Dermatite atopique (ou Atopie) chez le chien

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Dermatite atopique (ou Atopie) chez le chien
Dermatite atopique (ou Atopie) chez le chien
Par le Docteur Dominique HERIPRET
Service de Dermatologie, CHV FREGIS
Qu’est-ce que la dermatite atopique canine ?
La dermatite atopique du chien est une maladie chronique, caractérisée par une prédisposition à
développer des allergies (aux aliments, aux acariens de la poussière, aux pollens) et par une peau
anormale qui ne remplit plus sa fonction de barrière protectrice.
Les signes apparaissent le plus souvent entre 1 et 6 ans, mais les animaux peuvent être plus ou moins
âgés.
Y a-t-il des races prédisposées à la dermatite atopique, la maladie est-elle héréditaire ?
La dermatite atopique est une maladie ayant des bases génétiques très nettes. Il existe ainsi des
races très prédisposées et de véritables familles de chiens atopiques. Une transmission génétique
existe donc. Les races les plus souvent atteintes sont : Bouledogue français, Boxer, Bulldog anglais,
Cairn terrier, Golden retriever, Labrador, Setter, Shar-peï, West Highland White terrier, Yorkshire terrier,…
Quels sont les premiers signes de la maladie ?
Les premiers symptômes de la dermatite atopique sont, dans la grande majorité des cas, une otite
ou une pododermatite (inflammation des doigts).
Lors d’otite, les oreilles sont rouges, le chien se gratte ou secoue sa tête. Lors de pododermatite, il
se lèche frénétiquement les doigts ou les mordille.
D’autres signes peuvent faire penser à une dermatite atopique, comme des infections récidivantes
par des bactéries (staphylocoques) ou des champignons (Malassezia).
Comment fait-on un diagnostic de dermatite atopique chez le chien ?
C’est le vétérinaire qui fait ce diagnostic en se fondant sur les symptômes, la localisation des lésions,
l’âge d’apparition, les réponses aux traitements et en éliminant d’autres causes de démangeaisons, notamment parasitaires (puces, gale) et infectieuses. Les tests allergologiques ne permettent
pas de faire un diagnostic de dermatite atopique en soi. On les utilise en routine pour choisir les
allergènes nécessaires à une désensibilisation.
Quels tests allergologiques existent-ils ?
• Tests cutanés (intradermoréactions) : Le principe est d’injecter une petite quantité d’un
allergène dans la peau (injection intradermique) et d’observer la réaction au bout de 10
à 20 minutes. S’il apparaît une réaction large et rouge (érythème), c’est que l’animal est
sensible à l’allergène injecté. Cet examen n’est pas douloureux et permet l’obtention de
résultats rapides et fiables.
• Tests in vitro avec une prise de sang : ils permettent de doser certaines immunoglobulines
(Ig E) spécifiques d’allergènes.
Ces deux méthodes ne sont applicables qu’aux poussières et pas aux allergies alimentaires.
J’ai fait un test allergologique et mon chien est allergique à plusieurs aliments. Peut-il en manger ?
Les tests allergologiques vis-à-vis d’aliments, bien que commercialisés, n’ont aucune valeur diagnostique chez le chien (et le chat). Par conséquent, un résultat positif n’est pas interprétable et ne
doit pas être utilisé pour choisir un régime particulier pour son animal.
Traitement de la dermatite atopique canine
Le seul traitement des allergies est l’élimination de l’allergène de l’environnement de l’animal (aliment) ou le rétablissement d’une tolérance vis à vis de l’allergène (désensibilisation). Parallèlement,
une gestion des signes cliniques (démangeaisons, surinfections) doit être proposée, associée à des
mesures hygiéniques (contrôle des puces, shampooings, renforcement de la qualité de la peau).
Dans les cas où l’aliment n’est pas en cause, il s’agit généralement d’une gestion au long cours
(maladie chronique) plus que d’un traitement.
La cortisone, par exemple, peut être utilisée sur une courte période (quelques jours) pour contrôler
des démangeaisons trop importantes (poussées).
Les bases de cette affection étant génétiques, les chiens atopiques nécessitent des traitements à
vie. Une prise en charge précoce et un traitement de fond suivi et continu permettent d’obtenir un
bon contrôle de la maladie.
La désensibilisation est-elle efficace ?
Oui, la désensibilisation est efficace. On ne juge pas de son efficacité avant 6 à 12 mois de traitement et cette efficacité n’est pas toujours une guérison, mais le plus souvent une nette diminution
de la gravité de la maladie.
Mon animal sera-t-il malade toute sa vie ?
L’origine de la maladie est génétique. Un chien atopique est donc atopique toute sa vie. Toutefois, des traitements de fond permettent à la fois de réduire la gravité des crises et de les espacer,
voire dans de nombreux cas de les faire disparaître. La grande majorité des chiens atopiques n’a
pas besoin de traitement par voie générale tout au long de leur vie. Des soins hygiéniques réguliers
permettent de contrôler la maladie.
Peut-on traiter un chien atopique avec uniquement des soins locaux ?
Oui et non !!! Il y a toujours des poussées brutales qui obligent à donner un traitement oral, mais on
peut contrôler les démangeaisons au quotidien en n’utilisant que des soins externes, qu’il s’agisse
de spray, de pipette ou de shampooing ayant des activités émollientes, anti-inflammatoires ou
antiseptiques.
L’usage de shampooings médicamenteux est-il indispensable ?
Le principe de la plupart de ces produits est de renforcer la barrière cutanée, d’être antiseptique
et éventuellement de diminuer la réponse inflammatoire. Leur intérêt est limité par deux facteurs :
la praticabilité chez les animaux de grande taille ou à pelage long
et la nécessité d’effectuer fréquemment des soins (2 fois par semaine ou plus) qui aggrave les problèmes de faisabilité et peut nuire au traitement antipuces.
Un traitement réussi est rarement fondé sur l’emploi de shampooings médicamenteux utilisés seuls.
Plus fréquemment, ils servent de traitement de soutien pour obtenir des résultats meilleurs, plus rapides ou pour prévenir les récidives, et sont associés à un traitement par voie générale.
Quels sont les effets indésirables des glucocorticoïdes ?
A court terme, on observe chez certains chiens une augmentation de la prise de boisson (et donc
de la fréquence des mictions) et un appétit augmenté. Ces anomalies sont rapidement réversibles
si le traitement ne dure que quelques jours.
A long terme, les glucocorticoïdes peuvent provoquer une modification du pelage, une chute de
poils, des infections, des anomalies hépatiques, une atrophie des muscles, des troubles digestifs et
dans les cas plus graves du diabète sucré.
L’utilisation des antihistaminiques est –t-elle indiqué ?
Oui. Ils sont efficaces dans 25 à 40% des cas et ils ne présentent pas d’effet secondaire, sauf parfois
une somnolence. Ils ne sont pas efficaces sur les poussées mais plutôt pour permettre l’espacement
des poussées.
Les crises peuvent-elles être déclenchées pour des raisons spécifiques ?
Oui :
• Le plus souvent suite à l’exposition à des aerollergènes (acariens) ou des piqûres de puces
(crises lors de changement d’environnement ou en vacances par exemple),
• Beaucoup plus rarement à des allergènes polliniques (crises importantes à partir de la fin
mai par exemple lors d’allergie aux graminées).
• L’utilisation de topiques asséchants ou irritants (shampooings secs, lotions inadaptées) peut
aussi déclencher une crise.
• On rapporte aussi des poussées liées à des situations de stress particulières.
Que faire quand une crise débute ?
Il est indispensable de consulter son vétérinaire et ne pas tenter une automédication. En effet, les
infections par des bactéries ou des champignons sont fréquemment présentes et elles ne sont pas
identifiables sans des examens particuliers (examens cytologiques). Or, de la présence ou non de
ces infections dépend en grande partie le type de traitement d’une poussée.
Comment prévenir la survenue des crises ?
On peut prévenir les rechutes ou diminuer leur importance en suivant des mesures hygiéniques
rigoureuses mais assez simples :
• traitement antipuces mensuel,
• alimentation hypoallergénique
• nettoyages auriculaires non-irritants
• shampooings, sprays, mousses ou pipettes émollients (hydratants) bihebdomadaires ou
hebdomadaires
• brossage doux quotidien
• topiques anti-inflammatoires et émollients sur les zones les plus souvent atteintes en prévention.
Mon chien atopique est-il contagieux ?
Non, un chien atopique n’est pas contagieux, même lorsque sa peau est infectée.
Faut-il prendre des précautions particulières pour les enfants ?
Même si la peau des chiens atopiques peut être infectée, les contacts avec l’animal sont sans danger. En revanche, un animal en crise, notamment lorsqu’existe une otite, peut être irritable. Il faut
donc éviter de manipuler les oreilles violemment.
Un chien atopique est-il prédisposé aux allergies vaccinales ou médicamenteuses ?
Non, les chiens atopiques sont prédisposés aux allergies alimentaires et aux allergies aux acariens,
mais pas aux allergies vaccinales ou médicamenteuses. Par conséquent, ces animaux suivent des
traitements comme tous les autres, sans précautions particulières.
Mon chien peut-il être allergique à moi-même ou à mon chat ?
On observe parfois des tests allergologiques positifs aux squames humaines ou de chat. Toutefois
aucun cas de vraie allergie clinique à l’homme ou au chat n’a été démontré chez le chien.
Faut-il laver les éléments de confort (panier, couverture,…) plus fréquemment ?
Non, cela n’est pas nécessaire, mais il faut le faire régulièrement, cela permettant d’éliminer les
débris cutanés favorables au développement des acariens de la poussière et des œufs ou des
larves de puces.
Comment mon chien peut-il être allergique aux acariens de la poussière alors que je suis un(e)
maniaque du ménage ?
Lorsque l’on est allergique aux acariens de la poussière de maison, même après un ménage rigoureux il existe toujours des allergènes d’acariens présents dans l’environnement. Ces acariens sont
impossibles à éliminer totalement ; de plus, leurs cadavres et leurs déjections peuvent être allergisantes. Par conséquent, ce n’est pas la qualité du ménage qui est en cause, mais l’héritage génétique du chien.
On a déjà trouvé que mon chien est allergique aux acariens. Pourquoi faire un régime maintenant ?
Votre chien est atopique, donc prédisposé à développer de nombreuses allergies. Le fait d’être
allergique aux acariens de la poussière de maison ne veut pas dire que votre animal ne présente
pas en plus une allergie alimentaire, dont les symptômes sont les mêmes. Environ 30 % des chiens
atteints de dermatite atopique peuvent être très significativement améliorés par un régime hypoallergénique. Par conséquent, avant de mettre en place un traitement aussi long qu’une désensibilisation, on essaie de savoir si celle-ci peut être évitée grâce à un régime hypoallergénique.
Mon chien est allergique aux acariens de stockage. Puis-je quand même lui donner un aliment
industriel ?
La sensibilisation aux acariens dits de stockage est très fréquente chez les chiens atopiques, quel
que soit le type d’alimentation. Les aliments industriels sont exempts d’acariens de stockage, mais
leur stockage peut s’accompagner d’une contamination. Par conséquent, il est inutile de passer
des croquettes à un aliment humide, d’autant que ces acariens se développent particulièrement
bien sur les bords des gamelles ou lorsqu’il y a des débris alimentaires collés autour du site d’alimentation du chien, quel que soit le type d’aliment.
Chien de race Labrador atteint d’une
dermatite atopique (Atopie). Les
lésions sont ici principalement localisées sur la face.
Chien de race Labrador atteint d’une dermatite atopique (Atopie). Les lésions sont ici
principalement localisées autour des yeux.
Les points importants
La dermatite atopique est une maladie chronique d’origine allergique qui débute généralement par une otite ou une pododermatite
Le diagnostic se fait à l’occasion d’une consultation spécialisée de dermatologie et
l’élimination des nombreuses autres maladies cutanées avec lesquelles elle peut être
confondue.
Le traitement suppose une hygiène quotidienne, une alimentation adaptée, une lutte
attentive contre les puces. Il peut être contraignant et des poussées aiguës peuvent
survenir.

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