Peint la fougue et l`énergie de la musique de U2
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Peint la fougue et l`énergie de la musique de U2
095_98_Bellemare_visite d'atelier:Bourgoin 4 frç droite 11-08-01 15:02 Page 95 95 VISITE D’ATELIER Pierre Bellemare Peint la fougue et l’énergie de la musique de U2 Spain, 36 x 60 po. homme est calme, serein, posé. L’artiste, lui, est plutôt fougueux, éclaté, audacieux. Ces deux personnalités, Bellemare (www.pierrebellemare.net) les assume avec conviction, sans compromis. Pour lui, il n’y a rien de plus naturel que cette dualité qui l’amène à peindre tantôt des œuvres épurées suscitant le bien-être, tantôt des œuvres flamboyantes évoquant une énergie brute. Portrait de cet artiste pour qui la musique du groupe U2 est source d’inspiration. L’importance de la musique et d’étranges coïncidences L’ émanant du chif-fre « 2 » reviennent fréquemment dans cette sympathique rencontre réalisée dans l’atelier de l’artiste, situé à deux pas des ponts de Québec et du majestueux fleuve Saint-Laurent. À commencer par ce groupe de musique rock qui a drastiquement modifié la démarche artistique de Pierre Bellemare qui, avant 2009, était reconnu pour ses œuvres figuratives (paysages et compositions florales). Mais cette année-là, l’artiste en lui, le vrai, s’est révélé. « Je menais de front une carrière de concepteur infographiste et d’artiste peintre depuis plusieurs années, raconte-t-il. MAGAZIN’art, été/Summer 2011 095_98_Bellemare_visite d'atelier:Bourgoin 4 frç droite 11-08-01 15:02 Page 96 96 Élévation, 36 x 60 po. Ça allait très bien (expositions collectives en France (2004) et en Italie (2009)), mais je me sentais constamment limité dans l’espace et les formes. J’ai tout arrêté pendant trois mois. Le cœur n’y était plus. J’ai aménagé un nouvel atelier, plus aéré, mais c’était le néant. Jusqu’au jour où j’ai assisté à un concert de U2, à Boston. Quand je suis revenu, l’art abstrait s’est révélé de lui-même. Je peignais en écoutant leur musique, et j’avais du plaisir. Je n’avais pas ressenti une énergie aussi positive depuis des années. » Loin d’être « groupie », Pierre Bellemare suit le parcours de la formation de Dublin depuis ses débuts. Il dit catalyser la puissance de leur musique engagée sur ses toiles grand format, à l’aide de la technique du « splashing ». Il les verra de nouveau sur scène cet été, lors du passage du groupe à Montréal. UNIVERS COLORÉ L’univers de création de Pierre Bellemare paraît chaotique, avec ses murs, plafond et plancher maculés d’innombrables taches d’acrylique, mais reflète le caractère énergique de la création et est le témoin de l’intensité de la démarche. « Il faut être en forme pour peindre de cette manière; c’est sportif, insiste l’artiste. Je commence toujours par appliquer un mortier de structure sur mes toiles afin de créer du relief, de la texture. Ensuite, les couleurs se disputent l’espace ou, parfois, s’unissent, dès que je mets mes écouteurs. » À la manière d’un chef d’orchestre, l’artiste y va de grands gestes amples pour animer ses toiles. Souvent énergiques, MAGAZIN’art, été/Summer 2011 parfois plus retenus, ses mouvements s’apparentent à ceux des maestros qui font naître, eux aussi, de grandes émotions, mais exprimées différemment. « J’ai toujours peint en écoutant de la musique. Quand je suis passé de l’art figuratif à l’art abstrait, je suis aussi passé de la musique classique au rock énergique de U2. Une chose qui n’a pas changé, c’est que mes œuvres sont toujours vivantes et colorées », explique-t-il. S’il n’y a pas d’affiches de la bande à Bono dans son atelier, en revanche, plusieurs photos de voyages ornent les murs, à commencer pas des scènes du Japon, son plus récent périple. L’automne dernier, Pierre Bellemare s’y est notamment rendu pour suivre des cours de calligraphie, qui s’exprime là-bas avec force, d’un geste gracieux et assuré. Il faut dire que sa formation (baccalauréat en communication graphique de l’Université Laval) influence grandement son travail, tout comme les Claude A. Simard, Antoine Dumas, Milos Reindl et Normand Boisvert qu’il a côtoyés. À la tête de Bellemare Design graphique depuis 1991, l’artiste a réalisé de nombreux mandats à caractère national et international, lui qui nous a également donné, l’acclamée promenade des Premiers- Ministres, près de l’hôtel du Parlement. « Le Japon, c’est un pays de contrastes. On y trouve autant des bâtiments aux allures futuristes que des temples millénaires. Tokyo m’a vraiment impressionné. Ce voyage a définitivement marqué mon univers créatif. J’en suis revenu plus zen », affirme-t-il. 095_98_Bellemare_visite d'atelier:Bourgoin 4 frç droite 11-08-01 15:02 Page 97 97 Salon Spain, 36 x 60 po. DROIT AU COEUR Depuis son périple au pays du soleil levant, Pierre Bellemare couche les couleurs de la vive effervescence de Tokyo sur ses toiles. Il fait notamment plus appel que jamais au rouge, tout en peignant désormais deux univers : le Yin, des œuvres plus épurées, et le Yang, des œuvres flamboyantes. « Cette dualité, ce contraste, c’est moi; le feu et l’eau, le soleil et la lune. Je suis un passionné des grandes villes. Là où je suis le plus heureux, c’est quand je me perds en ville. C’est la même chose dans ma peinture : je me laisse transporter durant le processus créatif. C’est une aventure à chaque fois qui fait appel à l’émotion, au mouvement, à l’énergie. Je pense que mes œuvres rejoignent le cœur des gens parce qu’elles sont faites avec le cœur, avec sincérité. De cette manière, on rejoint toujours quelqu’un, quelque part », souligne l’artiste qui dit avoir besoin de peindre chaque jour. Avec l’art abstrait, Pierre Bellemare a définitivement trouvé son style. Sa peinture ne cesse d’évoluer, l’artiste reconnaissant lui-même ignorer jusqu’où exactement elle le mènera, mais convaincu qu’elle respirera toujours l’authenticité. « Dans mon atelier, j’ai une citation bien en vue d’Albert Einstein. Ça dit : « La logique vous mènera du point A au point B. L’imagination vous mènera partout ». La beauté de l’art abstrait, à mon sens, c’est que c’est sans frontières. Chacun, peu importe sa culture ou ses origines, peut s’y retrouver, ressentir des émotions qui lui sont propres. J’ai toujours travaillé en communication institutionnelle. Enfin, je n’ai pas de message précis à livrer. Mon seul but, c’est de communiquer une émotion positive. La ligne est toutefois très mince. Un seul coup de pinceau peut être de trop. Il y a des règles de construction, d’esthétisme, de rythme, d’équilibre, d’harmonie à suivre. Il faut que ça se tienne sur le plan visuel », soutient l’artiste. ARTISTE 2.0 Contemporaines, urbaines, les œuvres de Pierre Bellemare sont actuelles et même 2.0. En effet, l’artiste a recours aux médias sociaux, notamment YouTube et Facebook, pour informer les amateurs d’art de ses projets, de ses expositions, de ses nouveautés. Celui-ci a même créé de toutes pièces sur son site Web des décors virtuels modernes qui mettent en valeur ses tableaux et démontrent mille et une intégrations possibles, à la maison ou au bureau. L’effet est saisissant. « J’ai aussi une vidéo qui montre comment ça se passe en atelier. Les gens sont intrigués par ma technique. Je reçois beaucoup de visiteurs sur Internet et des commentaires très positifs. C’est une façon de demeurer en contact direct avec la clientèle, sans filtre. Je sens une belle effervescence autour de mon travail. Les gens sont très réceptifs et emballés par mes projets qui sortent du cadre normal de l’artiste peintre », dit-il. L’année en cours marque un virage important dans la carrière de l’artiste. En effet, Pierre Bellemare entend désormais se donner les moyens de promouvoir son travail ici et à l’étranger, notamment grâce à des partenariats originaux. MAGAZIN’art, été/Summer 2011 095_98_Bellemare_visite d'atelier:Bourgoin 4 frç droite 11-08-01 15:03 Page 98 98 Cherry, 36 x 36 po. En plus de se retrouver au sein d’une exposition collective au Metro Toronto Convention Center, les œuvres de l’artiste se retrouvent dans des collections publiques et privées à travers le monde. Dominic Villeneuve MAGAZIN’art, été/Summer 2011 Au Canada, les œuvres de Pierre Bellemare se retrouvent aux galeries d’art Beauchamp de Québec (QC) et Baie-Saint-Paul (QC), à la galerie d’art Émeraude de Montréal (QC), à The Village Gallery Toronto (ON) et chez Koyman Galleries, à Ottawa (ON). Il est inscrit dans le Répertoire des artistes canadiens en galeries publié par MAGAZIN’ART.