Le Spectacle du cirque

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Le Spectacle du cirque
Histoire et sociologie de l’Art – Histoire du spectacle
Cours de M. Djedidi
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Le Spectacle du cirque :
(Ludi circenses)
Le cirque serait une réconciliation avec les anciennes distractions liées à l’exhibition et
aux combats d’animaux et aux performances physiques des olympiades grecques.
Le terme désigne à la fois le spectacle et son lieu de représentation (généralement un
chapiteau (grande tente circulaire qui recrée la forme de l’amphithéâtre romain). Le spectacle
de cirque est composé essentiellement de performances physiques exécutées tant par des
humains que par des animaux dressés (acrobatie, jonglage, jeux d’équilibre, domptage
d’animaux sauvages, équitation, tours de mains des maîtres prestidigitateurs)
Le cirque est peut-être le spectacle le plus vieux du monde. Il est le creuset de tous les
arts même si à ses débuts se rattachent des spectacles violents (gladiature), dangereux
(fréquentation des fauves) ou à risques (acrobatie).
On signale sa trace déjà à l’époque des pharaons, dans la Grèce antique et à Rome qui
en a fait un spectacle de masses (amphithéâtre)
1- L’antiquité : L’exemple du Cirque Maxime :
(Page d’un catalogue d’histoire de la ville de Rome)
La piste et les gradins
Le cirque romain était constitué d'une piste oblongue tournant autour d'un mur bas central, et
de gradins construits en maçonnerie, souvent sur arcades, ou plus simplement, en bois ou
même adossés sur un talus. Plusieurs de ces méthodes de construction pouvaient être
appliquées au même monument, pour compenser les accidents de terrain.
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2- Le Cirque, une histoire mouvementée
Il disparut en tant que forme de spectacle lié à un espace fixe au milieu du Moyen âge
et ses épisodes se maintiendront, un peu dans l’éclatement, à l’occasion des foires, dans
les lieux publiques.
Il ressuscite en Europe en tant que spectacle fixe au 16ème grâce aux tournois
hippiques encouragés par la bourgeoisie jalouse des joutes chevaleresques de
l’aristocratie.
ll prendra cependant, au 18ème sur le sol français, sa forme actuelle selon deux
modèles ; anglais (Phillip Ashley, émigré en France avant la révolution française) et
italien (Antonio Franconi qui hérita du même amphithéâtre) et dont la famille développa
par la suite les types de spectacle qu’on y donnait.
3- Le cirque dans le monde arabe et asiatique
Dans le monde arabe, depuis le 12ème siècle, l’équitation et l’apprivoisement des
faucons ainsi que les montreurs de singe constituent des fragments de spectacles liés au
monde du cirque et ce, dans les places publiques des villes magrébines.
Les égyptiens donnèrent au cirque, depuis le 16ème siècle, les numéros d’équilibrisme
sous forme de pyramide humaine que l’on retrouvera après chez les asiatiques. Au 19ème
et début du 20ème siècle, les égyptiens constituèrent leurs propres cirques sous forme de
familles (Cirque Akef, cirque al-Hélou). Les performances de certains membres de ces
familles alimentèrent après le cinéma et les théâtres de Music Hall. L’exemple de Naïma
Akef (ex-propriétaire d’un cirque devenue comédienne) permet de souligner ce
phénomène d’émigration dans le monde du spectacle.
4- Renaissance et dynamique du cirque occidental
C’est vers 1820, que le chapiteau est créé par un certain Howes. Ce nouvel habillage
des pistes facilite la mobilité des cirques, bien que nombre d’entre eux se produisent
encore dans des espaces en dur.
Au cours du XIXème siècle, les animaux étaient exhibés dans des cages roulantes
placées autour des cirques ; le public venait alors voir le repas des fauves ou l’entrée du
dompteur dans la cage. Le français Martin fut un des premiers à faire une incursion dans
la cage aux fauves en 1831.
L’après seconde guerre mondiale va marquer un lent déclin du cirque traditionnel
jusqu’aux années 70. Entre 1970 et 1980, les faillites se succèdent et de grandes enseignes
disparaissent (Amar, Médrano…). L’émergence d’une nouvelle forme de cirque et d’un
nouvel esthétisme va redynamiser cet activité. Les formes traditionnelles vont, quant à
elles, se rattacher à ces exhibitions d’un autre temps. Si la décolonisation a redonné sa
dignité à l’homme, l’animal quant à lui n’a pu quitter les voitures-cages qui
l’emprisonnent.
5- Evolution du spectacle du cirque dans le monde occidental
Cirque traditionnel
Environ 200 en France.
Cirque contemporain
350 compagnies (Cirque plume, Archaos,
Arts sauts, cirque baroque, les oiseaux fous,
Tribu Iota…)
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Né en 1768, puis mutation
un siècle plus tard.
Né dans les années 1970
Les artistes sont, pour la
plupart,
formés au sein même de la
famille.
Les artistes ont, pour la plupart, été formés
dans des écoles.
Les numéros se succèdent
sans véritable logique.
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D’autres disciplines étrangères au cirque
traditionnel (chorégraphie, théâtre…) sont
introduites sur la piste et l’ensemble suit
une
trame
générale.
Cette nouvelle forme contemporaine
cherche souvent à délivrer un message.
Etablissements
indépendants.
Chevaux. A partir de 1768
Animaux exotiques depuis
la fin du XIXème siècle :
présence étroitement liée à
l’histoire coloniale.
Des cirques traditionnels
tels que le cirque Roncalli
en Allemagne ou le cirque
Imagine en France n’ont
pas d’animaux.
Cirques travaillant souvent avec d’autres
structures culturelles.
Absence quasi généralisée d’animaux.
Quelques cirques (Zingaro, Théâtre du
Centaure) utilisent le cheval, « mis au
service d’un propos théâtral qui n’a rien à
voir avec l’exhibition animalière »
Le cirque Plume dans son spectacle No
animo, mas anima remplace le chien par un
homme (l’homme-chien) « c’était une
manière de remettre l’homme parmi les
animaux (…) C’est cela cette idée de « faire
l’animal », d’y revenir. Nous sommes des
animaux, on ne peut pas oublier cette
dimension. Ce serait extrêmement
dangereux pour notre liberté.».
Archaos remplace les chevaux par des
motos…
Circus Baobab (Guinée), les artistes
interprètent le rôle des singes.
Le Théâtre équestre ou le cirque théâtre de Bartabas
I- Bartabas, l’homme et l’artiste
Bartabas est un surnom, celui de Clément Marty (né le 2 juin 1957), dompteur
dresseur de chevaux et excellent cavalier de nationalité française.
Bartabas est aussi un artiste scénographe et chorégraphe de ses propres créations où
les chevaux jouent un rôle de premier ordre, ils sont un peu les acteurs de ses spectacles qui
continuent à intéresser un grand public désormais fidèle. Ses créations se jouent souvent à
guichet fermé.
Mais qui est-il ?
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« Si l’on veut vraiment une biographie, la voici : le Théâtre emporté [1976] fut son
adolescence et son utopie. Le Cirque Aligre, sa jeunesse provocante, pleine de rage
animale. Zingaro, l’entrée dans l’âge adulte, le sacre du centaure dans une cathédrale
de bois blond. Opéra équestre, Chimère, Eclipse, Triptyk et Loungta : de l’art pur,
neuf et total où entrent ensemble, et pour la première fois dans l’histoire, du théâtre
équestre, de la danse, des musiques du monde, du silence, de la poésie, des jeux, de la
sculpture vivante, de l’érotisme, de la mystique et des émotions universelles. Même au
cinéma, il brise les lois académiques : Mazeppa, c’est de la peinture à l’huile et au
sang, Chamane, un éloge de la fuite sans retour. Versailles, enfin, où Bartabas, au
mitan de sa vie, se réconcilie avec le passé, retrouve Couperin sans renier Boulez,
piaffe dans le manège royal sans être infidèle à l’esprit des révolutions, salue les
maîtres
de
jadis
pour
former
les
générations
de
demain.
En France, vieille terre de création devenue une nation d’imitateurs, il y a
heureusement Bartabas. Il a inventé ce qui n’existait pas, il façonne avec ses seules
mains de la beauté éphémère, il ne ressemble à personne, sauf à lui-même, qui reste
une énigme -seuls les chevaux savent la résoudre, mais ils ne parlent pas davantage
que les dieux. » Jérôme Garcin, Journaliste
« Bartabas, pèlerin gitan, écuyer de Versailles, chaman de Sibérie, Molière en selle,
chef de cirque, de troupe, d’écurie, qui n’en finit pas de commander, en marge du
monde réel, l’armée pacifique des rêves. »
« La confrontation directe d’élèves à l’excellence technique et artistique du travail de
Bartabas est un des éléments essentiels du projet. Rappelons en effet que son travail à la tête
de Zingaro, jugé partout en Europe et dans le monde comme un art à la fois exigeant et
populaire, repose sur un double mouvement : celui, ancestral et patient, qui le conduit à
réinventer chaque jour, dans l’éternel cercle de la piste, le rapport de l’homme et du cheval et
celui qui l’entraîne à s’inscrire dans la modernité, à dialoguer avec les arts d’aujourd’hui,
qu’il s’agisse de la musique, de la danse, de l’architecture, de la sculpture, du cinéma, de la
vidéo »
II- Le parcours de l’artiste
• Parcours atypique diraient les uns, logique diraient d’autres : l’artiste de la scène est
passé à la piste avec pour acteurs complices, des chevaux et des cavalières rompues à
toutes les disciplines.
• lors de ses premiers pas dans le théâtre, il s’est largement inspiré de la Commedia
dell’Arte).
Ses créations furent d’abord remarquées au Festival Off d’Avignon dès 1977. où
il créa l’Alchimiste au Théâtre du Chapeau rouge.
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1978 : il surprit ses fidèles en créant : La Foire aux Patrons et fit une tournée
internationale.
1979 : il récidive et Co-fonde le Cirque Aligre - Festival off d’Avignon. Et fit, après,
une tournée en France, en Espagne, au Suéde, au Norvège, en Allemagne et en
Belgique.
C’est en 1984 qu’ il crée le théâtre équestre Zingaro et constitue une troupe presque
exclusivement composée de femmes. Il lui a donné le nom du cheval fétiche de la troupe
qui était noir (Frison). Le mot zingaro signifie aussi en italien tzigane.
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* 1984/87 Conception et mise en scène de Cabaret Equestre I
Création au Festival SIGMA Bordeaux. Tournées en France dont 4 mois à Paris, Suisse,
Espagne, Allemagne.
* 1987/89 Conception et mise en scène de Cabaret Equestre II
Création au Festival off d’Avignon. Tournées en France dont 7 mois à Paris, Italie,
Danemark, Suisse, Belgique.
• En 2002 /2003, il va diriger l’académie du spectacle équestre dans le Manège des
Grandes Ecuries du Château de Versailles. Derrière cette initiative, il y avait
l’intention d’assurer la passation de ce patrimoine et de l’élever au rang des arts du
spectacle. Il y organisa deux spectacles :
• Le premier intitulé : Le Chevalier de St George, un Africain à la cour inspiré de la
vie de Joseph de Bologne 1745 - 1799), violoniste et compositeur de son vivant.
• Le deuxième : Voyage aux Indes Galantes, est une œuvre inspirée de la vie de René
Madec.
La raison d’être de l’Académie est incontestablement le travail des chevaux pour une
équitation de Haute École, où légèreté, aisance et expression invitent à une recherche sans fin.
La confrontation artistique de différentes disciplines en fait de toute évidence l’originalité,
contribuant ainsi à développer la sensibilité esthétique et le tact équestre des écuyers.
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III- Un théâtre équestre ouvert aux autres cultures
Bartabas visite les cultures du monde dont il convie parfois les artistes à ses spectacles
où la recherche sur la musique est évidente. La musique fait partie de ses spectacles et
y occupe aussi une place de choix.
En Turquie, et plus particulièrement à Istanboul, il présente une grande cavalcade qui
restitue une fresque de la vie tzigane. Le spectacle fut donné Le 5 mai 2006 et ne fut
pas exempt de quelques clichés comme le voleur de sac ou le patriarche avare qui
furent interprété comme un soufflet administré aux auteurs de préjugés.
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En Juin 2006 (le 3 et 6 juin) Bartabas fait une prestation au Maroc où il présenta à
Fès un spectacle intitulé : Lever du soleil" au Maroc avec son cheval Caravage et deux
grands musiciens turcs de sensibilité soufie. Il s’agit de Nezih Uzel et Kutsi Erguner,
les mêmes qui interprétèrent le même spectacle en Juin 2006, toujours, à Paris dans
les Jardins de Bagatelle.
•
En 2007-2008 il avait l’intention de faire le tour de quelques pays asiatiques mais un
malentendu avec la Ministre de la culture le cloue sur place
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•
•
Dans l’une des notices sur ses spectacles, en l’occurrence Battuta, on lit :
« Bartabas a voulu cette année retrouver une liberté liée à la notion de danger
entraînant sa troupe dans une nouvelle création inspirée par les TZIGANES. Les 45
chevaux et artistes sont littéralement emportés par les deux groupes de musiciens
roumains, une fanfare de cuivres de Moldavie et un ensemble à cordes de
Transylvanie. Allègre et inquiétant, BATTUTA se joue de la prouesse comme de la
vitesse, nous parle du temps et de la mémoire, et renoue avec la veine populaire et le
sens du spectacle festif de la troupe. »
VI- Bartabas et le cinéma
• Il réalisa aussi des Films et repris les univers de ses spectacles équestres :
• 1989 - Zingaro, film en 16mm.
1992 : Mazeppa film en 35 mm qui raconte la vie du peintre Théodore Géricault et du
maître équestre Franconi.
• 1993
Opéra
Equestre
film
en
vidéo
haute
définition.
1996 : Chamane qui raconte la longue épopée à cheval d'un échappé du goulagà
travers la taiga.
V- Œuvres de Bartabas
1976 co-fondateur du Théâtre Emporté
• 1979 co-fondateur du Cirque Aligre
• 1984 co-fondateur du Théâtre Equestre Zingaro
• 1984 Cabaret Equestre I
• 1987 Cabaret Equestre II
• 1989 installation du Théâtre Equestre Zingaro à Aubervilliers
• 1989 Cabaret Equestre III
• 1991 Opéra Equestre 1992 Mazeppa long métrage de fiction
• 1994 Chimère
• 1995 Chamane long métrage de fiction
• 1997 Eclipse
• 2000 Triptyk le spectacle ira Tokyo, Sydney et Los Angeles en 2002-2003
• 2003 ouverture de l’Académie du spectacle équestre à Versailles
• 2003 Loungta, les chevaux de vent
• 2004 Le Chevalier de Saint George, un Africain à la cour
• 2004 Entr’aperçu
• 2005 Voyage aux Indes Galantes
• 2006 Battuta
• 2006 Récital Equestre avec l’Académie du spectacle équestre et Alexandre Tharaud

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