Chauffage plaquettes bois - Chambre d`Agriculture des Hautes

Se chauffer sans énergie fossile, avec les plaquettes bois
Cela fait quelque temps déjà que Gérard CAZAUBON étudie la meilleure façon de chauffer son
habitation tout en valorisant le bois, sans pour autant faire du bois bûche.
Ce qu'il souhaite c'est valoriser les branchages, issus de l'entretien des haies et des talus.
Afin d'alimenter en plaquette bois sa chaudière polycombustible, il loue un broyeur. Cependant, le
produit issu de ce broyeur n'est pas satisfaisant: les plaquettes bois sont non calibrées avec des
brins trop longs, ce qui entraîne un blocage au niveau de l'alimentation de la chaudière.
Entre-temps, d'autres agriculteurs des Baronnies souhaitent eux-aussi se chauffer à partir de
plaquettes bois.
Pour répondre à ces attentes, Gérard CAZAUBON et 3 autres agriculteurs créent l'association
"Feu de tous bois" en mars 2009.
Avec l'aide de la communauté de communes des Baronnies, ils décident d'acheter une
déchiqueteuse.
La déchiqueteuse achetée est de marque Nidal-Biber3 à couplage trois points cardan à un
tracteur de 70 CV.
Le diamètre maximum de coupe est de 18 cm
Le débit varie entre 3 et 5 m3 / heure en fonction de la préparation du chantier.
Pourquoi avoir choisi cette déchiqueteuse ?
Gérard CAZAUBON :
"On n'a pas souhaité investir dans une déchiqueteuse plus puissante. L'état d'esprit de
l'association est aussi de venir en complément du bois bûche, tout le bois qui n'intéresse pas le
bois bûche est valorisé. Il faut respecter ceux qui ont déjà mis en place des systèmes de
valorisation du bois. Il y a de la place pour tout le monde.
On privilégie la partie branchue, si possible, sous forme de taille d’entretien, conservant à l’arbre
toute vitalité et garantissant de nouvelles repousses les années à venir".
Le coût de la déchiqueteuse est de 18 000 € HT, subventionné à environ 60 % par la
communauté de communes des Baronnies.
Une convention de mise à disposition de la déchiqueteuse est signée entre l'association "Feu de
tos bois" et la communauté de communes. Le but de cette convention repose sur 4 idées :
1- l'entretien des chemins boisés,
2- le chauffage individuel à la plaquette bois,
3- le chauffage de collectivité à la plaquette bois,
4- créer une émulation sur les énergie renouvelables par la valorisation du bois en complément
du bois bûche, dans le cadre d'un développement économique durable.
En ce qui concerne le chauffage aux collectivités, il est envisagé à moyen terme d'alimenter une
chaufferie d'une maison de retraite.
Chaque agriculteur utilise environ 10 heures par an la déchiqueteuse. Le chantier mobilise au
moins 2 personnes.
Il faut entre 40 et 50 m3 / an de plaquettes bois pour chauffer une maison d'environ 200 m²
(moyennement isolée).
Pour une meilleure qualité de plaquette, il est conseillé de déchiqueter le bois vert. Puis, les
plaquettes seront stockées à l'abris pendant au moins 6 mois avant utilisation.
Déchiqueteuse en pleine action
Concrètement comment vous chauffez-vous ?
Gérard CAZAUBON :
"Les plaquettes bois sont stockées dans un grenier aéré au-dessus de la chaudière. Par un
système de trappe, les plaquettes tombent directement dans la réserve de la chaudière.
L’alimentation peut aussi être assurée par une visse sans fin du silo à la chaudière, limitant les
contraintes d’approvisionnement, tout en garantissant une grande autonomie à la température
souhaitée.
Concernant la chaudière, j’ai choisi une chaudière polycombustible de 30 kW.
Elle m'a coûté 9 000 € HT, sans compter la pose. J'ai bénéficié d'un crédit d'impôt de 50 %.
Cela fait 3 ans qu'elle fonctionne et tout ce passe bien.".
Comment voyez-vous l'avenir de l'association "Feu de tous bois" ?
Gérard CAZAUBON :
" La plaquette de bois a un bel avenir dans les Baronnies, dans le cadre notamment des
économies d’énergie. Déjà deux autres agriculteurs souhaitent rejoindre l'association.
On aimerait aussi construire un hangar commun pour y stocker les plaquettes bois.
Ces plaquettes ainsi stockées pourront aussi servir aux collectivités et pourquoi pas aux autres
personnes, non agriculteurs, qui souhaiteraient se chauffer à la plaquette bois.
L'association a donc un bel avenir et sera peut être à l'origine d'une nouvelle économie locale".
Gérard CAZAUBON et son fils, Thomas CAZAUBON
Gérard CAZAUBON, 53 ans
agriculteur à Avezac-Prat-Lahitte
éleveur de bovins viande (race Blonde d'aquitaine) - 50 mères
Production de broutards et vente directe de viande
SAU: 60 Ha + estive communale
3 Ha de blé et maïs, le reste en prairies naturelles
Quelques références:
1 m3 de plaquettes = 1 000 kWh = 100 litres de fioul
1 litre de fioul consommé produit 3 kg équivalent de CO2
En électricité, il faut 15 Wh / m3 pour une maison bien isolée et 35 Wh / m3 pour une maison mal
isolée.
En partant sur une économie de 16 000 litres de fioul réalisée actuellement par les 4 agriculteurs
(pour chauffer des maisons d'environ 200 m² , moyennement isolées), on s'aperçoit que
l'association "Feu de tous bois" permet d'éviter le renvoi de 48 tonnes équivalent de CO2 dans
l'atmosphère (gaz à effet de serre).
Le Plan de Performance Energétique (PPE) pour les agriculteurs:
Ce plan du ministère de l'agriculture et de la pêche, préparé en concertation avec la profession
agricole, a pour objectif d'améliorer l’efficacité énergétique globale des exploitations agricoles. Il
bénéficie de l’engagement de partenaires, notamment du secteur énergétique; par exemple, EDF
participe à hauteur de 300 € par diagnostic Planète (pour les 10 premiers diagnostics
énergétiques).
Financement
En Midi-Pyrénées, le PPE bénéficie pour 2010 d'une enveloppe d'environ 1 millions d'euros,
destinée à améliorer l'efficacité énergétique des exploitations agricoles.
Un dispositif unique de financement abondé par des crédits nationaux et européens, fixe la liste
des investissements éligibles et des conditions d'accès pour les agriculteurs. Les dossiers de
demande sont disponibles à la DDT (anciennement DDAF, puis DDEA) et à la Chambre
d'Agriculture.
Quels investissements peuvent être subventionnés ?
Les équipements d'économie d'énergie (matériaux d'isolation des bâtiments, équipements
dans les blocs de traite pour refroidir le lait et en récupérer la chaleur, échangeurs thermiques,
…).
Les équipements de production d'énergies renouvelables (chauffe-eau solaire, séchage
solaire des fourrages, chaudières à biomasse, pompes à chaleur, …).
Ces investissements doivent être liés à l'activité agricole (totalement ou partiellement).
La subvention varie entre 40 % et 60 % de l'investissement avec un montant global des
investissements éligibles de 40 000 €.
Le passage obligé pour bénéficier des subventions de PPE est de réaliser un diagnostic Planète,
diagnostic énergétique (800 € HT, subventionné entre 40 % et 60 %).