Tatouages - Arnaud Théval
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Tatouages - Arnaud Théval
Le tigre et le papillon Épisode 4 du projet artistique d’Arnaud Théval_janvier 2016 à l’Énap. Le tigre et le papillon (2012) vue d’un dessin dans une cellule vidée, Maison d’arrêt de Nantes Édito : Un artiste en résidence à l’Énap D’un point de vue de l’institution Un artiste en résidence dans une école de service public est un acte peu commun. L’artiste est alors porte-parole pour retranscrire à travers son univers artistique ce qu’il vit, partage et ressent durant ce temps de présence au sein de l’institution. L’Enap donne carte blanche à Arnaud Théval pour qu’il porte son regard artistique sur l’élève en formation et le métier de surveillant. Mais aussi pour que les élèves découvrent le travail d’un artiste et de son univers. La réciprocité, l’échange, l’interconnaissance et le respect nourrissent ce projet. Permettre à des élèves d’être impliqués dans un processus artistique, c’est accepter qu’ils s’interrogent et osent se décaler sur le métier dans lequel ils s’engagent. Ce projet à la temporalité singulière (sur plusieurs années) est une aventure humaine, une démarche artistique qui s’ancre au cœur de la formation des élèves. Inviter un artiste à regarder notre institution autrement, de son point de vue c’est prendre un risque de bousculer un ordre établi. La convocation (2014) travail avec l’implication d’ élèves de la 187ème promotion d’élèves surveillants Scène à la fourchette (2015) travail avec l’implication d’ élèves de la 187ème promotion d’élèves surveillants Un bleu parmis les bleus (2015) discours à la 187ème promotion d’ élèves surveillants Surveillantes (2015) travail avec l’implication d’ élèves de la 188ème promotion d’élèves surveillants D’un point de vue de l’artiste Le tigre et le papillon est un projet artistique conçu par Arnaud Théval, artiste, sur l’univers carcéral, qui se construit à partir de l’expérience des surveillants, de leurs récits depuis leur formation jusque sur leurs lieux de travail. Ce projet a démarré en 2012 à l’occasion de la fermeture de la Maison d’arrêt de Nantes, dans laquelle l’artiste a initié son travail sur l’univers carcéral. Une première approche a consisté à photographier les lieux quelques heures après le transfert des détenus afin d’en saisir la force sans tomber dans le voyeurisme, ni les restrictions liées à la sécurité. Ce travail s’est poursuivi lors des fermetures des Maisons d’arrêt de Valence et de Beauvais en 2015. Le projet Le tigre et le papillon est créé autour de trois grands chapitres : Les prisons vidées, la formation et les prisons. La rencontre de l’artiste avec les personnes dans ces contextes génère des protocoles d’implications spécifiques avec eux, en lien avec leurs espaces de travail, leurs méthodes et leurs objets d’usages, pour la création d’œuvres. Tatouages Beyond the skin (2016) détail, travail avec l’implication d’ élèves de la 189ème promotion d’élèves surveillants Le protocole d’implication autour du tatouage présenté par l’artiste : familial ou comme un slogan d’une ligne de conduite à tenir. Ils me racontent, c’est émouvant, touchant de comprendre ses dessins parfois abstraits, le sens qu’ils y mettent. Plusieurs éléments visibles dans les murs mêmes de l’institution ou issus de débats suite à la présentation de photos ou encore lors d’échanges en prison avec des surveillants m’ont conduit sur ce terrain du tatouage chez les surveillants. L’apparition de ces signes qui débordent sont-ils l’expression d’une protection ou d’une faille pour celui qui les porte ? Estil encore un signe de l’intimité ou est-il devenu à l’instar de certains usages des réseaux sociaux, une extimité ? Premier surveillant dans une maison d’arrêt (2015) Remise des uniformes à l’Énap (2014) Publicité pour un livre sur le tatoutage des détenus, affichée à l’Énap (2014) J’instaure un travail sur la photo avec les élèves surveillants, un premier temps autour d’une photo collective « la photo de classe » et dans un deuxième temps une photo individuelle autour de leur tatouage. Pour le premier, il s’agit de constituer par l’image un souvenir symbolique de leur rattachement à un corps social. La photo de groupe devient un support d’appropriation de leur arrivée. Couverture d’un magazine de musculation, Énap (2015) Never stop dreaming (2016) détail, travail avec l’implication d’ élèves de la 189ème promotion d’élèves surveillants Puis, je leur propose l’autre photo, celle attenante à ma démarche artistique. Je souhaite réaliser un portrait intime de la 189ème promotion, un portrait qui révèle leurs histoires, leurs singularités, celles qui viennent d’être recouvertes pour parties par l’uniforme, qui littéralement les unit. Je reprends en expliquant que je souhaite réaliser une sorte de cartographie de la 189ème promotion en m’appuyant sur les dessins, les mots inscrits sur les corps. Je découvre alors leur peau, les signes comme un récit de leur vécu, militaire, Comme tous les autres citoyens, le surveillant exprime par ces tatouages son appartenance à une tendance au cœur de la société, un fait qui déplace les normes de l’institution en douceur, progressivement. Les codes du tatouage attribués naguère aux voyous sont désormais appropriés et consommés par beaucoup d’autres citoyens, rendant obsolète le déni de leur existence ailleurs que sur eux. Le désir de se raconter constitue-t-il une menace pour assumer et assurer sa fonction ? Présentation-vernissage en présence de l’artiste le mardi 26 janvier à partir de 11h30, patio-place du Tigre et du papillon
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