Conclusions tirées de pays et d`Etats où la prostitution est légale
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Conclusions tirées de pays et d`Etats où la prostitution est légale
LA LEGALISATION DE LA PROSTITUTION PROTEGE-T-ELLE LES FEMMES ET LES FILLES ? Conclusions tirées de pays et d’Etats où la prostitution est légale Des millions de femmes et de filles sont exploitées dans l'industrie du sexe à des fins commerciales (c.-à-d. l'achat et la vente de services sexuels), une industrie qui constitue souvent la finalité de la traite à des fins sexuelles. Tandis que les activistes des droits humains, les responsables gouvernementaux, et les Nations Unies s'accordent tous pour reconnaître que la traite des femmes et des filles à des fins de prostitution est un problème grave et en augmentation, il existe des différents quant à la meilleure façon de prévenir la traite et l'exploitation. Certains pensent que s’attaquer à la demande pour les services sexuels qui alimentent la traite tout en décriminalisant les personnes prostituées est le moyen le plus efficace de lutter contre la traite à des fins sexuelles. D'autres affirment que la légalisation ou la dépénalisation de l'industrie du sexe est le meilleur moyen d'éliminer et de prévenir l'exploitation et la traite. L’approche réglementariste consiste à légaliser l’acte de prostitution et les activités typiquement associées avec la prostitution, et généralement à imposer des réglementations spécifiques à l'industrie du sexe. Parmi les pays et Etats ayant légalisé la prostitution, citons le Sénégal (1969), les Etats de Victoria (1994) et du Queensland (1999) en Australie, les Pays-Bas (2000) et l'Allemagne (2002). La dépénalisation complète de la prostitution consiste à abroger toutes les lois ou dispositions anti-prostitution, et à ne pas imposer de règles spécifiques à la prostitution. Parmi les pays et Etats ayant entièrement dépénalisé la prostitution, citons l'Etat de Nouvelle-Galles du Sud en Australie (1995) et la Nouvelle-Zélande (2003). TRAITE SEXUELLE ET EXPLOITATION DES FEMMES ET DES ENFANTS PAYS-BAS: en 2003, le maire d'Amsterdam a déclaré que la légalisation n'avait pas réussi à prévenir la traite, affirmant : « Il apparaissait impossible de créer pour les femmes prostituées une zone sûre et contrôlable qui ne soit pas récupérée par le crime organisé. »i En 2007, un rapport gouvernemental a noté que « le proxénétisme [c.-à-d. les trafiquants] est toujours un phénomène très fréquent.ii NOUVELLE-GALLES DU SUD (AUSTRALIE): un agent de police qui enquête sur la traite à des fins sexuelles s’est exprimé sur les conséquences de la dépénalisation: «L'intention était de fournir un environnement sain et sûr pour les travailleurs du sexe mais l'inverse s'est produit : les proxénètes et exploitants de maisons closes ont été habilités et se sont enrichis. »iii NOUVELLE-ZELANDE: le gouvernement a remarqué que la loi dépénalisant la prostitution « ne peut pas, en soi, prévenir ou s’attaquer aux causes de la prostitution de mineur(e)s. »iv Le Conseil national des femmes de Nouvelle-Zélande, qui avait initialement soutenu la dépénalisation, a exprimé son inquiétude à propos du fait « qu’il existe toujours des filles âgées de 13 ou 14 ans qui vendent leur corps dans la rue », et que les hommes arrêtés pour racolage de mineurs sont, en vertu de la loi, condamnés des peines légères.v CONTROLE DE L’INDUSTRIE DU SEXE À DES FINS COMMERCIALES ALLEMAGNE: en 2007, le gouvernement a conclu qu'il n'existe « aucune indication fiable que la loi a permis de réduire la criminalité », et que la législation « n’a jusqu’à maintenant que très peu contribué à faire progresser la transparence en matière de prostitution.vi » Plus d'un tiers des procureurs ont noté que la légalisation de la prostitution « a rendu plus difficile leur travail de poursuite du proxénétisme et de la traite des êtres humains. » vii VICTORIA (AUSTRALIE): En 2010, le gouvernement a déclaré que « les forces de l'ordre et les fournisseurs de services ont tous deux fait remarquer qu'ils disposaient d’une capacité limitée à rentrer dans les maisons closes pour y rencontrer les femmes et les filles et vérifier si elles sont victimes de traite. »viii Un officier de police a déploré que « de nombreuses maisons closes n'ont pas été contrôlées depuis des années » et un fournisseur de services a indiqué que son accès aux maisons closes était « limité et à la discrétion de la direction. » ix PAYS-BAS: le gouvernement a indiqué qu’« une grande partie des ressources de la police sont utilisées lors d’inspections du secteur réglementé [de la prostitution], ce qui ne leur laisse pas la possibilité de jouer leur important rôle de surveillance et d'enquête à l'égard des formes non autorisées de prostitution » (le secteur illégal).x QUEENSLAND (AUSTRALIE): en 2009, l'université du Queensland a constaté qu'environ 90% des activités de l'industrie du sexe se situaient en dehors du cadre légal et que « les formes illégales de prostitution répondent à une demande qui n'est pas satisfaite par l’industrie réglementée. » xi NOUVELLE-GALLES DU SUD (AUSTRALIE): de hauts responsables de la police ont reconnu que le maintien de l’ordre dans les maisons closes légalisées est « inégal » et que la régulation des maisons closes est « souvent lamentable. »xii Un enquêteur a noté qu'en raison de la dépénalisation « la police ne fait plus partie de l'équation et le crime organisé a infiltré les maison closes et les salons de massage. » xiii NOUVELLE-ZELANDE: la police a indiqué qu’ «à la suite des modifications législatives, la police […] a moins de contacts avec l'industrie du sexe, et il n’existe pas de collecte systématique de renseignements », ce qui rend les enquêtes sur les violences et l’exploitation plus difficiles.xiv SECURITE ET VIOLENCE ALLEMAGNE: un rapport gouvernemental de 2007 affirme que, en ce qui concerne la protection sociale des prostituées, la loi « n'a pas été en mesure de réaliser des améliorations mesurables et réelles», et que, en ce qui concerne leurs conditions de travail, « pratiquement aucun progrès n’a pu être observé. xv». Le gouvernement a également déclaré qu'il n’existe « aucune indication fiable que la loi a permis de réduire la criminalité. »xvi NOUVELLE-ZELANDE: selon un rapport gouvernemental de 2008, «la majorité des travailleurs du sexe interrogés estiment que la Loi sur la dépénalisation de la prostitution ne peut avoir que peu d’impact sur la violence qui existe » dans l'industrie du sexe.xvii Les personnes prostituées ont également souligné qu'elles n'étaient pas plus susceptibles de signaler des actes de violence à la police qu'elles ne l’étaient avant la dépénalisation.xviii Un tiers des personnes qui travaillent dans des maisons closes réglementaires ont déclaré qu'au cours de l’année précédente elles ont été obligées d’avoir des relations sexuelles avec un client et ce même si elles ne voulaient pas.xix DISCRIMINATION ET STIGMATISATION PAYS-BAS: un rapport gouvernemental de 2007 a conclu que « le bien-être émotionnel des personnes prostituées a diminué par rapport à 2001 de tous points de vue, et l’utilisation de sédatifs a augmenté. »xx VICTORIA (AUSTRALIE): en dépit du fait que la prostitution est maintenant légale, le gouvernement a admis en 2010 que les personnes prostituées ont continué à faire face à la stigmatisation et à la discrimination. Un fournisseur de services a noté que « les femmes nous affirment en permanence que, à cause de leur statut de prostituée ou d’ancienne prostituée, la société les accable. »xxi SENEGAL: un rapport de 2010 a révélé que la grande majorité des femmes prostituées ne sont pas déclarées car elles craignent la stigmatisation de la société et le harcèlement de la police.xxii Les prostituées sont considérées comme des parias.xxiii NOUVELLE-ZELANDE: un rapport gouvernemental a souligné que « malgré la décriminalisation, la stigmatisation qui entoure l’industrie du sexe se poursuit » xxiv et que « le harcèlement et les violences envers les travailleurs du sexe dans la rue [...] sont fréquents. »xxv POUR DE PLUS AMPLES INFORMATIONS, CONSULTEZ: WWW.EQUALITYNOW.ORG/FR ACCES AUX SERVICES ALLEMAGNE: le gouvernement a constaté que la majorité des femmes prostituées n’ont pas - et ne veulent pas - de contrats de travail qui pourraient protéger certains de leurs droits : elles ne veulent pas perdre leur autonomie ou leur anonymat, ne veulent pas payer d'impôts, ou ne croient pas qu'elles seront dans la prostitution pendant une longue période.xxvi Très peu de prostituées se sont déclarées en tant que salariées auprès de la sécurité sociale, et elles n'ont donc pas bénéficié d’une meilleure protection sociale et de prestations comme l'assurance maladie et l’assurance retraite.xxvii NOUVELLE-ZELANDE: selon le gouvernement, la plupart des personnes prostituées « n’ont perçu que peu de changements »xxviii en ce qui concerne leur accès aux services de santé et d'information depuis la décriminalisation et, à la suite de la promulgation de la loi qui a dépénalisé la prostitution, les informateursclefs « n’ont pas perçu de changement important quant à l’adoption de pratiques plus sûres par les travailleurs du sexe. »xxix i “Why streetwalkers are getting the boot,” Expatica, 9 décembre 2003. Daalder, A.L., Prostitution in the Netherlands since the lifting of the brothel ban, WODC (Centre de recherche et de documentation, ministère néerlandais de la Sécurité et de la Justice), 2007. iii “Licensing law to tighten screws on brothel chiefs,” The Sydney Morning Herald, 11 octobre 2011. iv Ministère néo-zélandais de la Justice, Report of the Prostitution Law Committee on the Operation of the Prostitution Reform Act 2003, mai 2008, p. 112, disponible à l’adresse: http://www.justice.govt.nz/policy/commercial-property-andregulatory/prostitution/prostitution-law-review-committee/publications/plrc-report/documents/report.pdf. v “Men ‘the only winners of Prostitution Reform Act’,” Stuff.co.nz, 20 novembre 2008, disponible à l’adresse: http://www.stuff.co.nz/national/727258/Men-the-only-winners-of-Prostitution-Reform-Act. vi Ministère allemand des affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse, Report by the Federal Government on the Impact of the Act Regulating the Legal Situation of Prostitutes (Prostitution Act), juillet 2007, p. 79. vii Id. p. 47 – 48. viii Comité de prévention du crime et de la toxicomanie du parlement de Victoria, Inquiry into People Trafficking for Sex Work: Final Report, juin 2010, disponible à l’adresse: http://www.parliament.vic.gov.au/images/stories/committees/dcpc/Trafficking_Final_full_report_with_cover.pdf. ix Id. x Daalder, A.L., Lifting the Ban on Brothels: Prostitution in 2000-2001, WODC (Centre de recherche et de documentation, ministère néerlandais de la Sécurité et de la Justice), 2002. xi Andreas Shloenhardt & Groupe de travail sur la traite des êtres humains, Happy Birthday, Brothels! Ten Years of Prostitution Regulation in Queensland, Université du Queensland, école de droit TC Beirne, 21 septembre 2009. xii “Legal brothels linked to international sex trafficking rings,” The Sydney Morning Herald, 10 octobre 2011. xiii “Licensing law to tighten screws on brothel chiefs,” The Sydney Morning Herald, 11 octobre 2011. xiv Ministère néo-zélandais de la Justice, Report of the Prostitution Law Committee on the Operation of the Prostitution Reform Act 2003, mai 2008, p. 101. xv Ministère allemand des affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse, Report by the Federal Government on the Impact of the Act Regulating the Legal Situation of Prostitutes (Prostitution Act), juillet 2007, p. 79. xvi Id. xvii Ministère néo-zélandais de la Justice, Report of the Prostitution Law Committee on the Operation of the Prostitution Reform Act 2003, May 2008, p. 14. xviii Id. p.58 xix Id. p. 46. xx Daalder, A.L., Prostitution in the Netherlands since the lifting of the brothel ban, WODC (Centre de recherche et de documentation, ministère néerlandais de la Sécurité et de la Justice), 2007. xxi Comité de prévention du crime et de la toxicomanie du parlement de Victoria, Inquiry into People Trafficking for Sex Work: Final Report, juin 2010. xxii Foley, E.E. et Nguer, R., “Courting success in HIV/AIDS prevention: the challenges of addressing a concentrated epidemic in Senegal.” African Journal of AIDS Research, 2010. xxiii Id. xxiv Ministère néo-zélandais de la Justice, Report of the Prostitution Law Committee on the Operation of the Prostitution Reform Act 2003, mai 2008, p. 154. ii xxv Id. p. 124. Ministère allemand des affaires familiales, des personnes âgées, des femmes et de la jeunesse, Report by the Federal Government on the Impact of the Act Regulating the Legal Situation of Prostitutes (Prostitution Act), juillet 2007, p. 16 – 20. xxvii Id. p. 20 – 29. xxviii Ministère néo-zélandais de la Justice, Report of the Prostitution Law Committee on the Operation of the Prostitution Reform Act 2003, mai 2008, p. 49. xxix Id. p. 50. xxvi POUR DE PLUS AMPLES INFORMATIONS, CONSULTEZ: WWW.EQUALITYNOW.ORG/FR