L`impact de l`idée ou du geste suicidaire sur l`entourage

Transcription

L`impact de l`idée ou du geste suicidaire sur l`entourage
Conférence présentée par :
Pierrette Couture,
Thérapeute, DESS en santé mentale,
Intervenante & Formatrice
L’impact de l’idée et du geste
suicidaire sur l’entourage
Proposition pour une
POSTURE D’ÉCOUTE…
Participez activement à cette
conférence en maintenant
vos réflexions sur vous-même
et sur votre manière de
réagir aux événements.
s
UNE LEÇON D’HUMILITÉ
« PAYANTE »
La conclusion de cette
conférence devrait accroître
votre sécurité personnelle…
Attention au passé…
PRÉSENTATION DU CONTENU
Portrait de l’entourage
Portrait comportements suicidaires
qui peuvent occasionner des impacts
Les causes de l’impact
La gestion de l’impact
Pourquoi avoir choisi ce thème ?
À un niveau plus personnel…
– On a tendance à ne pas se questionner…
– On se met vite de côté pour passer à l’action.
– On surestime notre résilience…;
– On se retrouve toujours au combat… et si tombe on se demande: « Comment
ça? »
À un niveau plus interpersonnel…
– L’aide existe. Connaissons-nous les ressources? Acceptons-nous l’aide ? ou diton plutôt: « Ah, je suis correct, ça va ! »
– « Si je parle, j’entre dans ma vulnérabilité. Va-t-on être capable de la recevoir
sans me juger? »
– Prends-on du temps pour soi dans la course du travail… des rendez-vous?
– Et la tendance à escamoter les rituels lors de nos propres deuils… alors que
des « réveils » se produisent !
Portrait de l’entourage
• Souvent quotidiennement en relation avec la personne en
détresse;
• Ses émotions lui permettent de rester présent et comprendre
l’autre. (Goleman 2006);
• S’il ignore ses émotions, des conséquences désagréables:
sur lui- même;
sur la personne suicidaire;
sur sa famille peuvent suivre...
Il n’a pas un rôle d’intervenant, même s’il est sollicité comme
« aidant naturel ».
Parce qu’il est humain, donc sujet à l’erreur,
il doit faire très attention à ses propres « angles morts ».
Un exemple d’« Angle-mort »
Les bons samaritains
(Ben-Shahar, 2012)
Vos « Angles-morts » ?
Lundi est le
le premier
jour de la
semaine !
Idée tirée de Danie Beaulieu, PhD, Techniques d’Impact
Selon Mario Poirier, PhD
• « 2 funambules marchent
chacun sur la corde raide
de l’idée ou du geste
suicidaire. L’un est
suicidaire, l’autre est
aidant.
• Si l’un vacille trop, l’autre
risque d’être ébranlé au
point de chuter.
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• La personne suicidaire part
avec une partie de la
sécurité de l’entourage… »
Portrait des comportements suicidaires
qui peuvent occasionner un impact
Trouble mental
S
• On estime qu’environ 90% des personnes décédées
par suicide avaient un trouble mental (CRISE, 2005);
• Comportements observés chez une partie de ces
personnes suicidaires:
excès émotifs;
impulsivité;
violence, etc. (Larose, Fondaire & coll. 2007).
méfiance, paranoïa (Shea, 2005).
« Angle-mort » Impact 1
sur l’aidant naturel
• « Même après 10 ans d’expérience, une
intervenante qui a participé à une étude a pris
conscience du fait qu’elle avait toujours voulu se
faire croire qu’elle n’avait pas peur devant la
colère et l’agressivité de certaine personnes en
crise.
• C’est grâce à sa participation à l’étude qu’elle
s’est rendu compte qu’elle avait peur» (Vanier et
Fortin, 1996).
« Angle-mort »: Impact 2
sur la relation
Quand l’impuissance est au rendez-vous
- La personne passe au 2ième rang parce que:
- Ses paroles et comportements sont alors analysés
en fonction du diagnostic;
- La personne est devenue une maladie;
- On prend des décisions pour elle;
- Si elle s’énerve, c’est dû à son problème de santé
mentale (Lecomte 2008).
« Angle-mort » Impact 3:
La « Cruauté des anges »
Quand l’épuisement guette l’entourage
- Les attitudes et comportements négatifs de certaines
personnes qui sont en détresse transforme l’entourage,
sans qu’il ne le veuille, en « ange cruel » Poirier (2000);
- « L’ange cruel » veut aider, mais en vient à penser qu’il doit
couper le lien quand il doit mettre ses limites, pour se
respecter.
- Il part du principe suivant: « Quand on veut, on peut »
alors que la réalité démontre l’inverse: « Quand on peut,
on veut ».
Les causes de l’impact
La cause : l’élément déclencheur ?
Est-ce l’élément déclencheur? NON
Un proche ressent de l’anxiété lorsqu’il apprend les
idées suicidaires de son ami… alors qu’un autre
pourrait vivre de la colère, de l’indifférence, à cette
occasion précise.
Et les déclencheurs
sont multiples:
Si un événement précis avait le pouvoir de « causer » une émotion,
il causerait la même puisqu’il s’est produit au même moment
et une fois pour toutes.
La cause: Le passé de l’entourage ?
Est-ce le passé ? NON
En 2005, Farber a listé les raisons pour lesquelles des psychothérapeutes
ont choisi cette carrière. Ils ont rapporté un plus haut taux de
difficultés vécues dans leur enfance que les autres professions.
MAIS
En 1997, Fortin écrivait qu’ils semblent avoir appris quelque chose de
leur souffrance car ils ont moins de dépression, d’anxiété, de
perturbation du sommeil et moins de difficultés relationnelles que les
autres professions.
Cette démonstration prouve que le passé des thérapeutes peut être
réinterprété et ne peut donc pas être la cause directe des impacts.
Et les aidants naturels?
La cause : Le contexte ?
Est-ce le contexte dans lequel l’entourages évolue? NON
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« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les choses, mais bien les
jugements qu’ils portent sur ces choses » Épictète
Mais quelle est donc la cause ?
• Dans la nature, le coup
de tonnerre suit l’éclair,
mais en est-il la CAUSE?
• Réponse: NON, car en
fait, les deux ont une
cause commune: la
décharge électrique
dans l’atmosphère.
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Les causes (multifactorielles)
Un événement stressant :
élément déclencheur / trajectoire / territoire…
Les perceptions de
l’entourage !
Pensons aux séminaristes (TEMPS
SENTIMENT D’URGENCE)
QUE FAIRE ALORS ?
1- Agissons sur le stresseur
« …mais, il arrive que nous
n’ayons aucun contrôle sur le stresseur ! »
Tout n’est pas perdu,
2- Agissons sur les perceptions
La gestion de l’impact
3 ANTIDOTES !
_
Passé
SWITCH vers …
+
Forces
Habiletés
Valeurs
« -C’est son choix;
-Il nous manipule;
-Il en parle, il ne le fera pas;
-En parler risque de donner l’idée;
-Seuls les professionnels peuvent aider;
-Suicidaire un jour, suicidaire toujours;
-Le suicide se produit sans avertissement, etc. »
Quand un stresseur a
une tonalité négative,
la pensée devient
automatiquement
négative… et le repli
Goleman (2006)
Ligne de vie
Résilience
Présent
Futur
Importance
du lien
Futur qui
vaut la peine
Je n’a pas la vérité !
C’est
un mur
épais
c’est une
branche
d’arbre très
épaisse
c’est
une
corde
c’est
un
pilier
C’est
une
pipe
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L’Habitude de la « CONSCIENCE DE SOI »
(Frédérick Dionne 2014)
• Accepter la présence de nos « angles
morts »
• Connaître ses forces & valeurs;
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• Rester soi-même au volant sur la route de sa
vie personnelle. Attention, les risques de
prendre les sorties de route sont toujours là…
RECOMMANDATIONS
&
CONCLUSION
3 Recommandations importantes:
Au niveau des déclencheurs:
- Ne jamais rester seul avec une confidence
suicidaire;
- Échanger avec des intervenants pour effectuer
une estimation de la dangerosité d’un
passage à l’acte suicidaire 1866 APPELLE (ou
tout autre professionnel de la santé formé);.
Au niveau des perceptions:
- Chaque jour, penser à l’éléphant
et se répéter « Je n’ai pas la vérité »
Conclusion
• Si la personne (plus particulièrement celle qui a une problématique de santé
mentale) parle d’idées suicidaires, l’aide de l’entourage consiste
à faciliter le quotidien du proche, sans le juger… et créer (ou
recréer) le filet de sécurité pour la personne en détresse.
• L’entourage qui:
1- Pratique régulièrement l’écoute
2- pour élargir sa vision de l’autre
3- et qui demande l’appui d’autres aidants
• possède-t-il la clé de son propre mieux-être…et, par
ricochet, celui des gens qu’il aide?
Bibliographie
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Ben Shahar, T. (2012) Choisir sa vie, Belfond, p. 187
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CRISE (Centre de recherche et d’intervention sur le suicide et l’euthanasie), Université du Québec à Montréal (2005),
Application des connaissnces scientifiques en prévention du suicide, 3- Troubles mentaux et suicide, Montréal, Québec :
CRISE/ UQAM
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Dionne Frédérick, (2014), Libérez-vous de la douleur, Payot, Chap. 11-12
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Farber, B. A. & coll. (2005), Choosing psychotherapy as a career: Why did we cross that road? Journal of cliinical
psychology, 61(8), 1009-1031
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Fortin, B. (1997) Intervenir en santé mentale, Fides,p. 29
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Goleman(2006) Cultiver l’intelligence relationnelle, Robert Lafont, p. 268
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203-243
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Hygiène, 468
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Poirier M. http://fep.umontreal.ca/formations/certificats/sante/sante-mentale/intervenant-en-sante-mentale/
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Séguin, M. (2000) Partie II Encadrement, Soutien et supervision clinique des interventions en situation de crise, Site:
http://psychodoc-fr.broca.inserm.fr/conf&rm/confsuicide/seguin1.html, 24-25
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Shea, S. C. (2005) La conduite de l’entretien psychiatrique, Paris: Elsevier, 18
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Vanier et Fortin (1996), Une étude exploratoire des sources de stress et de soutien social chez des intervenantes
communautaires en santé mentale, tiré des Problèmes actuels en santé mentale et en psychiatrie SOI-1073-27-29, Université du
Québec à Trois-Rivières, Recueil de textes par Pierrette Déziel, Hiver 2000, 196-205

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