1/ Qu`est-ce que la baby-gym - Comité Régional nord pas de calais

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1/ Qu`est-ce que la baby-gym - Comité Régional nord pas de calais
Stage FFG Petite enfance 2003
Exposé psychomotricité
Alexandra Duterte, psychomotricienne
1/ Qu’est-ce que la baby-gym ?
On appelle baby gym l’éducation corporelle et artistique de l’enfant de 2 à 6 ans.
C’est un ensemble d’activités ludiques organisées au travers d’une multiplicité de situations et
d’exercices pratiqués sur un matériel pédagogique adapté, abordé par le plaisir et le jeu,
orienté vers :
- un accompagnement psychomoteur
- des stimulations psychomotrices
dans le respect des différentes étapes du développement psychomoteur de l’enfant.
a) Un accompagnement psychomoteur
Dans cette tranche d’âge, la psychomotricité est le moyen d’expression privilégié. Si nous
sommes sensibles à ce que l’enfant vit, à ce qu’il transmet par sa communication non
verbale, nous pouvons mieux l’accompagner dans son évolution. De plus, en développant
ses possibilités psychomotrices, nous allons faciliter les acquisitions ultérieures. L’objectif
général est de favoriser le développement de l’enfant sur les plans sensori-moteur (relation
entre les sens et la motricité), intellectuel et affectif, au moyen d’activités corporelles et
ludiques. L’enfant en tant qu’individu est donc considéré dans sa globalité.
b) Les stimulations psychomotrices
Par la motricité, l’enfant expérimente le geste, construit progressivement son schéma
corporel et met ainsi en place les facteurs de base de la condition physique et de la
maîtrise du geste que sont :
-
Le contrôle postural
La coordination
L’équilibre
La latéralité
L’orientation dans l’espace
Les notions de force, vitesse, d’anticipation, de trajectoire, de déplacements, bref,
l’adresse.
L’objectif général est de donner à l’enfant un patrimoine moteur, gage d’une meilleure
adaptation aux différentes situations auxquelles il sera confronté et lui donner la
possibilité de mettre en mémoire la quantité la plus grande possible de programmes
d’action en lui proposant une diversité de situations d’adaptation motrice et
psychologique.
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2/ Quels sont les intérêts de la baby gym ?
a) Domaine moteur
L’enfant va vivre des situations au cours desquelles s’affinent les manipulations, leur
coordination avec les déplacements. Les séances vont permettre à l’enfant de mieux
connaître en corps et ses possibilités motrices et sensorielles.
b) Domaine cognitif
c)
Les acquisitions motrices ont des conséquences énormes sur le développement intellectuel
de l’enfant. Toutes les facultés cognitives (le langage, l’écriture, la logique mathématique)
prennent leurs racines dans la motricité.
L’enfant va être amené à gérer un espace libre ou aménagé, donc de vivre et
conceptualiser certaines notions spatiales. Il pourra enrichir son bagage d’actions, de
pensées en rapport avec les consignes. Il lui faudra mémoriser les propriétés du matériel
ainsi que ses propres comportements moteurs dans l’action. Il sera amené à observer,
imiter, se différencier, apprécier, critiquer, explorer, construire, s’organiser.
d) Domaine affectif
Les séances favorisent l’épanouissement de la personnalité. L’enfant devra être capable
d’adhérer à un projet collectif avec les autres, s’exprimer dans ce groupe et donc mieux se
connaître. L’enfant accède ainsi à une certaine confiance en ses possibilités corporelles. Il
pourra utiliser son corps comme mode d’expression pour s’engager dans une activité,
créer, jouer pour le plaisir, éprouver la joie des rencontres, de faire ensemble, coopérer,
édifier, impressionner, créer.
e) Domaine sportif
En aucun cas la baby gym ne doit viser à la recherche d’une performance ou à une
détection précoce, d’autant qu’il n’y a pas de relations directes entre les performances
motrices développées dans la petite enfance et celles exprimées à l’adolescence. Par
contre, il est indéniable que le plaisir que le jeune enfant a éprouvé à bien vivre sa
motricité en bas âge est un élément positif dans sa motivation ultérieure pour le sport.
3/ Organisation des séances
a) Composition des groupes
Pour les enfants de 2 à 4 ans, les groupes devront être constitués d’environ 12 à 15
enfants. La présence des parents est très vivement recommandée.
Pour les enfants de 4/5 ans, les groupes devront être constitués d’un maximum de 20
enfants. La présence des parents s’estompe à la demande des enfants.
Pour les enfants de 5/6 ans, les groupes devront également être constitués de 230 enfants
maximums. L’enfant accède à l’autonomie, la présence des parents n’est plus souhaitable.
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b) Moment de la journée et durée
La meilleure période de la journée pour la baby gym se situe entre 9 et 11 heures. Les
moins bonnes entre 11 heures et 14 heures et après 16 heures, périodes durant lesquelles
apparaissent une baisse d’attention, de la vigilance et du contrôle postural.
La séance ne doit jamais dépasser 50 minutes.
c) Organisation de la séance
Les séances se décomposent en 4 parties :
-
L’accueil (10 minutes) : doit être ritualisé pour permettre à l’enfant d’anticiper ce
qu’il va faire, se mettre en confiance. C’est l’occasion de nommer chaque enfant pour
lui permettre d’exister au sein du groupe et de trouver sa place parmis les autres. Ce
temps permet également à l’enfant de se mettre en mouvement, d’explorer l’espace, de
prendre ses marques. Il permet aussi de faire une activation cardio-pulmonaire et
d’échauffer les muscles qui vont être sollicités plus particulièrement pour que l’enfant
conscientise ces parties de son corps, ce qui améliorera sa gestuelle et évitera les
blessures.
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Le circuit aménagé ( 20 minutes) : Ce temps permet à l’enfant de faire l’expérience de
toutes ses compétences motrices, de connaître ses limites, tenter de les dépasser, les
voir valoriser. Le circuit permet de travailler la notion temporelle (succession des
éléments) et spatiale ( le départ, l’arrivée, en haut, en bas, dessous, dessus etc.…),
mais également la socialisation (attendre son tour, ne pas dépasser, s’aider…)
-
La créativité(15 minutes) : Ce temps permet à l’enfant un moment libre d’expression,
de libération corporelle. L’utilisation de petits matériels (cerceaux, rubans, foulards,
ballons…) travaille la sensorialité, la préhension, la gestualité fine. L’utilisation de
musiques sollicite les capacités d’adaptation rythmiques de l’enfant, mais aussi son
imagination.
-
Le retour au calme (5 minutes) : Ce moment, doit, comme l’accueil, être ritualisé. Il
permet aux sensations vécues pendant la séance de faire mémoire grâce à la centration
sur le corps. C’est aussi une transition nécessaire pour quitter la séance. Chez l’enfant,
on ne peut pas parler de relaxation, la relaxation étant une technique qui utilise le
relachement conscient de la maîtrise du tonus musculaire, mais de détente.
L’idéal est de trouver chacun de ces moments au sein d’une même séance. Une séance
s’articule autour d’un thème suscitant l’intérêt et l’imagination de l’enfant. Toutefois, il
est important de garder le même thème de vacances à vacances pour favoriser
l’anticipation de l’enfant (domaine moteur), sa mise en confiance ( domaine affectif) et sa
mémorisation (domaine cognitif.)
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4/ Le rôle des encadrants
a) Par rapport à l’environnement
Les encadrant doivent créer un environnement agréable, paisible, accueillant où les règles
sont des éléments de sécurité et de continuité. Ils doivent aménager un espace spécifique
gym petite enfance pour sécuriser au maximum les enfants en répondant à leur besoin de
mouvements (matériel adapté et sécurisé) et en prenant en compte leurs émotions (mise en
confiance par des repères immuables).
Les encadrants doivent veiller à ce que l’activité gymnique se fasse par le jeu et dans le
plaisir. Ainsi, les situations doivent être accessibles aux capacités des enfants s en fonction
de leur âge et de leur développement psychomoteur et variées pour que chaque enfant
puissent apporter une réponse et réussir.
b) Par rapport aux enfants
SSVV : Sécuriser/ Solliciter/ Verbaliser et Valoriser = comportement de l’animateur
durant la séance.
Les encadrants doivent être attentifs aux comportements de l’enfant. Ils doivent permettre
à l’enfant de développer au mieux toutes ses capacités.
Les encadrants doivent évaluer les réponses des enfants après chaque séance pour pouvoir
faire évoluer les séances et enrichir les situations en fonction du groupe d’enfants. Pour
cela, ils disposent des fiches pédagogiques.
c) Par rapport aux parents
La séance de baby-gym est aussi un moyen de réunir parents et animateurs autour de
l’enfant, de renforcer le lien parental. Il est donc important d’accueillir à la fois l’enfant et
son ou ses parents Le parent qui inscrit son enfant à la séance de baby-gym a pris
conscience de l’importance du sport dans le développement de l’enfant. Il faut donc
pouvoir se rendre disponible pour répondre au questionnement des parents sur le contenu
de la séance, les objectifs, le comportement de leur enfant. .
A cet âge, la séparation est difficile, tant pour l’enfant que pour le parent. Il est nécessaire
d’accompagner la dynamique de séparation, qui est propre à chacun, surtout, demander au
parent de formuler son départ clairement. Partir en cachette est à proscrire. Il est aussi
intéressant d’accepter l’objet transitionnel de l’enfant, qu’il puisse garder à son arrivée, le
mettre de côté quand il le décide et le reprendre quand il le désire (mettre les doudous
dans un endroit accessible aux enfants).
A partir de 2 ans, on parle de « d’adolescence de la petite enfance », l’enfant a alors
besoin en alternance d’autonomie, de liberté, et de moments de câlin, de réassurance. Il est
primordial d’être assez souple pour accepter la présence des parents durant la séance et
veiller à ce qu’ils participent aux exercices. Il est inconcevable que les parents soient
spectateurs. De plus, il faut indiquer aux parents quel est le cadre de la séance, quelles
sont les règles et les limites que se sont fixées les encadrants. Les parents doivent être
d’accord avec ces règles et les appliquées avec leur enfant, pour que ce dernier puisse
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s’investir au sein du groupe. Il faut expliquer aux parents que toute ambivalence de propos
entre eux et les encadrants ne pourra que semer le doute dans l’esprit de l’enfant qui sera
alors complètement insécurisé et ne pourra pas se détacher et accepter en toute confiance
la relation avec un autre adulte avec qui papa ou maman ne sont pas d’accord.
5/ Le développement du schéma corporel
Le schéma corporel est la représentation psychique que nous avons de notre corps. Il
nécessite une intégration progressive par le cerveau des données diverses enregistrées par
les organes des sens (sensibilité extéroceptives), ainsi que par les sensibilités internes du
corps (sensibilité proprioceptives). De plus, le schéma psychique n’est pas rigoureusement
calqué sur le schéma réel : la personnalité, le milieu socio-culturel, les situations vécues
influencent largement la perception du corps. Le schéma corporel détermine la
connaissance de l’espace et du temps et contribue à l’image de soi.
a) Aspects dynamiques
La motricité est primordiale dans l’élaboration du schéma corporel.
La connaissance du schéma corporel va être sou-tendue par le vécu corporel de l’enfant et
ses fonctions psychomotrices. Dans le domaine des perceptions, il y a tout d’abord les
données proprioceptives (muscles, articulations, labyrinthe, tonus) qui jouent un rôle
fondamental et qui renseignent l’enfant sur son attitude, mouvement, équilibre etc.
Chaque nouvelle posture vient s’enregistrer sur le schéma corporel grâce aux sensations
internes provoquées par cette nouvelle posture…Avec l’apparition de la marche, l’enfant
acquiert la notion de déplacement, ses propres déplacements deviennent conscients.
L’enfant situe son corps par rapport aux objets et prend conscience de l’existence de son
corps indépendant. Puis, le schéma corporel s’enrichi progressivement du vécu moteur. Ce
n’est qu’à l’âge de 12 ans que le schéma corporel est complètement achevé.
Puis, il y a les données extéroceptives, surtout visuelles et sensorielles cutanées. Les
réactions relatives au toucher sont importantes dans le début de l’exploration du corps
propre et qui évoluent du toucher à la préhension. Les réactions relatives à la vision sont
importantes pour la découvertes des mains. Il existe donc une corrélation entre les
sensations perçues dans le corps et les sensations visuelles correspondantes, ceci
permettant la localisation des stimulations, donc l’acquisition du schéma corporel.
b) Aspects affectifs
Comme l’action est fortement liée à l’expérience émotionnelle, donc par la relation avec
autrui, l’aspect dynamique que nous venons d’aborder coexiste donc avec l’aspect affectif.
Le schéma corporel est étroitement lié et englobe la dimension affective du vécu
psychomoteur. Sous l’influence des émotions, la valeur relative des différentes parties du
corps et leurs différenciations changeront de sens en fonction de leur investissement
émotionnel.. De plus, le sentiment d’unité corporelle va naître chez l’enfant avec la
différenciation du moi et du non moi. L’image du corps prend forme, l’enfant va entrer
dans sa forme, forme où il se reconnaît, où il se différencie vraiment de l’autre.
L’apparition de la communication verbale va créer un mode relationnel, l’enfant pourra
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symboliser son vécu, ses actions par le langage et cela va lui permettre d’établir une
connaissance plus objective des choses et de les dominer.
c) Répercussion sur l’appréhension de l’espace et du temps
C’est autour du corps, à partir du corps et en lui-même, en référence à lui que s’établit
toute l’organisation de l’espace et du temps. Il y a un intérieur, un extérieur, quelque
chose qui se trouve devant, derrière, en dessous, au-dessus, à droite, à gauche et cela
correspond à des termes de référence au corporel. De plus, chez l’enfant, le temps se
rapporte directement à l’espace. La temporalité est spatialisée et le temps chez l’enfant,
c’est l’espace divisé par le mouvement (succession des évènements).
d) Répercussion sur le développement de l’image de soi
L’image du corps est l’investissement narcissique de l’enfant par rapport à son corps en
comparaison avec le corps de l’autre. Elle est résultante de la connaissance du schéma
corporel et l’influence. C’est à partir de l’image qu’il a de lui-même que l’enfant se
montrera plus ou moins hardi, aura plus ou moins confiance en ses compétences motrices
et relationnelles, donc tentera plus ou moins facilement de nouvelles expériences et
enrichira plus ou moins son schéma corporel.
6/ Le développement psychomoteur de l’enfant de 2 à 6 ans
Un tableau récapitulatif vous donne les grandes étapes du développement psychomoteur
de l’enfant. Il est important de vous y référer pour préparer vos séances afin d’être en
adéquation avec les possibilités et les besoins des enfants que vous accueillez.
Toutefois, voici quelques idées de base à retenir en plus :
-
L’imitation immédiate est le seul moyen de communication avant l’acquisition du
langage. Empêcher l’enfant d’imiter revient donc à l’empêcher de parler, tout comme
il ne peut se soumettre à une simple consigne verbale. Il est important que les
encadrant soient dans le mouvement avec les enfants.
-
L’enfant de cet âge ne peut pas comprendre le raisonnement logique. Il n’a pas encore
accès à la symbolisation. Il faudra donc que le « parcours » entre dans le cadre ludique
d’une histoire qui lui est suggérée ou qu’il invente, qui s’inscrit dans un espace
imaginaire donc imagé.
-
Jusqu’à 4 ans, l’enfant ne peut pas se concentrer sur une activité physique dirigée
pendant plus de dix minutes en continu.
-
Avant 3 ans, l’enfant ne peut prendre en compte qu’un seul partenaire à la fois et deux
à partir de 4 ans. Ce n’est que vers 4 ans ½ que l’enfant aime participer à de jeux de
règle et en inventer lui-même
-
Dans cette tranche d’âge, l’enfant supporte mal les échecs qui entraînent, lorsqu’ils
sont répétés, découragement et désintérêt.
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