Toyo Ito, l`Homme et la nature En quoi l`architecture domestique de

Transcription

Toyo Ito, l`Homme et la nature En quoi l`architecture domestique de
Mémoire de master
Décembre 2010
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Directeurs de mémoire
Jean-François Blassel
Juliette Pommier
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Toyo Ito, l’Homme et la nature
En quoi l’architecture domestique de
Toyo Ito pourrait-elle relier l’Homme
avec la nature?
Soo-Ho Shin
Sooho Shin
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Mémoire de master
Matières à penser
Décembre 2010
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Directeurs de mémoire
Jean-François Blassel
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Résumé
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Toyo Ito est un architecte japonais reconnu par la qualité de son architecture. Il a
débuté sa carrière par des projets domestiques, en réinterprétant modernité et
tradition, caractéristique de l’architecture contemporaine japonaise. Cependant il
se différencie des autres architectes japonais par la volonté de relier l’architecture
à la nature par diverses approches.
- En quoi l’architecture domestique de Toyo Ito relie l’Homme à la nature ?
- Par quels moyens et effets l’architecte tente t-il à réaliser cette liaison ?
La quête de la fluidité spatiale et de l’immatérialité peut être vue comme des
moyens de relier l’Homme à la nature. Pendant la période de minimalisme, hostile
à la congestion démesurée de Tokyo, les maisons plutôt introverties. La relation
avec la nature en tant que processus est réalisée par la lumière naturelle pour y
créer un univers indépendant, mettant en valeur l’intérieur fluide. Cette fluidité
spatiale se poursuit dans ses projets «dominos» inspirés du plan libre de le
Corbusier, à mi-chemin entre les périodes de minimalisme et de primitivisme.
Pendant la période de primitivisme des années 80, son architecture domestique
se veut plus organique et sensible à la nature : La «membrane » des maisons se
dématérialise et devient sensorielle, tout comme la peau humaine, ou encore la
symbiose entre l’homme avec la nature dans la culture traditionnelle japonaise.
Par la suite à partir de la période pratique des années 90, Toyo Ito se veut plus
prosaïque dans la conception, dont la dualité entre le naturel et l’artificiel
coexistent dans la mesure où il essaie de établir des liaisons entre les maisons et la
nature en combinant la qualité traditionnelle et des matériaux modernes. L’intérêt
de ses maisons vient du fait qu’elles gardent toutes leur qualité vernaculaire grâce
à un jeu d’assemblage savant, sans être trop sophistiqué.
Finalement la naturalité évolue dans les projets de Toyo Ito. Ce qui était
métaphorique et symbolique par des jeux de lumière devient plus concret dans
les prochaines périodes. Bien que la fluidité et l’immatérialité se révèlent parfois
limitées et incompatibles avec intimité et confort, qualités indispensables, chaque
maison est conçue dans le but d’induire des échanges des flux naturel et humains
tels que la lumière, la promenade, la vue, le vent ou la topographie grâce à la
fluidité spatiale. Dans ce but l’immatérialité est un outil de communication aussi
bien entre l’intérieur et extérieur du bâtiment, qu’entre l’Homme et la nature.
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Toyo Ito is a Japanese architect who is well-known for his quality of architecture.
He started his career in architecture first with domestic projects, by re-visiting the
traditional and modern characteristics of the Japanese contemporary architecture. Yet, Toyo Ito was different from other Japanese architects in that he had the
willingness to “link architecture with nature” with various approaches.
-How did Toyo Ito’s domestic architecture link human with nature?
- How did the architect try to accomplish this link? By which means?
The search in space fluidity and immateriality can be seen as a means to link
human being with nature.
During the “period of minimalism” in the seventies, hostile to the immoderate
congestion of Tokyo, Toyo Ito’s houses are rather introverted. The relationship with
nature as process is accomplished by daylight, to create an independent world,
emphasizing fluid interior during the “period of minimalism”. This space fluidity
continues in his «domino» projects inspired by free plan of Le Corbusier, at the
middle way between the period of minimalism and primitivism.
During the “period of primitivism” in the eighties, Toyo Ito’s domestic architecture
seemed to be more organic and sensitive to nature. “The membrane” of houses
dematerializes and becomes sensory as the human skin, inspired of the symbiosis
between human and nature in the Japanese traditional culture.
Later from the “practical period” of the nineties, Toyo Ito claims to be more prosaic
in concept. The duality between naturalness and artificialness co-exists as much
as he tries to establish links between houses and nature by combining traditional
quality and modern materials. What is interesting with these houses is that they
keep all vernacular quality by an ingenious assemblage without being too
sophisticated.
Finally, the naturalness evolves in Toyo Ito’s domestic works, what was metaphoric and symbolic by the play of light, which became more concrete during the
next periods. Although space fluidity and immateriality sometimes turn out to be
restricted and incompatible with privacy and comfort, every home is conceived
with the intention of leading to the exchanges of natural and human flows such
as light, promenade, view, wind and topography, thanks to space fluidity. With
such purpose, immateriality is also perceived as a tool of communication between
in and out of a building, as well as between human and the nature.
3
Introduction
7
Période du minimalisme (années 70): De l’introversion à la fluidité spatiale
1.1
Introversion : recréation de la nature comme processus par le «jardin de lumière»
13
La Maison d’aluminium, 1971
17
La maison U (White U),1976
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La maison à Kasama ,1981
Maison à Umegaoka, 1982
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House in Hanakoganei, 1983
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Période du primitivisme (années 80) : de l’immatérialité à l’éphémère
31
35
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2.
23
Fluidité spatiale : la maison comme support des flux humains et naturels
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1.2
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1.
Architecture poreuse dans la tradition japonaise
35
2.2
Légèreté, fugacité éphémère qui renvoie à naturalité
37
La Hutte d’Argent (Silver Hut) ,1984
39
Maison à Magomezawa, 1986
43
Abri pour les nomades qui vivent dans les forêts artificielles
45
Pao I, 1985
45
Pao II, 1989
45
3.
Période pratique (années 90 - à nos jours ) : dualité entre naturel et artificiel
49
3.1
«Blurring Architecture», et son double caractère
49
Maison K à Sakurajosui, 2000
51
Coordination entre le naturel et l’artificiel
53
Maison O (White O) à Marbella, au Chili, 2009
53
Conclusion
57
Bibliographie
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2.3
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Problématique
L’union entre modernité et tradition, ainsi que le langage architectural qui lui est
propre a fait du Japon l’un des pays les plus riches dans la production architecturale. On compte de nombreux architectes japonais remarquables aujourd’hui.
Acclamé par la médiathèque de Sendai, Toyo Ito ne fait pas exception en développant son savoir-faire sur la scène internationale. Il a débuté sa carrière en construisant des maisons individuelles, un parcours peu commun en Europe mais assez
commun pour les jeunes architectes japonais qui veulent se lancer dans le
métier1. La maison est un abri indispensable depuis que nos ancêtres se sont
affranchis de leurs cavernes pour commencer à construire des huttes primitives
pour se protéger de la nature sauvage. La hutte primitive est une source d’inspiration pour Toyo Ito. Par de-là son architecture, elle permet de relier l’Homme à la
nature. Les expressions qu’utilisent l’architecte sont métaphoriques et empruntent des mots de la nature, tels que: « une enveloppe comme membrane,
comme la peau humaine », « jardin de lumière », « jardin des vents », et la « forêt
artificielle ». Cela nous amène à étudier le rapport à la nature que les projets de
Toyo Ito entretiennent. Architecture, culture et nature peuvent être abordés sous
l’angle de réalités présentes et voisines, ou au travers de liens plus abstraits.
L’architecture qui relie l’Homme à la nature n’est pas une nouveauté en soi
puisqu’elle est déjà présente dans l’architecture traditionnelle aussi bien en Corée
qu’au Japon ou en Chine en prenant l’exemple de Feng Shui. Dans un premier
temps, on peut supposer que Toyo Ito utilise le même langage que celui utilisé
par les Anciens pour construire les maisons traditionnelle japonaises. Dans ce cas
on pourra décoder ce langage classique dans les maisons de Toyo Ito qui
semblent pourtant éloignées de la tradition japonaise avec l’utilisation des
matériaux artificiels.
Par ailleurs l’architecture de Toyo Ito se veut non- monumentale ce qui apporte
une flexibilité à l’architecture créant ainsi un espace souple et malléable. L’archi-
1 Hiromi Hosoya “Text” in Blurring architecture, Milan, 1999, p.197
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1. La carrière de Toyo Ito en 3 périodes
tecture domestique de se divise en trois périodes différentes selon Toyo Ito2
-la période du minimalisme des années 1970,
-la période du primitivisme des années 1980
-la période connue sous le nom du réalisme pratique ou prosaïque,
de la seconde moitié des années 1990 à nos jours .
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La période du minimalisme correspond à la période de « jardin de lumière »,
caractérisée par la géométrie du gabarit unique, au service de l’ intériorité
travaillée et dépouillée. La période du primitivisme se veut plus proche de la
hutte primitive. Enfin la période du réalisme pratique est la période où l’on
pourrait trouver simultanément tous les caractéristiques des périodes précédentes jusqu’à aujourd’hui. (illustration 1)
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Introduction
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Ce découpage en trois périodes différentes, implique des changements dans le
raisonnement du rapport entre maison et nature d’une période à l’autre, et ce
constat nous amène à la problématique générale suivante:
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En quoi, l’architecture domestique de Toyo Ito pourrait-elle relier l’Homme
avec la nature?
Comment le rapport à la nature évolue suivant d’une période à l’autre?
Deux thèmes centraux semblent traverser les projets de l’architecte japonais qui
peuvent s’appliquer également à ses projets domestiques : la fluidité spatiale et
l’immatérialité. Celles-ci peuvent être des moyens de relier l’habitant à la nature,
que ce soit d’une manière abstraite ou réelle.
- La fluidité est un état, une qualité de ce qui est fluide. Dans le domaine de l’art
c’est une « qualité d’une expression aux harmonies subtiles ou d’une plasticité aux
nuances délicates et fondues »3. La fluidité «spatiale» chez toyo Ito permet à un
corps une circulation libre et ininterrompue. Elle s’obtient par la souplesse d’un
espace avec un minimum d’encombrement. Elle peut être visuelle et sensorielle
offrant des effets de continuité infinie.
- L’immatérialité est une qualité qui ne paraît pas être matérielle. En réalité,
l’immatérialité s’obtient par ce qui est matériel sous l’effet de trompe-l’oeil,
évoquant ainsi un aspect éphémère et fugace.
Nous étudierons l’évolution de ces deux thèmes dans les maisons individuelles de
Toyo Ito sélectionnées en examinant comment ces effets et ces sensations
s’obtiennent. (illustration 2)
La première partie traite de la période du minimalisme pendant les années 70 où
la fluidité spatiale permet l’interaction réciproque entre l’Homme et la nature.
La deuxième partie traite la période du primitivisme des années 80 où l’immatérialité s’emploie comme un moyen de se rapprocher de la nature.
2 Toyo Ito «My conception in Housing Design» in Jaume Nasple, Kyoko Asakura, Inside mnmMinimalist Interiors Edition Collins Design New York 2004 p. 5
3 Définition de « fluidité» par le Centre Nationale de Ressources Textuelles et Lexicales
2. Les maisons individuelles conçues par Toyo Ito (liste non exhaustive)
1979 1981 1982 1983 1984 Maison à Koganei Maison à Chuorinkan Maison à Kasama Maison à Umegaoka Maison à Hanakoganei Hutte d’argent Maison à Magomezawa Ec
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1986 1995 1996 1999 2000 2004 2009 Maison S à Tateshina Maison S à Oguni Maison T à Yutenji Maison K Cottage en aluminium Maison O En rouge les maisons sélectionnées dans ce mémoire
2 Minimalisme
1 Minimalisme
1 Minimalisme
2 Minimalisme
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Minimalisme
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Maison à Kamiwada 2 ne
1979 Maison U Minimalisme
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1976 Maison à Sakurajosui 2 à
1976 Cottage à Sengataki Période 2 s
1975 nb étage Minimalisme
Minimalisme
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1974 Maison d’aluminium Structure Shon matériau m2 Fugisawa Charpente 110,16
Kanagawa
Bois
Kitasaku‐gun Charpente 62,85
Nagano
Bois
Setagaya‐ku Béton armé 80,2
Tokyo Aluminium
Nakano‐ku Béton armé 148,25
Tokyo
Okazaki
Béton armé 90,58
Aichi
Koganei Acier 93,91
Tokyo
Yamato Charpente 122,4
Kanazawa
Bois
Kasama Charpente 289,91
Ibaraki
Bois
Setagaya‐ku Acier 117,88
Tokyo
Kodaira Béton armé 152,20
Tokyo
/ acier
Nakano‐ku Béton armé 138,81
Tokyo
/ acier
Funabashi Béton armé 81,18
Chiba
/ acier
Chino Béton armé 126,34
Nagano
/ acier
Aso‐gun Acier 188,4
Kumamoto
Setagaya‐ku Béton armé 148,27
Tokyo
Setagaya‐ku Aluminium 109,08
Tokyo
Gifu Aluminium 74,44
Yamanashi
Marbella Béton armé
400
Chili
Ville 2 Domino
2 Domino
2 Primitivisme
2 Primitivisme
rit
1971 Maisons er
Date 1+1 Pratique / Prosaïque
s‐sol 2 Pratique / Prosaïque
2 Pratique / Prosaïque
2 Pratique / Prosaïque
2 Pratique / Prosaïque
1+1 Pratique / Prosaïque
s‐sol 11
Introduction
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Dans ces trois parties, les arguments seront soutenus par l’analyse architecturale,
afin d’étudier les effets et les sensations et leur éligibilité dans la maison, selon les
thèmes suivant : le contexte urbain ou la localité, l’axe de composition, les
ouvertures, les vues, l’éclairage, les matériaux employés, l’usage, le parcours, et le
traitement des limites aussi bien entre extérieur et intérieur qu’entre les différents
locaux au sein d’un espace donné.
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Dans la troisième partie nous étudierons la période prosaïque, dans la quelle Toyo
Ito manipule le double aspect paradoxal: à la fois le naturel et l’artificiel, ou à la
fois technique et la conformité aux éléments naturels.
Kenzo Tange
(1914 -2005)
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Par intermédiaire du
disciple de Le Corbusier
Kunio Maekawa (1905–1986)
Kiyonuri Kikutake
(1928 - )
Institut de
technologie
de Tōkyō
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Domino House
Rapport positive
entre
l’architecture et la
nature
Liberté de
conception
Arata Isozaki
(1931)
Pureté
géométri
que
3. Schéma Généalogique montrant les influences sur Toyo Ito
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La ville =
antinature, irréelle
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Relation mutuelle
entre l’architecture et la ville
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Université
de Tōkyō
Néo-réalisme
Nouvelle vague
Japonais
à
Le Corbusier
Métabolisme :
envisagent la structure
architecturale comme un corps
composé de cellules
s
Mouvement
moderne
Architecture
occidentale
Kazuo
Shinohara
(1925-2006)
Minimalisme
introversion
Toyo Ito
(1942- )
13
Période du minimalisme (années 70):
De l’introversion à la fluidité spatiale
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Toyo Ito, né à Séoul en 1941 est diplômé en architecture de l’université de Tōkyō
en 1965. Cette université, située dans la région du Kantô était essentiellement
axée sur l’architecture occidentale, et spécialement sur le Mouvement Moderne.
Naturellement le Corbusier était la figure symbolique du mouvement moderniste
au Japon. A sa sortie de l’université Toyo Ito rencontre Kiyonuri Kikutake, une
figure clef du métabolisme, avec qui il travailla pendant quatre années, de 1965 à
1969. Par la suite il fonde sa propre agence et entame la conception de maisons
individuelle. C’est Arata Isozaki et Kazuo Shinohara, dont leurs projets étaient
empreints d’un message social critique, qui marquèrent profondément Toyo Ito
dans ses premières années. (illustration 3)
L’influence de Kazuo Shinohara a été plus conséquente dans la pensée de Toyo Ito
sur la ville de Tokyo.
1.1 Introversion : recréation de la nat ure comme processus par
le «jardin de lumière
La ville de Tokyo est l’archétype de la ville mondiale, antithèse de la «ville-nature».
Pourtant la ville se situe sur une zone naturelle du territoire potentiellement à
risque : séismes, bras de mer et rivières traversent la ville. Les premières maisons
conçues par Toyo Ito se situe aux alentours de ce contexte urbain mais se
distinguent des autres maisons voisines. Les premières maisons de Toyo Ito sont
plutôt introverties, avec un gabarit particulier et des matériaux modernes comme
l’aluminium ou le béton.
De quelle manière s’instaure le rapport avec la nature dans les maisons
introverties de la période du minimalisme?
Que signifie « jardin de lumière » pour l’architecte?
Pourquoi Toyo Ito construit-il des maisons introverties, même s’il se juge plus tard
qu’il a été trop extrême 1 ?
1 « Mon travail a donc commencé à partir d’un concept strictement formaliste de l’architecture et a
ensuite ouvert vers l’extérieur. Mais mon attitude initiale a été plutôt extrême » Toyo Ito, lors de la
conversation avec Koji Taki, El croquis n°71, 1994, p.17
14
Toyo Ito : L’Homme et la nature · Soo-Ho Shin
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6. intérieur de la Maison Parapluie de Kazuo
Shinohara
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4. échelle permettant de monter sur le
mezzanine
Reyner Banham, Hiroyuki Suzuki, Contemporary
Architecture of Japan 1958-1984, New York, Rizzoli
Internatioanl Publications, 1985, p. 83
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5. Coupe de la maison Parapluie (1961)
Reyner Banham, op. cit., p.83
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Maison Parapluie de Kazuo Shinohara
7. Intérieur de la maison d’aluminium :
Celui-ci ressemble à la maison parapluie, une relecture de la maison
traditionnelle
15
Période du minimalisme (années 70) : de l’introversion à la fluidité spatiale
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« Le néo-réalisme au Japon, récemment appelé Nouvelle Vague japonaise, qui
remonte à la fin des années 1960 et s’affirma en partie comme réaction anti
métaboliste sous la direction d’Arata Isozaki [...] Contraire-ment au métabolisme, la
Nouvelle Vague japonaise cherche à prouver qu’il ne peut y avoir aucune relation
significative entre l’édifice individuel et l’ensemble urbain. Cette position réaliste,
stoïque et presque cynique s’exprime avec diversité dans les maisons de haute qualité
formelle mais d’esprit plutôt introverti [...] Le membre le plus indépendant et le plus
brillant de cette école, Toyo Ito, a une approche plus agressive de la mégalopolis ; il la
considère comme une antinature irréelle, délirante et vide de sens. La seule chance de
donner une signification à ce magma instable, il la voit dans l’insertion subtile d’une
scénographie architecturale, évidemment mince comme du papier, dont le domaine
artificiellement clos et les formes inspirées possèdent une beauté vibrante et violente :
la contre-épreuve révélatrice en quelque sorte, plutôt que le masque, de la ville
chaotique et privée de substance . »2
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Les deux articles de l’Encyclopædia Universalis sur l’ « architecture japonaise »
donne un indice de l’origine de cette introversion :
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« La ville japonaise, active et foisonnante, anarchique, en proie à une spéculation
effrénée, gouvernée par des règles de développement très différentes de celles qui
organisent l’espace dans le monde occidental, mue par une vitalité, un sens de
l’impermanence qui lui est propre, confuse, labyrinthique et difficile de lecture, est
souvent interprétée comme la préfiguration de la mégalopole du XXIe siècle. Par son
incohérence et la difficulté qu’il y a à en maîtriser la croissance, elle a conduit les
nouvelles générations d’architectes à des attitudes contrastées : exacerbation du
chaos chez certains d’entre eux, recherche de la profondeur spatiale et du calme au
contraire chez quelques autres. Kazuo Shinohara (né en 1925) appartient au premier
courant. Lui qui s’était imposé comme un brillant expérimentateur de dispositifs
spatiaux dans ses maisons à thème, [...] est devenu le théoricien du chaos et de
l’anarchie progressive » dans lesquels il voit la promesse d’une nouvelle modernité... »3
En effet, les maisons de Kazuo Shinohara a été une source d’inspiration pour Toyo
Ito4. Shinohara a en effet retravaillé à sa façon la qualité naturelle présente dans
des maisons traditionnelles japonaises que l’on appelle l’« abstraction de tradition
». Par exemple la maison Parapluie de Shinohara réalisée en 1961 a des volumes
intérieurs dépouillés, traités comme des sculptures en creux auxquelles l’Homme
doit s’adapter. (illustration 4,5,6) A l’instar de Kazuo Shinohara, préoccupé par la
quête d’un purisme architectural lié à son propre monde intérieur, Toyo Ito
introduit l’utopie dans la maison, indépendante du contexte urbain:
2 Joseph Abram, Kenneth Frampton, et Jacques Sautereau « architecture contemporaine : Une
architecture plurielle » Encyclopaedia Universalis
3 François Chaslin, «JAPON (Arts et culture) : Les arts» Encyclopaedia Universalis
4 «J’étais essentiellement intéressé à la relation entre les espaces et les bâtiments que Shinohara avait créé ainsi que la
société dans son ensemble. » Koji Taki « A conversation with Toyo Ito » El croquis, n°71, 1994, pp.19
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Toyo Ito : L’Homme et la nature · Soo-Ho Shin
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8. L’opacité de la maison aperçu
depuis l’extérieur
Sophie Roulet, Sophie Soulie, Toyo
Ito: l’architecture de l’éphémère, Paris
: Le Moniteur, 1991, p. 85
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9. Axonométrie de la maison
Andrea Maffei, Toyo Ito: Works Projects Writing,
Phaidon, 2002 p. 28
2
4
3
1
10. Vue intérieure
La lumière pénètre et se propage
par les parois
Sophie Roulet, Sophie Soulie, op.
cit., p. 86
5
1. entrée
2. séjour
3. chambre
4. cuisine
5. débarras
6. vide
zone fluide
Lumière
6
11. Plan de RDC (haut) et Mezzanine (bas)
5
5
17
Période du minimalisme (années 70) : de l’introversion à la fluidité spatiale
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La Maison d’aluminium 1971 « une baraque dans la galaxie »
Cette maison, construite dans la ville de Fujisawa située à l’ouest de Tokyo,
marque le point de départ dans son travail sur l’intériorité qui se développe à
l’abri de l’extérieur.
llé
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« L’utopie dont les métabolistes se réclamaient pouvait avoir une tout autre dimension
qu’urbaine. Selon moi, elle ne pouvait se réaliser au contraire que dans la maison, à
l’intérieur, presque en milieu clos »5 Toyo Ito
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Toyo Ito l’appelle « une baraque dans la galaxie » comme on peut le constater par
la géométrie du gabarit. (illustration 8) L’ensemble est symétrique par rapport à
l’axe nord-sud.
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L’extérieur du bâtiment est recouvert de bandes d’aluminium, ce qui donne un
aspect futuriste comme un vaisseau spatial. (illustration 9) Le matériau utilisé à
l’intérieur est en bois. Des éléments architecturaux tels que le grand portique en
bois et l’escalier abrupt renvoient aux maisons traditionnelles japonaise.
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Remarquable par son opacité, le soleil pénètre majoritairement par les puits de
lumière, deux extensions en toiture semblables à des cheminées. La façade nord
comporte très peu d’ouverture, alors que la façade sud est dotée de portes
fenêtres coulissantes translucides qui laisse pénétrer la lumière tamisée.
(illustration 10)
L’espace intermédiaire entre les deux maisons-baraques fait office de connexion
avec le paysage naturel et donne une vue sur la côte sauvage6.
La maison se déploie sur deux niveaux. (illustration 11) Au rez-de-chaussée, un
large espace dégagé est destiné au séjour et à la salle à manger, et à l’étage deux
pièces sont accessibles non pas par un escalier mais par une échelle comme la
maison parapluie de Kazuo Shinohara. (illustration 7)
Conclusion
Après l’analyse, la dualité est présente à plusieurs niveaux : premièrement avec
l’usage de matériaux intérieurs et extérieurs, deuxièmement dans son gabarit,
c’est à dire les deux volumes symétriques, et enfin dans les ouvertures entre la
façade nord et sud.
Ces dualités symbolise la dualité de la ville, à la fois la ville de science-fiction et
agglomérat de baraquements de l’Asie du sud-est. Toyo Ito continue à rechercher
l’intériorité introvertie par la maison U.
Finalement la fluidité spatiale apparaît grâce à la limitation des cloisons qui
permet aux corps naturel et humain de circuler librement, tout comme la lumière
qui se propage à l’intérieur de la maison.
5 Contal Marie Hélène, «Toyo Ito», Architecture Intérieure Créée, n° 234, février 1990, pp.135.
6 Patrice Goulet «Les anneaux de Mobius» in Toyo Ito pp. 20
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12. La maison en plein coeur de Tokyo
14. Vue depuis le couloir sombre
Sophie Roulet, Sophie Soulié, op. cit., p.21
16. L’espace commun à la fluide et ludique
Sophie Roulet, Sophie Soulié, op. cit., p.67
14
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13. Coque en béton sur le jardin central vide
Sophie Roulet, Sophie Soulié, op. cit., p.7
15. Lumière pénétrant par la fissure
17. Éclairage par les spots est un élément
complémentaire de l’espace émotionnel.
Andrea Maffei, op. cit., p. 32
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La maison U 1976
La maison construite en 1976 à Shibuya, quartier très dense de Tokyo, pour la
sœur aînée de Toyo Ito après le décès de son mari. (illustration 12) Cette maison
est également conçue comme un univers en soi pendant la période du
minimalisme. Toyo ito rappelle les objectifs de ce projet :
« Elle voulait une lumière pour laver son âme propre, dans le milieu de l’obscurité. Une
douce lumière entourée par les ténèbres. Cette image du mélange de la lumière et
l’obscurité a été mis en œuvre dans la maison U, le blanc fermé, l’espace tubulaire est
né, dans lequel la lumière tombe. Le sol noir frais du jardin intérieur représente les
ténèbres du naufrage de la famille dans le désespoir. L’obscurité d’un noir profond
répand devant les yeux de la famille a été en même temps aussi la «nature» dont la
famille avait rêvé et qui a été la raison pour laquelle la famille a cessé de vivre haute
dans l’air dans un appartement de gratte-ciel. L’état émotif difficile de la famille, le
désir introverti pour la vie - les murs en béton étaient là comme pour mettre une
clôture autour de ces choses »7
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Globalement la maison U est symétrique par rapport un axe nord-sud comme la
maison aluminium mais quelques éléments viennent casser la symétrie tels que
l’entrée, la partie chambres, et la partie service qui ne sont pas au même niveau.
(illustration 18,19)
Les ouvertures vers l’extérieur de l’espace commun sont très limitées au profit
d’un espace qui se sert de la lumière comme un élément constituant un espace
fluide. Par contre, pour les autres espaces privatifs tels que les chambres et les
locaux de service disposent de fenêtres qui laissent un éclairage naturel.
Pour Toyo Ito, l’utilisation du béton est plus qu’une solution constructive, il est le
reflet du mouvement moderne.
Le béton brut à l’extérieur qui fait allusion à une coquille lisse renforce l’aspect
statique de la construction. A l’intérieur, la blancheur immaculée en plâtre, avec
ses jeux de lumières subtils, presque métaphysiques, accentue le côté abstrait de
l’espace. Les murs blancs, nus, sont vus par Ito comme des écrans sur lesquels une
image peut être projetée. (illustration 17) Toute la qualité semble renforcer l’effet
et crée une émotion forte.
Dans cette espace, la lumière pénétrante par les « fissures » zénithales a été mise
en scène et intensifiée aussi bien par la paroi blanche, que par la qualité réflective
des surfaces courbes. La lumière naturelle et ses nuances jouent un rôle majeur.
La lumière est utilisée pour créer une limite ambiguë et une division de l’espace
de manière abstraite, sans avoir recours à des séparateurs (illustration 15). Le
bâtiment renvoie l’image du paysage atmosphérique, comme un miroir.
« Le traitement architectural est élaboré de façon à briser le moins possible la
souplesse des flux lumineux. Les éléments utilisés à cet effet, loin d’être classique tels
des plafonds, des poteaux ou des poutres, sont neutre et abstraits. Je les désignerai
7 Nobuhiro Tsukada «Reproduction» in Blurring Architecture 1971-2005, édition Charta, 1999
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zone fluide
Lumière
1. Salon & Salle à manger
2. Bureau
3. Chambre
4. Débarras
5. Cuisine
6. Salle de bain
7. Entrée
18. Coupe transversale
19. Plan de rez-de-chaussée
20. Tobishi : pas japonais
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sous le terme de morphèmes (en linguistique : le plus petit élément significatif réalisé
dans un énoncé) leurs rôles est de produire des halos dans les quelles formes et
couleurs des hommes aussi bien que des meubles se dissolvent en un dégradé qui
donne à l’espace un aspect de plus en plus souple. L’espace est une « métamorphose
de la lumière» »8
Et selon Toyo Ito le foyer lumineux n’est pas dans le patio mais réparti dans tout
l’espace intérieur.
« Les foyers lumineux qui matérialise les zones d’activités sont répartis dans le tube
comme autant de projecteur braqués sur des vitrines. En passant d’un point éclairé à
un autre, les utilisateurs tissent un espace souple comme s’ils marchais sur des Tobishi
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» (illustration 20)
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Pour obtenir une morphologie simple, la fluidité se limite à la partie courbée de la
maison. Cet espace polyvalent tout en blanc est utilisé pour jouer, manger et
méditer. (illustration 16) Cet espace se transforme en deux longs couloirs, l’un
distribuant les chambres, l’autre distribuant les locaux de service tels que la
cuisine ou la salle de bain. (illustration 19) Les deux couloirs sont sombres et
conduisent vers la lumière - une source en provenance de l’espace fluide en arc.
(illustration 14)
La métaphore du jardin de lumière inclut la notion de la fluidité spatiale comme
Toyo Ito le décrit:
« Au lieu de scènes clairement articulées comme les espaces d’un bâtiment, j’essaie de
créer des scènes qui glissent l’une vers l’autre. Cet espace est proche d’un
environnement de sons »11.
C’est la fluidité qui permet de mettre en évidence son point de vue. Ainsi, le «
Jardin de Lumière », se sert du phénomène de la lumière pour créer un espace
continu. L’intérieur est éclairé partiellement par la lumière naturelle qui pénètre
par le plafond pour donner l’impression d’un espace souterrain.
Toyo Ito explique comment l’espace continu est en relation avec la nature, lors de
la conversation avec Koji Taki, philosophe et critique d’art.
« Je sentais que l’architecture devait offrir un espace qui était à la fois continu et
évolutif à chaque tour, comme une promenade dans un jardin paysager. » 12
En plus de la lumière, le patio est un autre composant symbolique que Toyo Ito a
utilisé pour relier la famille en deuil à la nature : la terre. (illustration 13)
Dans le processus de conception l’état émotionnel de la famille a joué un rôle
crucial. Sa soeur a voulu se rapprocher de la terre. Le patio, vide et sans végétation
représente le jardin de la terre. Paradoxalement le mur épais en béton constitue
8 Toyo Ito, «L’architecture comme métamorphose», in Ecrits, collection « partition » Institut Français d’Architecture,
Edizioni Carte Segrete, 1991, pp. 38-39.
9 Pas japonais : s posées dans un jardin pour servir de passage
10 Toyo Ito, «La métamorphose permanent», in Écrits, collection « partition » Institut Français d’Architecture,
Edizioni Carte Segrete, 1991. pp. 37
11 Marianne Brausch, Marc Emery, L’architecture en questions : 15 entretiens avec des architectes, Paris : édition Le
Moniteur,1996, pp. 68.
12 Koji Taki « A conversation with Toyo Ito » El croquis n°71 1994 p17
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21. La maison et son contexte urbain diffus
et boisé
Andrea Maffei, op. cit., p. 38
23. La lumière et la toiture renforce
l’intériorité
25. façade sud-ouest de la maison à Kasama
22. Lumière comme outil de conception
Andrea Maffei, op. cit., p. 39
24. Comme la maison U, la maison devient
une toile,et le phénomène naturel devient un
pinceau..
Andrea Maffei, op. cit., p. 41
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Conclusion
Pendant la conception de cette maison, Toyo Ito a d’abord penser à l’image
intérieure de l’habitation pour ensuite concevoir l’extérieur unique de la maison,
d’une forme symbolique en U. Donc tout le projet se concrétise au profit des
effets que l’architecte a voulu obtenir : l’abstraction de l’espace, la lumière, le
matériau, et la forme inhabituelle, ainsi que les ouvertures à l’extérieur.
En commençant par l’idée de considérer la maison comme un jardin, le jardin de
lumière est à l’espace intérieur plutôt qu’au patio. Le lien entre le monde
extérieur et le monde intérieur se fait par pénétration et la mise en scène d’un
élément naturel tel que la lumière du jour par des ouvertures limitées. La quête à
l’espace à la fois évolutif et dynamique par le biais de la lumière, avec une forme
minimale, est la principale caractéristique de la période du minimalisme et cela
s’applique également à la maison Kasama.
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une barrière. Le patio n’est pas un foyer lumineux comme on pourrait le penser : il
est le symbole du naufrage de la famille, qu’il faut à la fois se protéger et
cohabiter.
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La maison à Kasama 1981
La maison est construite sur un terrain en pente orienté vers le sud, assez éloigné
du centre de Kasama, ville au centre de la préfecture d’Ibaraki du Japon.
Reconnue par la culture liée à la poterie, la Ville a une faible densité de bâtis de
part la présence d’une végétation abondante. De ce fait, la maison bordée
d’arbres profite de son contexte et s’ouvre davantage sur les champs.(illustration
21)Cette maison conçue pour un céramiste combine habitation et atelier, et
dispose de surfaces visuellement souples que l’on trouvait également à l’intérieur
de la Maison U.
Cette surface lisse se trouve également à l’extérieur avec la finition en couche
flexible imperméable.
Cela marque le début de l’atténuation de la limite entre intérieur et extérieur :
« Je n’étais plus concernés par l’intérieur ou l’extérieur du bâtiment, mais plutôt par la
division de la structure architecturale. Certaines personnes pourraient l’interpréter
comme une tentative d’évoquer un sentiment de légèreté. »13
La partie courbe semble s’inspirer la partie spatiale fluide de la maison U.
(illustration 28) La maison se divise en trois parties ayant chacune une fonction
spécifique : une galerie, sous le pignon nord, à la quelle on accède directement
par l’entrée, un atelier, une chambre, au niveau inférieur de la partie sud, et les
espaces d’habitation à l’étage supérieur. (illustration 27,28)
Les ouvertures sur les façades sont plus nombreuses que dans la maison U.
(illustration 25) Elles prennent des dimensions plus grandes, rendues possibles
par l’ossature en bois. La petite baie sur la toiture permet de mettre en scène la
13 Ibid., p18
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1 Entrée
2 Salon & Salle à manger
3 Galerie
4 Bureau
5 Solarium
6 Débarras
7 Cuisine
8 Services
9 Studio
10 chambre
11
12 salle de bain
13 toilettes
zone fluide
Lumière
26. Coupe transversale
27. Plan de rez-de-chaussée
28. Plan de 1er étage
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Période du minimalisme (années 70) : de l’introversion à la fluidité spatiale
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Tous les murs extérieurs sont couverts de panneaux souples dont la finition est
assurée uniquement par un traitement d’étanchéité.
Bien que la maison ait une structure en bois comme la maison aluminium, elle
n’est visible ni de l’extérieur ni de l’intérieur cachée par des écrans qui permettent
d’obtenir un espace lisse, fluide et neutre.(illustration 22)
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lumière comme la maison U.(illustration 24)
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Conclusion
La maison marque la transition dans l’œuvre de Toyo Ito entre la période du
minimalisme des années 70 et la période du primitivisme des années 80. En effet,
on peut retrouver des caractéristiques qui renvoient à la maison U comme
l’espace cerné de mur, générant une atmosphère solennelle. (illustration 23)
En parallèle, cette maison annonce ses projets des années 80, en marquant une
évolution vers un espace plus ouvert.
Même si elle s’ouvre davantage sur l’environnement, on retrouve dans cette villa,
tout comme dans la maison U, un contraste saisissant entre la souplesse de
l’articulation des espaces intérieurs et un extérieur plus ou moins ordinaire.
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Conclusion générale
Pendant cette période Toyo Ito agence les espaces blancs au tracé très simple, au
langage architectural dépouillé. On retrouve la plupart des concepts qu’Ito
développait alors dans son architecture : l’abri, la recherche de la fluidité et d’une
fragmentation minimale des espaces. Cela est obtenu par des jeux de lumière, et
des variations d’épaisseur. En contraste à des espaces créés par Hiroshi Hara et
Tadao Ando, l’espace intérieur de Toyo Ito n’a pas de direction pré-dominante. Les
contours se fondent et deviennent intangible.
Donc l’introversion des maisons construites pendant la période du minimalisme,
vient de la volonté de créer un monde unique.
Par analogie, chaque maison est symbole d’un jardin paysager uniquement conçu
suivant le besoin de l’occupant, dans le sens où ce jardin paysager évolue au fur et
à mesure qu’on se promène, à l’intérieur de l’espace fluide, par analogie au jardin
japonais.
Cela démontre que la qualité spatiale nippone est définie non pas par des
principes rationnels, mais elle est plutôt définie par une sensitivité aux émotions
humaines.
Bien que Arata Isozaki, Kazuo Shinohara et la prochaine génération d’architectes
comme Tadao Ando, ont continué avec la rhétorique du raffinement minimal, la
réalisation d’une expression typiquement japonaise, Toyo Ito a étudié ce que
l’orthodoxie architecturale avait «négligé», à savoir le rapport à l’environnement,
fluide et vivant.
« Après avoir fini la maison à Kasama, ma pensée sur l’architecture a changé
considérablement. Jusque-là, j’étais vraiment intéressé qu’aux espaces architecturaux
et aux formes. Mais la Maison Kasama m’a amené à traiter pour la première fois la
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29. Villa Savoye de le Corbusier
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30. façade est de la maison à Umégaoka & la
fenêtre en longueur et l’entrée
Andrea Maffei, op. cit., p. 308
31. Domino de le Corbusier
Kenneth Franmpton, L’architecture moderne : une
histoire critique, Thames & Hudson, 2006, p.153
32. L’intérieur de la maison hanakoganei
Les cloisons ne sont pas porteuses
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question de savoir comment se comportent les résidents individuels dans une
structure. [...], J’ai commencé à sentir que présenter de l’architecture formaliste qui
manquait d’un réel contexte social ne pouvait plus offrir le genre de message critique
social qu’il avait dans les années 70. J’ai commencé à me demander, s’il n’y avait pas
d’autres approches architecturales qui pourraient être plus vigoureusement engagées
aux questions de la ville, ou à des modes de vie des gens. »14
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1.2 Fluidité spatiale : la maison comme support des flux humains et
naturels
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À partir des années 80, la ville de Tokyo n’est plus dans l’état où il l’avait connu
dans les années 60-70 aux yeux de Toyo Ito, et cela modifie sa réflexion
architecturale. Après la maison Kasama, Toyo Ito conçoit des maisons plus proche
du mouvement moderniste occidental, en particulier comme celles de Le
Corbusier.
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Or Le Corbusier, dans un souci de rapprochement entre l’homme et la nature
accordait une grande importance à l’exposition abondante des habitations
logements à l’air, et à la lumière du jour. Le Corbusier a également établi la norme
pour l’architecture moderne, avec des volumes, des proportions et les «cinq
points de l’architecture moderne » : les pilotis, le toit-terrasse, le plan libre, la
fenêtre en longueur, et la façade libre. La théorie fondée sur la science et la
rationalité.
« Mes maisons et celles de Le Corbusier essaient toutes les deux de créer des rapports
positifs avec la nature. Cependant, la différence fondamentale ne réside pas dans la
relation avec la nature mais dans le sens où l’homme et l’architecture existent dans
une société informatisé et dans l’autre la société n’était pas encore sur le point d’être
informatisée » 15 dit Toyo Ito.
Dans ce discours, Toyo Ito pense que ses maisons instaurent le rapport positif
avec la nature, une relation mutuellement bénéfique.
Toyo Ito s’inspire du projet « Dom-ino Houses » de Le Corbusier (illustration 31)
, et il surnomme volontairement ses prochains projets en « Domino House ».
Comme la maison industrialisées de le Corbusier, la maison à Umégaoka fut
construite « sans proposition stylistique » à prix modéré. Elle est basée sur l’emploi
d’une structure métallique légère » pour une maison flexible aux besoins de
l’utilisateur. (illustration 32)
« Les travaux s’effectuaient jusqu’à la réalisation de l’ossature métallique et des dalles
de bétons. Il suffisait ensuite de respecter les exigences architecturales des habitants ».
14 Koji Taki « A conversation with Toyo Ito » El croquis, n°71, 1994, p.19
15 Toyo Ito, «simple line for Le Corbusier», in Andrea Maffei,Toyo Ito: Works Projects Writing,
Phaidon press, avril 1994
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1 Entrée
2 Circulation
3 Rangement
4 salon & salle à manger
5 Cuisine
6 bureau
7 bibliothèque
8 Douche
9 Chambre
10 vide sur le couloir
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Lumière
33. La poutre métallique laissée apparente
35. Plan de 1er étage
34. La montée en tant que promenade
36. Plan de rez-de-chaussée
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De la forme d’un bloc, le bâtiment est peu imposant et dégage une certaine
légèreté depuis l’extérieur par des parements extérieurs. (illustration 30)
La fenêtre en longueur sur la façade rappelle celle de la villa Savoye de Le
Corbusier. (illustration 29)
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Maison à Umegaoka 1982
La première maison domino réalisée à Umégaoka en 1982 se situe à Setagaya-ku,
l’arrondissement le plus peuplé de Tokyo. C’est dans un site entouré de
nombreuses maisons individuelles avec une touche traditionnelle et de petits
appartements que cette villa au style corbuséen a été implantée.
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En construisant une série de maisons «Domino», dont la maison à Umegaoka fait
partie, l’architecte veut offrir une liberté de déplacement dans les deux niveaux,
en adaptant le plan libre de Le Corbusier.
Cependant l’ossature des maisons dom-ino de le Corbusier était constituée des
poteaux dalle plutôt que poteau poutre comme la maison à Umégaoka.
Dans ce système structurel en acier, la façade n’étant plus porteuse, elle est
constituée des parements en béton qui viennent cloisonner l’espace intérieur. La
structure est laissée apparente à l’intérieur.
Le plan rectangulaire et l’enveloppe fine en panneaux préfabriqués attachés à la
structure en acier offre à l’ensemble du projet une simplicité à la fois dans la
lecture spatiale et dans la mise en œuvre.(illustration 35, 36)
La superposition des deux niveaux est importante dans le sens où le Corbusier
avait considéré la montée comme une séquence principale de la promenade
architecturale, en tant que « visibilité du sens naturel de la découverte »16
(illustration 34)
N’ayant pas de mur aveugle, La lumière naturelle éclaire les espaces communs et
les chambres par la fenêtre en longueur orientée sud et des ouverture ponctuelles
sur les autres façades, tout comme le Corbusier qui a joué finement avec la
lumière.(illustration 33)
Conclusion
La maison construit de façon pragmatique, sans surplus, ne respecte pas tous les
cinq points de Le Corbusier.
Dans ce projet, dans laquelle la structure est laissée apparente, la fluidité spatiale
n’est pas visuelle comme on a vu dans les projets précédents.
Cette fluidité spatiale vient en fait de l’agencement des espaces favorisant la
pénétration d’éléments naturels tels que le vent et les lumières de façon fluide.
C’est une architecture sensible à la nature, une qualité que l’on trouve également
dans les maisons vernaculaires. Comme le Corbusier avait reconnu cette qualité
en tant que moyen possible de relier l’habitation et ses occupants à la nature,
Toyo Ito a lui aussi essayé de mettre en valeur cette qualité inhérente dans son
architecture.
16 Jean Tarica, Histoire d’architecture, Marseille : édition Parenthèse, 2003, p.141
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37. Façade est largement ouvert sur
l’extérieur
38. la maison constituée de deux volumes
: l’un, partie chambre et l’autre partie
commune
40. Doma dans une maison traditionnelle
39. des ouverture limité à la façade ouest
41. Terrasse inspirée de Doma
Andrea Maffei, op. cit., p. 308
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« Son travail possède une énorme diversité. Cela comprend les segments qui éveillent
en nous une sensibilité à la générosité de la nature qui est liée à l’architecture
vernaculaire de la mer Egée ou de l’Inde, ainsi que les caractéristiques fortement
manipulée et composé de couches transparente qui sont profondément liés à l’art
cubiste, ou, comme Colin Rowe l’a souligné, lié aux rythmes de l’architecture classique
qui sont ancrées dans la modernité de façon latente. Bien que je ne sois pas réellement
entiché de Le Corbusier, son influence sur moi a probablement toujours été évidente,
sinon entièrement totalement inconsciente, »17 dit Toyo Ito.
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Période du minimalisme (années 70) : de l’introversion à la fluidité spatiale
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Maison à Hanakoganei 1983
Toyo Ito conçoit la maison Hanakoganei en 1983 dans la ville de Kodaira, dans la
préfecture de Tōkyō. Comparé à Setagaya-ku de Tokyo où se situe la maison
Umégaoka, c’est une ville suburbaine peu dense, constituée de pavillons et de
bâtiments de faible hauteur.
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Ce bâtiment est issue de l’union des deux volumes semblables par leur largueur
et leur hauteur, mais différents par la longueur, la forme de toiture et par le
contenu.(illustration 38)
« Elle est constitué, comme l’indique la façade, d’un espace ouvert sous la toiture en
voûtes et d’un espace fermé sous une toiture à double pentes, utilisable selon le temps
ou la saison. A parler franc, ma préoccupation principale allait à l’espace ouvert »18 .
Cette villa à deux étages réunit les avantages d’un abri et ceux d’un espace
ouvert. Son plan est basé sur l’articulation de deux espaces bien distincts. Le
premier sous la toiture voûtée, ouvert sur l’extérieur et ensoleillé. Le second, sous
une toiture à double pente, qui abrite la partie privée, plus retiré mais aussi plus
fermé.(illustration 44)
Par ailleurs, la particularité dans cette maison se trouve dans le décalage de
niveau entre les dalles de ces deux volumes comme l’on peut le remarquer dans la
coupe et dans la photo. (illustration 41) Ce décalage vient de la culture
traditionnelle japonaise. En mettant la partie commune - le salon et la salle à
manger - au niveau le plus bas par rapport à la partie plus intime, Ito s’inspire de
l’organicité de doma, le sol en terre que l’on trouve généralement dans un minka,
une maison traditionnelle japonaise.(illustration 40)
Contrairement aux autres façades, disposant des fenêtres de façon ponctuelles
(illustration 39), La façade sud laisse pénétrer abondamment la lumière du jour
pour éclairer la partie voûtée abritant l’espace commun, comme une sorte de
terrasse, grâce aux grandes ouvertures à l’extérieur. (illustration 37)
La maison se tient par la structure en acier, ce qui permet de grandes ouvertures
au sud. La partie qui abrite les chambres est encloisonnée par les parements en
béton, à la fois de bonne inertie thermique et adaptée à l’intimité.
17 Koji Taki, op. cit., p. 22
18 Toyo Ito, « Sur l’architecture du vent », Écrits, collection « partition » Institut Français d’Architecture, Edizioni Carte
Segrete, 1991. p .21
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Toyo Ito : L’Homme et la nature · Soo-Ho Shin
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1 cour / jardin
2 studio
3 chambre tatami
4 salle de séjour
5 salle à manger
6 cuisine
7 chambre tatami
8 salle de bain
9 chambre
10 remise
11 chambre d’enfant
12 chambre Tatami
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Lumière
42. RDC
44. Coupe transversale
43. 1er étage
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Période du minimalisme (années 70) : de l’introversion à la fluidité spatiale
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Conclusion
La nature est présente dans ce bâtiment de façon abstraite et indirecte, par
l’intermédiaire de l’architecture vernaculaire qui renvoie au naturel. Ito ne reprend
pas superficiellement les formes de l’architecture traditionnelle, il isole son
essence pour composer un nouveau modèle d’expression totalement dévoué au
présent.
Cette articulation entre deux espaces simplement différenciés par leur rapport à
l’extérieur se retrouvera dans ses prochains projets. (illustration 59)
L’intérêt réside dans la liberté et la fraîcheur avec laquelle il aborde la recherche
architecturale. Son répertoire d’inspiration va des engins spatiaux à la maison
japonaise traditionnelle, de la puce électronique à la cérémonie de la floraison des
cerisiers, des médias contemporains aux arbres de la forêt.
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Chaque local de la maison dispose d’au moins une fenêtre qui permet d’éclairer
naturellement et de donner la vue extérieure.(illustration 42, 43 et 44)
Les deux façades est et ouest disposent très peu d’ouvertures à l’extérieur.
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44. quartier commercial à Tokyo dans les années 80
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Toyo Ito : L’Homme et la nature · Soo-Ho Shin
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Période du primitivisme (années 80) :
de l’immatérialité à l’éphémère
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Au début des années 80, après la période du primitivisme, l’intérêt que Toyo Ito
porte sur la question de habitat se penche de plus en plus à la légèreté et à la
fugacité que l’on commençait à remarquer dans la maison Hanakoganei qui
marque une évolution de l’introversion vers l’extraversion.
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« il désavoue alors ses premiers projets, selon lui trop lié à son subconscient, et se
proclame affranchi de cet attitude et de ses règles rigides. Il commence alors à
produire une architecture légère, témoignage de l’éphémère d’une ville aux
changements incessants, » 19 écrit Yan Nussaume, architecte et spécialiste de
l’architecture japonaise pour expliquer ce rebondissement dans les travaux de
Toyo Ito.
À bien des égards, l’intérêt qu’il porte à la ville reste encore centré sur la manière
de vivre des gens (illustration 44), plus que sur la structure urbaine. L’un des
principes de l’architecture de Toyo Ito correspond à l’architecture poreuse qui
vient bercer les éléments naturels comme le vent et la lumière.
2.1 Architecture
poreuse dans la tradition japonaise
Les japonais entretiennent une relation très particulière et forte avec la nature et
ses cycles. La volonté de respecter le contexte dans lequel la tradition japonaise
s’inscrit et de s’affirmer par un rapport audacieux avec la nature et
l’environnement se traduit par une architecture poreuse. L‘architecture
qu’envisage Toyo Ito correspond à l’architecture poreuse.
«Une architecture poreuse est une architecture qui laisse la vie et les actions des
hommes la traverser» 20ex-plique Benoit Goetz, philosophe et critique
d’architecture.
Dans des maisons traditionnelles japonaises, les murs intérieurs et extérieurs sont
19 Yann Nussaume, Anthologie critique de la théorie architecturale japonaise, Ouzia, 2004, pp.347
20 Goetz Benoît, La Dislocation : Architecture et Philosophie, édition Verdier, 2001, pp.191
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46. Shoji
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45. Minka, maison traditionnelle japonaise
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Toyo Ito : L’Homme et la nature · Soo-Ho Shin
47. La hutte primitive de Abbé Laugier
48. Chambre Tatami de la hutte d’argent
Andrea Maffei, op. cit., p. 49
49. Température et précipitation à Tokyo
Source : Japan Meteorological Agency
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fins et poreux, grâce aux fenêtres munies de papier de murier translucide. Le
papier de murier et shoji fournit une limite poreuse qui unit l’architecture à la
nature (illustration 46), une culture transmise de génération en génération qui
s’avère parfois inconfortable au niveau du bien-être. Il faut admettre que les
maisons traditionnelles japonaises sont basées plutôt sur la culture propre au
Japon qui met l’accent sur la symbiose avec la nature. (illustration 45) Amos
Rapoport le démontre ne expliquant que la culture locale est l’un des points le
plus déterminant dans la construction d’une maison.
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Période du primitivisme (années 80) : de l’immatérialité à l’éphémère
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« Au Japon on suit aisément l’impact de la maison conçue en fonction des coutumes
(et non du climat). La maison traditionnelle y varie peu de subarctique Hokkaido au
nord à la subtropicale Kyushu au sud, à l’exception de la solidité de la charpente, de la
largeur de l’auvent et parfois l’utilisation d’arcades dans les rue au nord. Quand les
japonais se répandirent du sud au nord, ils emportèrent avec eux la maison assimilée
à leur culture. Même les Ainu, les habitants autochtones du nord abandonnèrent leurs
maisons à murs épais pour les fragiles maisons des conquérants japonais »
21
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D’un projet à l’autre, bien qu’au départ Toyo Ito construise des maisons
introverties aux murs épais, il amincit les enclos de ses bâtiments jusqu’à ce qu’ils
deviennent quasi-absentes, voire immatériels.
Habiter dans une maison sensible au changement de climat peut s’avérer difficile
mais l’immatérialité est possible, premièrement grâce au climat de la région
Tokyo doux tout au long de l’année. (illustration 49) L’hiver est relativement doux
et sec, avec peu ou pas de neige : moyenne minimale de 5 à 6° C en janvier et au
mois de février. Deuxièmement l’immatérialité est possible grâce aux japonais qui
sont depuis très longtemps habitués au froid dans leur maison qui dispose en
effet de moyen de chauffage en hiver très limité (le kotatsu) dû au système de
Tatami (illustration 48).
Par contre les étrangers y vivent mal pendant la saison hivernale. Ce constat
permet d’induire que la conception d’une enveloppe immatérielle est avant tout
liée au contexte géographique et à la culture locale. Cette culture permet de
mettre en évidence certaine faiblesse au niveau de l’isolation à la fois thermique
et phonique.
2.2 Légèreté,
fugacité éphémère qui renvoie à naturalité
Toyo Ito reconnaît que le « jardin des vents » trouve une source d’inspiration dans
les foyers locaux de la ville de Hyderabad, en Inde et de la ville d’Emurani en Iran.
« Les capteurs de vent de Hyderabad ont des panneaux réflecteur tandis que ceux
d’Emurani sont des tubes long et peu profonds percé de fentes. [...]Le vent capté par
ces tubes est répartis dans chacune des pièces de la maison construites en briques
séchées à l’air puis il ressort dans la cours. On peut imaginer la sensation agréable du
vent qui pénètre et souffle à travers une telle maison en terre comportant peu de
21 Amos Rappoport Pour une anthropologie de la maison, Paris : Dunod, collection « Aspects de l’Urbanisme »,
1972, p. 207
Toyo Ito : L’Homme et la nature · Soo-Ho Shin
50. Vue aérienne de la Hutte d’argent bordée d’arbres
TAKI Koji, « a conversation with Toyo Ito » El croquis, n°71,
1994, p.19
51. Vue détaillée sur la toiture
Sophie Roulet, Sophie Soulie, op. cit., p. 35
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52. Axonométrie éclatée du système constructif
Yann Nussaume, Toyô Itô : structures légères, détails,
édition le Moniteur, 2003. p.35
53. Jardin-patio central
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Période du primitivisme (années 80) : de l’immatérialité à l’éphémère
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Cela nous permet de déduire que la hutte primitive indépendante de son
contexte géographique et temporel devient la référence centrale de cette période
du primitivisme des années 80. Pour rappeler la hutte primitive qui apparaît au
XVIIIème siècle par M.A. Laugier, (illustration 47) voici l’extrait :
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fenêtres [...] Pour en revenir à Hyderabad, c’est la force primitive de cette architecture
qui m’avait frappé et non son adaptation à une époque et à une région. »22
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« L’homme a besoin d’un lieu pour son repos. C’est pourquoi il trouve un pré le long
d’un cours d’une d’eau tranquille. La verdure lui réjouit les yeux : sa texture délicate
l’attire. Il se laisse doucement glisser sur le tapis strié et rêve de s’abattre sur ce don de
la nature. Il n’a besoin de rien de plus. Il sent bientôt, cependant que la chaleur du
soleil lui brûle la peau, ce qui le force à chercher un abri. Il trouve alors une forêt où il
profite de l’air frais sous les arbres [...] Quelques branches coupées dans les bois lui
servent à réaliser la base de son plan. Il ramasse les quatre plus solides qu’il puisse
trouver et les dispose en carrée à la verticale. Il place ensuite pardessus quatre
branches à l’horizontale. Il y ajoute alors d’autres branches à l’oblique en les joignant
deux à deux en un point pour former un v renversé. Le toit qui doit faire écran au soleil
et à la pluie est constitué d’une masse dense de feuilles. C’est alors que l’homme
devient habitant d’une maison...L’origine de l’architecture n’est rien d’autre que la
répétition de ce processus. Le modèle de hutte primitive décrite ci-dessus a servi de
moteur à l’imagination architecturale la plus débridée. »23
Les maisons de la période du primitivisme s’inspirent de la hutte primitive, dans
lesquelles l’enveloppe est une simple maille d’aluminium flottante, aussi légère
qu’une étoffe.
La Hutte d’Argent (Silver Hut) 1984
C’est le projet symbolique de la période du primitivisme qui correspond
également à la période du « Jardin des vents ». D’après Toyo Ito il s’agit d’une «
caverne contemporaine », un abri adapté à la vie nomade, dans la métropole
congestionnée qu’est Tokyo.
Selon l’architecte la ville de Tokyo est constituée de flux d’éléments aussi bien
naturels comme le vent et la lumière qu’artificiels comme les réseaux
d’informations numériques. La maison est un amas de couche de pellicule en tant
qu’ « architecture pelliculaire » qui permet de filtrer ces flux, au profit de l’Homme
qui y habite.
Réalisée en 1984 pour résider avec sa famille, la Hutte d’argent - «Silver Hut» en
anglais - se situe à coté de l’ancien site de la maison white U détruite en 1999. La
hutte d’argent se différencie de la maison U par l’ espace très ouvert dans un
contexte urbain dense. (illustration 50) Aujourd’hui elle n’existe plus et l’immeuble
de bureaux, construit pour l’agence de Toyo Ito occupe le même site.
22 Toyo Ito, « architecture du vent», op cit., p. 23
23 _, « la hutte primitive dans la cité contemporaine », op cit p. 55
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54. Plans de la hutte d’argent
Transparent
Translucide
55. Trame d’un plan d’une maison typique à Kyoto
1 cour / jardin
2 studio
3 chambre tatami
4 salle de séjour
5 salle à manger
6 cuisine
7 atelier
8 salle de bain
9 chambre
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11 chambre d’enfant
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La Hutte d’argent est asymétrique. La plus grande voûte abrite le patio central,
espace semi-extérieur qui peut servir à de nombreux usages, selon le temps et les
saisons. (illustration 53) Un vélum amovible permet de moduler la ventilation et
l’éclairage comme la cloison mobile de la maison traditionnelle japonaise. Les six
autres voûtes plus petites abritent quant à elles les espaces plus intimes. Cet
ensemble de voûtes, sous lesquelles Ito a développé des aménagements
intérieurs disposant chacun d’une physionomie propre, renvoie à un hameau de
huttes primitives.
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Période du primitivisme (années 80) : de l’immatérialité à l’éphémère
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Tous les éléments de cette construction sont revêtus de matériaux artificiels.
Contrairement au bois, et à la pierre, l’utilisation des matériaux artificiels comme
l’aluminium et le béton dans la structure et l’enveloppe pour davantage de
légèreté et porosité semble creuser un fossé entre la maison et la nature. Mais
Toyo Ito l’utilise comme des matériaux naturels
« pour Ito, les matériaux comme l’aluminium, le polycarbonate ou l’acier sont
l’équivalent d’élément naturels, comme la terre, la pierre ou le bois »24
Afin de rendre un aspect immatériel, l’architecte a tout d’abord remplacé les murs
de maçonnerie par des écrans en feuilles d’aluminium pour les espaces communs.
Ensuite la couverture est volontairement absente à quelques endroits, (illustration
51) ce qui donne un aspect à la fois inachevé et primitif. L’espace est continu,
fluide et peut être complètement ouvert, à l’instar des maisons traditionnelles
japonaises.
Les locaux s’organisent autour du patio considéré comme un jardin central telle la
maison traditionnelle qui s’organise autour d’une cour centrale ouverte.
(illustration 54) Inspiré de maison traditionnelle à Kyoto (illustration 55), dans le
plan basé sur une trame de 3,6 x 3,6 m, les poteaux sont surmontés d’un
ensemble de sept voûtes. La structure de la toiture est constituée de modules
triangulaires assemblés et boulonnés les uns avec les autres. (illustration 52)
« Cette structure est l’aboutissement de l’étude que nous avons mené pour essayer de
trouver une charpente de comble semblable à celle de hutte primitive mais applicable
à la ville contemporaine de Tokyo. Il nous faut admettre que, malgré leur beauté, les
charpentes des maisons ancienne ne sont pas transposable à notre époque»25 Toyo
Ito
Conclusion
Dans cette période les projets de Toyo Ito dispose d’une architecture poreuse et «
pelliculaire ». Dans l’architecture pelliculaire, une fine pellicule expansée de
l’intérieur fait office de peau extérieure.
Finalement la période du primitivisme se caractérise par le retour à la tradition
dans laquelle l’homme est plus proche de la nature.
« L’architecture « comme métaphore du vent » trouve sa filiation dans ces réalisations
24 Yoshitaké Doi « simplifier le processus de construction » in Yann Nusaumme Toyô Itô :
structures légères, détails, édition Le Moniteur, paris, 2003 p.19
25 Toyo Ito, «Sur l’architecture du vent», op cit., p. 25
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Toyo Ito : L’Homme et la nature · Soo-Ho Shin
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56. vue extérieur de la maison
Andrea Maffei, op. cit., p. 310
57. Panneaux d’acier galvanisé
Sophie Roulet, Sophie Soulie, op. cit., p. 34
59. La chambre de jour
58. Maquette
Sophie Roulet, Sophie Soulie, op. cit., p. 41
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Période du primitivisme (années 80) : de l’immatérialité à l’éphémère
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Maison à Magomezawa 1986
Après la maison Silver Hut, Toyo Ito construit la maison à Magomezawa en 1986
pour un jeune couple dans un quartier résidentiel près de la ville de Funabashi, la
septième plus grande ville de l’agglomération de Tōkyō. (illustration 56).
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traditionnelles sans lourdeur institutionnelles. C’est une architecture adaptée au corps
humain, flexible et fraîche. »26
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«Ce concept d’un espace ouvert équipé d’une façade transparente, proche d’une
membrane et d’un toit-voûte léger est identique à celui de la hutte d’argent. C’est
une expression de mon souhait d’envelopper nos corps d’un confort sans poids
similaire à un vêtement.» Toyo Ito
Cette maison est basée sur un contraste fort entre un cube de béton semi -enfoui
dans le sol et une structure métallique ouverte à l’extérieur, simplement protégée
par une toiture d’acier légèrement recourbée. (illustration 61) Comme la hutte
d’argent, une partie de la structure est laissée apparente, pour donner une
impression d’inachèvement et, d’incomplet. (illustration 58)
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L’enjeu était de construire une maison qui permet à la lumière et au vent de
traverser librement la salle polyvalentes utilisée pendant la journée munie de
cloisons coulissantes. Pour ce faire, des panneaux d’acier galvanisé27 ont été utilisé
et forment des membranes comme une peau - skin-like membranes en anglais ce qui laisse entrer la lumière et le vent. (illustration 57) Néanmoins, une autre
couche de panneaux de la façade permet de garder la salle intime par un effet de
recouvrement. En contraste avec la partie du jour, la salle du soir avec la cuisine et
la salle à manger au rez-de-chaussée sont encadrés par un bloc du béton.
(illustration 61,62) Ces deux espaces très contrastés sont reliés à l’espace semi
extérieur composé d’une buanderie et d’une terrasse.
L’ensemble de maisons est éclairé par la lumière naturelle, au sud de la façade
dotée de grandes ouvertures coulissantes dans la partie commune en béton. En
outre la chambre au premier étage est éclairée par la lumière tamisée des
panneaux translucides en acier.
Conclusion
Cette maison dans la même veine que la hutte d’argent par son caractère
immatériel et inachevé, dégage une légèreté matérielle bien que la maison ne soit
pas intégralement recouverte des panneaux perforés. L’originalité de cette maison
réside dans la retournement des conventions : la maison n’a pas de chambre,
l’espace de vie est répartie sur les deux niveaux. Pendant la journée il n’est plus
encadré en béton, mais par des panneaux filtrants : cet espace «transpire» et
échange les flux naturels par le biais de l’immatérialité. (illustration 59)
26 Toyo Ito, « L’architecture comme métamorphose», op cit, pp.39
27 Les panneaux sont similaires à ceux utilisés temporairement dans les chantiers pour bloquer un endroit de
l’accès public.
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60. Coupe transversale de la maison à Magomezawa
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Toyo Ito : L’Homme et la nature · Soo-Ho Shin
61. Rez-de-chaussée de la maison à Magomezawa
Transparent
Translucide
1 couloir
2 chambre
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4 salle de bain
5 salle à manger
6 bureau
7 terrasse
62. Rez-de-chaussée de la maison à Magomezawa
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Période pratique (années 90 à nos jours) : dualité entre naturel et artificiel
pour les nomades qui vivent dans les forêts artificielles
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On retrouve l’ « architecture pelliculaire » dans les deux projets « Paos ». Dans un
premier temps, une installation datant de 1985 intitulée « Pao : Un Abri pour
Femmes Nomades de Tokyo» est disposée dans le grand magasin de Seibu à
Tokyo sur le thème « un espace d’habitation moderne ». (illustration 63) Quatre
ans plus tard en 1989 «Pao II : Un Abri pour Femmes Nomades de Tokyo» a été
installé à l’occasion de l’expo «Transfiguration», dans le cadre de l’Europalia Japon
à Bruxelles. (illustration 65) Il s’agit de recherches théoriques que Toyo Ito a
développées en parallèle pour pousser sa théorie d’ « architecture pelliculaire »
jusqu’au plus haut degré.
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2.3 Abri
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Le Pao I 1985
Directement inspiré par la yourte des Mongols, Le Pao I a la forme d’une tente
circulaire qui intègre des mobiliers de base tels qu’une table, une chaise et un lit. Il
est construit à l’aide d’une armature métallique légère partiellement couverte par
des panneaux métalliques perforés.
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Le Pao II 1989
Conçue dans le même esprit, le maison portable appelée Pao II a une
morphologie plus aérodynamique, qui semble pouvoir flotter dans l’air. Ce
polyèdre est composé de triangles contenant le plancher, en matériau acrylique,
et une enveloppe translucide laissant d’entrevoir les meubles à l’intérieur comme
un filtre. (illustration 64)
Les mobiliers et le revêtement extérieur sont faits à partir des matériaux
semblables. (illustration 66) Ils enveloppent le corps humain comme des
vêtements, en tant qu’extension de notre peau. Réciproquement l’abri est comme
une peau humaine.
« Au lieu de parois protectrices, il fallait peut-être penser en termes de filtres, d’écrans
poreux entre maison et ville pour que des échanges s’établissent » 28. Toyo Ito
Parallèlement, pour Toyo Ito les habitants de Tokyo sont des « nomades qui errent
dans les forêts artificielles». Leur mode de vie a changé, et la maison doit réagir à
ce nouveau paradigme.
« Ma hutte intitulée « Pao » Un abri pour femme nomade de Tokyo » est la
modélisation d’une résidence urbaine pelliculaire. Les meubles placé dans la hutte
translucide sont également couvert d’étoffes, elles aussi translucides, qui paraissait
être leur vêtement. [.. .]Il me semble qu’il exprime mieux encore l’espace pelliculaire
que les structures métalliques de la Hutte d’argent » ou de la maison de
Magomezawa. »29
28 Marie Hélène Contal, «Toyo Ito», in Architecture Intérieure Créée, n°234, fév.1990, pp.139.
29 Toyo Ito, « Un espace recouvert d’une pellicule translucide », in Écrits, collection « partition » Institut Français
d’Architecture, Edizioni Carte Segrete, 1991, p.49
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64. Axonométrie des deux Paos
Inaki Abalos, Juan Herreros, «Toyo Ito, light time»,
El croquis, n°71 p.33
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63. Pao I, maquette de la maison de nomade
Andrea Maffei, op. cit., p. 52
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1. Pao I
Sophie Roulet, Sophie Soulie, op. cit., p. 157
65. Pao II, suspendue pour montrer sa légèreté
Andrea Maffei, op. cit., p. 82
66. Vue intérieur de la Pao I
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Période du primitivisme (années 80) : de l’immatérialité à l’éphémère
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Conclusion
L’architecture pelliculaire a néanmoins ses limites, puisqu’elle ne peut pas assurer
l’intimité des habitants, ou la protection contre le climat changeant. Le projet Pao
est l’aboutissement de ses réflexions sur la fugacité d’une maison individuelle.
L’emploi des thermes comme « primitivisme » ou « nomade » fait allusion à jadis,
au moment où l’Homme était encore nomade dans la nature sauvage. Dans ce
sens l’oxymore « Tokyo qui est une forêt artificielle » est à la fois intéressant et
cache un paradoxe.
«Fûdo» le terme japonais, qu’on emploie souvent au sens d’environnement
naturel, comporte néanmoins une acception culturelle. Il est plus proche du
«milieu», au sens naturel et culturel. Cette ambivalence révèle que, dans la
pratique d’un milieu donné, nature et société sont inséparables.
Ainsi, la nature peut s’exprimer dans le langage de la culture, et ainsi, passer de
nature sauvage à nature construite. Ainsi, c’est peut être dans les édifices les plus
éloignés de la nature sauvage que la nature comme processus est le plus visible.
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Dans l’architecture « pelliculaire », tout espace est fugace comme la vapeur, sans
qu’on s’en aperçoive, pour finalement disparaître. Elle vise à offrir une image assez
irréelle, illusionniste.
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67. Assemblage similaire au système tenon mortaise
Yann Nussaume, op. cit., p.164
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68. Façade sud de la Maison K
Andrea Maffei, op. cit., p.227
69. Schéma d’éclairage et de ventilation
naturelle
Andrea Maffei, op. cit., p.228
70. Complexité dans les détails de la façade
Yann Nussaume, op. cit., p.165
71. Solarium
MAFFEI Andrea, op. cit., p. 230.
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Période pratique (années 90 à nos jours) :
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Selon Toyo Ito l’architecture ne cesse de se rapprocher de la nature, aidée par les
nouvelles technologies. Il pense que :
« Plus la technologie évolue, plus l’homme se rend compte qu’il est partie intégrante
de la nature »30 . Cela peut être totalement paradoxal voire dérisoire, si on pense
que la technologie a fait éloigner l’homme de la nature. Mais l’architecture a
bénéficié de la technologie depuis longtemps, et Toyo Ito a toujours essayer
d’introduire les techniques modernes. Par conséquent ce discours acquiert du
sens si et seulement si Toyo Ito se sert de la technologie pour introduire la nature
comme processus qui le relie à l’Homme. Comment introduit-il la technologie
dans le rapport entre l’Homme et la nature ?
3.1 «
Blurring Architecture » et son double caractère
« L’architecture pelliculaire » évolue, au fil de temps en « Blurring architecture »,
l’architecture floue en français. Elle fait l’apparition dans les années 90 à l’occasion
de la médiatique de Sendai. La « blurring architecture » vise à favoriser les flux
des individus qui vivent dans deux mondes distincts: le monde réel et le monde
électronique.
On a vu dans la partie précédente que l’architecture pelliculaire est comme une
prolongation de la peau humaine et qu’elle contrôle en cela une relation avec
l’environnement. Cette membrane doit être sensible et capable d’échanger les
informations comme notre peau qui nous rend sensible à la variation
atmosphérique.
Dans la blurring architecture, la naturalité s’obtient par des éléments à caractère
artificiel qui servent à créer des espaces plus libres et dynamiques intégrés à la
nature. Toyo Ito prend un exemple :
« Imaginons, par exemple, des rideaux installés sous des cerisiers où les gens
s’assemblent lors de la floraison, événement extrêmement momentané. Ils ont choisi
un terrain adéquat pour y poser un tapis et ont, ensuite, dressé des rideaux autour du
lieu prévu pour le banquet en fonction du vent et de l’ensoleillement. C’est un filtre
30 Ibid., p. 49
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72. Coupe transversale de la maison K
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73. Plan de R DC de la maison K
1 entrée
2 pièce japonaise
3 séjour
4 salle de bain
5 solarium
6 toilette
7 chambre
8 cuisine
9 vide
10 chambre d’ami
11 terrasse
74. Plan de 1er étage de la maison K
Transparent
Translucide
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minimal dressé entre les activités des hommes et les mouvements de la nature,
symbole d’une action architecturale primitive bien intégré dans son contexte. » 31
Dans cette anecdote, les éléments artificiels sont le tapis et les rideaux.
L’essentiel de la « Blurring Architecture » est exprimé avec des limites douces qui
peuvent réagir en réponse à l’environnement naturel. Elle suscite une relation
interactive entre l’Homme et la nature.
Pour la réaliser, Toyo Ito clarifie l’enjeu et fait la distinction entre la théorie et le
projet d’architecture.
« Tout en cherchant à donner une certaine liberté à l’architecture, nous devons
faire face à son aspect conservateur. Supposons que j’ai imaginé une architecture
d’un abri aussi souple qu’une pièce d’étoffe flottant au vent. Je peux le redessiner
en lui donnant toute la légèreté souhaité. Mais si je dois faire un projet
architectural, des restrictions économiques ou réglementaires de toutes sortes
viennent s’opposer à cette liberté. [...] Le mot d’ «étoffe » n’est qu’une expression
métaphorique. Il nous faut trouver une solution architecturale correspondant à
cette image. [...]L’action doit toujours se situer entre image libre et les restrictions
institutionnelles mettent en travers de la réalisation, » dit Toyo Ito.
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Maison K à Sakurajosui 2000
La maison se situe dans l’arrondissement de Setagaya à Tokyo, dans le quartier
résidentiel éclectique, le même quartier où la maison à Umegaoka a été
construite.
La maison à deux niveaux a un gabarit formellement dépouillé. Tout est droit,
même la toiture reste horizontale sans la moindre surface courbée que l’on
retrouvait dans la hutte d’argent et la maison à Magomezawa. (illustration 72)
Le solarium est au centre de la maison (illustration 71) pour exsuder la lumière et
offrir une atmosphère apaisante. A l’intérieur de la maison tout s’organise autour
de ce puits de lumière: le salon, les chambres, et même les locaux de service
comprenant salle de bain et toilettes. (illustration 72,73)
La maison K est naturellement éclairée également par la façade sud largement
ouverte à l’extérieur, (illustration 68) qui assure un certain degrés d’intimité des
habitants par les stores ré tractables couvrant la totalité des surfaces vitrées. La
façade nord dispose des fenêtres en hauteur permettant la ventilation naturelle
fluide. (illustration 69) L’aluminium, le matériau artificiel de la structure est laissée
dans son état brut, et sert en même temps de finition.
La frugalité apparente des matériaux cache en réalité une véritable sophistication
structurelle par les profils et contreventements complexes ainsi qu’une dépense
de matière qui s’éloigne de l’optimisation des structures naturelles.
Les détails constructifs montrent aussi que la «pureté» des lignes est obtenue au
prix d’efforts techniques cachés. (illustration 70) L’aluminium est un très bon
conducteur thermique. De l’uréthanne brûlant a été projeté sur les murs intérieurs
31 Toyo Ito, « Le rideau du XXIème siécle », in Écrits, collection « partition » Institut Français d’Architecture, Edizioni
Carte Segrete, 1991, p.85
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75. Vue aérienne du site ( encadré en blanc )
« White O project »El Croquis n° 147, p.160
76. La maison dans son site
www.toyo-ito.co.jp, site consulté déc. 2010
78. Paroi translucide sur la galerie
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77. Paroi transparente sur le salon
79. Vue surplombé sur le paysage
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et les parties apparentes du plafond. De plus toutes les surfaces sont recouvertes
d’une membrane de néoprène, afin d’éviter les déformations due à la dilatation,
pour jouer le rôle de l’étanchéité, et enfin afin de prévenir les vibrations induites
par les bruits extérieurs.
Dans ce sens là, nous sommes bien dans l’artificiel qu’une construction à ce
système suggère. Les règlements de sécurité et de confort vont également dans
ce sens.
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Coordination entre le naturel et l’artificiel
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La hiérarchie entre structure, finition et châssis est ainsi abolie, la structure
elle-même s’effaçant au profit d’une architecture plus légère. (illustration 67)
On aperçoit que la blurring architecture, qui se veut un moyen de liaison entre
l’Homme et la nature, est indéniablement artificielle.
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Par le biais de construction de bâtiments publics, réalisés à la fin des années 80,
Toyo ito s’habitue à utiliser la nature comme une partie de son architecture. La
Maison de réception de la Brasserie à Sapporo a permis à Toyo Ito de prendre
conscience de l’environnement naturel, éloigné du tissu urbain dans lesquels ses
projets précédents étaient construits. Et par le biais du Ota-ku Resort Complex de
Nagano, il a su préserver le maximum du site naturel. Qu’en est-il d’aujourd’hui ?
Peut-on trouver un équilibre entre l’architecture et la nature ? L’exemple qui suit
est une maison réalisée pendant la période « prosaïque » qui pourra nous donner
une réponse.
Maison O Blanc par à Marbella, au Chili 2009
Ito construit cette maison, après une longue absence pour la réalisation de sa
maison individuelle, huit années après la Maison K à Sakurajōsui.
La maison O est une maison de vacances réalisée en 2009 sur une colline de
Marbella, une ville de loisir et due tourisme du Chili située sur la côte pacifique.
(illustration 75) C’est dans un environnement végétal et moins congestionné que
la maison se situe. (illustration 76)
Le nom «white O» vient de sa configuration en boucle. (illustration 81) On peut
considérer ce projet comme étant la réincarnation de la maison U qui lui
ressemble par so n matériau utilisé et sa forme.
Comparée à la maison U, la maison O qui surplombe la colline est beaucoup plus
ouverte sur l’extérieur et offre une vue panoramique sur le paysage le la côte en
contre-bas. (illustration 79) Créant une continuité entre les espaces de vie et
l’environnement, Toyo Ito tente d’effacer toute distinction entre l’intérieur et
l’extérieur.(illustration 77)
L’ensemble est soutenu par la structure en béton armé qui constitue le plancher
et la toiture, et aussi soutenu par des murs séparateurs ponctuels. (illustration 80)
La différence culminante est l’immatérialité de la façade qui remplace le coque en
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Transparent
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80. Coupe transversale
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81. Niveau supérieur
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La maison et le site forment un ensemble comme un seul espace continu : Le
chemin pavé qui mène à la maison suit naturellement la pente. (illustration 84)
Dans le jardin intérieur, la rampe poursuit jusqu’à la maison, puis s’écoule au fur et
à mesure que l’o n arrive aux endroits plus intimes de la maison. (illustration 81)
Depuis l’entrée, on voit la salle de séjour, et la salle à manger adjacente. Le jardin
intérieur permet à ses occupants de se déplacer librement aussi bien à l’intérieur
qu’à l’extérieur. On constate que la rampe croit doucement et s’enroule autour du
jardin intérieur. On a affaire à des espaces intérieurs qui font office de transition
fluide.
Les chambres et le salon sont orientés est, la douce lumière matinale pénètre
abondamment par les vitrages qui prennent toute leur hauteur, sans aucun
allège.
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béton de la maison U. Les murs sur le patio deviennent immatériels grâce à des
parois vitrées translucides et transparentes pour les espaces communs.
(illustration 78)
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Conclusion
Dans l’ensemble la maison O est une version plus aboutie de la fluidité spatiale
par rapport à la maison U. (illustration 85) De plus les façades coté patio sont
rendues immatérielles par l’utilisation de vitrage continu.
Les espaces sont plus fluides et la boucle ne s’ interrompent visuellement pas
grâce à l’utilisation de parois transparentes.
Flottant au-dessus du sol, ces espaces ont une intimité totale. (illustration 83) La
maison et l’environnement naturel sont en harmonie, et cet effet est obtenu par la
transition fluide entre les espaces intérieurs et extérieurs.
Enfin, ces éléments représentatifs des acquis accumulés par Ito jusqu’à
aujourd’hui permettent de conclure qu’il s’agit là, d‘un exemple authentique
reliant l’Homme à la Nature.
Ainsi, il tente d’atténuer les frontières entre réalité et irréalité, entre naturel et
artificiel,
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La maison White O profite de son site en pente pour créer un parcours en mouvement spiral
Sallon & salle à manger
Services
Chambres
82. La maison construite sur une colline
83. L’accès en mouvement spirale, guidé par
le Tobishi
84. Comparaison entre la maison U et la
maison O
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L’architecture domestique de Toyo Ito est réalisée selon les concepts bien distincts
d’une époque à l’autre mais qui évoluent au fils du temps.
Pendant la période du minimalisme, la nature dans les maisons de Toyo Ito est
présente à travers des liens abstraits et symboliques. Il ne s’agit pas de la nature
au sens littéral. C’est un élément sous-jacent dans son expression architecturale.
De nombreux éléments sont une application de la naturalité de l’architecture
japonaise «vernaculaire», mais avec de nouveaux matériaux artificiels comme le
béton, l’aluminium, ou l’acier.
Pendant la période du primitivisme, les maisons s’inspirent la hutte primitive, le
leitmotiv de Toyo Ito se veut plus perméable et sensible à la nature.
Bien que les maisons construites pendant la période du primitivisme et la période
prosaïque ont progressivement plus de rapport avec la nature réelle, celles de la
période de «primitivisme» ne sont pas moins intéressantes car elles relient son
occupant avec la nature de manière abstraite, par la métaphore à un «jardin de
lumière» et par l’intériorité renforcée par la qualité expressive de la lumière
naturelle.
La fluidité spatiale favorise et renforce ces effets de mise en scène, comme une
promenade architecturale avec différentes vues sur le paysage. La fluidité spatiale
permet à l’Homme de sentir la nature réelle ou abstraite.
L’immatérialité agissant comme membrane vivante favorise les échanges entre
l’homme et la nature qui se traduit par l’architecture pelliculaire.
Cependant l’immatérialité et la fluidité spatiale sont limitées dans l’architecture
domestique. Car l’essence de la maison réside en l’intimité, ces deux leitmotivs ne
peuvent pas l’assurer suffisamment. Le degré de confort et d’intimité attendu
dans une maison d’aujourd’hui peut varier selon le contexte naturel et culturel. Le
confort dans les maisons conçues par Ito s’avère relatif selon la culture.
Mais ne pas se limiter à la naturalité au sens littéral du terme permet aux maisons
de Toyo Ito d’entretenir un rapport entre l’homme et la nature encore plus
dynamique et large. Il essaie de diversifier et de raffiner cette relation avec la
nature propre à la culture japonaise. La nature est à la fois à l’intérieur et à
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Réceptif aux phénomènes qui bouleversent sans cesse la société contemporaine,
chaque projet est pour lui l’occasion d’une invention, d’une exploration ou d’une
question nouvelle. Son architecture est un dispositif qui permet de sentir la
nature à l’habitant, comme la maison traditionnelle japonaise sensible à la nature
et au climat.
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l’extérieur de la maison et on peut échanger de façon réciproque.
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Aujourd’hui de nombreux architectes essaient de nous montrer des innovations.
Parmi eux l’architecture de Toyo Ito a influencé d’autres confrères et il apparaît
clairement que Toyo Ito semble se reposer inlassablement la question : «Qu’est-ce
que l’architecture?» et chaque projet constitue, pour lui, une occasion de chercher
à apporter une réponse nouvelle aux problèmes de l’homme, de la nature, de la
ville et de l’architecture. On pourra se demander, dans quel sens évoluera son
architecture, toujours à la recherche du rapport à la nature de façon multiple et
variée.
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Bibliographie
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Ouvrage
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1985
• BERQUE Augustin, Le sauvage et l’artifice : les Japonais devant la nature, Paris,
Gallimard, 1986
• BRAUSCH Marianne, EMERY Marc, L’architecture en questions : 15 entreti ens
avec des architectes, édition Le Moniteur, Paris, 1996
• CHUNG, Kwang-Young Toyo Ito - Pro Architect 15, Séoul : Archiworld, 1999
• FRAMPTON Kenneth, L’architecture moderne : une histoire critique, Thames &
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• GOETZ Benoît, La Dislocation Architecture et Philosophie, édition
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Revue
• ABALOS Inaki, HERREROS Juan, «Toyo Ito, light time», El croquis, n°71 pp. 32-48
• « White O project » El croquis n°147. pp.158-163
• BALMOND Cécil, ITO toyo « Conversation: Cécil Balmond et Toyo Ito “concerning fluid Spaces” » A+U n°404, avril 2005 pp.44-53
• CHIRAT Sylvie, «Un architecte en quête de fluidité», Construction Moderne
n°124 pp. 32-34
• CONTAL Marie-Hélène, «Toyo Ito», Architecture Intérieure Créée n° 234, fév.
1990, pp 135-140.
• CORTÉS Juan Antonio, «Beyond Modernism, Beyond Sendai» El Croquis n°123,
2005 pp.17-43
• ITO Toyo, «Légèreté japonaise. Maison en aluminium, Tokyo». Techniques et
architecture n° 448, avril-mai 2000, pp. 56-59
• TAKI Koji, « a conversation with Toyo Ito » El croquis, n°123, 2005 pp.6-15
•
_ « a conversation with Toyo Ito » El croquis, n°71, 1994 pp. 16-30
Article
• CHASLIN François, «JAPON (Arts et culture)- Les arts n°7. Architecture»,
Encyclopédie Universalis version en ligne consultée le 15 oct 2010
• ITO Toyo, « Blurring Atchitecture» In MAFFEI Andrea, Toyo Ito: Works Projects
Writing, Phaidon, 2002 p 351
Site internet
• ITO Toyo, image of architecture in electronic age
http://www.designboom.com/eng/interview/ito_statement.html
• Site officiel de Toyo Ito & Associates, Architects
http://www.toyo-ito.co.jp
• Encyclopédie Universalis
http://www.universalis.fr/encyclopedie/toyo/

Documents pareils