L`accès au logement : une étape majeure dans l`insertion
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L`accès au logement : une étape majeure dans l`insertion
Action Habitat n° 33 - été 2012 le magazine d e l’ Una f o , u n io n p ro f e s s io n n e lle d u lo g e m e n t a c c o mpagné L’accès au logement : une étape majeure dans l’insertion sociale des jeunes www.unafo.org I SOMMAIRE I ÉDITO I DOSSIER Le réseau Unafo regroupe plus de 75 adhérents, gestionnaires d’un millier d’établissements accueillant quelque 120 000 personnes : 01 alfa3a I INTERVIEW I RÉSEAUX I action I initiatives I TRIBUNE I Dossier - page 4 L’accès au logement : une étape majeure dans l’insertion sociale des jeunes 03 Agat 06 Alif - Api Provence - ATE 08 Aftar 13 ACPM - Adrim - Alotra 14 Les Toits de l’Espoir 21 SDAT Interview - page 9 Albert Lautman Directeur de l’action sociale Caisse nationale d’assurance vieillesse 22Acap 23 GIP Traces de pas 25 Amat - Apat 26 Anef Vallée du Rhône - Cald 28 Coatel 34 Adais - Issue réseaux - page 10 La Mie de Pain à Paris Les pensions de famille, une réponse pour les personnes en situation d’addiction 36 CCAS Châteauroux Solidarité Accueil 38 CCAS Bourgoin-Jallieu - ODTI 41 Bio-Solidaire 42 Agfa 43 Foyer Vellave 52 Ahmi action - page 12 Le SIAO dans l’Hérault Formaliser les pratiques professionnelles au sein d’une démarche commune 53 Les Deux Rives 54 Agafab - Le Pélican 57 Amli - Etap’Habitat 59AILD Toits de vie - Aréli Alter-Egaux Association Martine Bernard initiatives - page 14 Les dernières publications de l’Unafo 63 Altic 64L’Escale 67 Amitel 68 aléos - Alsa 69 Aralis - l’Accueil Foyer Les Remparts Habitat et Humanisme TRIBUNE - page 15 Ce qui menace à court terme notre mission d’insertion : l’impossible équilibre financier de l’activité locative Par Nathalie Chomette, Directrice de l’Exploitation, Adoma 72 AGLA Nelson Mandela Unafo - Action Habitat n° 33 - page 2 74 Aates - Alap 75 ACSC - Adoma - Agefo Ageloh - Alfi - ALJT - Arapej Coallia - L’Etape - La Mie de Pain Parme - Résidétapes Petits frères des Pauvres / AGE Lerichemont 76 Côté Cours 82 Udaf 82 92 Les Amis de l’Atelier Suresnes Habitat Jeunesse 93 AHSHPC - OPH Montreuillois 94 Adef - Arpej - BLJ 97Accors - Adssuk - Allo Héberge-moi ATG - CCAS Saint-Laurent-du-Maroni Sommaire Action Habitat n° 33 - été 2012 Directeur de publication : Jacques Dupoyet – Comité de rédaction : Virginie Camelin, Catherine Coux, Gilles Desrumaux, Jacques Dupoyet, Sylvie Emsellem, Christine Gavend-Bellini, Dominique Giudicelli, Marc Jeanjean, France Michel, Pierre-Marc Navales, Jean-Marie Oudot, Mathieu Rouault, Jean-Jacques Tartinville, François-Xavier Turbet Delof et Laurent Dunet – Rédaction : Unafo, Laurent Dunet / Zeugma communication Photos : Ljubisa Danilovic sauf mention spéciale – Maquette et mise en pages : Isabelle Ibgui / Caramel & Paprika Impression : Imprimé par Caractère sur du papier issu de forêts gérées durablement. PEFC/10-31-945 juin 2012 – Dépôt légal à parution Unafo – 29 / 31 rue Michel-Ange - 75016 Paris - Tél. 01 40 71 71 10 Fax 01 40 71 71 20 – [email protected] – www.unafo.org La logique [de la refondation] suppose une forme de gouvernance plus intégrée permettant une meilleure articulation des décisions relevant de l’hébergement et du logement. (…) L’exercice, par le délégué interministériel pour l’Hébergement, l’Accueil et le Logement, d’un rôle de pilote supposerait le renforcement de ses pouvoirs afin qu’il soit dans la chaîne des décisions tant administratives que financières. Cour des comptes, Rapport d’évaluation La politique publique de l’hébergement des personnes sans domicile. Novembre 2011, p 182-183. Pourquoi faire simple quand on sait faire compliqué ? La tête de l’Etat possède un hémisphère droit chargé de la politique du logement, la DHUP (1), (les DREAL (2) et les DDT (3) dans les territoires) et un hémisphère gauche chargé de la politique sociale, la DGCS (4) (les DRJSCS (5) et DDCS (6) dans les ter ritoires). Le programme 177 est géré par le minis tère du Logement, mais mis en œuvre par celui des Affaires sociales ; la relance des PDALPD (7) est assurée par la main droite, mais l’animation des PDAHI (8) par la main gauche ; la main droite finance l’investis sement, mais c’est la main gauche qui mobilise les moyens d’accompagnement vers et dans le logement. A l’évidence, des problèmes de coordination fonctionnelle freinent l’action de l’Etat sur le terrain de l’insertion par le logement. La DIHAL (9) au niveau national, la DRIHL (10) en Île-de-France montrent le chemin de la collaboration indispensable des ser vices de l’Etat pour développer et capter des logements autonomes, abordables et adaptés, et mobiliser simultanément les moyens d’accompagnement ad hoc. Dans un moment de redéfinition des poli tiques publiques, il est temps d’aller plus loin. Tel est en tout cas notre souhait. Direction de l’Habitat, de l’Urbanisme et des Paysages – (2) Direc tions régionales de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement – (3) Directions départementales des Territoires – (4) Direction générale de la Cohésion sociale – (5) Directions régio nales de la Jeunesse, des Sports et de la Cohésion sociale – (6) Directions départementales de la Cohésion sociale – (7) Plans départementaux d’aide pour le logement des personnes défavori sées – (8) Plans départementaux Accueil Hébergement Insertion – (9) Délégation interministérielle pour l’Hébergement, l’Accueil et le Logement – (10) Direction régionale pour l’Hébergement, l’Insertion et le Logement en Île-de-France. (1) Unafo - Action Habitat n° 33 - page 3 Jacques Dupoyet, président de l’Unafo I SOMMAIRE I ÉDITO I DOSSIER I INTERVIEW I RÉSEAUX I action I initiatives I TRIBUNE I L’accès au logement : une étape des jeunes Photo : ALJT / Jon-Ongkiehong Dé-cohabiter pour entrer dans la vie adulte Pour répondre au besoin d’intégration sociale et professionnelle des jeunes, l’offre de logement doit prendre en compte leurs ressources et leur besoin de mobilité. Photo : ALJT / Jon-Ongkiehong ou partiel, apprentis, stagiaires en alternance, chômeurs : selon leur situation individuelle, on constate que les jeunes ont des ressources financières limitées et souvent irrégulières (2) et un besoin de mobilité avéré, puisque 40 % des moins de 25 ans changent de lieu de résidence tous les ans (3). Unafo - Action Habitat n° 33 - page 4 Se loger pour travailler, travailler pour se loger D’un point de vue juridique ou civique, on devient adulte à 18 ans. Socialement, le passage à l’âge adulte est toujours marqué, quels que soient l’âge et l’époque, par le fait de quitter le domicile des parents. Dès lors, l’accès à un lo gement autonome joue un rôle central dans l’insertion professionnelle et sociale des jeunes : celui d’une nécessaire transition. Diversité des statuts, convergence des besoins Les évolutions sociétales tendent à ce que l’on soit jeune de plus en plus tard. L’âge de 35 ans est aujourd’hui celui de la fin de la jeunesse (1), alors qu’il marquait, en France, il y a moins de 200 ans, l’espérance de vie à la naissance. Si être jeune reste une notion très relative, les besoins des jeunes, groupe hétérogène, convergent vers des contraintes bien identifiées. Etudiants, salariés en CDD ou CDI, travailleurs à temps plein Le taux d’emploi des 15-24 ans en France est inférieur à la moyenne européenne. La part du logement dans le revenu des jeunes est telle que l’accès au logement détermine de plus en plus souvent l’accès à l’emploi. La rigidité du marché locatif pèse sur la flexibilité du marché du travail, a fortiori celui du premier emploi. Les questions de recrutement ne reposent pas sur les seuls critères de compétences ou de formations, mais aussi de mobilité géographique et d’accès au logement, au point que “les problèmes de logement des salariés affectent 40 % des entreprises”, titre un rapport du Credoc (4) publié en avril 2012. Pour Jean-Jacques Tartinville, direc teur général de l’ALJT, “les approches locales ont parfois tendance à vouloir proposer des logements d’abord aux jeunes qui ont grandi sur leur territoire. Mais la mobilité de cette tranche d’âge est essentielle, qu’elle soit subie, contrainte par la précarité du marché de l’emploi ou choisie dans le cadre d’une formation. Penser le logement jeune, c’est penser la mobilité.” La crise du logement touche particulièrement les jeunes Face à la crise du logement, les 18-30 ans sont en mal de solutions locatives. Le parc locatif privé accueille trois fois plus de jeunes ménages que le parc public (5) et la part de celui-ci ne cesse de décroître, parce que le parc HLM dispose d’un faible nombre de petits logements et que les sorties ne sont pas suffisantes pour accueillir ceux qui voudraient accéder à un premier logement. La situation est engorgée, les 50 000 demandes de logements (pour 9 000 résidants) enregistrées par l’ALJT chaque année depuis trois ans en attestent. S’ajoute un effet de génération, celle du baby-boom des années 2000 avec plus de 800 000 naissances par an : ces enfants-là auront 18 ans avant 2020… L’offre de logement peine à faire face aux besoins actuels de la jeunesse, et il faut déjà anticiper une dynamique et intégrer cet enjeu majeur de société. Quelle alternative à la pénurie ? Selon Eurostat – (2) 47 % des demandeurs de logement à l’Aljt sont en dessous du seuil de pauvreté – (3) Politiques sociales et familiales, synthèse et statistiques, n° 99, mars 2010, page 117 – (4) Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie – (5) Agence nationale pour l’information sur le logement, Le logement des jeunes, novembre 2011. (1) L’accord national interprofessionnel du 29 avril 2011, sur l’accompagnement des jeunes dans leur accès au logement, afin de favoriser leur accès à l’emploi, a pour objectif d’aider les jeunes à trouver un logement correspondant à leurs besoins et à leurs moyens financiers. Pour y parvenir, les partenaires sociaux souhaitent mobiliser une part des ressources issues de la participation des employeurs à l’effort de construction (PEEC) et les produits et services déjà mis en place, grâce à ce financement au sein du réseau Action Logement. L’accord présente en 9 articles, les actions à mettre en place pour accorder la priorité au logement des jeunes : • accroître le nombre d’attributions annuelles de logements aux jeunes actifs dans le parc existant, de 8 000 unités supplémentaires en trois ans, • développer la garantie des risques locatifs en garantissant les loyers impayés et les dégradations locatives au départ du locataire, • faciliter l’accès des jeunes aux aides et services complémentaires proposés par Action Logement, pour favoriser leur accès à l’emploi, • f aciliter la colocation dans le parc social, par la création, par Action Logement, d’un fonds de garantie qui couvrirait deux mois de loyer d’inoccupation en cas de départ précipité du locataire, destiné à sécuriser les bailleurs qui s’engagent dans cette action, • identifier au plan territorial les besoins de logement des jeunes, • s ensibiliser les entreprises (les dirigeants, les DRH et les représentants du personnel) à la nécessité d’accompagner les jeunes dans leur parcours résidentiel, • fi nancer la production de 15 000 “logements jeunes” supplémentaires, de petites surfaces, par an pendant trois ans à compter de 2012, accessibles en termes de loyer et de localisation, développer des aides sociales complémentaires hors Action Logement, en recherchant des financements auprès des CAF et des institutions de retraite complémentaire, • mettre en place un portail internet sur le logement des jeunes, • suivre et évaluer l’accord. • Unafo - Action Habitat n° 33 - page 5 Photo : ALJT / Jon-Ongkiehong Les clefs pour comprendre Photo : ALJT / Jon-Ongkiehong Photo : ALJT / Jon-Ongkiehong majeure dans l’insertion sociale I SOMMAIRE I ÉDITO I DOSSIER I INTERVIEW I RÉSEAUX I action I initiatives I TRIBUNE I Accéder à un logement Unafo - Action Habitat n° 33 - page 6 Un logement locatif temporaire, équipé, accessible n’est pas un logement par défaut, mais la réponse adaptée à un moment pivot de l’existence, une porte d’entrée vers la vie sociale. A la loupe Le Pass’ Logement ® de l’ALJT L’ALJT gère 45 résidences et 5 500 logements qui accueillent 9 000 résidants. Depuis 2008, la démarche Pass’ Logement ® vise à “qualifier” le parcours du résidant. Il valorise l’acqui sition de compétences de futur locataire que résume la formule : “Nos résidants sont vos locataires de demain”. Suivi personnalisé adapté au parcours personnel de chaque jeune, activités collectives réalisées dans les résidences, l’accompagnement repose sur des outils comme un dossier de présentation dédié à la recherche de logement pérenne, un jeu interactif (www.aljt.com/jeu) et une bourse au logement née de partenariats développés avec les CIL et les bailleurs sociaux. Ainsi, dans le cadre du relogement, un envoi régulier d’offres de logements vacants et de bons de visite est proposé aux résidants. Le Pass’ Logement ® concrétise les actions de l’ALJT en conciliant les intérêts de chacun des acteurs. Pour les résidants, l’accès à une offre de logements calibrés à leur profil (T1, T2, PLAI, PLUS) constitue une plus-value évidente. Elle se traduit par un turn-over indispensable à l’ALJT qui enregistre plus de 50 000 demandes de logements par an. Pour les réservataires comme Astria, le GIC ou Amallia, le Pass’ Logement ® ouvre sur un cercle vertueux : les sorties des résidences vers les logements pérennes libèrent à leur tour des places de logement temporaire. Enfin, l’implantation des résidences ALJT en Île-de-France permet aux bailleurs de proposer des logements sur l’ensemble de la région parisienne (ex. : partenariats locaux entre les agences 3F de l’Essonne et de la Seine-et-Marne, avec les résidences de ces mêmes départements). Cette première expérience locative accompagnée facilite l’accès au logement suivant et engage le parcours vers davantage d’autonomie pour des jeunes parmi les plus fragilisés. ® Pass’ Logement est une marque déposée par l’ALJT A la pluralité des profils et des besoins correspond la diversité de l’offre locative. Deux types de réponses facilitent le parcours des jeunes vers un logement autonome : les résidences sociales et les FJT (1). A chacune correspondent un financement et un niveau de services différents selon les publics accueillis et les projets sociaux d’établissement. En effet, les résidences sociales proposent un logement autonome aux jeunes et favorise de fait leur insertion professionnelle et sociale. Quant aux FJT, ils offrent à leur résidants un accompagnement renforcé, qui se traduit par un accompagnement à la citoyenneté, la santé, la lutte contre l’illettrisme, l’accès à la culture, etc. Mais tous ces jeunes ont besoin d’un logement pour entrer de plain-pied dans la vie sociale. Le logement transitoire n’est pas du logement précaire Comment construire une offre de logements adaptée aux besoins d’intégration des jeunes, c’est-àdire des logements de petite taille, abordables, accessibles à des personnes précaires, en mobilité et ayant des ressources faibles et / ou irrégulières ? Ainsi, dans l’Ain, Alfa3a déploie au sein de ses rési- Témoignage Guillaume Brugidou, directeur de l’Alfi - Groupe Arcade La Maison des apprentis de Grigny s’adresse aux jeunes les plus démunis L’Alfi facilite la réussite des parcours résidentiels. Elle gère 14 résidences avec 671 logements pour jeunes actifs en situation de mobilité professionnelle et 82 places en pension de famille. Sur 400 personnes entrées chaque année, 60 % sont en situation de précarité (sortie de CHRS, de structures d’hébergement ou logées chez un tiers). Un an plus tard, 70 % des sortants trouvent un logement pérenne. Adossée au Groupe Arcade, l’Alfi permet à un tiers d’entre eux de trouver un logement pérenne dans le parc public. transitoire autonome dences sociales, sa “polyvalence de savoir-faire pour loger aussi bien des jeunes en difficulté, des apprentis ou de jeunes élèves ingénieurs” comme le souligne Jacques Dupoyet, son directeur général. En ce sens, il n’y a pas de logement spécifique pour les jeunes. Construire une offre adaptée consiste plutôt à apporter des réponses de logements peu chers, à la location, tout équipés. L’Alfi mène depuis trois ans un projet expérimental à Grigny en direction de jeunes ayant un très faible niveau de ressources (environ 400 € / mois). La Maison des apprentis est une résidence qui accueille et loge temporairement de jeunes personnes en difficulté pour accompagner leur insertion sociale et professionnelle dans les métiers du spectacle vivant, de l’animation théâtrale et socioculturelle. La résidence est cogérée avec la Compagnie de théâtre du Fil. Cette initiative répond au besoin de logement et de formation de 35 jeunes sortis de l’école sans qualification, vivant en ZUS (2). Les acteurs du territoire se mobilisent autour de la Ville, de l’agglomération, du CIL (collecteur 1 %) de la préfecture et de la Région Île-de-France. Le logement accompagné, une étape vers l’autonomie (1) Sous quelle forme pérenniser ce dispositif novateur ? Résidence sociale ? La Maison des apprentis repose sur un besoin d’encadrement important. L’impossibilité de percevoir l’AGLS et les incertitudes qui pèsent sur le FSL renouvellent la nécessité d’asseoir l’accompagnement de ces publics en grande précarité. Unafo - Action Habitat n° 33 - page 7 Il s’agit plus que jamais d’accueillir, loger et accompagner des personnes en situation de précarité et de mobilité. Le rôle social des adhérents de l’Unafo consiste à réduire les incertitudes, à insérer les publics précaires et favoriser leur insertion par le logement. L’objectif est clai rement d’accompagner les jeunes pour qu’ils deviennent des résidants autonomes mais pas isolés, au sein de logements qui proposent des espaces collectifs et des services personnalisés. Avec un taux de rotation important (1,56 à l’ALJT, renouvellement d’un résidant sur 2 chaque année à l’Alfi), les structures adoptent un mode de gestion locative sociale très différent de celui des foyers de travailleurs migrants ou des pensions de famille, avec des taux de satisfaction des résidants très élevés. Pour assurer ces fonctions auprès des jeunes résidants, l’AGLS doit être attribuée systématiquement à toutes les résidences sociales et réévaluée par rapport à son barème datant de 2000. L’Unafo remercie pour leur contribution active à la réalisation de ce dossier : Guillaume Brugidou (Alfi), Marc Jeanjean (Alotra), Jean-Jacques Tartinville (ALJT). Foyers de jeunes travailleurs – (2) Zone urbaine sensible I SOMMAIRE I ÉDITO I DOSSIER I INTERVIEW I RÉSEAUX I action I initiatives I TRIBUNE I 1 question, 3 réponses Unafo - Action Habitat n° 33 - page 8 “A quelles conditions le logement accompagné peut-il favoriser la réussite des parcours résidentiels ?” 1 Jean-Jack Queyranne Président de la Région Rhône-Alpes 2 Alors que le logement conditionne la réussite de leur parcours de formation et de leur insertion professionnelle, les jeunes expriment des besoins spécifiques, liés à leur mobilité, à l’alternance de leur cursus et à leur faible revenu. C’est la raison pour laquelle la Région RhôneAlpes a fait le choix d’apporter un soutien aux structures d’accueil et d’hébergement des publics en grande difficulté, dont font partie de plus en plus de jeunes, et d’augmenter l’offre en lien avec les associations régionales œuvrant pour le logement des jeunes. Mais, s’il est fondamental qu’une société se donne les moyens d’accueillir les plus modestes d’entre nous, il est tout aussi impératif de mettre en place un accompagnement social de qualité et de prévoir les modalités de poursuite des parcours. Parmi les outils pouvant contribuer à une insertion durable dans le logement autonome des jeunes, les dispositifs d’accès et de maintien dans le logement me paraissent également essentiels, car ils sécurisent autant le propriétaire, public ou privé, que le jeune luimême. Les propositions du Gouvernement sur la gestion des risques locatifs et la caution solidaire peuvent, à cet effet, contribuer à favoriser la réussite des parcours résidentiels des jeunes. Frédéric Milhiet Administrateur de l’Union nationale des comités locaux pour le logement autonome des jeunes (Uncllaj) 3 Pour que les jeunes soient considérés comme des locataires comme les autres, sans devoir pâtir de leur âge et de leur situation, leur accès à la société de droit commun doit être facilité. Face aux montants des loyers des locations privées et le manque de petits logements dans le parc public, le logement accompagné ouvre la possibilité d’un parcours résidentiel. Il n’y a pas de modèle unique, l’autonomie de chacun détermine le nombre d’étapes nécessaires pour habiter un logement de droit commun. Lors de l’accueil, le diagnostic est primordial : il permet d’apprécier la capacité d’un résidant à intégrer les obligations d’un jeune autonome. Le logement adapté permet d’abord de s’essayer à l’emploi. Les allers et retours dans l’emploi, auxquels sont soumis les jeunes, ne doivent pas provoquer des allers et retours entre famille et logement. Le logement adapté permet de répondre à chaque situation, 4 nuits une fois par mois pour un apprenti, le temps d’un CDD saisonnier ou intérimaire, par intermittence pour des contrats en alternance, dans la durée, entre deux contrats salariés. Le logement accompagné est une étape vers le droit commun. Pour l’Uncllaj, la levée des garanties discriminatoires serait aussi un levier à actionner pour faciliter l’intégration des jeunes. Eric Thuillez Membre du directoire d’Action Logement Les jeunes manquent de logements accessibles au point que cela devient un obstacle à la compétitivité des entreprises et à l’attractivité de certains territoires où le logement est rare et cher. Les tensions locatives, au moment de l’entrée dans la vie active, se répercutent sur les recrutements des jeunes salariés, des apprentis et des contrats en alternance. Les jeunes sont essentiellement logés dans de petits logements privés, dont le prix au mètre carré est plus élevé que celui de leurs aînés. Développer une offre est une priorité, et toutes les initiatives qui facilitent l’accès des jeunes à un premier logement sont bienvenues. Dans cette perspective, l’accord national inter-entreprise (ANI) du 29 avril 2011 est historique, il fixe l’objectif de 15 000 logements supplémentaires, dédiés aux jeunes salariés. Pour mettre en œuvre l’ANI, Action Logement réserve des subventions destinées aux jeunes de moins de 30 ans pour financer les baisses de loyers PLUS et PLS et équilibrer les loyers en habitat PLAI. Nous signons des conventions territoriales avec les grandes agglomérations pour relayer cette dynamique. Pour que la pression locative qui pèse lourdement sur les 18-30 ans n’empêche plus les entreprises de recruter de jeunes talents. I ÉDITO I DOSSIER I INTERVIEW I RÉSEAUX I action I initiatives I TRIBUNE I Unafo - Action Habitat n° 33 - page 9 SOMMAIRE Albert Lautman Photo CNAV I Directeur de l’action sociale Caisse nationale d’assurance vieillesse Dans son plan de préservation de l’auto nomie des personnes âgées (PAPA), la Cnav cible la population en foyer ou en résidence sociale : pourquoi ? Le plan PAPA est commun à la Caisse nationale d’assurance vieillesse et à la Caisse nationale d’assurance maladie. Son objectif est de détecter les personnes les plus fragiles et, plus encore, d’aller vers ces publics qui ne sollicitent personne. Prévenir la perte d’autonomie des personnes précaires nécessite d’être pro-actifs, d’aller au-devant de leur besoin de bien vieillir. Ce dispositif PAPA a été réorganisé en 2010 autour de deux axes : mettre en place un observatoire des fragilités et identifier certaines populations présentant des risques particuliers. Ainsi, nous avons ciblé des moments de vie, comme le veuvage, le départ du conjoint en Ehpad, une rupture, et aussi des publics parmi lesquels les personnes qui perçoivent les minima sociaux ou les travailleurs migrants vieillissants. Le cumul des difficultés et des risques sur le bienvieillir établit le lien entre la précarité et la perte d’autonomie. Les caisses de retraite, qui, jusqu’à présent, avaient une approche individuelle de la question, doivent désormais prendre en compte la dimension collective du problème, dans l’analyse des besoins, leur évaluation, et la proposition de réponses en matière de prévention et d’ateliers santé. foyers de travailleurs migrants ou de résidences sociales. La problématique commune, c’est l’accès aux droits. Qu’il s’agisse de logement, de santé ou de retraite, les personnes en situation précaire ignorent souvent leurs droits ou sont très réticentes à les solliciter. C’est, pour la Cnav, un préalable au bien-vieillir qui concerne les droits à la retraite mais aussi les dispositifs d’assurance maladie – la CMU (couverture maladie universelle), la CMUC (couverture maladie universelle complémentaire), l’ACS (aide à la complémentaire santé) – et les prestations liées à la dépendance (allocation personnalisée d’autonomie ou action sociale des caisses de retraite). Travailler avec les gestionnaires au sein du réseau national du logement accompagné est, pour nous, un gage de circulation des informations et d’échange de bonnes pratiques. Comment cette convention-cadre sera-t-elle déclinée en région ? Concrètement les gestionnaires pourront saisir les caisses d’assurance retraite et de la santé au travail (les Carsat) pour mener des actions opé rationnelles en direction des immigrés âgés. Un référent sera nommé dans chaque Carsat. C’est la raison de la signature d’une convention de partenariat entre l’Unafo et la Cnav ? Pour l’instant, il s’agit d’une convention-cadre, au stade d’expérimentation, à décliner avec cha que gestionnaire, comme nous l’avons récemment fait avec Adoma. Il appartient à chaque partenariat en région de dupliquer, décliner, adapter la convention-cadre initiale pour qu’elle colle au plus près des besoins des territoires. Oui, cette convention-cadre renforce la collaboration entre la Cnav et l’Unafo, jusqu’à fin 2013, pour construire une offre de services et de prévention de la perte d’autonomie des résidants de Travaillons ensemble les messages de prévention pour les diffuser auprès de ceux qui en ont le plus besoin, travailleurs migrants en foyer et aussi résidants de pension de famille. I SOMMAIRE I ÉDITO I DOSSIER I INTERVIEW I RÉSEAUX I action I initiatives I TRIBUNE I La Mie de Pain à Paris Les pensions de famille, une réponse pour les personnes en situation d’addiction Comment comprendre et traiter les comportements nés de l’errance ? Nous sommes allés à la rencontre de la Villa de l’Aube, gérée par l’association des Œuvres de la Mie de Pain. Alcool, drogues, médicaments… addictions et dépendances sont le quotidien de nombreux résidants des pensions de famille. dont une dizaine de façon sévère”. Clara Bailly, directrice de la Villa est confrontée à la question des addictions “ni plus ni moins qu’ailleurs”. Unafo - Action Habitat n° 33 - page 10 Dépendances plurielles, réponse singulière Au pied de la Butte aux Cailles à Paris, la Villa de l’Aube est un lieu peu banal. Ici vivent 45 résidants, 30 en pension de famille et 15 en résidence sociale, dans une bâtisse conçue en 1997 et inaugurée en 2001. Les lieux privés sont en façade sur la rue, les espaces collectifs tournés vers le patio intérieur. “Nous accueillons des publics venus de situations d’urgence, de la rue et de CHRS, des personnes âgées de 40 à 60 ans de plus en plus cassées par un parcours d’errance. 35 des 45 résidants ont souffert d’addictions, surtout à l’alcool, 25 environ en souffrent encore “A la Villa, l’alcool n’est pas interdit” précise Clara Bailly : “La société n’interdit pas l’alcool, et la Villa n’a pas d’autres règles que celles de la société dans laquelle nos résidants veulent s’insérer”. Convaincue que l’interdit pousse à la transgression, elle précise son rôle : “Ce n’est pas à moi de décider qui peut et doit arrêter l’alcool, seul celui qui boit en a le pouvoir”. En revanche, “si l’alcool n’est pas interdit, les comportements déviants le sont. Celui qui vomit dans les couloirs nettoie et la violence à l’égard de ses voisins ne peut pas être tolérée”. La responsabilisation, encore et toujours. Prendre en compte, prendre en charge, se prendre en mains Dès lors, l’équipe salariée et les nombreux bénévoles, très actifs au sein de l’association des Œuvres de la Mie de Pain, travaillent à l’accompagnement qui permettra au résidant de décider de sortir de la dépendance. La personne doit d’abord reconnaître qu’elle souffre, ensuite que cette souffrance est une maladie, enfin que cette maladie nécessite d’être soignée. Vouloir est un préalable pour pouvoir… “mais ça ne suffit pas toujours !”. Au sein de la pension de famille, la relation de proximité est la première des réponses pour accompagner des personnes isolées et dépendantes à des substances psychoactives. Le rôle de l’hôte est essentiel : deux travailleurs sociaux assurent ici une présence du lundi au samedi de 9 h 30 à 21 h 30 et un psychologue a pu être recruté à mi-temps. Pour Clara Bailly, la fonction d’hôte, “c’est d’être des poteaux, à la fois poteaux indicateurs et aussi piliers sur lesquels prendre appui”. Pour permettre la sortie des addictions, chaque trajectoire personnelle est un cas particulier : cures, post cures, suivi psychiatrique, sevrage… Pour faciliter l’accès aux Unafo - Action Habitat n° 33 - page 11 Points de repère Module de formation proposé par l’Unafo Témoignages Christophe Joncart, éducateur spécialisé Cap 14 - Paris 14e, Centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie, ANPAA 75 Nous allons au-devant de publics qui ne viendraient jamais spontanément nous rencontrer. On accompagne l’usager, quand il le souhaite, de la prise de conscience jusqu’aux soins. Mais le préalable, c’est certainement d’aider les équipes de travailleurs sociaux dans les structures qui accueillent des personnes fragilisées. Au sein de la Mie de Pain, nous intervenons tous les mois depuis des années pour que les salariés et les bénévoles soient en situation d’informer les résidants et leur proposer une sortie possible de la dépendance à l’alcool. Chaque résidant s’en saisit… ou ne s’en saisit pas, mais l’attitude des accompagnants est une condition de la prise de conscience de celui qui est en souffrance. La pension de famille est une structure où il est possible de se reconstruire. A nous, intervenants extérieurs, de faire le lien entre les deux mondes, du médical et du social, pour sortir du déni et faciliter l’accès aux soins. soins, un médecin bénévole intervient en “bobologie”, en écoute, et permet à chacun de ré-apprivoiser son corps avant d’accepter d’aller chez un médecin pour soigner sa dépendance. L’esprit de famille “Logement, emploi ou addiction : chacun poussera une porte différente pour s’en sortir. Entamer une cure, s’engager dans du bénévolat, trouver un job… il y a différentes façons possibles de commencer à retrouver une identité”. Les 112 résidants qui ont quitté la Villa de l’Aube en 10 ans pour accéder à un logement autonome (1) continuent d’avoir un lien avec la pension de famille : venir prendre un repas en commun, échanger, ou demander conseil pour un problème de surendettement… Pour Clara Bailly, “l’objectif de la pension de famille est atteint : quitter le nid sans couper le lien avec la famille”. Etre devenu autonome tout en gardant la relation. “Ce lien est essentiel au-delà du passage ici” constate Clara Bailly, un lien qui mériterait davantage de reconnaissance. Dans le même temps 3 personnes sont retournées vivre dans la rue. (1) Accueillir et accompagner des personnes connaissant des situations d’addiction • bjectifs : identifier les difficultés du travail O d’accompagnement, établir des partenariats avec les centres spécialisés, mettre en place les actions nécessaires. • our qui ? Les responsables de pension de P famille, intervenants sociaux et chargés de gestion locative sociale. • Contenu - Caractéristiques communes des addictions - Fragilité des personnes et comportements de dépendance - Attitudes à adopter face à une personne en difficulté avec un produit psychoactif - Connaissance des structures en alcoologie et addictologie - Problématiques des personnes dépendantes et interférence avec la précarité - Prévention et précarité : comment favoriser l’orientation vers le soin ? • éthode : analyse de pratiques, apports M méthodologiques et conceptuels. • Intervenant : psychologue disposant d’une expérience d’animation de groupe, d’analyse de pratiques et directeur d’un centre d’alcoologie. • Quand et où ? Les 18 et 19 octobre 2012 à Paris. Inscriptions au 01 40 71 71 10. savoir + www.miedepain.asso.fr I SOMMAIRE I ÉDITO I DOSSIER I INTERVIEW I RÉSEAUX I action I initiatives I TRIBUNE I Le SIAO dans l’Hérault Formaliser les pratiques professionnelles au sein d’une démarche commune sur le volontariat, entrent désormais dans un cadre à formaliser pour faire règle commune. Il s’agit bien de diffuser ces nouvelles pratiques à l’ensemble du réseau partenarial, associations et services sociaux, même si la valorisation des initiatives n’est pas toujours bien vécue par ceux qui ont les amorcées. L’enjeu du SIAO demeure que “ses composantes se sentent tenues par une règle commune à laquelle chacun adhère” comme le souligne JeanLuc Nègre, directeur de Gammes. Unafo - Action Habitat n° 33 - page 12 Organiser la fluidité entre hébergement et logement Les Services intégrés d’accueil et d’orientation (SIAO) sont des plateformes créées dans chaque département pour améliorer l’accueil, l’orientation et la prise en charge des personnes sans abri ou risquant de l’être. Dans l’Hérault, Gammes, Groupement de coopération sociale et médicosociale, membre de l’Unafo, porte le secrétariat du SIAO. Organiser l’offre de logements en fonction des besoins des personnes plutôt qu’à partir des places disponibles : l’objectif des SIAO est ambitieux. Dans l’Hérault comme ailleurs, cette volonté de ne pas seulement gérer la pénurie se heurte souvent à la réalité du marché locatif. A Montpellier et dans l’ensemble du département, il existait, préalablement à la mise en place du SIAO, des formes de coopération volontaires entre différentes structures et des actions menées de façon mutualisée. C’était notamment le cas des commissions d’admission communes et de formations sur les réponses aux situations d’urgence sociale. Aussi, la Direction départementale de la cohésion sociale a souhaité s’appuyer sur l’existant pour inscrire la commande publique dans cette dynamique locale, dans le prolongement du chantier de refondation. Innerver les pratiques professionnelles Le conseil d’administration du SIAO départemental regroupe 50 mem bres, et un bureau resserré assure le pilotage opérationnel. Depuis avril 2010, le groupement de coopération sociale Gammes emploie deux personnes (1,8 ETP) pour créer le SIAO 34 sous forme associative et le secrétariat du SIAO, chargé de construire le dispositif de façon concertée. Avec le SIAO, les pratiques, qui reposaient jusque-là Le lien du SIAO avec le logement est une priorité, celle portée par la politique du Logement d’abord. Les demandes d’hébergement d’urgence sont directement gérées par les structures dans le cadre de trois SIAO territoriaux, correspondant aux bassins de Montpellier, de Béziers et du bassin de Thau. Le SIAO 34 a dressé un état des lieux de la demande et de l’offre existante, et s’est ensuite doté de trois groupes de coordination : veille sociale, logement d’insertion et logement adapté. “La logique de guichet unique n’a pas été retenue ici, souligne Stéphanie Chaouchi, chargée de mission – secrétariat du SIAO, les lieux de la demande de logement sont maintenus et, avec eux, la relation de proximité avec les demandeurs qui permet de recevoir, traiter et évaluer les demandes”. Ensuite, le SIAO 34 réunit les dossiers et les transmet à chaque organisme d’accueil. Depuis janvier 2012, les demandes sont centralisées grâce à la création d’un répertoire départemental de Désormais un document unique est à remplir pour simplifier le parcours administratif des demandes et pouvoir y répondre plus précisément. Un relai entre la demande et l’offre pour faciliter l’accès au logement La finalité du SIAO 34 est résolument l’accès au logement de ceux qui en sont privés. Pour autant, si le SIAO doit prendre toute demande en compte, il ne pourra pas toutes les prendre en charge. Pour mieux connaître les besoins, le SIAO 34 a créé, depuis l’hiver 2012, les indicateurs qui facilitent l’adéquation entre la demande et l’offre. Parce que la fonction d’observation sociale est essentielle pour disposer d’informations sur le nombre de personnes à loger dans le département. Les données recueillies permettent de rendre les contours de la demande les plus objectifs possibles, ceci pour aider les prises de décisions au sein des PLH, des PDH et des PDALPD. Et Jean Luc Nègre conclut ainsi : “La vocation du SIAO n’est pas de devenir un Insee local mais de savoir décrypter le volume et la nature de la demande pour structurer la façon dont s’organise l’offre. La fonction d’ob servatoire n’a de sens que si elle est opérationnelle, finalisée, utile concrè tement aux demandeurs de logement”. Points de repère Un an après la mise en place des SIAO, l’Inspection générale des Affaires sociales a procédé à l’évaluation des dispositifs (rapport IGAS n°RM2012-019P). Au niveau national, les SIAO connaissent des avancées jugées encourageantes : > la partie urgence des SIAO est rapidement mise en œuvre, souvent appuyée sur le 115, > bonne adaptation aux particularités locales, > la centralisation des demandes simplifie les démarches et facilite la prise en compte des attentes des usagers. Le rapport de l’IGAS relève des freins et des réticences : > la connaissance partagée de la demande et de l’offre disponible n’est pas immédiate, > une concurrence entre publics prioritaires des contingents préfectoraux rend les arbitrages difficiles, > la mise en place d’un guichet unique est souhaitée, > sur le volet insertion, 40 % des SIAO sont opérationnels et ce, 18 mois après la date prévue par la circulaire du 8 avril 2010. Seuls 22 % des SIAO ont initié une collaboration avec les bailleurs sociaux, et 21 % disposent d’une liste de personnes hébergées “prêtes à sortir” et à accéder à un logement ordinaire. L’introduction du rapport de l’IGAS s’achève ainsi : “Le positionnement ambigu de l’Etat par rapport au secteur associatif, très impliqué dans la réforme, aboutit à une confusion des rôles en matière de pilotage. La responsabilité de chaque acteur doit être clarifiée.” Unafo - Action Habitat n° 33 - page 13 l’offre de logements et d’hébergements. Cet annuaire est à double entrée, par la dimension réglementaire (type de structures) et aussi par le projet d’établissement (type d’accompagnement, services à disposition) pour que les particularités des demandes puissent mieux coïncider avec les spécificités de l’offre. I SOMMAIRE I ÉDITO I DOSSIER I INTERVIEW I RÉSEAUX I action I initiatives I TRIBUNE Unafo - Action Habitat n° 33 - page 14 Espace formation Formation sur la sécurité des personnes La précarité croissante des personnes les plus fragiles génère des situations de détresse pouvant entraîner des actes de violence auxquels les salariés des gestionnaires adhérents de l’Unafo sont confrontés. Ce n’est donc pas étonnant que les formations visant à travailler sur le comportement des salariés face à des situations de violence connaissent une forte demande, que le salarié interroge sa pratique professionnelle au regard de situations “limites”, qu’il soit soumis à du stress consécutif ou qu’il s’agisse de faire face à des violences verbales ou des menaces physiques. L’offre de formation de l’Unafo propose plusieurs modules : “Gestion des situations délicates”, “Se prémunir contre les agressions”, “Comprendre et prévenir les violences faites aux personnes”, “L’accueil des personnes en difficulté” et aussi “Faire face à la fin de vie et au décès d’un résidant”. N’hésitez pas à nous interroger sur cette offre ou consultez le catalogue Unafo sur www.unafo.org Fenêtre ouverte sur l’Unafo Nouvelle édition de l’outil Unafo d’information et d’accompagnement des retraités étrangers vers l’accès aux droits Départ à la retraite (procédure, droits, montant…), choix de vieillir en France (droit au séjour, logement, couverture sociale, dépendance, décès…), choix de vieillir au pays d’origine (obtention de la retraite française, couverture sociale, droit au séjour, etc.). Disponible sur www.unafo.org La sécurité incendie dans les établissements est une priorité absolue 5 ans après la publication du premier référentiel Sécurité Incendie élaboré pour les adhérents de l’Unafo, propriétaires et gestionnaires de logements foyers et résidences sociales, l’Unafo publie la version actualisée enrichie du réexamen des bonnes pratiques au regard des évolutions réglementaires intervenues ou à venir. Le référentiel mis à jour, deux films d’animation (sur la prévention et sur les consignes d’évacuation), une plaquette et une affiche sont disponibles sur www.unafo.org Le nouveau rendez-vous de l’Unafo Les enjeux du logement accompagné, le bilan d’une année d’actions menées par le réseau Unafo. Parution tous les ans au printemps. Disponible sur www.unafo.org I I ÉDITO I DOSSIER I D.R. Adoma SOMMAIRE INTERVIEW I RÉSEAUX I action I INITIATIVES I TRIBUNE I Ce qui menace à court terme notre mission d’insertion : l’impossible équilibre financier de l’activité locative Par Nathalie Chomette, Directrice de l’Exploitation, Adoma La plus-value sociale de notre métier, concourir à l’insertion des publics défavorisés par la fourniture d’un logement accompagné, ne peut se concrétiser sans cet ingrédient premier qu’il nous est peu commun de mettre en avant, mais qui est tout aussi vital que les autres composantes : un équilibre financier de l’activité locative. Quand bien même nos desseins sont non-lucratifs et notre objet social, notre secteur, pour continuer à exister voire se développer, doit pouvoir compter sur des recettes locatives, les redevances, suffisantes et sûres : suffisantes, pour couvrir notamment les charges liées au coût de l’énergie et à l’entretien des locaux ; sûres, c’est-à-dire maîtrisées et solvabilisées, pour garantir l’accueil des publics dans de bonnes conditions financières. mique de l’activité, en imposant une indexation des redevances à l’IRL simple (1). Cette évolution, niant de fait les spécificités de notre secteur, rend difficile l’équilibrage de l’activité locative : l’évolution des charges, notamment des coûts liés aux consommations d’énergie, ne peut pas s’impacter dans la redevance dont s’acquittent les résidents. C’est cela qui menace notre mission sociale à très court terme : l’impossibilité d’équilibrer coûts et recettes de notre activité première, celle de logeur. C’est pour cela que, depuis 2009, Adoma alerte l’Etat et plaide aux côtés des autres membres de l’Unafo pour une révision des redevances adaptée à la réalité des coûts. La loi de Mobilisation pour le logement et de lutte contre l’exclusion du 25 mars 2009 a substitué à l’ancien mode d’indexation des redevances basé sur un indice composite, l’application de l’IRL (indice de référence des loyers) uniquement. Ainsi, alors que pour notre secteur, les charges ne sont pas récupérables, elles sont soumises au même indice que le loyer pour un alignement total sur les règles s’appliquant au secteur du logement social. (1) Nous ne bénéficions plus, depuis deux ans déjà, des conditions réglementaires nécessaires pour tenir ce double objectif : la loi MLLE a profon dément modifié les conditions d’équilibre écono- Echos A la rencontre des invisibles Le Collectif des associations unies publie une enquête nommée “19 000 invisibles”, en référence au nombre de places ouvertes temporairement cet hiver. 200 associations ont été contactées sur tout le territoire national pour aller à la rencontre des personnes mises passagèrement à l’abri, pour mieux comprendre leurs besoins (plus de 500 questionnaires ont été administrés) et les aider à faire valoir leurs droits (près de 250 recours au droit au logement ont été déposés). On peut retenir, parmi les personnes interrogées, les faits marquants suivants : • 23 % ont moins de 25 ans, près de 12 % ont plus de 55 ans, • 20 % de familles dont 10 % sont monoparentales, • près de 40 % sont sans couverture médicale, • plus de 40 % sont sans suivi social, • près de 65 % sont sans aucun revenu, • 45 % n’ont effectué aucune démarche d’accès à l’hébergement ou au logement. “Entrée de secours” : web documentaire consacré aux pensions de famille Les pensions de famille proposent des logements individuels et une vie collective à des personnes en précarité. La Fondation Abbé Pierre a produit un web documentaire sur cette question www.entree-de-secours.fr, réalisé par Sam Albaric et Amaury Gransart. Unafo - Action Habitat n° 33 - page 15 I ÉVÉNEMENT Programme complet bientôt disponible sur www.unafo.org Les rencontres nationales 2012 sont organisées avec le soutien de la Région Rhône-Alpes