Französische Gedichte - UK
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Französische Gedichte - UK
Französische Gedichte Jaufre Rudel, Canzone (Auszug, 12. Jh.) Quan lo rius de la fontana S’esclarzís, si com far sòl Et par la flors aiglentina E’l rossinholetz el ram Vòlf e refranh et aplana Son dous chantar et afina, Dreitz es qu’ieu lo mieu refranha. Wenn der Quell des Brunnens sich erhellt So wie er es zu tun pflegt Und die Rosenblüte erscheint Und die Nachtigall auf dem Ast Ihr süßes Lied dreht und wendet Es glättet und verfeinert Dann ist es recht, dass ich auch das meine wieder aufnehme. Amors de terra lonhdana, Per vos totz lo còrs mi dòl; E no’n puèsc trobar meizina, Si non vau al seu reclam. Ab atrait d’amor doussana Dins vergier o sotz cortina Ab desirada conpanha Geliebte aus fernem Land Um Euretwillen schmerzt mir mein ganzes Herz; Und ich kann keine Medizin finden, es sei denn ich stillte sein Verlangen. Mit dem Reiz einer süßen Liebe In einem Garten oder unter einem Zelt, mit einer begehrten Gefährtin. De desirs mos còrs non fina Vas cela ren qu’ieu plus am, E cre que volers m’egana Si cobezeze la’m tòl ; Que plus es onhens qu’espina La dolor que ab jòi sana, Don ja non vuèlh qu’òm m’en planha Mein Herz hört nicht auf sich zu sehnen Nach dem Geschöpf, das ich am meisten liebe. Und ich glaube dass mein Wille mich täuscht Wenn Begehrlichkeit sie mir raubt. Denn stechender als ein Dorn Ist der Schmerz, der mit Freude heilt, deshalb soll man mich deshalb auch nicht beklagen. Pierre de Ronsard, A Cassandre, (1553) Mignonne, allons voir si la Rose, Qui ce matin avoit desclose Sa robe de pourpre au Soleil, A point perdu ceste vesprée Les plis de sa robe pourprée, Et son teint au vostre pareil. Las ! voyez comme en peu d'espace, Mignonne, elle a dessus la place Las, las, ses beautez laissé cheoir ! Ô vrayment marastre Nature, Puis qu'une telle fleur ne dure Que du matin jusques au soir ! Donc, si vous me croyez, Mignonne, Tandis que vostre âge fleuronne En sa plus verte nouveauté, Cueillez, cueillez vostre jeunesse : Comme à ceste fleur, la vieillesse Fera ternir vostre beauté. Französische Gedichte, S. 1 von 5 déclore: sich öffnen, aufblühen pourpre: Purpurglut geboren, vesprée: Abend plis: falte Las: Achh!. / En peu d’espace: in kurzer Zeit cheoir = choir: fallen marâtre: Rabenmutter fleuronner: blühen ceuillir: pflücken ternir: verblassen Alphonse de Lamartine, Isolement (Auszug, aus: Méditations poétiques, 1820) Souvent sur la montagne, à l’ombre du vieux chêne, Au coucher du soleil, tristement je m’assieds ; Je promène au hasard mes regards sur la plaine, Dont le tableau changeant se déroule à mes pieds. chêne : Eiche. Ici gronde le fleuve aux vagues écumantes ; Il serpente, et s’enfonce en un lointain obscur ; Là le lac immobile étend ses eaux dormantes Où l’étoile du soir se lève dans l’azur. gronder : grollen. écumant : schäumend serpente : sich schlängeln Au sommet de ces monts couronnés de bois sombres, Le crépuscule encor jette un dernier rayon ; Et le char vaporeux de la reine des ombres Monte, et blanchit déjà les bords de l’horizon. Cependant, s’élançant de la flèche gothique, Un son religieux se répand dans les airs ; Le voyageur s’arrête, et la cloche rustique Aux derniers bruits du jour mêle de saints concerts. Mais à ces doux tableaux mon âme indifférente N’éprouve devant eux ni charme ni transports ; Je contemple la terre ainsi qu’une ombre errante : Le soleil des vivants n’échauffe plus les morts. De colline en colline en vain portant ma vue, Du sud à l’aquilon, de l’aurore au couchant, Je parcours tous les points de l’immense étendue, Et je dis : Nulle part le bonheur ne m’attend. Que me font ces vallons, ces palais, ces chaumières, Vains objets dont pour moi le charme est envolé ? Fleuves, rochers, forêts, solitudes si chères, Un seul être vous manque, et tout est dépeuplé ! Französische Gedichte, S. 2 von 5 vaporeux : in Nebel gehüllt. s’élance : sich aufschwingen, ertönen se répandre : sich ausbreiten rustique : ländlich transport : Leidenschaft, Freude errer : herumirren l’aquilon : Nordwind chaumière : strohgedecktes Häuschen Charles Baudelaire, L’Albatros (1857) Souvent, pour s’amuser, les hommes d’équipage Prennent des albatros, vastes oiseaux des mers, Qui suivent, indolents compagnons de voyage, Le navire glissant sur les gouffres amers. À peine les ont-ils déposés sur les planches, Que ces rois de l’azur, maladroits et honteux, Laissent piteusement leurs grandes ailes blanches Comme des avirons traîner à côté d’eux. Ce voyageur ailé, comme il est gauche et veule ! Lui, naguère si beau, qu’il est comique et laid ! L’un agace son bec avec un brûle-gueule, L’autre mime, en boitant, l’infirme qui volait ! Le Poëte est semblable au prince des nuées Qui hante la tempête et se rit de l’archer ; Exilé sur le sol au milieu des huées, Ses ailes de géant l’empêchent de marcher. Gérard de Nerval, El Desdichado (aus Les chimères, 1854) Je suis le ténébreux, — le veuf, — l’inconsolé, Le prince d’Aquitaine à la tour abolie : Ma seule étoile est morte, — et mon luth constellé Porte le Soleil noir de la Mélancolie. Dans la nuit du tombeau, toi qui m’as consolé, Rends-moi le Pausilippe et la mer d’Italie, La fleur qui plaisait tant à mon cœur désolé, Et la treille où le pampre à la rose s’allie. Suis-je Amour ou Phébus ?… Lusignan ou Biron ? Mon front est rouge encor du baiser de la reine ; J’ai rêvé dans la grotte où nage la syrène… Et j’ai deux fois vainqueur traversé l’Achéron : Modulant tour à tour sur la lyre d’Orphée Les soupirs de la sainte et les cris de la fée. Französische Gedichte, S. 3 von 5 Paul Verlaine : Romances sans paroles (1874) Paul Verlaine : Colloque sentimentale (aus Fêtes galantes, 1869) Il pleure dans mon cœur Comme il pleut sur la ville, Quelle est cette langueur Qui pénètre mon cœur ? Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux formes ont tout à l’heure passé. Ô bruit doux de la pluie Par terre et sur les toits ! Pour un cœur qui s'ennuie Ô le chant de la pluie ! Leurs yeux sont morts et leurs lèvres sont molles, Et l’on entend à peine leurs paroles. Dans le vieux parc solitaire et glacé Deux spectres ont évoqué le passé. — Te souvient-il de notre extase ancienne ? Il pleure sans raison Dans ce cœur qui s'écœure. Quoi ! nulle trahison ? Ce deuil est sans raison. C’est bien la pire peine De ne savoir pourquoi, Sans amour et sans haine, Mon cœur a tant de peine ! — Pourquoi voulez-vous donc qu’il m’en souvienne ? — Ton cœur bat-il toujours à mon seul nom ? Toujours vois-tu mon âme en rêve ? — Non. — Ah ! les beaux jours de bonheur indicible Où nous joignions nos bouches ! — C’est possible. Qu’il était bleu, le ciel, et grand l’espoir ! — L’espoir a fui, vaincu, vers le ciel noir. Tels ils marchaient dans les avoines folles, Et la nuit seule entendit leurs paroles. Arthur Rimbaud : Les Ponts (aus : Illuminations, 1873-75) Des ciels gris de cristal. Un bizarre dessin de ponts, ceux-ci droits, ceux-là bombés, d’autres descendant ou obliquant en angles sur les premiers, et ces figures se renouvelant dans les autres circuits éclairés du canal, mais tous tellement longs et légers que les rives, chargées de dômes s’abaissent et s’amoindrissent. Quelques-uns de ces ponts sont encore chargés de masures. D’autres soutiennent des mâts, des signaux, de frêles parapets. Des accords mineurs se croisent, et filent, des cordes montent des berges. On distingue une veste rouge, peut-être d’autres costumes et des instruments de musique. Sont-ce des airs populaires, des bouts de concerts seigneuriaux, des restants d’hymnes publics? L’eau est grise et bleue, large comme un bras de mer. — Un rayon blanc, tombant du haut du ciel, anéantit cette comédie. Übersetzung: anonym Graue Kristallhimmel. Bizarr zeichnen sich Brücken ab, diese gerade, jene gewölbt, andere wiederum führen auf erstere herab oder schneiden sie in schiefen Winkeln, und diese Figuren wiederholen sich in den weiteren hell erleuchteten Windungen des Kanals, doch sind allesamt derart lang und leicht, daß die mit Domen beladenen Ufer sich senken und schmälern. Auf manche Brücken drückt noch altes Gemäuer. Andere stützen Masten, Schilder, brüchige Geländer. Moll-Akkorde kreuzen sich und verfliegen, Saiten steigen die Hänge hinan. Man erkennt ein rotes Wams, vielleicht auch andere Kostüme und Musikinstrumente. Sind dies Volksweisen, Fetzen von Gutsherren-Konzerten, Überreste von Nationalhymnen? Das Wasser ist grau und blau, breit wie ein Meeresarm. - Ein weißer Strahl schießt vom Himmel herab und löscht diese Komödie aus. Französische Gedichte, S. 4 von 5 Guillaume Apollinaire, Sous le pont Mirabeau (1912) Sous le pont Mirabeau coule la Seine Et nos amours Faut-il qu’il m’en souvienne La joie venait toujours après la peine. Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure Les mains dans les mains restons face à face Tandis que sous Le pont de nos bras passe Des éternels regards l’onde si lasse Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure L’amour s’en va comme cette eau courante L’amour s’en va Comme la vie est lente Et comme l’Espérance est violente Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure Passent les jours et passent les semaines Ni temps passé Ni les amours reviennent Sous le pont Mirabeau coule la Seine Vienne la nuit sonne l’heure Les jours s’en vont je demeure Jacques Prévert, aus: Paroles (1946) Le jardin Des milliers et des milliers d'années Ne sauraient suffire Pour dire La petite seconde d'éternité Où tu m'as embrassé Où je t'ai embrassée Un matin dans la lumière de l'hiver Au parc Montsouris à Paris A Paris Sur la terre La terre qui est un astre. Le déjeuner du matin Il a mis le café Dans la tasse Il a mis le lait Dans la tasse de café Il a mis le sucre Dans le café au lait Avec la petite cuiller Il a tourné Il a bu le café au lait Französische Gedichte, S. 5 von 5 Et il a reposé la tasse Sans me parler Il a allumé Une cigarette Il a fait des ronds Avec la fumée Il a mis les cendres Dans le cendrier Sans me parler Sans me regarder Il s'est levé Il a mis Son chapeau sur sa tête Il a mis Son manteau de pluie Parce qu'il pleuvait Et il est parti Sous la pluie Sans une parole Sans me regarder Et moi j'ai pris Ma tête dans ma main Et j'ai pleuré.