SABAM MAGAZINE 68

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SABAM MAGAZINE 68
SABAM
MAGAZINE //68
BRUNO
COPPENS
LE QUINQUA…
VÉNÈRE !
//JANVIER>FÉVRIER>MARS/ANNÉE 2012//
TRIMESTRIEL 1/4
//18EME ANNÉE
//BUREAU DE DÉPÔT BRUXELLES X
WWW.SABAM.BE
SABAM MAGAZINE//68
E D I T O R I A L
L’année 2011 s’est achevée avec l’approbation unanime par l’assemblée
plénière du Parlement flamand de la proposition de résolution relative à un
“Plan d’action pour la musique en Flandre”, dont l’un des sept signataires
est le député Philippe De Coene.
Les parlementaires flamands requièrent du Gouvernement flamand la
mise en œuvre de quinze recommandations concrètes pour assurer la
viabilité du secteur musical en Flandre. L’importance du rôle de l’enseignement artistique (de l’école primaire aux instituts supérieurs), les responsabilités de l’autorité fédérale en matière de respect de la réglementation
sur la protection du droit d’auteur, ou encore d’autonomie financière du
secteur musical avec la diminution du taux de la T.V.A. sur l’ensemble des
produits culturels illustrent quelques-unes de ces recommandations pour
la concrétisation desquelles la SABAM ne demande qu’à œuvrer.
La SABAM se réjouit de cette volonté de mettre en place une politique
durable et stimulante sur le plan musical et bientôt artistique en général,
dont ses auteurs, compositeurs et éditeurs récolteront les fruits tant en
Belgique qu’à l’étranger.
Le passage à l’an neuf, que je vous souhaite le plus heureux et fécond
possible, doit nous inciter à remettre l’ouvrage sur l’établi.
Ainsi, l’un des objectifs prioritaires de la SABAM, nonagénaire cette année,
consiste à intervenir en matière de perception auprès des fournisseurs
d’accès à Internet par analogie avec les droits que lui règlent les câblodistributeurs.
Aujourd’hui, la SABAM perçoit des droits, par exemple, auprès des chaînes
de télévision de telle manière qu’elles puissent composer et diffuser leurs
programmes. Notre société perçoit aussi des droits auprès d’une seconde
catégorie d’acteurs qui captent les programmes de télévision et les transmettent sur leur réseau : c’est ainsi que l’on définit les câblodistributeurs.
Rien ne s’oppose à appliquer ce même raisonnement à Internet. Tous ceux
qui transfèrent un document d’un ordinateur local à un ordinateur distant
(traduction de l’anglicisme “uploader”) mettent à disposition un contenu
CHRISTOPHE DEPRETER
CEO
payé ou non payé. Par l’existence du réseau, les fournisseurs d’accès à
internet se chargent de la communication publique.
Il convient donc de faire verser par les vrais bénéficiaires du téléchargement, à savoir les fournisseurs d’accès à Internet, auprès des sociétés de
gestion collective des droits d’auteur une contribution aux ayants droit.
Cette contribution assurera une rémunération juste des artistes, en
complément des revenus du spectacle vivant, des CD, des DVD, des
abonnements au téléchargement et de toute autre source de revenus à
venir, sans pour autant pénaliser le développement d’Internet.
Sur ce plan, la loi sur le droit d’auteur ne doit en aucun cas être revue,
puisqu’en vertu de son premier article, personne ne peut rendre une
oeuvre publique ou la communiquer au public sans le consentement de
son auteur.
La SABAM doit œuvrer pour qu’Internet en particulier voie pour l’ensemble
de ses membres l’émergence de grandes potentialités créatrices.
Elle n’en sera certainement pas empêchée par les échos trompeurs que
certains médias ont profusément répandus en ce mois de février au sujet
d’une affaire qui anime l’actualité de la SABAM depuis huit ans déjà. La
complexité technique du dossier requérant des explications détaillées qui
relèvent de la compétence du juge du fond, il a été décidé d’un renvoi
partiel vers le tribunal correctionnel de Bruxelles.
Confiante et sereine, la SABAM dispose des éléments nécessaires pour
démonter un à un les chefs d’inculpation subsistants devant le tribunal
correctionnel de Bruxelles. Même si un seul devait être retenu, je puis vous
assurer qu’avec le souci permanent d’appliquer les règles les plus
actuelles en matière de gouvernance, toutes les mesures ont été prises
pour que pareil comportement soit impossible au sein de notre société.
Que tous nos membres soient vivement remerciés pour leurs témoignages de confiance dans la gestion et la protection de leurs droits, en
un mot dans les missions de leur société tournée plus que jamais vers
son avenir !
S O M M A I R E
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Julie Maetens, La passion d’une étoile…
Benjamin Luypaert, Un condamné volontaire de l’extraordinaire.
Léopold III, mon père, Nicolas Delvaulx
Le résultat des Oscars offre des perspectives pour les Belges
La Rentrée d’Arlette, Sandra Zidani
Bruno Coppens, Le quinqua… vénère
Ars Musica 2012, Claude Ledoux
Anima 2012
“My name is Billie Holiday”, Viktor Lazlo
Michel Azaïs. “Vox Teris”, le festival des langues régionales.
Nathalie Loriers, Le jazz est là, et bien là.
Pablo Andres Niño del Sol, Un premier album organique
Deux compositeurs classiques immortalisés à la SABAM
Victor Legley
D’un compositeur à l’autre Absil revisité par Janssens
Dan San – Domino. Le souffle des grands espaces
Pale Grey - Put Some Colors
Les régions rock de Belgique: Bruxelles ‘Même les sons du métro nous inspirent’
Plan d’actions pour la musique en Flandre Interview avec Philippe De Coene
Des discriminations ébranlent la planète TVA !
De Canvascollectie/La Collection RTBF 2012
Et Gilbert Delahaye créa Martine.
L’arbre à frites Frank Andriat - Zijn vader is niet zo groot Dominique Watrin
Sandra Zidani
2//SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012
THÉÂTRE
MUSIQUE
DOSSIER
LITTÉRATURE
Photos © www.desplacesetdesmontagnes.com
JULIE MAETENS LA PASSION D’UNE ÉTOILE…
Si les hommes viennent de Mars et les femmes de Vénus, la passion scientifique, quant à
elle, ne peut provenir que de la planète Maetens. Julie, pour les intimes. Preuve de l’existence d’une vie extraterrestre ? Peut-être pas.
Néanmoins, métisser la science à un imaginaire fécond et à une sensibilité à fleur de
peau ne peut sans doute provenir que d’une
étoile. Une étoile nommée Julie… et cette
étoile montante est belge.
Prétendre que la science est ennuyeuse, c’est
ne pas encore avoir vu le sourire de la jeune
réalisatrice nous décrivant son métier. Si le
documentaire à caractère scientifique est plus
que son dada, Julie se passionne également
pour l’univers décalé et onirique de Tim Burton : “J’entre à pieds joints dans le monde de
l’imaginaire pour transmettre ou raconter quel-
que chose qui me passionne. Il y a bien souvent
une base scientifique, c’est vrai, mais pas seulement. Cela peut être une personne incroyable, une
partie de l’Histoire… Voilà mon truc par-dessus
tout. D’autre part, j’aime travailler en équipe. D’où
ma collaboration avec Benjamin Luypaert”.
Si vous n’avez pas vraiment eu l’occasion d’approfondir votre regard sur la science, annulez
tous vos rendez-vous du 5 avril, allumez la chaîne Encyclo et préparez-vous à succomber aux
Virus, intimes ennemis, le dernier documentaire
de vulgarisation signé Julie Maetens et Benjamin Luypaert. Pour ceux qui n’ont pas accès
à cette chaîne française, nul doute que le documentaire s’inscrira dans les programmes
belges des prochains mois ou semaines.
Julie Maetens ? Une réalisatrice passionnée et
passionnante à qui on souhaite autant de succès
qu'il y a d'étoiles dans le ciel.
“Au fait, entre nous Julie, comment naissent les
étoiles?”
(SM)
INFOS : [email protected]
BENJAMIN LUYPAERT
UN CONDAMNÉ VOLONTAIRE
DE L’EXTRAORDINAIRE.
n’ai pas grand-chose à raconter”. Et lorsque cet
enfant dans l’âme rêvasse de ses aventures
passées aussi cocasses que décalées, on ne
peut s’empêcher de sourire en l’imaginant
découvrir un volcan au bord de l’éruption dans
Nyiragongo, expédition sur un lac de lave (2011)
ou manquer d’eau au milieu d’un océan de
glace lors du tournage de Paradis blanc (2008)
en Antarctique pour Matière Grise de la RTBF.
Aujourd’hui à la tête de sa propre société de
production depuis trois ans, il vient de signer
deux documentaires rien qu’en 2011. Après une
collaboration avec notre jeune étoile Julie Mae-
tens sur Virus, intimes ennemis, et la réalisation d’une biographie émouvante et drôle sur
le père des Schtroumpfs, Benjamin Luypaert
se transforme en ce début d’année 2012 en un
maître pâtissier de la réalisation dans son film
Marcolini, artisan chocolatier, une biographie
délicieusement chocolatée à découvrir sur:
www.desplacesetdesmontagnes.com
(SERGEI MASSON)
Photos © www.desplacesetdesmontagnes.com
Bourlingueur de l’insolite et aventurier
dans l’âme, Benjamin Luypaert ne boude pas
son plaisir, réaliser sa passion: raconter des
histoires.
Investi dans un binôme aux effluves à la fois
éthérés et terre à terre avec Aurélie Redouté,
son yang, Benjamin Luypaert retire un plaisir
indicible à se cultiver au contact de ceux qu’il
filme. Réalisateur, auteur de ses textes,
souvent de ses images, Benjamin guide ses
équipes de tournage tel un capitaine de frégate en quête des trésors fascinants du savoir.
“Si je ne vis pas des choses extraordinaires, je
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//3
LÉOPOLD III, MON PÈRE NICOLAS DELVAULX
L’homme signe d’une plume avisée Léopold III, mon père. Soutenu par la
princesse Esméralda, nourri par les archives du Palais, le réalisateur
ne se lance pas dans un pamphlet mais dans un exercice rigoureux de
mémoire et de vérités historiques. Le personnage approché, nous le
connaissons. Mais l’artiste derrière la caméra ? Qui donc est-il ? Zoom
avant sur Nicolas Delvaulx.
“LÉOPOLD III, MON PÈRE” EST PASSÉ SUR LES ÉCRANS
DES MIDIS DU DOC LE 14 FÉVRIER DERNIER À LA SABAM.
QUELLES ONT ÉTÉ LES RÉACTIONS DU PUBLIC ?
PRODUCTION, RÉALISATION, ÉCRITURE…
NICOLAS DELVAULX SEMBLE MULTIPLIER LES CORDES À SON
ARC ARTISTIQUE.COMMENT VOUS DÉFINIR?
QUELLES SONT VOS RELATIONS AVEC VOTRE SOCIÉTÉ
D’AUTEURS ?
“Excellentes et très touchantes. On fait ce métier aussi pour les applaudissements qui suivent la projection. C'est un véritable partage d'émotions, c'est donc un partage d'humanité et c'est réconfortant”.
“De plus en plus intéressantes au fur et à mesure que j'avance dans mon
travail”.
QUELS SONT LES PROJETS QUI VOUS OCCUPENT
ACTUELLEMENT ?
“Un documentaire sur la princesse Lilian de Réthy et une série historique
pour la RTBF”.
UN SCOOP POUR LE MAGAZINE ?
“Oui. Mais entre nous alors. Ma femme est enceinte !”
© Cinébel
© David Legreve
“Je suis avant tout un auteur, réalisateur de documentaire biographique. J'aime me pencher sur le sens de la vie en général, à travers
celle d'une personnalité en particulier. Ce que l'homme fait de sa vie
me fascine, mais aussi ce qu'il cherche à transmettre. J'aime aussi
être à contre-courant des idées reçues. J'aime pouvoir changer l'opinion que l'on peut avoir sur tel ou tel sujet. Sinon, la créativité me passionne sous toutes ses formes : j'aime en elle non pas ses atours, sa
promotion, mais plutôt sa force, simple et éternelle”.
BRUSSELS JAZZ ORCHESTRA, EXTRAIT DU FILM THE ARTIST
LE RÉSULTAT DES OSCARS OFFRE
DES PERSPECTIVES POUR LES BELGES
Même si l’Oscar du Meilleur Film étranger a finalement été décerné à
un réalisateur iranien, la moisson pour la Belgique à l’occasion de cette
84ème cérémonie de remise des Oscars n’est pas négligeable. Son premier film de long métrage Rundskop porté aux nues, Michaël R. Roskam
bénéficie désormais d’une place dans le top mondial des jeunes réalisateurs à suivre et son acteur principal Mathias Schoenaerts vient de
signer un contrat auprès de l’agence américaine Creative Artists Agency.
Carton plein pour The Artist car le film ‘muet’ français de Michel
Hazanavicius a remporté (après ses victoires aux Césars, Golden
Globes et BAFTA) à Los Angeles aussi bien l’Oscar du Meilleur Film
que celui de la Meilleure Bande-Son (composée par Ludovic Bource,
mise en musique par le Brussels Philharmonic et le Brussels Jazz
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Orchestra), du Meilleur Réalisateur et du Meilleur Acteur. Jef Neve a
interprété la musique avec le BJO. Lorsque nous le félicitons pour sa
contribution, il réagit avec enthousiasme : Actuellement, il n’y a aucun
concert prévu pour jouer cette bande-son mais avec un festival du film
tel que celui de Gand, on ne sait bien sûr jamais (rires). Personnellement, je viens de terminer une nouvelle composition qui sera jouée au
cours d’un spectacle de feux d’artifice pour les villes de Turnhout et de
Gand. Au mois de juin, j’enregistre un nouveau CD avec mon trio (Sons of
thé New World) et à l’automne, mon 2ème concerto pour piano sera joué
en première. Il y a donc encore beaucoup de choses en perspective !
De même, Frank Vaganée, directeur artistique du Brussels Jazz
Orchestra, se réjouit de la victoire aux Oscars.
(TG)
LA RENTRÉE D’ARLETTE
SANDRA ZIDANI
OLIVES ET TAJINES BORDANT LES ARÔMES DES TUBERCULES BRUXELLOIS. CORIANDRE ET MOULES FRITES AU
REGISTRE D’UN HUMOUR LUCIDE. ZIDANI REMET LE COUVERT D’UN SPECTACLE PLUS VIVANT QUE JAMAIS.
Pour l’heure, Célestine Bernstein cède la perruque à Arlette Davidson,
une idéaliste convaincue de pouvoir révolutionner l’univers parfois
étriqué de l’école, des budgets qui n’en peuvent plus de ne pas tomber
juste, de l’absentéisme notoire…
La Rentrée d’Arlette a débarqué ses accents de rire sur la scène du
Centre culturel de Woluwe-Saint-Pierre en février dernier. Plusieurs
salles se sont enchaînées sur un véritable succès public. Les salles
n’en finissaient plus de se remplir.
Il serait facile de penser que l’auteur verse dans une suite du précédent
One-Woman-chaud. Mais ce serait compter sans la verve et la fantaisie
de l’Algéroxelloise qui a encore des versants inconnus à explorer dans le
monde de l’enseignement.
Le 1er mars, c’est à la SABAM, dans le cadre de l’APERORIRE, que
l’humoriste est venue titiller nos zygomatiques avec divers extraits des
moments clefs de sa carrière !
Merci, l’artiste. Et au plaisir.
INFOS ? WWW.ZIDANI.BE
(SG)
POUR L’HEURE, CÉLESTINE BERNSTEIN CÈDE LA PERRUQUE À
ARLETTE DAVIDSON, UNE IDÉALISTE CONVAINCUE DE POUVOIR
RÉVOLUTIONNER L’UNIVERS PARFOIS ÉTRIQUÉ DE L’ÉCOLE, DES
BUDGETS QUI N’EN PEUVENT PLUS DE NE PAS TOMBER JUSTES,
DE L’ABSENTÉISME NOTOIRE…
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//5
BRUNO COPPENS
LE QUINQUA… VÉNÈRE!
ESCALE DÉLICATE EN ABSURDIE. VOYAGE EN SINGERIES, UNE CUILLÈRE DE VACHERIE À LA POINTE DES
MOTS. RANDONNÉE MUSICALE, UN ZESTE DE MAUVAISE FOI SUR UN TOAST DE POÉSIE. LE TOUT SAUPOUDRÉ
D’HUMOUR, D’AMOUR, D’IRONIE.
Et le tout à consommer sans aucune modération. Bruno Coppens, le “polysémiste déjanté”
prend cinquante balais dans la vue.
Une claque à l’heure où trône le jeunisme sur
l’estrade de toutes les ambitions individuelles
ou collectives. Une gifle à balayer tant d’allégories.
Pour contrer le mécanisme, celui contre
lequel même le talent ne peut rien, l’homme
se donne à la scène des Singeries Vocales. A
moins qu’il ne déboule ses périphrases, ses
métonymies, ses anaphores, pour le plaisir
qu’il a de célébrer ses cinquante bougies.
Attachant et décapant, l’artiste livre un spectacle unique comme il en a le secret. Vous
pensiez le connaître ? Il ne peut que vous surprendre, encore et toujours. Vous pensiez
avoir ri ? Vous ne pouvez que rire plus encore.
Au cœur de son univers vocal, vous allez pleurer des rires joyeux, rire d’émotions à apprivoiser, et vous allez même mimer ce que vous
chantez. Pas encore été témoin des Singeries
Vocales du quinqua… vénère ? Il est temps de
réserver vos places…
INFOS ?
WWW.BRUNOCOPPENS.COM
(SG)
ATTACHANT ET DÉCAPANT, L’ARTISTE LIVRE
UN SPECTACLE UNIQUE COMME IL EN A LE SECRET.
VOUS PENSIEZ LE CONNAÎTRE ?
IL NE PEUT QUE VOUS SURPRENDRE, ENCORE
ET TOUJOURS.
APERORIRE
© Christophe Toffolo
Bruno Coppens sera notre “APERORIRE” du 21 juin 2012. L’artiste livrera une part de son talent sur la scène du nouvel évènement de la
SABAM.
INFOS ET INSCRIPTIONS : [email protected]
6//SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012
© Pierre Cradisic
ARS
MUSICA
2012
CLAUDE
LEDOUX
CRÉÉ EN 1989 SOUS LA HOULETTE DE PAUL DUJARDIN OU DE BERNARD FOCCROULLE, ENTRE AUTRES,
LE FESTIVAL DE LA MUSIQUE CONTEMPORAINE EN BELGIQUE EST DEVENU UN ÉVÉNEMENT QUI REVENDIQUE
À JUSTE TITRE SES LETTRES DE NOBLESSE EN EUROPE. LE CONSEIL DE LA MUSIQUE DE LA SABAM EST
D’AILLEURS FIER DU SOUTIEN QU’IL CONTINUE D’APPORTER À ARS MUSICA.
J’AI DÉCIDÉ QUE CE FESTIVAL SERAIT CELUI
DE TOUTES LES RELATIONS TRANSVERSALES
POSSIBLES. BIEN ENTENDU, LES TRAVERSES
HISTORIQUES SONT VIVANTES ET VIVACES,
MAIS AU DELÀ DES ÉPOQUES,
LES TECHNOLOGIES ET LES CULTURES SONT
AU CENTRE DES DÉMARCHES CRÉATRICES.
Claude Ledoux en est, cette année, le commissaire artistique. Il nous
explique quelques-uns de ses choix et nous fait part de sa perception
personnelle de la musique contemporaine.
“Le thème de cette édition est Altra Cosa. Une autre cause, une autre chose.
Aujourd’hui, la musique contemporaine n’est plus enfermée dans une seule
idéologie. Elle est éclatée, à l’image de la communication entre les hommes,
à l’image des relations planétaires. J’ai beaucoup voyagé et je m’intéresse de
près aux musiques du monde. J’aimais beaucoup l’idée de reproduire un
contact rapide avec un mouvement qui se passe au lointain. J’ai décidé aussi
de ramener la technologie et ce qu’elle permet au cœur du festival. Il est
évident qu’aujourd’hui, la musique contemporaine est nourrie autant par
du jazz ou des mouvements électroniques que par le romantisme. Le
terme avant-gardiste ne signifie d’ailleurs plus grand-chose. Les moyens
d’échange ont aussi réduit l’espace géographique. N’importe qui peut
devenir votre voisin. Le Japon et l’Argentine seront présents, par exemple,
et nous pourrons confronter les compositeurs belges à cette fragmentation.
J’ai décidé que ce festival serait celui de toutes les relations transversales
possibles. Bien entendu, les traverses historiques sont vivantes et vivaces,
mais au delà des époques, les technologies et les cultures sont au centre
des démarches créatrices.
La musique contemporaine y gagne beaucoup parce qu’elle abandonne certains de ses tabous et se fait, par là même, plus accessible et plus populaire.
Ars Musica apprend donc à se tourner vers un public plus diversifié, qui se
reconnaît mieux dans les courants musicaux de ce nouveau siècle. Mon plus
grand souhait, ce serait que la musique contemporaine ne soit plus isolée, et
que petit à petit, la vision parfois négative qu’elle inspire disparaisse.
Sans faire de concession ni de marketing. Si l’homme de la rue pouvait venir
nous offrir son écoute, et que nous pourrons faire partager des découvertes
musicales au plus grand nombre, l’objectif du festival serait vraiment atteint.
Que chacun puisse vibrer.”
A Bruxelles, Anvers, Bruges, Liège et Mons, le mois de mars aura été, il
est vrai, synonyme d’échanges et de découvertes. Des sonorités du carillon
au duo de laptops; de l’ensemble rock électrique “Le Balcon” à un hommage à Klaus Huber, toutes les tendances de toutes les musiques ont
trouvé leur place dans la programmation d’Ars Musica 2012. Et, à l’instar
de Claude Ledoux, nous nous réjouissons de l’effacement progressif des
barrières qui empêchent parfois d’accéder à la musique contemporaine.
WWW.ARSMUSICA.BE
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//7
ANIMA 2012
AUTRE FESTIVAL QUI PORTE HAUT LES COULEURS DE BRUXELLES,
ANIMA PROPOSAIT CETTE ANNÉE ENCORE PLUS DE CENT FILMS EN
COMPÉTITION INTERNATIONALE. A L’HEURE D’ENVOYER VOTRE MAGAZINE À L’IMPRESSION, LE PALMARÈS N’ÉTAIT PAS ENCORE CONNU.
Nous avons tout de même retenu l’affiche de
Peter Elliott, qui était déjà passé dans ces pages
pour son activité musicale au sein de son groupe
Busty Duck. Auteur d’une vingtaine d’albums aux
éditions Pastel, Peter Elliott dessine depuis
presque vingt ans. Qu’il nous livre les histoires
de ses héros ou qu’il illustre magazines et journaux, il se complaît dans la diversité des styles
et des sujets.
Ses personnages devaient donc fatalement se
retrouver sur l’affiche du Festival international
du film d’animation de Bruxelles.
Anima 2012 a donc investi Flagey une fois
encore, pendant la semaine des vacances de
Carnaval. Cette année, la Suisse et l’Espagne
étaient les pays européens à l’honneur. La sélection est toujours aussi internationale, même
l’édition 2012 s’est partagée entre l’Asie et l’Europe. Le Japon, la Chine et la Corée du Sud ont
côtoyé l’Estonie, la Pologne et la République
tchèque.
L’ouverture s’est faite avec “La Colline aux coquelicots”, de Goro Miyasaki, né dans les studios
Ghibli, grands habitués de la semaine belge.
Rendez-vous national de l’animation en Belgique, Anima 2012 proposait toujours et encore
de nombreux rendez-vous, des ateliers, des
rencontres professionnelles et, bien sûr, la Nuit
Animée. L’occasion de voir, dans une ambiance
survoltée, une série de courts métrages plus
loufoques les uns que les autres.
Si l’on ajoute encore les expositions, les concerts
et les conférences, force est de constater que
plus de trente ans après sa création, le Festival
du film d’animation de Bruxelles affiche une
santé des plus éclatantes.
Après la venue de Tim Burton et de Peter Lord,
Anima est d’ailleurs devenu aujourd’hui l’un des
cinq plus grands festivals de cinéma d’animation
dans le monde.
Un titre et un succès que les 35.000 visiteurs de
l'année dernière ne feront pas mentir.
Un chiffre qui prouve que Bruxelles est une
capitale culturelle rassurante: la curiosité est un
excellent défaut.
(LM)
APRÈS LA VENUE DE TIM BURTON ET DE PETER LORD,
ANIMA EST D’AILLEURS DEVENU AUJOURD’HUI
L’UN DES CINQ PLUS GRANDS FESTIVALS
DE CINÉMA D’ANIMATION DANS LE MONDE.
8//SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012
“MY NAME IS BILLIE HOLIDAY”
VIKTOR LAZLO
BILLIE HOLIDAY. LADY DAY. UN DESTIN TRAGIQUE. UNE VOIX SUBLIME.
UN PARCOURS QUI MARQUE INTRINSÈQUEMENT LE PAYSAGE MUSICAL
AMÉRICAIN DU BLUES ET DU JAZZ. BILLIE HOLIDAY. UNE FEMME. NOIRE.
Une femme dans tout ce qu’elle a de plus douloureux, de plus universel. Et puis des passerelles.
Un spectacle qui se monte sur l’impression que porte Viktor Lazlo de ce lien arachnéen entre toutes
les femmes. Entre leurs mémoires. Entre leurs souvenirs vécus ou pas. Il se tisse quelque chose
de ténu entre toutes les sensibilités de femmes de par le monde. Vingt chansons sont revisitées
par une artiste qui cherche plus à partager qu’à imiter. Du haut de son expérience de chanteuse, de
femme, noire, Viktor Lazlo se sent pousser des ailes pour battre le tempo de la chanteuse américaine.
Le public ne s’y trompe pas. La grande salle du théâtre Le Public ne désemplit pas jusqu'au
7 janvier 2012. Une première série de concerts s'achève le 14 février 2012 au Centre culturel
d'Auderghem. La rentrée sera parisienne, et 2013 sera l'année de la tournée internationale.
CONTACTS:
[email protected]
© Malika Gouider
(SG)
VINGT CHANSONS SONT REVISITÉES PAR UNE ARTISTE
QUI CHERCHE PLUS À PARTAGER QU’À IMITER.
DU HAUT DE SON EXPÉRIENCE DE CHANTEUSE, DE FEMME,
NOIRE, VIKTOR LAZLO SE SENT POUSSER DES AILES
POUR BATTRE LE TEMPO DE LA CHANTEUSE AMÉRICAINE.
MICHEL AZAÏS. “VOX TERIS”,
LE FESTIVAL
DES LANGUES RÉGIONALES.
MICHEL AZAÏS EST UN AUTEUR-COMPOSITEUR QUI DÉFEND LE WALLON
AVEC UNE FERVEUR COMMUNICATIVE. IL CHANTE SES TEXTES JUSQU’EN
DEHORS DE NOS FRONTIÈRES, CERTAIN QUE “LE WALLON SONNE BIEN
MIEUX QUE LE FRANÇAIS”.
Même si le français entre dans son répertoire. Récompensé par de nombreux prix, qui l’aident
à financer ses maquettes et les groupes qui l’accompagnent, Michel Azaïs est toujours surpris par
l’accueil réservé aux langues minoritaires, en dehors de leurs propres pays. Au travers de titres
nostalgiques mais jamais passéistes, il évoque les métiers et les gens qui forgent un pays. Ses
passages à la télévision sont d’ailleurs une source vive de commentaires d’un public qui se reconnaît
dans ses textes. Même s’il déplore la décroissance de cette audience particulière.
© JM Brasseur
Afin de préserver nos langues traditionnelles, que l’Europe estime aujourd’hui partie du patrimoine
mondial de l’humanité, Michel Azaïs vient de créer le festival Vox Teris, qui se jouera à Saint-Nicolas
(Liège) le 19 mai 2012. Sept régions viendront y chanter, dans leur langue intime, la beauté de
leur héritage propre. Une manière d’unir les hommes et les cultures, et de porter plus haut que les
frontières les différences qui parfois les séparent. Au final, un hymne de sept couplets rassemblera
tous les acteurs de ce projet.
WWW.MICHELAZAIS.COM
WWW.VOXTERIS.COM
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//9
“MES PARENTS M’ONT EMMENÉE À UN PREMIER
CONCERT, À DINANT. J’AI TOUT DE SUITE ÉTÉ
SÉDUITE PAR LA MUSIQUE DE STEVE HOUBEN
ET DES STRINGS. JE SUIS RESTÉE SCOTCHÉE.”
NATHALIE LORIERS
LE JAZZ EST LÀ, ET BIEN LÀ.
LE NOUVEAU DISQUE DE NATHALIE LORIERS EST DISPONIBLE DEPUIS PEU DANS TOUS LES BONS BACS. DE
RETOUR AVEC LA FORMULE EN TRIO, QUI GARDE SA PRÉFÉRENCE, LA PIANISTE PROPOSE UN OPUS QUI
LAISSE, PAR ESSENCE, PLUS DE PLACE À LA LIBERTÉ ET À L’IMPROVISATION. UN DISQUE SUR LEQUEL LA
COMPLÉMENTARITÉ, AUSSI, PERMET À CHACUN D’EXPRIMER AU MIEUX SA PERSONNALITÉ.
En choisissant le batteur Rick Hollander et la
contrebasse de Philippe Aerts, Nathalie
Loriers s’adjoint deux très grandes valeurs
du monde du jazz actuel. Si les compositions
de ce nouveau projet s’annoncent groove et
lyriques, rien ne nous éloigne des lignes de
conduites auxquelles Nathalie ne déroge pas:
la recherche mélodique, une harmonie méticuleuse et une application formelle sans
faille.
Lauréate du concours de composition de la
SABAM en septembre dernier, Nathalie
Loriers peut, depuis longtemps, s’enorgueillir
d’un palmarès considérable. Elle qui déclare
“le jazz n’est pas élitiste”, continue à contribuer au renouveau de cette musique autant
par ses concerts et ses disques que par son
inclination pédagogique. Professeur au Conservatoire royal de Bruxelles ou à l’Académie
de musique d’Eghezée, elle n’a de cesse de
continuer à donner au jazz l’écho qu’elle a
entendu dans son adolescence. “Mes parents
m’ont emmenée à un premier concert, à
Dinant. J’ai tout de suite été séduite par la
musique de Steve Houben et des Strings. Je
suis restée scotchée.” La liberté qui semblait
jaillir des compositions, ce jour-là, ne quittera
plus l’esprit musical de Nathalie Loriers.
Aujourd’hui encore, elle parle du rapprochement entre l’improvisation en jazz et l’impro
en théâtre. “Il faut écouter, longtemps, les sonorités du jazz, s’en imprégner. Au début, c’est un
peu naïf. On commence l’improvisation par l’imitation. C’est peut-être un peu comme une langue
que l’on ne connaît pas”.
Premier prix de piano jazz au Conservatoire de
Bruxelles en 1990, la musicienne possède tout
de même des atouts puissants et une formation
ancrée. Au gré de rencontres et de collaborations avec les plus grands noms de la scène
belge et étrangère, elle va conquérir des lettres
de noblesse qui la ramènent, toujours, vers ce
piano où se joue toute sa vie. “Je pourrais arrêter
les concerts et les enregistrements. Jouer chez
moi. Je fais d’abord de la musique pour moi”.
Mais sa carrière et son actualité apportent un
10//SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012
démenti formel. Pianiste du Brussels Jazz
Orchestra, professeur ou “sidewoman”, de la
composition à la scène, Nathalie Loriers reste
fidèle au rendez-vous. “Même si ma maison de
production m’a dit que ce serait peut-être le
dernier disque, puisque l’évolution technologique est implacable. Nous allons vers de nouveaux supports”. Alors que Nathalie Loriers se
félicite encore de voir briller la surprise de la
découverte dans les yeux des plus jeunes, lors
de ses concerts, elle semble plus enthousiaste que jamais à partager son amour du jazz.
Belle preuve s’il en est, Trois petits singes, ce
nouvel album, ode à la liberté.
(LM)
WWW.NATHALIELORIERS.COM
PABLO ANDRES
NIÑO DEL SOL
UN PREMIER
ALBUM ORGANIQUE
PABLO ANDRES SORT UN PREMIER ALBUM AVEC
SES POTES. FIDÈLE À L’ESPRIT QUI HABITAIT LES
PREMIÈRES PARTIES (LAVILLIERS, ABD AL MALIK)
ET LES CONCERTS (FRANCOS, COULEUR CAFÉ,
DOUR), NIÑO DEL SOL EST UN DISQUE VOLONTAIREMENT INCLASSABLE. RICHE D’INFLUENCES ET
GÉNÉREUX DE COMPLICITÉS.
MAIS D’OÙ VIENT NIÑO DEL SOL ?
“Ce qui se dégageait de la scène, c’était un sentiment de fraîcheur. Après
un gros travail en répétition, on pouvait tester les compos sur scène.
Nous sommes parvenus à rendre l’énergie des dix musiciens, en assurant une vraie cohérence musicale. L’album est le résultat du travail avec
chacun. Il existe, depuis le départ, la volonté de sortir un album métissé
et aux influences sonores multiples: soul, funk, reggae, hip-hop, bossanova. Je suis très fier du respect des apports de chacun et de la direction
commune du projet. Le tout est original et organique. Je produis l’album
et j’en suis le leader, mais Niño del Sol reste avant tout un projet de
groupe. On travaillait ensemble à partir d’une direction musicale, par titre.
Je suis un peu le capitaine d’un navire, mais on ne part pas seul en mer”.
LE RISQUE, DANS LA DIVERSITÉ, N’EST-IL PAS
DE DEVENIR INCLASSABLE ?
“Pour moi, le risque n’est pas dans la diversité, mais dans le format.
Aujourd’hui, on nous demande d’entrer dans des listes, des tiroirs. Je
n’aime pas trop cette volonté de coller une définition sur tout. Elle vient de
la pub et du marketing, mais elle est réductrice. Personne n’a envie que
de faire la fête ou que d’être mélancolique. Même s’il est plus difficile de
défendre commercialement un album multicolore. La musique que je
fais ne se définit pas en deux mots. Ou alors des mots pluriels: métissée
et colorée, toujours sincère”.
D’évidence, Niño del Sol est un disque qui s’écoute comme un voyage
qui traverse plusieurs pays. A l’instar d’Espoir, un titre dans lequel
sonnent tous les contrastes. Des couplets rap, à la limite du slam, qui
racontent la vision sombre d’un monde guidé par l’apparence. Et des
refrains positifs et ensoleillés, chantés par la voix de Fantani Touré (une
chanteuse malienne). La fusion du jazz, de la soul et des tonalités afro.
Sans jamais perdre la cohésion insufflée par Sir Samuel du Saïan
Supa Crew, dont la contribution est manifeste.
Pablo Andres lance un pari audacieux, parce qu’il exige que nous
soyons, comme lui, prêts pour des destinations incertaines. Le genre
de voyage où l’on se surprend à oser, dont on revient étonné. Il le dit:
“Partager la musique est une chose simple”. Telle est sans doute la
force de Niño del Sol: nous offrir le goût harmonieux d’une musique
surprenante.
Album et concerts à consommer sans aucune modération.
A l’heure de mettre sous presse, Pablo Andres reçoit une Octave de la
musique. Plus d’infos dans le prochain numéro.
WWW.PABLOANDRES.BE
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//11
DEUX COMPOSITEURS CLASSIQUES
IMMORTALISÉS À LA SABAM
VICTOR
LEGLEY
IL Y A EXACTEMENT VINGT ANS DE CELA, VICTOR LEGLEY
(HAZEBROUCK 1915 - OSTENDE 1994) FAISAIT SES ADIEUX
EN TANT QUE PRÉSIDENT DU CONSEIL D’ADMINISTRATION
DE LA SABAM, UNE FONCTION QU’IL A ASSUMÉE AVEC STYLE
PENDANT 12 ANS (DE 1980 À 1992).
Ce n’est donc pas un hasard si ce compositeur est
aujourd’hui immortalisé à la SABAM. La salle
de réunion du Conseil d’administration de notre
société d’auteurs se voit donner le nom de deux
compositeurs belges importants qui ont également œuvré en faveur du droit d’auteur et de la vie
musicale en Belgique : Victor Legley et Jean Absil.
La carrière de Vic Legley peut sans conteste être
qualifiée d’impressionnante. Il étudia au Conservatoire de Bruxelles le violon alto, le contrepoint et
la fugue et, finalement, la composition chez Jean
Absil. De 1936 à 1948, il joua du violon alto au sein
du Grand Orchestre Symphonique de l’I.N.R.
Sur recommandation de son collègue violoniste
alto Gérard Ruymen, il suivit en 1941 des leçons
de composition chez Jean Absil, une étude qui fut
récompensée en 1943 d’un deuxième Prix de
Rome. Après la Deuxième Guerre mondiale, Vic
Legley fit carrière comme violoniste alto à l’Orchestre de la Monnaie et comme membre du
quartette Déclin. À ce titre, il entra en contact avec
Béla Bartok, Arnold Schoenberg et Alban Berg,
dont il était un fervent admirateur.
En 1947, il devint programmateur à l’I.N.R. et
ensuite chef du service “musique sérieuse” et
pour le troisième programme de la Radio flamande. Dans cette fonction, il tenta de promouvoir la
musique contemporaine et, en premier lieu, la
musique contemporaine belge. En 1949, il fut
nommé professeur au Conservatoire de Bruxelles
et, en 1956, professeur de composition et d’analyse à la Chapelle Musicale Reine Elisabeth.
Il a écrit une œuvre considérable de 124 opus,
parmi lesquels de très nombreuses œuvres symphoniques, de la musique de chambre, 8 sym-
VIC LEGLEY ? UN ÊTRE AU CARACTÈRE GÉNÉREUX, PAS AVARE
EN BOUTADES. TOUJOURS À LA RECHERCHE DE SUBTILITÉS
LINGUISTIQUES, À LA FOIS EN FRANÇAIS ET EN NÉERLANDAIS…
phonies, 10 concertos et concertinos, 5 quatuors à
cordes, 10 mélodies et 1 opéra.
En 1965, il devint membre de l’Académie royale
de Belgique et y fut, en outre, président à partir
de 1972. Legley voulait surtout “traiter une synthèse des différentes techniques et créer une
musique personnelle qui n’impose pas des problèmes aux auditeurs”. L’une de ses œuvres les
plus connues dans cette optique est : “La cathédrale d’acier” de 1958. Ce poème symphonique
est inspiré de la peinture éponyme de Fernand
Stevens, sur laquelle une nouvelle cathédrale en
acier peut être observée, bâtie sur les ruines
d’une ancienne cathédrale. Elle symbolise notre
époque, dans laquelle la technique semble supplanter les valeurs spirituelles du passé.
À partir des années '70, il entre en contact avec
Yvon Ducène, le chef d’orchestre d’alors des
Guides belges. Ce dernier l’incita à réaliser des
transcriptions de son œuvre symphonique. Il a
également composé Hommage à Jean Absil
(1979), qui rendait un hommage à son professeur
et à celui qui fut un pionnier dans le domaine de
la musique pour instruments à vents.
Les dernières années de sa vie, il écrivit encore
un nombre remarquable d’œuvres considérables. Parmi celles-ci, citons son 3ème Concerto
pour Violon (1990), une œuvre de commande
pour la violoniste Jenny Spanoghe, ainsi que sa
sonate solo et sa ‘drie –meisjes –sonate’, ainsi
L’ARGENT DES PRIX AFFECTÉ À DES FINS UTILES
En 1956, le concours de violon polonais Wieniawsky émit un prix de composition pour une oeuvre
imposée. Vic, qui avait alors 41 ans, voulait s’acheter une voiture. Jeune marié, il n’avait toutefois pas
directement un budget à sa disposition à cet effet. C’est la raison pour laquelle il participa à ce
concours de composition avec le “Burlesque pour violon et piano”. Le premier prix représentait en
effet un montant considérable, suffisant à l’époque pour acheter une nouvelle voiture. Vic remporta
le premier prix et, avec cet argent, il acheta un VW Coccinelle ! À cette période, il écoutait aussi beaucoup de jazz, et ce fut manifestement la sphère d’influence dans laquelle le Burlesque fut écrit.
12//SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012
que Romance de 1992. En 1994, l’année de sa
mort, le Vlaams Radio Orkest créa enfin encore
sa 8ème Symphonie. Qui était l’homme Vic Legley
derrière cette existence prestigieuse ? Un être
au caractère généreux, pas avare en boutades.
Toujours à la recherche de subtilités linguistiques, à la fois en français et en néerlandais, et
il avait de surcroît un faible pour les citations
latines. Il avait une érudition énorme, qu’il complétait en permanence vu sa faim insatiable de
lectures. Après des créations, il était débordant
d’enthousiasme vis-à-vis des musiciens, ce qui
était sa façon à lui de rendre hommage aux
interprètes de son œuvre. Les dernières années,
il était parfois déçu de certaines évolutions,
néfastes pour les artistes-créateurs et/ou les
interprètes.
Un vœu pieux du soussigné est que le souvenir
que l’on gardera de lui ne se limite pas aux honneurs qui lui sont rendus aujourd’hui, mais qu’il
y ait à l’avenir encore de nombreuses exécutions
de ses œuvres susceptibles d’enrichir l’offre de
concerts.
D’UN
COMPOSITEUR
À L’AUTRE
ABSIL
REVISITÉ PAR
JANSSENS
JEAN ABSIL EST LE PREMIER COMPOSITEUR BELGE
QUE J'AI DÉCOUVERT. J'AVAIS 10 ANS ET J'INTERPRÉTAIS SA CÉLÈBRE SICILIENNE DEVANT UN JURY
IMPRESSIONNANT À L'ACADÉMIE DE FOREST.
MARQUÉ PAR CE SOUVENIR, PLUS TARD JE MIS
AU PUPITRE D'AUTRES ŒUVRES DE CET ÉMINENT
MUSICIEN.
C'est ainsi que j'ai pu diriger, e.a., l'interprétation de son Album à colorier au programme de
plusieurs concerts à Bruxelles et en Wallonie.
Le public et les interprètes, jeunes et adultes, y
ont éprouvé autant de plaisir.
Aujourd'hui, vous me faites l'honneur de
présenter cet artiste dans le magazine de la
SABAM, et j'en suis ravi.
Une abondante littérature publiée in illo tempore, ainsi que la vulgarisation sur la toile par les
moyens actuels de la cybernétique, m'évitent
un descriptif détaillé de la biographie et du
parcours musical de Jean Absil.
Je me propose donc de relater ici les faits que je
considère comme les plus marquants.
Entre le 23 octobre 1893, date de sa naissance,
et le 2 février 1974, jour de son décès, Jean
Absil a traversé une des périodes politiques et
artistiques les plus controversées de notre planète.
VCTOR LEGLEY
AVEC
JEAN ABSIL
Tous les courants historiques et compositionnels se sont croisés et parfois heurtés au cours
de sa longue vie.
D'instinct, ce compositeur "classique" reste en
phase avec l'évolution de l'écriture musicale. Je
l'imagine extraverti sur un monde qu'il regarde,
écoute, étudie, comprend et adopte pour se
réaliser lui-même, à son tour, dans un langage
toujours nouveau. On reconnaît à Jean Absil
une influence déterminante sur la composition
musicale belge. Je relève des coïncidences intéressantes avec l'existence de notre compositeur, à commencer par le jour de sa naissance
à Bonsecours, dans le Hainaut: ce même
23 octobre 1893, on crée la Symphonie du Nouveau Monde d'Antonin Dvorak à New York.
Charles Gounod vient de décéder cinq jours avant,
et Tchaïkovski nous quittera dix jours plus tard!
Jean Absil apparaît à point nommé pour sauter
du 19e au 20e siècle, pour faire ce bond gigantesque du romantisme boursouflé au modernisme ascétique le plus foudroyant.
Surviennent alors deux guerres mondiales
dévastatrices auxquelles l'esthétique compositionnelle colle directement: rupture de la tonalité, dodécaphonisme, musique sérielle, tabula
rasa tous azimuts.
Comment, dès lors, un être rigoureux, honnête
et sensible comme Jean Absil, peut-il surmonter
de tels bouleversements sans perdre son âme,
en conservant le sens même de sa créativité ?
C'est le virus insidieux et hyper-résistant de la
composition qui s'imposera. On mesurera
l'acharnement créatif de notre artiste au nombre phénoménal de ses 161 opus, ce qui représente statistiquement pas moins de 4 com positions par an !
Et ce rapide calcul n'est rien en regard de l'évolution des œuvres partant de l'enseignement
reçu de maîtres éminents pour arriver à la synthèse d'un style personnel et sans concession
aux systèmes à la mode, tout en s'en inspirant
continuellement.
Reconnu et apprécié des plus grands, tels
Paul Gilson, Milhaud, Hindemith, Schönberg,
Stravinsky ou encore Berg, Jean Absil amasse
titres et distinctions de hautes valeurs artistiques, comme le Prix de Rome, le Prix Rubens,
le Prix du Gouvernement Belge, le Prix SABAM
et bien d'autres.
Créateur, pédagogue, défenseur du droit d'auteur (il était membre, administrateur et président de la SABAM de 1945 à 1948), sont les
trois facettes indissociables de l'activité de Jean
Absil.
Les compositeurs contemporains sont toujours
intéressés par ce personnage en qui ils trouvent
un exemple utile.
ROBERT JANSSENS
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//13
© Simon Medard
DAN SAN – DOMINO.
LE SOUFFLE DES GRANDS ESPACES.
ON RACONTE QUE DAN SAN JOUE UNE MUSIQUE FOLK. CE N’EST PAS VRAI, MÊME SI CE N’EST PAS FAUX. APRÈS
PILLOW, UN EP DE SEPT TITRES SORTI EN 2010, ET L’ÉLARGISSEMENT DU GROUPE (QUI PASSE DU DUO DES
DÉBUTS À SEPT MUSICIENS), L’ALBUM DOMINO TOUCHE UN PEU À LA POP, AUSSI.
Tandis que les tonalités progressives installent parfois une ambiance
qu’on ose à peine déranger. Présent sur les scènes depuis un bon bout de
temps, Dan San a laissé le temps parfaire ce premier album. Le résultat
comble autant les attentes du groupe que celles du Collectif JauneOrange
qui est, une fois encore, un révélateur de talents. Les passages en radio
prolifèrent.
Thomas Medard et Jérôme Magnée, instigateurs de la formation, s’entendent à merveille pour composer des titres aussi harmonieux qu’harmoniques. Le premier single, Question Marks, est d’ailleurs un excellent
échantillon de la justesse des arrangements. Les cordes de Damien
Chierici, au violon, (importé de MLCD) trouvent avec Dan San un nouvel
espace que l’on dirait presque vierge, tant les sonorités, même si elles
évoquent des souvenirs en nous, débordent rapidement et se déposent où
on les attend le moins.
Et donc la richesse et la diversité de chaque membre, dont Dan San ne
cesse de s’inspirer, surgissent souvent au meilleur moment. “Under a Sea
of Lies” ou “Tomorrow” sont deux de ces morceaux que l’on dirait cousus
sur mesure. Entre ballade folk et puissance contenue. A la première
écoute, Dan San vous transporte dans des paysages grandioses et les
images qui se collent à la musique annoncent un voyage aérien.
Il y a fort à parier que Domino va tracer un chemin ascendant dans ces
espaces-là. D’autant que le groupe est déjà bien rodé à la scène et que les
nombreuses dates qui jalonnent le parcours de Dan San ont conquis une
très large partie du public.
JauneOrange et Pias peuvent donc être rassurés, les valeurs musicales de
la scène belge semblent ignorer la récession.
(LM)
PALE GREY - PUT SOME COLORS
On ne quitte pas tout à fait Dan San, en suivant son bassiste, Maxime
Lhussier, qui mène un projet parallèle. Pale Grey et son Put Some
Colors sont entre deux étages, l’electro et la pop. Une sorte de palier de
décompression. Les titres portent des noms de couleurs, et l’impression
de fixer le lointain au travers d’un kaléidoscope s’invite à l’écoute de Red,
de Yellow, de Green. Entre électronique débridée et ligne claire, Pale
Grey propose une musique qui pourrait coloriser les cases d’une B.D. en
noir et blanc. Même si l’on sent les circuits électriques dans les voix et
les claviers, l’équilibre des compositions n’est jamais compromis. Il
ressort de ce disque un sentiment de bonne humeur qui provoque une
excitation de l’index sur la touche “lecture” ou “morceau précédent”. Sur
scène, la maîtrise est complète et rehausse encore l’impression d’homogénéité de Pale Grey. Et devinez qui est aux abords de ce Put Some
Colors ? JauneOrange, forcément. Bonne continuation, donc.
14//SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012
(LM)
LES RÉGIONS ROCK DE BELGIQUE:
BRUXELLES
‘MÊME LES SONS DU MÉTRO
NOUS INSPIRENT’
© V. Boucq
© Veronika Pot
POINT CENTRAL ENTRE PARIS, LONDRES ET AMSTERDAM, BRUXELLES EST LE CŒUR PALPITANT DE L’EUROPE.
D’APRÈS NOTRE GLOIRE NATIONALE ARNO, ON NE TROUVE SUR LE VIEUX CONTINENT AUCUN ENDROIT QUI
RESPIRE LA MUSIQUE DE FAÇON AUSSI EXPLICITE QUE LA VILLE QU’IL APPELLE “A DIRTY BEAUTY” DANS SON
DERNIER CD ‘BRUSSLD’.
MASTERCAB EN GREAT MOUNTAIN FIRE
À l’ombre de l’Atomium s’activent depuis des années des musiciens de
ELKE JACOBS (MASTERCAB): “J’aime les contrastes qui sont typiques de la
tous les genres possibles. Les Marolles étaient jadis le berceau du ‘jazzville dans laquelle j’ai grandi. Ils me rendent parfois heureuse et me mettent
man à l’harmonica” Toots Thielemans ; la musique que créait Marc Mouparfois de mauvaise humeur, mais je me sens ici chez moi. Nous n’aurions
lin au début des années septante avec Placebo a servi de modèle pour
jamais pu créer les morceaux de notre nouveau CD ‘Waterproof’ à la camcelle de Saint-Germain ; l’électro-pop de Telex fut à l’origine de la techno
pagne. Même les sons du métro nous inspirent.”
de Detroit et un peu plus tard, ‘l’electronic body music’ de Front 242 allait
conquérir le monde. Mais Bruxelles est également le biotope du rappeur
HENDRIK WILLEMYNS (ARSENAL): “Nous avons entre-temps tous essaimé
belgo-rwandais Stromae, qui fut numéro 1 du hit-parade dans dix pays
et pourtant, nous continuons de nous considérer comme un groupe bruxelavec ‘Alors on Danse’, ainsi que de la chanteuse Axelle Red, du chanteurlois, tout simplement parce qu’il n’y a pas d’autre endroit où nous aurions pu
parolier Vinz et de groupes très difvoir le jour. En tant qu’étudiant, j’habiférents les uns des autres tels que
tais dans un appartement aux alentours
Jaune Toujours, Tommigun, Mondu rond-point Montgomery, près de l’ArELKE JACOBS : “J’AIME LES CONTRASTES QUI
SONT TYPIQUES DE LA VILLE DANS LAQUELLE
soon, Ghinzu, Deviate, Montevideo,
senal, auquel nous avons emprunté
J’AI GRANDI. ILS ME RENDENT PARFOIS HEUREUSE notre nom. C’est là que nous avons égaSunday Bell Ringers, Kiss and Drive
ET ME METTENT PARFOIS DE MAUVAISE
et Applause. “C’est quand même
lement enregistré notre premier disque
HUMEUR, MAIS JE ME SENS ICI CHEZ MOI.
bizarre que presque tous les Belges
Oyebo Soul. Les groupes gantois ou
qui ont signé un tube planétaire, de
anversois me font directement penser à
Plastic Bertrand à Wallace Collection, provenaient de la capitale”, déclare
un style bien déterminé, alors qu’à Bruxelles, les choses sont moins définies,
Arno. “Bruxelles est plus connue à l’étranger que la Belgique elleet c’est précisément ce qui les rend si intéressantes. Cet éclectisme, ce
même.”Des temples réputés du rock tels que l’AB, le Botanique, Forestmélange de langues et de cultures, convient parfaitement à Arsenal, même si
National, le Cirque Royal, le Théâtre 140, le Magasin 4, le VK et Recyclart
nous n’avons jamais eu beaucoup de contacts avec la scène locale. Nous
font en sorte qu’aucun groupe international qui compte n’omette de faire
n’avons pas été inspirés par d’autres groupes, mais l’inspiration, nous l’avons
un crochet par notre pays. Une telle profusion d’activités scéniques ne
trouvée en allant manger un bout quelque part et en nous promenant en
laisse bien entendu pas la scène locale de marbre. Bruxelles est-elle un
Forêt de Soignes. Bruxelles est cependant un endroit idéal pour nouer des
endroit propice pour faire de la musique ?
contacts. Vous y rencontrez des créateurs provenant des quatre coins du
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//15
ARNO EN VISMETS
monde, et c’est ainsi que nous avons découvert nombre de nos chanteurs
invités. Vous allez boire un verre dans le quartier Matongé, vous commencez à
discuter avec quelqu’un et une heure plus tard, vous vous retrouvez ensemble
dans un studio, et cela débouche sur quelque chose de formidable.”
musiciens bruxellois. C’est sûr, il y a une forme positive de compétition, mais
je vois surtout une solidarité mutuelle. Les Vismets partagent à Koekelberg
une salle de répétition avec Great Mountain Fire et Montevideo. Nous sommes
amis avec Ghinzu, et travaillons souvent avec les mêmes ingénieurs du son et
spécialistes de la lumière. En fait, nous formons une seule famille.”
ARNO, QUI A ÉMIGRÉ IL Y A TRENTE ANS D’OSTENDE VERS BRUXELLES :
“Cette ville a hébergé d’innombrables musiciens étrangers : de Moustaki à
MATTHEW IRONS (PUGGY): Au cours des mes années d’adolescence, au
Tuxedomoon, d’Anna Domino à Colin Newman de Wire. On raconte que même
début des années nonante, il était selon moi plus facile d’avoir voix au chaLemmy de Motörhead a traîné ici pendant un temps. On entend ici toutes
pitre à Bruxelles. Il y avait partout des cafés-concerts, et la ville pétillait
sortes de musiques et on peut tous les jours faire son choix parmi une foule de
davantage. Je traînais beaucoup avec des musiciens de jazz et de blues, j’ai
concerts. Pas uniquement de grands noms : grâce à une initiative comme
appris à jouer en les observant ou en jammant avec eux. Mais beaucoup de
Stoemp!, on trébuche littéralement dans les cafés du centre de Bruxelles, sur
bars légendaires ont entre-temps fermé leurs portes. Les jeunes groupes
les jeunes groupes. À Bruxelles habitent plus de musiciens que de souris
doivent surtout s’en remettre aujourd’hui au circuit des maisons de jeunes.
blanches. (rires) En outre, on y trouve des studios fantastiques. Dans les
Celui qui est suffisamment entreprenant trouvera toutefois un public. Trouver
années septante, Black Sabbath est venu
un local de répétition permanent dans la
enregistrer au Morgan et The Stranglers,
capitale constitue cependant une autre
DANI KLEIN : DANS MA RUE À IXELLES
Boy George, Bashung et Aznavour aussi
paire de manches. Cela fait déjà six mois
VIVENT DE NOMBREUX POLONAIS,
ont enregistré des disques à Bruxelles. De
que nous sommes, sans succès, à la
PORTUGAIS ET AFRICAINS. C’EST, QUOI
célèbres ingénieurs du son britanniques
recherche d’un endroit rien qu’à nous. Je
QU’IL EN SOIT, ENRICHISSANT. CELA DONNE
comme Alan Ward et Mike Butcher sont
À LA VILLE SON ATMOSPHÈRE SPÉCIFIQUE. ne peux pas non plus me départir du sentientre-temps devenus de vrais Bruxellois.
ment que la communauté musicale à
Et l’AB est une salle de concert de haut
Gand, Anvers ou Liège entretient des liens
niveau que nous envient beaucoup d’étrangers.”
internes beaucoup plus solides et que nous sommes reçus de façon plus
chaleureuse par la population estudiantine de Louvain-la-Neuve que par celle
ALEXIS DEN DONCKER (GREAT MOUNTAIN FIRE): Boutik Rock, les Nuits du
de Bruxelles. Mais les musiciens que nous croisons en chemin sont toujours
Soir, ce sont toutes des initiatives qui permettent au public de découvrir de
ouverts et aimables. Nous nous considérons tous comme des underdogs, nous
jeunes groupes. Étant donné qu’il y a ici de nombreux concours de musique, il
faisons face aux mêmes problèmes et nous devons faire des efforts énormes
n’est pas si difficile de trouver une scène. Néanmoins, le circuit live est encore
pour recevoir de l’attention. Cela crée un lien.
trop replié sur lui-même. Vous avez un certain nombre d’initiatives locales
sympas, mais elles sont trop morcelées pour faire percer un groupe dans le
Bruxelles est, sans concurrence, la ville la plus cosmopolite du pays. Le
reste du pays. Pour la production de notre CD ‘Canopy’, nous avons toutefois
mélange des nationalités, communautés et cultures génère une dynareçu un soutien financier de la Communauté française. Nous lui en sommes
mique très particulière.
énormément reconnaissants.
DAN KLEIN: Cela n’a pas d’effet direct sur la musique que nous faisons, mais
DAN KLEIN (VISMETS): “Il se passe vraiment beaucoup de choses à Bruxelles,
ce mish-mash nous plaît bien. Dans ma rue, à Ixelles, vivent de nombreux
sans que cela soit toujours bien apparent. Il règne ici une atmosphère positive,
Polonais, Portugais et Africains. C’est, quoi qu’il en soit, enrichissant. Cela
qui favorise la créativité. Vous avez une diversité culturelle, il y a de nombreux
donne à la ville son atmosphère spécifique.
points de rencontre où les artistes se retrouvent et où toutes sortes d’échanges voient le jour. Personnellement, j’aime assez les ‘scènes découvertes’,
ELKE JACOBS: Cette multiculturalité nous nourrit et nous inspire. Elle offre
telles que l’Atelier 210, DNA, Les Incontournables, Café Central. Et au Tigre,
une fenêtre sur le monde, elle élargit votre horizon. J’habite dans le quartier
près de la place Flagey à Ixelles, se rassemble quasi toute la légion des
européen et j’entends bien plus parler italien, polonais et anglais que
16//SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012
© Khuong Nguyen
© Guy Kokken
ARSENAL EN PUGGY
néerlandais ou français. Cela me fait réaliser quotidiennement dans quel
petit pays nous vivons. Une leçon de modestie. Car de ce fait, vous allez plus
facilement relativiser les petits problèmes typiquement belges.
de cette situation, c’est que personne à Liège n’écoute Studio Brussel et à
Gand, personne ne va écouter Pure FM. De ce fait, nous ne connaissons pas les
artistes de l’autre communauté, à l’exception de dEUS et Axelle Red.”
ARNO: Il y a deux ans, je me suis produit à Couleur Café en présentant mon
répertoire avec un groupe de dix-huit personnes qui se composait uniquement
d’allochtones : Marocains, Tunisiens, Algériens, Italiens ... Un vrai stoemp, tout
comme le plat local. Mais il y a vingt ans de cela, je jouais déjà aussi avec des
musiciens arabes. Mon guitariste est un Allemand, la mère de mon batteur est
congolaise et le père de mon bassiste est un ex-Yougoslave. Ce ‘melting-pot’,
c’est le vrai Bruxelles selon moi.
HENDRIK WILLEMYNS: “À Bruxelles, vous sentez, aussi comme musicien, à
quel point nous sommes un pays avec deux cultures. Elles ont toutes les deux
beaucoup de choses à offrir, et cela pourrait donner un croisement intéressant. Toutefois, la vérité est qu’une frontière invisible traverse la capitale et
que les communautés vivent à côté l’une de l’autre. C’est quand même absurde, non ? C’est pourquoi je plaide pour une station de radio et de télévision qui
réunisse les groupes de population et leurs artistes plutôt que de les diviser.
MATTHEW IRONS: Je fais moi-même partie de ce melting-pot. En fait, je n’ai
DAN KLEIN: Les Vismets n’ont jamais cherché à éviter le contact avec des
jamais connu autre chose. Je suis né ici, mais mes parents sont britanniques
musiciens flamands. Dès que vous commencez à faire des jam sessions
et les autres membres de Puggy ont des
ensemble, vous utilisez de toute façon une
racines françaises et suédoises. J’ai vécu
langue universelle. Mais la politique de
MATTHEW IRONS : LE PROBLÈME EST
en Flandre, j’ai étudié en Wallonie, et mon
subsides des régions respectives ne favoQUE LA BELGIQUE N’A EN RÉALITÉ PAS
cercle d’amis a toujours été très internatiorise certainement pas les initiatives coorDE MÉDIAS NATIONAUX. TOUT EST
nal. Cela a indubitablement une influence
données. Cela complique fortement les
RÉGIONALISÉ ET D’UN POINT DE VUE
sur la musique que je fais.
choses pour les groupes qui veulent avoir
LINGUISTIQUE, CE N’EST PAS ILLOGIQUE. des opportunités de jouer dans l’autre réMais les musiciens jouent avec des musiciens. Peu importe d’où ils viennent.
gion. L’ironie veut que vous devez d’abord
percer à l’étranger avec votre groupe avant que vous ne puissiez traverser les
Bruxelles est également l’endroit où la Communauté flamande entre en
frontières linguistiques à l’intérieur de votre propre pays, voire de votre propre
contact avec son équivalent wallon et inversement. Paradoxalement, les
ville. Mais comme l’indique le nom de notre groupe (Vismets est de l’argot
deux voisins semblent très mal se connaître.
bruxellois et signifie ‘chenapans’, DS), nous ne nous associons ni à la Flandre
ALEXIS DEN DONCKER: Les Bruxellois belges qui n’ont pas la même langue
ni à la Wallonie. Nous sommes Bruxellois jusqu’au bout des ongles.
maternelle ne se mélangent pas vraiment. Il est à peine question d’échange
ELKE JACOBS: Lorsque, avec notre groupe précédent, nous avons atteint la
culturel : dans les cafés et les bars, vous rencontrez toujours les mêmes
finale du Grand Prix de Bruxelles, nous avons fait la connaissance de Puggy,
personnes. Flamands et Francophones recherchent rarement la compagnie
mais pour le reste, nous ne connaissons pas d’autres groupes bruxellois. À
l’un de l’autre. C’est dommage!
Gand ou à Courtrai, les musiciens restent beaucoup plus ensemble. J’ai touMATTHEW IRONS: Le fait qu’il y ait une apparente ségrégation entre groupes
jours eu un cercle d’amis bilingue, mais depuis que je fais de la musique,
francophones et néerlandophones, même s’ils chantent presque tous en
j’entre plus facilement en contact avec des groupes de Flandre qu’avec des
anglais, est selon moi dû à la politique, aux médias et à l’industrie musicale.
collègues de ma propre ville. Une situation schizophrénique : chacun a ses
Les managements et firmes de disques s’adressent généralement à une seule
propres plateformes, ses propres points d’appui. Dans le domaine culturel,
communauté. Puggy aimerait beaucoup se produire plus souvent en Flandre,
tout a été scindé. Je suis persuadée que ce n’est pas la bonne volonté qui fait
mais cela nous a pris six ans pour trouver un imprésario. Le problème est que
défaut chez les musiciens ou les organisateurs de concerts. En témoigne, par
la Belgique n’a en réalité pas de médias nationaux. Tout est régionalisé et d’un
exemple, le projet de collaboration AB/Bota. Il est donc grand temps que nous
point de vue linguistique, ce n’est pas illogique. Cependant, une conséquence
trouvions enfin le chemin l’un de l’autre.
DIRK STEENHAUT
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//17
© SABAM/IS
PLAN D’ACTIONS POUR LA MUSIQUE EN FLANDRE
INTERVIEW AVEC PHILIPPE DE COENE
DÉBUT DE CETTE ANNÉE, NOTRE CEO CHRISTOPHE DEPRETER A RENCONTRÉ LE DÉPUTÉ DU PARLEMENT FLAMAND
PHILIPPE DE COENE CONCERNANT UNE RÉSOLUTION IMPORTANTE QUE CE DERNIER A DÉPOSÉE EN 2011 AUPRÈS DU
PARLEMENT FLAMAND. LA RÉSOLUTION COMPORTE UN PLAN D’ACTIONS POUR LA MUSIQUE EN FLANDRE.
CD : COMMENT LA RÉSOLUTION A-T-ELLE ÉTÉ ACCUEILLIE
DANS L’ENSEMBLE, PAR LA SPHÈRE POLITIQUE ET PAR LE MONDE
CULTUREL ?
PDC : Du point de vue politique, il y a eu unanimité du Parlement flamand.
Nous avons déployé de grands efforts pour parvenir à cette résolution, car
j’estimais, en tant que l’un des auteurs de celle-ci, qu’il était particulièrement important d’élargir autant que possible le soutien à cette résolution.
Pas seulement au niveau flamand, mais aussi parce que nous sommes actifs
sur d’autres fronts. Nous demandons au gouvernement flamand d’également inciter les autorités fédérales à participer à la concertation entre les
communautés et les différents niveaux de pouvoir. Et dans ce cas, c’est une
bonne chose si l’on peut réaliser ceci par le biais d’une résolution qui a été
approuvée par les partis qui composent le gouvernement fédéral.
Ensuite, du point de vue du monde de la musique, j’ai reçu de très nombreuses réactions positives. Ceux qui ne trouvent pas ça bien ne vous le
diront pas tout de suite. Mais j’ai toutefois – en toute objectivité – reçu des
réactions de gens qui ont dit : on a pris le temps et on a fait l’effort de retenir
ce thème, d’entrer en dialogue avec le secteur, et d’essayer d’avoir un véhicule grâce auquel il est possible d’ouvrir des portes. Je trouvais ceci important. Nul besoin de vous dire que le monde de la musique est très hétérogène. Rassembler les intérêts parfois conflictuels sur une plateforme et autour
d’un texte constitue un travail de longue haleine, dont le mérite ne nous
revient pas seulement, mais surtout à la législature qui nous a précédés.
Celle-ci trouvait qu’il était important que le travail qui avait été fait précédemment ne soit pas perdu, car beaucoup de travail très utile avait été réalisé, pour dire ensuite : nous avons donné une mission supplémentaire à la
concertation musicale : “Faites du pamphlet original, du texte initial, un plan
d’actions”. En définitive, nous allons traduire ce plan d’actions en une résolution, une recommandation à l’attention de notre gouvernement flamand ainsi
que, par une voie détournée, à l’attention d’autres gouvernements.
Nous sommes parvenus à faire parler Muziekoverleg d’une seule voix. Il
incombe désormais de sonder, au moyen d’une bonne méthodologie, les
intéressés au niveau exécutif pour la mise en œuvre de ce plan et pour savoir
où nous nous situons. Vous devez savoir que Muziekoverleg et les auteurs de
la résolution veulent développer ensemble une méthodologie afin de superviser cet état des lieux. À telle enseigne que nous ne disons pas : nous avons
fourni un ouvrage, jusqu’ici tout va bien et nous verrons bien pour la suite !
Non, si nous prenons les choses au sérieux, il s’agit de dire : au plus vite, au
mieux ! Vous verrez aussi en lisant le texte que si nous nous adressons au
18//SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012
gouvernement flamand, et avant tout à ce gouvernement flamand en ce qui
nous concerne, nous ne le faisons pas uniquement au ministre compétent
pour la Culture, mais aussi aux ministres des Médias, de l’Enseignement et
de la Politique étrangère. Car si vous voulez faire quelque chose pour la
musique, cela implique bien davantage de choses. Nous sommes un petit
pays, nous avons l’avantage d’avoir une grande ouverture sur l’étranger,
mais nous devons stimuler les exportations ; or, pour les stimuler, nous
devrons probablement redoubler nos efforts, car nous avons tout de même
sur cette superficie relativement petite une offre importante, non seulement
sur le plan quantitatif, mais aussi surtout qualitatif. Il suffit de regarder tous
les gens qui ont assisté à la présentation de votre nouveau logo, tous ceux
qui étaient sur la scène. On ne peut que constater que nous avons une offre
incroyable, pour laquelle nous devons faire ce qui est possible pour que cette
offre soit consommée à l’étranger. S’il devait apparaître que notre musique,
nos compositeurs et nos exportateurs sont bien reçus à l’étranger, cela sera
à nouveau un catalyseur pouvant servir d’exemple à l’intérieur de nos frontières. Au niveau du monde sportif : combien de jeunes gens ne commencent-ils pas à jouer au tennis en s’inspirant d’icônes étrangères ? C’est une
bonne chose que nous ayons une grande offre de festivals et de productions
de qualité, mais il y a un certain nombre de marchés qui sont culturellement
fermés et donc difficilement accessibles. Pour citer un pays limitrophe direct :
le Royaume-Uni n’est pas facile à conquérir, car il existe là-bas un très
grand réflexe presque défensif ; je parle ici du genre pop et rap par rapport à
l’offre propre. Il n’est pas simple de percer sur ce marché anglo-saxon.
CD : LA SABAM A ÉGALEMENT L’INTENTION DE FAIRE QUELQUE
CHOSE POUR PROMOUVOIR LES EXPORTATIONS. MAIS POUR
REVENIR SUR LA GENÈSE DE LA RÉSOLUTION : NOUS AVONS
VRAIMENT ÉTÉ ÉTONNÉS PAR L’ÉVENTAIL DE SUJETS QUI SONT
TOUCHÉS PAR LA RÉSOLUTION. ON DIT QUE LA MUSIQUE ADOUCIT
LES MŒURS, MAIS COMMENT AVEZ-VOUS FAIT POUR RÉUNIR
L’ENSEMBLE DES PARTIS POLITIQUES ?
PDC : Vous savez comment ce genre de choses commence. On essaie, à partir de son propre enthousiasme, d’intéresser des collègues de la majorité à
une cause, et cela crée une sorte d’effet boule de neige. Vous trouvez alors un
compromis au sein de la majorité. Ensuite, il y a naturellement certains partis
de la minorité qui veulent aussi signer. Ils ont parfois certains desiderata qui
sont contraires aux nôtres, mais finalement nous avons trouvé un compromis.
Ceux qui étaient présents à la séance vous le diront : avec un peu de capacité
à se mettre à la place des autres et avec de la compréhension mutuelle, on
LA MUSIQUE EST LA PLUS BELLE CHOSE QUI SOIT. NOUS VIVONS DE LA MUSIQUE.
NOUS NOUS LEVONS AVEC DE LA MUSIQUE, NOUS ALLONS DORMIR AVEC DE LA MUSIQUE,
NOUS PLEURONS ET NOUS RIONS AVEC DE LA MUSIQUE.
dépasse les clivages classiques entre minorité et majorité. La musique est la
plus belle chose qui soit. Nous vivons de la musique. Nous nous levons avec
de la musique, nous allons dormir avec de la musique, nous pleurons et
nous rions avec de la musique. C’est un élément si essentiel de notre vie que
chacun(e) devrait en fait être spontanément motivé(e) de faire quelque chose
pour la défendre. Ma motivation pour toute cette entreprise s’est accrue
lorsque GALM a organisé, il y a quelques années, à Leuven No Songs/No
Fun. À ce moment-là, j’ai réalisé : ces gens ont raison de demander de prêter attention à ce problème. Ils n’ont peut-être pas toujours raison dans leur
approche, mais bien dans l’attention qu’ils demandent. Ce fut pour moi un
catalyseur pour faire quelque chose en faveur de la musique. J’ai moi-même
essayé de jouer de la musique lorsque j’étais jeune. Cela ne s’est pas trop
bien terminé (rires). J’ai essayé de rattraper le coup et de faire quelque
chose en collaboration avec mes collègues.
CD : LA RÉSOLUTION EST SURTOUT AXÉE SUR LE SECTEUR
MUSICAL. ENVISAGEZ-VOUS AUSSI DES ACTIONS POUR “ALLÉGER
LES SOUFFRANCES” D’AUTRES DISCIPLINES ARTISTIQUES ?
OU SOUHAITEZ-VOUS VOUS CONCENTRER SUR LA MUSIQUE ?
PDC : Non. Maintenant, il se fait que ce plan a vu le jour suite à une série
d’événements, comme les États généraux de la Musique classique et la
remise des Mia. Nous avons vraiment fait de notre mieux pour être prêts à
ce moment-là avec un texte pour qu’il y ait un accord politique autour de ce
texte. En tant que président de la Commission, je me suis rendu trois
années de suite aux États généraux de la Musique classique. Lorsque je
vois l’engagement qu’il y a dans cette discipline, je trouve qu’il mérite d’être
suivi. Je dois tout de même dire à ces gens : je vous ai écoutés ces deux
dernières années, et nous avons maintenant un résultat (à nouveau au nom
de ma commission ; je ne roule pas en solo mais en équipe). Deuxièmement, les MIA-Awards sont également très importants. Les artistes diront
peut-être : qu’est-ce qu’ils racontent de nouveau ? Ils ont parfois une attitude assez anarchiste, et je les comprends totalement ; prenez dès lors ceci
avec un grain de sel. Mais je trouvais toutefois important de pouvoir dire :
voilà, nous avons accompli un pas en faveur de la musique. Avec beaucoup
d’amour pour la musique.
CD : QUE PENSEZ-VOUS DE L’IDÉE DE SENSIBILISER
À LA CULTURE À D’AUTRES NIVEAUX DE LA FORMATION, À SAVOIR
L’ENSEIGNEMENT PRIMAIRE OU SECONDAIRE INFÉRIEUR.
SONGEZ-VOUS À FAIRE QUELQUE CHOSE À CE NIVEAU-LÀ ?
PDC : Dans une discussion sur un thème de société qui vous intéressera
particulièrement, à savoir le respect du droit d’auteur. Je ne dois pas vous
dire qu’il est particulièrement difficile d’atteindre par la répression des
résultats en ce qui concerne les droits d’auteur et les droits voisins. Vous le
remarquez tous les jours : soit il vous est reproché d’être trop stricts et trop
autoritaires, comme la SABAM d’autrefois, soit il est déclaré que vous
n’êtes pas assertifs. C’est la raison pour laquelle je pense que cela peut
être utile si vous vous adressez aux jeunes avec comme message : respect
pour la musique ! Et si vous vous adressez à eux à un âge où ils sont encore
réceptifs à ce message. Je compare un peu cela à la “conscientisation” à
l’égard de la problématique environnementale. Si vous essayez d’expliquer
à des élèves de l’école primaire que la musique existe grâce à quelqu’un qui
la crée, vous allez probablement susciter à terme un plus grand respect
pour l’œuvre qui doit être protégée. Si vous négligez tous ces efforts, ne
soyez pas étonné que les jeunes de 16-17 ans considèrent le téléchargement comme une évidence. “Tout le monde le fait, donc pourquoi ne
pourrais-je pas le faire?“ Je pense que c’est normal. C’est la raison pour
laquelle nous avons la mission d’intervenir dès le plus jeune âge, de façon
éducative et agréable. Sans vouloir me mêler de la stratégie de la SABAM,
je suis convaincu que les sociétés d’auteurs peuvent jouer un rôle
incroyable dans ce contexte en ne planchant pas uniquement sur le côté
répressif. En tant que défenseur des auteurs, vous pouvez faire tant de
choses dans l’enseignement, pour ce groupe-cible des jeunes. En fait, cela
devrait être intergénérationnel (sic).
CD : KRIS WAUTERS M’A DIT RÉCEMMENT : IL Y A QUARANTE ANS,
TOUT LE MONDE JETAIT UN PAPIER PAR LA FENÊTRE
DE LA VOITURE ; AUJOURD’HUI PLUS PERSONNE NE LE FAIT CAR IL
Y A EU UNE “ÉDUCATION”.
PDC : Cela ne sera pas facile, et nous devons tenir compte du fait que la
tentation de faire ce qui est interdit persistera toujours. Ceci étant dit, je
pense que des sites web tels que Spotify démontrent qu’une bonne technologie, un bon esprit et une bonne offre (et, à nouveau, le médium est en fait
le message ; “vous pouvez le recevoir ici, avec publicité, accès gratuit, un
droit normal ou plus cher avec service adapté“) peuvent créer une offre qui
propose une réponse à différents aspects. Ceci est également lié à l’innovation technologique : le streaming offre des possibilités, vous n’êtes pas obligé de télécharger, c’est prêt à être consommé, vous pouvez faire de nouvelles sélections, vous découvrez de la nouvelle musique, etc. Cela prouve
que le combat n’est pas perdu. Donc, nous ne devons pas baisser les bras
et laisser faire. Mais encore une fois, je suis conscient que cette tâche n’est
pas facile, et je vous souhaite en tout cas bon courage. Je dois d’ailleurs dire
que je ne partage pas l’avis de certaines personnes qui vous ont traité de
façon très dure ces dernières années. Il est possible que certaines choses
que vous faites ne soient pas positives, il s’agit d’un instantané, mais si je
regarde l’évolution et les efforts qui sont fournis, il faut admettre que quelqu’un doit bien faire le sale boulot. Avec un volet préventif et si vous utilisez
votre savoir-faire et mettez en œuvre votre mission de façon différente, ce
que vous faites probablement déjà, nous irons déjà loin. Avec nous, vous
pourrez utiliser cette résolution à bon escient.
CD: Merci beaucoup !
ISABELLE SCHMIT
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//19
DES DISCRIMINATIONS
ÉBRANLENT LA PLANÈTE TVA !
Photos © Istock
LA TAXE SUR LA VALEUR AJOUTÉE N’EST PLUS UNE SURPRISE EN BELGIQUE OÙ LES IMPÔTS DE TOUTES
NATURES SONT LÉGION. NÉANMOINS, DES INÉGALITÉS SÉVISSENT SÉVÈREMENT SUR LE VERSANT CULTUREL
BELGE DE LA TVA. C’EST EN EFFET À UN RÉGIME PLUS RESTRICTIF QUE SONT SOUMIS LES CONSOMMATEURS
BELGES. SI LE PARLEMENT EUROPÉEN A MIS FIN À LA DISCRIMINATION ENTRE LA VENTE DE LIVRES PAPIERS
ET CELLE SUR TOUT AUTRE TYPE DE SUPPORTS (CD, CD-ROM…), IL N’EN EST ENCORE RIEN CHEZ NOUS.
FOCUS SUR LES ROUAGES BELGES DE LA TVA.
Suivez le guide ! Une discrimination liée à l’application du taux de la TVA
européens à Francfort – la distinction entre les livres numériques et
remue l’univers des produits culturels. Si les livres “version papier“, les
papiers.
brochures, les imprimés, les albums et livres d’enfants … sont soumis,
Une proposition de résolution a été déposée au Parlement européen
en Belgique, au taux réduit de 6%, un taux de 21% est maintenu sur les
le 15 novembre 2011, demandant à la Commission européenne d’aplivres numériques (Cherchez l’erreur ?). Une confusion que la SABAM
pliquer un taux de TVA revu à la baisse pour tous les biens et services
n’hésite pas à souligner. Tout comme celle qui veut qu’un livre de
culturels, quel que soit leur mode de distribution, y compris dans l’enJacques Brel bénéficie d’un taux de TVA de 6% parce qu’il est considéré
vironnement numérique.
comme un produit culturel alors qu’un CD d’œuvres de Brel n’est pas
considéré comme tel et se voit soumis au régime des 21% (Cherchez
Pour l’anecdote, en Belgique, une proposition de loi a été déposée le
encore l’erreur !). Parce qu’il n’y a pas que l’univers du livre numérique
5 octobre 2009 par la sénatrice Sabine de Bethune et consorts, qui
qui est touché d’incohérences. C’est l’ensemble du secteur culturel qui
vise à réduire le taux de TVA à 6% pour les livres numériques. Cette
en fait les frais. En effet, l’Etat belge prélève aujourd’hui encore 21% de
proposition n’a pas encore été débattue.
TVA sur le prix d’un CD, d’un DVD alors que le taux de TVA sur un ticket
de concert ou de cinéma est de 6% (et de 12,5% sur la vente d’abonA la lumière du contexte énoncé, il semble évident qu’une réduction
nement à la TV numérique). Une situation déconcertante à l’heure où
(en Belgique) du taux de TVA sur tous les produits culturels encore
l’industrie culturelle vit une crise
frappés du taux à 21% atténuesans précédent et où l’urgence de
rait fortement les distorsions de
s’adapter à l’évolution des tech- LA FRANCE A DÉCIDÉ DE RÉDUIRE LE TAUX DE
concurrence et ne manquerait
niques de diffusion et de repro- TVA SUR L’ENSEMBLE DES LIVRES NUMÉRIQUES
pas de stimuler la relance de la
À 5,5%. L’ESPAGNE A DÉCIDÉ DE LE RÉDUIRE
duction n’est plus à prouver.
consommation des produits cul-
À 4%. LA SUÈDE, A PRIS L’INITIATIVE DE RÉDUIRE
UNILATÉRALEMENT LE TAUX DE TVA SUR
LES LIVRES À ÉCOUTER. QUID DE LA BELGIQUE ?
Actuellement, au sein de l’Union
européenne, les taux de TVA applicables aux produits culturels
(livres numériques, papier, œuvres musicales…) varient considérablement d’un Etat membre à l’autre.
Les Etats membres de l’UE peuvent désormais réduire le taux de TVA sur
les livres distribués sur “tous les supports matériels”, y compris les livres
numériques. La France a décidé de réduire, à partir du 1er janvier 2012,
le taux de TVA sur l’ensemble des livres numériques à 5,5%. L’Espagne
a également décidé de le réduire à 4%. La Suède, quant à elle, a pris
l’initiative de réduire unilatéralement le taux de TVA sur les livres à
écouter. Quid de la Belgique ?
Neelie Kroes, Commissaire européenne en charge de la Société numérique, a fustigé – lors d’un discours devant la Fédération des éditeurs
20//SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012
turels.
La SABAM soutient la proposition de résolution déposée au
Parlement européen et souhaite que les législateurs belges – mais
aussi européens - s’attèlent concrètement à la mise en œuvre rapide
de la réduction des taux de TVA pour les livres numériques vendus en
ligne.
Plus largement, la SABAM soutient l’introduction d’urgence en
Belgique et dans l’UE d’un taux de TVA réduit et harmonisé pour tous
les biens et services culturels, quels que soit leur nature et leur mode
de diffusion.
ISABELLE SCHMIT
INFOS :
WWW.SABAM.BE/FR/SABAM/DIMINUTION-DE-LA-TVA-SUR-LESLIVRES-ET-SERVICES-CULTURELS
DE CANVASCOLLECTIE/
LA COLLECTION RTBF 2012
UN CONTINGENT TOUT FRAIS D’ARTISTES TRÉPIGNE D’IMPATIENCE À L’IDÉE DE PARTAGER AVEC VOUS LEUR EXPRESSION LA
PLUS INDIVIDUELLE. QUE CE SOIT SUR ÉCRAN OU DANS LES MUSÉES PARTOUT EN BELGIQUE. POUR LE DIRE AVEC LES
MOTS DU MANAGER DE LA CHAÎNE CANVAS, MARC COENEN : “L’ART APPARTIENT À TOUT LE MONDE. DE CANVASCOLLECTIE/
LA COLLECTION RTBF ÉGALEMENT.”
Pour cette troisième édition, la RTBF et Canvas
jouent plus que jamais la carte de l’art contemporain. 5321 artistes se sont inscrits avec
presque 16.000 œuvres disséminées dans les
onze musées et centres culturels participants
pour entrer en dialogue, lors d’autant de weekends de présélection, avec l’une des dizaines de
commissions composées chaque fois de trois
experts des arts contemporains.
La caravane de présélection écumera encore les
diverses provinces jusqu’au 15 avril. 1008 Bruxellois ont participé au Wiels, 2601 participants
se sont manifestés auprès du M HKA, SMAK,
Mu.ZEE, M et Z33, et 1712 participants ont fait la
même chose auprès du MAC’s, l’Espace 251
Nord, la Maison de la Culture de Namur, l’Orangerie et l’IKOB.
Pour la première fois, la communauté germanophone et le Brabant flamand sont également de
l’aventure. Nous sommes allés jeter un œil au
Museum M. à Leuven. La jeune artiste sélectionnée, Line Boogaerts, y a donné le meilleur d’ellemême dans une remarquable création évolutive.
Ici, pas de canevas ni de toile, mais un cadre
intérieur au premier étage du Museum M. Cela
promet pour l’apothéose de la collection : l’exposition à Bozar ! Avec divers prix à la clé, dont,
pour la première fois, un prix Arte.
LE MUSEUM M SE PRÉPARE POUR UNE JOURNÉE DE SÉLECTION. PARMI LES MEMBRES
DE LA COMMISSION SUR PLACE, ON TROUVE NOTAMMENT LE PROPRIÉTAIRE D’UNE GALERIE
LOUVANISTE, PAUL POELMANS (CYPRESGALERIE). CE FUT UNE RÉCOLTE FRUCTUEUSE
AVEC AU BOUT DU COMPTE 60 ŒUVRES RETENUES.
Nous saurons le 13 mai qui succédera à Rachel
Agnew, Patrick Mascaux et Christine Wilmes,
lauréats du Grand Prix en 2008 et 2010. Aiguisez
en tout cas votre faim d’art en surfant sur
POUR LA CAMPAGNE DE LA TROISIÈME ÉDITION
DE LA CANVASCOLLECTIE/LA COLLECTION
RTBF, IL A ÉTÉ FAIT APPEL POUR LA PREMIÈRE
FOIS À UN ARTISTE VISUEL : LE MEMBRE
SABAM CHRISTOPHE TERLINDEN. IL DÉCRIT
LUI-MÊME LES SPOTS RADIO ET TV COMME DE
“PETITES ŒUVRES ARTISTIQUES BRICOLÉES”
SERVIES EN GUISE D’APÉRITIF AU GRAND BAL
DES ARTISTES CONTEMPORAINS.
POUR CETTE TROISIÈME ÉDITION, LA RTBF ET CANVAS JOUENT
PLUS QUE JAMAIS LA CARTE DE L’ART CONTEMPORAIN.
5321 ARTISTES SE SONT INSCRITS AVEC PRESQUE 16.000 ŒUVRES
DISSÉMINÉES DANS LES ONZE MUSÉES ET CENTRES CULTURELS
PARTICIPANTS…
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//21
© Christophe Terlinden/SABAM 2012
WWW.CANVAS.BE/CANVASCOLLECTIE
WWW.RTBF.BE/LACOLLECTION
ET EN ALLUMANT VOTRE POSTE
DE TÉLÉVISION À PARTIR
DU DIMANCHE 1ER AVRIL.
Depuis sa naissance, cent millions d’exemplaires de ses aventures se
sont vendus à travers le monde, dont trente-cinq millions en langues
étrangères. Et, si l’on peut dire que Martine est belge, il faut bien avouer
qu’elle revendique une paternité française. Qui, un jour, est passée par la
SABAM.
En 1953, à Tournai, Gilbert Delahaye s’occupe de la typographie chez Casterman. Hors les murs de la maison d’édition, il écrit beaucoup. Surtout
de la poésie. Louis-Robert Casterman lui demande d’imaginer l’histoire
d’une petite fille qui ferait ses premiers pas dans un album pour les
jeunes enfants. Gilbert Delahaye va trouver l’inspiration au creux d’un
pays qui l’a vu naître. Aux abords d’une ferme normande, il rédige le
premier texte. La petite fille n’est pas encore baptisée; la famille trouve
que Martine est un joli prénom. Voici donc “Martine à la ferme”. Personne
ne peut se douter qu’au siècle suivant, elle sera disponible sur toutes les
tablettes numériques de la planète.
En quelques années d’un succès immédiat, Gilbert Delahaye et Marcel
Marlier, qui dessine à merveille la riche naïveté de l’univers de Martine,
vont la faire entrer dans l’inconscient collectif. La simplicité est une
clé universelle. Symbole d’une époque, image d’un mode de vie familial et
familier, Martine s’inscrira dans une continuité qui sera d’ailleurs parfois
reprochée à la série.
GILBERT DELAHAYE,
AUTOPORTRAIT, GRAVURE SUR LINO.
EN QUELQUES ANNÉES D’UN SUCCÈS IMMÉDIAT,
GILBERT DELAHAYE ET MARCEL MARLIER,
QUI DESSINE À MERVEILLE LA RICHE NAÏVETÉ
DE L’UNIVERS DE MARTINE, VONT LA FAIRE
ENTRER DANS L’INCONSCIENT COLLECTIF.
LA SIMPLICITÉ EST UNE CLÉ UNIVERSELLE.
ET GILBERT DELAHAYE
CRÉA MARTINE
MARTINE AURA BIENTÔT SOIXANTE ANS, QU’ELLE COMPTE AU FIL D’AUTANT D’ALBUMS.
SI L’ON PEUT DIRE QUE LE PERSONNAGE A TRAVERSÉ LES ÉPOQUES ET LES COURANTS LITTÉRAIRES SANS PRENDRE LA MOINDRE RIDE, PERSONNE NE S’EXPLIQUE
LE SUCCÈS PLANÉTAIRE DE CETTE SÉRIE QUI CONTINUE, AVEC UN AUTRE HÉROS
BELGE ET SON CHIEN, D’ENTRETENIR LA RICHESSE DU PATRIMOINE DES EDITIONS
CASTERMAN. PHÉNOMÈNE DE LA LITTÉRATURE POUR LA JEUNESSE, LA PETITE
HÉROÏNE TROUVE UN MILLION DE NOUVEAUX LECTEURS PAR AN.
Gilbert Delahaye était un scénariste intelligent, autant qu’un écrivain
talentueux. Maurice Carême, qui l’épaula à ses débuts, lui enverra ces
quelques mots: “Je suis heureux que l’élève, maintenant, dépasse le
maître”. Alors qu’il pouvait s’enfermer des heures dans son bureau pour
ciseler un poème, Gilbert Delahaye lisait d’abord à sa famille, silencieusement attentive, chaque nouvelle aventure de Martine. Le regard poétique
de cet humaniste, grand amoureux de la mer, se posera sur le quotidien
d’une enfant au travers de laquelle il écrira les pages les plus fraîches de
la collection “Farandole”, que l’écrivain dirigera d’ailleurs.
Lorsque Chantal Goya décide de chanter Martine, Gilbert Delahaye s’affilie
à la SABAM afin de faciliter la gestion des droits. Tandis qu’en 2012 arriveront cinquante-deux dessins animés sur les télévisions, Martine et ses
amis tendent la main à une nouvelle génération, pour laquelle il est plus
banal de tenir une télécommande qu’un livre.
Disparu en 1997, Gilbert Delahaye avait décidé d’autoriser la continuité de
la série, sous la plume d’autres écrivains. Elle s’est interrompue après
l’ultime dessin de Marcel Marlier en 2010.
A l’évidence, Gilbert Delahaye laisse un héritage impressionnant à plus
d’un titre.
(LM)
22//SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012
A TOURNAI, LA MAISON
DE GILBERT DELAHAYE,
L’ARBRE À FRITES
FRANK ANDRIAT
FRUIT PASSIONNÉ D’UN CONTEUR FABULISTE, L’ARBRE À FRITES DE
FRANK ANDRIAT S’INVITE COMME UN VOYAGE AUX TUBERCULES
DES ANNALES BELGES. UNE PARABOLE SAVOUREUSE ENTRE LE
PRÉSENT ET LE PASSÉ, LA BELGIQUE ET LE CONGO, L’INDÉPENDANCE
ET L’ALLÉGRESSE…
Pris d’une fièvre délirante, le lecteur ne peut s’empêcher de s’embarquer dans cette aventure à
la limite du réel. Une méditation sur ce qui constitue le mythe du plat pays. Une réflexion qui
nous emmène aux racines de ce qui fait nos exaltations et nos peines.
Conte moderne aux multiples facettes, L’arbre à frites transpose une perception universelle
de l’Homme. Une poésie aux teintes multiculturelles qui transcende les valeurs de liberté et
d’égalité si chères à nos “frites” belges. Et met en exergue les différences culturelles et surtout
les ressemblances qui en découlent.
Schaerbeekois, Frank Andriat nous propose de le suivre dans ses pérégrinations entre sa commune qu’il connaît si bien et son pendant au Congo, le village de Scarabé. Les deux composant
un mélange aussi piquant que l’histoire du pays de Simenon, et teintés de cette joie sucrée
propre à l’Afrique.
Alors, allez-vous répondre à cette invitation au parfum si singulièrement “frité”?
(SERGEI MASSON)
INFOS: HTTP://WWW.FRANKANDRIAT.COM/
L’ARBRE À FRITES, EDITIONS LE RENAISSANCE DU LIVRE, 2011
Frank Andriat vient, par ailleurs, de sortir un
autre roman aux éditions Desclée de Brouwer à Paris: Jolie libraire dans la lumière.
ZIJN VADER
IS NIET ZO GROOT
DOMINIQUE WATRIN
CACTUS INÉBRANLABLE EDITIONS, L’ÉDITION QUI PIQUE LÀ OÙ
IL FAUT, PRÉSENTE DOMINIQUE WATRIN OU CE CON QUI NE PARLE
PAS LE NÉERLANDAIS. A MILLE LIEUES DES DÉBATS POLITIQUES
STÉRILES SUR LES CONFLITS COMMUNAUTAIRES, L’AUTEUR PROMÈNE
SA PLUME CYNIQUE SUR LES CONTOURS DE L’ENSEIGNEMENT.
Il retrace avec l’humour décapant qu’on lui connaît l’itinéraire scolaire d’un francophone “comme
tant d’autres” dans les méandres de l’apprentissage du flamand. Une histoire vraie. Une histoire
belge.
Journaliste et sociologue, l’auteur milite dans l’humour depuis de nombreuses années. Son
cheval de bataille ? Lutter contre sa propre bêtise et celle de ses contemporains. Si la quête est
idéalisée, force est de reconnaître que l’artiste s’y prend plutôt bien.
A découvrir sans aucune modération.
(SG)
INFOS ? WWW.DOMINIQUE-WATRIN.BE
SON CHEVAL DE BATAILLE ?
LUTTER CONTRE
SA PROPRE BÊTISE ET CELLE
DE SES CONTEMPORAINS
SABAM MAGAZINE 68//JANVIER>FÉVRIER>MARS 2012//23
SANDRA ZIDANI
SANDRA ZIDANI NOUS A OFFERT UNE BELLE TRANCHE DE
RIRE AVEC LA RENTREE D’ARLETTE CE 1ER MARS DERNIER
LORS DE L’APERORIRE. A VOIR OU À REVOIR.
Rédacteur en chef Christophe Depreter / Secrétaire de rédaction Sylvie Godefroid / Comité de rédaction Marc Hermant, Johan Verminnen, Christophe Depreter,
Jérome Van Win, Sylvie Godefroid, Tania Ghyselinck / Ont également collaboré à ce numéro Thomas Vanlishout, Laurent Michel, François Stassens, Ellen Dessart, Dirk
Steenhaut, Robert Janssens, Sergeï Masson, Jan Van Landeghem / Traductions Frédéric De Vadder, Jens Devogelaere / Relecture Laurent Weinstein / Conception
graphique Olagil / Impression & Distribution Symeta / Crédit iconographique © www.desplacesetdesmontagnes.com, David Legreve, Cinébel, Christophe Toffolo, Pierre
Cradisic, Malika Gouider, JM Brasseur, Simon Medard, Veronika Pot, V. Boucq, Guy Kokken, Khuong Nguyen, SABAM/IS, Istock, Christophe Terlinden.
Coordination : Sylvie Godefroid, rue d’Arlon 75/77 – 1040 Bruxelles - [email protected]
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