Circulaire - Conservatoire d`espaces naturels de Lorraine

Transcription

Circulaire - Conservatoire d`espaces naturels de Lorraine
Circulaire
de la commission Reptiles et Amphibiens de Lorraine
Mars 2012
#34
SOMMAIRE
EDITORIAL........................................................................................3
ETUDES ET SUIVIS
- Résultats du programme Carnet B herpétofaune 2011............................................. 4
- La Chytridiomycose en France et en Lorraine............................................................... 9
- Bilan de 10 ans de suivi de barrières/pièges sur le site de Bellefontaine............ 13
TRAVAUX DE GESTION ET MILIEUX
- Mise en place d’un batrachoduc sur la RD 657 à Novéant-sur-Moselle,
enjeu Trame Verte et Bleue d’importance pour la Vallée de la Moselle................ 15
- De nouvelles mares transfrontalières.............................................................................18
BREVES
Lorraine
- Le rattachement de l’Alsace Bossue à la Lorraine !..................................................... 21
Meuse
- Un chantier « herpétologique » dans le Sud Meusien................................................ 21
- Protection des anciennes carrières de Lérouville......................................................... 22
Meurthe-et-Moselle
- La Grenouille verte retirée des espèces pêchables.................................................... 23
- Les mares de Saulxures-lès-Nancy enfin en Arrêté de Protection de Biotope......24
- Un nouveau site d’intérêt herpétologique protégé à Uruffe..................................... 24
Vosges
- Observation d’une Vipère péliade dans les hautes Vosges......................................25
Moselle
- Une population de Bombina bombina en Moselle.......................................................26
Des nouvelles de nos voisins.................................................................................................28
Publications récentes..............................................................................................................29
Agenda.................................................................................................................................... 30
1
EDITORIAL
Chers collègues herpétologistes,
L’année 2011 a été riche en évènements pour les reptiles et les amphibiens de Lorraine. Que ce soit au
niveau de la collecte des données, de l’amélioration des connaissances sur la chytridiomycose, de l’aspect
règlementaire, de la découverte de nouvelles espèces ou de la protection de sites d’intérêt herpétologique,
beaucoup de projets se sont finalisés ou ont été entrepris cette année.
Un des gros chantiers à été la réalisation du programme CARNET B herpétofaune qui a permis, en plus
des envois réguliers des bénévoles, de collecter cette année plus de 6000 données, ce qui fait de l’année
2011 une année record dans ce domaine.
Cette année est aussi l’occasion de présenter une circulaire nouvelle version que j’espère plus facile à lire. Je
remercie à cette occasion Lydie du Conservatoire des Sites Lorrains qui a travaillé sur la mise en page.
Bonne lecture et bonnes prospections à tous pour cette année 2012 !
Damien AUMAITRE
Secrétaire de la Commission Reptiles et Amphibiens de Lorraine
Je tiens à remercier toutes les personnes ayant communiqué des articles pour ce présent bulletin ou qui ont
relu certains articles : Pierre Grisvard, Yann Dissac, Jacques Thiriet, Jean-Baptiste Lusson, Laurent
Godé, Nathalie Siefert, Cyrille Didier, Mathieu Le Peutrec, Jean-Baptiste Schweyer, François Fourmy,
Stéphane Vitzthum, Christophe Courte et Manuel Lembke.
3
Résultats du programme
Carnet B herpétofaune 2011
Pierre GRISVARD (Conservatoire des Sites Lorrains, [email protected])
Introduction
Rappel : Le projet « Cartographie Nationale des Enjeux
Territoriaux de Biodiversité Remarquable (CARNET B) » vise à
obtenir à moyen terme (10 ans) une cartographie de tous les
éléments de biodiversité remarquable au niveau national. Un
des points majeurs de la méthodologie CARNET B consiste à
faire remonter les données d’absence d’une espèce tout autant
que les données de présence. De fait, les données recueillies
doivent aussi mentionner la pression d’inventaire et le niveau
de connaissance estimé par maille 10x10 km pour chaque
espèce. Deux objectifs conjoints sont visés dans le cadre de
ce programme. Le premier est d’améliorer la connaissance
de la biodiversité remarquable d’une manière générale, et
soumise à réglementation de façon prioritaire. Le second
objectif est de disposer d’une information générique pouvant
être intégrée le plus tôt possible dans les études concernant la
réalisation d’infrastructures de transport.
Etudes et suivis
Le Conservatoire des Sites Lorrains (CSL), à travers la
Commission Reptiles et Amphibiens (CRA), détient la base
de données sur l’herpétofaune en Lorraine. C’est pourquoi
il s’est proposé de travailler sur ces taxons à la Direction
Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du
Logement (DREAL) de Lorraine qui finance intégralement
ce projet.
Le projet CARNET B s’est réalisé durant toute cette année
2011. Cet article présente donc la synthèse des données
de ce projet sur l’herpétofaune en Lorraine.
4
Méthode
Les connaissances sur la répartition des espèces étaient
disparates avant le projet. Les pressions d’inventaires
étaient très différentes en fonction des régions mais aussi
en fonction des espèces. Toutes les espèces étant pris en
compte dans le projet, il a été décidé de se concentrer
sur des espèces prioritaires, même si toutes les espèces
observées lors des prospections ont été notées. Ainsi parmi
les 25 espèces autochtones de Lorraine, 5 espèces de
reptiles et 8 espèces d’amphibiens sont considérées comme
prioritaires :
- Reptiles : Vipera aspis, Hierophis viridiflavus, Coronella
austriaca, Lacerta agilis et Podarcis muralis.
- Amphibiens : Rana dalmatina, Hyla arborea, Bombina
variegata, Bufo calamita, Pelodytes punctatus, Alytes
obstetricans, Triturus cristatus et Lissotriton vulgaris.
1
2
Le nombre de mailles est relativement important (290 mailles
10 X 10 km sur la Région) et les espèces à rechercher sont
plus ou moins faciles à trouver. Aussi, 3 autres structures ont
participé aux inventaires CARNET B et chacune d’elles était
responsable de plusieurs mailles :
- L’association NEOMYS (43 mailles) : pour la recherche en
Meuse de Pelodytes punctatus, Alytes obstetricans et Bufo
calamita.
- L’association LOANA (14 mailles) : pour la recherche de
toutes les espèces d’amphibiens et de reptiles dans le
pays de Neufchâteau et du Toulois.
- L’Office National des Forêts (19 mailles) : pour la
recherche des reptiles sur les Côtes de Meuse au Nord
de Saint-Mihiel.
Le CSL était responsable de la recherche de toutes les
autres espèces sur toutes les autres mailles de la région.
Plusieurs critères ont été pris en compte afin d’optimiser
et rentabiliser les prospections en fonction des périodes
d’activité des animaux (répartition dans les régions
limitrophes, mailles ne contenant que les données inférieures
à 2000, mailles présentant peu ou pas de données). Ainsi,
105 mailles ont été prospectées pour les amphibiens et 84
mailles pour les reptiles soit 189 mailles au total.
Dans chaque maille, les inventaires ont été réalisés dans les
habitats favorables (repérés préalablement sur une carte
IGN 1/25 000 et à l’aide de Géoportail© (www.geoportail.fr).
Les inventaires amphibiens se
sont toujours déroulés de
nuit, à vue ou à l’écoute
selon les espèces. La
capture1 avec des
nasses a aussi été
utilisée, notamment
pour les urodèles. A
chaque changement
de sites, les bottes
ainsi que tout matériel
qui a touché l’eau est
désinfecté au Virkon®
selon le protocole établi
par Dejean et al. (2010)2 . Ce
Pelodytes punctatus
protocole permet de limiter,
Une autorisation de capture a été adressée à toutes les personnes qui ont réalisé les inventaires (Arrêté préfectoral n°2011-DREAL-RMN-28).
Dejean J., Miaud C. & Ouellet M., 2010, Protocole d’hygiène pour limiter la dissémination de la Chytridiomycose lors d’interventions sur le
terrain, Bulletin de la Société Herpétologique de France, 134 : 37-44
entre autres, la dissémination de
la Chytridiomycose.
Les inventaires reptiles
ont été réalisés en journée à vue même par
temps couvert tant
que la température
n’était pas trop basse. D’autre part des
plaques ont été disposées durant le mois
de mars afin de détecter plus aisément les
ophidiens. Ces plaques ont
principalement été posées en
limite d’aire de répartition de
Rana dalamatina
Vipera aspis et Hierophis viridiflavus. 54 plaques ont été posées par le CSL et 90 par l’ONF soit 144 au total.
Les prospections ont commencé le 2 février 2011 (Rana dalmatina) pour se terminer le 4 octobre 2011 (Hierophis viridiflavus, Vipera aspis). Les inventaires de terrain ont comptabilisé 243 jours pour les 4 structures.
Résultats
Les résultats présentés dans les tableaux suivants ne
comprennent que les données postérieures à 2000
conformément au protocole Carnet B. Les résultats indiqués
« Carnet B » comprennent uniquement les données issues
des prospections CSL, LOANA, NEOMYS et ONF.
Le tableau I présente le nombre de données reptiles
accumulées par le projet Carnet B ainsi que le nombre de
nouvelles mailles comblées par rapport au nombre total
de mailles.
5
Tableau I : Résultats
Carnet B pour les reptiles
Espèce* : Espèce allochtone
Les données reptiles ont augmenté de 22,5% par rapport
aux données postérieures à 2000 de la base CRA, ce qui est
assez conséquent étant donné la difficulté pour inventorier
ce groupe. Les espèces montrant de bons résultats sont
principalement les espèces prioritaires, les recherches ont
donc bien été ciblées. Les régions présentant les meilleurs
résultats sont surtout les Côtes de Meuse, le Barrois et
l’Ouest vosgien.
Coronella austriaca est l’espèce avec les meilleurs résultats, la connaissance de sa répartition a considérablement
augmenté. Les nouvelles mailles de Hierophis viridiflavus
ne concernent que des anciennes données. Par contre, les
nouvelles mailles de Vipera aspis ont permis de compléter
les lacunes de sa répartition. La répartition des espèces
plus communes a également été grandement complétée
mise à part Natrix natrix dont la répartition était déjà bien
6
connue.
Le tableau II présente le nombre de données amphibiens
accumulées par le projet
Carnet B ainsi que le
nombre de nouvelles
mailles comblées par
rapport au nombre
total de mailles.
Coronella austriaca
au bord d’une clôture de jardin
Tableau II : Résultats
Carnet B pour les AMPHIBIENS
Espèce* : Espèce allochtone
Le nombre de données amphibiens accumulées par le
projet Carnet B est aussi considérable, même si ces résultats
sont plus hétérogènes que ceux des reptiles. Les régions qui
montrent les meilleurs résultats sont le Sud de la Woëvre, le
Pays de Neufchâteau, le Barrois, Les Côtes de Meuse et la
Plaine sous-vosgienne.
Alytes obstetricans est l’espèce qui montre les meilleurs
résultats, sa répartition a très largement augmentée.
Triturus cristatus et Lissotriton vulgaris montrent aussi
de bons résultats, la méthode des nasses ayant été très
efficace pour les inventorier. Hyla arborea a aussi de bons
résultats puisque les lacunes entre la Woëvre du Nord et
L’étang de Lachaussée ont été comblées. Rana dalmatina a
été détectée 2 fois, cela peut paraître peu mais c’est une
espèce très discrète, difficile à trouver en Lorraine et qui
fait l’objet de confusions avec Rana temporaria.
Pelodytes punctatus et Bufo calamita n’ont quasiment pas
été trouvés car le printemps 2011 a été très défavorable
pour ces 2 espèces (sècheresse précoce). Bombina variegata
présente peu de mailles supplémentaires bien qu’il y ait de
nombreuses observations. Cette espèce possède une large
répartition et était relativement bien connue auparavant
grâce au plan d’action régional. Enfin Pelobates fuscus et
Bufo viridis n’ont pas été observées car ce ne sont pas des
espèces prioritaires pour ce programme. De plus, elles
sont très localisées et leurs répartitions étaient déjà bien
connues, là aussi grâce au plan d’action régional.
7
Conclusion
Le projet Carnet B a
accumulé 740 données
pour les reptiles et
1812 données pour
les amphibiens soit
2552 données pour
l’herpétofaune.
Par rapport à la
base de données
de la CRA, ces
données représentent
une augmentation de
22,5 % pour les reptiles
et une augmentation de
10 % pour les amphibiens
Bufo calamita
soit 12,3 % au total. Cette
augmentation est relativement importante par rapport à
la durée du projet (1 année) et au nombre de données
déjà élevé de la base CRA. Un nombre très conséquent de
données non pris en compte dans cette synthèse (données
bénévoles) a également été acquis cette année grâce au
projet Carnet B.
En prenant en compte toutes les espèces, le projet Carnet
B a permis de combler 266 mailles 10x10 km, dont
127 mailles supplémentaires pour les reptiles (soit une
augmentation de 15,2 % par rapport à la base CRA) et
139 mailles supplémentaires pour les amphibiens (soit une
augmentation de 7,8 % par rapport à la base CRA).
Les résultats sont donc très satisfaisants. De plus, les résultats
sont présentés uniquement en maille 10x10 km, alors que
des recherches ont aussi été effectuées en maille 5x5
km pour certaines espèces. Ainsi, le nombre de données
par rapport au nombre de mailles supplémentaires peut
paraître déséquilibré, comme par exemple Bombina
variegata. Pourtant, sa répartition a été précisée cette
année grâce au comblement de mailles 5x5 km.
En outre, plusieurs mailles ont été remplies cette année mais
ne figurent pas dans les « données Carnet B » car elles
proviennent de bénévoles.
Enfin, un grand nombre de données a permis d’actualiser
des mailles dont les données étaient anciennes mais
postérieures à 2000. Ces résultats n’apparaissent pas non
plus dans ces résultats.
Chez les amphibiens, les espèces qui ont montré de très
bons résultats sont : Alytes obstetricans, Hyla arborea, Triturus
cristatus, Lissotriton vulgaris et chez les reptiles : Coronella
austriaca, Hierophis viridiflavus, Vipera aspis, Lacerta agilis,
Podarcis muralis. D’une manière globale et en raison d’un
printemps très sec, les reptiles ont montré de meilleurs
résultats que les amphibiens, même si la méthode des
plaques disposées cette année a connu un faible succès.
Le printemps 2011 a été exceptionnellement sec. En effet,
« Le printemps 2011 a été marqué cette année par la
persistance de conditions anticycloniques sur l’Europe, avec
8
pour conséquence un temps exceptionnellement chaud, sec
et ensoleillé … Ce printemps 2011 se positionne au premier
rang des printemps les plus chauds depuis le début du XXe
siècle… » (Bulletin Météo France, 2011). Cette météo a
été défavorable à la détection de 2 espèces précoces
et fréquentant les milieux temporaires qui sont Pelodytes
punctatus et Bufo calamita. Le projet Carnet B serait donc à
poursuivre en 2012 pour ces 2 espèces.
Certaines zones de la Lorraine n’avaient jamais fait l’objet
de prospections. Carnet B a ainsi permis d’avoir une pression
de prospection plus homogène sur l’ensemble de la région.
C’est la raison pour laquelle les résultats ont été rapides
pour certaines espèces communes ou certaines mailles :
Barrois, centre de la Woëvre, plaine sous-vosgienne pour
les amphibiens ; et Barrois, Côtes de Meuse, Pays de
Neufchâteau et Sud-Ouest vosgien pour les reptiles.
Grâce aux cartes de richesse spécifique et aux cartes de
répartition des espèces, les zones à forts enjeux peuvent
maintenant être identifiées sur la région Lorraine. Ceuxci sont à croiser avec les résultats des autres taxons et
des habitats afin d’identifier les enjeux territorialisés de
biodiversité remarquable.
Nous tenons à remercier
la DREAL qui a financé
ce projet ainsi que
NEOMYS, LOANA
et l’ONF et les
bénévoles pour
leur travail.
Lacerta agilis
La Chytridiomycose, état des
lieux en France et en Lorraine
Damien AUMAITRE (Conservatoire des Sites Lorrains, d.aumaitre@cren-lorraine)
avec l’aide des dernières données de Claude MIAUD (Professeur à l’Université de Savoie - [email protected])
Introduction
Nous avons déjà évoqué cette maladie émergente des
amphibiens dans le dernier bulletin de la Commission. Il
s’agit ici de donner les informations récentes sur ce sujet et
sur les résultats des analyses menées en 2011 en France et
en Lorraine.
Rappel sur cette zoonose
Ce champignon (Batrachochytrium dendrobatidis - Bd),
qui se développe sur la kératine des amphibiens (pièces
buccales des têtards, épiderme des juvéniles et des adultes)
a été détecté à ce jour sur 387 espèces dans 47 pays, en
provoquant d’importants foyers de mortalité dans au moins
7 d’entre eux. En France, Batrachochytrium dendrobatidis
a été observé dans les populations de Grenouille taureau
introduites en Gironde, en Dordogne et dans le Loir-etCher. Il est également à l’origine d’une mortalité importante
d’amphibiens observée en 2006 dans les Pyrénées sur
l’Alyte accoucheur et la Salamandre tachetée.
La situation en France
Afin de connaître la situation de ce pathogène en France
et de proposer des mesures de gestion adaptées à cette
problématique, un programme d’étude et de surveillance
des maladies des amphibiens en France à vu le jour en
2008. Ce programme, mené par le Parc naturel régional
Périgord-Limousin et le Laboratoire d’Ecologie Alpine
est désormais intégré à un programme de recherche
européen sur la chytridiomycose (RACE : Risk Assessment of
Chytridiomycosis to European Amphibians, 2009-2012).
Dans le cadre de ces programmes, une étude transversale a
été mise en place en 2011 afin de connaître la répartition
précise de la maladie sur le territoire français et les
facteurs de risque. Pour la réalisation de cette étude, plus
de 600 structures gestionnaires d’espaces naturels (Conseils
généraux, Parcs nationaux, Parcs naturels régionaux,
Conservatoires des espaces naturels, Réserves Naturelles,
Conservatoire du Littoral, etc.) ont été sollicitées afin de
réaliser des prélèvements sur les territoires dont elles
assurent la gestion et de participer aux frais d’analyses.
La méthode
Fin 2011, 240 populations ont été échantillonnées en France
par la méthode des écouvillons. Cette méthode consiste à
réaliser un frottis cutané d’un individu et de réaliser ensuite
une extraction ADN afin de mettre en évidence la présence
du champignon pathogène (protocole standard Boyle et
al. 2004, extraction de l’ADN puis amplification par PCR
quantitative). Ce test est réalisé deux fois par échantillon.
9
CARTE 1 - Localisation des populations échantillonnées en 2011
Une trentaine d’individus par site sont ainsi échantillonnés.
En Lorraine, trois sites ont été retenus :
- deux sites en Meurthe-et-Moselle (Forêt de la reine,
commune de Royaumeix et vallée de la Moselle,
commune de Norroy-les-Pont-à-Mousson) effectués par le
Conservatoire des Sites Lorrains (Pierre Grisvard),
- un site en Moselle (commune de Marsal) effectué par le
Parc Naturel Régional de Lorraine (Laurent Godé).
En Meurthe-et-Moselle, l’espèce choisie a été la Grenouille
verte et en Moselle le Sonneur à ventre jaune. Les analyses
ont été effectuées par le laboratoire SPYGEN.
10
Les résultats et les perspectives
Sur 240 populations analysées, 68 présentent au moins
un individu avec des résultats positifs aux deux tests (voir
carte 2). Tous les résultats (dont le détail espèce par
espèce) seront mis sous peu sur les sites de la SHF et alerte
amphibien.
En Lorraine, les trois populations ont présenté des individus
positifs avec une prévalence néanmoins faible : 2 et 3
individus sur 30 sur les grenouilles vertes et 2 individus sur
30 pour la population de Sonneur.
Carte 2 - Localisation (rouge) de la prévalence de Bd dans les populations (28 %)
Les premiers commentaires de Claude Miaud sur ces
résultats à l’échelle française sont les suivants :
« Le champignon Bd présente une répartition large en
France, avec une prévalence qui peut être importante
dans certaines populations. Cependant, nous n’avons pas
d’observation de mortalité massive d’amphibiens sur notre
territoire - à l’exception de celle des Alytes accoucheur
dans certains lacs pyrénéens. La réponse à cette situation
à priori paradoxale est donnée par l’étude de Farrer et
al (2011) sur l’identification de différentes lignées de Bd
de part le monde, avec des virulences différentes (voir une
description précise de cet article sur alerte-amphibien.
fr). En résumé, 4 lignées sont actuellement identifiées. Au
Japon, en Afrique du Sud et en Suisse, ces trois lignées bien
différenciées sont prélevées sur des animaux sains et il n’y a
pas d’observation de mortalités massives dans ces pays. La
quatrième lignée est trouvée dans toutes les populations où
ces mortalités sont observées (Amérique du Nord, Amérique
centrale, Pyrénées, Australie). Des tests de virulence au
laboratoire confirment l’hypervirulence de cette lignée
par rapport aux autres, et la structure du génome de cette
lignée montrent des épisodes de recombinaison génétique :
cette lignée est récente, et provient du mélange de génomes
de lignées différentes de Bd. C’est très probablement le
commerce des amphibiens au cours du XXème siècle qui
a permis ces mélanges. C’est cette souche hypervirulente
qui est présente dans les Pyrénées, et on peut penser que
c’est une (des) souche(s) peu virulente (ou pour laquelle
les défenses des amphibiens ont co-évolué) qui est (sont)
présente(s) dans le reste de notre territoire.
Quelques perspectives :
Après cette première étape de connaissance de la
répartition en 2011 et de la surveillance de la mortalité
des amphibiens, on peut distinguer trois pistes principales :
1- Il peut être intéressant de compléter la cartographie de
Bd dans certaines régions un peu moins échantillonnées. Nous
recommandons de faire les prélèvements sur les Grenouilles
vertes (Pelophylax kl. esculenta), car la prévalence de Bd est
élevée chez cette espèce qui devient une sorte de sentinelle
de la présence du champignon dans les écosystèmes.
11
2- Il est nécessaire d’identifier la(les) lignées de bd
présente(s) en France. Maintenant que le génome est connu,
il va être possible d’identifier les lignées en choisissant
une partie informative de ce génome. La méthode de
prélèvement est proche de celle de 2011.
3- Situation des lacs pyrénéens : il faut évidemment
comprendre comment la lignée hypervirulente à pu atteindre
les populations d’Alytes de ces lacs, vérifier l’étendue de la
répartition de cette lignée, et envisager les moyen de lutte
ou limitation de sa propagation.
Ces résultats sont relativement rassurants quant à
l’exposition du peuplement batrachologique français
face à l’émergence de la Chytridiomycose. Cependant, le
commerce des amphibiens est toujours en cours (G. vertes
pour la consommation, etc), et des espèces exotiques sont
acclimatées. Il faut vérifier les risques d’émergence d’une
lignée recombinante en relation avec la présence de ces
espèces.
L’exemple de la Chytridiomycose a révélé la quasi
inexistence de mesures sanitaires de base chez les personnes
fréquentant les milieux aquatiques. Nous recommandons de
poursuivre et de vulgariser les consignes sanitaires simples
proposées dans le cadre de cette étude (www.alerteamphibien.fr). »
Pour la Lorraine, les mesures de prévention de la chytridiomycose citées ci-dessus doivent continuer à s’appliquer à titre de précaution. Il serait souhaitable que des populations
soient analysées sur les Vosges et la Meuse afin d’avoir
une vision complète du parasite
en Lorraine. Enfin, il est indispensable de déclarer toutes observations
(mortalité autre que
prédation, parasitismes, animaux malades, etc.).
Nous remercions ici
le Conseil Général
de Meurthe-et-Moselle qui a financé les
deux analyses réalisées
dans le département.
Contacts
Claude MIAUD - Professeur à l’Université de Savoie
[email protected]
Tony DEJEAN – Laboratoire spygen – [email protected]
Liens utiles et informations complémentaires
- Site Internet du programme Alerte amphibien :
www.alerte-amphibien.fr
- La chytridiomycose dans le monde :
http://www.spatialepidemiology.net/bd-maps/
- Site Internet de la Société Herpétologique de France : www.lashf.fr
12
Pelophylax kl. esculentus
Bilan de 10 ans de suivi
de barrières/pièges sur le site
de l’Espace naturel Sensible
du vallon de Bellefontaine (Meurthe-et-Moselle)
Yann DISSAC (Conseil général de Meurthe-et-Moselle, [email protected])
L’Espace Naturel Sensible du vallon de Bellefontaine est
un ensemble forestier riche en habitats humides (étangs,
mares, ruisseau, boisements humides…) mais c’est aussi un
site qui souffre de sa localisation périurbaine, à l’interface
entre la forêt de Haye et l’agglomération nancéenne.
Il y a plus de 10 ans déjà, les habitants de Champigneulles se
sont mobilisés face à la mortalité de nombreux amphibiens
au niveau d’une route et d’un lotissement. Depuis 2002, le
conseil général de Meurthe-et-Moselle et la municipalité
de Champigneulles se sont saisis de cette problématique
et ont, peu à peu, développé le dispositif. Dans le cadre
de sa politique ENS, le département a fait l’acquisition de
60 hectares de terrains et a permis ainsi de sauvegarder
durablement les sites de reproduction. La fermeture
nocturne de la route lorsque les conditions sont favorables
à la migration est également une avancée significative
(déclenchement lorsque la température est supérieure à
4°C à 18h, sur une période de février à avril).
En complément, trois dispositifs de capture (au total 2,1
km de filets, 130 pots pièges) sont mis en place chaque
année au niveau des principales zones à risques. Ces filets
sont posés puis contrôlés par des personnes en insertion
(chantier communal d’insertion et association ALTURAS). Le
dispositif permet de capturer les animaux migrant de jour
comme de nuit mais il est surtout destiné à comprendre leurs
comportements, dans l’espoir de trouver un jour une solution
Carte 1 - Localisation de filets dans le vallon de Bellefontaine (54)
Les résultats sont mis en ligne chaque soir sur le site Inter- 7600 amphibiens sur les trois
net du conseil général (http://www.mdecg54.fr rubrique « tronçons et la tendance générale
opération amphibiens »). Ce petit dispositif ludique per- semble être à la hausse. Une anamet aux écoliers et aux habitants de suivre l’évolution de lyse des résultats est possible sur
la migration, jour après jour, et de mieux comprendre le les deux filets situés le long de la
phénomène. Huit sites de ramassage bénéficient à l’heure route car ils sont installés et suivis
selon le même protocole depuis
actuelle de cet outil.
2004 (le 3e filet est plus récent).
Enfin, la Maison Départementale de l’Environnement s’ap- Quelle que soit l’année considépuie sur ce dispositif pour sensibiliser les écoliers et les ha- rée, le Crapaud commun constitue
bitants à la problématique des amphibiens dans le cadre plus de 80% des effectifs. Viende nombreuses animations (plus de 30 classes impliquées nent ensuite le Triton palmé (environ 8%), la Grenouille
rousse (3%), la Salamandre tachetée (0.8%) et le Triton
chaque année dans le ramassage).
alpestre (0.3%). Les Grenouilles vertes ne sont plus repréQuelques chiffres :
sentées depuis 2008.
En 2011, le dispositif a permis de comptabiliser plus de
13
Le suivi n’a pas permis d’identifier de lieux de passages
marqués pour les espèces dominantes (Crapaud commun,
Triton palmé, Grenouille rousse) qui se répartissent sur tout
le linéaire selon un gradient qui semble essentiellement lié
à la proximité des étangs. Seules les Salamandres présentent des passages très localisés.
L’analyse plus détaillée des résultats soulève beaucoup de
questions sur la sélectivité du dispositif (efficacité variable
selon les espèces, passages précoces des Salamandres) et
sur les raisons des évolutions constatées (creux en 2004 et
2008 pour le Crapaud Commun, pic des autres espèces en
2009, disparition de la Grenouille verte…).
Le conseil général confronte actuellement ces résultats aux
informations dont il dispose sur la météorologie annuelle ou
périodique, l’évolution des habitats, les modalités de pose
du filet ou de gestion des terrains avoisinants.
Beaucoup d’actualités en 2012 :
Cette année, la Commune de Champigneulles et le conseil
général souhaitent marquer les 10 ans de l’opération en
organisant différents temps forts destinés à sensibiliser et à
mobiliser la population locale.
Durant le mois de mars, de nombreuses animations scolaires
et grand public seront proposées dans le vallon. Au printemps, seront également organisés un concours de dessin et
une conférence. Une plaquette présentant les résultats des
8 années de suivi sera publiée durant l’été.
Enfin, en automne, un chantier sera programmé afin de
permettre la création de plusieurs mares de substitution en
amont des zones à risques et dans le fond du vallon.
Une Salamandra salamandra traverse la route devant le panneau d’information de Bellefontaine
14
Mise en place d’un batrachoduc
sur la RD 657
à Novéant-sur-Moselle,
enjeu Trame Verte et Bleue d’importance pour la Vallée de la Moselle
Laurent GODE (Parc Naturel Régional de Lorraine, [email protected])
Nathalie SIEFERT (Région Lorraine, [email protected])
Le site de Novéant-sur-Moselle
Sur ce secteur, l’enjeu local correspond à une
pièce du puzzle global à reconstituer de la vallée
de la Moselle. On y retrouve effectivement
un ensemble de milieux représentatifs de
la vallée, gravières à différents stades de
colonisation, prairies alluviales (mais de faible
importance) boisements alluviaux (saulaies,
aulnaies), fruticées…
Il convient d’insister sur le fort intérêt
scientifique de ce site du fait du noyau de
population essentiel qu’il représente pour le
Crapaud commun en vallée de la Moselle. Sur
l’ensemble de la vallée de Nancy à Metz, les
continuités forestières menant des plateaux
d’alimentation et d’hivernation des amphibiens
à leurs milieux de reproduction sont très peu
représentées et toutes sont rompues par une
discontinuité forte.
La particularité et l’intérêt du site de Novéant-surMoselle sont surtout dûs à la très importante population
reproductrice d’amphibiens du site. Cette population est la
plus importante de toute la vallée de la Moselle de Nancy
à Metz, et l’une des plus importantes populations connues
de Crapaud commun de Lorraine.
De tous ces passages notés en rive droite de Nancy à Metz,
celui du bois de Gaumont aux gravières du Saulcy est le
plus important (voir carte ci-dessous).
TRAVAUX DE GESTION ET MILIEUX
Contexte global sur ce secteur de la Moselle
Le mitage de la vallée de la Moselle entre Nancy et Metz
par les plans d’eau banalisés, la pression foncière du sillon
mosellan et la LGV tendent à faire disparaître une grande
partie de l’intérêt biologique réel et potentiel de la vallée.
La fermeture paysagère et les nombreuses infrastructures et
aménagements anciens, nouveaux et à venir, ont transformé
et dégradé la fonctionnalité écologique globale, tant pour
son aspect de corridors migratoires aériens et terrestres
que pour l’écocomplexe qu’elle représente en lien avec les
coteaux et les plateaux.
Le réseau écologique que constituent les
zones humides et leurs annexes peut encore
rester viable sous réserve de restauration de
corridors et de zones tampons et de protections
des zones « coeurs de nature » qui sont les
réservoirs de biodiversité du réseau.
L’un de ces corridors écologiques est celui
emprunté par les amphibiens sur la RD 657,
en rive droite de la Moselle, sur la commune
de Novéant-sur-Moselle. Depuis 2005, sous
l’impulsion de la commune et du Parc Naturel
Régional de Lorraine, une opération de
sauvetage de ces mouvements migratoires
est organisée grâce à des bénévoles et sous
l’égide de la Communauté de Communes du
Val de Moselle.
15
Aux regards des autres sites de migration connus et suivis en Lorraine, le site de Novéant est sans conteste le site actuel
de migration majeure pour le Crapaud commun. D’autres passages sont maintenant protégés sans que l’on ait pu suivre
les effectifs : crapauduc de Vigy sur la RD52 (57), passages de la rocade sud de Metz (57), crapauduc de Lommerange sur la RD58 (57), passages de la RN57 à Remiremont (88), passages de Lindre-basse sur la RD999…
Si peu d’espèces sont concernées par le passage (Crapaud commun, Grenouille rousse,
Triton alpestre, Grenouille verte et Crapaud sonneur), d’autres espèces notées sur la
vallée pourraient à terme conquérir le site et utiliser ce passage : le Triton Crêté,
le Crapaud calamite et éventuellement la Salamandre terrestre et le Pélodyte
ponctué (cependant non revu sur Pont-à-Mousson depuis 1995) ainsi que bien
d’autres espèces animales.
Le projet de Batrachoduc
Lors de la séance plénière des 20 et 21 octobre 2005, la Région Lorraine a voté
la politique régionale en faveur de la biodiversité. Celle-ci vise à la préservation
des espaces remarquables mais exprime également la volonté de s’intéresser à
la « nature ordinaire », via la mise en œuvre d’actions d’envergure en matière de
préservation et restauration de corridors écologiques.
Les lois Grenelle 1 9 & Grenelle 2 ont inscrit le concept de trame verte et bleue Un couple de Bufo bufo traverse une route
dans le Code de l’Urbanisme et dans le Code de l’Environnement.
lors de sa migration pour atteindre l’étang
Afin d’inciter les collectivités locales à s’impliquer dans
de reproduction
ce nouveau dispositif, le Conseil Régional a lancé
un appel à projets trame verte et bleue, destiné
aux collectivités.
Face à cet enjeu majeur sur son territoire et fort de son engagement sur ce site depuis
2005, la Communauté de Communes du Val de Moselle, en partenariat avec le PNRL
et avec l’appui technique du CETE de l’Est, a répondu à cet appel à projet de la
Région Lorraine et a été retenu.
Le principe du crapauduc consiste à remplacer les éléments amovibles posés
annuellement par des bénévoles (seaux et filets), par la mise en place d’éléments
fixes pérennes, permettant ainsi la traversée de la chaussée dans les 2 sens. Il s’agit
d’un passage de 1,5 km avec 6 sections.
Ichtyosaura alpestris
16
Compte-tenu du coût élevé de cet ouvrage, plusieurs financeurs se sont mobilisés pour faire aboutir ce projet
ambitieux :
TOTAL
100%
460 000 € HT
CRL
25%
115 000 €
UE
30%
138 000 €
CCVM
10%
46 000 €
CG 57
10%
46 000 €
DREAL
25%
115 000 €
A notre connaissance, il s’agira du quatrième crapauduc de Lorraine après celui du Mont-SaintQuentin sur la commune de Lessy (57 – 300 m) réalisé en 1989 à l’initiative de l’association
de protection du Mont-Saint-Quentin, celui de Vigy Saint-Hubert en 1997 (57 – 400 m)
et celui de Lommerange en 2006 (57) sur la RD58.
Les travaux débuteront à l’hiver 2013. Pour la période de migration 2012, des barrières
mobiles seront mises en place. Affaire à suivre…
Bufo bufo écrasé
lors d’une traversée de route
17
De nouvelles mares
pour la Rainette verte
et le Triton crêté
dans le bassin de la Chiers
François Fourmy (Conservatoire des Sites Lorrains, [email protected])
Introduction
Le projet INTERREG IVa de conservation du patrimoine
naturel du bassin de la Chiers, en Lorraine belge et française
(2008-2012), mené à l’initiative de NATAGORA et du
Conservatoire des Sites lorrains, a pour objectif principal
le partage des connaissances sur le milieu naturel du bassin
de la Chiers en vue de la mise en œuvre d’actions de
protection, de gestion et de valorisation de ce patrimoine
naturel à l’échelle transfrontalière (voir le site Internet du
projet www.interreg-lorraine.eu).
C’est dans ce cadre que le Triton crêté (Triturus cristatus)
et la Rainette verte (Hyla arborea) ont été désignés en
tant qu’espèces cibles du projet. Une vaste campagne
d’inventaires a donc été menée pour ces deux espèces ainsi
qu’une série de travaux visant à restaurer leurs habitats.
Etude de la répartition des populations de Rainette verte
et du Triton crêté (2009-2011)
La partie française du bassin de la Chiers était, en 2008, un
territoire sur lequel nous ne possédions que peu de données
naturalistes pour l’ensemble des groupes taxonomiques
(faune, flore et habitats). Le projet INTERREG IVa Lorraine
a donc mené de nombreuses prospections de 2009 à 2011
afin de mieux connaître la composition et la répartition du
cortège batrachologique.
Carte 1 - répartition de T. Cristatus sur le bassin de la Chiers
Deux espèces patrimoniales ont fait l’objet d’un suivi
particulier : le Triton crêté, et la Rainette verte (se reporter
au bulletin n° 33 pour le détail des prospections).
18
Ces inventaires ont étés réalisés à l’aide de nasses pour
le Triton crêté et par l’écoute des mâles chanteurs pour la
Rainette verte. Ainsi 19 nouvelles stations de Rainette verte
(+ 3 hors territoire) et 110 nouvelles stations de Triton
crêté (+ 3 hors territoire) ont été recensés.
Nouvelle mare à Virton (B)
Carte 2 - répartition de H. arborea sur le bassin de la Chiers
Au total 1082 données herpétologiques ont été collectées dans le cadre du projet.
Renforcement du réseau de mares (2010-2012)
Une partie des objectifs initiaux du projet INTERREG IVa
Lorraine était de recréer ou restaurer 10 mares en France et
50 en Belgique. L’ensemble des données batrachologiques
collectées pendant la phase d’inventaires, nous a permis
de déterminer les différents secteurs d’actions où le
renforcement du réseau de mares était approprié. A la suite
de rencontre avec les agriculteurs, les propriétaires privés
et les communes du territoire, 14 projets de creusement ou
de restauration de mares ont vu le jour côté français et 30
coté belge.
Carte 3 - Creusement de mares sur le bassin de la Chiers
Afin de répondre au mieux aux exigences écologiques
de ces deux espèces, nous avons réalisé des mares de
grande superficie (100 à 200 m²), de grande profondeur
(avoisinant les 2 mètres) et situées en milieux prairial. Les
mares situées en pâture sont protégées par une clôture
en fils barbelés ; certaines sont clôturées partiellement
afin de servir d’abreuvoir pour le bétail. Le coût des
travaux pour la réalisation d’une de ces mares est situé
entre 400 et 1400 € TTC, le prix variant en fonction des
caractéristiques de chaque pièce d’eau (restauration,
creusement, dimensions, transport de terre, clôture etc…).
Mare creusée à Chenières (54)
Afin de les maintenir en bon état et d’impliquer l’exploitant
et/ou le propriétaire dans le projet, une convention de
partenariat de 20 ans a été signée avec le Conservatoire
des Sites Lorrains pour chaque mare située sur le territoire
français. Cette démarche n’a pas été nécessaire pour les
exploitants situés en Belgique car ils bénéficieront de
Mesures Agri-Environnementales. Ainsi, 11 mares ont déjà
été creusées en France et 12 en Belgique, les 21 restantes
le seront début 2012.
19
Pour illustrer un des projets de restauration de l’habitat du Triton crêté
à l’échelle transfrontalière vous pouvez vous référer à l’article « La
conservation du Triton crêté, un enjeu transfrontalier » paru dans le bulletin
de la commission reptiles/amphibiens n°32.
Mare recreusée à Allondrelle-la-Malmaison (54)
Triturus cristatus
20
BREVES
Zootoca vivipara
Hyla arborea
Un chantier « herpétologique » dans le Sud
Meusien
Mathieu LE PEUTREC (LOrraine Association Nature,
Le Fort, 55140 Champougny)
Le 4 octobre s’est déroulé dans le bastion de
LOANA, un chantier Nature de bénévoles. Au
lieu-dit le « Fort de Pagny », à 8 heures se
regroupait un bataillon de bonnes volontés
prêt à en découdre lors d’une manœuvre de
terrain. En effet, de jeunes diplômés en Master
II Environnement de l’Université de Dijon se
sont donnés rendez-vous pour fêter leur fin de
cursus universitaire en agissant en faveur de la
campagne lorraine.
Le chantier Nature s’inscrit dans la philosophie
première de LOANA à savoir aménager et
valoriser la nature dite « ordinaire ». L’objectif est
triple : la création d’une mare pionnière favorable
aux amphibiens, la création d’une haie bocagère
et l’ouverture d’un coteau calcaire envahi de
noisetiers. Cette action s’inscrit dans différents
travaux entrepris dès la naissance de LOANA. En
effet, très tôt, les premières actions concernaient
la réalisation d’une barrière à amphibiens à
Champougny (voir bulletin de la Commission
n°32). Puis un étudiant a réalisé l’inventaire des
mares aux alentours du bastion de LOANA en
vue de programmer les premiers travaux dans
le cadre de la Trame Verte et Bleue. Enfin, les
premières créations de mares chez les voisins
les plus proches de LOANA ont eu lieu. Vient
donc aujourd’hui le tour de LOANA d’être
le Théâtre d’Opération Environnementale.
Après un café, un débriefing, la joyeuse
troupe bat la campagne armée de
pelles, pioches et autres tronçonneuses. Le
déploiement s’opère donc en 3 groupes, 3
destinations.
MEUSE
LORRAINE
Le rattachement de l’Alsace Bossue à la
Lorraine !
Jacques THIRIET (association BUFO, 8 rue Adèle
Riton, 67000 STRASBOURG)
Afin d’harmoniser le fond de carte de l’atlas
de répartition des amphibiens et reptiles de
Lorraine, en préparation, il a été décidé d’y
inclure l’excroissance du Bas-Rhin enclavée dans
le département de la Moselle, communément
appelée « Alsace Bossue », s’Krumme Elsass en
alsacien.
Ce territoire se compose des cantons de SarreUnion et de Drulingen, ainsi que de La Petite
Pierre et des villages environnants.
Pour cela une convention de partenariat permettant
un échange de données a été signée en juin
dernier entre le Conservatoire des Sites Lorrains
et BUFO, l’association pour l’étude et la protection
des amphibiens et reptiles d’Alsace. Les données
concernant l’Alsace Bossue détenues par BUFO,
qui a publié son atlas fin 2010, pourront ainsi être
intégrées à la base de la Commission reptiles et
amphibiens et à la synthèse cartographique de
l’atlas lorrain. En échange, la commission fournira
à BUFO les données d’observation collectées par
ses membres dans ce secteur.
La convention, signée pour une durée de trois ans
reconductible, permet également la collaboration
dans le domaine de l’échange de données sur
les secteurs limitrophes des deux régions, la
crête des Vosges notamment. Elle pourra être
prolongée au-delà de la publication de l’atlas,
et permettre d’alimenter les bases de données
respectives des deux associations. Un
appel à collaboration est donc
lancé aux naturalistes lorrains
et alsaciens parcourant
l’Alsace Bossue : continuez
à
transmettre
vos
observations,
même
d’espèces communes,
elles seront intégrées
aux bases de données
dans les deux régions.
Nos « gluants et rampants » ne connaissent
pas les limites administratives !
21
Tout d’abord le chantier « Mare » où l’objectif est la
création d’un réseau écologique autour des mares du
« Fort de Pagny ». Ainsi une mare de 2 m² voit le jour
sur les terres de LOANA.
En même temps c’est la création de la haie
bocagère. Plusieurs objectifs à cette haie constituée
d’églantiers, de prunelliers, et de cornouillers : une
fonction paysagère et brise vent chez Mme Delbart.
En effet, l’objectif est d’agrémenter le paysage qui
a vu disparaître ce réseau de haies sur ce plateau
meusien. Ensuite l’objectif est de protéger son jardin «
bio » contre les intrants d’une agriculture européenne
intensive et productiviste. Cette haie aura aussi dans
un futur proche des fonctions de niche écologique et
de corridors pour les amphibiens. Aussi 50 mètres de
haies ont été plantés ce jour-là. Premiers jalons d’un
programme de création de haies à venir.
Enfin c’est près d’un hectare de coteau calcaire qui
a été ouvert après une journée tronçonneuse. Les
cépées de noisetiers envahissantes ont été traitées
tout en cherchant à valoriser quelques fruitiers bien
étouffés. Les rémanents quant à eux ont été brûlés à
même le sol. Cette opération a pu se réaliser grâce
au soutien logistique de Clara et Eric (adhérent
de LOANA et propriétaires des terrains) qui ont su
approvisionner cette équipe de choc en produits
locaux bien apprécié par ce bataillon de fantassins.
Par la suite, c’est la cavalerie qui aura en charge la
gestion de ce milieu ouvert avec 4 à 5 chevaux à
l’ouvrage. Place est donc faite à un coteau calcaire
exposé sud favorable aux orchidées et aux reptiles
puisque la Coronelle lisse, le Lézard des souches et la
Vipère aspic ont déjà été observés sur ce site.
Pour la vigueur des troupes, une trêve avait eu lieu en
milieu de journée au sommet de la côte calcaire de
la « Blanche Côte », l’occasion de découvrir ce milieu
naturel et de refaire le plein d’énergie autour de
victuailles et produits locaux dont les origines étaient
diverses (Lorraine, Franche-Comté, Bourgogne,
Italie…) à l’image des volontaires.
Après un bilan en fin d’après-midi des
opérations réalisées, une soirée de
clôture a eu lieu autour d’un feu
de camp, profitant ainsi de la
belle soirée d’été indien. Cette
belle journée ensoleillée
qui a su mettre en valeur
la beauté et le charme de
ce coin de Lorraine. A été
l’occasion d’échanges entre
volontaires et locaux sur les
différents travaux de LOANA.
Les chantiers Nature de LOANA,
ou comment joindre l’utile à
l’agréable !
22
Protection des anciennes carrières de Lérouville
Cyrille DIDIER (Conservatoire des Sites Lorrains,
c.didier@cren-lorraine)
Les anciennes carrières du Lac vert et du Lac
bleu, propriété de ROCAMAT, sont suivis depuis
de nombreuses années pour leur diversité
herpétologique par l’association NEOMYS.
Ces deux anciennes carrières de roches
massives sont situées de part et d’autre de la
RD 12 et sont bien connues des herpétologistes
lorrains. Régulièrement, des formations sur les
amphibiens sont réalisées sur le Lac vert, plus
facile d’accès. Le Lac vert doit son nom à un
plan d’eau oligotrophe temporaire sur dalle
atteignant hors période estivale une profondeur
de plus de deux mètres. Une végétation de
pelouse pionnière se développe ponctuellement
sur les deux sites. En dehors de ces zones, de
nombreux fourrés et une dynamique importante
de fermeture limitent l’expression des espèces
de pelouses et du Genévrier.
Au total, ces deux sites proches, qui ne forment
qu’une seule et même station, abritent 14
espèces sur les 26 présentes en Lorraine :
Pélodyte ponctué, Alyte accoucheur Crapaud
commun, Grenouille verte, Grenouille de lessona,
Grenouille rousse, Salamandre tachetée, Triton
crêté, Triton alpestre, Triton ponctué et Triton
palmé. Trois reptiles s’ajoutent à cette liste : la
Couleuvre à collier, la Couleuvre coronelle et le
Lézard des murailles.
D’autres espèces remarquables sont présentes
et notamment l’entomofaune avec la présence
de neuf espèces déterminantes ZNIEFF.
En discussion depuis plusieurs années, une
convention de gestion de 12 ans, renouvelable
tacitement, a été signé entre ROCAMAT, le
CSL et NEOMYS sur une superficie de 22 ha,
le 4 mai 2011. Cette convention identifie ces
carrières comme espace remarquable et en
confie la gestion et le suivi aux deux associations
signataires.
Une visite de découverte est prévue
sur le site par le CSL le 12 mai 2012
(renseignements : appels.lerouville@
yahoo.fr).
Toute l’équipe de bénévoles et membres de l’association devant la mare réalisée.
Un chantier nature à réitérer
Alytes obstetricans
à Lérouville
MEURTHE-&-MOSELLE
La Grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus)
n’est plus pêchable en Meurthe-et-Moselle
Damien AUMAITRE (Conservatoire des Sites
Lorrains, d.aumaitre@cren-lorraine)
Jean-Baptiste SCHWEYER (ONEMA, SD54, [email protected])
La Grenouille rousse (Rana temporaria) et la
Grenouille verte (Pelophylax kl. esculentus) sont
les deux seules espèces d’amphibiens qui ne
bénéficient pas d’une protection intégrale en
France puisqu’elles sont assimilées aux poissons
(art. L. 431-2 du code de l’environnement). Leur
pêche est donc encadrée par les textes législatifs
et réglementaires (Art. R. 436-11 et s. du code de
l’environnement).
Pour l’instant, seuls le Bas-Rhin et le Haut-Rhin
interdisaient toute l’année la pêche de ces espèces
dans tous les cours d’eau (et le Var pour les cours
d’eau de 1ère catégorie piscicole).
Le Grenouille rousse avait déjà été retirée de
la liste des espèces pêchables en Meurthe-etMoselle depuis 2010.
Sur une initiative de l’ONEMA (Office National
de l’Eau et des Milieux Aquatiques), appuyée par
la Commission Reptiles et Amphibiens de Lorraine,
le nouvel Arrêté réglementaire permanent relatif
à l’exercice de la pêche en eau douce dans le
département de Meurthe-et-Moselle du 16
décembre 2011, ne mentionne plus les Grenouilles
vertes : leur pêche est donc interdite depuis cette
date.
Plusieurs arguments en faveur de la sortie de la
Grenouille verte des espèces pêchables ont été
avancés par l’ONEMA et la Commission Reptiles
et Amphibiens :
- la pêche de la grenouille verte est peu pratiquée.
L’impact de cette activité semble minime, mais
elle n’est pas négligeable.
- les risques de transmission, ou au moins de
diffusion, de la chytridiomycose, présente en
Meurthe-et-Moselle sur les Grenouilles vertes du
fait du transport éventuel ou de déplacements
d’individus,
- la problématique liée à la systématique. Les
Grenouilles vertes sont en fait des hydrides de
Pelophylax lessonae (Grenouille de Lessona)
et de Rana ridibunda (Grenouille rieuse). Ces
deux dernières espèces sont protégées au titre
des articles 2 et 3 de l’arrêté ministériel du 19
novembre 2007 et ne peuvent être pêchées.
Les trois espèces : Pelophylax kl. esculentus,
Pelophylax lessonae et Rana ridibunda sont
présentes en Meurthe-et-Moselle et la confusion
entre elles est fréquente.
- selon l’article 5 de l’arrêté ministériel du 19
novembre 2007, l’utilisation commerciale ou non
des grenouilles vertes et rousses est interdite.
Ce qui signifie que, même si la pêche de ces
espèces était autorisée, leur utilisation en est
interdite. Le « no kill » s’imposerait donc pour
ces espèces.
Si on ajoute à ces arguments la fragilisation des
populations d’amphibiens de façon générale et leur
régression due à des causes multiples (destruction
et fragmentation des milieux humides, pollution
des milieux aquatiques, drainage, modifications
des cours d’eau…), l’interdiction globale de
pêche de cette espèce permet de clarifier une
situation confuse d’un point de vue juridique et de
ne pas ajouter de pression supplémentaire sur un
groupe déjà mal en point. Même si la Grenouille
verte reste une des rares espèces d’amphibiens
encore commune, l’aspect pédagogique de cette
mesure semble un point important.
Tous ces arguments sont bien sûr également
valables sur les autres départements lorrains
et souhaitons qu’une harmonisation puisse
avoir lieu à l’échelle régionale. La Meurthe-etMoselle a montré le chemin et devient l’un des
rares départements de France où la pêche des
grenouilles n’est plus autorisée.
Pas facile de s’y retrouver dans le complexe des «grenouilles vertes», de haut en bas :
Pelophylax kl. esculentus,
Pelophylax lessonae
Pelophylax ridibundus
23
Les mares de Saulxures-les-Nancy
et Tomblaine enfin en Arrêté de Protection
de Biotope
Damien AUMAITRE (Conservatoire des Sites Lorrains,
d.aumaitre@cren-lorraine)
Le site des mares à Tritons de Saulxures-les-Nancy
a été officiellement classé en Arrêté Préfectoral de
Protection de Biotope (APB) le 7 octobre 2011. Ces
trente mares au sein d’une prairie en zone périurbaine
de Nancy avaient été découvertes en 2000 lors des
travaux du contournement Est de Nancy.
Ayant fait l’objet de mesures compensatoires (dix
mares creusées), cette prairie pâturée de 3,5 ha
abrite la plus grosse population de Triton crêté de
l’agglomération nancéienne. On y trouve également
le Triton palmé, le Triton alpestre, le Triton ponctué,
la Grenouille rousse, la Grenouille verte, le Crapaud
commun et le Lézard des souches. En dehors de
l’herpétofaune, d’autres espèces peu communes
avaient également été notées comme l’Utriculaire
commune (phanérogame), l’Hydrophile brun
(Coléoptère) ainsi que la Pie grièche écorcheur et le
Torcol fourmilier.
Face à cette richesse écologique, et malgré la
mise en place des mesures compensatoires, aucune
action de protection durable de ce site n’avait
été prévue par la DDT (ancienne DDE) après les
travaux. Les conventions passées entre la DDT avec
les propriétaires étant caduques depuis 2003 et
la maîtrise foncière difficile voire impossible dans
ce contexte urbain, le Conservatoire des Sites
Lorrains avaient demandé, il y a plus de cinq ans, le
classement en APB afin de préserver durablement le
site. Le dossier de classement a enfin été validé lors
de la dernière commission départementale des sites,
avec un avis favorable des communes concernées
(Saulxures-lès-Nancy et Tomblaine).
Le CSL, afin de pérenniser la protection du site,
a également demandé un classement en Espace
Naturel Sensible de l’ensemble
des mares au Conseil
Général. A signaler
que ce site fait l’objet
depuis
plusieurs
années de sorties
pédagogiques de
la part du CPIE
de Champenoux.
Prochaine visite
prévue par le
CPIE :
le 24 mars 2012 à
14 h 30 (inscription
obligatoire
au 03 83 31 63 76).
Une sortie sur le site avec la CPIE
24
Un nouveau site d’intérêt herpétologique
protégé à Uruffe
Damien AUMAITRE (Conservatoire des Sites
Lorrains, d.aumaitre@cren-lorraine)
En 2009 Guillaume Leblanc, de l’association
LOANA, découvre au sein d’un ensemble de
mares sur calcaire autour du Fort de Pagny-laBlanche Côte un beau site herpétologique : se
reproduisent en effet sur ce site isolé et inconnu
des naturalistes pas moins de 10 espèces de
l’herpétofaune Lorraine. Les quatre tritons
lorrains y côtoient en effet l’Alyte accoucheur,
le Sonneur à ventre jaune, la Grenouille rousse,
le Crapaud commun, la Couleuvre à collier et
l’Orvet.
En 2010, la parcelle de 3,5 ha abritant ces mares
est à vendre et le CSL s’en rend propriétaire en
août 2010 avec des financements de la Région
Lorraine et de l’Agence de l’Eau Rhin-Meuse.
Et en 2011, on y découvre également une
belle station de Chlore perfoliée (Blackstonia
perfoliata),
gentianacée
protégée
en
Lorraine. La végétation y est en effet de type
pelouse calcaire piquetée par les Pins et les
Genévriers.
Les biotopes de mares pérennes et temporaires
sur substrat calcaire sont assez rares en
Lorraine et ont ici pour origine la présence du
fort de Pagny, mitoyen de la parcelle. L’origine
artificielle de ces mares serait liée, semble-t-il, à
des tirs sur le fort depuis la batterie d’Uruffe.
Un plan de gestion devrait être réalisé sur
ce site en 2013, qui réservera certainement
d’autres surprises.
Une visite nocturne du site est prévue par
l’association LOANA le 19 mai 2012 à 20 h
(rendez-vous à la mairie de Pagny-la-BlancheCôte).
Vue sur la mare principale en 2011
VOSGES
Observation de la Vipère péliade dans les Hautes Vosges
Damien AUMAITRE (Conservatoire des Sites Lorrains,
d.aumaitre@cren-lorraine)
Depuis 2010, et suite à un signalement au Conservateur de la Réserve
Naturelle de Tanet Gazon du Faing, la présence de la Vipère péliade
(Vipera berus L.) était soupçonnée. L’espèce a été confirmée en avril
2011 puis en août 2011 sur la commune de Plainfaing, au niveau de
l’ancienne carrière de la Roche des Fées.
Plusieurs individus adultes et immatures ont été observés par Marine
Bochu, de l’antenne Vosges du Conservatoire des Sites lorrains,
gestionnaire de la Réserve Naturelle.
La dernière mention de l’espèce dans le massif vosgien date de
2004, au niveau de l’étang du Devin sur la Commune de Lapoutroie
dans le Haut-Rhin (Thiriet & Vacher, 20103 ). Cette station résulte
d’une introduction en 1979 (Baumgart et al, 19834).
Non indigène dans le nord-est de la France et les Vosges, il s’agit
certainement d’une introduction récente. Les stations naturelles les
plus proches se situent en effet dans le Jura et dans les Ardennes
Belges et Françaises.
Ce type d’introduction, qui a été constatée récemment dans les
hautes-Fagnes en Wallonie (E . Graitson, comm pers.), pose deux
problèmes :
- juridiquement, l’introduction d’une espèce est interdite au sein de la
RN de Tanet Gazon du Faing,
- sans présence historique de l’espèce (c’est alors une réintroduction),
le déplacement d’espèce d’une région à une autre ne présente pas
d’intérêt écologique et peut même nuire à l’écosystème récepteur
(prédation, diffusion de pathogènes..). Par ailleurs, la Vipère
péliade est partiellement protégée en France et sa capture, son
transport sont interdits.
La provenance de l’espèce n’est pas connue, ainsi que son caractère
reproducteur sur le site. C’est sur ces deux points qu’il faudra
maintenant diriger les recherches. L’origine de la
population peut être déterminée par analyse
génétique après prélèvements d’écailles ou
d’une mue.
Merci d’informer le Conservateur
de la Réserve Naturelle (Manuel
Lembke, antenne Vosges du
Conservatoire des sites Lorrains,
[email protected]) si vous
souhaitez vous rendre sur place et
de faire remonter les informations
collectées. Pour rappel, il existe une
zone interdite au public toute l’année
au sein de la Réserve, la zone a été
prospectée par des personnes habilitées, la
Péliade n’y est pas présente.
Vipera berus L., Vosges, août 2011
3
T hiriet, J. & Vacher, J-P. (coord) 2010 – Atlas des Amphibiens et Reptiles
d’Alsace. BUFO, Colmar/Strasbourg, 273 p .
4
B aumgart, G., Parent, GH, Thorn R., 1983 – Observations récentes de la
Vipère péliade (Vipera berus L.) dans le massif vosgien, Ciconia n° 7 (1),
1-23
25
MOSELLE
Une population de Sonneur à ventre de feu (Bombina bombina) en Moselle
Jean-Baptiste Lusson et Paul Emile Pierrard (GECNAL du Warndt, [email protected])
En décembre 2010, Paul-Emile Pierrard contacte le Gecnal du Warndt pour avoir plus d’informations sur la
répartition européenne du Sonneur à ventre de feu car il a trouvé des individus de l’espèce dans des étangs
piscicoles de la commune d’Albestroff.
Une photographie et une bande sonore étaient jointes à la demande. Mais sachant que l’espèce est
uniquement présente dans l’Est de l’Europe (Est de l’Allemagne, République tchèque, Autriche pour les pays
les plus proches de la Lorraine), confirmation est demandée à Julian Pichenot, auteur d’une thèse sur le
Sonneur à ventre jaune.
Répartition européenne du sonneur à ventre de feu. Source SEH/MNHN, 1997
Julian Pichenot ayant validé les éléments diagnostics rapportés, une visite sur site a été organisée par le
Gecnal du Warndt en avril 2011 afin de constater l’étendue de la colonisation par l’espèce. Etaient présents
à cette sortie Laurent Godé, du Parc Naturel Régional de Lorraine, membre du CSRPN et de la SHF, Julian
Pichenot et Jean-Pierre Vacher de l’association alsacienne BUFO et également membre de la SHF.
Plusieurs étangs sont colonisés et plusieurs centaines d’individus (peut-être des milliers même si aucun
comptage exhaustif n’a été réalisé) sont présents sur cinq à sept étangs de pêche au sud-est de la commune
d’Albestroff, en bordure de la forêt domaniale, au lieu-dit «Gehren».
Nous avons pu observer des centaines de juvéniles dans les fossés connexes et les bordures du site (lisières
forestières et prairies), ainsi qu’un nombre important d’adultes dans les étangs (toutes les classes de tailles
étaient représentées du juvénile à l’adulte). Plusieurs centaines de chanteurs ont été entendus en pleine
journée.
D’après Paul-Emile, cette population a probablement été introduite involontairement par le propriétaire des
étangs en acheminant du poisson en provenance des pays de l’est. Vu le nombre d’individus de Sonneur à
ventre de feu présents, et leur acclimatation réussie, il est probable que cette introduction date de plusieurs
années (au moins une dizaine d’années ?).
26
Carte localisant les étangs colonisés (points rouges)
La population est donc bien implantée sur ce secteur où ont été
contactés de nombreux chanteurs de Rainette arboricole et de
Grenouille rieuse, ainsi que le Triton ponctué, le Triton alpestre,
et la Salamandre tachetée. Le Sonneur à ventre jaune est connu
sur le site (peut-être des confusions passées avec le Sonneur à
ventre de feu). Le Crapaud commun et la Grenouille rousse sont
présents.
A noter que nous avons contacté en 2011 un chanteur de Sonneur
à ventre de feu sur un étang piscicole de la commune voisine
de Torcheville. Un autre individu a pu être contacté au chant en
journée en 2010 dans un fossé latéral de l’étang rouge à Munster/
Insviller (Courte C, comm pers).
Il reste à suivre la population exogène de Sonneur à ventre de feu
afin de maîtriser son expansion.
En effet, le Sonneur à ventre de feu pourrait devenir une menace
au moins locale pour le Sonneur à ventre jaune car ces deux
espèces peuvent s’hybrider en Europe de l’Est dans les zones de
sympatrie (Pichenot et Vacher, Atlas SHF, à paraître). Le Sonneur
à ventre de feu est également potentiellement vecteur du chytride
(Vacher JP, comm pers.).
Bombina bombina photographié
à Albestroff
27
DeS NOUVELLES DE NOS VOISINS
Bufo contacts n° 11 : Feuille de liaison de l’association Alsacienne BUFO
A télécharger sur http://bufo.alsace.free.fr/bufo_contacts_11.pdf
Echo des Rainettes n° 9 : bulletin de liaison du pôle herpétologique de l’association Walonne Natagora
A télécharger sur http://www.natagora.be/rainne/index.php?id=745
28
La lettre liaison numéro 100 du groupe d’experts amphibiens de l’UICN est téléchargeable sur :
http://www.amphibians.org/wp-content/uploads/2012/01/Froglog100.pdf
PUBLICATIONS
• Atlas des Reptiles
et Amphibiens
de Loire-Atlantique
• Atlas préliminaire
des Reptiles et Amphibiens
de la Drôme
29
AGENDA
24 mars 2012 Sortie sur les mares de Saulxures-lès-Nancy (54)
Saulxures-lès-Nancy (54) avec le CPIE Nancy-Champenoux (réservation obligatoire au 03 83 31 63 76)
31 mars 2012 Opération ramassage des amphibiens à Champougny (55)
sortie de terrain et vidéo projection avec l’association LOANA
Champougny (55) 8h devant la mairie de Pagny-la-Blanche-Côte
15 avril 2012 Sortie sur les mares forestières de Padoux
et Badménil-aux-Bois (88)
Padoux et Badménil-aux-Bois (88) avec le Conservatoire des Sites Lorrains - 14h30 devant la mairie de Padoux
22 avril 2012 Découvertes des mares de la Réserve Naturelle Régionale
de l’étang d’Amel (55)
RNR de l’étang d’Amel (55) avec le Conservatoire des Sites Lorrains - 14h30 sur le parking de la Réserve
22 avril 2012 Les habitants des mares forestières de la forêt d’Attigny (88)
Attigny (88) avec le Conservatoire des Sites Lorrains - 14h30 devant la mairie d’Attigny
12 mai 2012 Découverte du Lac vert à Lérouville (55)
Lérouville (55) renseignements : [email protected]
19 mai 2012 Découverte nocturne des amphibiens
Pagny-la-Blanche-Côte (55) avec l’association LOANA - 20h devant la mairie de Pagny-la-Blanche-Côte
23 mai 2012
Voivres (88)
Les reptiles de nos régions
avec l’association l’Eaudici
14h30 à l’étang Lallemand,
commune des Voivres (88).
Du 17 au 20 octobre 2012 Prochain congrès de la Société
Velaine-en-Haye (54) Herpétologique de France.
Thématique : « les amphibiens et reptiles
Campus de l’ONF
30
OURS
en Forêt »
Rédaction :
D. Aumaître, C. Didier,
Y. Dissac, F. Fourmy,
L. Godé, P. Grisvard,
A. Knochel, J.-B. Lusson,
C. Miaud, M. Le Peutrec,
P.-E. Pierrard, J.-B. Schweyer,
N. Siefert, et P. Wurtz.
Crédits photos :
M. Bochu, CSL, F. Fourmy,
J.-B. Lusson, S. Vitzthum.
Conception graphique :
L. Garignon.
Coordination :
D. Aumaître.