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62-66 Portfolio Wofford :52-57 Portfolio.qxd 5/05/11 16:10 Page 62 PORTFOLIO WESLEY WOFFORD UN MAQUILLEUR SORT DE L’OMBRE Suite à l’article sur Big Mamma 3 (voir page 54), nous avons eu l’idée de découvrir plus en détail la carrière de ce maquilleur méconnu. Wesley Wofford nous raconte ici en images les principales étapes de son parcours riche en maquillages mémorables… ROCK 62 - Avril/Mai 2011 S.F.X “Un grand tournant dans ma carrière. Alors que je travaillais pour Tony Gardner, il m’a demandé de créer cet effet de balle dans la tête. Pour la première fois, j’étais en charge d’un projet entier, avec Eric Feidler pour la partie mécanique. J’ai choisi de tirer la peau en silicone, même si personne ne savait comment peindre le matériau à l’époque. Je me suis débrouillé en peignant comme pour la mousse de latex, puis en recouvrant le tout d’une couche de silicone à joint. Ça fonctionnait, et j’étais très excité !” ANYBODY SEEN MY BABY ? “J’ai fait ce clip des Rolling Stones chez Greg Cannom après avoir quitté l’atelier de Tony Gardner. Mon expérience du silicone était un vrai plus à l’époque. On devait créer plusieurs effets de déguisement pour Angelina Jolie. Dans l’un d’entre eux, elle devait éplucher un masque de vieillard comme une orange, mais je n’arrivais pas à faire tenir les prothèses en silicone sur son visage, elles glissaient sous leur propre poids. Après un premier échec très vexant, j’ai eu l’idée de coller les pièces sur des prothèses en mousse de latex, à l’aide de silicone à joint de salle de bains, afin qu’elles ne se plient plus. Et ça a marché ! C’était mes premières vraies prothèses en silicone.Toutes ces transformations ne sont visibles que dans la version longue du clip, très rare…” BATMAN & ROBIN “Rick Baker s’occupait des maquillages principaux du film, mais la production n’avait pas les moyens de lui confier tous les faux corps de personnages congelés. Je m’en suis donc occupé chez Tony Gardner. Ils nous offraient le sixième de ce qu’ils payaient Rick pour ces corps ! On a fini par en faire 17, tous en fibre de verre avec tête et mains en silicone.” 62-66 Portfolio Wofford :52-57 Portfolio.qxd 5/05/11 16:10 Page 63 LE CHACAL “Suite à la réussite de notre corps mécanique pour Rock (voir page opposée), la production nous a commandé un faux corps de Jack Black (ci-dessus, avec un effet de bras mécanique) pour la scène du test de l’arme télécommandée.Tony Gardner m’a confié tout le projet, peau et mécanique. Le corps en fibre de verre était actionné par vérins hydrauliques à l’aide d’une animation programmée sur ordinateur. Mais je n’avais pas prévu le poids du silicone… Les mains et la tête étaient si lourdes que la marionnette s’effondrait sur ellemême. Les pistons ne résistaient pas. On était en pleine campagne, au Canada, sans rien autour, avec l’équipe qui allait arriver pour tourner… Heureusement, mon collègue Terry Sandin a réussi à bricoler les vérins pour qu’ils tiennent le coup. Au final, on a travaillé pendant trois jours et trois nuits sur cet effet…” BIG MAMMA “Un projet réalisé chez Greg Cannom et sur lequel nous avons mis en application toutes nos connaissances sur le silicone. En plus du personnage de Big Mamma, Martin Lawrence voulait interpréter un Asiatique. Le maquillage comportait 13 prothèses en silicone juxtaposées, ainsi qu’un travail très élaboré de peinture pour blanchir la peau, notamment sur les mains. Martin avait déjà du mal à supporter les deux heures de maquillage pour Big Mamma, alors là, c’était trois heures ! Heureusement, il n’y avait qu’une seule journée de tournage…” S.F.X - Avril/Mai 2011 - 63 62-66 Portfolio Wofford :52-57 Portfolio.qxd 5/05/11 16:10 Page 64 PORTFOLIO L’HOMME BICENTENAIRE “Un projet énorme puisque nous avions, chez Greg Cannom, pas moins de 28 maquillages de vieillissement à créer, dont certains comportaient 12 pièces ! Le travail de sculpture et de fabrication était impressionnant. Depuis des mois, je multipliais les tests de prothèses en silicone, mais sans jamais convaincre Greg : il trouvait toujours les bords trop francs. À force de persévérer, j’ai réussi à résoudre le problème, mais vu la masse de travail, on n’avait pas droit à l’erreur. Au début, on a fait des tests avec la moitié du maquillage en mousse de latex, et l’autre moitié en silicone, pour comparer. À la fin, tout était en silicone. C’est vraiment sur ce film que toutes ces années d’expérimentation ont abouti.” UN HOMME D’EXCEPTION 64 - Avril/Mai 2011 S.F.X “Gros travail de vieillissement sur plusieurs acteurs (dont Russell Crowe et Jennifer Connelly, ci-dessous), toujours chez Greg Cannom. À cette époque, l’utilisation du silicone était déjà parfaitement au point. Le film nécessitait deux étapes de vieillissement : un stade intermédiaire avec effet de latex plissé sur les joues et un faux cou, puis le stade final avec sept prothèses. Le résultat était très satisfaisant, mais je trouve malgré tout que ces maquillages n’ont pas le panache et la profondeur de ceux de L’Homme Bicentenaire…” 62-66 Portfolio Wofford :52-57 Portfolio.qxd 5/05/11 16:10 Page 65 HANNIBAL “Encore un projet de Greg Cannom à la grande époque de Captive Audience. Le design de Verger (cicontre) reste l’un des meilleurs que Greg ait jamais conçus. Nous avons eu la chance que Gary Oldman s’implique corps et âme dans le projet. Au départ, il voulait qu’on lui immobilise une paupière, comme dans Orange Mécanique, mais c’était trop risqué. Il a tout de même souffert… Pour commencer, nous avons replié ses cils en arrière pour les coller sur les paupières, avant de les maquiller. Puis, nous avons collé un filament sur chaque paupière, l’un étant fixé au niveau des cheveux, l’autre sur la poitrine. Tous les deux étaient recouverts par le maquillage prosthétique. Avant chaque prise, on tirait dessus pour écarquiller la paupière, puis on pouvait relâcher plus tard pour qu’il se repose. Gary portait un verre de contact, et un spécialiste prenait soin d’humidifier le globe occulaire. Gary avait également la bouche déformée par deux pièces en plastique moulé, et sa paupière gauche était tirée sur le côté. Un maquillage incroyable !” “L’autre tour de force du film était la scène où Lecter ouvre le crâne du policier anesthésié et lui découpe un morceau de cervelle à vif. L’effet a été conçu en deux parties. D’abord, l’action a été filmée avec Ray Liotta portant un double maquillage : une coque verte recouvrant le crâne et entourée d’une prothèse représentant la ligne de découpe du scalpel, et làdessus, une fausse peau poilée représentant le « scalp » qu’Anthony Hopkins pouvait soulever. Ensuite, la scène a été refilmée à l’identique avec une réplique animatronique de Ray sur laquelle Anthony pouvait réellement découper la cervelle (bœuf et silicone…). Puis, les gens des effets visuels ont combiné les deux éléments en une seule scène.” S.F.X - Avril/Mai 2011 - 65 62-66 Portfolio Wofford :52-57 Portfolio.qxd 5/05/11 16:10 Page 66 PORTFOLIO COUPLE DE STARS “Comme Greg était pris sur Un Homme d’Exception, il m’a demandé de superviser ce projet. Je devais simuler une prise de poids du personnage incarné par Julia Roberts. J’ai d’abord testé avec deux prothèses, l’une pour le cou, l’autre pour le menton, mais ça ne marchait pas. Julia a un sourire si immense qu’il est impossible de maquiller des bords de prothèses près de ses lèvres. J’ai donc opté pour une pièce unique en silicone qui remontait du cou jusqu’aux joues. Une première pour moi !” MOI, PETER SELLERS “Le projet le plus difficile et le plus gratifiant de ma carrière : maquiller Geoffrey Rush en Peter Sellers à neuf étapes différentes de sa vie – jeune, âgé, mince, en surpoids, etc. – mais aussi dans pas moins de quinze rôles différents. Parmi ceux-ci, il y avait deux de mes personnages préférés : l’inspecteur Clouseau et le Docteur Folamour (ci-contre). Il fallait compter aussi une dizaine d’autres looks pour Geoffrey Rush, soit un total de 34 apparences différentes ! Greg Cannom m’a laissé carte blanche pour ce téléfilm, et j’ai fini par remporter l’Emmy Award des meilleurs maquillages.” 66 - Avril/Mai 2011 S.F.X LE DERNIER MAÎTRE DE L’AIR “Ce projet est arrivé alors que j’avais pris mes distances avec Hollywood. Je voulais me consacrer à mon travail de sculpteur. Ce film est l’un des premiers que j’aie faits en tant qu’indépendant, sans travailler pour un autre maquilleur. J’ai proposé trois versions différentes de la brûlure à M. Night Shyamalan. J’ai décrit celle-ci avec ces mots : « Imagine des flammes peintes sur le capot d’une voiture customisée…». La prothèse a été tirée en gélatine, ce que j’ai regretté par la suite, car la chaleur des explosions faisait fondre le matériau. J’ai passé mon temps à courir derrière Dev Patel pour refroidir la gélatine chaque fois que je le pouvais. Mais je n’avais pas le choix. Les délais étaient tellement serrés que je n’ai pas pu tester le maquillage sur Dev avant… la veille du tournage !” n 62-66 Portfolio Wofford :52-57 Portfolio.qxd 5/05/11 16:10 Page 67