Guión doc empleos verdes, transición justa

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Guión doc empleos verdes, transición justa
L’accès durable à l’alimentation, à l’énergie et à l’eau
Garantir le droit aux ressources et aux services de base pour chacun des habitants de la
planète constitue le principal défi de la construction d’un monde durable. Le faire, en plus, de
manière responsable vis-à-vis des êtres humains et des autres espèces, en garantissant les
droits des générations à venir et sans dépasser la capacité d’utilisation des ressources
naturelles de la planète, est une obligation incontournable.
L’enjeu reste capital. En 2008, presque 900 millions de personnes n’avaient pas accès à de
l’eau propre et 57 % seulement de la population mondiale possédait l’eau courante. Il existe
encore 2,6 milliards de personnes n’ayant pas accès à l’assainissement et en milieu rural, ce
chiffre atteint sept personnes sur dix.
En ce qui concerne l’énergie, l’enjeu n’est pas moindre. La demande d’énergie primaire à
l’échelle mondiale s’est accrue de 5 % en 2010, faisant encore augmenter les émissions
mondiales de CO2. 1,3 milliard de personnes sur la planète vivent sans accès à l’électricité
fiable. Cela signifie que 20 % de la population mondiale (2,7 milliards de personnes) ont comme
alternative l’utilisation de la biomasse non durable comme combustible pour la cuisine. Les
aides favorisant la consommation de combustibles fossiles ont augmenté jusqu’à 400 milliards
de dollars en 2010. Bien que de nombreux pays aient placé l’efficience énergétique parmi leurs
priorités, l’intensité énergétique continue d’augmenter. Dans ce contexte, des catastrophes
comme l’accident de la centrale nucléaire de Fukushima Daiichi remettent en cause les
systèmes actuels d’approvisionnement en énergie1.
Si des mesures ne sont pas prises d’urgence, les émissions produites par l’infrastructure
énergétique provoqueront en 2017 une augmentation de la température globale de plus de 2ºC,
dépassant ainsi un niveau de changement climatique aux effets encore gérables. Dans ce
contexte, l’efficience énergétique et les énergies renouvelables s’imposent de plus en plus
comme la solution permettant de garantir un approvisionnement en énergie, propre, sûr et juste
pour tous. Elles représentent en outre un important gisement d’emploi, avec plus de 3,5 millions
d’emplois à l’échelle mondiale.
La situation du système alimentaire est aussi extrêmement grave. La faim a augmenté ces
dernières années et le prix des aliments s’est accru partout, en partie du fait de la spéculation.
Entre 2000 et 2008, le nombre de personnes souffrant de malnutrition a augmenté de 20
millions. Jamais avant la crise alimentaire, autant de travailleurs et de travailleuses n’avaient été
contraints de réduire si vite leur dépense en nourriture, en santé et en besoins de base. La
hausse du prix des aliments a augmenté de centaines de millions le nombre de pauvres sur la
planète.
Répondre à cette situation au niveau des gouvernements est un devoir pour l’humanité. Cette
réponse doit être immédiate et adaptée aux problèmes qui se posent dans un contexte de
croissance démographique. Nous sommes aujourd’hui 7 milliards de personnes et nous serons
plus de 9 milliards en 2050. Aborder l’accès aux ressources et aux services comme une
question de droits de l’homme implique de mettre en œuvre les politiques et les mesures
nécessaires pour garantir cet accès à toutes les personnes, et de le faire de manière durable.
1
http://www.iea.org/weo/docs/weo2011/executive_summary.pdf.
1
Nous sommes en outre dans une situation environnementale critique : les modes d’accès à ces
ressources traditionnellement liés au développement économique sont à l’origine de graves
problèmes environnementaux. Le changement climatique montre clairement que la production
d’énergie ne peut plus se fonder sur les combustibles fossiles. Le stress hydrique que subissent
de nombreuses régions oblige à comprendre et à respecter les cycles de l’eau et à chercher
des solutions à long terme. L’extension d’une agriculture basée sur l’utilisation intensive de
produits agrochimiques, d’organismes génétiquement modifiés (OGM) et de l’eau ne semble
pas résoudre la faim dans le monde. Au contraire, elle provoque de graves problèmes
environnementaux et sociaux. Le changement climatique entraîne un cortège d’effets sur la
disponibilité de l’eau et sur la production d’aliments, qui touchent essentiellement les travailleurs
agricoles. Il faut parvenir à un accès universel, et il faut le faire de façon radicalement différente,
en reconnaissant les limites des ressources de la planète.
Par ailleurs, depuis quelques dizaines d’années, la déviation de l’économie vers une plus
grande déréglementation a fait en sorte que ces services de base sont soumis aux fortes
pressions de la spéculation, de la marchandisation et de la financiarisation 2.
Dans les pays où ces services (eau, énergie et gestion des déchets) ont été privatisés, on a
constaté une baisse de la qualité du service et une précarisation des conditions de travail (celleci étant provoquée entre autres par l’externalisation des chaînes de production). Aucun critère
de durabilité n’a été introduit dans les modes de production et de gestion, ce qui a accru les
niveaux d’inégalité et aggravé la pollution et l’impact environnemental.
Cette déréglementation a également eu des effets sur l’alimentation. La dérégulation du
commerce et des marchés financiers a bénéficié principalement aux multinationales
agroalimentaires ayant leur siège social dans les pays industrialisés, au lieu de bénéficier aux
travailleurs pauvres (ruraux ou urbains) du monde entier. Les effets du système commercial
mondial risquent de se traduire par une augmentation importante des factures d’importation
dans les pays pauvres en déficit alimentaire, pays qui ont vu leur taux de mortalité doubler en
cinq ans. Contrairement à ce que promettaient ses défenseurs, le libre échange n’a garanti ni
l’équité ni la sécurité alimentaire pour tous. Beaucoup des problèmes relèvent de la
responsabilité des groupes d’entreprises qui contrôlent la plus grande part du commerce
mondial du maïs et autres céréales. De même, les énormes subventions accordées aux
grandes exploitations aux États-Unis et en Europe, associées aux accords bilatéraux, régionaux
et mondiaux de libre échange, empêchent les cultures des pays en développement de se faire
une place sur le marché. Le développement du commerce mondial a conduit à la
monopolisation et le contrôle par les oligopoles des marchés mondiaux des céréales, de la
banane, du cacao et du thé. Cela a nui au système alimentaire et n’a amélioré ni la sécurité ni
les droits des travailleurs. Leurs droits et leurs conditions de travail doivent être respectés dans
tous les cas, indépendamment de la taille de l’entreprise, qu’il s’agisse de petites ou grandes
entreprises, ou de multinationales.
Les investisseurs, principalement les gestionnaires de fonds spéculatifs, sont entrés sur le
marché des produits agricoles et recherchent de nouvelles alternatives d’investissement hors
des marchés traditionnels afin d’obtenir rapidement des bénéfices. L’importante augmentation
2
Dans le secteur alimentaire, le terme « financiarisation » fait référence à l’utilisation d’instruments
financiers liés au prix des produits, dont les cours en bourse (généralement par le biais de contrats à
terme), déterminent le prix de ces matières premières, selon http://www.lr21.com.uy/economia/468593financializacion-de-alimentos.
2
de l’investissement spéculatif, favorisée par la financiarisation du secteur, a été un facteur qui a
contribué à la hausse des prix des aliments de base.
Les trois grandes ressources, la terre, l’énergie et l’eau, sont confrontées à la même crise
d’inégalité, provoquée par la privatisation croissante et le contrôle par les entreprises privées
dominées par les dynamiques du marché. Si nous voulons que l’accès universel aux ressources
et aux services soit un objectif éminemment pratique, un changement des priorités mondiales
s’impose afin de mettre en place, sous l’égide des Nations Unies, un système d’échange
international efficace et représentatif permettant une redistribution à grande échelle.
Les gouvernements doivent exercer leur rôle de législateurs en vue d’une meilleure gestion
publique des ressources naturelles, que ce soit l’eau, l’énergie, la terre ou l’alimentation. Ils
doivent également exercer un contrôle direct sur plusieurs aspects concernant la gestion des
ressources par les institutions et la préservation des espaces publics, notamment dans le
domaine de la gestion de l’eau ou de la terre en tant qu’instrument important pour la création
d’emploi, la démocratisation de l’accès à la terre, une meilleure répartition des terres et une
utilisation rationnelle des ressources.
Pour relever ces défis, une démarche fondée sur les droits de l’homme est cruciale. Mais cette
« approche fondée sur les droits » n’est pas un simple élément des négociations de Río+20.
Les droits déjà acquis ne doivent pas être remis en question. Par exemple, le droit à
l’alimentation a été reconnu dans la Déclaration universelle des droits de l’homme en 1948,
ainsi que l’accès à l’eau, reconnu par l’Assemblée générale de l’ONU en 2010 et actuellement
remis en cause.
Afin d’attirer l’attention sur les enjeux actuels et à venir concernant la
fourniture des services de base aux personnes, nous lançons un appel
aux gouvernements pour :
1. Renforcer le rôle des États en tant que moteurs du développement durable, pour la mise en
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œuvre d’un projet de développement assurant un accès universel, égalitaire et
environnementalement responsable à des ressources de base de qualité et à des services
universels, durables et abordables.
Les gouvernements doivent reconnaître les limites du marché, de ses acteurs et de ses
dynamiques, dans le respect des trois dimensions de la durabilité. Ils doivent également
jouer un rôle plus direct dans la fourniture de ces services et ne pas se limiter à être les
garants des conditions du marché et du paiement des transactions.
Garantir un accès aux ressources égal pour les hommes et les femmes, pour les jeunes et
les personnes âgées, pour les populations urbaines et rurales.
Renforcer les systèmes nationaux de protection sociale pour permettre la fourniture directe
de ces services à la population : le logement social doit les intégrer progressivement.
Mettre en place des mécanismes de réglementation pour lutter contre la spéculation sur les
marchés des produits alimentaires et de l’eau.
Améliorer la démocratie dans le processus de prise de décisions, l’échange d’information et
les processus d’évaluation liés au contrôle et à la vente des ressources. Les agents privés
doivent être soumis à la même réglementation et aux mêmes mécanismes de redevabilité
que les organismes publics.
Respecter les conventions de l’OIT pour les services d’eau, la production d’aliments et
d’énergie. Améliorer les conditions de vie dans les zones rurales et éliminer l’exploitation au
travail, l’exploitation des enfants etc.
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8. Promouvoir des réformes agraires permettant aux petits producteurs, et en particulier aux
femmes, d’accéder à la propriété ; promouvoir l’agriculture écologique et l’utilisation de
semences autochtones.
9. Exiger la justification de la disponibilité réelle d’eau pour la satisfaction des besoins des
usagers existants de l’eau, comme condition indispensable à l’autorisation et l’exécution de
nouveaux projets impliquant une consommation importante de ressources hydriques.
10. Mettre en place des réglementations favorisant l’utilisation efficiente de l’eau et de l’énergie,
aussi bien pour les fabricants de technologie que pour les fournisseurs et les
consommateurs. Promouvoir des politiques de gestion de la demande et d’économie ainsi
qu’une planification intégrale.
11. Dans les pays où cela n’existe pas, créer un organisme public pour normaliser les
conditions de base de l’approvisionnement urbain, contrôler la qualité de la prestation des
services, garantir une gestion efficiente et le respect de l’environnement, et informer les
citoyens.
A Rio+20, les organisations syndicales s’engagent à :
1. Augmenter les campagnes sur les lieux de travail concernant l’efficience de l’utilisation des
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8.
ressources, la réduction de la consommation et la réutilisation, ainsi que les comportements
les plus appropriés au sein des ménages et des communautés.
Promouvoir des systèmes de production d’énergie propre, fondés sur les énergies
renouvelables (et soutenir les pays les plus vulnérables, notamment les États insulaires en
développement, qui ont lancé des initiatives pour atteindre des émissions de CO2 neutres,
voire négatives).
Intensifier nos efforts et mobiliser nos adhérents autour de la campagne sur le droit à l’eau :
faire pression sur les bailleurs de fonds nationaux et les institutions internationales
financières afin de faire adopter des politiques favorisant la gestion et la propriété publique ;
promouvoir la coopération entre les organismes publics de gestion de l’eau.
Soutenir les groupes communautaires pour le développement de modèles alternatifs de
services de distribution d’eau, d’assainissement et de production d’énergie.
Promouvoir des campagnes pour une agriculture plus écologique et contre l’utilisation des
transgéniques, et sensibiliser nos adhérents aux dangers de l’utilisation des produits
agrochimiques.
Favoriser une participation active des syndicats à la prise de décisions relatives à l’eau,
l’énergie et l’alimentation, et améliorer leurs connaissances et leur sensibilisation sur ces
sujets. On y inclura également la lutte pour les droits du travail et la lutte contre
l’externalisation et l’emploi précaire, ainsi que la défense de la transparence, de la
responsabilité, de la lutte contre la corruption et de la participation à la prise de décisions.
Favoriser l’investissement fondé sur la durabilité des fonds de pension.
Développer les capacités des syndicats au niveau régional dans le domaine de la
recherche et du développement de campagnes pour la durabilité.
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