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1€ nouveau newspaper T h e I n n o v a ti v e E x p e r i e n c e S i l e x i d : u n m é d i a P R IN T & W E B , UN LA B , d e s a t e l i e rs , d e s c o n f é r e n c e s , u n e c o m m u n a u t é … #06 avril 2016 1 eur www . s i l e x - i d . c o m ÉDITO C’est la fin du management ! « Oyez oyez braves gens, la fin du management est proche, pour de vrai, enfin ! » s’écrie le vendeur de journaux sur l’esplanade de la Défense devant des passants pas franchement intéressés. Énième prophétie de consultants ? Révolution inéluctable du monde du travail, de l’entreprise et de la société ? Conséquence de la transformation digitale ? Assurément, quelque chose se passe, nous en voyons déjà les signes dans notre vocabulaire, miroir de notre culture en mouvement : « Co-working », « Lab d’entreprise », « Agilité », « Disruption », « Changement de culture », « Entreprise libérée », « Management 3.0 »… Qu’est-ce qui se cache derrière ces éléments de langage ? Une révolution ne venant jamais sans sa « victime préférée », tout semble désigner ici le manager qui, après avoir sauvé le monde dans les années 80, court à sa perte d’ici 2020… à moins qu’il ne disparaisse d’ici là d’une mort plus ou moins violente. Mais qui pourrait bien en vouloir à ce pauvre manager, au point de vouloir le trucider ? Les suspects ne manquent pas et l’investigation s’annonce difficile. À vous de mener votre enquête ! Trève de plaisanterie, ce n’est pas un jeu ! C’est très sérieux, c’est de l’avenir du monde, de nos entreprises et même de notre modèle de vie dont il s’agit. Quels seront les impacts de cette révolution pour les managers, pour le travail et pour l’entreprise ? De quoi notre futur sera-t-il fait ? Comment nous y préparer dès aujourd’hui ? Éléments de réponse dans ce Newspaper… Bonne lecture et bonne enquête. Par Dominique Buinier et Marc Cherfi d’OCTO Technology L 12793 - 6 H - F: 1,00 € - RD 2 newspaper Glossaire Par Joy Boswell Management 3.0 Si son nom a été institué par Jurgen Appelo, le concept de « management 3.0 » est avant tout une évolution logique et sans doute nécessaire de nos organisations à l’ère du numérique. Avec l’émergence des outils web, de l’information et de l’innovation, l’entreprise doit pouvoir miser sur des employés réactifs et engagés. Et pour ça, il fallait bien sortir du schéma « Command and control » dont certains vestiges subsistent… Le management dit 3.0 propose de repenser l’organisation de manière horizontale et de miser sur l’intelligence et la responsabilité collective. Une décentralisation du pouvoir qui se heurte par fois à un problème d’ego… Concrètement, cela passe par un rapprochement du manager et de ses équipes, des relations basées sur la confiance et la communication (feedbacks réguliers, partage des responsabilités, transparence, etc.), et une idée claire, pour tous les employés, du but à atteindre. Une nouvelle façon de penser la culture d’entreprise comme la clé de la réussite. Entreprise libérée Comme son nom l’indique, l’entreprise libérée – terme popularisé par Isaac Getz – est un nouveau type d’organisation fondé sur la liberté du salarié : celle de pouvoir prendre les décisions qu’il juge les meilleures pour son entreprise sans avoir besoin de passer par des processus longs et l’approbation des décideurs. Un gage de confiance qui valorise l’expertise de l’employé et le pousse à s’engager davantage. Pour cela, procédures, hiérarchie et contrôles sont laissés à la main des employés. Le manager devient « manager jardinier » : il cultive le bienêtre de ses équipes et crée un terreau f a v o r a b l e à l e u r c ro i s s a n c e e t l e u r épanouissement. Si une telle autonomie est possible, c’est parce que la vision de l’entreprise a clairement été établie en amont : une vision que les salariés peuvent s’approprier et à laquelle ils contribuent chacun à leur manière. Les excellentes performances des entreprises libérées existantes nous prouvent que le bonheur a toute sa place au travail. La suite page 6. A V R I L 2 0 1 6 D I G I T AL E T MANAGEMEN T Pourquoi le digital change-t-il notre façon de manager ? Texte : Frédéric Rey-Millet Le métier de manager, qui n’a rien d’immanent, est un ensemble de techniques popularisées au début du XXe siècle. En 2016, le digital bouscule nos croyances ancrées depuis plus de cent ans. Le premier réflexe sur le digital a été : « c’est ridicule ». Nous sommes aujourd’hui à mi-chemin entre les phases deux : « c’est dangereux », et trois : « c’est évident ». Résister à cette révolution ne serait que reproduire le déni de réalité de Kodak qui a sous-estimé le marché de la photo numérique et disparu en quelques années... C ela fait maintenant depuis 46 ans que, chaque année, les hommes les plus puissants de la planète se rencontrent à Davos. Cette chic station suisse a réuni fin janvier 2016, 2 500 décideurs politiques et, surtout, économiques de 140 pays sur le thème de la quatrième révolution industrielle. The future of jobs, rapport qui y a été présenté, analyse l’impact du digital sur la nature du travail de demain. Trois chiffres-clés illustrent l’importance du tsunami silencieux que nous sommes en train de vivre : dans la plupart des pays, les emplois experts et les compétences spécifiques n’existaient pas il y a cinq ou dix ans. Ensuite, plus de la moitié des enfants en primaire aujourd’hui travailleront à des postes qui n’existent pas encore. Et troisième constat : plus d’un tiers des compétences qui seront demandées en 2020 ne sont pas considérées comme cruciales aujourd’hui. Les compétences sociales, à savoir la capacité à travailler en équipe, dans des communautés (réelles ou virtuelles) seront davantage recherchées que les compétences techniques pointues. Cette nouvelle façon de travailler nécessitera des managers d’un autre type. Croire que l’émergence de communautés et d’entreprises horizontales signera l’arrêt de mort du manager est une croyance dangereuse. Comme le rappelait Friedrich Nietzsche, les convictions sont des ennemis de la vérité plus dangereuses que les mensonges. Aujourd’hui, la question n’est plus de savoir s’il faut craindre ou espérer la digitalisation de notre économie mais de savoir comment s’y préparer. Cette révolution, à l’origine technique, est devenue culturelle. Son succès dépendra de l’engagement des managers et de leur volonté à contribuer à sa réussite. Et pour cela, le manager doit faire face à trois pièges… mettre, quand le second a construit ses capacités cognitives sur une utilisation intensive de ce type d’outil. Depuis Google, toute forme de savoir est à un clic de distance : et il y a probablement quelqu’un de plus expérimenté, de plus pédagogue ou tout simplement de plus pertinent que le manager direct qui a écrit un article ou posté une vidéo sur YouTube pour transmettre ses compétences. L’information n’est plus synonyme de pouvoir « Vouloir être tout le temps connecté c’est vraisemblablement ne plus être connecté à soi-même et aux autres.» Nous consacrons plus de cinq heures quotidiennes à Internet. Et de plus en plus, le digital est nomade et omniprésent. L’accès à une connaissance illimitée est devenu possible. Les efforts désespérés de certaines entreprises pour contrôler l’accès à l’information relève d’un débat du siècle dernier. Le mythe de « l’information, c’est le pouvoir » ne résiste pas à l’ère du digital. Le manager ne peut plus tout savoir, ne peut plus tout contrôler et doit accepter de dire « je ne sais pas ». C’est une sacrée révolution culturelle pour les managers, à qui l’on a asséné pendant des décennies que l’information c’était le pouvoir. Il s’agit d’un phénomène d’inversion de la transmission : la personne la plus pertinente dans l’entreprise sur l’utilisation de Twitter n’est sans doute pas le PDG, mais plus probablement le stagiaire qui vient d’arriver. Le premier a au mieux fait l’effort de s’y Seuls ensemble ? Comme l’indique Sherry Turkle, professeur au Massachusetts Institute of Technology (MIT) dans son ouvrage Alone together, le digital est notre meilleur ennemi et notre pire ami. Il nous offre des réponses à toutes les questions que nous posons, nous permet d’intégrer des communautés d’amis virtuels sans les avoir jamais rencontrés. Malheureusement, les études réalisées par le MIT montrent que certaines valeurs humaines sont mises à mal avec le digital. L’empathie, à savoir la capacité à se mettre à la place de l’autre, a diminué de 40 % chez Nos partenaires o c to T e c h n o lo gy e t h i k o n s u lti n g Fondé en 1998, OCTO Technology est un cabinet de conseil et de réalisation IT aujourd’hui présent dans cinq pays : la France, le Maroc, la Suisse, le Brésil et l’Australie. Les consultants OCTO accompagnent leurs clients dans la transformation digitale de leurs entreprises en intervenant à la fois sur la technologie, la méthodologie, le management et la compréhension de leurs enjeux métier. OCTO s’est positionné à chaque participation sur le podium du palmarès Great Place to Work® des entreprises de moins de 500 salariés où il fait bon travailler. Depuis 2008, le cabinet organise en parallèle USI – Unexpected Sources of Inspiration - qui s’est imposée comme une référence parmi les conférences internationales sur la transformation digitale de nos sociétés. Depuis dix ans et après plus de 400 missions réalisées, Ethikonsulting, cabinet conseil en innovation managériale, se fixe comme ambition de redonner le sourire aux managers. Les dirigeants, Isabelle et Frédéric Rey-Millet, ont publié en 2015 aux éditions Stéphane Leduc Management Game, ouvrage ré-édité au bout de cinq mois. Le jeu est notre premier mode d’apprentissage et fonctionne toute notre vie. Il participe aussi du plaisir de partager et d’apprendre : pourquoi ne pas l’utiliser dans notre vie professionnelle ? Ainsi est née la Management Box, serious game de douze jeux utilisés par plus de quinze entreprises du CAC 40 ainsi que de nombreuses PME. www.octo.com www.ethikonsulting.com 3 article les collégiens « digital natives » par rapport aux collégiens des générations précédentes. Le digital peut nous isoler. Le manager doit donc créer voire recréer du lien. Le digital est l’ère du seul ensemble alors que le manager digital représente le tous ensemble. Depuis plus de cinq ans, la durée des réunions dans les entreprises connaît une inflation digne des pays d’Amérique du Sud au meilleur de leur forme. En clair, là où il fallait une heure pour prendre une décision sur un dossier, il est nécessaire de prévoir 1h30 voire pire : planifier une seconde réunion. La raison de cette déconnexion est connue de tous : le smartphone. Un « digital native » comme Google a pris le sujet très au sérieux. Les organisateurs de réunions chez Google doivent indiquer dans l’ordre du jour des meetings si l’utilisation de PC, tablettes ou smartphones est nécessaire… ou pas. Manager à l’heure du digital, c’est remettre du lien et de l’empathie au sein des équipes. C’est obliger ses collaborateurs à couper leur smartphone pour réfléchir avant d’agir, pour s’écouter mutuellement et pour recevoir des feed-backs. Vouloir être tout le temps connecté c’est vraisemblablement ne plus être connecté à soi-même et aux autres. « Manager c’est s’occuper des autres et cela nécessite au préalable de réfléchir à comment le faire » Aller plus (trop ?) vite mais réfléchir moins Un des avantages décisifs du digital repose sur l’utilisation des temps morts. Par exemple, vous avez décidé d’offrir une boîte de chocolats pour la Saint-Valentin à l’amour de votre vie. Pas de chance, vous n’êtes pas le seul à avoir cette idée. Trente minutes d’attente pour partir avec votre boîte enrubannée. Bonne nouvelle : avec votre smartphone, vous adressez cinq mails, relisez une offre commerciale et envoyez des SMS à votre conjoint, votre fille aînée et votre partenaire de tennis. Malheureusement cette accélération liée au numérique peut vite devenir schizophrénique. Nous recevons en moyenne un peu moins de cent e-mails par jour. Les cadres français estiment consacrer plus de cinq heures par jour en moyenne à consulter leur messagerie (selon l’étude Adobe publiée en août 2015). Ces chiffres masquent d’énormes disparités. Un double piège est donc à éviter. Tenter de vouloir traiter l’infobésité croissante et de faire le plus rapidement possible. Entre les e-mails et vous, le combat est perdu d’avance : ils sont beaucoup trop nombreux… Le rôle du manager est bien entendu d’accompagner le digital. Cela n’aurait pas de sens de continuer à faire en dix minutes ce que l’on peut faire en une. Sa mission est-elle de passer plus de la moitié de son temps à lire et répondre à des e-mails ? Le temps d’attente doit-il être systématiquement utilisé pour agir ? Manager c’est s’occuper des autres et cela nécessite au préalable de réfléchir à comment le faire. Coupez votre messagerie et votre portable pour réfléchir avant d’agir. Gandhi, qui n’avait pourtant pas encore de portable disait qu’ « il y a plus à faire de la vie, que d’augmenter sa vitesse ». Que faire alors et comment ? Je vous propose trois pistes d’action à mettre en œuvre dès la fin de la lecture de cet article : d’abord, faites plus simple. Un enfant de cinq ans sait commander un véhicule avec l’application Uber. Soyez le manager digital qui simplifie la vie de ses collaborateurs. Simplifier, cela consiste à abandonner certaines croyances issues du siècle dernier. Par exemple, à quoi sert l’entretien annuel d’évaluation ? De très nombreux responsables des ressources humaines n’y croient plus. Rencontrer une fois son collaborateur pour échanger sur l’année en cours est une idée séduisante mais la vie des organisations n’est plus rythmée annuellement. Grâce au digital, il se passe quelque chose à chaque instant. Pourquoi attendre un an pour évoquer les sujets qui comptent vraiment entre un collaborateur et son manager ? Pourquoi ne pas remplacer ce pensum annuel par dix entretiens mensuels thématiques (motivation, mobilité, formation, fixation d’objectifs...) d’une heure chacun ? Il faut également faire plus fun ! En 2015, les Américains se sont connectés à Internet à plus de 60 % via un smartphone ou une PLUS DE LA MOITIÉ DES ENFANTS ACTUELLEMENT EN PRIMAIRE EXERCERONT DES MÉTIERS QUI N’EXISTENT PAS ENCORE. 1/3 DES COMPÉTENCES QUI SERONT DEMANDÉES EN 2020 NE SONT PAS ENCORE CONSIDÉRÉES COMME CRUCIALES. tablette grâce à des applications. Leur succès incroyable est simple : elles nous font vivre des expériences quotidiennes positives. Le jeu World of Warcraft créé en 2004 réunit une communauté de plus de 10 millions de joueurs. Le nombre d’heures cumulées consacrées à ce jeu par ces derniers depuis sa création approche les sept millions d’années. En 2020, la moitié des actifs en France seront issus de la génération millénium. Leur façon d’apprendre et de grandir est communautaire, instantanée et fun. Quelles expériences positives et quotidiennes allez-vous faire vivre aux candidats rencontrés, à vos collaborateurs, à vos collègues ou à votre boss ? La croyance qui consiste à penser que le travail est une chose sérieuse en se prenant au sérieux ne résistera pas à la gamification des entreprises. Pourquoi y aurait-il une frontière étanche entre une vie personnelle riche de rencontres, fun, et la vie professionnelle, triste et insipide ? « La capacité du manager à proposer un rêve accessible restera un basique du management que vous soyez à l’âge de pierre ou à l’âge du digital. » Enfin, soyez affable. La récente sortie de Star Wars 7 : le réveil de la force m’a rappelé que dans nos entreprises, trop de « Dark Vador » côtoient trop peu de « Maître Yoda ». Le digital met une pression d’enjeu élevée dans nos organisations. Tout est visible, tout est tracé, vos succès et vos points forts mais également vos échecs et vos erreurs. Le rôle du manager digital sera d’être aimable et bienveillant, d’être quelqu’un à qui l’on peut parler, qui écoute et qui comprend. Le digital peut nous donner l’illusion d’une toute puissance où tout serait possible et améliorable. Pour éviter de devenir le manager Big Brother qui prédit et sait tout grâce au digital, il faut se concentrer sur l’essentiel, être affable, aimable et se méfier du mieux car il est souvent l’ennemi du bien… Terminons par une journée de novembre 2015 à Vienne. Chaque année depuis huit ans se tient le Peter Drucker Forum, sorte de Davos du Management. Je fus marqué par l’intervention de Marten Mickos, fondateur de MySQL et start-upper renommé. Un journaliste lui posa la question suivante : en quoi le management d’une grande entreprise diffère-t-il de celui d’une start-up ? Sa réponse ? « Je préfère commencer par ce qui est immuable et ne changera jamais, quelle que soit la taille de l’entreprise, la génération à laquelle vous appartenez. Ce qui ne changera jamais, c’est le pourquoi. C’est le sens de l’action. La capacité du manager à proposer un rêve accessible restera un basique du management que vous soyez à l’âge de pierre ou à l’âge du digital ». Pour aller plus loin Nous vous recommandons ces quelques ouvrages de référence, si vous voulez en savoir plus sur le sujet. Liberté & Cie : Quand la liberté des salariés fait le succès des entreprises - Isaac Getz et Brian Carney (Flammarion, 421 pages) Reinventing Organizations : Vers des communautés de travail inspirées - Frédéric Laloux (Diateino, 490 pages) Managez votre tribu - Dave Logan, John King et Halee Fischer-Wright (Leduc.S, 320 pages) Management game : Les nouvelles règles du jeu pour redonner le sourire aux managers Frédéric et Isabelle Rey-Millet (Leduc.S, 320 pages) Cessez d’être gentil, soyez vrai ! - Thomas d’Ansembourg (L’Homme, 264 pages) Le pouvoir du moment présent - Eckart Tolle (Edition 84, 256 pages) Les employés d’abord, les clients ensuite : Comment renverser les règles du management Vineet Nayar (Diateino, 231 pages) La Fin du management : Inventer les règles de demain - Gary Hamel (Vuibert, 249 pages) #Workout: Games, Tools & Practices to Engage People, Improve Work, and Delight Clients (Management 3.0) - Jurgen Appelo (Happy Melly Espress, 470 pages) Netflix Culture : Freedom & Responsability http://fr.slideshare.net/reed2001/culture-1798664 60% 60% de l’accès au web s’effectue via smartphones et tablettes aux états-unis grâce à des applis. 40% diminution de l’empathie chez les collégiens «digital natives». 1h 1h30 augmentation du temps de réunion depuis 5 ans. 4 newspaper avril 2 0 1 6 Quel sera votre scénario ? Un crime odieux a été commis à « La Grande Entreprise ». Notre équipe a mené l’enquête et vous propose six scénarios. À vous d’imaginer les autres sur Twitter. #quiatuélemanager Arme Lieu S é nag e Ma L Porte-nom Salle de Le « crime » Illustration : Solphie Delronge Texte : Nelly Grellier, Marc Cherfi et Adrien Pigeot ct uspe Machine à café 8h30 du matin, la Défense : le robot-shiva est alerté d’un meurtre. Mach à cafiéne Gaston briguait le nouveau poste d’Emmanuel depuis 18 mois. Il avait vécu la récente promotion d’Emmanuel comme un coup de poignard dans le dos ! Manager du service alors qu’il n’a que deux ans d’ancienneté ! Les résultats de Gaston sont meilleurs, il se plie depuis plus de huit ans à toutes les exigences de performance de Bernard, le Big Boss. Il méritait cette promotion ! Alors quand il a appris par radio-moquette que Bernard avait privilégié les compétences managériales d’Emmanuel pour redorer le THI (The Happiness Indicator) de « La Grande Entreprise » et éviter ainsi les taxes imposées par l’État... Il se serait précipité, fou de rage, dans le bureau d’Emmanuel, hurlant à l’infamie. Le lendemain, Emmanuel serait retrouvé mort devant la machine à café, étouffé par le porte-nom qui aurait dû être fixé le jour même à la porte de son nouveau bureau. Incuba Domicile Arme Arme ect Lieu Susp Le Boss Driver Dom icile Aussitôt sorti du conseil d’administration, Bernard devait trouver un bouc émissaire pour justifier la grogne sociale provoquée par l’annonce des résultats catastrophiques. La victime était déjà identifiée et faisait consensus, seules les modalités n’étaient pas définies. Il fallait aller vite surtout qu’Emmanuel avait eu la mauvaise idée d’expliquer à la presse qu’il pouvait sauver « La Grande Entreprise » de cette crise grâce à un concept révolutionnaire dont il avait le secret. Avec ses idées de hippie, il risquait d’empêcher l’OPA (Offre Publique d’Achat) que le board préparait dans le plus grand secret. Il fallait le neutraliser. Bernard allait profiter de leur golf hebdomadaire, traditionnellement suivi d’une bière au domicile d’Emmanuel, pour le raisonner calmement. Mais finalement, il semblerait que la discussion se soit terminée à coup de driver dans la tempe d’Emmanuel. Son meilleur swing depuis des années. ect Lieu Susp ar er t-upp Le St Killer app Incub ateur Inséparables depuis dix ans, Léon et Emmanuel ont g groupes internationaux. Différents mais complémenta bourreau de travail orienté satisfaction client et Léon bouleverser les conventions. Mais l’inertie de « La Gra de Léon. Seul, il s’est lancé dans la création d’une Liberty. Après quelques mois de silence, Léon a reco incubateur pour lui présenter Liberty. Il semblerait q plateforme fabriquée en six mois par une petite équip Entreprise » ne s’en remettrait pas. Son pauvre cœur n 5 sile x gra p hie ct Arme Suspe même Lieu Cravate Lui- réunion ateur gravi ensemble les échelons, des bancs de l’école aux aires, ils formaient un duo incroyable : Emmanuel, le n, l’intuitif à l’affût des dernières tendances et prêt à ande Entreprise » a finalement eu raison de la patience start-up concurrente : la plateforme d’intermédiation ontacté Emmanuel et organisé une rencontre dans son qu’Emmanuel ait saisi rapidement la puissance de la pe. Très vite, Emmanuel aurait compris que « La Grande non plus, semble-t-il... Le lab S de réalle union Après le départ des consultants de Chouette Place To Work ®, Emmanuel avait voulu rester seul dans la salle de réunion. Encore une fois, la participation de « La Grande Entreprise » au baromètre avait été un fiasco : 763e place, pire que l’année dernière… Ce qui attristait encore plus Emmanuel, c’était que ses collaborateurs ne percevaient pas ses efforts pour tenter de progresser dans ce classement. Pire encore, ils estimaient que la situation avait empiré et voyaient en lui la cause de tous les maux de l’entreprise. C’était décidé, ce soir, il fallait en finir. C’est Lucien qui l’aurait retrouvé quelques heures plus tard, pendu au lustre de la salle de réunion avec sa cravate. Les enquêteurs auraient apparemment retrouvé dans ses mains le Culture Book inachevé de « La Grande Entreprise ». La « victime » Emmanuel, le quadra middle-manager. Arme ect Lieu Susp oss obob Le R Arme Lieu Susp aire tionn L’Ac Le lab Cela faisait des mois que Roboboss avalait, digérait et analysait les péta-octets de données de « La Grande Entreprise ». Cette neuromatrice de 2e génération avait été conçue pour déterminer et mettre en œuvre des actions correctives visant à atteindre le meilleur niveau d’équilibre entre productivité et qualité de vie au travail. Or, ses algorithmes étaient formels : Emmanuel ne servait objectivement à rien. Face à cette logique implacable, on aurait retrouvé Emmanuel gisant sur le sol du lab, un bras bionique planté dans le dos… Bureau du boss ect Bras bionique Attaché case Bur du Beoau ss Vincent Bolléro est un homme d’affaires chevronné. Partout dans le monde, il a pris le contrôle de grandes entreprises et les a transformées en véritables Cash Machines, tout ça grâce à une stratégie industrielle finement élaborée. Pourtant, dans « La Grande Entreprise », sa stratégie ne fonctionne pas. Emmanuel lui a dit qu’il fallait repenser l’organisation pour que les collaborateurs se sentent plus impliqués et soient plus créatifs, mais Vincent n’a rien voulu savoir. Pire, il s’est senti insulté par ce jeunot d’à peine 43 ans qui pensait savoir mieux que lui comment diriger une entreprise digne de ce nom. Son sang n’a fait qu’un tour ! Fracasser le crâne d’Emmanuel à coup d’attaché case aurait pu être une bonne façon de le détendre. 6 newspaper A V R I L 2 0 1 6 L a r é i n v e n ti o n d u m a n a g e m e n t Glossaire Comment évoluer vers le management de demain ? Leadership Le leadership, c’est prendre l’initiative sur un projet. Cette posture n’est pas la chasse gardée des managers ou des chefs d’entreprises. Tout employé qui en a marre de l’immobilisme, ou qui souhaite s’investir davantage dans un projet particulier, peut prendre le lead. Contrairement au statut du manager, le leadership est éphémère : il s’arrête quand la prise d’initiative prend fin. Un schéma qui s’adapte parfaitement à la vision du management 3.0, qui met à mal les silos au profit de l’engagement. La position de leader n’est donc pas naturellement attribuée à celui qui aurait le plus de responsabilités, d’ancienneté, de relations, etc. Sa seule légitimité est celle de la volonté : celle d’agir, de mener, de s’engager. Le leadership n’est pas un poste ; c’est un rôle, une posture de l’action. Texte : Alexis Nicolas et Alban Dalle Le manager est menacé. Beaucoup complotent contre lui. Mais il y a bien quelques pistes à explorer qui lui permettront (peut-être) de sauver sa peau... Suivez-les avec nous ! Holacracy L’holacracy est un nouveau système de gouver nance des organisations, qui redéfinit le pouvoir hiérarchique et fixe des règles du jeu applicables à tous. Ces règles, inscrites dans une constitution, définissent la « raison d’être » de l’entreprise et permettent de guider clairement toutes les décisions. Aux oubliettes le traditionnel organigramme ! L’organisation se structure en cercles semi-autonomes et en équipes de travail, à l’intérieur desquels sont désignés des rôles. C’est le principe d’autorité distribuée. L’holacracy fait la distinction entre la personne et le rôle ; une personne pouvant assumer plusieurs rôles ou en changer selon le projet et ses compétences. L’efficacité de cette organisation repose en partie sur les méthodes de management et de développement agiles qu’elle utilise, et la tenue régulière de trois types précis de réunions : réunions stratégiques (vision, initiatives, offres), réunions de gouvernance (désignation des rôles, redevabilités...) et réunions opérations (pour clarifier les projets en cours et à venir). Une organisation donc encadrée mais absolument pas figée. Buzzword Terme aux contours encore mal dégrossis et à la définition volatile, qui sert à nommer un concept prometteur et extrêmement porteur d’un point de vue marketing. Le propre du buzzword est de susciter un engouement rapide, aussi rapide que la violence du dénigrement dont il fera l’objet quelques années plus tard. Exemple : « L’entreprise libérée, c’est so has been ! » - Kevin, 25 juin 2019. e management comporte à la fois des activités collectives – qui impliquent de multiples interactions – et des relations directes de manager à managé. Or, l’ère digitale révolutionne et virtualise les liens interpersonnels. C’est le premier défi à relever pour le manager de demain. L Cultiver une belle qualité relationnelle La première chose à faire, c’est d’accorder plus de temps aux relations, aux discussions. Trop souvent en entreprise, sous la pression de multiples contraintes, on accorde moins de temps à l’échange informel, en dehors des réunions. En conséquence, les relations se dégradent, et font perdre encore plus de temps. C’est le début d’un cercle vicieux dangereux, pouvant même avoir de graves impacts sur la santé et la vie privée. Donc en matière de relations, si vous n’avez pas le temps, il est urgent de le prendre ! Cela peut paraître contre-intuitif : ralentir pour accélérer ? Oui, comme sur une autoroute chargée où, si tout le monde accélère, des effets d’accordéon apparaissent et ralentissent le débit de voitures alors que si chacun réduit sa vitesse, le débit de voitures augmente et tout le monde arrive plus vite à destination ! Cette métaphore reste parfaitement valable dans le monde du travail dématérialisé, où la matière première est l’information, et les voitures, dans ce cas, un ensemble d’informations à traiter. Bâcler les échanges affecte le débit global. Ralentir ce partage tout en préservant un temps de discussion dédié avec chacun de ses collaborateurs se révèle être un investissement rentable – y compris pour la productivité ! Par ailleurs, il y a un outil relationnel que nous manions tous en permanence dans nos échanges : le feedback. Je ne peux m’empêcher d’offrir continuellement à mes collègues des informations à propos d’euxmêmes, de façon verbale ou non verbale, et l’absence de feedback en est un ! Alors, quitte à employer cet outil sans arrêt, autant essayer de le maîtriser. Dans ce cadre, il faut distinguer le feedback positif pour renforcer un comportement bien adapté (« Quand tu proposes spontanément ton aide aux autres comme ce matin, j’apprécie énormément car je trouve que ça aide à débloquer la situation et ça renforce l’esprit d’équipe et la solidarité. Continue comme ça ! ») et le feedback d’amélioration (« Quand tes collègues parlent de leurs points de blocage en réunion comme ce matin, et que tu ne proposes pas ton aide alors que tu es disponible, je me sens gêné. J’ai besoin de solidarité dans l’équipe. Pourrais-tu y prêter attention la prochaine fois ? »). L’art de donner et recevoir du feedback sereinement, sans jugement, se travaille en le pratiquant. Les principes de la Communication Non Violente (CNV) peuvent être d’une aide précieuse pour cela. Comme l’explique Thomas d’Ansembourg, un psychothérapeute belge, dans son ouvrage Cessez d’être gentil, soyez vrai ! Être avec les autres en restant soi-même, la CNV invite à réfléchir le feedback en articulant les Faits, les Sentiments qu’il provoque, les Besoins qu’il traduit et la Demande que l’on souhaite formuler. Et à comprendre aussi que ce feedback en dit davantage sur son émetteur que sur son récepteur ! managés, s’intéresseront aux différentes approches de coaching. Il en existe une particulièrement intéressante à explorer en entreprise, sur le thème des relations de qualité : c’est la démarche appréciative, ou plus largement les démarches fondées sur les forces. Ces dernières possèdent la particularité d’explorer ce qui fonctionne déjà pour l’amplifier, ou de s’en inspirer pour résoudre un problème. Par exemple, dans un entretien d’évaluation ou un bilan d’équipe, il faut commencer par identifier ce qui fonctionne bien, les points forts. Cela fonde la relation sur quelque chose de positif pour permettre d’aller plus loin. Puis d’avancer sur ce qui pourrait être amélioré. Cette démarche appréciative repose sur cinq principes : le principe constructionniste, qui indique que ce sont par les conversations, l’échange de nos mots et de nos points de vue que nous créons le présent et l’avenir. Le principe positif incite à comprendre que plus nos images internes sont positives, colorées, spectaculaires, plus nous serons attirés vers elles. Le principe poétique rappelle que nos histoires, personnelles et professionnelles, comme les grands poèmes, sont constamment réécrites, relues et réinterprétées. Le principe de simultanéité pose le fait que le changement s’opère dès l’instant où vous commencez à poser des questions. Enfin, le principe d’anticipation indique que les humains vivent en anticipant les événements futurs et leurs impacts sur les personnes qui les entourent (l’effet Placebo et l’effet Pygmalion en sont de L’art du feedback et la CNV s’inscrivent dans un mouvement plus large : le manager doit devenir un coach. Or cela ne s’improvise pas, c’est à la fois un ensemble d’outils et de techniques, mais aussi de postures et de savoir-être. Ceux qui voudront aller plus loin, managers ou « La réunion statique autour d’une table n’est pas la meilleure forme pour libérer l’intelligence collective. » Rejoignez la communauté. EN VOUS ABONNANT À SILEX ID, VOUS REJOIGNEZ LA COMMUNAUTÉ DES CRO-MAGNONS, AVEC UN ACCÈS PRIVILÉGIÉ À NOS CONFÉRENCES, AUX APÉROS-ABONNÉS, AU CONTENU WEB AINSI QU’À DE NOMBREUSES SUPRISES ! Abonnement d’un an au magazine (4 numéros) : 32 € pour l’étranger et les Dom-Tom, contacter [email protected]. Achat au numéro : 8,90 €/numéro Silex ID #01 (Dossier sur le Sport) Silex ID #02 (Dossier sur le Transport) Silex ID #03 (Dossier sur la Santé) Silex ID #04 (Dossier sur la Ville de Demain) Silex ID #05 (Dossier sur l’Alimentation) Silex ID #06 (Dossier sur le Shopping) Pour commander rendez-vous sur notre site store.silex-id.com. Pour tout comprendre du monde de demain, le magazine Silex ID vous propose entre 100 et 124 pages de contenu premium tous les trimestres, avec un dossier de 40 pages, de nombreux articles, des chroniques, des interviews, des bêta-tests… Tout simplement indispensable ! Poursuivez et participez à notre grand cycle sur le Retail et le Shopping de Demain, avec notre sélection de start-ups et de news sur notre site, nos ateliers et conférences, et notre grand dossier dans le magazine #06 bientôt disponible ! Plus d’infos sur www.silex-id.com. SILEX ID #06 Rendez-vous en kiosque le 15 avril 7 article bonnes illustrations). Devenir coach ou pas n’est finalement peut-être pas la question. Par contre développer ses compétences, ses capacités à mieux communiquer, mieux interagir, mieux coopérer, est nécessaire pour demain. Améliorer le travail collectif Le management implique des activités collectives pour prendre des décisions et les mettre en œuvre, se coordonner entre personnes ou équipes, définir les priorités. Il y a différentes façons de réaliser ces activités collectives. La structure pyramidale avec répartition des tâches en est une, mais ce n’est pas la seule. Les communautés opensource, qui développent des logiciels de façon souvent bénévole avec des personnes réparties partout dans le monde, relèvent autrement le même défi. Les jeux vidéo collaboratifs permettent aux joueurs de s’auto-organiser, sans structure hiérarchique. Il y a fort à parier que le management de demain ressemblera plus à un grand jeu collectif ou à une communauté vivante et dynamique, qu’à un organigramme rigide et faisant loi. À tous les niveaux, il est possible d’améliorer le management à l’aide de technologies sociales libérant l’intelligence collective. Popularisé ces dernières années par Jurgen Appelo, le Management 3.0 propose un certain nombre d’outils ludiques pour favoriser et améliorer le travail collectif, et expérimenter de nouvelles pratiques managériales. Les « cartes personnelles » par exemple constituent une façon originale d’apprendre à mieux se connaître sur un registre léger (mes études, mon parcours, mes hobbies, mes animaux domestiques…) ou plus profond (qu’est-ce qui a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui ?) en fonction de ce que les participants souhaitent partager et du niveau de confiance et de sécurité dans le groupe, en limitant au maximum toute forme de pression. En ajoutant ce « contexte » à nos collaborations, nous développons notre empathie, notre compréhension réciproque, nos connexions, nos valeurs communes... autant de vrais facteurs d’efficacité ! L’utilisation de ce type de jeu permet souvent de prendre conscience de tout ce que l’on peut améliorer en termes de délégation. peut même gamifier ! Et plus globalement constituer des équipes pluri-disciplinaires qui décloisonnent les silos de compétences, en rendant ainsi les équipes plus autonomes et responsables. Les technologies sociales peuvent aussi améliorer le travail collectif ! Chaque évènement collectif (réunion d’équipe, suivi de projet, brief de cadrage, point quotidien…) peut prendre différentes formes. La plus répandue à l’heure actuelle est une réunion autour d’une table avec une personne qui présente un diaporama. Mais est-ce la forme la plus propice pour faire émerger l’intelligence collective ? À côté de cela, les démarches Agiles apportent leur lot de rituels, certains ludiques, et toujours orientés « collectif ». « Un manager doit-il motiver ses troupes ou éviter qu’elles ne se démotivent ? » Au-delà, connaissez-vous les Innovations Games® ? Cette collection de douze jeux conçus par Luke Hohmann, son CEO, complète la panoplie des rituels Agiles et est orientée « création de produits ». Chaque jeu propose une forme particulière de travail collectif, permettant aux participants de s’impliquer de façon ludique, et au collectif d’atteindre ses objectifs de façon plus efficace. Avez-vous aussi entendu parler d’open-space (il ne s’agit pas d’un bureau partagé) ou de World Café ? Ce sont d’autres technologies sociales, conçues dans un but précis. Enfin le Laboratoire des Technologies Sociales, (labso.org) a été initié dans le but de fédérer des promoteurs de technologies sociales libres (dans le prolongement du mouvement des logiciels libres). Cette initiative, encore embryonnaire, invite d’ores et déjà à se questionner sur le choix de sa technologie sociale, à innover, combiner, réutiliser, partager avec la ferme conviction que la réunion statique autour d’une table n’est pas la meilleure forme pour libérer l’intelligence collective. Commencer par soi Il n’existe pas de chemin unique ; chacun peut avancer, à son rythme, en fonction de son contexte. Cependant, mieux vaut garder en tête que plus un changement est grand, plus il est préférable de commencer petit et d’adopter une stratégie des petits pas. Selon votre contexte et votre cheminement personnel, vous préférerez peut-être prendre le temps de cultiver des relations de qualité. Ou bien vous aurez envie de profiter d’un programme de transformation Agile ou d’amélioration du travail collectif au sein de votre organisation. Dans ce cas, vous aurez probablement intérêt à vous inscrire dans la démarche existante pour la renforcer et l’améliorer : cherchez, explorez, apprenez, expérimentez et vous trouverez votre chemin. « Et si au-delà du profit, le but d’une entreprise était d’apporter quelque chose qui manque au monde ? » Mais peut-être que les solutions évoquées ne semblent pas réalistes ou appétissantes selon le contexte. Voici d’autres pistes possibles pour débuter, sous forme de questionnement, sur votre rôle de POUR pourquoi MIEUXsuis-je SE manager CONNAÎTRE manager : ? Quel manager ai-je envie d’être ? À quoi mon organisation pourrait-elle ressembler dans le futur, et comment l’accompagner dans ce mouvement ? Lesquels de mes comportements puis-je changer pour avancer dans cette direction ? Ou sur votre motivation : un manager doit-il motiver ses troupes ou éviter qu’elles ne se démotivent ? La question de la motivation en entreprise reste aujourd’hui majoritairement basée sur la motivation extrinsèque, c’est-à-dire le fait d’être motivé par la tâche à accomplir pour des raisons extérieures à la tâche en ellemême : le salaire, le bonus, la promotion en sont des exemples. Or de nombreux travaux l’attestent, la motivation intrinsèque – comme la fierté ou l’amour du travail bien fait, le plaisir à réaliser telle ou telle tâche – est tout aussi puissante ! Mais celle-ci ne se « donne » pas… Alors que puis-je changer pour cultiver un environnement de travail qui favorise la motivation intrinsèque plutôt qu’extrinsèque ? Enfin, il faut produire du sens : et si au-delà du profit, le but d’une entreprise était d’apporter quelque chose qui manque au monde ? De sa raison d’être, l’entreprise pourra créer de la valeur. L’argent n’est pas le but ni le sens mais « c’est son oxygène » nous rappelle Jean-François Zobrist, directeur de la fonderie FAVI. Quel sens vos produits, vos marques, vos outils, votre équipe portent-ils ? Comment pourraient-ils être plus pertinents ? Plus inspirants ? Plus simples ? Il n’existe pas de chemin unique ou de réponse évidente face à la complexité croissante du monde, de l’entreprise et du rôle de manager. En revanche, la transformation digitale des entreprises est l’opportunité pour chacun de s’interroger, d’expérimenter, d’apprendre pas à pas et de progresser dans ses pratiques de management au quotidien, dans une logique d’adaptation et d’amélioration continue jEUetN°davantage de pour de meilleurs résultats… bonheur au travail ! Bref, il s’agit d’enquêter sans cesse sur la meilleure façon de faire du management, plutôt que d’enquêter sur les causes de la mort du manager… Les démarches « Agiles » mettent l’accent sur la communication et la collaboration par nombre de pratiques qu’elles proposent. Par exemple, le « stand-up meeting » consiste à tenir un point quotidien de synchronisation de l’équipe de quelques minutes sur les travaux en cours. Autre pratique : rythmer le planning des projets par itération de deux semaines conclues par une « démonstration » et une « rétrospective », respectivement pour faire le point sur le « produit » en cours de construction et le « processus » de réalisation – une bonne pratique d’amélioration continue que l’on Les « cartes personnelles » constituent une façon originale d’apprendre à mieux se connaître. disponible dans notre réseau 7 newspaper avril 2 0 1 6 8 chronique bienvenue dans le futur Demain, le rôle du manager va être amené à changer… en profondeur ! Petit aperçu de ce qui vous attend. Texte : Ludovic Cinquin 7H04 Les biocapteurs de ma literie ont synchronisé les douces vibrations de mon sommier et la montée progressive de la luminosité de la pièce avec la fin de mon dernier cycle de sommeil pour un réveil tout en douceur. De quoi me lever en pleine forme pour attaquer cette nouvelle journée de travail. Et aujourd’hui, je bosse de chez moi : même avec mon poste de manager chez RobOS, une PME qui conçoit des systèmes d’exploitation pour entités robotisées autonomes mobiles à destination des établissements médicaux, je ne suis autorisé qu’à un nombre annuel limité de déplacements vers mon lieu professionnel : développement durable et lutte contre la pollution obligent ! Mais qu’importe, les solutions de présence virtuelle augmentée me permettent de remplir parfaitement ma fonction de manager à distance. Je trouve même cela plus efficace, sachant que mon assistant virtuel me permet dans ces cas-là de décoder en temps réel les réactions de mes collègues et me donne, en surimpression visuelle, des informations précieuses sur les comportements les plus efficaces à adopter avec eux. Certes, cela ne remplace pas une conversation à la machine à thé vert, mais ces technologies ont vraiment fait des progrès énormes depuis l’instauration de la taxe sur les déplacements. Je suis très fier de travailler chez RobOS. Tout d’abord, parce qu’en faisant évoluer la robotique autonome mobile, nous participons à construire un monde meilleur où seules les activités les plus intéressantes resteront à la charge des êtres humains. Mais aussi parce que RobOS est une entreprise à la pointe du post-management. En effet, comme la conception d’un OS de robot est un travail de longue haleine, nous faisons, contrairement à la tendance du marché, très peu appel aux microjobs recrutés par enchères inversées à la journée. Au contraire, nous signons des contrats d’engagement bi-latéraux de longue durée (6 mois) avec tous nos collaborateurs. C’est une garantie réciproque. Nous leur assurons une belle pérennité sur leur job en échange de leur fidélité. S’ils partent avant l’échéance fixée, ils sont coupables d’un délit sévèrement réprimé par la loi. Le système de mercenariat qui s’est mis en place avec la montée en puissance de LinkedIn et de AirJob, la version « personnelle » de Airbnb, conduisait les entreprises dans une impasse en raison du turn-over considérable suscité par ces plateformes d’intermédiation professionnelles. Chez RobOS, nos collaborateurs sont évidemment tous freelances. L’instauration du revenu universel en 2021 a en effet complétement changé la donne et a fini d’enterrer le statut de salarié qui commençait à battre sérieusement de l’aile avec l’entrée en vigueur de la loi Macron 4. Désormais, seuls ceux que l’oisiveté rebute ou bien qui comptent sur un vrai complément de revenu pour réaliser des rêves dispendieux sont à la recherche d’une activité professionnelle. Les autres s’investissent dans des projets communautaires, dans des activités de loisirs ou passent leurs journées dans les paradis artificiels – mais tellement convaincants – de la réalité virtuelle. Cette évolution était devenue vitale avec la baisse irrémédiable du TAR (Taux d’Activité Rémunéré), l’indicateur qui avait fini par remplacer le fameux taux de chômage, aussi déprimant que dépassé. Pour ma part, je fais partie des « vieux » qui ont toujours travaillé et je ne concevrais pas mon existence sans une activité professionnelle : trop éloigné des valeurs que mes parents m’ont inculquées à l’aube de ce siècle. Oh, évidemment, le boulot de manager n’a plus rien à voir avec ce qu’il était il y a seulement vingt ans. En tout cas, pour ce qu’on m’en a raconté. « Mon assistant virtuel me permet de décoder en temps réel les réactions de mes collègues. » Par exemple, chez RobOS, comme dans beaucoup d’entreprises actuelles, les managers sont élus sur la base d’une élection sans candidat par tous les collaborateurs avec des contrats de prestation de plus de trois mois : « manager » n’est ainsi plus un titre, mais un rôle qui est remis en jeu à intervalles réguliers. Les sciences de la motivation sont passées par là : dans un monde où l’engagement personnel et la créativité des contractants de l’entreprise sont des clés de la réussite, il est apparu de plus en plus nettement que le choix du manager ne pouvait être laissé qu’à la discrétion de chacun. Certaines entreprises à base de travail humain sont même allées jusqu’à supprimer ce rôle, parfois en le dissimulant derrière des termes qui ne trompent personne : « représentant », « délégué », « leader », « pair supérieur ». Quoi qu’il en soit, le besoin d’un rôle d’organisateur de l’activité demeure. En tout cas, je le crois profondément, même si je sais que ma réélection récente ne me rend pas complétement objectif sur ce point. Cette culture occidentale du management est très différente de celle que l’on trouve dans certains pays d’Asie. La recherche de l’efficacité à tout prix a donné lieu à des pratiques qui, bien heureusement, ont été très tôt proscrites par la commission Euratlantique. Par exemple, les candidats aux postes de management doivent accepter un implant cérébral régulateur d’émotions et une reprogrammation comportementale à base de produits psychotropes. Certes, ce sont des procédés efficaces mais dont les conséquences à long terme restent encore mal connues. De la même façon, il n’est pas rare dans ces pays que les personnes en recherche d’un contrat de freelance aient recours à des démarches d’augmentation pour accroître leur valeur professionnelle de marché : les greffes de membres artificiels ou d’yeux synthétiques, les coprocesseurs encéphaliques, les drogues dites de pertinence, les enrichissements génétiques visant à augmenter la résistance, l’intelligence ou la vigilance, tout y passe ! Il est vrai que dans les pays où le revenu universel n’a pas été mis en œuvre, les activités rémunérées sont rares en regard du nombre de candidats et font l’objet d’une furieuse concurrence qui met d’emblée hors-jeu tout individu avec des facultés purement humaines. Le sujet est plus tabou dans nos contrées : personne n’est dupe et chacun profite de la moindre intervention chirurgicale pour accroître ses capacités par des organes de synthèse. Mais cela ne fait pas l’objet d’une course à l’armement comme il en existe ailleurs sur la planète. Et mon boss, me direz-vous ? Eh bien, tout se passe très bien. Il est par ailleurs propriétaire à 49 % de l’entreprise. Notre communication est saine et directe et je le trouve très ouvert dans sa gestion des ressources humaines. C’est vraiment l’un des gros avantages à travailler pour un « Roboboss » : le pragmatisme de ces intelligences artificielles de type 4 les conduit à rechercher l’efficacité maximale et donc à mettre en place des conditions de travail aussi bonnes que possible. Car ils ont compris que pour nous autres, êtres humains, plaisir au travail et performance vont de pair ! dans notre réseau… Silex ID Newspaper est une publication de Silex ID – Directeur de la publication : Matthieu Vetter – Directeur des contenus : Daniel Geiselhart – Responsable Silex ID Newspaper : Anaïs Bozino - Création Charte Graphique : Yann Taeger – Directrice Artistique : Charlotte Cosmao – Responsable Silex ID Network : David Batusanski – Community Manager : Jean-Marc Desfougères – Illustrations : Sophie Delronge, Charlotte Cosmao – Imprimé en France par Imprimerie Léonce Deprez - Distribution MLP Textes, illustrations et photos copyright Silex ID, 16, rue Saulnier, 75009 Paris – SAS au capital de 10 157 € – Fondateurs : Léonce Deprez et Matthieu Vetter – Contact : 06 81 83 55 07 [email protected] – [email protected] – [email protected] – Dépôt légal à parution – Commission paritaire : en cours – Abonnement : www.silex-id.com.