Control Build turbine pour les centrales hydrauliques
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Control Build turbine pour les centrales hydrauliques
Reportage Solutions Vu au CIH de EDF INFO R M A T I Q U E I N D U S T R I E L L E Control Build turbine pour les centrales hydrauliques En France, l’électricité ce n’est pas uniquement le nucléaire. Si elle ne compte que pour 9 % de la production électrique, la filière hydraulique est importante, constituée d’un important réseau de centrales et de sites. Il y en a environ 500, disséminés au gré des reliefs sur le territoire. Les automates programmables y sont omniprésents. Pour faciliter l’écriture des spécifications et surtout pour tester le système de contrôle, le centre d’ingénierie hydraulique d’EDF a choisi d’utiliser ControlBuild, un logiciel édité par TNI-Software et destiné aux applications d’automatismes. A yant fait le choix du nucléaire, la France répond à ses besoins en électricité en s’appuyant largement sur la fission atomique, qui représentait en 2004 88 % de la production d’Électricité De France (EDF). Avec seulement 9 %, la part de l’hydraulique semble bien faible dans le paysage L’essentiel énergétique français. « C’est peu en volume, De nombreux automates mais c’est important en servent à piloter les valeur », précise Anneinstallations hydrauliques Marie Santaella qui d’EDF. travaille pour le centre Le centre d’ingénierie d’ingénierie hydraulique hydraulique (CIH) utilise pour (CIH) d’EDF en certains de ces sites le logiciel charge de la maintede conception et de validation des automatismes nance des infrastrucControlBuild de TNItures hydrauliques. Software. Car les barrages situés Cet outil améliore la sur les cours d’eau communication entre les permettent de stocker participants d’un projet en de grandes quantités amont des spécifications et d’eau, libérables à surtout facilite la validation tout moment et qui du code automate, que ce sont rapidement consoit en plate-forme d’essai ou verties en énergie directement sur site. électrique. « Une cen Control Build propose trale hydraulique à réserégalement un module de voir peut démarrer en génération automatique de moins de 15 minutes code automate : le CIH ne l’a quand plusieurs heures pas retenu souhaitant sont nécessaires à un site privilégier la maintenabilité nucléaire », poursuit du code à long terme. l’attachée technique 44 responsable de la partie contrôle-commande. Cette disponibilité de la ressource est primordiale pour ajuster l’offre aux brusques variations de la demande. Ce sont ces barrages dont s’occupe le CIH : certains fonctionnent par téléconduite 24/24, d’autres sont équipés de consoles programmables, les derniers et les plus nombreux sont des centrales autonomes, asservies à un débit ou à un niveau d’eau par exemple. Pour valider les systèmes d’automatisme de certains de ses sites, comme Toulouse, Marseille, Brive, Lyon et Grenoble, le CIH a mis à profit ControlBuild, un logiciel de conception et de validation des automatismes édité par TNI-Software. ControlBuild peut s’utiliser à plusieurs niveaux du fameux cycle en V, puisqu’il propose différents modules permettant de couvrir l’étape de conception des systèmes automatisés, de simuler la partie opérative ou bien de faire les deux opérations à la fois. Un module permet même de faire de la génération automatique de code (voir encadré). Des deux côtés du cycle en V Mais au CIH, on a préféré ne pas utiliser la génération automatique de code « afin de garder la maîtrise totale du code automate, par exemple dans le cas où il faut retoucher le code une dizaine d’années plus tard », précise AnneMarie Santaella. « Il est plus aisé de travailler sur un code que l’on s’est approprié », poursuit son collègue Luc Royet. Le centre d’ingé- nierie hydraulique, basé au Bourget du Lac (73), n’utilise donc le logiciel de TNISoftware que lors de deux phases bien précises du développement et du test de ses automatismes. D’abord en amont de l’étape de codage, sur la branche de gauche du cycle en V. Avant d’écrire les spécifications des automates, le logiciel sert de support aux discussions entre les automaticiens et l’exploitant du site hydraulique. Grâce à son interface graphique, il facilite le dialogue entre professionnels de métiers différents, qui, s’ils ne parlent pas le même jargon, peuvent se mettre d’accord sur des schémas animés. « Dans cette phase, ControlBuild nous permet de savoir ce que l’on veut contrôler, en assimilant les caractéristiques de chaque centrale », dépeint Anne-Marie Santaella. Par exemple, l’ouverture d’une vanne d’une retenue d’eau ne peut se faire brutalement, car elle perturberait trop rapidement le cours d’eau en aval. Elle est donc crantée, pour une ouverture progressive. L’interface graphique permet à celui qui va écrire les spécifications de s’approprier ces spécificités. Mais c’est au moment du test des programmes automates, nécessaire à la validation du code, que ControlBuild se révèle le plus utile aux techniciens du CIH. Auparavant, pour stimuler les automates et observer leurs réponses à ces stimulations, les techniciens utilisaient des boîtes à boutons et voyants. Il est même arrivé qu’un « simulateur électromécanique de 3 tonnes excite les automat e s », s e s o u v i e n t A n n e - M a r i e Santaella. Aujourd’hui, le test en plate-forme de tous lles automatismes se fait avec ControlBuild : le logiciel envoie à l’automate des signaux correspondants à des niveaux d’eau, de débits ou de tensions normalement acquis par MESURES 785 - MAI 2006 - www.mesures.com Solutions les capteurs. La connexion entre le simulateur et les API est assurée via un câble Ethernet dans le cas d’un automate Premium de Schneider, ou en utilisant un adaptateur pour la série 7 de ce constructeur. Parallèlement à cette émission de données, la plate-forme logicielle exécute les ordres fournis par l’automate selon les schémas prédéfinis dans les spécifications. Encore une fois, l’interface graphique facilite la discussion avec l’exploitant, souvent issu du monde de l’électromécanique voire du génie civil. Standardiser les modules L’utilisation du logiciel nécessite d’établir des fonctions, comme des modules d’acquisition de niveaux d’eau par exemple. Ceux-ci sont développés en standard au site de Marseille et mis à disposition des autres sites. C’est que la puissance totale installée de 20 GW est loin d’être uniformément réparMESURES 785 - MAI 2006 - www.mesures.com Reportage Vu au CIH de EDF tie sur le territoire : les zones accidentées du Sud et de l’Est de l’Hexagone sont naturellement les plus actives. À l’inverse, le Nord-Ouest de la France ne pèse pas lourd avec ses 300 MW, essentiellement dus à l’usine marémotrice de la Rance, à Saint-Malo. Grâce aux briques logicielles de la bibliothèque écrites par les Marseillais, les sites disposent d’outils communs. Ce qui est bon pour la basse-Isère l’est a priori pour la Durance ou le Tarn. Mais puisque l’hydrologie de chaque site est différente, « il faut procéder à des copier-coller intelligents », nuance Mme Santaella. Il est parfois nécessaire de reparamétrer certaines choses, voire de taper un peu de code. Mais cette démarche standardisée fait gagner du temps aux techniciens des différents sites. Pour l’attachée technique, elle a en outre l’avantage « d’uniformiser la démarche pour toutes ces entités qui n’ont été regroupées qu’en l’an 2000 » et ainsi de les fédérer. Certains sites vont même un peu plus loin dans l’application du logiciel : l’antenne de Mulhouse, qui sous-traite une partie de son activité, demande à ses sous-traitants d’utiliser le logiciel de TNI-Software. Autre possibilité du logiciel, le test des cas extrêmes. En éxecutant des scenarii, « comme ceux qui se produisent lors des crues 45 Reportage Vu au CIH de EDF Solutions 1 000 mégawatts au Laos La division ingénierie hydraulique d’EDF ne travaille pas que sur le territoire français. Elle utilise son savoir-faire à l’étranger, et est actuellement maître d’œuvre de l’impressionnant projet Nam Theun 2, au Laos. Celui-ci prévoit une retenue d’eau de plus de 3 milliards de mètres cubes sur l’affluent du Mékong, créant une puissance installée de plus de 1 000 MW, soit quatre fois celle de l’usine marémotrice de la Rance (mais 18 fois moins que le barrage des Trois Gorges en Chine). L’essentiel de l’électricité produite par le barrage de Nam Theun 2 sera exporté vers la Thaïlande voisine. centennales », les techniciens du CIH peuvent aller au bout des tests sur leurs automates. L’exhaustivité des tests et leur complexité confèrent une plus grande fiabilité aux automates installés. Les opérateurs de maintenance peuvent également bénéficier de ce logiciel, comme lorsqu’une modification du code est à prévoir, « à cause d’un envasement du lit de la rivière ou d’une nouvelle l é g i s l a t i o n », c i t e e n e xe m p l e Mme Santaella. Les changements sont d’abord testés avec ControlBuild sur la plate-forme d’essai avant d’être installés sur le système réel. Pour le technicien du CIH Luc Royet, et ce « même s’il reste toujours des choses à corriger, on arrive sur le site avec un programme validé sur le banc d’essai. Le simulateur amène de la souplesse, et permet de gagner Dans cette vue d’écran du logiciel ControlBuild, l’utilisateur lie entre eux les différents blocs pour construire son application de contrôle-commande. Le centre d’ingénierie hydraulique d’EDF utilise ce logiciel pour concevoir ses automatismes. du temps sur les tests répétitifs ». L’intéressé n’oublie pas pour autant que le développement du simulateur logiciel peut être long : « Il faut renseigner les champs correspondants aux différents paramètres, et réaliser le synoptique, ce qui peut prendre un mois pour une grosse installation. Plus il y a d’entrées-sorties, plus le renseignement des différents champs prend du temps ». Lors de la validation du code, si l’utilisateur remarque des défauts, il est possible de faire du suivi de variable et de lancer l’application en mode pas à pas, pour débo- Un logiciel, plusieurs fonctions Édité par TNI-Software, le logiciel ControlBuild peut se présenter sous plusieurs facettes. Dans sa version complète, “Application Generator”, le logiciel permet de concevoir le système, de générer automatiquement le code, de réaliser des tests d’intégration, de tester la plate-forme en recette. Le code généré peut l’être pour des automates Schneider (PL7-Pro), Siemens (Step 7) ou du code C. Mais il n’est pas obligatoire d’acquérir l’ensemble de la solution ControlBuild. Le module “Design” ne sert qu’en amont, permettant de modéliser le comportement de l’application et facilitant le dialogue entre les différents corps de métier, ceux-ci se basant sur une référence graphique commune et affichée à l’écran. Ceux qui ne s’intéressent qu’à la partie test d’intégration et à la recette en plate-forme 46 disposent du module “Validation” qui est un simulateur de partie opérative. Avec ce module, on peut se connecter au système à tester, un automate programmable industriel ou un calculateur. Des documents relatifs au projet peuvent également être générés automatiquement en leur conférant la charte graphique de votre société. Le logiciel prend également en charge les projets embarqués, avec le module Embedded, qui cible des processeurs tournant avec des systèmes d’exploitation temps réel. Afin de populariser ses solutions dans l’enseignement, et donc chez les ingénieurs de demain, TNI-Software a récemment organisé à l’ESIEE d’Amiens un concours entre écoles d’ingénieurs leur demandant de modéliser et simuler une usine d’ensachage de granulats. guer le programme automate. Pour optimiser l’usage de ce logiciel, le CIH formalise des échanges entre les différents utilisateurs de chaque site avec un réseau d’animation spécifique. Choisi au sein de chaque antenne locale, un délégué rencontre ses homologues afin de mettre à plat les pratiques et les harmoniser, en s’alignant sur les meilleures méthodes. Les ingénieurs du CIH sont de toute façon amenés à communiquer, puisqu’ils se partagent huit clés matérielles, nécessaires à l’utilisation du logiciel. TNISoftware a d’ailleurs mis en place une astucieuse variante concernant la gestion des licences : différents sites d’un même groupe peuvent accéder à une page sur le réseau Internet, y récupérer un “jeton” logiciel qui leur ouvre l’accès à ControlBuild et rendre ce jeton une fois le travail fini. Pour Franck Corbier, responsable de ce logiciel au sein de TNI-Software, « ce mode de commercialisation intéresse les grands groupes d’intégration, dont les différents sites ont des besoins très variables en logiciel ». Pour faire évoluer le projet, le CIH songe à faire interagir des variables Matlab avec ControlBuild. Matlab est en effet utilisé pour simuler le comportement des cours d’eau. L’idée serait donc que ces variables attaquent ControlBuild pour y tester les scenarii hydrauliques conçus directement à partir de Matlab. Pierre Hardoin MESURES 785 - MAI 2006 - www.mesures.com