des prix élevés du poisson par rapport aux prix observés au cours de l’année, car la demande y
devient plus forte. Ces sites sont Oued El Mersa, Bel Younech, Azenti, Sidi Yahya Aarab, Jenane Niche,
Amtter et Taghessa
Photo 5 : Site de Bel Younech (CM de Tanger)
10
1-6 Les sites isolés, sans activités balnéaires
Ce sont des sites très isolés, avec des accès difficiles à très difficiles par voie terrestre.
Généralement, ils sont très éloignés des villes et des zones actives, ne possédant aucune
infrastructure et aucune protection pour les pêcheurs. Ces sites sont au nombre de 7, il s’agit
de Tamrabet, Tamernout, Tamguert, Awchtam, Aargoub, Takmout, Sidi Ftouh.
Photo 6 : Site de Tamguerte (CM de Jebha)
D’une manière générale, les sites de la pêche artisanale sont répartis le long de la côte Jebha –
Larache d’une manière relativement intense, soit 37 sites et ports sur environ 370 Km, ce qui donne
une distance moyenne de 10 km entre deux sites. La plus longue distance entre deux sites, est celle
qui sépare le port de Larache du port d’Assilah, sur environ 50 km, alors que la plus courte distance
est observée entre les sites M’diq port et M’diq plage, puis entre Martil Oued El Maleh et Martil Diza
et aussi entre Zaouia et Targha ; la distance moyenne séparant ces sites est moins de 500 m (Figure
1 et Tableau 3).
Figure 1 : Distribution des sites de la pêche artisanale au niveau de la région Larache- Jebha
11
Tableau 3 : Les coordonnées géographiques des ports et sites de la pêche artisanale, situés
dans la région Larache – Jebha.
Sites / Ports
Circonscription
maritime
Latitude
Longitude
Type du site
Larache
Assilah
Tanger
Oued Alliane
Ferdioua
Dikky
Ksar Sgher
Dalia
Oued El Mersa
Bel Younech
Fnideq
M’diq plage
M’diq port
Martil oued maleh
Martil Diza
Sidi abdessalam elbahri
Azla
Amsa
Tamrabet
Tamernoute
Awchtam
Tamguerte
Oued laou
Kaa Srass
Zaouia
Targa
Azenti
Stehatt
Chmaala
Sidi yahya aarab
Jennane niche
Aarkoub
Amtter
Taghessa
Jebha
Takmout
Sidi Ftouh
Larache
Tanger
Tanger
Tanger
Tanger
Tanger
Tanger
Tanger
Tanger
Tanger
M’diq
M’diq
M’diq
M’diq
M’diq
M’diq
M’diq
M’diq
M’diq
M’diq
M’diq
M’diq
M’diq
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
Jebha
35°11,0 N
35°28,0 N
35°47,2 N
35°49,6 N
35°49,9 N
35°49,9 N
35°50,8 N
35°54,3 N
35°54,3 N
35°54,5 N
35°50,7 N
35°41,1 N
35°40,9 N
35°38,0 N
35°36,9 N
35°35,1 N
35°33,2 N
35°32,3 N
35°32,2 N
35°31,5 N
35°30,6 N
35°29,1 N
35°27,1 N
35°24,8 N
35°24,1 N
35°23,5 N
35°22,4 N
35°20,8 N
35°19,7 N
35°18,0 N
35°17,4 N
35°16,2 N
35°14,6 N
35°13,3 N
35°12,6 N
35°11,3 N
35°10,5 N
06°10,2 W
06°03,0 W
05°48,5 W
05°39,2 W
05°37,0 W
05°35,5 W
05°33,7 W
05°28,7W
05°27,0 W
05°23,6 W
05°21,2 W
05°19,2 W
05°18,8 W
05°16,5 W
05°16,2 W
05°15,5 W
05°14,7 W
05°13,0 W
05°11,7 W
05°10,2 W
05°9,5 W
05°7,7 W
05°5,4 W
05°4,1 W
05°00,9 W
05°00,5 W
04°59,3 W
04°57,3 W
04°56,3 W
04°52,8 W
04°51,3 W
04°50,1 W
04°47,4 W
04°44,0 W
04°39,9 W
04°35,8 W
04°31,1 W
Port
Port
Port
Plage ouverte
Plage ouverte
Projet PDA
VDP
Plage ouverte
SIAAB
Projet PDA
PDA
Plage ouverte
Port
Plage ouverte
PDA
Plage ouverte
Plage ouverte
Projet PDA
SISAB
SISAB
SISAB
SISAB
Plage ouverte
Projet PDA
Plage ouverte
Projet PDA
SIAAB
Plage ouverte
VDP
Projet PDA
SIAAB
SISAB
Projet PDA
SIAAB
Port
SISAB
SISAB
-
Localisation par
rapport à un grand
port
0 Km
0 Km
0 Km
23 Km Est Tanger
27 Km Est Tanger
30 Km Est Tanger
35 Km Est Tanger
44 Km Est Tanger
50 Km Est Tanger
30 Km Ouest M’diq
20 Km Ouest M’diq
0 Km
0 Km
08 Km Est M’diq
09 Km Est M’diq
21 Km Est M’diq
24 Km Est M’diq
26 Km Est M’diq
37 Km Est M’diq
56 Km Est M’diq
59 Km Est M’diq
64 Km Est M’diq
71 Km Est M’diq
76 Km Est M’diq
81 Km Est M’diq
81 Km Est M’diq
91 Km Est M’diq
65 Km Ouest Jebha
58 Km Ouest Jebha
47 Km Ouest Jebha
35 Km Ouest Jebha
25 Km Ouest Jebha
10 Km Ouest Jebha
07 Km Ouest Jebha
0 Km
15 Km Est Jebha
30 Km Est Jebha
PDA : Point de Débarquement Aménagé
VDP : Village De Pêcheurs
SIAAB : Sites Isolés, Avec Activités Balnéaires
SISAB : Sites Isolés, Sans Activités Balnéaires
12
II- La flottille
La flottille artisanale est constituée d’embarcations en bois, ayant une longueur ne dépassant
pas 7 mètres (m) et une capacité inférieure à 2 tonneaux. Ces barques sont généralement équipées
d’un moteur hors-bord, d’une puissance allant de 4 à 15 chevaux (Cv) et très rarement d’un moteur
in-bord dont la puissance varie entre 12 et 35 Cv.
Tableau 4 : Caractéristiques techniques des barques de la région Larache – Jebha
Caractéristiques Âge de la
Puissance* TJB
Longueur Creux
Largeur (m)
techniques
barque (ans) (Cv)
(Tx)
(m)
(m)
Minimum
4
4
0.48
3.50
0.57
1.62
Maximum
47
15
2.00
6.87
1.03
2.20
Moyenne
15
12
1.62
5.5
0.77
1.85
* seuls les moteurs « hors-bord » qui sont pris en compte dans les calculs
Un autre type d’embarcation est également rencontré au niveau des sites de la pêche
artisanale, communément appelé « Chebbak », de taille plus importante, avec une longueur qui peut
atteindre jusqu’à 9 m et une capacité inférieure à 5 TJB. Ce type d’embarcation utilise exclusivement
des sennes tournantes de taille moyenne pour cibler les petits pélagiques, principalement la sardine.
Ces navires ne sont pas considérés comme des barques de pêche artisanale aux petits métiers et
donc ils n’étaient pas pris en considération dans cette étude.
Le nombre de barques actives dans l’ensemble des sites de la région Larache – Jebha, est de
1442 unités, ce qui représente environ 50 % de l’ensemble de la flottille artisanale opérante en
Méditerranée et en Atlantique Nord. Le nombre de barques inactives est de l’ordre de 3%, soit 47
barques. Le nombre des « Chebak » est de 65, rencontrés entre Amsa et Amtter.
La répartition de la flottille est (plus ou moins) équitable entre les différentes circonscriptions
maritimes de la région Jebha – Larache, sauf pour la CM de Larache, car cette dernière ne possède
qu’un seul port. Le nombre de barques par site varie entre 4 et 160 unités, en fonction de la nature
du site et de l’importance des ressources halieutiques disponibles ; la moyenne est d’environ 40
barques par site (Tableaux 5 et 6).
Le nombre de barques par site ne varie pas généralement en fonction de la saison. Une
exception est cependant constatée dans les sites qui avoisinent la région de Ksar Sghir lors de la
saison de pêche du thon rouge, où les barques d’autres sites et essentiellement celles des sites d’Azla
et Amsa, se déplacent vers cette région.
Tableau 5 : Répartition des barques de la pêche artisanale, par Circonscription Maritime.
Zone
CM de Larache (un seul site = port)
CM de Tanger (9 sites)
CM de M’diq (13 sites)
CM de Jebha (14 sites)
Total
Effectif total
de barques
130
453
490
416
1489
Nombre moyen de
barques par site
130
50
38
30
40
13
Tableau 6 : Répartition des barques par site
Nom du site
Larache
Assilah
Tanger
Oued Alliane
Ferdioua
Dikky
Ksar Sgher
Dalia
Oued el Mersa
Bel Younech
Fnideq
M'diq port
M'diq plage
Martil Oued El Maleh
Martil Diza
Sidi Abdessalam el Bahri
Azla
Amsa
Tamrabet
Bar. actives
Bar. inactives Nom du site
130
Tamernout
97
Awchtam
82
Tamguert
8
Oued Laou
23
3 Kaa Sraas
58
3 Zaouia
84
5 Targa
22
6 Azenti
27
3 Stehat
31
1 Chamaala
73
2 Sidi Yahya Aarab
160
Jenane Niche
25
2 Aargoub
12
Amtter
46
Taghessa
9
1 Jebha
33
Takmout
19+5 Chebak
Sidi Ftouh
6
1 TOTAL
Bar. actives
Bar. inactives
17
20
4
56+4 Chebak
78+11 Chebak
21+ 6 Chebak
27 + 11 Chebak
15+4 Chebak
11
46+11 Chebak
28+3 Chebak
27+7 Chebak
18+ 1 Chebak
38+ 2 Chebak
11
51
22
7
1442 + 65 Chebak
4
1
2
2
4
1
6
47
III- Les métiers
Un métier peut être défini comme étant une activité de la pêche artisanale utilisant le même
engin de pêche, ciblant les mêmes espèces, durant la même période et au niveau de la même zone
de pêche.
-
Les engins de pêches
Les pêcheurs artisans de la région Larache – Jebha, utilisent un nombre important d’engins de
pêche en fonction de la zone de pêche, des espèces ciblées et de la période de l’année, d’où le
nombre élevé des métiers rencontrés, allant de 2 à 11 par site.
Les engins de pêche utilisés sont au nombre de 11 ; ils peuvent être classés en deux grandes
catégories : les filets et les engins à hameçons.
-
Les filets :
Les quatre (4) principaux filets utilisés sont : le trémail, le filet dérivant de surface, le filet de fond et
la senne de plage ;
-
Les engins à hameçons :
Les cinq (5) engins à hameçons utilisés sont : la palangre, la ligne à main, la ligne de traîne, la
palangrotte et la turlutte.
14
-
Autres engins (deux) :
La drague, elle est utilisée pour la collecte des bivalves ; les deux principales espèces ciblées
par cet engin, sont la coque et le vernis.
Le Pot au poulpe, il s’agit généralement d’une boite en métal en forme de pot, utilisée pour
pêcher le poulpe. Cet engin est de moins en moins utilisé, en raison de son interdiction au niveau de
certaines régions à cause de son impact négatif sur l’écosystème marin.
La répartition des engins de pêche se caractérise par la présence de certains engins dans la
plupart des sites, c’est le cas notamment de la palangre et le trémail qui sont rencontrés dans les
quatre circonscriptions maritimes. La turlutte, la ligne à main, le filet de surface, le filet de fond et la
senne de plage, sont des engins de pêche utilisés entre Tanger et Jebha ; ils ne sont pas présents
dans la circonscription maritime de Larache.
D’autres engins sont spécifiques à certains sites, comme l’utilisation de la palangrotte pour
cibler le thon rouge, qui est rencontrée uniquement au niveau de 4 sites de la région de Tanger
(Tableau 7).
Tableau 7 : Répartition des engins de pêche par région
Circonscription maritime (Région)
Larache
Tanger
M’diq
Jebha
-
Engins rencontrés
Palangre et trémail
Palangre, palangrotte, turlutte, ligne à main, trémail,
filet de surface, filet de fond, senne de plage
Palangre, turlutte, ligne à main, trémail, filet de surface,
filet de fond, senne de plage, ligne de traîne, drague
Palangre, turlutte, ligne à main, trémail, filet de surface,
filet de fond, senne de plage.
Les espèces ciblées
Les ressources halieutiques exploitées par la flottille artisanale au niveau de la région Larache Jebha, sont très diversifiées. Les barques ciblent principalement les espèces démersales de grande
valeur commerciale, mais elles peuvent également pêcher des espèces pélagiques.
Le nombre d’espèces pêchées et commercialisées, est considérable ; il dépasse 40 espèces, ce
qui témoigne clairement l’importance de la biodiversité marine et de la richesse halieutique de la
région.
L’inventaire des espèces ciblées par les pêcheurs artisans, est présenté dans le tableau 8. Cet
inventaire comprend les noms français, les noms scientifiques, ainsi que les noms vernaculaires des
espèces.
15
Tableau 8 : Inventaire des espèces capturées par les pêcheurs artisans
Noms français
Bounitou
Bar européen
Bogue
Bonite à dos rayé
Bonite à ventre rayé
Calmar
Chinchard d’Europe
Congre
Denté commun
Dorade rose
Dorade royale
Encornet rouge
Grodin
Grodin lyre
Merlan bleu
Mérou
Mérou noir
Mulet
Murène
Orphie
Pageot acarne
Pageot commun
Pagre commun
Pagre rayé
Petite argentine
Phycis de roche
Poisson volant (Exocet)
Poulpe
Rascasse
Rouget
Saint pierre
Sar à tête noir
Sar commun
Sardine commune
Sars
Saupe
Seiche commune
Sole commune
Thon rouge
Thonine commune
Turbot
Vive
Coque
Vernis
Noms scientifiques
Auxis rochei
Dicentrarchus labrax
Boops boops
Sarda sarda
Katsowonus pelamis
Loligo vulgaris
Trachurus trachurus
Conger conger
Dentex dentex
Pagellus bogaraveo
Sparus aurata
Illex coindetti
Aspitrigla sp.
Trigla lyra
Micromesistius poutassou
Epinephelus alexandrinus
Epinephelus marginatus
Liza sp. – Mugil sp.
Muraena helena
Belone belone gracilis
Pagellus acarne
Pagellus erythrinus
Pagrus pagrus
Pagrus auriga
Argentina sphyraena
Phycis phycis
Exocetus volitans
Octopus vulgaris
Scorpaena sp.
Mullus sp.
Zeus faber
Diplodus vulgaris
Diplodus sargus sargus
Sardina pilchardus
Diplodus sp.
Sarpa salpa
Sepia officinalis
Solea vulgaris
Thynnus tunnus
Euthynnus alleteratus
Psetta maxima maxima
Trachinus sp.
Acanthocardia tuberculatum
Calliste chione
Noms vernaculaires
Merba (Melva)
Loup-bar
Boga
Bonito
Listao
Calamares
Jureles
Safiou
Danté
Bourassé
Dorada
Passamar
Robiot
Robiot
Pescadilla – bacallaou
Tcharna
Méro
Bouri
Morena- Mréna
Bassougo
Pargou
Paghar
Pargou
Luiset
Brotola
Boutayar
Pourpo
Gayennetta
Sarmonité
Chatra
Sargho- Heddad
Chargou
Saardine
Sargho
Hallama
Sépia
Linguado- Sole
Toun
Bacoretta
Turbot
Belem – laâgrab
Corroco
Concha
16
-
Les zones de pêches
Généralement, les pêcheurs artisans ne s’éloignent pas beaucoup de leurs sites d’attache, en
raison des moyens de productions, considérés modestes, et du manque d’infrastructures d’accueil
nécessaires en cas d’intempéries et des vents forts qui pourraient surprendre les pêcheurs à tout
moment. Le champ d’action est par conséquent très limité.
A part, pour le cas de certaines espèces de haute valeur commerciale, comme le thon rouge,
pour lesquelles les pêcheurs prennent le risque de s’éloigner et de le chercher au niveau de zones un
peu difficiles, pour les autres espèces le rayon d’action de l’activité des pêcheurs, se limite au
maximum à 2 heures de navigation, dans un sens ou dans l’autre, des deux côtés du site d’attache.
-
Les saisons de pêche
Les saisons de pêche sont variables en fonction des espèces ciblées ; certaines espèces sont
capturées toute l’année, alors que d’autres sont capturées uniquement pendant une période bien
déterminée de l’année.
Les pêcheurs essayent d’adapter leurs stratégies de pêche, de telle manière qu’ils assurent le
meilleur rendement économique durant toute l’année.
17
III- 1 Analyse par métier
III-1-1 Métiers utilisant les filets
i.
Filet maillant de surface (FMS)
Nom vernaculaire, local
: Merbera
•
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 9 : Caractéristiques techniques du Filet Maillant de Surface
Nombre de pièces Longueur de pièce Chute Maille
(m)
(m)
(mm)
Min.
2
13
2.0
40
Max.
20
150
18.0
50
Moyenne
9
80
7.4 40- 45- 50
La majorité des pêcheurs, utilise des filets d’une maille de 40 mm, soit une proportion de
l’ordre de 76 %, alors que les autres pêcheurs utilisent des filets à mailles de 45 et 50 mm.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
Entre septembre et novembre de chaque année ; parfois ce métier est pratiqué jusqu’au mois
de janvier.
Zone de pêche
Les zones de pêche sont en fonction du site d’attache ; généralement les pêcheurs travaillent à
proximité du site. La profondeur des zones de pêche, varie entre 10 m et 360 m, avec une moyenne
de 30 m pour la profondeur minimale et une moyenne de 80 m pour la profondeur maximale
Durée de la marée
Les pêcheurs commencent en fin d’après-midi (aux alentours de 17H00) ; ils travaillent
pendant 3 à 15 heures, avec une moyenne de 8 heures d’activité par marée.
Espèces cibles
La thonine commune ; l’auxide (ou le bonitou, en Méditerranée); la bonite à dos rayé et la bacorette.
Sites où est pratiqué ce métier
Sidi Ftouh, Jebha, Taghessa, Amtter, Aargoub, Jenan Niche, Sidi Yahia Arab, Chmaâla, Stehat,
Azenti, Targha, Zaouia, Kaa Srass, Oued Laou, Tamguerte, Awchtam, Tamernoute, Tamrabet, Amsa,
Azla, My Abdesslam Bahri, Martil Diza, Martil-Oued Al maleh, M'diq_port, Fnideq, Belyounech, Oued
El Marsa, Tanger.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 380
18
ii.
Filet maillant de fond (FMF)
Dans cette région, trois types de filets maillants de fond sont rencontrés, en fonction des
espèces cibles ; il s’agit du FMF pour les espèces démersales, du FMF pour le merlu et du FMF ciblant
le poisson volant (Exocet).
a. FMF pour les espèces démersales
Nom vernaculaire, local
: Boughera
• Caractéristiques de l’engin :
Tableau 10 : Caractéristiques techniques du Filet Maillant de Fond – espèces demersales
Nombre de pièces Longueur de pièce Chute Maille
(m)
(m)
(mm)
Min.
2
40
2
20
Max.
20
150
10
50
Moyenne
13
75
5.5
25 – 30
Les pêcheurs utilisent cet engin surtout avec des mailles de 20, 25 et 30 mm, soit une
proportion d’environ 60 %, alors que 32 % des pêcheurs utilisent ce filet avec des mailles de 35 et 40
mm ; seul 8 % des pêcheurs l’utilisent avec des mailles de 45 et 50 mm.
•
ꀃ 㔄ractéristiques du métier :
Période de pêche
Ce métier est pratiqué généralement durant toute l’année, mais en particulier entre les mois
de décembre et mars, soit 30% des pêcheurs.
Zone de pêche
Les zones de pêche sont en fonction du site d’attache. Généralement, les pêcheurs travaillent
à proximité du site d’attache. La profondeur varie entre 5 m et 130 m, avec une moyenne de 12 m
pour la profondeur minimale et une moyenne 35 m pour la profondeur maximale
Durée de la marée
Les pêcheurs calent leurs engins entre 16h00 et 17h00, pour une durée de 14 à 16 heures. Cette
durée d’activité peut être plus importante en fonction de la capture (dépend plutôt des rendements).
Espèces cibles
Le pageot acarne ; le chinchard ; la bogue ; la raie ; la saupe ; les sars ; les dorades ; le loup ; la
sole ; le mulet.
Sites où est pratiqué ce métier
Takmout, Jebha, Taghessa, Amtter, Chmaâla, Stehat, Targha, Zaouia, Kaa Srass, Oued Laou,
Tamguerte, Awchtam, Tamernout, Tamrabet, Amsa, Azla, Martil-Oued Al maleh, M'diq_port,
Belyounech, Oued Al marsa, Ksar Sghir.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 150
19
b. FMF pour merlu
Nom vernaculaire, local
•
: Lachkette
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 11 : Caractéristiques techniques du Filet Maillant de Fond – Merlu Nombre de pièces
Min.
Max.
Moyenne
Longueur de pièce Chute Maille
(m)
(m)
(mm)
20
55
2
30
60
100
13
35
36
73
7
30-35
Pour cet engin, les pêcheurs utilisent uniquement deux types de maillage, 30 et 35 mm.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
Ce métier est pratiqué entre avril et octobre de chaque année.
Zone de pêche
Les zones de pêche sont situées entre Assilah et Moulay Bousselham. La profondeur varie
entre 45 m et 145 m, avec une moyenne de 65 m pour la profondeur minimale et une moyenne 130
m pour la profondeur maximale
Durée de la marée
Les pêcheurs déposent leurs engins sur les fonds de pêche, entre 16h00 et 19h00 et y
retournent le lendemain entre 06h00 et 16 h 00. Ainsi, l’engin reste calé pour une durée variant
entre 11 et 24 heures.
Espèces cibles
Le merlu commun ; le grondin ; le tacaud commun
Sites où est pratiqué ce métier
Assilah, Larache.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 160
20
c. FMF pour exocet
Nom vernaculaire, local : Boulahera
•
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 12 : Caractéristiques techniques du Filet Maillant de Fond – Exocet Nombre de pièces
Min.
Max.
Moyenne
10
12
11
Longueur de pièce
(m)
100
Chute Maille
(m)
(mm)
1
8
25
Le filet de pêche ciblant l’exocet, est généralement de petite taille et d’une maille de 25 mm.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
Ce métier est pratiqué entre juin et août de chaque année
Zone de pêche
Les zones de pêche sont situées au Nord du port de M’diq, plus particulièrement (sur les
fonds de pêche situés) entre Fnideq et Restinga.
Durée de la marée
Les pêcheurs commencent à 6h00 et rejoignent leurs sites d’attache vers 13h00 ; une
activité de pêche qui se pratique durant la matinée.
Espèces cibles
Poisson volant (Exocet)
Sites où est pratiqué ce métier
Fnideq
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 10
21
iii.
Trémail (TR)
Nom vernaculaire, local
•
: Torssan
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 13 : Caractéristiques techniques du Trémail
Nombre de pièces Longueur de pièce Chute Maille (petite nappe)
(m)
(m)
(mm)
Min.
3
30
1
20
Max.
50
100
8
60
Moyenne
14
70
2.6
25- 30 - 35
Le trémail est composé de deux types de nappes, une nappe à petite maille et une nappe à
grande maille. La maille de la grande nappe est standard pour tous les pêcheurs, elle est de 200 mm,
alors que la maille de la petite nappe varie en fonction des espèces ciblées, elle varie entre 20 et 60
mm, avec une prédominance des mailles de 25, 30 et 35 mm.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
Généralement, c’est un métier qui est pratiqué durant toute l’année, mais certains pêcheurs
l’exercent uniquement d’une manière saisonnière
Zone de pêche
s zones de pêche sont en fonction du site d’attache, généralement les pêcheurs travaillent à
côté du site. La profondeur varie entre 2 m et 140 m, avec une moyenne de 20 m pour la profondeur
minimale et une moyenne 65 m pour la profondeur maximale
Durée de la marée
Généralement les pêcheurs déposent leurs trémails entrent 16h00 et 18h00 et les ramassent
entre 06h00 et 09h00 de l’autre jour.
Espèces cibles
La sole, le rouget, le chinchard, le pageot acarne, le loup, la raie, la langoustine, la seiche, le
poulpe et d’autres sparidés.
L’espèce la plus prisée par la majorité des pêcheurs, est la seiche.
Sites où est pratiqué ce métier
Sidi Ftouh, Takmout, Jebha, Taghessa, Amtter, Aargoub, Jnane niche, Sidi Yahia Arab,
Chmaâla, Stehat, Azenti, Targha, Kaa Srass, Oued Laou, Awchtam, Tamarnout, Tamrabet, Amsa, Azla,
My Abdesslam bahri, Martil Diza, Martil Oued Al maleh, M'diq port, Fnideq, Belyounech, Oued Al
marsa, Ksar Sghir, Ferdioua, Oued Alliane, Tanger, Assila, Larache.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 290
22
iv.
Senne de plage (SP)
Nom vernaculaire, local
•
: Kerrata, Habiga
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 14 : Caractéristiques techniques de la Senne de Plage
Nombre de pièces
Min.
Max.
Moyenne
Longueur de pièce Chute Maille
(m)
(m)
(mm)
2
55
1
08
6
100
6
25
5
80
3.5
20- 25
La senne de plage est constituée de plusieurs filets de mailles différentes variant entre 08 et 25
mm, avec une prédominance des mailles de 20 et 25 mm.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
Ce métier est pratiqué durant toute l’année.
Zone de pêche
Les zones de pêche sont généralement au large des sites de la mise à l’eau des barques. La
profondeur de pêche varie entre 0.1 m et 26 m ; l’engin racle à même le fond marin, notamment au
large des plages sableuse.
Durée de la marée
Le filet est tiré à partir de la côte pendant 2 heures ; l’opération de pêche complète, dure entre
5 et 8 heures.
Espèces cibles
Une multitude d’espèces, surtout de petites tailles, est ciblée par cet engin de pêche. Les
espèces les plus prisées sont : le pageot acarne, le poulpe, la raie, la sole, la vive, le chinchard.
Sites où est pratiqué ce métier
Amtter, Chmaâla, Stehat, Azenti, Targha, Kaa Srass, Oued Laou, Amsa, Azla, Martil Diza, Martil
Oued El Maleh, M’diq plage, Fnideq, Belyounech, Oued El Marsa, Dalia, Ksar Sghir, Oued Alliane.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 80
23
III-1-2 Métiers utilisant les engins à hameçons
v.
Palangre à hameçons de petites tailles (PHPT)
Nom vernaculaire, local
: Palangré fino
•
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 15 : Caractéristiques techniques de la Palangre à hameçons de petites tailles
N° d’hameçon Nbre d’engins Nbre d’hameçons/ engin Longueur (m)
Min.
15
1
30
100
Max.
07
20
1000
3000
Moyenne
10-11-12
4
270
900
La taille des hameçons utilisés est très variable, entre N° 7 et N° 15 ; cette variabilité est liée
aux espèces cibles. Les hameçons les plus utilisés, sont :
N° 12, utilisés par environ 29% des pêcheurs ;
N° 10 sont utilisés par environ 20% des pêcheurs
N° 11 sont utilisés par environ 12% des pêcheurs.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
Ce métier est pratiqué généralement pendant deux à trois mois de l’année Au niveau de
certains sites, il est pratiqué durant toute l’année.
Zones de pêche
Les zones de pêche sont en fonction du site d’attache. Généralement, les pêcheurs travaillent
à proximité du site d’attache. La profondeur varie entre 10 m et 500 m. Les zones de pêche les plus
profondes sont rencontrées dans la zone du Détroit de Gibraltar.
Durée de la marée
La durée de la marée, peut aller de 05 heures jusqu’à 16 heures, avec une moyenne de 12 heures.
Espèces cibles
Les espèces les plus ciblées par ce métier sont : la dorade, la dorade rose, les pageots, le pagre,
le loup-bar et d’autres espèces de sparidés.
Sites où est pratiqué ce métier
Sidi Ftouh, Takmout, Jebha, Amtter, Chmaâla, Stehat, Zaouia, Kaa Srass, Oued Laou, Awchtam,
Tamarnout, Tamrabet, Amsa, Azla, My Abdesslam bahri, Martil Diza, Martil Oued Maleh, M’diq,
Fnideq, Belyounech, Oued Al marsa, Ksar Sghir, Ferdioua, Oued Alliane, Tanger, Asila, Larache.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 230
24
vi.
Palangre à hameçons de grandes tailles (PHGT)
Nom vernaculaire, local : Palangré Gordo
•
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 16 : Caractéristiques techniques de la Palangre à hameçons de grandes tailles
N° d’hameçon
Min.
Max.
Moyenne
Nbre d’engins Nbre d’hameçons/ Longueur (m)
engin
6
2
45
100
1
20
1000
3000
5-6
5
320
1000
La taille des hameçons utilisés est très variable, entre N° 1 et N° 6, en fonction des espèces
cibles. Les hameçons les plus utilisés sont :
N° 5, utilisés par environ 50 % des pêcheurs
et N° 6 utilisés par environ 23% des pêcheurs.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
La palangre à grand hameçon, est utilisée d’une manière saisonnière, entre trois et six mois.
Mais cette période diffère d’un site à l’autre en fonction des espèces ciblées.
Zone de pêche
Les zones de pêche sont en fonction du site d’attache ; généralement les pêcheurs travaillent à
proximité du site. La profondeur varie entre 20 m et 350 m, avec une moyenne de 50 m pour la
profondeur minimale et une moyenne de 100 m pour la profondeur maximale
Durée de la marée
La durée de la marée peut varier entre 08 et 16 heures. Généralement, les pêcheurs sortent en
mer vers la fin de l’après-midi et effectuent les opérations de pêche durant la nuit.
Espèces cibles
L’ombrine, le congre, le mérou, le pagre à points bleus, la murène, l’abadèche, le denté, le
merlu. Les espèces les plus prisées sont cependant le congre, la murène et le mérou.
Sites où est pratiqué ce métier
Sidi Ftouh, Takmout, Jebha, Amtter, Chmaâla, Stehat, Zaouia, Oued Laou, Tamguerte,
Awchtam, Tamarnout, Tamrabet, Azla, My Abdesslam bahri, Martil Diza, Martil Oued El Maleh,
M’diq plage, M'diq port, Fnideq, Belyounech, Oued Al marsa, Ksar Sghir, Dikky, Oued Alliane, Tanger,
Assila, Larache.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 100
25
vii.
Palangre à dorade rose (PDR)
Nom vernaculaire, local : Harçia/ Boracera
•
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 17 : Caractéristiques techniques de la Palangre à dorade rose
N° d’hameçon
Min.
Max.
Moyenne
Nbre d’engins Nbre d’hameçons/ Longueur (m)
engin
12
5
40
80
8
20
160
500
10-11-12
80
100
Il s’agit d’une palangre particulière, qui cible uniquement la dorade rose. Les hameçons utilisés
varient en fonction de la taille de la dorade recherchée, l’hameçon le plus utilisé est le N° 12.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
C’est une activité qui est pratiqué durant toute l’année, avec un pic de capture entre les mois
d’octobre et de décembre de chaque année.
Zone de pêche
Les zones de pêche les plus fréquentées se localisent dans la région du Détroit de Gibraltar et
plus précisément entre « Zemmig » et « Cap de Ceuta ». Ce métier est pratiqué dans de grandes
profondeurs, en raison de la zone de pêche, connue par cette particularité. Ces profondeurs varient
entre 200 m et 600 m.
Durée de la marée
Généralement, les pêcheurs effectuent deux sorties par jour, une le matin et l’autre le soir. Les
marées sont de courtes durées, elles dépassent rarement les six heures.
Espèces cibles
Dorade rose
Sites où est pratiqué ce métier
Fnideq, Bel Younech, Dalia, Oued El Mersa, Ksar Sgher, Oued Alliane.
Nombre de barques utilisant cet engin (Approximatif) : 100
26
viii.
Palangrotte (PL)
Nom vernaculaire, local
•
: Harçia de Toun
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 18 : Caractéristiques techniques de la Palangrotte
N° d’hameçon
Min.
Max.
Nbre d’engin
1
0
Nbre d’hameçons/ Longueur (m)
engin
1
1
500
2
3
1000
Cette palangre, utilisée spécialement pour cibler le thon rouge, est munie d’un à trois
hameçons de grande taille (N°0 et N° 1).
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
C’est une activité saisonnière, pratiquée pendant les mois de juillet et août.
Zone de pêche
Les zones de pêche les plus fréquentées se localisent au milieu du Détroit de Gibraltar, au
niveau de deux régions appelées « Bakhat » et « Zemmig ». Ce métier est pratiqué dans de grandes
profondeurs, variant entre 500 m et 1000 m.
Durée de la marée
Généralement, les pêcheurs effectuent deux sorties par jour, d’une durée qui varie entre 05 et
10 heures.
Espèces cibles
Thon rouge.
Sites où est pratiqué ce métier
Ksar Sgher, Dikky, Ferdiuoa, Oued Alliane.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 170
27
ix.
Ligne à main (LAM)
Nom vernaculaire, local
: Chambil/ Bolanté
•
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 19 : Caractéristiques techniques de la Ligne à Main
N° d’hameçon
Min.
Max.
Moyenne
Nbre d’engin
15
7
11-12-13-14
Nbre d’hameçons/ Longueur (m)
engin
1
2
30
4
10
500
2
6
100
Les hameçons les plus utilisés pour la ligne à main sont :
N°12, utilisé par environ 25 % des pêcheurs ;
N°11, utilisé par environ 18 % des pêcheurs ;
N° 13 et 14, utilisés par environ 16% des pêcheurs ;
et le N°10, utilisé par environ 10 % des pêcheurs.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
C’est un métier secondaire qui est pratiqué durant toute l’année.
Zone de pêche
Les zones de pêche sont en fonction du site d’attache, généralement les pêcheurs travaillent à
proximité du site. Les profondeurs sont très variables en fonction des zones de pêche et des espèces
cibles ; elles varient entre 10 et 500 mètres.
Durée de la marée
Presque tous les pêcheurs adoptent la même stratégie pour l’utilisation de la ligne à main, ils
commencent le matin, entre 6h et 8h, et terminent l’après-midi, entre 16h et 18h, avec une
moyenne de 10 heures de pêche par sortie.
Espèces cibles
Une multitude d’espèces, est ciblée par la LAM, principalement les sparidés. L’espèce la plus
ciblée est le pageot acarne.
Sites où est pratiqué ce métier
Tous les sites, sauf Taghessa, Azenti et Larache.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 1200
28
x.
Ligne à traine (LT)
Nom vernaculaire, local : Mouchtra
•
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 20 : Caractéristiques techniques de la Ligne de Traine
N° d’hameçon
Min.
Max.
Moyenne
•
15
13
13-14- 15
Nbre d’engin
Nbre d’hameçons/ Longueur (m)
engin
1
3
50
4
5
100
2
4
90
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
C’est un métier secondaire qui est pratiqué par un nombre très limité de pêcheurs.
Zones de pêche
Les zones de pêche sont déterminées en fonction du site d’attache, généralement les pêcheurs
travaillent à proximité du site. Les profondeurs sont très variables en fonction des zones de pêche et
des espèces cibles, elles varient entre 10 et 130 mètres.
Durée de la marée
Aucune règle n’est adoptée pour les sorties en mer en ce qui concerne l’utilisation de la ligne
de traine, mais généralement, les pêcheurs commencent très tôt le matin et finissent le soir. La
durée moyenne de la sortie est d’environ 10 heures.
Espèces cibles
Le loup-bar, le mérou, le congre et la dorade royale, sont les espèces capturées par cet engin
de pêche.
Sites où est pratiqué ce métier
Jebha, Amter, Stehat, Targha, Zaouia, Kaa Srass, Oued Laou, Tamguerte, Awchtam, Tamrabet,
Amsa, Azla, M'diq port, Belyounech, Dikky, Oued Alliane Larache.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 400
29
xi.
Turlutte (TRL)
La turlutte est utilisée pour cibler deux espèces de haute valeur commerciale, il s’agit de la
turlute au poulpe et la turlutte à Calmar
a. Turlutte au poulpe
Nom vernaculaire, local : Poterra del pourpo
•
Caractéristiques de l’engin :
Tableau 21 : Caractéristiques techniques de la Turlutte au poulpe
Min.
Max.
Moyenne
N° d’hameçon
6
3
4-5-6
Nbre d’engin
5
12
8
Nbre d’hameçon/ engin
2
7
5
Longueur
50
200
100
Les hameçons les plus utilisés pour la turlutte au poulpe sont :
N°5, utilisé par environ 52 % des pêcheurs
et N° 6, utilisé par environ 24 % des pêcheurs.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
Cet engin est utilisé pendant trois à six mois durant la même année, pendant des périodes
différentes, en fonction des sites et des zones de pêche.
Zone de pêche
Les zones de pêche sont en fonction du site d’attache, généralement les pêcheurs travaillent à côté
du site. Les profondeurs varient entre 10 et 200 mètres en fonction des zones de pêche.
Durée de la marée
La durée de la marée varie entre 6 et 14 heures, avec une moyenne de 10 heures par sortie.
Généralement, les pêcheurs commencent ce métier tôt le matin, vers 06 heures et retournent à leur
site d’attache dans l’après-midi.
Espèces cibles
Poulpe
Sites où est pratiqué ce métier
Takmout, Jebha, Taghessa, Amtter, Jenane niche, Sidi yahia Arab, Chmaâla, Stehat, Azenti,
Targha, Zaouia, Kaa Srass, Oued Laou, Tamguerte, Awchtam, Tamarnout, Tamrabet, Amsa, Azla, My
Abdesslam bahri, Martil Diza, Martil Oued El Maleh, M’diq plage, M'diq port, Fnideq, Ferdioua.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 800
30
b. Turlutte au calmar
Nom vernaculaire, local : Poterra del calamares
•
Caractéristiques de l’engin :
C’est un engin constitué d’un plomb muni de plusieurs petites épingles recourbées, formant
des couronnes ; il cible le calmar. Le nombre d’épingles varie entre 5 et 10. Le nombre d’engins par
barque, est généralement de 6 à 8.
•
Caractéristiques du métier :
Période de pêche
La période de pêche diffère selon les zones de pêche, mais ce métier est pratiqué durant
seulement deux à trois mois par an.
Zone de pêche
Les zones les plus fréquentées par les pêcheurs utilisant cet engin, se situent entre M’diq et
Capo Negro. Mais il peut être rencontré également au niveau d’autres zones.
Durée de la marée
La durée de la marée varie entre 10 et 13 heures. Les opérations de pêche se déroulent
généralement durant la nuit.
Espèces cibles
Calmar.
Sites où est pratiqué ce métier
Jebha, Awchtam, Tamernout, Tamrabet, Kaa Srass, Oued Laou, Amsa, Azla, M’diq plage, M'diq
port, Fnideq.
Nombre de barques utilisant cet engin (approximatif) : 40
31
Une analyse globale des métiers pratiqués dans la région Larache – Jebha, montre l’existence
de 14 métiers, six métiers utilisant les filets (filet maillant de surface, filet maillant de fond, trémail et
senne de plage) et huit métiers utilisant les engins à hameçons, il s’agit principalement de métiers
utilisant les lignes et les palangres.
Les principaux métiers en nombre de barque sont :
a.
b.
c.
d.
e.
f.
Ligne à main pour sparidés, pratiqué par environ 85 % de l’ensemble des barques ;
Turlutte au poulpe, pratiqué par environ 55 % de l’ensemble des barques ;
Ligne de traine pour congre, loup-bar et mérou, pratiqué par environ 30 % des
barques ;
Filet maillant de surface pour petits thonidés, pratiqué par environ 25 % des barques ;
Trémail pour sparidés, pratiqué par environ 20 % des barques ;
Palangre à hameçons de petite taille, pratiqué par environ 15 % des barques ;
Malgré l’utilisation de la ligne à main et de la ligne de traine par un nombre très important de
pêcheurs, ils restent deux métiers secondaires qui n’assurent pas des revenus intéressants. Ils sont
généralement pratiqués en parallèle avec d’autres métiers.
Cependant, pour d’autres métiers, quoi qu’ils sont pratiqués par un nombre limité de barques,
il revêt un intérêt économique très important, il s’agit notamment de :
g.
h.
La palangrotte pour thon rouge, pratiqué par environ 12 % des barques ;
La palangre à dorade rose, pratiqué par seulement 07 % des barques ;
Le récapitulatif de l’ensemble des métiers est présenté dans le tableau 22.
32
Tableau 22 : Récapitulatif des métiers pratiqués au niveau de la région Larache – Jebha
Nom de l’engin
Principales Espèces ciblées
FMS
FMF
FMF
FMF
TR
SP
PHPT
PHGT
PDR
PL
LAM
LT
TRL
TRL
Thonine commune, bounitou
Sparidés
Merlu commun
Poisson volant
Espèces demersales
Pageot acarne
Sparidés
Congre, murène, mérou
Dorade rose
Thon rouge
Sparidés
Congre, loup-bar, mérou
Poulpe
Calmar
1
2
Nombre de barques
(approximatif)
380
150
160
10
290
80
230
100
100
170
1200
400
800
40
Filet maillant de surface (FMS) ;
Filet maillant de fond (FMF)
a. FMF pour les espèces démersales ;
b. FMF pour merlu ;
c. FMF pour exocet ;
3 Trémail (TR) ;
4 Senne de plage (SP) ;
5 Palangre à hameçons à petites tailles (PHPT);
6 Palangre à hameçons à grandes tailles (PHGT);
7 Palangre à dorade rose (PDR);
8 Palangrotte (PL);
9 Ligne à Main (LAM);
10 Ligne à traine (LT);
11 Turlutte (TRL)
d. Turlutte au poulpe;
e. Turlutte au calmar ;
Saison de pêche
Zones de pêche
09-11
12- 03
04-10
06-08
Toute l’année
Toute l’année
Toute l’année
Toute l’année
Toute l’année
07-08
Toute l’année
Toute l’année
Toute l’année
Toute l’année
Ensemble de la partie méditerranéenne
Ensemble de la partie méditerranéenne
Assilah – My Bousselham
Fnideq - Restinga
Ensemble de la zone d’étude
Ensemble de la partie méditerranéenne
Ensemble de la zone d’étude
Ensemble de la zone d’étude
Détroit de Gibraltar
Détroit de Gibraltar
Ensemble de la zone d’étude
Ensemble de la zone d’étude
Ensemble de la partie méditerranéenne
M’diq – Capo Negro
Nom vernaculaire local
: Merbera
Nom vernaculaire local
Nom vernaculaire local
Nom vernaculaire local
Nom vernaculaire local
Nom vernaculaire local
Nom vernaculaire local
Nom vernaculaire ; local
Nom vernaculaire local
Nom vernaculaire local
Nom vernaculaire local
Nom vernaculaire local
: Boughera
: Lachkette
: Boulahera
: Torssan
: Kerrata, Habiga
: Palangré fino
: Palangré Gordo
: Harçia/ Boracera
: Harçia de Toun
: Chambil/ Bolanté
: Mouchtra
Nom vernaculaire local
Nom vernaculaire local
: Poterra del pourpo
: Poterra del calamares
Durée moyenne de
la marée (heures)
8
15
11 - 24
07
14
06
12
08 - 16
06
05-10
10
10
10
10 - 13
31
IV- L’effort de pêche
Généralement, au niveau des sites de la pêche artisanale, la distance du rayon d’action, donné
par la durée du trajet entre le point d’attache des barques et la zone de pêche, est courte ; elle
correspond à une distance de navigation d’environ une heure, en moyenne. Les marées durent en
moyenne 9 heures, avec 7 heures de pêche effective ; elles varient selon la nature de l’engin de
pêche et la puissance du moteur. Pour certains engins, surtout les engins passifs tels que les filets
maillants de surface et les trémails, l’effort effectif de pêche est plus important, il correspond à une
durée allant de 12 à 48 heures.
Le nombre moyen de sorties réalisées par barque au cours de l’année est de l’ordre de 178
sorties, ce qui donne une moyenne mensuelle de l’ordre de 15 sorties. Ce nombre varie entre 90 et
240 sorties, avec un coefficient de variation de l’ordre de 22 %. Cette variation est justifiée par la
nature du site de pêche, la facilité de l’écoulement de la capture, le marché et les prix offerts.
Il faut signaler que les conditions climatiques peuvent également influencer sur le nombre de
sorties et principalement dans la région du Détroit de Gibraltar, caractérisée par la présence
fréquente et parfois très forte de vents de l’Est, en particulier en été, qui limitent le nombre de
sorties dans la région.
Les activités réalisées en mer, sont généralement complétées par d’autres activités réalisées à
terre, afin d’assurer les conditions favorables aux opérations de pêche. Les principales activités à
terre réalisées par les pêcheurs, sont liées à la réparation des engins, l’amarrage et la mise à eau de
la barque, le stockage du matériel de pêche et à la préparation des appâts.
V- La production
Les espèces capturées par les barques sont très nombreuses et varient d’une zone à l’autre et
selon le métier pratiqué. Les prises se composent principalement de sparidés, mais également de
serranidés, de céphalopodes, de bivalves et de thonidés (majeures et mineurs). Il s’agit globalement
d’espèces à grande valeur commerciale.
L’estimation de la production réalisée par la flottille de la pêche artisanale dans la région
Larache- Jebha s’avère difficile, car il s’agit d’un secteur informel. Généralement, les captures
réalisées ne sont pas vendues au niveau des halles.
La capture présente des variations importantes, en fonction de la saison, des zones de pêche
et des engins utilisés. Elle enregistre une moyenne par barque de l’ordre de 20 kg par sortie, qui varie
entre 08 et 60 kg/sortie. La production annuelle moyenne par barque est estimée à environ 3 tonnes.
Donc, la production annuelle totale peut être estimée aux alentours de 4500 tonnes.
VI- Analyse socio-économique de la communauté des pêcheurs de la
région Larache- Jebha
a. La population maritime
L’activité de pêche artisanale au niveau de la zone Jebha – Larache, assure environ 4300
emplois directs. Il s’agit d’une population généralement analphabète et avec une formation maritime
très modeste. L’apprentissage se fait sur le tas en s’exerçant aux métiers de la pêche.
32
Les marins pratiquent d’autres activités, principalement l’agriculture, l’élevage et le
commerce. Dans certains sites, la pêche est considérée comme une activité secondaire.
-
Origine des pêcheurs :
Presque 95 % de la population maritime qui travaille dans le secteur de la pêche artisanale de
cette région, est originaire des douars qui sont à proximité du site d’attache. Rares sont ceux qui
proviennent d’autres régions, comme c’est le cas de la région de Taza.
Les principales régions d’où proviennent les marins pêcheurs sont :
Sidi Ftouh, Takmout, Jebha, Taghessa, Amtter, Aargoub, Jnane niche, Sidi Yahia Arab,
Chmaâla, Stehat, Azenti, Targha, Zaouia, Kaa Srass, Chefchaouen, Oued Laou, Awchtam, Tamarnout,
Tamrabet, Amsa, Azla, My Abdesslam bahri, Martil, Tétouan, M'diq, Fnideq, Belyounech, Oued Al
marsa, Dalia, Ksar Sghir, Dikky, Ferdioua, Oued Alliane, Tanger, Briech, Assila, Larache, Taza.
-
Age des pêcheurs
Les personnes qui exercent les activités liées à la pêche artisanale aux petits métiers dans la
région Jebha – Larache, sont relativement jeunes, avec une moyenne d’âge de 38 ans pour
l’ensemble des pêcheurs. Les patrons de pêche sont plus âgés que les marins pêcheurs, ce sont
normalement des personnes ayant accumulés une longue expérience avant de prendre les
commandes d’une barque (Tableau 23).
La grande proportion de pêcheurs se trouve dans la tranche d’âge 20 – 50 ans, avec plus de
70% (Figure 2).
40
35
30
%
25
20
15
10
5
0
16-20
21-35
36-50
>50
Age des pêcheurs
Figure 2 : Distribution des pêcheurs par tranches d’âge
Tableau 23 : Âge des pêcheurs
Age en années
Minimum
Maximum
Moyenne
Ensemble des pêcheurs
16
85
38
Marins
16
85
35
Patron
18
70
43
33
-
Expérience
Plus que 50 % des pêcheurs ont une expérience inférieure à 15 ans, alors qu’environ 10 % ont
une expérience de plus de 30 ans, pour un effectif interviewé de 178 pêcheurs (Figure 3).
Sur l’ensemble des pêcheurs, l’expérience varie entre une année et 50 ans, avec une moyenne
de 14 ans pour les marins pêcheurs et de 22 ans pour les patrons de pêche (Tableau 24).
%
Ces chiffres montrent clairement que la communauté des pêcheurs de cette région, s’intéresse
de moins en moins à ce secteur. Les difficultés et les conditions complexes de travail, notamment le
travail dur, les systèmes de partage pénalisant, etc., sont les principales raisons qui expliquent cette
situation.
20
18
16
14
12
10
8
6
4
2
0
<5
06-10
11-15
16-20
21-25
26-30
>30
tranche d'âge
Figure 3 : Distribution de la population par années d’expérience
Tableau 24 : Expérience des pêcheurs
Expérience en
années
Minimum
Maximum
Moyenne
-
Ensemble des pêcheurs
Marins
Patron
1
50
18
1
36
14
1
50
22
Scolarisation
L’analyse de la scolarisation des pêcheurs, montre un résultat qui peut être considéré comme
étant positif, vu que presque 68 % des pêcheurs savent lire. Cependant, la plupart d’entre eux,
environ 86 %, n’a pas dépassé le niveau primaire. Une proportion d’à peine 2 %, a pu atteindre le
niveau de l’enseignement secondaire (collège ou lycée) (Tableau 25 et Figure 4).
Le nombre de pêcheurs analphabètes, serait revu à la baisse dans le futur, en raison des
programmes ambitieux d’alphabétisation, établis par le gouvernement et également la volonté des
pêcheurs à scolariser leurs enfants pour qu’ils puissent avoir un avenir meilleur.
34
Sur les 178 marin pêcheurs et patrons de pêche enquêtés au sujet de la scolarisation, les
résultats sont comme suit :
Tableau 25 : Scolarisation des pêcheurs dans la région Larache – Jebha
Niveau de scolarisation
Analphabète
Coranique
1 primaire
2 Primaire
3 Primaire
4 Primaire
5 Primaire
6 Primaire
1 Secondaire
2 Secondaire
3 Secondaire
Lycée - Bac
Total
Nombre de pêcheurs
%
57 32
53 30
2 01
5 03
6 03
13 07
7 04
11 06
10 06
7 04
4 02
3 02
178 100
Niveau de scolarisation
Analphabète
Coranique
Primaire
Secondaire
Lycée - Bac
%
32
30
24
12
02
Figure 4 : Niveau de scolarisation des marins pêcheurs
-
Formation maritime
Le nombre de pêcheurs artisans qui ont bénéficié d’une formation maritime, est très faible ; il
ne dépasse pas 3 % de l’ensemble des pêcheurs. Un effort supplémentaire doit être fourni dans le
sens d’améliorer cette situation ; des actions sont déjà mises en place, surtout en termes
d’’installation de plusieurs nouveaux centres de formation.
Parmi les 178 pêcheurs enquêtés lors de cette étude, seulement 5 pêcheurs ont pu bénéficier
d’une formation maritime professionnelle :
Un pêcheur de Kaa Srass, qui a bénéficié d’un an de formation sur place ;
Un pêcheur de Kaa Srass, qui a bénéficié d’un an de formation à Jebha ;
Un pêcheur d’Amsa, qui a bénéficié d’un mois de formation à M’diq ;
35
Un pêcheur de Larache, qui a bénéficié d’un an de formation à Larache ;
Un pêcheur de Larache, qui a bénéficié de 10 jours de formation à Larache ;
Selon les pêcheurs, ces formations restent insuffisantes et ne s’adaptent pas avec le contexte
actuel et la réalité du secteur de la pêche artisanale dans la région. Certains pêcheurs confirment que
le contenu des formations acquises, reste anachronique et doit être revu pour viser principalement
l’amélioration des conditions de travail et des revenus.
-
Relation des marins pêcheurs avec le propriétaire de la barque
Traditionnellement, le secteur de la pêche artisanale est un secteur dont les relations
familiales, d’amitié et de voisinage, jouent un rôle très important dans la survie de l’activité et le
recrutement des marins pêcheurs par le propriétaire.
Cette situation a considérablement changé, en raison des conditions de travail, jugées
difficiles, et qui ne sont plus acceptées par la communauté des pêcheurs, surtout par les jeunes. Les
jeunes marins de la région Larache – Jebha, cherchent des emplois plus stables et plus faciles et
surtout dans des conditions de vie plus confortables, dans les villes par exemple, mais également une
bonne partie d’entre eux tente la voix de l’immigration clandestine à la recherche d’un avenir
meilleur en Europe.
Environ la moitié des marins pêcheurs n’ont aucune relation avec le propriétaire, alors que
l’autre moitié est soit des membres de la famille proche (20%), soit des descendants de pêcheurs
(18%), des amis ou voisins (5%), soit des associés (5%) (Figure 5).
20%
52%
18%
5%
5%
Aucune
Ami ou voisin
Associer
Fils
Famille proche (cousin, frère, beau fils, oncle)
Figure 5 : Relation de l’équipage avec le propriétaire de la barque.
-
Personnes à charge
Généralement, les pêcheurs artisans de la région Larache – Jebha, prennent en charge leur
famille, constituée d’un nombre important de personnes (femme, enfants, parents et autres).
Environ 43 % des pêcheurs prennent en charge plus de 07 personnes, dont 13 % prennent en charge
10 à 14 personnes. Seulement 11 % des pêcheurs ne prennent en charge aucune personne (Figure 6).
La moyenne de personnes prises en charge par pêcheur est d’environ 05 personnes.
36
11%
13%
20%
30%
26%
0
01-03
04-06
07-09
10-14
Figure 6 : Personnes prises en charge par les pêcheurs
-
Equipage
Le nombre de marins par barque dépend généralement du métier pratiqué, certains métiers
nécessitent plus de marins par rapport à d’autres. Ce nombre varie entre 1 à 5 personnes par barque,
avec une moyenne de 3 à 4 marins par barque.
Plus que 70 % des barques travaillent avec un équipage de 2 et 3 marins, alors que seulement
05 % des barques travaillent avec un équipage de 05 marins (Figure 7).
5%
24%
34%
37%
2
3
4
5
Figure 7 : Distribution des barques en nombre d’équipage
Dans la région de Jebha – Larache, le propriétaire n’est pas souvent membre de l’équipage.
Dans 65 % des cas, il ne fait pas partie, alors que dans 28 % des cas le propriétaire fait partie de
l’équipage. Dans 7 % de cas, le propriétaire fait parfois partie de l’équipage (Figure 8).
37
7%
28%
65%
OUI
NON
PARFOIS
Figure 8 : Participation du propriétaire dans les activités de la pêche
Environ 25 % des marins pêcheurs ont déjà exercé l’activité de pêche au niveau d’autres sites
de la pêche artisanale, par rapport à leurs sites d’attache actuels. Une bonne partie d’entre eux ont
même exercé au niveau des grands ports du royaume, tels que les ports d’Agadir, Tanger, M’diq,
Mohammedia, Casablanca, El Jadida, Safi, Larache, Mehdia, El Hoceima et Nador.
-
Rôle de la femme dans l’activité de la pêche artisanale au niveau de la région Larache
– Jebha
La femme au niveau des sites de la pêche artisanale, ne participe à aucune activité de
développement économique, que ça soit dans le secteur de la pêche ou d’autres activités. Elle se
limite principalement aux activités liées au foyer. Dans de très rares situations, la femme peut
contribuer à l’amélioration du revenu de la famille, en effectuant des activités d’agriculture vivrière,
mais pas dans la pêche.
Les femmes vivent dans une situation socioculturelle difficile, avec un analphabétisme qui
dépasse les 95 %, une liberté limitée et aucune activité lucrative qui peut leur garantir une certaine
autonomie. Cette situation se justifie par les traditions et la structure socioculturelle de la région.
-
Autres activités exercées en parallèle avec l’activité de la pêche
Pour plus de 40 % des pêcheurs artisans (enquêtés), l’activité liée à la pêche n’est pas leur
seule source de vie, mais ils exercent d’autres métiers pour améliorer leurs revenus et leurs
conditions de vie.
Les principales activités exercées en parallèle avec l’activité de pêche sont l’agriculture,
exercée par environ 30 % des pêcheurs, le commerce, surtout du poisson, exercé par environ 15 %
des pêcheurs et divers autres métiers, exercés par environ 20 % des pêcheurs. Environ 35 % des
pêcheurs exercent l’activité de pêche comme étant la seule source de vie.
38
-
Organisation des pêcheurs
Lors des dernières années, les pêcheurs artisans s’intéressaient davantage à s’organiser en
associations et coopératives, grâce aux différents programmes de sensibilisation mis en place par le
Département des Pêches Maritimes. Théoriquement, les associations jouent le rôle d’organiser les
pêcheurs, de résoudre les conflits entre eux et avec les pêcheurs d’autres secteurs et enfin de
présenter et de discuter les besoins et les problèmes auprès des administrations concernées. Mais,
en réalité ces associations trouvent beaucoup de difficultés pour travailler correctement ; elles sont
handicapées par le manque de moyens financiers et d’encadrement technique, mais également en
raison du manque d’esprit associatif chez les adhérents.
Les principaux objectifs d’une association type de pêche artisanale dans la région Larache Jebha sont :
Regroupement de tous les pêcheurs qui pratiquent le même métier ;
Défendre le métier dans les différentes circonstances, au niveau de toutes les instances et
auprès des autorités ;
Améliorer la situation socio-économique et culturelle des membres de l’association ;
Participer à l’amélioration de la situation économique et sociale de la région.
Les coopératives sont rarement rencontrées, généralement, il s’agit de coopératives de service
qui essayent d’améliorer les conditions de travail et de vie des pêcheurs. Le Département des Pêches
a lancé plusieurs projets favorisant davantage la création de Coopératives de pêcheurs artisans. Ces
dernières bénéficieront de diverses subventions sur le matériel de pêches, mais également elles
bénéficieront de dons (surtout les moteurs) aussi bien dans le cadre de l’Initiative Nationale de
Développement Humaines, que dans le cadre de projets internationaux qui sont devenus exigeant en
matière d’organisation des pêcheurs.
Les principaux objectifs d’une coopérative type de la pêche artisanale sont :
-
-
Gestion des infrastructures sur place si elles existent, cas des DPA et des VDP ;
Equipement des barques par les moteurs de propulsion et les engins de pêche ;
Construction d’ateliers pour la maintenance et la restauration des barques ;
Commercialisation collective des produits de la coopérative afin de diminuer le coût
de la commercialisation et la valorisation des produits ;
Prise de mesures adéquates pour la protection de la santé des adhérents, à travers
l’adhésion à la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), l’équipement et le
fonctionnement d’un centre de santé sur place ;
Achat et entretien des moyens de protection ;
Profit des différents programmes de formation maritime et d’encadrement dans les
différentes activités ;
Participation à l’organisation des pêcheurs ;
Réalisation de quelques activités d’ordre social, en faveur des membres de la
coopérative, par exemple les aides destinées aux veuves de pêcheurs ;
Mise en place de liens de coopération avec les différents intervenants dans le
secteur, à l’échelle nationale et internationale.
39
Tous les objectifs précités, aussi bien pour les coopératives que pour les Associations, sont très
ambitieux et montrent la bonne volonté des pêcheurs artisans pour mieux s’organiser et pour
améliorer leurs conditions de vie. Toutefois, la réussite de telles organisations n’est pas une tâche
évidente, compte tenu des conditions socioéconomiques difficiles auxquelles sont confrontés les
pêcheurs.
Donc, il serait primordial de fournir un effort particulier de la part de tous les intervenants
dans le secteur, en matière d’encadrement et d’accompagnement des professionnels, afin de
répondre à leurs ambitions.
Généralement, dans les sites qui ne sont pas représentés, ni par une association ni par une
coopérative, les pêcheurs font confiance à la personne la plus connue dans la communauté. Dans la
plupart des cas, il s’agit de la personne qui a le plus de pouvoir ou la personne la plus âgée. Cette
personne est communément appelée « Al Amine » (le chef des pêcheurs) ; celle-ci essaye, avec ses
propres moyens, de communiquer les problèmes et les besoins des pêcheurs aux instances de
tutelle, afin de trouver les solutions adéquates. « Al Amine » intervient également pour résoudre les
conflits internes entre les pêcheurs de la communauté.
Il est à signaler que les pêcheurs sont représentés par un délégué auprès de la Chambre des
Pêche Maritime de la Méditerranée, qui joue le rôle d’interlocuteur auprès des pouvoirs publics
nationaux, régionaux et locaux.
b. Les aspects économiques
Les aspects économiques traités dans cette étude, se focalisent sur l’analyse des principaux
indicateurs économiques de rentabilité et de productivité.
•
Capital investi (CI)
Le capital investi, exprime la valeur actuelle des moyens de production constitués par la
barque, les engins de pêche et le moteur. Il renseigne sur l’effort d’investissement, consenti par la
communauté des pêcheurs de la région Jebha – Larache.
Vu que les moyens de production sont généralement homogènes, le capital investi par barque
est pratiquement le même pour la majorité des pêcheurs artisans de la région. Ce capital est en
moyenne de l’ordre de 66 000 Dhs par unité, avec un minimum de 30 000 Dhs et un maximum de 95
000 Dhs. Cette différence est due essentiellement à la qualité des moyens de production et aux
engins utilisés, par exemple le coût des filets peut atteindre trois fois le coût d’un engin à hameçon.
Le capital investi total engagé par la flottille de la pêche artisanale dans la région Jebha –
Larache est d’environ 95 millions de dhs.
Les composantes principales du coût d’investissement sont les engins de pêche qui représente
environ 40 % du CI total, le moteur et la barque qui représentent 30% du CI chacun.
Le financement des moyens de productions est assuré, dans la quasi-totalité des cas, par les
épargnes propres des pêcheurs. Dans de très rares situations, les pêcheurs ont eu recours à des
crédits auprès de leurs proches.
Les crédits bancaires ne sont pas appréciés par les pêcheurs artisans, en raison des traditions
socioculturelles et également des risques du métier.
40
•
Charges de production
Les charges liées à l’activité de la pêche artisanale peuvent être divisées en deux grands types,
les charges fixes qui sont généralement des charges annuelles et les charges variables qui changent
en fonction de l’effort de pêche.
Charges fixes
Les charges fixes sont supportées généralement par les armateurs, elles sont constituées des
charges relatives à l’entretien des moyens de production et des charges liées à l’amortissement. Ces
charges varient entre 2600 et 8300 Dhs environ, avec une moyenne de l’ordre de 4060 Dhs/an.
Tableau 26 : Charges fixes annuelles de la pêche artisanale (Dhs)
Types de
charges
Min.
Max.
Moyenne
Entretien de
la barque
400
1500
700
Entretien du
moteur
1200
3600
1800
Entretien engins
de pêche
1000
3000
1500
Licence (Droit
de pêche)
35
160
60
Total
2635
8260
4060
Les frais liés à l’amortissement des moyens de production sont faibles, ils peuvent être
négligés dans les calculs de profits, car la plupart des moyens de production, est déjà amortie. Les
barques ont un âge moyen de l’ordre de 15 ans, les moteurs sont plus neufs en raison des multiples
programmes de modernisation mis en place, mais ils sont déjà amortis et les engins de pêche sont
également déjà amortis.
Charges variables
Les charges variables sont partagées entre le propriétaire de la barque et l’équipage. Elles
varient en fonction du nombre et de la nature des sorties réalisées.
Ces charges sont issues des intrants engagés pour la réalisation des sorties de pêche. Elles se
limitent aux frais du carburant et du lubrifiant, nécessaires pour la sortie, aux frais liés à l’achat de
l’appât et des vivres.
Les charges variables sont en moyenne de l’ordre de 190 Dhs par barque et par sortie ; elles
varient en fonction du métier et des zones de pêche. Le carburant est l’élément principal dans ces
charges, avec une moyenne d’environ 100 Dhs par sortie. La dépense minimale est de l’ordre de 35
Dhs par sortie et la dépense maximale est de l’ordre de 200 dhs/sortie. Les frais des vivres sont en
moyenne de l’ordre de 40 Dhs par sortie. En cas d’utilisation d’engins à hameçons, les frais liés à
l’achat de l’appât sont en moyenne de l’ordre de 50 Dhs par sortie.
Les charges variables, plus particulièrement, les charges liées au carburant pèsent très lourd
sur la rentabilité des pêcheurs ; par conséquent, elles peuvent handicaper et freiner le
développement de cette activité. Donc, il serait nécessaire d’approfondir les réflexions et les analyses
sur cet aspect. En sachant que la plupart des sites ne sont pas dotés d’une station de carburant et
que le prix du carburant n’est soumis à aucune subvention.
La différence observée entre les charges variables d’un site de pêche à un autre, en particulier
celle liée aux frais du carburant, s’explique principalement par la différence des prix unitaires du
carburant entre les sites.
41
•
Chiffre d’affaire
Le chiffre d’affaire par barque est donné par le produit du nombre de sortie moyen par le
revenu journalier moyen. Ce chiffre est de l’ordre de 74 760 Dhs/an, soit un revenu journalier moyen
d’environ 420 Dhs/sortie et un effort annuel moyen de l’ordre de 178 sorties. Le chiffre d’affaire
annuel réalisé par l’ensemble de la flottille avoisine 104 000 000 Dhs.
A partir de ce chiffre d’affaire, le prix moyen des produits de la mer capturés par la flottille
artisanale dans la région Larache – Jebha, serait de l’ordre de 24 Dhs /Kg.
•
Système de partage
Généralement, les propriétaires des barques ne fixent pas de salaires pour les marins
pêcheurs, en raison du risque du métier et de la possibilité de réaliser des soties négatives. Donc, les
marins pêcheurs et les armateurs ont trouvé un compris pour partager les gains et les pertes selon
un système bien défini.
Ce système peut favoriser les marins pêcheurs dans certaines situations. Ils les encouragent à
travailler davantage et à améliorer leurs performances. Mais dans d’autres situations, comme pour le
cas de l’arrêt de pêche pour des raisons climatiques, panne de moteur ou autres, ce système peut
conduire à une situation dramatique, surtout pour les pêcheurs qui n’ont pas d’autres sources de vie.
Le système de partage pratiqué dans l’activité de la pêche artisanale dans la région Larache –
Jebha peut être décris comme suit : après déduction des charges variables du chiffre d'affaire, les
marins pêcheurs et l'armateur départagent le reste, selon un système qui diffère selon le métier :
-
Pour les barques utilisant les filets, le résultat d’exploitation est départagé à part
égal : 50% pour le propriétaire de la barque et 50% pour l’équipage ;
-
Pour les barques utilisant les engins à hameçons, on peut distinguer deux systèmes :
le premier réserve une part pour la barque, une part pour les engins de pêche et une
part pour chaque marin pêcheur ; le deuxième réserve une part pour la barque et
une part pour chaque marin pêcheur.
En moyenne, une barque fait travailler entre 2 à 5 marins, avec une moyenne de 3 marins.
Le système de partage entre les marins pêcheurs et le propriétaire, peut se résumer comme
suit :
Tableau 27 : différents scénarios du système de partage de la pêche artisanale dans la région
Larache – Jebha
Barques utilisant les filets (scénario 1)
a.
b.
Barques utilisant les engins à hameçons (scénario 2) c.
d.
Barques utilisant les engins à hameçons (scénario 3) e.
f.
50 % pour le propriétaire
50 % pour les marins pêcheurs
40 % pour le propriétaire
60 % pour les marins pêcheurs
25 % pour le propriétaire
75 % pour les marins pêcheurs
42
Chiffre d'affaire (CA) (valeur de la
capture)
Charges variables
Résultat d'exploitation
Part de l'armateur
25% - 40 % - 50 %
Déduction des coûts fixes
Profit de l'armateur
Part des marins pêcheurs
75 % - 60 % - 50 %
Divisées sur le nombre total des parts
Profit du marin pêcheur
Figure 9 : Système de partage appliqué par les barques de la région Larache – Jebha.
•
Profits de production
Les profits réalisés par les barques de la région Larache – Jebha, sont généralement positifs. Le
profit brut et le profit net sont les mêmes, puisque les charges liées à l’amortissement sont
négligeables.
Le profit net moyen annuel par barque, est de l’ordre de 36 880 Dhs, soit environ 3000 Dhs par
mois.
Certains métiers peuvent présenter des résultats économiques meilleurs par rapport à
d’autres, en raison des espèces ciblées qui sont de haute valeur commerciale. Parmi les métiers à
analyser avec plus d’attention, la palangre ciblant la dorade rose, la palangre ciblant le thon rouge et
le filet de surface ciblant les petits thonidés.
43
Le profit net moyen, réalisé par les propriétaires des barques utilisant davantage les filets
avoisine 16400 Dhs/an (scénario 1). Pour ceux qui utilisent surtout les engins à hameçons, le profit
net varie entre 8200 Dhs/an (scénario 2) et 13100 dhs/an (scénario 3).
•
Taux de profit ou Taux de rentabilité (TP ou TR)
Exprime le rapport entre les profits nets annuels et l’investissement effectué.
TP (TR) = PNE / CI
Le taux du profit réalisé, est de 24 % pour les armateurs utilisant principalement les filets ; il
varie entre 12% et 20 % pour les armateurs utilisant les engins à hameçons. C’est un taux, considéré
comme étant intéressant ; il montre que l’activité de pêche artisanale dans la région Larache- Jebha
est encore viable, malgré toutes les difficultés rencontrées par les pêcheurs.
•
Valeur Ajoutée Brute
La valeur ajoutée brute réalisée par barque, a la même valeur que le profit net moyen, vu que
les coûts d’amortissement sont négligeables et il n’existe aucun frais financier, ni taxes, ni impôts.
Donc la valeur ajoutée brute est de l’ordre de 36 880 par barque, en moyenne.
La valeur ajoutée brute totale est d’environ 51.5 millions de Dhs, un chiffre positif qui peut
encourager les décideurs à intensifier leurs programmes de développement de ce secteur.
Tableau 28 : Compte d’exploitation, estimation des profits.
Indicateurs
Produit brut
Charges communes
Taxes et prélèvements
Résultat d'exploitation
Charges fixes
Amortissement
Profit Brut Estimé
« armateur »
Profit Net Estimé
«armateur »
Taux de Profit
Salaires des marins
Estimation de la part
Scénario 1
74 760
33 820
0
40 940
4 060
0
16 410
Scénario 2
74 760
33 820
0
40 940
4 060
0
13 100
Scénario 3
74 760
33 820
0
40 940
4 060
0
8 200
16 410
13 100
8 200
24 %
20 470
6 823
20 %
24 600
8 200
12 %
30 700
10 200
44
Conclusion
La pêche artisanale dans la région Larache – Jebha, se pratique au niveau de 37 sites et ports
de pêche, dans des conditions difficiles et avec des moyens de productions traditionnelles. Elle se
caractérise par une flottille vétuste, des engins de pêche en mauvais état et des moteurs qui ont
besoin d’être remplacés ; par conséquent, c’est un secteur qui nécessite d’être modernisé dans les
délais les plus proches. Ajoutant à cela, un grand manque d’infrastructures de pêche.
Malgré cette situation, ce domaine d’activité de pêche, arrive à réaliser des résultats
économiques positifs et assure un nombre important d’emplois.
L’analyse des différentes données collectées auprès des marins pêcheurs, des patrons de
pêche et des propriétaires des barques, a permis de déduire les conclusions suivantes :
g.
Le nombre de barque active est de 1442, réparties d’une manière, plus ou moins
équitable, entre les différentes régions. Le nombre moyen de barque par site est de
l’ordre de 40.
h.
Le nombre de métiers rencontrés est de 14, qui peuvent être classés en deux grandes
catégories : les métiers utilisant les filets de pêche et les métiers utilisant les engins à
hameçons ;
i.
L’effort de pêche annuel par barque varie entre 90 et 240 sorties, avec une moyenne
de l’ordre de 178 sorties. L’effort de pêche total avoisine 250 000 sorties par an ;
j.
La production journalière par barque, toutes espèces confondues, varie entre 08 et
60Kg, avec une moyenne de l’ordre de 20 Kg. La production annuelle par barque est
d’environ 3 tonnes, ce qui donne une production annuelle totale moyenne d’environ
4500 tonnes.
k.
La population maritime travaillant dans le secteur de la pêche artisanale au niveau de
la région Jebha – Larache, est de l’ordre de 4300 personnes ; il s’agit d’une
communauté jeune, originaire principalement des petites agglomérations rurales qui
sont à proximité des sites de pêche. Cette population est presque sans aucune
formation maritime et présente un niveau de scolarisation modeste ;
l.
L’activité de pêche n’est pas la seule source de vie pour environ 40 % des pêcheurs, qui
exercent d’autres métiers pour améliorer leurs revenus ; il s’agit principalement de
l’agriculture et du commerce. Dans certains cas, l’activité de pêche est considérée
comme une activité secondaire ;
m.
Pour l’organisation des pêcheurs, le tissu associatif est généralement faible. Les
associations et coopératives qui y existent déjà, trouvent des difficultés techniques et
financières pour fonctionner avec une meilleure efficacité ;
n.
Concernant les indicateurs économiques, le secteur de la pêche artisanale dans la
région Larache – Jebha, présente des résultats économiques positifs, avec une
45
rentabilité assez bonne, aussi bien pour les propriétaires des barques que pour les
marins pêcheurs.
o.
Le capital investi total est de l’ordre de 95 200 000 Dhs, avec un capital investi moyen
par barque d’environ 66 000 Dhs.
p.
Les charges de production moyennes engagées par une barque est d’environ 37 900
Dhs, dont environ 4 100 Dhs de charges fixes réservées principalement à l’entretien
des moyens de production et 33 800 Dhs de charges variables liées aux frais des sorties
en mer (carburant, vivre, appâts) ;
q.
Le chiffre d’affaire global réalisé par la flottille de la pêche artisanale est d’environ 104
millions Dhs, soit un chiffre d’affaire moyen par barque de l’ordre de 74 800 Dhs par
an.
r.
Les profits réalisés ne sont pas très intéressants, mais ils sont positifs. Le profit net
annuel réalisé par barque est d’environ 37 000 Dhs, dont un profit net qui varie entre
8200 Dhs et 16 400 Dhs pour les armateurs et un profit net annuel qui varie entre
6800Dhs et 10 200 Dhs pour les marins pêcheurs. Cette différence est due aux
différents systèmes de partage appliqués par les pêcheurs.
s.
Le Taux de Rentabilité varie entre 12 % et 24 %, c’est un taux qui peut être considéré
comme très positif.
t.
La Valeur ajoutée brute réalisée par le secteur de la pêche artisanale dans la région
Larache – Jebha, est considérablement importante, comparativement au Capital
Investi. Cette valeur est de l’ordre de 51 millions de Dhs.
46
Références bibliographiques :
Malouli, I. M, et all. 2003. Artisanal fishery communities in the Mediterranean. Two case studies.
Pêche artisanale dans la lagune de Nador : Exploitation et aspects socio-économiques.
Malouli, I. M. et all. 1999. Situation de la pêche artisanale en Méditerranée marocaine.
ABID, N. Mohammed MALOULI IDRISSI, Said BENCHOUCHA, Aziz LAMTAI, Sadia BELCAID, M’hamed
IDRISSI, Chaib EL FANICHI. Pêcherie palangrière au niveau de la zone Larache – Jebha : Exploitation et
perspectives de développement.
Abdellah Srour, Mohammed Idrissi Malouli, Noureddine Abid, Aziz Lamtai, 2003. La pêcherie au thon
rouge dans la région de Ksar Sghir : Aspects biologiques et socio-économiques.
WESTLAND, L. 2004. Guide pour l’identification, l’évaluation et la notification des subventions dans le
secteur des pêches. FAO.
Idrissi M., Azoughagh I. 2006. Contribution à l’aménagement et au développement de la pêcherie
céphalopodière de l’Atlantique Sud du Royaume du Maroc : Analyse structurelle, économique et
financière de la filière pêche artisanale au poulpe, poisson et crustacés.
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