Rideaux voilages et lits

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Rideaux voilages et lits
Rideaux
voilages et lits
Techniques du tapissier décorateur
ÉDITIONS VIAL
Techniques du tapissier décorateur
Rideaux, voilages et lits
J.J TRAUTWEIN
Jean-Jacques TRAUTWEIN
9 782851 011558
ÉDITIONS VIAL
Sommaire
Introduction
7
Partie I - Les rideaux et voilages
Chapitre 1 - Généralités
12
Chapitre 2 - Les éléments du décor
24
Chapitre 3 - Les styles de composition
113
Chapitre 4 - Les techniques
124
Partie II - Les lits
Chapitre 1 - Généralités
151
Chapitre 2 - Le décor de lit
du Moyen-Age à l’Art Déco
154
Chapitre 3 - Ldécor de lit aujourd’hui
193
Chapitre 4 - Les lits «haute décoration»
193
Lexique
202
Partie 1 - Les rideaux et voilages
CHAPITRE 2 - Les éléments du décor
Les draperies
C’est un domaine que l’on pourrait traiter à part, tant
il est complexe et intéressant. Même si de nos jours
son importance a beaucoup diminué, il est impératif
que le décorateur d’intérieurs et la courtepointière
puissent faire face aux demandes certes moins fréquentes mais néanmoins toujours possibles.
De manière globale, on admet que les draperies sont
des pièces de tissu laissées flottantes, mais fixées en
plusieurs points bien spécifiques, formant ainsi des
plis plus ou moins programmés et présentant un aspect harmonieux et décoratif.
On verra par la suite quels sont les différents genres
de draperies et on étudiera les tracés de coupe nécessaires afin de les réussir.
Soulignons que les draperies ont été aussi très en
usage dans le vêtement, notamment dans l’Antiquité
gréco-romaine.
Concernant la décoration intérieure, Henry Havard
nous donne des renseignements très intéressants sur
l’usage des draperies, ainsi que sur l’étymologie du
terme, dont l’origine est naturellement le drap que le
Littré définit en ces termes : « Etoffe dont la chaîne et
la trame sont en laine et dont le tissu est couvert d’un
duvet plus ou moins fin, produit par les opérations du
lainage et du foulage ».
Dans l’histoire de l’art textile, le drap est des plus
importants de même que les artisans et marchands
drapiers réunis dans de très puissantes et fort riches
corporations, cela dès le XIIe siècle.
Enfin, Henry Havard nous apprend ceci :
« Draperie
« Ce mot est pris dans des acceptions fort différentes.
Commercialement, il signifie fabrique et commerce de
drap. Chez les peintres, il exprime les étoffes dont on
habille les figures. Dans le langage des tapissiers, il désigne de façon générale les étoffes d’ameublement :
rideaux, portières, dais, lambrequins, etc. Toutefois, il
est à remarquer qu’il s’applique de préférence aux
étoffes drapées, c’est-à-dire plissées ou flottantes, et
qu’on réserve les noms de tentures et tapisseries pour
les étoffes tendues sur la muraille.
« La forme et la disposition des draperies ont beaucoup varié suivant les époques. Retracer l’histoire
des draperies, ce serait presque refaire l’histoire de
l’ameublement intime, surtout depuis le règne de Louis
XIV, époque où les étoffes commencèrent à être prodiguées et drapées avec une ampleur inconnue auparavant ».
Précisons pour notre part qu’effectivement en fonction
de la mode du jour et les possibilités financières des
diverses époques et styles qui se sont succédés, l’emploi
des draperies fut plus ou moins importante, avec une
surabondance significative durant le Second Empire.
Enfin, l’art de la draperie peut également s’exercer
dans des cas particuliers et ponctuels, tels que fêtes,
commémorations, etc. A cet égard, pensons seulement à la fameuse entrevue que François 1er eut avec
Henri VIII en 1520 sous des tentes si richement dotées
d’étoffes somptueuses et de draperies que l’Histoire
l’a retenue sous le nom de « Camp du drap d’Or ».
Différents genres de draperies – évolution des formes
Si on prend comme exemple les célèbres compositions
de draperies et de rideaux datant du XVIIe siècle,
dues au talent de l’architecte et ornemaniste Daniel
Marot, on peut imaginer que les tapissiers de l’époque
jouissaient d’une grande liberté pour assurer le drapement de l’étoffe, lequel semble ainsi résulter de la
seule maîtrise des plis librement formés. Ce n’est que
plus tard, au travers des styles ultérieurs Louis XV et
Choux de finition
24
surtout Louis XVI, qu’afin d’obtenir des plis réguliers,
des formes plus rigoureuses et parfois symétriques, il
s’est avéré nécessaire de procéder par un tracé préalable et par une coupe bien déterminée.
Les pages ci-après initient à ces différents tracés de
coupe pour festons, chutes, plis et éléments de finitions
(choux divers).
CHAPITRE 2 - Les éléments du décor
Décor composé de
– un feston central à l’antique
– deux festons mixtes, soit un côté
à l’antique et l’autre à large
emplissage
– deux plis simples ou godets
– deux chutes en queue d’écharpe
Décor composé de
– un feston central écusson
– deux festons à l’antique
– deux plis simples ou godets
– deux chutes à godets
Décor composé de
– une draperie à l’antique
en continu
Décor composé de
– une draperie à l’antique en continu
– des choux de finition
25
Partie 1 - Les rideaux et voilages
Tracé de coupe des voilages croisés
– É tablir tout d’abord un dessin en élévation des
voilages croisés finis. Ce dessin schématique sera
réalisé à l’éch. : 1/10 ou mieux à l’éch. : 1/5
–S
ur un des voilages, déterminer un certain nombre
de divisions régulières. Ici de 1 à 9 + 0 s’il y a un
retour
–M
arquer les endroits importants du dessin par
des lettres. Ici A – B et B’ – C et C’ – D et D’
–C
hoisir l’ampleur souhaitée des voilages croisés.
Sur cet exemple 100 % soit un coefficient multiplicateur de 2
Développement
– E n tenant compte de l’ampleur souhaitée, tracer
une ligne horizontale
– Inscrire sur cette ligne les lettres A et B (B’ si retour) et les chiffres 1 à 9 (0 si retour)
–A
partir de ces chiffres, tracer des verticales d’une
longueur indéterminée
–R
eporter sur le développement la hauteur B à D’
en notant C’
–P
uis, au moyen d’une ficelle ou de la chaînette,
relever la mesure de A à C que vous reportez sur
le développement
– E nsuite, relever les mesures de chaque division (1 –
2 … à C) qui sont à reporter sur le développement
–A
près, relever encore les mesures C – D et C’ – D’
à reporter sur le développement
– T racer enfin une ligne de sentiment harmonieuse
qui déterminera alors les points de 1’ à 9’
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Remarque : Quelle que soit l’ampleur prévue, le
tracé est identique ; il s’agit simplement de déterminer cette ampleur sur l’horizontale A – B. Les
suppléments d’étoffe nécessaires pour l’exécution
sont à prévoir par la courtepointière, de même
que les modifications de mesures dues à des volants éventuels.
CHAPITRE 2 - Les éléments du décor
Les rideaux droits avec tête flamande
Le grand avantage des rideaux à tête flamande est de
convenir à toutes les architectures et à tous les styles. Ce
sont les rideaux eux-mêmes qui masquent les moyens
de fixation et de tirage. Ceux-ci sont d’ailleurs parfaitement conçus et on peut les obtenir dans un éventail
de produits très variés, souvent en aluminium éloxé de
couleurs diverses.
Il faut noter que, dans certaines situations, la présence
d’un bandeau ou d’un lambrequin n’est pas esthétique
ou peu satisfaisante au point de vue technique (par
exemple large fenêtre, architecture tourmentée, etc.).
Les rideaux droits sur garniture
de bâton et d’anneaux
La mise en œuvre de garnitures, de bâtons et d’anneaux
en bois, en laiton, en métal laqué offre une solution très
pratique et décorative, cela d’autant plus que les fournisseurs spécialisés proposent une gamme très complète de
ces articles avec ou sans tirage incorporé.
De nos jours, on utilisera volontiers cette solution de
suspension des rideaux pour des décors des styles
Louis XIII – rustique, en bois naturel, ou Louis XVI –
Directoire – Empire et Restauration, en bois laqué et
doré ou en métal.
D’autres possibilités, en métal laqué, en verre acrylique,
voire en imitation de marbre, onyx, albâtre, malachite,
par exemple, apportent aussi une note très raffinée dans
le cadre d’une décoration moderne.
Cependant, on notera que mis à part l’emploi de systèmes
extensibles pourvus de demi-anneaux, ce genre de matériel trouve une application optimale que sur des fenêtres
relativement étroites. A partir d’une certaine largeur en
effet il peut s’avérer nécessaire de placer des supports intermédiaires afin d’éviter le fléchissement des bâtons. Or,
ces supports empêcheront le passage des anneaux. Il faut
donc bien étudier l’installation à l’avance.
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Partie 1 - Les rideaux et voilages
Composition de style Louis XV
Pour bien figurer le style Louis XV, la ligne courbe est
indispensable. Aussi, rideaux et voilages sont-ils retenus par des embrasses de passementerie haut placées.
Tons pastel, tissus légers, passementeries délicates,
l’aspect gracieux et affranchi des conventions classiques apparaît ici notamment par les glands de passementerie placés à l’extérieur des rideaux.
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CHAPITRE 3 - Compositions de styles
Composition de style Louis XVI
Le style Louis XVI se caractérise généralement par
sa légèreté, sa finesse mais aussi par sa symétrie et
sa rigueur formelle, puisant dans le répertoire ornemental de l’Antiquité grecque et en l’interprétant
constamment. Ici, le bâton de laiton cannelé auquel
sont suspendus les rideaux – à l’instar des jambes
de la chaise – rappelle le fût des colonnes ioniques.
Le nœud de ruban, attribut bien connu du style, est
représenté ici notamment par les patères alors que
les embrasses de passementerie à glands sont également nouées.
Sous l’influence de Marie-Antoinette, dont le monogramme est visible sur le dossier de la chaise, les
décors de draperie furent à l’honneur. Deux festons
et deux chutes rappellent ici ces goûts royaux. Les
chutes et les rideaux sont doublés de la même étoffe
de couleur paille, ce qui a pour effet d’animer et de
souligner, ainsi que la passementerie, les différents
éléments de ce décor de fenêtre.
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