JEAN COCTEAU
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JEAN COCTEAU
IntÉgrale Jean Cocteau Du vendredi 2 au mercredi 28 octobre 2009, CINÉCINÉMA CLASSIC rend hommage au poète, graphiste, dessinateur, dramaturge et cinéaste Jean Cocteau. Treize films, grands classiques ou perles rares, réalisés, adaptés ou scénarisés par Cocteau et deux documentaires, pour découvrir ou revoir l’œuvre cinématographique singulière, poétique et fantasque de celui qui a introduit le surréalisme dans le cinéma français. Chaque vendredi à 20H40 et à l’occasion de trois soirées spéciales. Plongez dans l’univers onirique de cet artiste de génie sur CINÉCINÉMA CLASSIC. Vendredi 2 octobre 2009 20H40 LA BELLE ET LA BÊTE 22H15 LE SANG D’UN POÈTE Vendredi 9 octobre 18h45 JEAN COCTEAU, PORTRAIT SOUVENIR 20H40 L’AIGLE A DEUX TÊTES Vendredi 1 octobre SOIRÉE terrible famille 19h35 LA VILLA SANTO SOSPIR 20H14 COCTEAU S’ADRESSE A L’AN 2000 20H40 LES PARENTS TERRIBLES 22H55 LES ENFANTS TERRIBLES Vendredi 23 octobre SOIRÉE ITINÉRAIRE D’UN POÈTE 20H40 ORPHÉE 22H15 LE TESTAMENT D’ORPHÉE 23H35 LE SANG D’UN POÈTE 00H25 COCTEAU S’ADRESSE A L’AN 2000 Mercredi 28 octobre SOIRÉE COCTEAU SCÉNARISTE 20H05 LE BEL INDIFFÉRENT 20H40 L’ÉTERNEL RETOUR 22H30 RUY BLAS 00H05 LA PRINCESSE DE CLÈVES Cocteau... l’enfant terrible Esthète au tempérament de dandy, Jean Cocteau se passionne pour l’art sous toutes ses formes, ne s’imposant aucune frontière intellectuelle : on le retrouve tour à tour romancier, dramaturge, cinéaste, graphiste, mais il touche aussi à la danse ou à la musique. L’ambition d’un art total trouve son incarnation dans le personnage de Jean Cocteau. Il côtoie toutes les grandes figures qui ont marqué la vie artistique de son époque : on retient sa relation passionnée avec l’acteur Jean Marais, son amitié avec Edith Piaf pour qui il écrivit “Le Bel indifférent”, son admiration pour le chorégraphe Diaghilev qu’il considère comme son maître, ainsi que ses innombrables collaborations artistiques, notamment avec Picasso, Coco Chanel, Satie ou encore François Truffaut. Il connut de nombreux succès qui lui permirent de passer à la postérité : il fut ovationné pour nombre de ses œuvres (LA BELLE ET LA BÊTE, LES ENFANTS TERRIBLES…), présida le jury du Festival de Cannes et siégea à l’Académie française. Mais la vie et l’œuvre de Cocteau ont leur part d’ombre et de subversion, comme son addiction à l’opium et les nombreux rejets qu’il a subis faute de n’avoir jamais caché son homosexualité. Il faut dire que l’artiste fuit le formel et le banal et recherche un art inédit. C’est d’ailleurs pour qualifier son opéra “Parade” que le mot surréaliste est employé pour la première fois par Guillaume Apollinaire. C’est avec LE SANG D’UN POÈTE qu’il fait son entrée dans le cinéma. Si on retrouve les thèmes qui lui sont chers comme l’amitié, la beauté, la magie et les amours impossibles, Cocteau trouve, grâce au cinéma, une nouvelle façon de créer. Les techniques cinématographiques le forcent à travailler son esthétique pour faire de chaque œuvre “un document réaliste d’événements irréels” selon ses propres mots. Personnage à la fois subversif et mondain, novateur et inscrit dans une tradition, sa carrière fut rythmée par les lauriers comme par les scandales. Quarante ans ont passé et Cocteau continue de nous dérouter. Sacha Masour rand Boulevard Jean Cocteau par Pierre Berge 26 min Dans un salon de l’hôtel Scribe, avenue Marceau, Jean-Jacques Bernard rencontre Pierre Bergé, à l’occasion d’un GRAND BOULEVARD exclusif consacré à Jean Cocteau. Pierre Bergé reste marqué par sa rencontre, très jeune, avec le poète cinéaste. Grand connaisseur de l’œuvre du génial touche-à-tout, il revient pour nous sur les films de l’intégrale Cocteau diffusée sur CINÉCINÉMA CLASSIC, en livrant ses souvenirs, ses points de vue et analyses sur chacun d’eux. Président du Comité Jean Cocteau, maître d’œuvre du projet de “Maison Cocteau” à Milly-la-Forêt, Pierre Bergé est aujourd’hui titulaire exclusif du droit moral sur l’œuvre du cinéaste. Jean Cocteau Portrait souvenir. Un documentaire réalisé par Paul Seban, commenté par Stéphane Roger. 1964 – 35 min – France Une production ORTF Sous la direction de Paul Seban et au rythme du commentaire de Stéphane Roger, se dessine le portrait de Jean Cocteau, un artiste complet : poète, dramaturge, dessinateur, peintre, cinéaste. Un homme généreux qui redoute le monologue et préfère répondre aux questions du commentateur. Au fil du documentaire, des images d’archives – dessins, caricatures, photos – viennent illustrer ses souvenirs d’enfance et les événements qui l’ont marqué, comme l’affaire Dreyfus. Jean Cocteau évoque les personnalités qui ont influencé son art et qui ont compté dans sa vie : la famille Rostand, et surtout Edmond Rostand, les ballets russes, Sarah Bernhard, Coco Chanel, Igor Stravinski, Picasso, Jean-Paul Sartre, Maurice Ravel, Claude Debussy… Un document rare qui met à nu le génie touche à tout Jean Cocteau. Jean Cocteau s’adresse a l’an 2000 Un film de Jean Cocteau, 1963 - 25 min - France Dans la salle à manger de la villa Santo Sospir à Saint-Jean-Cap-Ferrat, Jean Cocteau s’adresse à la jeunesse de l’an 2000 en philosophant sur la sienne et celle de 1962, comparant les mentalités des différentes époques. La caméra se rapproche, puis Jean Cocteau, filmé en gros plan, évoque ce que représente pour lui la poésie. Il donne sa définition du poète, “un intermédiaire, un médium de cette force mystérieuse qui l’habite”, avant d’aborder plus largement le rôle de l’artiste et la notion de “génie”. Il commente son besoin de peindre, la nécessité de travailler de ses mains, ce qui permet à sa tête de se reposer et se ressourcer. Il traite du progrès technique, de la science, et s’interroge sur le fait que le progrès ait pu, au fil des siècles, être stoppé par l’intolérance et l’incompréhension, en particulier religieuses. Jean Cocteau par Jean Cocteau, un document rare et passionnant restauré par les Archives françaises du film. Cinexport Jean Cocteau s’adresse a l’an 2000 La Belle et la Bete Un film de Jean Cocteau, avec Jean Marais, Josette Day, Michel Auclair et Marcel André. 1946 - 90 min - France Belle, la fille d’un marchand au bord de la faillite, se consacre aux travaux ménagers alors que ses sœurs égoïstes ne songent qu’aux mondanités. Un jour, son père part en voyage d’affaires et se perd dans les bois. Il passe la nuit dans un étrange château où les objets s’animent. Au matin, alors qu’il cueille une rose pour la rapporter à Belle, la Bête, propriétaire des lieux, surgit et lui ordonne de lui ramener une de ses filles pour laver l’affront. Belle se dévoue. Jean Cocteau adapte le conte de Jeanne-Marie Leprince de Beaumont et signe une pépite hors du temps. Sa mise en scène inventive, la musique, les décors féeriques, l’incroyable maquillage de Jean Marais, les effets visuels simples mais efficaces nous font pénétrer dans un univers étrange et merveilleux. La magie du cinéma anime l’antre de la Bête, où les chandeliers s’allument tout seul, les carafes versent le vin sans aide, les statues suivent du regard les résidents en fumant lentement. Un univers onirique créé pour le spectateur à qui Jean Cocteau demande, dans un préambule magistral et poétique, de retrouver sa naïveté d’enfant, celle qui rend l’impossible possible. La question du double, du personnage aux multiples facettes reflétant la complexité de l’être humain, transparaît ici grâce à Jean Marais, qui interprète trois personnages : la Bête, Avenant et le Prince. L’acteur fétiche de Jean Cocteau donne la réplique à la superbe Josette Day, hésitante face aux tromperies de l’apparence. Prix Louis Delluc en 1946 © SNC La Belle et la Bete Le Sang d’un poete Un film de Jean Cocteau, avec Enrique Rivero et Elizabeth Lee Miller. 1930 - 50 min - France Sur l’injonction d’une statue douée de vie, un poète plonge dans un grand miroir et découvre, de l’autre côté, un monde étrange et fascinant. Commandé par Charles vicomte de Noailles (qui a également financé L’AGE D’OR de Buñuel), ce premier long-métrage de Jean Cocteau après JEAN COCTEAU FAIT DU CINÉMA (1925) tourné en 16 mm et dont l’unique copie fut perdue, devait être un film d’animation. Finalement tourné en prises de vues réelles, LE SANG D’UN POÈTE a souvent été associé au mouvement surréaliste en raison de sa forte dimension symbolique et de ses références au rêve. Cocteau, qui qualifie son film de “rêve dormi debout”, signe un chef-d’œuvre de poésie cinématographique s’intéressant au rôle du poète et aux affres de la création, thèmes récurrents dans son œuvre. LE SANG D’UN POÈTE interroge les possibilités poétiques du cinéma grâce à l’emploi d’effets visuels remarquables, comme celui qui substitue une piscine à un miroir, permettant au protagoniste de le traverser. La notion de franchissement des dimensions est au cœur de ce film où les repères sont sans cesse brouillés, notamment grâce au jeu des perspectives. Un hommage aux peintres tel que Piero Della Francesca, qui expérimenta cette technique visant à donner une impression de volume (trois dimensions) à partir d’une image plate. Dans ce premier opus d’une trilogie consacrée à Orphée, on trouve déjà les thèmes du regard, du passage et de l’initiation qui vont parcourir tout le “cycle orphique”, jusqu’au TESTAMENT D’ORPHÉE, en 1959. Sacha Masour Le Sang d’un poete L’Aigle a deux tetes Un film de Jean Cocteau, avec Edwige Feuillère et Jean Marais. 1948 - 93 min - France A l’aube du XXème siècle, recluse dans ses appartements, une jeune reine assume le poids du veuvage et la pression de son entourage. Le chef de la police fomente un complot avec l’aide d’un groupe d’anarchistes et envoie Stanislas, sosie du roi défunt, pour la tuer. Le jeune homme s’introduit chez la souveraine et s’éprend de la belle. Tous deux vivent une romance passionnée de trois jours mais leur amour ne peut avoir qu’une issue tragique. Jean Cocteau adapte sa pièce, véritable triomphe sur les planches. Le dramaturge et cinéaste conte l’histoire d’une passion fulgurante, intense et insensée, se déroulant dans un climat de lutte de pouvoirs. Edwige Feuillère incarne la jeune reine, inspirée par Elizabeth d’Autriche, plus connue sous le nom de Sissi, morte assassinée par un anarchiste. La comédienne propose un personnage désespéré qui, attendant la mort, s’éprend du sosie de son mari brillamment incarné par Jean Marais. Cette romance confronte une reine d’esprit anarchiste et un anarchiste d’esprit royal, et traite d’un amour impossible, thème cher à Cocteau. La présence d’un sosie renvoie à la notion de double déjà présente dans LA BELLE ET LA BÊTE et que l’on retrouve dans le RUY BLAS de Pierre Billon, adapté par Cocteau. L’interprétation magistrale des deux acteurs sublime cette histoire d’amour et lui donne toute la puissance d’une tragédie antique. Roger Corbeau L’Aigle a deux tetes La Villa Santo Sospir Un film de Jean Cocteau, avec Jean Cocteau, Francine Weisweiller, et Edouard Dermithe. 1951 - 37 min - France Jean Cocteau ouvre les portes de la Villa Santo Sospir, propriété de son amie Francine Weisweiller à Saint-Jean-Cap-Ferrat, qu’il décore depuis un an. L’origine de ce film vient de la rencontre entre Jean Cocteau et Francine Weisweiller, alors que le montage des ENFANTS TERRIBLES venait de s’achever. Nicole Stéphane présente la jeune femme au poète et une amitié de treize ans débute. Sentant Cocteau fatigué, Francine Weisweiller le convie dans sa maison du Midi. Le génie débarque, contemple les murs blanchis à la chaux et constate qu’ils crient “leur silence à tue-tête”. Cocteau, armé de crayons, pinceaux et fusains, leur donne peu à peu la parole. Dans ce film peu connu, que Jean Cocteau présente comme une œuvre amateur faite par un professionnel, le poète montre et commente la fascinante demeure. Une visite au cours de laquelle transparaissent les grands thèmes du maître que sont la création, la vie, la mort et les mythes originels. Cocteau, caméra à l’épaule, parcourt la villa dont les sols, murs, plafonds sont tatoués de ses fresques symboliques. Ses coups de crayon semblent doter la villa de vie, à l’image de ces portes dessinées qui s’ouvrent toutes seules. Dans ce moyen-métrage, Cocteau poursuit sa réflexion sur l’acte créateur qui passe aussi par la destruction. Il questionne le cinéma, cet art fascinant qui permet de manipuler le réel et dote le poète du pouvoir de donner la vie. Ainsi, une fleur déchirée se recolle, un dessin effacé réapparaît. Une réflexion et des procédés que l’on retrouvera dix ans plus tard dans son ultime film : LE TESTAMENT D’ORPHÉE. Cinexport La Villa Santo Sospir Les Parents terribles Un film de Jean Cocteau, avec Jean Marais, Josette Day et Yvonne de Bray. 1948 - 105 min - France Michel, 22 ans, aime Madeleine et souhaite l’épouser. Il se heurte à la désapprobation de ses parents. La mère refuse de voir partir son fils aimé et le père a pour maîtresse la future mariée. Léonie, la tante qui les héberge, va essayer d’arranger la situation. Après L’AIGLE A DEUX TÊTES, Jean Cocteau transpose une autre de ses pièces à l’écran en conservant la même distribution que sur les planches et en soulignant le côté théâtral, comme en témoignent les trois coups à la fin du générique. “Il fallait, déclare-t-il, le cinéma pour que le projet théâtral s’exprimât enfin librement et que LES PARENTS TERRIBLES devinssent évidemment une tragédie de l’appartement où l’entrebâillement d’une porte peut prendre plus de sens qu’un monologue sur un lit.” Ce film est également l’occasion pour le réalisateur de réunir le couple Jean Marais et Josette Day, immortalisé dans LA BELLE ET LA BÊTE, qu’il place au centre de ce huis clos étouffant. A noter : Cocteau déléguera la réalisation du pendant des PARENTS TERRIBLES à Jean-Pierre Melville, qui signe en 1950 LES ENFANTS TERRIBLES. Roger Corbeau Les Parents terribles Les Enfants terribles Un film de Jean-Pierre Melville, avec Nicole Stéphane, Edouard Dermithe, Renée Cosima et la voix de Jean Cocteau. Scénario de Jean Cocteau et Jean-Pierre Melville D’après Jean Cocteau 1950 - 101 min - France Elisabeth quitte rarement son appartement parisien. Elle prend soin de sa mère infirme, et de son frère Paul. A la mort de leur mère, le frère et sa sœur se confinent dans leur appartement avec Gérard, un ami, puis Agathe qui ressemble étrangement à une version féminine de Dargelos, séduisant camarade de classe de Paul. Elisabeth se marie avec Michael, un Américain qui décède le lendemain des noces. La veuve hérite d’un hôtel particulier où elle s’installe avec ses compagnons. Mais Paul et Agathe s’éprennent l’un de l’autre, au grand dam d’Elisabeth… Pour son deuxième long-métrage, Jean-Pierre Melville adapte le roman de Jean Cocteau. Il signe un huis clos réalisé en collaboration avec l’auteur, qui participe à l’écriture du scénario, cosigne les dialogues et dont la voix étrange et envoûtante résonne tout au long du film. La beauté du texte, des dialogues, et du commentaire fait écho à la beauté des images et à la souplesse de la réalisation qui crée un univers intemporel et poétique. A noter : l’influence de Cocteau se retrouve également dans la distribution. Le personnage de Paul est incarné par Edouard Dermithe, compagnon de l’époque du poète (et fils adoptif), qui donne la réplique à la lumineuse Nicole Stéphane, inoubliable dans ce personnage ambigu de sœur possessive, manipulatrice, à la limite de la perversion. Teledis Les Enfants terribles Orphee Un film de Jean Cocteau, avec Jean Marais, Maria Casarès, François Périer, Marie Déa, Edouard Dermithe et Juliette Gréco. 1949 - 91 min - France Orphée, un célèbre poète, délaisse sa femme Eurydice pour écouter les messages obsédants que lui fait parvenir la Mort par l’intermédiaire d’une radio. Lorsque son épouse meurt, Orphée décide de se rendre dans le monde des morts. Il passe au travers d’un miroir, et rejoint l’univers où son épouse et la Mort cohabitent désormais. Mais laquelle est-il venu chercher ? Jean Cocteau revisite le mythe d’Orphée en le modernisant dans une œuvre fascinante parcourue de symboles et de métaphores. Le cinéaste se sert de la technique cinématographique pour faire vivre son univers onirique et signe une mise en scène remarquable de modernité. Une tragédie teintée de surréalisme, où la Mort, sous les traits de la charismatique Maria Casarès, envoûte, séduit Orphée, jusqu’à contrarier son amour pour Eurydice. De cette œuvre majeure, Jean Cocteau dit : “C’est un film qui met cinématographiquement en œuvre le plus vrai que le vrai, ce réalisme supérieur, cette vérité que Goethe oppose à la réalité et qui sont la grande conquête des poètes de notre époque.” Orphee Roger Corbeau Le Testament d’Orphee Un film de Jean Cocteau, avec Jean Cocteau, Edouard Dermithe, Maria Casarès, Jean-Pierre Léaud, Jean Marais, François Périer et Yul Brynner. 1959 - 77 min - France Frappé par une balle, le poète Jean Cocteau rebondit dans un autre temps, où il retrouve ses propres créations : le jeune Cégeste, la Princesse, le fidèle Heurtebise. Ils le condamnent à la vie pour crime d’innocence. Portant en guise de talisman une fleur d’hibiscus, Cocteau reprend sa route et va explorer la “zone intermédiaire”. Là continuent de vivre ses divinités et ses symboles favoris. Réalisé grâce à Truffaut et dédié à la nouvelle vague, ce film à la frontière de l’expérimental mêle les personnages d’ORPHÉE, des hommes chevaux mais également des personnalités prestigieuses comme Pablo Picasso, Lucia Bose, Charles Aznavour, Alice Sapritch, Luis-Miguel Dominguin, Serge Lifar. Ultime film de Jean Cocteau, ce chef-d’œuvre constitue un véritable testament sous forme de déclaration d’amour pour le cinéma. Le cinéaste propose une réflexion extrêmement riche sur le septième art et sur la création en général. Sacha Masour Le Testament d’Orphee Un film de Jacques Demy d’après Jean Cocteau, avec Jeanne Allard et Angelo Bellini 1957 - 29 min - France Dans une chambre d’hôtel, une femme crie sa solitude et son désespoir à son amant qui n’en a que faire. Lorsqu’il s’en va, elle promet malgré tout de l’attendre. En 1956, Jacques Demy rencontre Jean Marais sur le tournage de SOS NORONHA où il est l’assistant réalisateur de Georges Rouquier. Par son intermédiaire, il fait la connaissance de Jean Cocteau qui lui confie les droits de sa pièce en un acte initialement prévue pour être interprétée par Edith Piaf et Paul Meurisse. Il l’adapte en 1957 et remplace la distribution initiale par Jeanne Allard, une actrice inconnue, et Angelo Bellini, un jeune homme recruté dans la rue. L’acteur reste muet pendant la demi-heure du film face au monologue de la femme qui souffre d’être délaissée. Jacques Demy signe un huis clos étouffant et angoissant à la mise en scène quasi statique, qui laisse entrevoir tout le talent du futur grand cinéaste. Jean-Luc Godard décrira le film ainsi : “Un décor d’une beauté folle tapissé par le sang du poète ou carrelé de cet azur qui donnait la fièvre à Rimbaud. Un décor signé Bernard Evein qui a permis à Jacques Demy de jouer placé, rigueur absolue, beauté fatale, tragique évident. C’est le plus sensationnel tiercé de toute l’histoire du cinéma français.” © Ciné Tamaris L’Eternel Retour Un film de Jean Delannoy, avec Jean Marais, Madeleine Sologne, Yvonne de Bray Scénario et dialogues : Jean Cocteau 1943 - 103 min - France. Richissime, Marc vit dans un château, entouré des siens. Parmi eux, son neveu Patrice, que les autres détestent en raison de sa proximité avec le maître des lieux, dont ils espèrent tous hériter. Un jour, Patrice vient au secours d’une belle orpheline, Nathalie. Il la ramène au château, pensant lui faire épouser Marc. La jalousie des envieux se déchaîne alors et, pensant les empoisonner, ils font boire à Patrice et Nathalie un philtre d’amour. Sorti en France sous l’Occupation, L’ÉTERNEL RETOUR fait partie des œuvres les mieux accueillies à l’époque. Le succès populaire s’associe à celui de la critique qui n’hésite pas à parler d’“inoubliables eaux fortes”, de “film unique sur un thème éternel”. Jean Delannoy et Jean Cocteau s’inspirent de la traduction de Joseph Bédier de la légende du XIème siècle pour signer une adaptation moderne contemporaine du mythe de Tristan et Yseult. Comme l’explique Jean Cocteau dans le préambule du film, celle-ci est plutôt envisagée comme une renaissance de la légende plus qu’une transposition moderne. L’ÉTERNEL RETOUR marque l’entrée cinématographique de Jean Marais dans l’univers de Cocteau. L’acteur atteint la consécration dans ce rôle de jeune premier brûlant d’amour pour la belle Madeleine Sologne. Mention spéciale à Yvonne de Bray pour sa première à l’écran. © SNC L’Eternel Retour Ruy Blas Un film de Pierre Billon, avec Danielle Darrieux, Jean Marais et Marcel Herrand. Scénario : Jean Cocteau d’après Victor Hugo 1947 - 98 min - France Sur fond de complot contre la couronne, la tragique histoire d’amour entre un homme du peuple, Ruy Blas, et la reine Maria de Neubourg. Jean Cocteau adapte le drame de Victor Hugo paru en 1838, dans lequel figurent des thèmes chers au poète : le double et l’amour impossible à l’issue fatale. Cocteau opère quelques changements dans l’intrigue imaginée par Victor Hugo en modifiant, dans la scène d’exposition, le rapport entre Salluste et Ruy Blas, et en ajoutant une dimension tragique à la passion initiale qui anime l’étudiant et la souveraine. Le héros est interprété par Jean Marais, qui tient aussi le rôle de don César de Bazan. A ses côtés, Danielle Darrieux propose une interprétation puissante en reine soumise aux affres du destin. Ce film à la mise en scène académique brille par ses décors somptueux inspirés des peintures espagnoles de Vélasquez, qui, bercés par une lumière sombre, présagent la mort qui menace à chaque détour de couloir. © SNC Ruy Blas La Princesse de Cleves Un film de Jean Delannoy, avec Marina Vlady, Jean Marais, Jean-François Poron, Lea Padovani, Henri Piégay et Piéral. Scénario de Jean Cocteau d’après Mme de La Fayette 1961 - 108 min - France-Italie A la cour du roi Henri II, la princesse de Clèves, mariée depuis peu, fait la connaissance de M. de Nemours, un séduisant duc. Elle en tombe passionnément amoureuse, mais refuse de céder à ses sentiments, ayant promis une fidélité éternelle à son époux. En 1944, immédiatement après le tournage de L’ÉTERNEL RETOUR, Cocteau et Delannoy envisagent d’adapter “La Princesse de Clèves” avec dans les rôles titres Jean Marais, Danielle Darrieux et Alain Cuny. Mais la fin de la guerre et l’hégémonie du cinéma américain ont raison du projet. Dix-sept ans après, les deux artistes se retrouvent pour signer une adaptation très fidèle du roman de Mme de La Fayette. Une entreprise audacieuse et réussie qui voit s’allier à merveille la poésie du réalisateur de LA BELLE ET LA BÊTE et l’art de la mise en scène et de la composition de Jean Delannoy. Par de judicieux choix d’adaptation et de réalisation, le film acquiert une puissance d’émotion bouleversante, portée par l’interprétation habitée de Marina Vlady (qui reprend le rôle de Danielle Darrieux), et Jean Marais. Delannoy et Cocteau construisent leur film autour de l’opposition entre les pulsions et la maîtrise extrême des sentiments, qui triomphera finalement, faisant du personnage de Mme de Clèves un modèle de fidélité, une femme vertueuse qui ne pourra trouver d’autre échappatoire que la mort. Studiocanal La Princesse de Cleves