Collecte de mémoire orale - Les mines d`uranium

Transcription

Collecte de mémoire orale - Les mines d`uranium
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LOIRE ATLANTIQUE
(44)
MAINE ET LOIRE
(49)
SAUMUR
SAINT NAZAIRE
NANTES
Clisson
Saint-Macaire-en-Mauges
CHOLET
Mortagne
Les Herbiers
VENDÉE (85)
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LA ROCHE SUR YON
NIORT
DEUX SEVRES (79)
Droits réservés : Lapie
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Sites d’extraction d’uranium
BEAUPRÉAU
0
5 km
2,5
NANTES
Tillières
e
nguèz
La Sa
La Renaudière
POURQUOI
COLLECTER ?
Saint-Germainsur-Moine
Saint-Andréde-la-Marche
MontfauconMontigné
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Roussay
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La Moine
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CHOLET
Torfou
Le Longeron
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MONTAIGU
LA ROCHE-SUR-YON
Observatoire de Pays - PMD - septembre 2008
Témoignages oraux
en Moine et Sèvre
Saint-Crespinsur-Moine
ANGERS
Saint-Macaire
-en-Mauges
Dans nos communes rurales de Moine et Sèvre, l’arrivée et le développement
des activités industrielles ont fortement marqué la culture locale (textile,
chaussure, agro-alimentaire, minéraux...). C’est pourquoi, la prise en compte
du patrimoine industriel constitue un élément incontournable de l’identité du
territoire et permet de répondre à un devoir de mémoire.
Puits de l’Écarpière, Gétigné (44),
1956 © E. Contardo
S’intéresser au patrimoine industriel revient à prendre en compte aussi bien
le patrimoine bâti, le patrimoine mobilier (machines, objets) que le patrimoine
immatériel. En effet, conformément à «la Convention pour la sauvegarde du
patrimoine culturel immatériel», signée par les États membres de l’UNESCO
en 2003, les témoignages oraux présentent un intérêt historique et
ethnologique incontournable.
Sans être exhaustive, cette présentation se donne pour objectif, en s’appuyant
sur les témoignages oraux recueillis, de faire connaître le passé minier
(40 ans d’extraction minière), et de montrer comment l’exploitation minière
a eu des retentissements sur la vie sociale, économique et politique,
notamment en terme de déplacement et d’intégration de populations
nouvelles, de développement des infrastructures…
Cette plaquette s’appuie sur un recueil de points de vue parfois différents,
voire contraires, parce que tous les hommes et les femmes qui ont «fait
l’histoire» ont leur propre vécu, source de richesse de la collecte des récits
de vie.
Il s’agit d’une invitation à prendre connaissance de cette activité, à travers
différentes approches :
- le paysage ;
- l’exploitation de la mine ;
- le mineur ;
- la cité ouvrière ;
- les répercussions économiques et sociales.
2
Bonne découverte.
Jacky Quesnel
Président de la Communauté de Communes Moine et Sèvre
Écarpière, Gétigné (44), 1956 © AREVA
LA COLLECTE DES TÉMOIGNAGES ORAUX :
CONNAISSANCE., MÉTHODOLOGIE ET ENJEUX
S
Entrée de la galerie de la mine souterraine,
l’Écarpière, Gétigné (44), s.d. © E. Drosnet
4-5 ❚
Un paysage façonné par l’homme
6-7 ❚
La mine : 40 ans d’exploitation
8-9 ❚
Le mineur
10-11 ❚
L’habitat : la naissance
d’une cité ouvrière
12-13 ❚
Les répercussions
économiques et sociales
14 ❚
La démarche des collecteurs :
la collecte de la mémoire orale
et de documentation
15 ❚
Conclusion et perspectives
16 ❚
Remerciements
Zone de la division minière de Vendée
de la COGEMA
Le site de l’Écarpière s’inscrit dans un paysage industriel
d’extraction de l’uranium, aujourd’hui abandonnée, assez
vaste et qui s’étend sur 4 départements (source : IRSN).
LOIRE ATLANTIQUE
(44)
MAINE ET LOIRE
(49)
SAUMUR
SAINT NAZAIRE
NANTES
Clisson
Saint-Macaire-en-Mauges
CHOLET
Mortagne
Les Herbiers
VENDÉE (85)
LA ROCHE SUR YON
NIORT
DEUX SEVRES (79)
Anjougerie – Roussay (49), 1993 © AREVA
ource complémentaire pour l’Histoire, la collecte des témoignages
oraux apporte la réalité du vécu des témoins, un supplément
d’âme, que ne possèdent pas les autres documents d’archives.
Dans ce document oral, le chercheur perçoit l’humanité du témoin
et prend conscience que des hommes et des femmes ont vraiment vécu
les événements ou l’expérience qu’ils racontent. Même si la mémoire peut
être défaillante et appelle à croiser les données recueillies, la richesse
d’un récit de vie, émaillé de souvenirs plus ou moins heureux, d’anecdotes,
d’informations sur le fonctionnement d’une organisation, d’un outil, des
relations entre collègues ou avec la hiérarchie, ne peut qu’être soulignée.
Le témoignage oral apporte des connaissances, parfois essentielles, pour
combler les lacunes des archives traditionnelles et mieux comprendre le
passé.
Si l’importance des témoignages oraux est indéniable dans le savoir qu’ils
apportent, il est cependant nécessaire de les recueillir avec soin. Du point
de vue technique, plus le son collecté est de bonne qualité, mieux il se
conservera dans le temps. Du point de vue de la méthode, différentes
étapes sont nécessaires.
1°/ Préparer l’enquête : recherche bibliographique et documentaire sur
l’histoire locale ; définition du thème de l’étude ; réalisation d’un guide
d’entretien pour aider le témoin à se remémorer les événements ;
réflexion sur la finalité des témoignages (contenu et support), la
question des droits d’auteur et la protection de la vie privée des
témoins.
2°/ Recueillir les témoignages : se présenter et exposer le projet au témoin ;
mener l’entretien de façon semi-directive ; écouter le témoignage
après l’enquête et recenser les informations recueillies ; réaliser un
instrument de recherche pour retrouver facilement les informations
identifiées ; tenir un journal de terrain qui explique la démarche suivie,
les difficultés rencontrées…
3°/ Sécuriser et valoriser les témoignages : établir une copie de
sauvegarde ; penser à la façon dont les témoignages seront mis à la
disposition du public : livre, exposition, CD, lecture…
Collecter des témoignages, c’est aussi prendre conscience qu’ils font
partie de notre mémoire, de notre patrimoine et qu’ils sont un des
éléments constitutifs de notre Histoire.
Marie-Hélène Chevalier
Responsable des fonds sonores, témoignages oraux et audiovisuels
Archives départementales de Maine-et-Loire
* Un ouvrage de référence : Florence Descamps, L’historien, l’archiviste et le magnétophone.
De la constitution de la source orale à son exploitation, Comité pour l’histoire économique et
financière de la France, 2001.
3
U N PAY S A G E FA C
Ç O N N É PA R L’ H O M M E
L
e paysage a connu de nombreuses évolutions : la
colline bocagère de l’Écarpière (Gétigné) est devenue
une colline minière à partir de 1952 jusqu’en
1992, date à partir de laquelle la nature a commencé à
reprendre ses droits. Elle deviendra en 2011 une colline
«photovoltaïque». De même, les sites de l’Anjougerie,
l’Anjougerie-Couraillère, la Baconnière, la BaconnièreBastille, la Basse-Boissière (Roussay, Torfou, MontfauconMontigné), présentent un paysage artificiel façonné par
l’homme.
◗ Avant 1952 : le coteau de l’Écarpière
(Gétigné) et le bocage de Roussay
Depuis le bourg de SaintCrespin-sur-Moine, on
pouvait voir sur la colline
de l’Écarpière une route
pentue et sinueuse, permettant d’accéder aux
hameaux des Forges (8
maisons), de l’Écarpière
Village de l’Écarpière,
(4 maisons), et des FerGétigné (44), s.d. © E. Contardo
landières (1 maison). Pour
faciliter l’activité minière, ces villages ont disparu et les
habitants ont été relogés. À Roussay, des terres agricoles
ont été affectées à l’exploitation minière.
«Oui, ça a fait beaucoup de changements dans le paysage. Le
coteau a beaucoup évolué en 50 ans. Il a été complètement
transformé.» TÉMOIN ANONYME
«Avant y’avait des beaux rochers.» ÉMILE CHUPIN
«Nous les enfants, nous courions les coteaux à la recherche
des digitales et des genêts pour fleurir les rues de la fête
Dieu.» MARIE-JOSÉ DELÉPINE
◗ 1952 à 1992 : le paysage minier
Qu’il s’agisse de mines souterraines ou de mines
à ciel ouvert, les différentes étapes du cycle minier,
combinées à l’évolution des méthodes d’exploitation
de la mine, ont considérablement modifié le paysage.
Ainsi, la mine à ciel ouvert de «la Moine», réalisée entre
1985 et 1987, a entraîné la déviation de la rivière de la
Moine à trois endroits.
Colline de l’Écarpière,
Gétigné (44), 2009
© M. Egonneau
4
Oedicnème criard, 2000 © D.Drouet
«Tout ce que l’homme abandonne au temps, offre au paysage
une chance d’être à la fois marqué par lui et affranchi de lui.»
Gilles Clément
Réhabilitation du site de l’Écarpière, Gétigné (44), 1995 © AREVA
LA COLLECTE DE LA MÉMOIRE ORALE
«Les mines d’uranium
1952 -1992,
une aventure humaine…»
◗ Après l’extraction
Conformément à la loi de 1976 sur le réaménagement
des sites, et au décret de mars 1990, fixant les normes
radiologiques auxquelles devaient satisfaire les terrains
après réaménagement, des travaux ont été engagés.
Une enquête radiologique des sites a été effectuée
par l’Institut national de physique nucléaire du CNRS.
L’analyse qualitative a permis de démontrer qu’aucune
substance, autre que les résidus de traitements miniers,
n’a été enfouie à l’insu de la population. L’impact sur
l’environnement proche peut être qualifié de faible.
Actuellement, les sites restent sous surveillance (eau,
air, sol).
L’Écarpière, Gétigné (44), 1994 © AREVA
Des espèces ont été observées sur la butte artificielle
de l’Écarpière par Dominique Chagneau et Willy Maillard,
naturalistes*, et sur le site minier de Roussay par
Benjamin Même-Lafond et Hugues Berjon, naturalistes,
qui soulignent le grand intérêt biologique des sites.
Ainsi, la nature a repris ses droits
avec plus de 141 espèces végétales
répertoriées :
Orchidée, 2000 © D.Drouet
- la famille des orchidées : Orchis bouffon
(Orchis morio), Orchis à fleurs lâches
(Orchis laxiflora), Sérapias à petites
fleurs (Serapias parviflora) ;
- la famille des trèfles : Anthyllide
vulnéraire (Anthyllis vulneraria), le
Sainfoin (Onobrychis savita) ;
- et notamment le pourpier d’eau du
Dniepr (Lythrum borystenicum), protégé
en Pays-de-la-Loire...
La faune n’est pas en reste :
- les oiseaux, avec la reproduction de l’œdicnème criard
(Burtinus œdicnemuo) dans les cuvettes des bassins
de décantation, probablement celle du busard (Circus
cyaneus) Saint-Martin et l’hivernage de la bécassine
des Marais (Gallinato gallinago), ainsi que la rare, mais
régulière bécassine sourde (Lymnocryptes minimus) ;
Le paysage minier,
un patrimoine ?
Le patrimoine, vient du
latin patrimonium et signifie
ce que lègue le père, ce
que l’on transmet aux
générations futures. On peut
considérer que le paysage
minier, à différents niveaux,
constitue un élément de
patrimoine. En effet, lorsque
le site est en activité avec
ses chevalements, ses
infrastructures visibles ou
bien lorsqu’il est à l’état
de friche, il constitue un
témoin d’une activité. C’est
alors que la question de la
conservation se pose.
Déviation de la Moine,
Saint-Crespin-sur-Moine (49),
[ca 1985-1987] © AREVA
La Baconnière, Roussay (49), 1996
© AREVA
De même, le paysage
reconstitué
après
la
cessation de l’extraction minière est un élément de
patrimoine. Et c’est le cas ici, à l’Écarpière où le site a été
réhabilité. Si l’on observe la colline, rien ne semble visible,
ou presque rien : les caractéristiques du paysage minier
ont disparu. Pourtant, l’observation interroge : l’absence
de végétation, un paysage différent du reste de la vallée de
la Moine… laissent supposer qu’il s’est passé quelque
chose. C’est pourquoi, pour faciliter la compréhension du
site la médiation s’avère nécessaire.
Ouvertes progressivement à partir des années 1950, les
mines d’uranium de la division minière de Vendée de la
COGEMA ont fermé au début des années 1990 après
40 ans d’exploitation. D’abord souterraines, avec des
exploitations par puits et galeries, ces mines furent ensuite
exploitées à ciel ouvert et par descenderies. Les premières
buttes de stériles miniers puis les exploitations à ciel
ouvert ont notablement modifiées les paysages d’origine.
Commencés dès la fermeture, les travaux réglementaires
de réhabilitation des sites ont désormais gommé pour
l’essentiel l’importance de l’exploitation uranifère dans
la région : un paysage qui pourrait paraître naturel s’il
n’était véritablement artefact, composé qu’il est à partir
des exploitations elles-mêmes ; une lande ou des prairies
peut-être, mais surveillées plus particulièrement du fait
de la nature de l’extraction ancienne. Comment imaginer
en effet, un comblement si parfait, qu’il ferait oublier ces
saignées si importantes, qui dépassent parfois pour les
mines récentes le kilomètre en longueur, et bien souvent
la centaine de mètres en profondeur, y compris sur des
exploitations anciennes ?
Jean-Louis Kérouanton
Enseignant Chercheur – Université de Nantes
- les amphibiens : rainette
verte (Hyla arborea) ;
- les insectes…
*Bulletin de botanique
armoricaine ÉRICA (Échos
du Réseau pour l’Inventaire
de la Cartographie
Armoricaine), n°22, Revue
du Conservatoire botanique
national de Brest)
Rainette verte, 2000 © D.Drouet
Déviation de la Moine, Saint-Crespin-sur-Moine (49), [ca 1985-1987] © AREVA
5
L E S M I N E S : 4 0 A N S D ’ E X P L O I TAT I O N
U
ne fois la prospection aboutissant à la découverte
de gisements réalisée, après l’obtention des titres
miniers autorisant l’exploitation et la mise en place
des infrastructures, l’exploitation minière démarrait. Les
minerais extraits de l’ensemble des mines de la division
minière de Vendée étaient traités à l’usine SIMO (Société
Industrielle des Minerais de l’Ouest) de l’Écarpière.
◗ Les débuts de la mine
Les débuts de l’activité minière, avec l’arrivée des premiers sondeurs, des engins… ont suscité des réactions
et entraîné des changements qui restent bien présents
dans les mémoires.
Comment avez-vous appris l’ouverture de la mine ?
«Eh bien, c’est lorsqu’on s’est aperçu de la présence d’hommes dans les coteaux. Parfois en blouses blanches. On
s’disait «mais qu’est c’qui s’passe ?» TÉMOIN ANONYME
Mine à ciel ouvert BaconnièreBastille, Roussay (49), 1984
© AREVA
«Là-haut, à l’Écarpière, y’avait une p‘tite fontaine. Les prospecteurs ont mis les compteurs Geiger, c’était en 52. Oui,
j’me souviens très bien… Puis… les premiers travaux ont
commencé à flanc d’coteau.» TÉMOIN ANONYME
Quelles ont été les premières réactions,
à l’annonce de l’ouverture de la mine ?
«“Ça s’rait trop beau !” Les gens n’y croyaient pas tellement.
Les journaux en parlaient beaucoup : “L’Eldorado !” Ça faisait des convoitises.» GEORGES SAUZEREAU
«Quand ils ont su qu’il y’avait de l’uranium, certains ont
eu peur de la radioactivité. Même si leurs parents, leurs
grands-parents avaient toujours vécu là. Vous savez à l’état
naturel ça n’est pas grave.» TÉMOIN ANONYME
◗ Évolutions techniques : mine
souterraine et mine à ciel ouvert
Puits de l’Écarpière, Gétigné (44), 1958
© AREVA
Extrait du journ
Extrait du journal Ouest-France, 22 décembre 1955
6
al Ouest-Franc
e, 9 février 19
90
Les méthodes d’exploitation ont évolué : dans les mines
souterraines, par sous-niveaux (1957-1964), par tranches
montantes remblayées (à partir de 1964), par tranches
descendantes bétonnées (à partir de 1985), et à ciel
ouvert. Ainsi, l’activité supposait différents savoir-faire
depuis la foration, le tir, le soutènement, le remblayage, le
scrapage, la coulée des dalles de béton, la ventilation, la
radioprotection… le transport jusqu’au traitement.
◗ La SIMO : une usine de traitement
En janvier 1955, le C.E.A. (Commissariat à l’Énergie
Atomique) confie à la Société Kuhlmann les essais de
traitement des minerais par voie chimique. Au printemps
de la même année est créée la SIMO (10% C.E.A., 50 %
Kulhmann et 40 % caisse des dépôts.) L’usine SIMO de
l’Écarpière démarre en mars 1957 et cesse son activité
en mars 1991.
Dans les usines de traitement chimique comme celle
de l’Écarpière, le minerai d’uranium (en moyenne à
2 ou 3 g d’U/tonne) est traité pour obtenir un produit
commercial (uranate de magnésie jusqu’en 1974 puis
diuranate d’ammonium) nommé «yellow cake». Ce
concentré contient 700 à 750 kg d’U/tonne, il est ensuite
expédié vers les usines de raffinage et de conversion
de la société COMHUREX situées à Malvési (Aude), et à
Pierrelatte (Drôme), puis d’EURODIF du Tricastin (Drôme),
pour enrichissement et transformation en combustible
nécessaire aux réacteurs nucléaires.
Bassin d’exhaure, Gétigné (44), 1996 (évacuation des eaux drainées
depuis les différents travaux de la mine) © AREVA
LA COLLECTE DE LA MÉMOIRE ORALE
«Les mines d’uranium
1952 -1992,
une aventure humaine…»
«À la SIMO, ils étaient bien
équipés. En 57 pour vous
dire… tout tournait automatiquement. Incroyable !
J’m’en rappelle on avait
visité y’avait… on voyait
toutes les machines. Et
en 57, on n’avait pas la
télé dans la région et
toute l’usine, elle tournait
avec la télévision à l’intérieur. C’était incroyable, à
c’t’ époque-là ! Alors, ils
contrôlaient toutes les machines. Alors ils appuyaient
sur le bouton, ils surveillaient.» TÉMOIN ANONYME
Qu’est ce que l’uranium ?
L’uranium est un métal de
couleur gris-acier, de densité
18.9 g/cm3. Il fond à 1130° C.
et bout à 3800° C.
L’uranium naturel est constitué
de deux isotopes (même
nombre de protons, 92) :
- l’uranium 238 (146 neutrons)
à 99.3 % ;
- et l’uranium 235 (143 neutrons)
à 0.7 %.
SIMO, Écarpière, Gétigné (44), s.d.
© E. Drosnet
◗ Les désagréments liés à la mine
L’exploitation minière a eu quelques incidences sur l’environnement proche.
«Y’avait un ronflement permanent. Au début on entendait
les ventilateurs de la mine «rrrrooooooonnnnnn» mais on
finit par s’y habituer !.» LOUIS LE GAUDU
«Ils avaient coupé les sources ; du jour où ils ont rebouché,
les sources sont revenues.» ÉMILE ET HENRI CHUPIN
«À deux ou trois reprises, bah on a eu « l’ siroco ». Oui !
Les stériles de la mine ressortaient tellement broyés fins
qu’un jour de tempête… tout Saint-Crespin a été recouvert
d’une pellicule de… sable. Oh, puis alors, comme nuisance, qui n’a jamais été prise en considération, c’est que le
traitement de l’uranium se faisait avec des acides.» TÉMOIN
ANONYME
«Il arriva qu’un rejet accidentel de l’usine de traitement pollua la Moine.» MARIE-JOSÉ DELÉPINE
◗ La fermeture
Lapie
L’exploitation des mines cesse en 1989. La fermeture
est perçue pour la plupart de la population locale comme
assez inattendue, d’autant plus que la Moine vient d’être
détournée. Néanmoins, en raison du contexte économique et énergétique mondial, lié aux effets à retardement
de la crise énergétique de 1974, les sites de Vendée,
pas suffisamment rentables sont fermés. (La fermeture
est planifiée par la COGEMA dès 1985). Les sites sont
alors aménagés et placés sous surveillance. Cela engendre le déplacement d’un certain nombre de familles vers
d’autres sites d’exploitation.
«La fermeture a été une surprise car la mine marchait bien
avec tout le matériel et la SIMO, alors que quand Roussay a fermé les chantiers commençaient à décliner. Ça
surtout été dur pour les jeunes car ils ont dû trouver du
travail ailleurs… L’extraction d’uranium coûte moins cher
au Niger.» TÉMOIN ANONYME
Droits réservés :
Intérieur d’une galerie, Écarpière,
Gétigné (44), s.d. © J. Pichaud
Seul l’uranium 235 est fissile. Il peut être fragmenté en
dégageant de l’énergie. C’est l’énergie nucléaire.
L’uranium existe dans la croûte terrestre à une teneur
moyenne de quelques grammes par tonne de roche et à
quelques milligrammes par m3 dans l’eau de mer.
Certains phénomènes de l’écorce terrestre ont favorisé
des concentrations naturelles de l’uranium dans des
zones privilégiées. Ce sont des gisements.
C’est ainsi que des gisements de 1 à 3 kg par tonne de
roche se sont formés dans le granite de Mortagne. Le
massif de granite de Mortagne, de forme elliptique, s’étend
de Nantes à Mauléon. Il couvre une surface de 650 km2.
Il est âgé de 300 millions d’années (Carbonifère). Lors de
mouvements géologiques mettant en jeu des circulations
de fluides, des concentrations se sont formées dans
des zones privilégiées, comme cassures, filons, contacts
entre des roches différentes. C’est un granite leucocrate,
c’est-à-dire de couleur claire, à deux micas, à muscovite
généralement dominante. Il est plus riche en uranium
(10 à 15g/T) que les granites à biotite seule (3 à 4 g /T).
Jacques Dumas, ancien chef géologue de la COGEMA
et Pierre Leblanc, ancien contrôleur géologique
de la COGEMA.
À quoi sert l’uranium ?
L’élément uranium est découvert en 1789 par M.H. Klaproth
(chimiste minéralogiste allemand), l’uranium métal est isolé
par le chimiste français Eugène Peligot en 1841.
Dès le milieu du XIXe siècle, on utilise les «sels d’uran»
comme colorant pour les verres et l’émail (couleur jaune
verdâtre).
En 1896, Henri Becquerel découvre la radioactivité à partir
des minerais d’uranium, et en 1898, Marie Curie s’aperçoit
que l’uranium est associé à d’autres éléments encore
plus radioactifs que l’uranium lui-même, et découvre le
polonium et le radium et son fort pouvoir émetteur. Il faut
3 tonnes d’uranium pour obtenir 1 gramme de radium. Dès
1901, le radium est alors utilisé en «curiethérapie» pour
traiter les «tumeurs malignes» (1/3 de la production) ; le
reste est utilisé pour la fabrication de cadrans et d’aiguilles
luminescents mais aussi de produits pharmaceutiques et
même de produits de beauté.
Jusqu’en 1939, l’uranium présente peu d’intérêt. Mais
la découverte de la fissilité de l’uranium 235 puis le
phénomène de réaction en chaîne découvert par Frédéric
Joliot-Curie et Lew Kowarski va donner à l’uranium toute sa
valeur énergétique utilisable à des fins civiles (production
d’électricité) ou des fins militaires (bombe atomique).
Pierre-Christian Guiollard, Archiviste d’AREVA
SIMO, Écarpière, Gétigné (44), 1969
7
LE MINEUR
L
es mineurs, provenant de différents horizons,
travaillaient dans des conditions assez difficiles,
mais la solidarité et les avantages fournis par la
COGEMA encourageaient le mineur à la tâche.
◗ La provenance des mineurs
L’extraction minière a permis d’employer d’anciens
ouvriers de la chaussure, des ouvriers agricoles habitant
dans les environs. Elle a aussi engendré des migrations de
population, notamment celles d’anciens mineurs provenant
de Faymoreau en Vendée (mine de charbon), de la Sarthe
(mine de charbon), de l’Orne (mine de fer), ainsi que celles
d’étrangers, essentiellement des Italiens et des Polonais.
Des étudiants ingénieurs provenant du Maroc et du Niger
ont également séjourné à Saint-Crespin-sur-Moine.
◗ Pour aller travailler : les navettes
en car puis l’utilisation des voitures
personnelles
Pour faciliter l’arrivée sur le lieu de travail, des transports
en car étaient organisés par la COGEMA. Ainsi, plusieurs
tournées s’effectuaient chaque jour avec différents
autocaristes : Hervouët, Davy, Brisseau et Lumineau. Un
car de la Société Davy réalisait le circuit depuis Gesté, en
passant par Villedieu, Saint-Macaire-en-Mauges, Tillières,
Saint-Germain-sur-Moine, Montfaucon-Montigné, Roussay,
Saint-Crespin-sur-Moine, jusqu’à l’Écarpière à Gétigné.
Mineurs JM. Poison
et G. Durand, Écarpière,
Gétigné (44), s.d.
© D. Scatoli
Car Hervouët s.d.
© C. Gautron
8
1956 © M. Sc
Carte d’un mineur,
atoli
«Ah... la date du départ ? J’peux vous la donner exactement…
Ça oui ! C’était un vendredi, le 11 janvier 57 ! Ça, je m’en
souviens comme d’hier, oui ! C’était important pour nous
[…] de démarrer une nouvelle activité… C’est nous qui les
avions contactés. Parc’ que bon, on avait su qu’il y en avait
déjà d’autres qui travaillaient pour la COGEMA : Hervouët,
Brisseau… Lumineau… Ça a duré, comme aurait dit
Fernand Raynaud, un certain temps… Ça a dû s’arrêter
aux alentours, disons, de 75, ils avaient accordé une prime
au personnel pour se déplacer eux-mêmes.» HUGUES DAVY
◗ Les premiers jours à la mine :
l’apprentissage du travail
Boutefeux, Écarpière, Gétigné (44), s.d. © E. Drosnet
Pendant toute une période, le travail était organisé avec
trois équipes qui tournaient toutes les trois semaines :
6h-14h, 14h-22h et 22h-6h. Bien souvent, les mineurs
apprenaient le travail «sur le tas».
«J’ai posé ma candidature et j’ai été pratiquement recruté
tout de suite, puisqu’à l’époque, ils embauchaient. J’ai donc
commencé par faire de la recherche […]. Après, j’ai fait
des commandes… sur les filons pour découvrir comment
ça se passait un p’tit peu plus bas.» EUGÈNE POUPELIN
LA COLLECTE DE LA MÉMOIRE ORALE
«Les mines d’uranium
1952 -1992,
une aventure humaine…»
◗ Les conditions de travail
«La première fois, le lundi 1er juillet [1957], on est descendu
au niveau 115. Et là comme on était les jeunes, on s’est mis
à nettoyer les wagons. Ce n’était pas le plus intéressant !
Quels matériels utilisions-nous ? Une pelle et une pioche.»
JEAN ORIEUX
Pour veiller à la sécurité des mineurs, des dispositions et
des précautions étaient prises par rapport au radon, à la
dynamite, à l’humidité, à l’obscurité…
«C’était un métier dur… un métier qu’on a aimé après. On
disait : bah, c’est pas mal vous savez... Au début, j’ai trouvé
ça dur de descendre au fond. Des fois, j’écrivais à ma
femme, elle n’est pas v’nue tout d’ suite. Je lui écrivais des
lettres, j’ lui disais comme ça : “Tu sais, il faut avoir tué son
père et sa mère pour travailler là-dedans.” Ah oui ! C’était
dur hein. Parc’ qu’on avait toujours peur d’un accident.
Au début, c’était des p’tites barriques qu’on mettait…
On chargeait ça, allez hop, ça s’en allait mais des fois ça
s’ renversait… Et toujours cette eau qui vous tombait sur la
tête. On était toujours mouillé... C’était comme ça.» TÉMOIN
◗ L’équipement du mineur
Avant de descendre au fond, le mineur passait par la salle
des pendus et la lampisterie prendre son équipement.
«La première fois, j’ai eu un
casque rouge, en plastique !
Que j’ai gardé ! Et une
lampe… avec une p’tite
batterie en aluminium, un
ceinturon, une combinaison...
Ils nous donnaient une
combinaison kaki, comme
à l’armée parc’que c’était
le C.E.A. Y’avait la ch’mise
kaki… les bottes noires, et
Lampisterie, Écarpière,
puis… ils nous donnaient…
Gétigné (44), s.d.
un ciré jaune. On étouffait
© Chemins Crespinois
là-dedans !
Les
gants.
Puis après… suite à la COGEMA, on a eu des tenues
bleues, on a changé les casques. Ça s’est modernisé,
disons que les lampes étaient beaucoup plus
performantes. On a eu… des bottes qui s’voyaient, c’était
des bottes jaunes. Oh ça f’sait un peu canard mais enfin…
Et ensuite on a eu des combinaisons orange.» JEAN-NOËL
MEUNIER
ANONYME
Casse-Croute au fond de la mine, Écarpière, Gétigné (44), s.d.
© D. Scatoli
«Au départ, on utilisait la pelle à main, les marteaux
perforateurs. Et comme outils encore… comme ça s’est
mécanisé alors donc on a eu des p’tites chargeuses
surbaissées bien sûr parce qu’on n’avait pas de grandes
sections et puis… avant les chargeuses on avait ce qu’on
appelle des scrapeurs.» EUGÈNE POUPELIN
◗ La camaraderie – la solidarité
Si le travail était difficile, l’esprit de camaraderie et la
solidarité étaient de mise.
«Les vrais mineurs étaient solidaires, parc’ que quand ils
descendaient au fond, ils étaient tous frères. Quand y’en
avait un qu’était en difficulté, on le soutenait et pis c’est
tout.» TÉMOIN ANONYME
Train
Documen
ts de serv
ice du min
eur, 1954
atoli
4), s.d. © D. Sc
ère, Gétigné (4
mine, Écarpi
du fond de la
© M. Scato
li
9
L’ H A B I TAT : L A N A I S S A N C E D E L A C I T É
S
i les premiers mineurs ont été logés, dès leur arrivée,
chez les habitants des bourgs aux alentours, avec le
développement de l’activité, le besoin en logements
s’est rapidement manifesté, d’où la construction d’une
cité ouvrière à Saint-Crespin-sur-Moine.
«Au départ, si j’vous disais, avant qu’la cité se construise,
ils avaient tellement besoin de main-d’œuvre qu’il y a des
mineurs qui venaient… en célibataire : seul. Parc’qu’on ne
pouvait pas loger les familles. Eh bien, à Saint-Crespin, les
gens ont tous proposé de loger, de donner une chambre,
de les accueillir, vous voyez. C’est comme ça qu’ ça s’est
très bien entendu au départ. En attendant qu’ la cité
s’construise.» TÉMOIN ANONYME
«A c’moment-là, c’est vrai que les gens de Saint-Crespin se
seraient battus pour avoir quelqu’un à coucher. Ça faisait
un p’tit revenu quoi !» FRANÇOISE HERQUELOT ET SIMONE LITOU
«Oh bah, on a été logé… C’était une dame qu’avait une
cave, qu’avait des barriques là-dedans, elle a nettoyé ça et
pis on était quatre après à coucher là-dedans. Elle a mis
deux lits avec… d’ la paillasse. Alors, on dormait deux par
lit.» TÉMOIN ANONYME
◗ Pourquoi à Saint-Crespin-sur-Moine ?
«Parc’que… le… directeur de la mine voulait monter une
cité ouvrière. Oui mais il s’est adressé à Clisson… Ça
été non. Ils n’envisageaient pas de prendre ce genre de
population ouvrière. Ensuite, ils se sont adressés à Gétigné.
Ça a été également non. Et puis, ils ont vu ce coteau en
face, ensoleillé. Ils se sont dit : “Nos mineurs, leur cité ça
serait très bien là”. Alors, c’est comme ça qu’ils sont v’nus
trouver le maire, c’était Antoine du Doré à l’époque, et lui,
il a dit : “Réflexion faite, c’est vrai ils seraient tous près de
leur travail, pourquoi pas !”» TÉMOIN ANONYME
Cité ouvrière,
Saint-Crespin-sur-Moine,
(49), s.d. © M.T. Mérand
◗ Les nouveaux logements
Construction de la cité ouvrière,
Saint-Crespin-sur-Moine (49), 1956 © C. Priou
10
Vue aérienne de Saint-Crespin-sur-Moine, (49), s.d. © Droits réservés CIM
Pour répondre aux besoins des nouveaux arrivants, 120
logements ont été construits :
- deux logements collectifs (et un logement accueillant les
mineurs seuls : le célibatorium) ;
- six maisons de type semi-métallique Fillod, habitées par
les porions, les chefs mineurs (1954) ;
- trente maisons en parpaings à deux ou trois entrées.
«Ça s’est fait progressivement mais vite. Vite, vite, vite. Moi,
j’me souviens quand cette cité s’est construite : si vous
aviez vu le dimanche, les rues d’ Saint-Crespin. Les voitures
affluaient de partout pour voir “Qu’est c’que c’est qu’cette
mine qui s’ouvre et cette cité ?”» TÉMOIN ANONYME
LA COLLECTE DE LA MÉMOIRE ORALE
«Les mines d’uranium
1952 -1992,
une aventure humaine…»
OUVRIÈRE
◗ Le confort de la «cité Beausoleil» ?
Les nouveaux logements contrastent avec l’habitat
traditionnel, et se caractérisent par un confort inconnu
jusqu’alors : eau courante, chauffage, douche, baignoire,
WC… Plusieurs pièces : séjour, chambre, cuisine… Même
si quelques inconvénients sont relevés : défaut d’isolation
sonore dans les blocs, d’humidité dans certains
appartements.
«Quand les maisons ont été construites… on était logé
comme c’était dans les campagnes en 1957, sans
aucun confort, sans rien du tout et, comme la mine avait
fait construire des logements pour les mineurs donc,
automatiquement on a fait une demande et comme
j’attendais mon 4e enfant donc on a été logé par la mine
[…]. Là, c’était magnifique parce que par le fait, on avait
une maison qui était neuve, même si y’avait un ou deux
ans qu’elles étaient construites on avait les waters, on
avait la douche, choses que l’on avait pas du tout dans
les campagnes, ça a été quelque chose de miraculeux,
de fabuleux pour nous, parce que c’était le confort qu’on
n’avait jamais eu !» MICHELINE SCATOLI
«La cité… les parpaings avaient même pas l’temps d’sécher.
Après, y’avait plein d’humidité dans les… appartements.
Y’avait pas de bouches d’air. Les gens faisaient
qu’ se plaindre qu’il y’avait des gouttières, c’était pas des
gouttières ! C’était la condensation. Parc’ que les plafonds
étaient faits avec des hourdis en béton. C’était trop étanche»
TÉMOIN ANONYME
◗ Les jardins
Ceux qui le souhaitaient avaient «un p’tit bout
d’jardin. Oui, enfin, ils faisaient un peu d’pelouse
ou alors bah dame celui qui voulait faire quelques
salades… C’est-à-dire qu’ils travaillaient en 3/8 c’està-dire, oui, trois factions à c’ moment-là, après y’a
eu deux factions en 2/8 mais au départ ils faisaient les 3/8
avec la nuit, alors, ceux qui faisaient la nuit… ils avaient
toujours une demi-journée de libre.» TÉMOIN ANONYME
◗ Les maisons de porions
«Ça a été construit euh… oh, c’est en 53-54, par la
société… d’Arbois dans l’Jura. Et, le soubassement a été
fait par… une entreprise de maçonnerie de Gétigné : Pierre
Florence, qu’était entrepreneur de maçonnerie, qu’a fait
l’sous-sol […] jusqu’au plancher en béton quoi. Et puis
après, l’entreprise... d’Arbois est v’nue avec des camions
et a apporté des panneaux pour monter ces maisons-là
quoi… en préfabriqué.» TÉMOIN ANONYME
◗ Les maisons
à deux ou trois entrées
«Les maisons étaient faites… d’une grande pièce comme
ça à peu près, d’une petite cuisine indépendante, et dans la
pièce, y’avait un escalier qui montait en haut. Y’avait deuxtrois petites chambres». TÉMOIN ANONYME
◗ Les appartements
«En 1967, j’habitais un F1 dans le premier bloc. Un couloir
desservait la chambre, les WC, la salle d’eau équipée d’une
baignoire sabot. Au bout du couloir, un séjour exposé plein
sud communiquait avec une cuisine fermée qui elle-même
donnait dans un séchoir ventilé clos par des croisillons de
bois». MARIE-JOSÉ DELÉPINE
Architecture Fillod :
une architecture
contrastant
avec l’architecture
traditionnelle des Mauges
Répondant à la crise du logement de l’Entre-deux-guerres,
Ferdinand Fillod (Jura) imagine
d’utiliser l’acier afin de standardiser et d’industrialiser la fabrication d’une habitation dont le
montage doit être suffisamment
simple pour être réalisé par son
acquéreur (dépôt du brevet le 21
novembre 1928). Il invente le
système du panneau acier.
Maison du Mineur et des Énergies,
ancienne maison de porion (chef mineur)
Saint-Crespin-sur-Moine, 2007
© M. Egonneau
A Saint-Crespin-sur-Moine, six maisons semi-métalliques
constituées de façades de panneaux préfabriqués à parement extérieur métallique, d’une charpente par fermette
bois, et d’une couverture en tuiles de terre cuite ont été
installées sur des fondations sur rocher dur en béton, en
1954. Elles ont été construites par le C.E.A. à destination
du personnel de maîtrise.
Sources : catalogue d’exposition, Conseil d’Architecture,
d’Urbanisme et d’Environnement de Moselle
L’industrialisation selon Ferdinand Fillod, s.d.,
& Archives d’AREVA
Extraits de journaux locaux,
cité ouvrière, Saint-Crespin-sur-Moine, 1958
11
LES RÉPERCUSSIONS ÉCONOMIQUES ET
L
e développement de l’activité minière et l’arrivée de la
main d’œuvre nécessaire ont eu des répercussions sur
la vie sociale, économique et politique des communes
situées à proximité des sites d’extraction d’uranium, et
plus particulièrement à Saint-Crespin-sur-Moine.
«On a découvert qu’il y avait quelque chose dans l’ sol. Tout
l’ monde vivait là-dessus, […] tout l’ monde vivait bien là,
on n’en savait rien… Y’allait avoir un bouleversement... Ça
pouvait aussi arriver chez nous… dans notre petit coin.»
GENEVIÈVE NAUD
◗ Le développement des services :
l’école, la mairie, la poste
et les services médicaux
Extrait de la lettre du sous-préfet de Cholet au
préfet de Maine-et-Loire : 28 mai 1957
«L’augmentation massive de la population oblige à
penser l’équipement de la commune […] groupe
scolaire, terrain de sport, assainissement, marché,
voirie […]».
«C’est bien simple, avant l’arrivée des mineurs à SaintCrespin, y’avait 920-930 habitants. […] On est monté aux
environs de 1200 avec la mine.» HENRI CHUPIN
«Avant, à l’école publique, y’avait que trois élèves. Alors,
elle n’était pas… en état pour recevoir beaucoup d’élèves.
Il a fallu tout… remettre à neuf. Y compris le logement de
l’instituteur.» TÉMOIN ANONYME
Famille Herquelot devant le café, Saint-Crespin-sur-Moine, (49), s.d.
© F. Herquelot
e 1957
nce de l’Ouest, 12 octobr
Extrait du journal Résista
12
12
«Mais, quand la mine s’est implantée, il est venu des ouvriers
d’un peu partout, eh ben, les gens ont voulu mettre leurs
enfants à l’école publique. Et à ce moment-là, ça a changé
un peu la face des choses.» TÉMOIN ANONYME
«La mairie existait dans les chambres de l’école publique...
Alors dès… 65 : achat d’la mairie, il a fallu tout transformer
et… j’pense qu’on est rentré dedans en 1968... C’était
assez moderne pour l’époque... Et… qu’est c’ qui a suivi ?
La poste… la pharmacie… le médecin, un cabinet
dentaire aussi. C’est… c’était quand même d’avantgarde dans les années 68-70.» TÉMOIN ANONYME
◗ Le développement du commerce
L’activité de la mine a entrainé un développement
des commerces et des services. Les agriculteurs
(lait, beurre, œufs, viande) et les viticulteurs locaux
approvisionnaient aussi les mineurs et leurs
familles.
«On vendait tout notre lait comme ça ! Ils venaient
l’chercher… le beurre, les œufs .On n’était pas en
peine de vendre. Et puis, ils étaient aimables.» ÉMILE
CHUPIN
Ainsi, à Saint-Crespin-sur-Moine, «ça s’est développé
à c’moment-là… Y’avait deux boulangeries, la
boucherie et tout ça, y’avait plusieurs épiceries…,
mais des p’tites…. Y en avait une qui t’nait
quincaillerie…“C’est chez nous qu’ c’est le P’tit
Paris !” On trouvait de tout ! De tout ! Une casserole,
un berger pour mettre dans la crèche ! De tout !
[…] C’est curieux quand on repense tout ça ! Oui,
c’était l’euphorie, à Saint-Crespin !» TÉMOIN ANONYME
«Y’avait trois cafés, y’avait Herquelot, y’avait
Doucet et puis y’avait Blouin… Et les trois cafés
marchaient bien.» TÉMOIN ANONYME
LA COLLECTE DE LA MÉMOIRE ORALE
«Les mines d’uranium
1952 -1992,
une aventure humaine…»
SOCIALES
Intérieur du café Herquelot,
Saint-Crespin-sur-Moine, (49) s.d. © F. Herquelot
«Si vous aviez entendu le
soir, l’ambiance dans les
cafés ! Les anciens SaintCrespin… ça allait jouer aux
cartes… tout c’que vous voulez,
ça s’entendait très bien.» TÉMOIN
ANONYME
◗ L’évolution des mentalités :
une ouverture d’esprit
L’arrivée de populations provenant d’origines diverses a
favorisé l’évolution des mentalités.
«Moi, j’ disais toujours : “y’a trois Saint-Crespin” : le bourg,
la cité et les villages. Voilà c’ que je ressentais. Et c’était des
mentalités différentes… On ne réagissait pas d’ la même
façon qu’on était des villages ou de la cité… La cité était
très accueillante, bon y’avait des hauts et des bas bien
sûr ! Mais ces gens, qui arrivaient d’ailleurs avaient d’autres
cultures et ils ont fait évoluer Saint-Crespin, j’ dirais. On ne
va pas dire qu’on était plus en retard que d’autres mais
c’est quand même les gens qui nous ont apporté plein d’
choses.» TÉMOIN ANONYME
«Vous savez les enfants, quand
ils sont en groupe, ils s’intègrent
très bien. Ils jouaient entre
eux ici dans la cité, les autres
jouaient ailleurs […]. Mais
les femmes… les familles se
mélangeaient que très peu.»
LOUIS LE GAUDU
Char de kermesse,
Saint-Crespin-sur-Moine,
(49), s.d.
© E. Contardo
«Mais alors, la chose la plus marquante, ça a été
l’ foot... Il est venu des gars qu’étaient… des supers cracks !
Et alors, les équipes sont montées […]. C’était la fête, la
joie complète !… et puis, il y avait des gens de la mine
qui s’occupaient du foot, ce qui… ça a fait sortir SaintCrespin de son p’tit monde rural. Ils avaient une autre vue…
Elle était beaucoup plus ouverte que nous, faut dire c’ qui
est quoi […]. On partait en car, y’avait deux équipes qui
jouaient de rang. On s’en allait, les femmes, les hommes.»
TÉMOIN ANONYME
Équipe de football de Saint-Crespin-sur-Moine, (49), s.d.
© S. Rineau
«Pour les jeunes, ça nous faisait une ouverture ! Ça chantait,
on les entendait chanter ! Ça donnait de l’animation, c’était
vraiment bien !» SOLANGE CONTARDO
«Peut-être que niveau politique, religieux, politique des fois
bon, politique ça a peut-être amené des gens à penser
différemment.» TÉMOIN ANONYME
«Et c’était cousins, cousines, les habitants de Saint-Crespinsur-Moine… et tout… tout… r’groupés comme ça hein.
Enfin,… c’était renfermé… Moi, j’ai trouvé ça dur au début.»
TÉMOIN ANONYME
◗ Les fêtes et les loisirs :
une bonne intégration ?
Jeux de cartes, football, palet, création d’un comité
des fêtes, la fête du 1er Mai dans la cité, le cinéma du
patronage, les fêtes organisées par le CEA comme les
rallyes en voiture, la fête de la Sainte-Barbe
(patronne des mineurs), kermesses… L’arrivée des
mineurs a permis à la vie locale de se développer
favorisant une ambiance festive…
«C’était des gens gais, ils avaient un travail difficile,
mais c’était quand même des gens qu’aimaient la
fête…» TÉMOIN ANONYME
Lettre du Sous-Pr
éfet de Cholet, 19
57
«Les gens d’ Saint-Crespin on a fait une équipe là. C’était
le loisir et pis on s’entendait bien ! On se déplaçait en car
et puis tout l’monde était là, qu’ils soient catholiques ou
qu’ils soient n’importe qui, n’importe quoi. On était bien, on
s’amusait.» TÉMOIN ANONYME
oine (49)
int-Crespin-sur-M
Registre 1955-19
85 de
primaire, Sa
s élèves de l’école
13
DÉMARCHE DES COLLECTEURS :
COLLECTE DE LA MÉMOIRE ORALE ET DE DOCUMENTATION
D
ébut 2006, une bénévole de l’association les Chemins
Crespinois a suivi une formation proposée par les Archives
départementales sur la technique de l’entretien. Cette formation
a permis la mise en place d’une équipe de trois bénévoles qui
s’est faite «glaneuse de mémoire» collectant et retranscrivant une dizaine
d’interviews.
rquelot,
nt le café He
.
rveuses deva
oine, (49), s.d
r-M
Mineurs et se
su
insp
re
Saint-C
© F. Herquelot
Cette collecte est l’un des fondements du projet de restructuration de la
Maison du Mineur et des Énergies. Celle-ci est destinée à alimenter un
«creuset de mémoires vivantes» où nous puisons déjà la substance des
animations culturelles actuelles et où s’affinent celles de demain.
Au dernier trimestre 2009, notre équipe est devenue «médiatrice
de mémoire». Elle a facilité le travail des chargées de mission de la
Communauté de Communes Moine et Sèvre, Roselyne Landais-Lebreton
(chargée du recueil de témoignages - 2009/2010) et Maryline Egonneau
(chargée de mission culture) :
fé Herquelot,
Cuisines du ca
e, (49), s.d.
oin
r-M
su
Saint-Crespin© F. Herquelot
- en donnant accès à nos archives associatives inventoriées et
classées ;
- en facilitant l’accueil près des témoins avec comme sésame, à la fois
l’image de l’association des Chemins Crespinois et le tissu relationnel
de certains de ses membres.
Quelle démarche fut adoptée par notre équipe ?
Deux guides d’entretien existaient déjà, l’un sur «le travail du mineur»
et l’autre sur «l’arrivée de l’électricité». Ils avaient été expérimentés en
2006 et 2007 par les bénévoles. Ils furent repris en 2009 et un troisième
guide fut élaboré en collaboration avec les professionnelles portant sur
la perception de l’ouverture de la mine par la population locale, et le
changement de la vie communale.
Ensuite, ensemble, nous avons élaboré une liste de personnes venues
d’horizons différents, colorées et animées d’expériences de vie très
diversifiées. Notre choix s’est porté vers ceux et celles qui ne présentaient
pas forcément le profil habituel d’interviewés. Nous souhaitions obtenir
des témoignages inédits, d’une mémoire peut-être un peu moins
«officielle».
14
Puis vint le temps des contacts auprès des personnes pressenties ; pour
nous, une mission de mise en confiance, un préalable indispensable pour
l’entretien à venir avec la chargée de mission. Notre rôle fut d’expliquer
la finalité de la collecte à des interlocuteurs souvent surpris et incrédules
de l’intérêt et de l’importance accordés à leurs souvenirs. Nous les
avons vivement encouragés à fouiller non seulement leur mémoire,
mais aussi leurs archives personnelles, à la recherche de documents
photographiques, audio…
r-Moine,
int-Crespin-su
le publique, Sa
Courillaud
Elèves de l’éco
(49), 1959 © C.
Ce fut pour nous, bénévoles, un temps enrichissant, car lors de ces
échanges, que nous qualifierons de «pré-enquêtes», nous avons
découvert la multitude de facettes d’une même histoire et un temps de
partage et parfois d’émotion suscitée par des retrouvailles d’anciennes
connaissances et le plaisir ressenti à l’évocation de souvenirs
communs.
Au final, ce fut un bel exemple de partenariat entre une équipe associative
et les professionnelles de la Communauté de Communes Moine et Sèvre.
Tout au long de ces six mois, de part et d’autre, chacun s’est appliqué
au cours de l’année 2009 et 2010 à coopérer, à entretenir des relations
étroites et constantes pour assurer le bon déroulement de la mission.
Les membres de la commission collecte
de la "Maison du Mineur et des Énergies" :
Jean Pierre Bretaudeau, Roger Charraud, Marie-José Delépine,
Roselyne Richard.
, s.d. ©
sur-Moine (49)
, Saint-CrespinCafé Herquelot
F. Herquelot
Conclusion
&
Perspectives
Au terme de cette étude, je me réjouis du partenariat entre associations, bénévoles
et professionnels qui voit son aboutissement, à travers cette plaquette vivante et
illustrée.
Cela grâce, d’une part, au recueil de la mémoire orale auprès des témoins que je
remercie chaleureusement. En acceptant d’ouvrir et de partager leur mémoire, ils
nous amènent à mieux saisir l’ampleur de l’aventure qu’a été l’exploitation minière
pendant 40 ans et comment elle a transformé la structure d’un bourg, les mentalités,
l’habitat… au niveau d’un territoire.
Purge de la mine, Écarpière,
Gétigné, (49) s.d. © E. Drosnet
Et grâce, d’autre part, à la collecte de photographies, de cartes postales, et de
documents d’archives fournis gracieusement par AREVA et les différents témoins,
sources de connaissances complémentaires et incontournables.
Ainsi, cette étude montre tout l’intérêt que présente le «passé minier», aussi bien sur
le plan technique, sociologique, architectural que sur le plan paysager.
Décrypter cette mémoire donne donc un sens à notre présent.
Cette aventure peut aller encore plus loin ; d’autres études et/ou actions peuvent
d’ores et déjà être préconisées :
- la restructuration du site d’interprétation de la Maison du Mineur et des Énergies
valorisant le passé minier et proposant une sensibilisation aux économies
d’énergie ;
- une opération d’inventaire des sites industriels les plus pertinents (documentation
historique, analyse architecturale, recensement des machines de production…) en
partenariat avec les services de la Région des Pays-de-la-Loire et du département
de Maine-et-Loire ;
- un programme de sauvegarde des archives industrielles, documents «sources»
permettant la connaissance d’une industrie. Cette opération serait à conduire en
partenariat avec les Archives départementales de Maine-et-Loire ;
- un programme de collecte de témoignages sur d’autres thématiques (telle que la
chaussure…) pour poursuivre la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel de la
Communauté de Communes Moine et Sèvre ;
- la conception de panneaux d’interprétation ;
- la constitution d’une base de données photographiques…
Ainsi, s’approprier son territoire, c’est mettre en valeur ses particularités. En Moine et
Sèvre, nous avons cette chance d’hériter d’un fort potentiel en patrimoine industriel,
inséré dans un monde rural vivant. Je m’emploierai, accompagnée des élus qui
opèrent dans ce domaine, et en partenariat avec les habitants du territoire à faire
fructifier cette richesse.
Le patrimoine devient alors une ressource à utiliser pour favoriser le développement
de notre territoire.
Marie-Claire Starel
Présidente de la Commission Culture
de la Communauté de Communes Moine et Sèvre
15
REMERCIEMENTS
La Communauté de Communes
Moine et Sèvre tient à remercier :
◗ Tous les témoins pour leur précieuse mémoire :
Mesdames et Messieurs : Léopold Bacle, Odile Bertin, André Blouin,
Marie-Thérèse Bondu, Anne Brandicourt, Christiane Courilleau,
Bernard Charles, Émile Chupin, Henri Chupin, François Collardeau,
Solange Contardo, Ermès Contardo, Hugues Davy,
Marie-José Delépine, Marguerite Doucet, Jeanne Drouet,
Pierre Drouet, Gisèle Fonteneau, Louis Fonteneau, Jeanne Gaillard,
Sandrine Gerfauet, Jacqueline Guédon, Marie-Thérèse Guimbretière,
Charles Guimbretière, Françoise Herquelot, François Laczka,
Léocadie Laczka, Pierre Leblanc, Louis Le Gaudu, Simone Litou,
Roger Loizeau, Jean Orieux, Paul Marchand, Marie-Louise Martin,
Jean-Noël Meunier, Clément Mérand, Josephine Musset,
Geneviève Naud, Gilles Naud, Marguerite Naud, René Nerrière,
Jean-Claude Raimbaud, René Poiron, Marie-Josèphe Poisson,
Marguerite Pohu, Eugène Poupelin, Claude Priou, Louise Priou,
Suzanne Rineau, Michelle Rineau, Alain Sauzereau, Emilia Sauzereau,
Alain Sauzereau, Georges Sauzereau, et Micheline Scatoli.
◗ Les collecteurs qui se sont activement impliqués
dans ce travail :
La Communauté de Communes Moine et Sèvre
souhaitant poursuivre le travail de collecte
serait heureuse de recueillir d’autres documents.
Elle vous remercie de la confiance
que vous lui accorderez.
Maryline EGONNEAU
Communauté de Communes Moine et Sèvre
Hôtel de Communauté – 4, Square d’Italie
49230 SAINT-GERMAIN-SUR-MOINE
Tél : 02 41 64 76 33 - 06 77 49 68 82
[email protected]
Marie-Hélène CHEVALIER
Archives départementales de Maine-et-Loire
106 rue de Frémur
BP. 80744 - 49007 ANGERS CEDEX 01
Tél : 02 41 80 80 00
[email protected]
◗ Ainsi que les personnes qui ont contribué à la mise en
œuvre de la collecte et à la réalisation de la plaquette :
Mesdames et Messieurs : Andrée André, Christian André,
Marie-Jo Bretaudeau, Jean-Pierre Bretaudeau, Pierrette Charraud,
Roger Charraud, Marie-Thérèse Mérand, Guy Prieuret, Sylvain Rineau,
Jeannette Suteau de l’association les Chemins Crespinois ;
Georges Chapot et Pierre Leblanc ainsi que les membres du bureau
de l’amicale des anciens de la COGEMA ;
Laurent Blaszczyk d’AREVA, Bernard Covez, Pierre-Christian Guiollard ;
Émile Drosnet, Isabelle Guitet, Jean Pichaud, Olivier Rahard.
Elisabeth Verry, directeur des Archives départementales
de Maine-et-Loire, Marie-Hélène Chevalier ;
Gaëlle Caudal, François Corbineau, Joël Guilloizeau, service
patrimoine, Région des Pays-de-la-Loire ;
Françoise Fillon de la DRAC (Direction Régionale des Affaires
Culturelles) Pays-de-la-Loire ;
Jean-Louis Kérouanton, enseignant chercheur IHT
(Institut de l’Homme et des Techniques) - Université de Nantes ;
Olivier Durand, Emmanuel Douillard, Dominique Drouet, Olivier
Gabory, du CPIE (Centre Permanent d’Initiatives
pour l’environnement) Loire-et-Mauges ;
Gabrielle Michaux, directrice du Musée de la Vigne et du Vin
d’Anjou - Saint-Lambert-du-Lattay ;
Le personnel soignant de la MAFPA (Maison d’Accueil Familiale
des Personnes Agées) de Saint-Crespin-sur-Moine ;
Marie-Claire Fièvre, secrétaire à la Mairie de Saint-Crespin-sur-Moine ;
Philippe Davy des transports Davy à Gesté ; Christine Gautron
de la société Hervouët, Saint-Georges-de-Montaigu ;
Anne Pithon, directrice, François Vinet, chargé de mission
communication et Maryline Egonneau, chargée de mission culture
de la Communauté de Communes Moine et Sèvre,
pour le suivi du projet, pour la conception de la plaquette
et le relais auprès des différents partenaires.
06101772 - Conception M. Egonneau CCMS
CONTACTS
Mesdames : Anne-Marie Auger, Nadia Bretaudeau,
Marie-Josée Delépine, Marie-Eve Gravel (pour l’aide à la transcription
des interviews) et Roselyne Richard ;
Roselyne Landais-Lebreton, chargée de mission à la Communauté
de Communes Moine et Sèvre, pour la collecte et la retranscription
des témoignages complémentaires.