Etat actuel et possibilité de domestication des plantes aromatiques

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Etat actuel et possibilité de domestication des plantes aromatiques
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Etat actuel et possibilité de domestication
des plantes aromatiques et médicinales
au niveau de quelques communes rurales
limitrophes à Jbel Amssittene
Abdenbi Zine El Abidine, Yassine El Maizi, Mohamed BoudErrah
et Mustapha Ezzahiri
Ecole Nationale Forestière d’Ingénieurs, BP : 511, Tabriquet, Salé
Tél : 0537861149, Fax : 0537862607
Email : [email protected]
Résumé Les ressources forestières des écosystèmes de l’arganeraie dont notamment les plantes aromatiques
et médicinales dans la région de Jbel Amssittene, classé un SIBE, subissent une dégradation alarmante
due à un surpâturage permanant et une pression sociale importante. La présente étude consiste à
explorer les possibilités de développement et de valorisation des plantes aromatiques et médicinales
ayant une forte marge bénéficiaire au niveau des communes rurales du massif forestier d’Amssittene,
ce qui contribuerait à l’amélioration du revenu de la population usagère et réduire la pression sur
ces ressources naturelles. L’exploitation des données disponibles sur les plantes aromatiques et
médicinales de la zone, associée à une enquête avec les usagers et des herboristes de la région, a
permis de dégager des orientations susceptibles de développer un modèle de valorisation de quelques
espèces de PAM prometteuses au niveau des communes rurales de Smimou, Imi N’Tlit, Imagrad et Idda
Ou Azza.
Le diagnostic effectué a révélé que la zone d’étude abrite une flore très riche en plantes aromatiques
et médicinales estimée à une centaine d’espèces dont 28 espèces sont connues et commercialisées
par la population. Les espèces qui offrent une marge bénéficière importante et qui peuvent être
domestiquées pour leur valorisation sont la lavande (Lavandula maroccana), la nigelle (Nigella sativa),
le globulaire turbith (Globularia alypum), le thym satureioîdes (Thymus satureioidesl), le Ciste à feuille
de sauge (Cistus salviifolius), la clématite (Clematis cirrhosa), la rue (Ruta chalepensis) et le thym de
Broussonet (Thymus broussonetii). Cependant, les itinéraires techniques relatifs à la culture de ces
espèces sont en général méconnus à l’heure actuelle, sauf pour la Nigelle qui est cultivée au moins
en mode traditionnel extensif à Âabda et Chaouiya.
La population locale est favorable à l’initiation de la culture des PAM à marge bénificaire
importante dans le cadre de système mixte avec l’olivier en considérant les contraintes de la région
dont notamment l’insuffisance des ressources hydriques locales. Elle a exprimé aussi son besoin pour
le renforcement de capacités sur le plan techniqe.
Mots clés : Jbel Amsittene, Plantes aromatiques et médicinales, Domestication.
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Current state and possibility of domestication of the aromatic and medicinal plants
at the level of some bordering rural districts to Jbel Amssittene
Abstract
The forest resources of the ecosystems of the arganeraie and in particular the aromatic and
medicinal plants (AMP) of Jbel Amssittene region which classified a Site of biological and ecological
interest (SIBE), undergo an alarming degradation due to a overgrazing permanant and an important
social pressure. The present study consists in investigating the possibilities of development and
valuation of the aromatic and medicinal plants that having a strong profit margin at the level of the
rural districts of the forest massif of Amssittene, what would contribute to the improvement of the
income of the usagère population and to reduce the pressure on these natural resources. The use of
the data available on the aromatic and medicinal plants of the zone, associated with a survey with
the users and the plant traders of the region, allowed to look for orientations susceptible to develop a
model of valuation of some species of promising AMP at the level of the rural districts of Smimou, Imi
N’ Tlit, Imagrad and Idda Ou Azza.
The made diagnosis revealed that the zone of study shelters a flora very rich in aromatic and
medicinal plants estimated arround a hundred species among which 28 species are known and
marketed by the population. The species which offer a margin important of benifit and which can be
domesticated for their valuation are the lavender (Lavandula maroccana), the nigelle (Nigella sativa),
the turbith spherical (Globularia alypum), the thyme satureioîdes (Thymus satureioides), the Cistus
with leaf of sage (Cistus salviifolius), the clematis (Clematis cirrhosa), the street (Ruta chalepensis) and
the thyme of Broussonet (Thymus broussonetii).
However, the technical practices relative to the culture of these species are generally underknown
at the moment, except for Nigelle which is cultivated at least in extensive traditional mode to Âabda
and Chaouiya.
The local population is favorable to the initiation of the culture of AMP with important benefit
margin within the framework of mixed system with the olive tree by considering the constraints of the
region among which in particular the incapacity of the local water resources. She also expressed her
need for the strengthening of capacities on the plan techniqe.
Keywords: Jbel Amsittene, SIBE, AMP, Drawplate, Development, Domestication.
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Introduction
Classé en tant que Site d’Intérêt Biologique et Ecologique (SIBE), la zone d’Amsittene renfermant
des formations végétales importantes de thuya et d’arganier qui hébergent une diversité végétale
remarquable (Benabid, 1976) dont 18 espèces sont endémiques, 39 plantes considérées comme
aromatiques et médicinales (PAM), 8 espèces très rares et 3 espèces de souche tropicale (Anonyme,
2008 ; Naoui, 2008). Mais le capital sur pied en PAM n’est pas assez bien connu malgré l’existence de
quelques travaux de recherche (Benabid, 1976 ; Thiam, 2004 ; Mehdioui, 2008).
Les PAM jouent un role socioéconomique très important. Traditionnelement, elles sont destinées
aussi pour les besoins d’herboristerie, la pharmacopie et les aromates alimentaires. Elles sont
aussi utilisées pour la production d’extraits aromatiques destinés essentiellement à l’industrie de
parfumerie et cosmétique ainsi que pour la préparation des produits d’hygiène et la formulation
des arômes (Benjilali et Zrira, 2005). Mais cette filière demeure sous évaluée au Maroc (Benjilali et
al, 2001 ; Anonyme, 2008) malgrès un grand regain d’intérêt pour les produits natureles à l’échelle
internationale.
Le potentiel naturel en PAM dans la zone d’Amsittene qui se développe dans une zone à climat
aride et semi aride en général fait l’objet, à l’instar de différentes régions du Maroc, d’une utilisation
massive pratiquée par des techniques d’exploitation inappropriées qui affaiblissent ses possibilités de
régénération et de conservation ce qui l’expose à un processus de dégradation menaçant la pérennité
de cette ressource (Mehdioui, 2008). En outre, cette richesse en espèces végétale subit une dégradation
alarmante due à un surpâturage permanant. La charge réelle du troupeau dans cette zone, constitué
essentiellement de caprins, a été estimée à 1,67 UPB/ha, un niveau nettement supérieur à la charge
d’équilibre évaluée à 0,56 UPB/ha (Naoui, 2008).
En outre, l’exploitation par la population locale de ce capital et sa valorisation reste traditionnelle
et sans souci de conservation, ce qui présente un risque pouvant compromettre son avenir. La
filière locale des PAM souffre aussi de nombreux problèmes, telle que la faiblesse des compétences
techniques et commerciales des opérateurs pouvant améliorer la qualité des produits commercialisés
et l’augmentation de leurs valeurs ajoutées (Mehdioui, 2008).
Le diagnostic détaillé de l’état actuel de la filière des PAM dans la zone d’Amsittene, associé
à une analyse concertée avec les populations locales et les professionnels a permi d’explorer les
possibilités de développement et de valorisation des ressources locales ou celles d’autres espèces à
introduire au niveau de la zone. Parmi les alternatives, la culture des plantes médicinales ainsi que
la réglementation de la récolte des plantes spontanées s’avère une solution optimale pour une gestion
rationnelle du potentiel naturel de la zone d’étude (Zine El Abidine et al. 2001a, Zine El Abidine
et al. 2001b; Mehdioui, 2008). La valorisation des resultats obtenus permettrait de contribuer au
développement de ce secteur, à la modernisation de la filière dont les retombées socioéconomiques
seraient bénéfiques pour la population locale et entraîneraient des impacts positifs sur la conservation
et la valorisation des ressources naturelles en général.
Le présent travail a pour objectif global de diagnostiquer l’état actuel de la filière des PAM dans
la zone du SIBE d’Amsittene et d’explorer les opportunités de son développement dans une zone
englobant quatre communes rurales autour du SIBE d’Amsittene, à savoir : Smimou, Imi N’Tlit, Imgrad
et Idda Ou Azza.
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Matériels et méthodes
La zone d’étude englobe quatre communes rurales : Smimou, Imi N’Tlit, Imgrad et Idda Ou Azza
qui relèvent de la caîdat de Smimou située dans la province d’Essaouira. Les quatre communes
précitées partagent le SIBE d’Amsittene qui fait partie de la masse des plateaux Haha-Ida Ou Bouzia.
Le bioclimat y est généralement de type aride supérieur tempéré, semi-aride chaud dans les zones
proches de l’océan et très localement sub-humide vert le somet de Jbel Amsittene (Benabid, 1976).
La proposition d’un modèle de développement des plantes aromatiques et médicinales au niveau
de la zone d’étude a nécessité une approche méthodologique articulée sur les étapes suivantes :
Identification du potentiel naturel des PAM dans la zone d’étude ;
Analyse de l’état actuelle de la filière des PAM ;
Connaissance de l’opinion des paysans sur le développement des PAM ; Identification des PAM spontanées ou introduites ayant une bonne marge bénéficière.
L’identification du potentiel naturel en PAM a effectué à deux niveaux différents :
L’exploitation des données disponibles dans la bibliographie ;
La réalisation des enquêtes à la fois auprès de la population locale et auprès des
herboristes installés dans les souks des quatre communes de la zone d’étude et dans le
grand souk d’Essaouira.
L’analyse de la filière locale des plantes aromatiques et médicinales a été entreprise en séparat
les espèces naturelles commercialisées et non commercialisées et les espèces introduites. Les
renseignements ont été collectés par l’exploitation des données bibliographiques et à l’aide des enquêtes
réalisés auprès de la population locale et des différents acteurs intervenant dans la filière de PAM,
notamment les coopératives, les herboristes, les intermédiaires et les collecteurs. La concertation avec
la population locale a été entreprise à l’aide d’une enquête menée auprès de 111 exploitants.
Pour choisir les espèces de PAM à développer par la culture, on a effectué un classement du
potentiel recensé selon deux critères :
• La marge bénéficiaire : identification des PAM ayant une bonne marge bénéficiaire.
• L’abondance : identification des PAM rares ou peu répondues (menacées), selon la
bibliographie même si leurs marges bénéficiaires sont moins importantes.
Résultats et discussion
1 - Le potentiel naturel de la zone d’étude en PAM
La zone d’étude renferme un potentiel naturel important dont le nombre des espèces est variable
selon les sources bibliographiques, 85 espèces (Mehdioui, 2008), 98 selon une étude réalisée dans le
cadre de partenariat entre le HCEFLCD et le Corps de la Paix des Etats-Unis d’Amérique (Anonyme,
2008). Mais selon les enquêtes auprès de la population locale et des herboristes de la zone d’étude,
le nombre est autour de 30 espèces spontanées dont une vingtaine est commercialisée (Tableau 1).
Quelques plantes citées et identifiées par leurs noms locales vernaculaires n’ont pas été idéntifiées
sur le plant scientifique, en raison de l’indisponibilité des échantillons à déterminer, iIl s’agit de :
Achbardou, Tikzinin, Okan, Angaff et Tafayafra.
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Tableau 1. Potentiel naturel en plantes aromatiques et médicinales commun dans la zone
du SIBE d’Amsittene d’après les enquêtes avec la population locale, les herboristes et les sources
bibliographiques.
Noms scientifiques
Noms français
Noms vernaculaires
Abondance (*)
Ajuga iva
Ivette musquée
Chandgoura (Iimzgad)
Peu répondu
Artemisia herba-alba
Armoise blanche
Achih
Peu répondu
Capparis spinosa
Centaurea chamaerhaponticum
Ceratonia siliqua
Câprier
Taylulut
Peu répondu
Centeré
Tafgha
Répondu
Caroubier
Tikida
Pépondu
Cistus salviifolius
Ciste à feuille de sauge Irguel
Citrullus colocynthis
Coloquinte
Peu répondu
Afarziz
Répondu
Clematis cirrhosa
Clématite
igoudi
Rare
Globularia alypum
Globulaire turbith
Tasselgha
Peu répondu
Herniaria hirsuta
Herniaire
Harass lahjar
Répondu
Lavandula dentata
Lavande dentée
Ijerch (lhalhal)
Peu répondu
Lavandula maroccana
Lavande
Iguiz
Rare
Marrubium vulgare
Marrube blanc
Ifzi
Répondu
Nerium oleander
Laurier rose
Alili
Répondu
Nigella sativa
Nigelle
Shanouj
Peu répondu
Ononis natrix
Burgane jaune
Afezdade
Rare
Peganum harmala
Harmel
Lharmel
Répondu
Pistacia Ientiscus
Lentisque
Titekt(drou)
Répondu
Ruta chalepensis
Rue
Tilatn (fijl)
Rare
Tamarix africana
Aamaris d’Afrique
Tamaite
Répondu
Tetraclinis articulata
Thuya de berberie
Aaraar
Répondu
Thymus broussonetii
Thym de Broussonet
Azoukni (Zaâtar)
Rare
Thymus satureioides
Thym satureioides
Tazouknit (Zaetra)
Peu répondu
Arundo donax
Cane de Provence
Aghaleem
Peu répondu
Olea europaea sylvestris
Oléastre
Azemmour
Répondu
Opuntia ficus indica
Figuier de barbarie
Aknari
Répondu
Osyris alba L
Osyris blanc
Tatayt
Peu répondu
(*) Selon Benabid (1976) et nos informations
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La comparaison du potentiel naturel en PAM recensé après enquêtes avec la population locale, les
herboristes à celui retrouvé dans la bibliographie a montré que le potentiel naturel en PAM recensé
est nettement inférieur à celui retrouvé dans la bibliographie qui mentione prèsque une centaine
d’espèces (Anonyme, 2008 ; Mehdioui, 2008). Cette différence pourrait s’expliquer par le fait que
la population et les herboristes ne connaissent pas toutes les PAM ni leurs différentes variétés. Les
espèces recencées sont celles utilisées traditionnellement. En outre l’évalutation de la disponibilité
de la ressource à partir des relavés phytosociologique de Benabid (1976) et nos observations montre
que certaines espèces sont peu répondues ou rares. L’actualisation de l’état de la ressource mérite
une étude plus approfondie en vue d’identifier les espèces qui seraient menacées de disparition et
proposer des mesures de conservation in-situ et ex-situ. La creation d’un jardin botanique constitué
essentiellement à base des espèces de PAM de la region serait une mesure très bénifique pour la
conservation du patrimoine naturele et l’encouragement de la recherche scientifique.
2 - Exploitation des PAM et usages traditionnels
La variabilité des conditions climatiques, pédologiques et topographiques de la zone d’étude peut
expliquer la diversité remarquable en plantes aromatiques et médicinales, qui se récoltent à différents
milieux : la forêt, le terrain de parcours et près de cours d’eau. L’enquête effectuée a fait ressortir que
plus que la moitié des plantes aromatiques et médicinales se développe en forêt (69,70%) ; le reste
pousse dans les terrains de parcours (21,20%) et à proximité des cours d’eau (9,10%). Ces données
montrent le rôle important joué par la forêt du SIBE d’Amsittene en tant que biotope de développement
des espèces de PAM et leur conservation. La classification des forêts d’Amsittene en tant que SIBE
montre l’intérêt de la création des aires protégées dans la conservation de la biodiversité.
Le prélèvement des PAM s’effectue avant ou au moment de la floraison sauf pour la lavande,
le tamaris d’Afrique et le thuya de berberie qui subissent une exploitation durant toute l’année. En
outre, l’exploitation s’effectue dans la majorité des cas avant la fin du cycle, ce qui peut sans doute
porter préjudice à la diversité et à la pérennité des espèces concernées.
Les populations locales et les herboristes disposent d’un savoir et un savoir faire très riche pour
utiliser les espèces de PAM locales pour des vertus bien variées. Les parties utilisées dans la médication
varient d’une espèce à l’autre et en fonction du type de maladies. Il s’agit des feuilles, feuilles-fleurs,
tige-feuilles, sommités fleuries, racines, graine et fruit (Tableau 2).
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Tableau 2 : Parties des PAM exploitées et leurs utilisations traditionnelles selon l’enquête effectuée
avec la population locale et les herboristes dans les quatre communes (Smimou, Imi N’Tlit, Imgrad et
Idda Ou Azza ) du SIBE d’Amsittene.
Noms scientifiques
Noms français
Noms vernaculaires marocains
Chandgoura
(Imzgad)
Partie utilisée
Feuilles
Utilisation traditionnelle
Ajuga iva
Ivette musquée
Artemisia herba-alba
Armoise blanche
Capperis spinosa
Câprier
Taylulut
Centaurea chamaerhaponticum
Tafgha
Racines
Ceratonia siliqua
Caroubier
Tikida
Fruit (gousse)
Contre le vomissement
Cistus salviifolius
Ciste à feuille
de sauge
Irguel
Fleurs, graines
Contre les troubles gastro-intestinales
Citrullus colocynthis
Coloquinte
Afarziz (hadaj) Fruit
Rhumatismes
Clematis cirrhosa
Clématite
Igoudi
Racines
Renforce le corps
Globularia alypum
Globulaire turbith
Tasselgha
Feuilles
Antidiabétique
Herniaria hirsuta
Herniaire
Harass lahjar
Feuilles, tige
Lavandula dentata
Lavande dentées
Lhalhal
(Ijerch)
Lavandula maroccana
Lavande
Iguiz
Sommités
fleuries
Sommités
fleuries
Marrubium vulgare
Marrube blanc
Mrriout (Ifzi)
Feuilles, tige
Nerium oleander
Laurier rose
Alili
Feuilles
Eczéma et la migraine
Nigella sativa
Nigelle
Shanouj
Graines
Renforce l’immunité
Ononis natrix
Bugrane
Afezdad
Feuilles, fleures
Anti hépatite
Peganum harmala
Armel
Lharmel
Graines
Contre le rhumatisme et la
chute des cheveux
Pistacia Ientiscus
Lentisque
Titekt(drou)
Feuilles
Troubles gastriques
Tilatn (fijl)
Graines
Troubles gastro-intestinaux
Tamaite
Feuilles
Brûlures
Aaraar
Feuilles
Troubles d’intestin
Ruta chalepensis
Tamarix africana
Tetraclinis articulata
Thymus broussonetii
Thymus satureioides
Rue
Tamaris d’Afrique
Thuya de berberie
Thymus de
Broussonet
Thym satu
reioides
Cane de Provence
Achih
Zaâtar
Zaetra
Tige, feuilles
Racines
Feuilles, fleures
Feuilles, fleures
Hypotenseur, hypoglycémiant
Antibiotique et soulager les
maux gastro-intestinaux
Analgésique et pour les infections oculaires
Contre les maux gastro-intestinaux
Traitement des affections
urinaires
Soulage les rhumatismes et
soigne les infections des voies
respiratoires
Maux gastrique et desodorisant
Prescrit pour les maladies
d’oreille et contre l’insomnie
Maux gastro-intestinaux
Rhume
Aghaleem
Racines
Sevrage de l’allaitement maternel
Oléastre
Azemmour
Feuilles
Maux gastro-intestinaux
Opuntia ficusindica
figuier de barbarie
Aknari
Fruit
Anti-diarrhé et la chute des
cheveux
Osyris alba
Osyris blanc
Tatayt
Fleures
Desodorisant
Arundo donax
Olea europaea sylvestris
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Pour ce qu’est de la médication, 48,48% des PAM sont conseillés contre les maladies de l’appareil
digestif, suivies par celles utilisées contre les maladies de l’appareil circulatoire (27,27%). Pour les
autres maladies mentionnées, le pourcentage des PAM utilisées varient entre 3% et 18,18%. Certaines
espèces sont utilisées pour plusieurs vertus comme le cas de la Lavande dentée qui est utilisée contre
les maladies de l’appareil digestif et de l’appareil respiratoire ; ce qui explique la pression particulière
exercée sur cette espèce. Le pourtentage élevé des PAM utilisées pour l’appareil digestif pourrait
expliquer par la dominance de ce type de pathologies dans la zone d’étude.
3 - Etat actuel de la filière des PAM.
En générale, les plantes aromatiques et médicinales sont récoltées sur le terrain et vendues
directement aux herboristes, sous forme de matière sèche et sans transformation au préalable.
Cemendant la coopérative féminine de TUDERT (située à 7 kilomètres de Smimou vers ImiN’tlit) qui
pratique la culture de quelques espèces de PAM (Tableau 3). Elle vend ses produits sous forme
de matière sèche emballée et conditionnée ou sous forme de savon dur aromatisé à base d’huiles
essentielles. L’enquête menée auprès de cette coopérative (la seule dans la région) a permis de
déterminer la marge bénéficiaire nette de l’ensemble de ses produits vendus (Tableau 3).
Tableau 3. Marges bénéficiaires des PAM vendues à prix variables par la coopérative féminine
Tudert sous forme de matière séche (Prix de 2011).
Noms Français
Noms Vernaculaires
Marocains
Géranium
Aâtarcha
Laurier
Wrak Sidna Moussa
Romarin
Azir
Sauge officinale
Salmiya
Thyms
Zaetra
Coût moyen estimé
de production
(Dh/Kg)
Prix moyen
de vente (Dh/
kg)
Marge nette
(Dh/kg)
7
333,33
326,33
10
1000
990,00
6
166,67
160,67
7,5
250
242,50
4
333,33
329,33
Par ailleurs, il existe au niveau de la zone d’étude un nombre important d’herboristes qui vendent
la plupart des espèces signalées ci-dessus et d’autres espèces non originaires de la région d’Amsittene.
Les espèces de PAM vendues par les herboristes ainsi que les pris pratiqués sont regroupées dans le
tableau suivant :
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Tableau 4. Marges bénéficiaires des PAM vendues par les herboristes de la région d’Essaouira sous
forme de produits sèches (Prix de 2011).
Noms scientifiques
Noms français
Noms vernaculaires marocains
Prix
d’achat
(Dh/Kg)
Prix moyen
de vente
(Dh/Kg)
Marge
nette (Dh/
Kg)
10,5
20
9,5
7
17,5
10,5
12,5
17,5
5
Espèces spontanées
Ajuga iva
Ivette musquée
Chandgoura
Artemisia herba-alba
Armoise blanche
Achih
Capperis spinosa
Câprier
Taylulut
Centaurea chamaerhaponticum
Centauré
Tafgha
35
45
10
Ceratonia siliqua
Caroubier
Tikida
12,5
23,33
10,83
Cistus salviifolius
Ciste à feuille de
sauge
Irguel
32,5
55
22,5
2
5
3/PIECE
Citrullus colocynthis
Afarziz (Lahdaj)
Clematis cirrhosa
Coloquinte
Clématite
Igoudi
17
37,5
20,5
Globularia alypum
Globulaire turbith
Tasselgha
25
40
15
Herniaria hirsuta
Herniaire
Harass lahjar
20
35
15
Lavandula dentata
Lavande dentée
Halhal (Ijerch)
11
23,33
12,33
Lavandula maroccana
Lavande
Iguiz
15
25
10
Marrubium vulgare
Marrube blanc
Mrriout (Ifzi)
6,5
15
8,5
Nerium oleander
Laurier rose
Alili
10
20
10
Nigella sativa
Nigelle
Shanouj
31,75
46,25
14,5
Ononis natrix
Bugrane jaune
Afezdad
5
10
5
Peganum harmala
Armel
Lharmel
11,75
19
7,25
Pistacia Ientiscus
Lentisque
Titekt(drou)
3
10
7
24,75
57,5
32,75
Ruta chalepensis
Rue
Tilatn (fijl)
Tamarix africana
Tamaris d’Afrique
Tamaite
8
20
12
Tetraclinis articulata
Thuya de berberie
Aaraar
3
10
7
Thymus broussonetii
Thym de Broussonet
Zaâtar
77,5
108,75
31,25
Thymus satureioides
Thym
Zaêtra
25,67
33,25
7,58
Anthemis nobilis
Camomille romaine
Babounj
50
87,5
37,5
Cleome arabica
Cléome d’arabie
Mkhinza
29
42,5
13,5
Laurus nobilis
Laurier
Wrak sidna
moussa
26,66
43,33
16,67
Origanum majorana
Marjolaine
Merddouch
13
20
7
Rosa damascena
Rose de Damas
El ward
32,5
60
32,5
Rosmarinus officinalis
Romarin
Yazir
13
25
12
Salvia officinalis
Sauge officinale
Salmiya
29,25
53
23,75
Espèces introduites
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L’analyse des données de ce tableau, permet de faire ressortir un certain nombre de remarques
d’une grande importance:
• Toutes les PAM vendues par les herboristes engendrent des marges bénéficiaires nettes
mais qui sont variables en fonction des espèces. Les meilleurs bénéfices (≥ à 20 Dh), en
considérant seulement les PAM spontanés, sont enregistrés chez le Ciste à feuille de
sauge, la Clématite, la Rue et le Thym de Broussonet. Ils sont respectivement de l’ordre
de 22,5 Dh ; 20,5 Dh ; 32,75 Dh ; 31,25 Dh par Kg de matière sèche. Leur domestication
paraît intéressante et peut constituer une source de revenues non négligeable pour la
population de la zone d’étude.
• Sur les quatre espèces spontanées ayant engendré les meilleurs bénéfices, 3 sont rares
(la Clématite, le Thym de Broussonet et la Rue) et la quatrième est peu répondue.
Cette faible abondance peut-être à l’origine des meilleurs bénéfices que ces espèces
engendrent.
• En fin quatre autres espèces spontanées peu répondues (3/4) et rare (1/4) sont vendues
par les collecteurs aux herboristes (prix d’achat de l’herboriste) à des prix intéressants
(≥15Dh le Kg de matière sèche) ; elles sont : la Lavande (Lavandula maroccana), la
Nigelle (Nigella sativa), le Globulaire turbith (Globularia alypum) et le Thym satureioîdes
(Thymus satureioides). La domestication des espèces peu répondues et rares ci-dessus
permettrait à la fois d’améliorer les revenues des collecteurs et induire la conservation
du potentiel naturel. Par ailleurs cette faible dominance se confirme par les faible
rendements en biomasse par unité de surface estimés par Thiam (2005) chez Thymus
satureioides, lavandula maroccana et globularia alypum.
4 - Opinions des agriculteurs sur la culture des PAM
L’enquête d’opinion menée auprès de 111 exploitants séléctionnés selon les différentes classes
de superficies des exploitations dans la zone d’étude ont affirmé qu’ils connaissent les plantes
aromatiques et médicinales et 79,3% d’entre eux ont confirmé que ce type de culture ne gènerait pas
leur système d’exploitation agricole.
Parmi les exploitants enquêtés, 66,67 % ont manifesté leur désir de cultiver les plantes aromatiques
et médicinales dont en particulier le Thymus broussonetii qui a été désiré par 67,6% des enquétés. Ils
souhaitent aussi que la culture des PAM soit associée à celle de l’olivier. Ce type d’association permet
de mieux valoriser les terrains agricoles qui sont peu étendus dans la zone d’étude et d’offrir aussi
l’occasion par le développement de l’apiculture de la région dont le miel est reconnu par sa qualité et
sa valeur.
Les paysans ont souligné la nécessité de tenir compte dans des projets de développement des
PAM de la rareté des ressources hydriques dans la région. Ils ont aussi affirmé avec une majorité de
78,4%, le besoin de renforcer leur capacité quant aux techniques de cultures des PAM.
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Conclusion
Le diagnostic effectué a permis de révéler que la zone d’étude héberge une diversité remarquable
d’espèces végétales dont un nombre important d’espèces de plantes aromatiques et non connu et non
commercialisées. Les PAM exploitées proviennent dans des milieux bien différents (forêt, terrain de
parcours, près de cours d’eau) mais la forêt d’Amsittene qui abrite la plupart des espèces subit une
grande pression de cueillette par la population locale. Cette cueillette s’effectue d’une manière non
conservatrice et souvent avant la floraison et avant la fin du cycle de végétation ; ce qui peut conduire
à la rareté des PAM en entravant leur multiplication par graines ; d’ailleurs un nombre important
d’espèces est considéré il y a longtemps comme peu répondues et rares (Benabid, 1976).
La domestication ou la culture des PAM surtout rares et peu répondues peut être une alternative
pour conserver le potentiel naturel (Zine El Abidine et al. 2001a, Zine El Abidine et al. 2001b). Elle
peut en plus engendrer des revenues pour la population locale si le prix de vente aux herboristes est
intéressant comme est le cas de la Lavande, la Nigelle, le Globulaire turbith et le Thym satureioîdes.
Les revenues seront beaucoup plus élevées lorsqu’il s’agit des quatre PAM ayant la meilleure marge
bénéficiaire telque: le Ciste à feuille de sauge, la Clématite, la Rue et le Thym de Broussonet.
Cependant, la culture des PAM nécessite un contexte favorable et des prérequis déterminants dont
notamment:
-
Connaissance des conditions agroécologiques des espèces choisies,
-
Des terrains disponibles pour la mise en culture,
-
Désir de la population à s’initier et d’investir dans la pratique de cette culture,
-
Maîtrise de l’itinéraire technique de culture et d’exploitation des espèces ciblées,
-
Disponibilité d’unités de transformation pouvant améliorer la marge bénéficiaire,
-
Renforcement des capacités locales sur le plan technique et commercial,
-
Organisation de la filière depuis la production jusqu’à la valorisation.
Les informations nécessaires à la mise en culture des espèces « PAM » identifiées, leur
exploitation et leur conditionnement sont fragmentaires ou indisponibles. La réalisation de travaux
de recherche permettraient de disposer des connaissances et des techniques de base pouvant aider à
installer des essaies pilotes de culture chez des exploitants volontaires. Ces essaies seront l’occasion
pour améliorer l’itinéraire technique de culture et le cadre de valorisation et de transfert des résultats
de recherche. Ils vont permettre aussi de renforcer la capacité technique des jeunes ruraux pour
s’élancer dans ce type de développement agricole. Les recherches doivent portées aussi sur les besoins
du marché et des professionnels, de la qualité des produits obtenus et l’importance de la sélection
d’un matériel génétique plus performant sur le plan qualité et rendement.
La filière des PAM est appelée aussi à connaître de grandes mutations en raison du retour du
label du naturel à l’échelle planétaire. Elle peut être le vecteur de développement local dans différentes
zones où le potentiel naturel en PAM est important et où les conditions écologiques sont favorables à
son développement (Anonyme, 2008). Cette opportunité qu’il faut saisir a été retenue aussi dans le
cadre du Plan Maroc Vert dans le cadre de la stratégie du Pilier II.
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Références bibliographiques
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juillet 2008, Haut Commissariat aux Eaux et aux Forêt et à la Lutte Contre le Désertification, 70 p.
Benabid A., 1976. Etude Ecologique, phytosociologique et sylvo-pastorale de la tetraclinaie de
l’Amsittene. Thèse de doctorat, 3ème cycle, Université d’Aix Marseille III, Marseille, France, 158 p.
Benjilali, B. Zrira, S. et Aboulkassem H., 2001. La filière des Plantes Aromatiques et Médicinales
au Maroc. Terre et Vie, 46p.
Benjilali B., et Zrira S., 2005. Plantes Aromatiques & médicinales. Atouts du secteur et exigences
pour une valorisation durable. Actes Edition, Rabat N, 346 p.
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médicinales de la forêt d’Amsitten (Etude Ethnobotanique et Socio-économique auprès de la Population
des Communes d’Imin n’Tlit et d’Imgrade Province d’Essaouira). Thèse de doctorat, Fac Sci., Univ.
Mohammed v, 166 p.
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Rejdali M., 1996. La flore du Maroc. Etat actuel et perspectives de conservation. In : Rejdali M& Birouk
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Actes Editions. IAV. Hassan II. Rabat.
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fertilisation sur le rendement et la composition chimique des huiles essentielles d’origan (Origanum
elongatum). Annales de la recherche forestière au Maroc (Tome 34), DREF, Rabat, pp : 40-47.
Zine El Abidine A., Aafi A., Karkouzi R., Fechtal M., 2001b. Effet de la fertilisation sur la production
de biomasse, le rendement et la qualité des huiles essentielles de deux provenances d’origan (Origanum
elongatum). Annales de la recherche forestière au Maroc (Tome 36), DREF, Rabat, pp 84-97.
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