Un légitimiste mystique du XIXe siècle

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Un légitimiste mystique du XIXe siècle
Un légitimiste mystique du XIXe siècle :
Adrien Péladan
1815-1890
Jean-Claude Drouin
Extrait de
Les Péladan, Paris, Les Dossiers L'Age d'Homme, pp 13-19
II n'est pas possible en quelques lignes de résumer l'œuvre abondante du " chevalier " Adrien Péladan (18151890) qui est un des représentants les plus importants du mouvement qu'on a baptisé les Blancs du Midi et un
des publicistes légitimistes les plus célèbres dans son milieu du XIXe siècle, entre 1857 et 1890. Nous l'avons
rencontré parmi les correspondants réguliers de Pierre Sébastien Laurentie. directeur de l'Union, et le maître à
penser de tous les légitimistes français entre 1830 et 1876. C'est à ce titre que nous présentons brièvement les
principaux aspects de son œuvre en examinant successivement le légitimiste, le fondamentaliste et l'illuministe.
Même si Albert Caillet le cite dans sa célèbre bibliographie. Adrien Péladan n'a rien d'un occultiste ou d'un
cabbaliste au sens ordinaire de ces deux termes. Ses œuvres sont davantage les armes de l'"intégrisme
catholique", en 1866. le cardinal de Bonald recommande l'Histoire de Jésus-Christ d'après la science comme
étant propre à fortifier leur foi contre les erreurs modernes.
Le légitimiste est avant tout un journaliste qui publia successivement La France littéraire à Lyon du 11 avril
1857 au 30 novembre 1866, La Semaine religieuse de Lyon et de la province de 1862 à 1870. et L'Extrême droite
de Nîmes de 1875 a 1877. II défend dans ces feuilles les points de vue ultramontains et légitimistes qui
préparèrent et furent les soutiens de l'Ordre moral au début de la IIIe République, système de gouvernement qui
voulait restaurer une société chrétienne. Dès 1866, Mgr Plantier. évêque de Nîmes, reconnaissait dans Péladan,
enfant de son diocèse, un des défenseurs de cet ordre social et politique inspiré directement du catholicisme
romain : " La société moderne, mais surtout la civilisation de la France, doit à Jésus-Christ tout ce qu'elle a de
sage dans ses institutions et de pur dans ses gloires ". Les opinions d'Adrien Péladan sont celles d'un légitimiste
classique c'est-à-dire qu'il est partisan du Comte de Chambord-Henri V dont il publie les lettres en 1873 au
moment où une restauration est possible. et est favorable à une certaine décentralisation politique et intellectuelle
- c'est toujours à Lyon ou à Nîmes que se déroule l'essentiel de son activité. Certains de ses ouvrages sont publiés
en même temps à Paris (Librairie de Bauchu - 31 rue Cassuts) et à Lyon (même librairie. Place Bellecour 6). En
1860-61, Adrien Péladan participe avec ses amis à des assises provinciales et publie une brochure sur la
décentralisation intellectuelle. En 1879, il publie, toujours à Nîmes. un Almanach des Blancs.
II est évident que ses livres sont salués avec enthousiasme par ses amis politiques. Le 15 janvier 1866, Laurentie
- né le 21 janvier 1793 - considéré comme le doyen de la presse monarchiste où il exerce depuis cinquante ans et
comme le patriarche des écrivains religieux de la France lui écrit : " Monsieur et Cher Confrère. Votre livre est
admirable ! la triste politique me laissera, j'espère, quelques heures pour en dire mon avis. Que de lumières vous
avez recueilli ! Et que vous êtes heureux d'avoir de tels loisirs ! Je vous serre la main avec reconnaissance et
affection ".
Le 30 janvier 1866, parait dans L'Union un article élogieux où Péladan apparaît comme le continuateur et
l'illustrateur de Joseph de Maistre. Et Laurentie d'affirmer : " Nul livre ne fut plus opportun en un moment où les
impiétés s'exercent à arracher des entrailles de la société chrétienne la croyance fondamentale sur laquelle elle
repose " - Le scandale de la Vie de Jésus n'est pas loin ! -. Un autre journaliste légitimiste, Aubry Foucault,
souligne, le 15 février 1866, dans La Gazette de France que Péladan avait été un collaborateur de la feuille et fait
lui aussi allusion à Renan : " Les attaques récentes contre la divinité de Jésus-Christ auront du moins eu cet
excellent résultat qu'elles ont dirigé sur ce point fondamental du christianisme les études des écrivains et les
travaux des savants ".
Le monarchisme de Péladan éclate lorsqu'il passe en revue les prophéties du XIXe siècle. Sans méthode
historique, sans référence, il fournit ainsi des dizaines de visions qui annoncent toutes le retour du roi de France
que ne peut être que le Grand Monarque. Ainsi une voyante, en juin 1879, a vu apparaître Jésus qui lui a dit :
" Les amis de la foi travaillent à sauver la France prête à succomber ; mais le lys blanc, fidèle symbole des bons,
viendra et sera reçu avec bonheur. Beaucoup veulent le fouler aux pieds ; mais la tige sera protégée. La France
sera alors donnée au Sacré-Cœur. Le Bien-aimé sera rappelé et il rétablira l'ordre et fera fleurir la piété ".
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Avec plus de références, l'ouvrage de 1880 se termine par la prophétie du " bon curé de Maumusson en Bretagne
" trouvée, paraît-il, en 1817 dans les papiers d'un Bourbon-Chalus :
" Tenez pour certain que les grands événements seront proches :
1) Lorsqu'on voyagera par terre avec la plus grande facilité, je ne sais comment cela se fera, mais je vois des
voitures marcher avec la rapidité de l'oiseau.
2) Lorsque le nombre des légitimistes restés vraiment fidèles sera tellement petit qu'on les comptera... Les
églises seront fermées pendant quelque temps. Le sang coulera par torrents dans le Nord et le Midi.
Paris sera détruit. L'Ouest épargné à cause de sa foi...
C'est lorsqu'on croira tout perdu que tout sera sauvé...
Le Grand Monarque sera de la branche aînée des Bourbons. II fera des choses extraordinaires et, dans les
événements, tout sera si miraculeux que les incrédules seront forcés d'y reconnaître le doigt de Dieu... ".
Cette prophétie dite de l'abbé Souffrant fut très répandue dans les milieux légitimistes. Adrien Péladan lui-même
est persuadé que l'" Heureux Envoyé " qui restaurera la monarchie et rétablira le Pape à Rome n'est pas éloigné
de 1880 : la grande " rénovation sociale " doit suivre de près la grande révolution.
Cette vision fataliste de l'histoire contemporaine fait partie chez Péladan d'une conception chrétienne de
l'évolution de l'humanité ; conception exposée dès 1866 et qui se voulait une réforme au livre de Renan. Louis de
Laincel, dans La Revue de Paris de mai 1866. estimait que l'Histoire de Jésus-Christ d'après la science était
aussi une réplique à tous les volumes de Renan destinés à faire suite à son " roman " ! Il n'est pas possible ici de
faire à la fois le compte-rendu et la critique d'un gros volume de 510 pages. La thèse centrale n'est pas nouvelle,
elle est exprimée ainsi : " Pas un pays où se soit posé le pied de l'homme. qu'il ne nous rappelle notre race
originairement déchue, le Réparateur promis, la Vierge-Mère ou la nouvelle Eve, et l'attente de cette Jérusalem
des siècles nouveaux qui s'appellera l'Eglise " (p. 497).
Le livre est traditionaliste dans ce sens où il pose comme une évidence l'existence d'une tradition ininterrompue
depuis le premier homme jusqu'à l'avènement du Christ.
" Nous avons à peine entr'ouvert les annales sacrées des peuples. Leur littérature ; nous avons écarté les sables
qui couvrent quelques-unes de leurs pierres tumulaires, interrogé un petit nombre de leurs idoles, de leurs
coutumes, de leurs traditions, et voilà que mille voix imposantes sont venues en foule parler en faveur de la Bible
et de l'Evangile... Des portes de l'Eden à la Tour de Babel ; des plaines de Chanaan aux rives de l'lndus et du Nil
; des rivages poétiques de la Grèce aux forêts sombres de la Gaule ; des bords du Tibre aux monts de la
Scandinavie ; des lieux où fut Joppé. où Melchisédech sacrifia. aux régions de l'Amérique et de l'Océanie, nous
avons recueilli les tronçons séparés de cette chaîne traditionnelle... " (p. 497). Le sous-titre de l'ouvrage précise
la pensée de l'auteur : " le Christianisme proclamé, conformément à la Bible, à l'Evangile et aux Pères, par la
religion, les lettres, les arts et les monuments de tous les ages et de tous les pays... ". Dans la méthode du
chevalier de Paravey et des auteurs des Annales de philosophie chrétienne+ Péladan recherche une tradition
primitive et unique. A. Bonnetty et son équipe avaient déjà mené des enquêtes dans cette direction, " en y
cherchant des traces. des restes des communications faites par Dieu à l'homme, dès son origine et dans la suite
des temps. Ces traces, ces restes existent, il faut seulement se donner la peine de les chercher ". Pour conclure
son compte-rendu. Bonnetty demande à ceux qui veulent aller plus loin dans cette " ténébreuse science " de
consulter le célèbre Œdipus Ægypriatus du Père Athanase Kircher (1635).
Péladan est donc fondamentaliste dans la mesure où il défend les fondements des écritures saintes en se fondant
sur les traditions archéologiques, littéraires et mythologiques de tous les peuples. Quelques années après lui, le
Père Schmidt recherchera dans le monde entier les fondements d'un monothéisme primitif !
Dans la première partie, Péladan fait le tour des traditions messianiques dans l'Inde, en Amérique, dans la Grèce
antique. II recherche les images de la Vierge Mère et de la croix chez les peuples anciens. Il affirme que la
quatrième églogue de Virgile est une proclamation de la venue du Rédempteur, d'après l'oracle sibyllin. La
seconde partie s'efforce de démontrer d'après la science les événements de la vie de Jésus-Christ.
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Adrien Péladan participe bien sur à la " renaissance orientale " de Raymond et Schwab lorsqu'il s'écrie : " Orient,
Orient, mystérieuse Asie, c'est en vous qu'est le berceau du monde ; c'est de vous que nous viennent les dogmes
divins, les traditions sacrées. Dieu y commence la sublime épopée de la révélation, épopée qui déroule ses
magnificences jusques au Messie et jusques à nous " (p. 10).
Cet aspect de l'œuvre de Péladan est à la fois banal et original. Banal car il ne fait que vulgariser des idées forces
qui étaient dans l'air du temps depuis plusieurs décennies - on peut évoquer le baron d'Eckstein. semeur d'idées
du temps de la Restauration - et original car ses comparaisons, jugées par ses contemporains exagérées, entre les
grandes conceptions mythologiques et religieuses ont été par la suite utilisées - avec des postulate différents - par
les grands historiens des religions de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle.
Partisan du légitimisme, défenseur du fondamentalisme, Adrien Péladan est enfin un illustrateur de l'illuminisme
en tant qu'historien ou plutôt vulgarisateur des prophéties. À partir de la définition de Cassiodore pour qui la
prophétie est une révélation faite de Dieu à une intelligence créée, à qui, avec une infaillible certitude, il fait
connaître les choses lointaines, secrètes et cachées, s'appuyant sur Isaïe et Jean Chrysostome, Péladan dans ses
ouvrages les plus diffusés passe en revue d'une façon un peu anarchique les grandes prophéties des temps
modernes et contemporains.
La prophétie des Papes de Malachie est pour lui l'occasion de commenter l'histoire des Papes du XIXe siècle en
faisant l'éloge de Pie IX (Crux de Cruce). Les sociétés secrètes et la franc-maçonnerie sont accusées d'avoir
poussé Napoléon III à abandonner Pie IX: " Le pavillon de la France avait abandonné le Vatican ; Dieu
abandonnait la France " (p. 93). Quant à Léon XIII (Lumen in Coelo). il possède dans ses armes une étoile. c'est
pour Péladan une explication suffisante de la vaticination.
Le reste de l'ouvrage met en relief deux autres " voyantes " Anna-Maria Taïgi et sa sœur Mélanie bergère de la
Salette dont cinq lettres inédites sont publiées. Mais l'originalité de l'ouvrage est de donner des prophéties
nouvelles sur les temps présents fournies par des contemporaines : la révélation de la Vierge à une Servante de
Marie au couvent d'Anglet (avant 1863), les apparitions de la Vierge en Pologne (1878), la prédiction de la sœur
Rose Colomba (1847). Nous n'avons pas ici à commenter les phénomènes évoqués ; il suffit de montrer que les
milieux monarchiques français du XIXe siècle ont été pénétrés de cette littérature illuministe qui, utilisant des
documents incertains dans leur origine, a développé l'idée que la fin du monde était proche : un calcul cité par
Peladan aboutit à l'année 1878. Mais avant cette fin du monde il se produira une grande rénovation sociale où le
roi de France jouera le rôle de Grand Monarque.
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Ainsi Adrien Péladan - qu'il ne faut pas confondre avec son fils le docteur Adrien Péladan (1859-1885), un
adepte de l'homéopathie - apparaît comme un esprit curieux, capable d'écrire aussi bien des vers Nouvelles brises
et aquilons (1859) - que des articles de politique et des comptes rendus de lectures historiques. Mais cette
ouverture apparente d'esprit n'empêche pas l'existence d'une idée fixe, la défense de l'idée chrétienne et de la foi
catholique. L`évêque de Saint-Claude cite Péladan aux côtés des Nicolas, des Albert de Broglie, des Wallon, des
Laurentie, des Poujoulat, " vertueux et savants laïques qui viennent en aide à l'Eglise, à l'Episcopat, au Clergé ".
En outre, Péladan semble prolonger, cinquante ans après, les idées de la Congrégation et des Sociétés des Bons
Livres liées de très près aux autorités ecclésiastiques : son livre de 1866 est approuvé par les archevêques et
évêques de Lyon, Albi, Orléans, Bordeaux, Nîmes, Poitiers ; il a l'approbation de dom Gueranger abbé de
Solesmes comme celle de Mgr Pie.
Les ouvrages sur les prophéties ne bénéficient pas du même soutien officiel mais l'auteur se présente avec ses
titres: " Adrien Péladan, chevalier de Saint-Sylvestre, de l'académie des Arcades de Rome, honoré de plusieurs
brefs de S.S. Pie IX " - il habite en plus 10 rue de la Vierge à Nîmes ! -. En outre dans l'avertissement, il déclare
se soumettre d'avance aux rectifications que pourrait ultérieurement demander le Saint-Siège s'il rencontrait dans
les pages suivantes quelque chose qui ne serait pas absolument conforme à son esprit.
Adrien Péladan reste donc un catholique très orthodoxe même quand il est pessimiste après avoir étudié les
prophéties :
" Nous nous traînons Seigneur, privés de ton soutien,
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L'homme, dans sa démence, a nié ta parole,
Sur tes autels souillés, il met sa propre idole.
Lui qui n'est cependant rien, rien.
Tu t'es levé, mon Dieu ; l'ange de ta colère,
Aux éclats de la foudre a confondu la terre.
- Grâce, grâce Seigneur. nous reviendrons au bien,
Apaise, ô Trois fois Saint, apaise ta vengeance !
- Vous avez mille fois outragé ma clémence !
- Encore un peu de temps... Rien, rien ! ".
Mais à long terme, l'optimisme a le droit de cité : " Le vent de la colère passera sur le monde ; puis quand
l'orgueil sera renversé, la terre purifiée, le Seigneur fera descendre la paix, et la félicité prendra la place de la
dévastation et du deuil. C'est la promesse des prophéties ".
Le rôle d'Adrien Péladan est d'avoir été une étape dans la transmission des messages mystiques et politiques.
Certes il n'est pas le seul. Mais sa position de publiciste connu lui a permis. surtout après l'échec de la
Restauration d'Henri V, de populariser par ses livres et ses brochures les grandes prophéties des Papes de
Malachie, celles des extatiques de Bois d'Haine en Belgique (Louise Lateau), de Fontet (Berguille), de La
Fraudais (Marie-Julie), les prévisions de la Gervaisis (1790-1838) ; du laboureur Martin, l'" apparition " de la
Vierge à Pouillé (1872), les secrets de la sœur Mélanie (La Salette).
Adrien Péladan n'est pas un grand auteur ; son audience semble avoir été limitée aux milieux catholiques et
monarchistes. Seul son ouvrage. Dernier mot des prophéties, a été un réel succès populaire en 1878. La
deuxième partie - inédite - publiée en 1880 n'a pas connu le même succès. Entre 1880 et 1890, Adrien Péladan
n'a publié que deux ouvrages : une étude sur l'apparition de Bouleret dans le Cher à une certaine Joséphine
Reverdy (1887) et une brochure sur saint Christophe protecteur de nos aïeux (1889).
La mort du comte de Chambord en 1883 a peut-être encore plus désespéré le légitimiste qui espérait auparavant
le retour d'un Bourbon de la branche aînée. En se tournant vers le passé, Péladan citait avec emphase le sort
prévu le 26 juin 1734 par le frère B. pour la Babylone moderne :
" Ô Paris, ton sein est plein de serpents ! Les loups y dominent ; les lions y font leur demeure ; les tigres y ont
leur retraite aussi bien que les renards. Des armées d'aspics y logent et en font comme le théâtre de leur guerre.
Tremble, ô mère prostituée ; tremble jusqu'au fond des os ! Un fouet de fer armé de pointes s'élève déjà dans les
airs et se prépare à te faire souffrir tous les tourments que ta prostitution mérite, et c'est le Tout-puissant qui
manie ce fouet redoutable et qui déjà l'appesantit sur les têtes les plus puissantes ! II remplira tout de sang et de
carnage. Les vallées seront jonchées de corps morts. Les collines dégoutteront d'un sang impur et pourri. Ta
vaste enceinte ne sera plus qu'un cimetière, qu'une ruine. L'enfer dévorera les hommes, les femmes et jusqu'aux
petits enfants. Les troupeaux même n'en seront pas exempts, et rien de l'anathème n'échappera au feu de l'abîme.
Tout sera consumé par ce même feu dont la flamme s'élèvera jusqu'aux nuées et dont la fumée s'étendra au bout
de l'univers. "
Péladan pense bien sûr à 1793, aux journées de juillet 1830, de février et de juin 1848, à la commune de 1871 et
aux incendies qu'allumera dans l'avenir le " radicalisme sans frein ".
Mais plus qu'à ce religieux anonyme du XVIIIe siècle, c'est à Marie-Julie de La Fraudais que vont les
sympathies les plus profondes :
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" Le poison est resté sur ce trône, il faut qu'il soit purifié ; car c'est un autre saint-Louis qui doit s'y asseoir sur les
lys embaumés.
Le Roi doit venir dans le fort de l'orage mais il restera sain et sauf car la Mère de Dieu le garde et le protège pour
être l'héritier d'une couronne méritée qui lui a été ravie.
" Enfant de la Croix, quand viendra le règne de ce prince, la France sera très affaiblie ; mais Dieu récompensera
par de grands prodiges notre patrie, après l'avoir criblée et fait beaucoup souffrir.
Le saint Archange me montre la bannière du Sacré-Cœur... et me dit :
Voilà comment nous allons marcher sur les frontières de la France. portant la bannière et l'épée ; je tiens sous
mes pieds tous les ennemis de Dieu et toute cette franc-maçonnerie. Quand le règne de Dieu sera commencé et la
paix rétablie. nous marcherons sur Rome, puisque la France doit se dévouer à la défense du Saint-Siège ".
Il semble donc que les témoignages évoqués et les affirmations de Péladan lui-même ne font que traduire, sous
une forme à la fois religieuse et politique des mondes intérieurs constitués à la fois d'éléments permanents à la
nature humaine et de données fournies par les événements contemporains et les passions du moment. Les images
de la Croix, du drapeau du Sacré-Cœur, de l'archange saint Michel sont sans arrêt évoqué pour sauver l'Eglise et
la France pour restaurer les pouvoirs temporels et spirituels du Pape et du Roi, de Pie IX et de Henri V. En
mettant de côté les tensions intérieures propres à la personnalité d'Adrien Péladan. il est certain que son œuvre
est une bonne illustration de la fusion chez certains auteurs du politique et du mystique. Chez Adrien Péladan, le
second l'emporte progressivement sur le premier, de légitimiste il devient " fondamentaliste " puis " illuministe "
: la vision apocalyptique prend la place des analyses politiques.
Moins mystique et occultiste que Fabre d'Olivet - lui aussi né au Vigan - moins philosophe et théologien que
l'abbé Bonnetty, moins polémiste et politique que P.S. Laurentie, moins érudit que le baron d'Eckstein, Adrien
Péladan participe un peu de l'esprit de chacun de ses contemporains célèbres. Ce Blanc du Midi, catholique
intransigeant et légitimiste farouche, incarne un tempérament largement représenté dans la France de la seconde
moitié du XIXe siècle. On peut le rapprocher des fondateurs de la Revue des questions historiques créée en 1866
qui, comme Péladan, a voulu d'abord être chrétienne et monarchique et a ensuite évolué très vite vers
l'ultramontanisme offensif et le légitimisme " de stricte observance ".
né au Vigan en 1815,
Mort à Nîmes le 7 mars 1890
1859 Nouvelles brises et aquilons, Paris et Lyon, 179 p.
1860 Décentralisation intellectuelle
1861 Assises provinciales
1866 Histoire de Jésus-Christ d'après la science
1866 Recherches sur les noms primitifs de Dieu
1871 Nouveau Liber Mirabilis
1878 Preuves éclatantes de la Révélation par l'histoire universelle, Paris, V. Palmé, 600 p.
1878 Dernier mot des prophéties
1880 Dernier mot des prophéties, Deuxième partie inédite, Nîmes, chez l'auteur.
1887 Apparition de Bouleret
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1889 Saint Christophe protecteur de nos aïeux. Paris, 92 p.
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