Benjamin Rabier

Transcription

Benjamin Rabier
Savez-vous que...
A
Deux personnages
Benjamin Rabier, un dessinateur
vendéen trop oublié
lors que les archives du Second
Empire ont brûlé pendant la Commune
en 1872, on vient de retrouver les archives
personnelles de Charlemagne-Emile de
Maupas, préfet de police en 1851. On apprend ainsi comment s’est fomenté le coup
d’État du 2 décembre qui porta au pouvoir
Louis-Napoléon et l’on découvre que le
futur Napoléon III eut la main forcée par
les conspirateurs et qu’il refusait la violence qui fut pourtant employée faisant 225
morts, lesquels pesèrent toujours sur sa
conscience. Vingt ans plus tard le bilan de
la Commune allait atteindre 17 000 morts !
D
L
Gédéon et autres animaux
e jeu de go, connu des cruciverbistes,
est très pratiqué au Japon. En fait, il est
né en Chine, inventé par un empereur qui
voulait apprendre à son fils l’art de la
guerre. Plus subtil que les échecs, ce jeu
ne consiste pas à prendre les pièces de
l’adversaire mais en l’encerclant et lui
interdire tout mouvement, toute initiative,
en le paralysant en quelque sorte.
D
e temps à autre on parle des enfants
soldats dans le monde. Selon un rapport
de l’Unesco ils seraient plusieurs centaines
de milliers dont 12 000 en Afrique noire et à
peu près autant en Amérique du Sud. Un
tiers de ces enfants soldats (la moitié en
Ouganda et en Colombie)... sont des filles,
dont on devine le sort, d’autant qu’elles servent souvent pour des missions suicide.
C
ontrairement à une idée répandue il
naît plus de garçons que de filles, en
moyenne 105 pour 100. Mais la mortalité
infantile est plus élevée chez les garçons
et les femmes vivant plus longtemps il
s’ensuit que le nombre des femmes
dépasse celui des hommes.
E
n langue allemande, le mot guide se dit
führer. Un terme qui rappelle un sinistre
personnage. Dans certains musées outreRhin le guide pilotant des groupes français
s’amuse parfois à leur dire en fin de visite :
« N’oubliez pas le führer s’il vous plaît ! »
ans le dernier numéro du Relais,
Jean-Louis Grélé racontait la vie
d’une Vendéenne qui, avec des
hauts et des bas où la morale ne trouvait pas forcément son compte, pénétra dans les coulisses de l’histoire avec
un grand H. Cette fois, Le Relais remet
à l’honneur un autre Vendéen à l’existence moins agitée, et qui fut célèbre
au siècle dernier.
Qui de nos jours se souvient de
Benjamin Rabier ? Ce fut pourtant un
dessinateur très connu, spécialisé
dans les animaux. Il a illustré, notamment, d’une façon simple et amusante,
avec un réel talent, les fables de La
Fontaine. D’autre part, il conçut et fit
vivre divers personnages de la gent
animale avec Gédéon, le petit canard
jaune à qui son géniteur savait donner
des expressions malicieuses, étonnées, tristes, effrayées et toujours drôles.
Benjamin Rabier naquit à La
Roche-sur-Yon en 1869 et mourut juste
avant la dernière guerre en 1939. Cet
homme de l’Ouest, quelque peu ignoré
aujourd’hui, devait s’acquérir deux autres titres de gloire qui auraient dû le
faire passer à la postérité.
D’abord Benjamin Rabier sortit en
1898 un album intitulé « Tintin Lutin ».
Le Tintin Lutin en question était un adolescent au visage rond avec des cheveux blonds et une houppe. Cela ne
vous rappelle-t-il pas quelque chose ?
On n’a jamais su si Hergé avait eu
vent dans sa jeunesse de cet album
e mot américain Jean (prononcez «
d’Jinn ») est une déformation de
Gênes, le grand port italien d’où venait un
tissu bon marché. Mais le jean est un tissu
confectionné de fil bleu et de fil blanc produit à Nîmes et qui fut utilisé au milieu du
XIXe siècle par un certain Levi Strauss,
jeune juif bavarois émigré aux U.S.A. Ce
tissu était appelé « Denim blue jean »
A
16
Le Relais 97
La Vache qui rit
Seconde raison pour ne pas oublier
Benjamin Rabier : comme il était passé
maître dans l’art de dessiner les animaux on lui demanda d’illustrer les boî-
Tintin
L
u Moyen Age pour prendre un château-fort on creusait notamment des
galeries passant sous les murailles. Les
défenseurs avaient un système d’alarme
original. Ils posaient des petits pois sur un
tambour à même le sol. Quant l’assaillant
creusait, les petits pois vibraient sur la
peau du tambour.
maintenant introuvable et s’en était
inspiré plus ou moins consciemment
pour son fameux Tintin (avec Milou).
En tout cas, il y a là une peu banale
similitude.
Toutefois, le jeune héros de
Benjamin Rabier n’avait rien d’un boyscout prêt à voler au secours des innocents. C’était un gaillard plein de malignité, sans peur et non sans reproche.
Par exemple, il remplaçait la pelote
d’épingles de sa grand-mère myope
par un vrai hérisson...
La vache qui rit... mais pourquoi ritelle ?
Le célèbre Gédéon, un petit canard,
cousin de celui du Relais.
tes de fromage de « La Vache qui rit ».
Et, aujourd’hui encore, on peut voir le
mufle rigolard du ruminant sur les couvercles des boîtes de fromage.
Un livre « La chevauchée de la
Vache qui rit » a d’ailleurs conté l’histoire de cette image victime plus d’une
fois de contrefaçons.
Cette vache a une particularité que
l’on a peut-être remarquée ? Elle porte
en guise de boucles d’oreilles la boîte
du fromage dont elle fait la réclame. A
l’oreille droite le couvercle représente
une vache avec son couvercle qui
représente à son tour une vache avec
son couvercle en boucle d’oreille, etc.
C’est ce qu’on appelle un dessin en
abyme, c’est-à-dire sans fond puisqu’il
y a une perspective infinie. Bref, dame
Vache qui rit devrait avoir un avenir
infini... Et Benjamin Rabier aussi.
A.D.
historiques
Savez-vous que...
Cook : de l’imprimerie au tourisme...
pour lutter contre l’alcoolisme
O
n connaît dans les cinq continents
les agences de voyages Cook,
mais connaît-on leur origine ?
Né en Angleterre, Thomas Cook
(qu’il ne faut pas confondre avec
James Cook qui découvrit l’Australie
au XVIIIe siècle) fut d’abord prédicateur baptiste puis se reconvertit dans
l’imprimerie. C’est alors qu’il constata
(on était au milieu du XIXe siècle) l’emprise croissante de la boisson et eut
l’idée d’organiser des voyages pour
les classes laborieuses.
Chrétien aussi zélé qu’austère, l’ancien missionnaire établi dans la bourgade de Market Harborough, animait
une société de tempérance dans le
chef-lieu des Midlands. Certain que les
problèmes de la société victorienne
dérivaient d’une consommation
inconsidérée d’alcool il en concluait,
logiquement, que l’existence des prolétaires imbibés serait améliorée s’ils
s’adonnaient moins à la boisson et s’ils
avaient accès à une certaine forme de
culture.
Une idée soudaine
Le 9 juin 1841, en se rendant à la
réunion hebdomadaire de sa société,
l’idée lui vint « soudainement, dit-il,
d’utiliser le pouvoir et la facilité de
voyager offerts par les chemins de fer
pour mettre en œuvre (son) projet
social ». Le 5 juillet suivant, il organise donc un convoi ferroviaire
pour transporter 570 nonbuveurs de Leicester à Loughborough
distant de 12 miles (20 km) dans des
wagons découverts, pour 1 shilling. Le
succès rencontré par cette excursion
persuada Thomas Cook de la justesse
de sa théorie.
Comme tout bon protestant, l’imprimeur n’en était pas moins homme d’affaires et décida de joindre le profit
financier au bénéfice social de son
entreprise.
Le succès de ses affaires l’incite à
voir plus grand. En 1855, il projette un
voyage à l’Exposition universelle de
Paris. L’hostilité des compagnies
maritimes Transmanche le contraint à
contourner la liaison la plus directe
entre Douvres et Calais. Une
contrainte qui va tourner à son avantage. Au départ d’Harwich, dans le
Suffolk, il propose un périple qui
conduit les voyageurs à Anvers, puis
Bruxelles, Cologne, Heidelberg,
Baden-Baden, Strasbourg et Paris. Le
retour vers l’Angleterre s’effectuera
par Le Havre et Dieppe.
Le tourisme moderne
Réussite totale. Le tourisme moderne est né. Alors, après l’Angleterre et la
France, Thomas Cook multiplie les
initiatives. En Suisse, tout d’abord
(1863), les Etats-Unis (1866), l’Italie
(1864), l’Egypte et la Terre Sainte
(1869). Ses bonnes relations avec les
hôteliers des différents pays où il s’établit lui permettent de mettre au point
deux moyens révolutionnaires de simplification dans l’art de voyager. D’une
part, le coupon d’hôtel qui permet l’hébergement sans échange d’argent. Et
d’autre part, la « Circular Note », ancêtre du « traveller chèque », qui consent
aux touristes d’obtenir des devises
locales en échange d’un document
signé par Thomas Cook. Sous l’impulsion de son fils John Mason Cook, puis
de ses trois petits-fils, l’entreprise
Thomas Cook & Son devait dominer le
monde du tourisme durant la première
moitié du XXe siècle.
Devenue Wagons-Lits Cook après
la guerre, la compagnie rachetée par la
banque Midland en 1972, est passée
sous le contrôle des Allemands
Preussag
et
Westdeutsche
Landesbank, au début des années 90.
No 3 de l’industrie du tourisme en
Grande-Bretagne, Thomas Cook, qui
emploie 16 000 personnes, a dégagé
un bénéfice de 35 millions de livres sur
un chiffre d’affaires de 1,9 milliard l’année dernière.
T
intin et Milou ont toujours autant de
succès. Au point que les collectionneurs s’arrachent les planches originales et les vieux albums. Ceux-ci se
marchandent autour de 2 000 euros,
mais on fait mieux. Par exemple pour
« Tintin au pays des Soviets » la cote
atteint 15 000 euros. En avril 2006 un
exemplaire de cette première bande
desssinée d’Hergé réalisée en 1929 et
dédicacé par l’auteur a été vendu aux
enchères 60 180 euros !
L
e mot morale n’est plus du tout à la
mode, on préfère éthique. Or, il n’y
a pas de différence : morale vient d’un
mot latin signifiant mœurs et éthique
d’un mot grec ayant exactement la
même signification. Actuellement la
morale n’ayant plus trop « bonne presse » on tend à lui substituer éthique en
lui donnant un sens un peu différent.
L
ors des Jeux Olympiques antiques,
en Grèce, l’épreuve phare était la
course à pied. Elle se disputait sur un
stade dont la piste avait une longueur
de 192 m 27 soit six cents fois la longueur du pied du dieu Hercule,
Héraclès chez les Grecs. D’où les
modernes en ont conclu que ledit
Héraclès chaussait... du 46 !
S
elon de récentes études les
Français sont ceux qui utilisent le
plus les « blogs » ; il s’agit de ces
messages sur Internet qui se multiplient. On apprend ainsi que 60 %
des internautes français ont lu un
« blog » l’été dernier contre 40 %
chez les Britanniques et un peu plus
de 30 % chez les Américains.
J
usqu’à l’utilisation systématique de la
houille on utilisait le bois notamment
dans les forges. Celles de Bretagne
(Paimpont, Les Salles, Trédion, Moisdonla-Rivière, etc.) brûlaient en moyenne
60 hectares par an provenant de forêts
éloignées des grandes villes. Voilà pourquoi on ne trouvait aucune industrie
autour de Paris : les arbres des bois
entourant la capitale étaient destinés au
chauffage des Parisiens.
L
’expression enfant de la balle, utilisée
par le monde du spectacle, provient de
l’argot des ouvriers typographes. C’était, à
l’origine, le nom donné à un typo dont le
père avait été lui-même typo. La balle était,
aux premiers temps de l’imprimerie, un tampon qui servait à encrer les caractères. Et il
revenait aux apprentis d’aider à la préparation de ces balles d’encrage. On trouvera
cette explication et bien d’autres sur l’argot
des typos dans un petit livre intitulé « Chier
dans le cassetin aux apostrophes », de
David Alliot, aux éditions Horay.
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