le journal qui ne s`use que si l`on s`insère

Transcription

le journal qui ne s`use que si l`on s`insère
le journal qui ne s’use que si l’on s’insère
#44
05-2015 / 2,5 €
: Cinéma, des images pour tous p. 2 / Garantie Jeunes, un nouveau dispositif p. 8 /
Prime d’activité p. 10 / Un guidon dans la tête p. 14 / Ailleurs : balade aux musées de moulins p. 16
dossier
au
cinÉma
IMAGES pour tous
ier
tous
dans la salle obscure, c’est d’abord un loisir, une promesse de moments drôles ou émouvants, à chacun
ses goûts… c’est aussi un métier, et même toute une gamme de métiers pas toujours bien connus. dans la
grande ville et jusque dans les plus petites communes du département, tout le monde peut profiter des joies
du cinématographe, parfois même à des prix adaptés aux petits budgets ! c’est aussi un moyen d’expression
pour ceux qui veulent, derrière la caméra, raconter leur histoire, leur quartier…
dos
s
Tapis rouge ou pas ?
Découverte du Festival du court métrage de Clermont : que vaut-il aux yeux d’une habituée de Cannes ?
2
Marie-Thé Carnazza
© Rémi Boissau
A
u premier abord, il manquait le tapis rouge à l’entrée, mais l’affiche
attirait le regard. Il faisait froid à l’extérieur, en ce début février, mais
chaud à l’intérieur pour chaque court métrage que j’ai vu. Ce festival est
beaucoup plus populaire, moins snob et fantasque que celui de Cannes,
moins grandiose, mais passionnant, émouvant, captivant, angoissant.
On a suivi la file d’attente pour enfin, pas à pas, arriver dans cette grande
salle. Papotages et brouhaha, stylo, cahier, noir complet, l’écran s’éclaire, projection
des films. Certains m’émeuvent, me dérangent, m’indiffèrent, d’autres me captivent.
Des applaudissements surgissent plus ou moins fort, je suis le mouvement, parfois à
tout rompre. Je sors de chaque séance avec des films plein la tête.
À trois copines un peu perdues dans la foule, on revient pour notre dernière séance,
on s’installe au 6e rang – juste derrière nous, le jury. D’après leurs résumés, deux de
ces films devraient me plaire, une intuition me traverse l’esprit : « On ne va pas le
regretter, ce seront les meilleurs. » Les gens s’agglutinent et nous encerclent peu à
peu, il fait chaud, il fait bon, j’ai le cœur un peu nostalgique. La projection se finit par
un tonnerre d’applaudissements, de rires, de chuchotements pour les deux derniers
films, la séance est finie…
Dehors, le froid nous saisit, j’ai chaud au cœur, est-ce qu’on déroulera le tapis rouge
pour un de ces films ou non ?
sur le web
 Six films vus
Articles sur 6 courts métrages, dont 4 du festival 2015 :
Perrault, la Fontaine, mon cul, de Ludovic et Zoran Boukherma
et Hugo P. Thomas, Guy Moquet de Denis Heringer, Eût-elle été
criminelle, de Jean-Gabriel Périot, et Onder ons (Parmi nous) de
Guido Hendrikx ; et deux autres films : La Dérive, de Matthieu Salmon, 2011, et La femme du lac, animation de Mathilde
Philippon-Aginski, 2010
par Sabine Carénou, Marité Carnazza et Rebecca Schmitt-Quenelet
 sélectionneur de courts
phm
à l’association
Sauve qui peut le
court métrage,
comment choisir
les programmes
du festival parmi
8000 films ? sébastien raconte…
Numériquement Viouze
Fabrice Tarit
«
Même si je suis une inconditionnelle de la pellicule 35 mm, il faut reconnaître que la
qualité visuelle et sonore du numérique est irréprochable. C’est un énorme avantage
pour nous », explique Janick Cordier, la jeune responsable du cinéma La Viouze, aux
Ancizes (en photo avec Jean-Pierre, projectionniste). Depuis son rachat en 2013 et son
exploitation en régie par Manzat Communauté, l’ancienne salle créée par les aciéries
Aubert & Duval en 1954 est passée à la pointe de la technologie. « On reçoit les films par
Internet. Leur exportation sur notre serveur dure 4 à 5 h. C’est un système très simple et révolutionnaire.
» Finis les problèmes de pellicule, ni bruit, ni casse. De quoi ravir les 330 spectateurs que le cinéma peut
accueillir, ou nourrir les regrets des puristes attachés aux bobines. Rénovation du chauffage, de la toiture,
mise aux normes et accessibilité aux handicapés, le seul cinéma à 30 km à la ronde fait peau neuve.
Fruits de la collaboration avec l’association Plein champ, à laquelle le cinéma est adhérent (voir ci-dessous),
de nouvelles initiatives ont vu le jour. « Nous développons des séances ciné-seniors en après-midi, des
ciné-goûters dédiés au court métrage pour le jeune public et des ciné-débats en présence des réalisateurs. »
Plusieurs festivals comme Les gamins de la Viouze, programmé lors des vacances scolaires ou Play it again,
dédié aux films anciens, sont également à l’affiche. « La Viouze fonctionne comme un complexe urbain,
avec une programmation variée. Grosse production ou Art et Essai, le public est de plus en plus réceptif.
Nous continuerons d’innover, de surprendre », poursuit Janick. À 4,50 € la séance (tarif abonnement),
les portes sont ouvertes à presque toutes les bourses. Et au milieu... coule la Viouze. La bien nommée
rivière qui jouxte le cinéma, ou l’inverse...
La Jetée :
visionnage gratuit
Unique en Europe et entièrement dédié au septième art, le
Centre de documentation cinématographique de La Jetée,
à Clermont, propose des séances gratuites pour tous. Sept
postes vidéos individuels permettent de visionner sur place
plus de 80 000 films courts et 3 000 longs. Un espace pour
des séances en groupe est accessible sur réservation. Et
en consultation libre, de nombreux ouvrages, scénarios,
photos et magazines spécialisés.
6 place Michel-de-l’Hospital, tél. 04 73 14 73 02, courriel bibliotheque.lajetee@
agglo-clermont.fr, site clermont-filmfest.com
sur le web

faire pousser
les petits cinés
L’association Plein Champ, coordonnée par Fabienne Weidmann,
est un outil de soutien au réseau du cinéma indépendant
en Auvergne.
par Sabine Carénou
CINEPARC :
écrans À l’ouest
Ciné-Parc est un circuit de cinéma itinérant sur 29 communes du Parc naturel régional du Livradois-Forez, ou
toutes proches. L’association, qui emploie 5 personnes,
peut également fournir des prestations à l’extérieur (voir
sur son site, plein d’informations). Depuis 1989, Cinéparc
vise à favoriser l’accès du plus grand nombre à un cinéma
diversifié : près de 26 000 entrées et plus de 700 séances
en 2014. Tarif plein : 5 €, réduit 3 (– de 18 ans, étudiant,
demandeur d’emploi, carte Cézam) ; abonnement (10 places
non nominatives) : 38 € ; scolaire/groupe : 2.50 €/personne
Cinéparc, Maison du Parc Livradois-Forez, 63880 St Gervais-sous-Meymont,
tél. 04 73 95 58 00, courriel [email protected],
 Projectionniste à tout faire
phm
après son licenc i e m e n t, J e a n Pierre cherchait
un job : il travaille
au j o u r d ’ h u i au
cinéma La viouze…
par Jean-François Murol
3
La Viouze fait peau neuve : le cinéma entièrement
rénové des Ancizes se projette dans l’ère numérique.
Grosses productions, Art et essai, ciné-débats et
festivals au programme…
Guichard soigne son image !
Guichard, 36 ans, est
devenu projec tionniste parce qu’il n’était
pas… projectionniste !
« Mon patron cherchait
quelqu’un qui ne soit pas
du métier, pour le former
à sa main ».
Rebecca Schmitt-Quenelet
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au
cinÉma
Projectionniste aux Ambiances
A
près des études d’anglais,
Guichard Wiss a touché à
pas mal de petits boulots
qui l’ont conduit à Clermont-Ferrand. Il s’y est
fixé voilà quelques années
dans un nouvel emploi, au cinéma les
Ambiances. Il aime ce travail qui l’accapare
beaucoup, même s’il regrette un peu le
passage des films au format numérique,
début 2012. Guichard, titulaire du CAP
de projectionniste, préfère la pellicule
argentique, « plus vivante, car il y avait
un vrai travail de préparation, un contact
physique avec la pellicule, plus fidèle à
l’image. Aujourd’hui, ce n’est plus la peine
d’être spécialisé : on appelle le service
d’assistance en ligne quand il y a un pro-
blème. Avant, on pouvait bidouiller… »
Les apprentis projectionnistes ont encore
une petite formation à l’argentique, explique Guichard qui s’occupe d’eux en
qualité de conseiller de l’enseignement
technologique. En moyenne, de 7 à 15
personnes, de 25 à 40 ans, s’inscrivent
chaque année au CAP en candidats libres,
en suivant des cours à distance1. La formation prévoit qu’ils aillent voir les machines
au moins une fois, et c’est là que Guichard
intervient en permettant l’accès aux cabines de projection.
Le CAP n’est exigé que pour les salles municipales (voir Projectionniste à tout faire, p. 3).
Ailleurs, dans les complexes notamment,
ces employés n’ont plus besoin d’être spécialisés. Guichard est lui aussi polyvalent.
Il s’occupe de la projection, de la lumière
dans la salle, des entretiens réglementaires
(extincteurs, alarmes…), de la ventilation, la
climatisation. Il tient parfois la caisse aussi !
En dehors de son emploi, Guichard donne
encore un coup de main comme projectionniste à La Jetée lors du Festival du court
métrage. Cinéphile ? « Je sais parler des
films que je projette ! Je ne suis pas pour
autant fanatique au point de les découvrir
dès leur sortie. Je les vois en dehors de
mon temps de travail, ce n’est pas possible
depuis la cabine. »
1. Le Centre national d’éducation à distance
(CNED) s’occupe de la formation par correspondance des enfants hors l’école (hospitalisés, etc.) et
aussi des adultes au delà du bac. Infos sur cned.fr
sur le web
 Photomotion
Comment filmer pas cher grâce
au Stop motion, qui consiste à
photographier un décor en déplaçant légèrement les personnages et objets à chaque prise
par Fabrice Tarit
de vue.
 “Les Invisibles”
Avec ce court métrage (visible à la
jetée), Akihiro Hata signe une œuvre
poignante entre fiction onirique
et documentaire sur les décontamineurs du nucléaire. Entretien.
par Sébastien Juillard et Fabrice Tarit
Souvenirs de tournage du film Uranus
Figurez-vous…
5
En cette belle journée de mai 1990, je suis à des années-lumière du cinéma. Mais mon amie Nicole
me propose de l’accompagner pour un casting…
Monique Bayol
C
laude Berri a
choisi la région
de Maringues
pour tourner son
film Uranus, une
comédie dramatique. L’action se déroule en
1945, après la fin de la guerre.
Une famille héberge des victimes des bombardements,
et les règlements de compte
s’annoncent…
A notre arrivée à Maringues, la
salle de la mairie est déjà pleine.
J’apprends alors qu’il faut des
photos. Affolée, je cours chez
le photographe et reviens juste
à temps. Une technicienne me
demande de marcher et… de
ne pas me couper les cheveux !
De retour chez moi, j’oublie et
 Intermittent
ou pas ?
le choix de Marcial : le
statut d’intermittent
du spectacle est une
nécessité… qu’il refuse
pour l’instant.
par Lætitia Oleotto et Sébastien Juillard
je retrouve mon quotidien.
Quelques jours plus tard le téléphone sonne : la production
m’annonce que je suis retenue
comme figurante ! Je suis folle
de joie !
Premier contact avec les coulisses pour l’essayage des costumes d’époque : une robe, des
chaussures à talons (difficiles à
trouver en pointure 34) et un
petit sac à main où j’ai caché
mon appareil photo. Enfin arrive
le jour du tournage. Sans voiture
ni permis, je me débrouille pour
les trajets, en stop ou avec des
nouvelles amies rencontrées sur
place. Pas question de rater ça !
« Mais oui, mon p’tit ! »
Pour quelques minutes où j’ap-
parais à l’écran, je vais passer
beaucoup de temps à attendre
durant ces cinq jours de juin.
Maquillée, coiffée, vêtue de ma
robe jaune, je ne compte plus les
cafés et les balades dans la ville
où je me sens décalée dans ma
tenue rétro. Mon rôle est celui
d’une bourgeoise qui se rend à
l’épicerie. Je dois marcher, pas
trop vite, et arriver juste avant
l’actrice Danielle Lebrun. Silence,
on tourne ! Action ! Trop vite !
Trop lent ! Coupez ! On reprend,
enfin c’est la bonne prise. Tout
me donne l’impression d’une
grande pagaille. On a droit à
une pause sous le barnum pour
grignoter des sandwiches et se
rafraîchir.
Tout est faux sur la place en
ruines. J’ai failli écraser un rocher en m’appuyant dessus !
Devant une façade, assis sur
un banc, l’acteur Jean-Pierre
Marielle se repose. Il porte des
lunettes de soleil. Il me parait
grand. J’ose m’approcher et lui
dis : « Bonjour, puis-je m’asseoir
à côté de vous ? » Il dit oui de la
tête. Je lui demande une photo
avec lui, et il me répond avec
sa voix inimitable : « Oui mon
p’tit ! » Au moment du cliché,
j’ajoute : « Pouvez-vous enlever
vos lunettes pour que l’on vous
reconnaisse ? » Il éclate de rire
et les retire. Je le remercie de
mon plus beau sourire, ainsi
que la coiffeuse de bien vouloir
prendre la photo.
Un autre jour, j’attends devant
le bar où doit se dérouler une
scène extérieure. Le vent agace
“ma” coiffeuse. Devant moi, Gérard Depardieu, calme, imposant, me regarde à peine, étonné
d’être en avance. J’en profite et
lui demande la permission pour
une photo : un pâle sourire, un
“oui” et c’est dans la boîte ! J’ai
découvert ainsi l’ambiance des
coulisses du cinéma. Cette expérience me laisse des souvenirs
heureux, des photos, un instant
de rêve dans une vie ordinaire…
Et, bien sûr, les 250 francs en
liquide par jour de présence !
cinÉma
La Lutte, tournage local
Micro-budget pour long métrage
au
Un film coûte trop cher. Il faut des partenaires, du matériel de pro, moins de liberté… « Ah bon ? Alors
faisons le contraire ! » Khalid et Nathaël relèvent le défi et tournent leur première œuvre : “La lutte”
Le long métrage le moins cher du monde ! » lancent avec fierté et
dérision les deux jeunes réalisateurs amateurs clermontois, Khalid et
Nathaël. « Nous n’avons pas demandé de subvention. Nous voulions
être libres et démontrer qu’on pouvait le faire. » Au gré des rencontres,
ils ont fédéré une trentaine de bénévoles et rassemblé du matériel vidéo.
Largement inspirée par la méthode américaine One man army (homme
6
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s
ier
tous
«
Fabrice Tarit
orchestre), l’équipe a fait des prouesses d’ingéniosité. « On a fabriqué
des décors, des accessoires vidéo et travaillé avec une association de
recyclage pour rationaliser les coûts. » Total : 2 000 €, alors que le coût
moyen est d’un million... « Notre budget est celui d’un micro métrage !
C’est une nouvelle façon de penser le cinéma. Tout le monde doit être
libre de faire un film. »
Entre autobiographie et fiction teintée d’humour et d’onirisme, La Lutte
traite de la vie dans les quartiers, de double culture, de ruralité et des
problèmes vécus par les femmes. « C’est une tranche de vie où se croisent
quatre destins de trentenaires galériens moyens. Ils ont en commun
l’oppression subie au quotidien, tout le monde peut s’y retrouver »,
explique Nathaël. Et particulièrement les Puydômois puisque le film a
été tourné entre Puy-Guillaume, Charbonnières-les-Vieilles et Clermont.
Avec seulement six pages de scénario, le film repose sur l’improvisation
des comédiens. « Il n’y a pas de dialogues écrits. Souvent, la première
prise est la bonne car elle se fait à l’instinct », poursuit Khalid. Soucieuse
de partager sa façon de faire, l’équipe travaille aussi sur le making-off.
« Plus qu’un film, c’est une expérience sociale ». Une expérience qu’ils
poursuivront sur le net : le film sera téléchargeable en échange d’un
don à une association humanitaire. Loin des strass et des paillettes, La
Lutte innove, La Lutte fédère, la lutte continue...
Projections à Clermont : le 1er juin au café-théâtre Défonce de rire, le 13 juin à
la Maison du peuple, en septembre au cinéclub étudiant Cinéfac (voir page 7).
D es s i n e - m oi
un Cournon
Depuis 2010, le lycée René
Descartes, à Cournon, fait
partie des cinq écoles françaises formant en deux ans
les futurs pros du cinéma
d’animation.
Virginie Maire et Fabrice Tarit
«
Nous sommes tous passionnés de
cinéma d’animation, d’art et de
dessin. En six mois, nous avons
déjà réalisé deux films et une pièce
de théâtre », explique une élève de
première année du diplôme des
métiers d’art (DMA) en cinéma d’animation
de Cournon. Créé en 2010 au lycée Descartes
par deux enseignantes en Arts appliqués,
Sophie Gallo et Karine Paoli, rejointes depuis
par Joan Guyonnet, ce “bac + 2” forme les
futurs professionnels de la réalisation de films
d’animation pour le cinéma, la télévision ou
le web. Avec plus de 500 candidatures pour
15 places par an, l’école est sélective. De
bonnes bases en dessin et un bac en arts
sont nécessaires (ou un bac général complété
d’une année de mise à niveau).
« Le cinéma d’animation est au croisement
de nombreuses disciplines, ce n’est pas que
du dessin ! » prévient Sophie. Sur 38 heures
de cours, les arts appliqués en couvrent plus
d’une trentaine. Dessin, apprentissage des
logiciels vidéo, expression plastique, fabrication de maquettes, prise de son et autres
constructions de décors sont à l’affiche. La
réalisation de films courts occupe aussi une
place importante : en première année, elle est
collective, sur un thème imposé. En seconde
année, l’œuvre est personnelle et libre. Des
professionnels prodiguent leurs conseils avi-
sés, de l’écriture du scénario jusqu’à l’évaluation en fin de cycle, où ils assurent aussi
la fonction de jury de fin d’études. Enfin, six
semaines de stage permettent aux élèves de
connaître l’univers des maisons de production.
« Notre spécificité, ce sont les ateliers créatifs
expérimentaux, animés par des professionnels
reconnus. Les étudiants adorent ça, il y a de
vrais échanges, loin de l’institutionnel habituel », explique Joan. Autre avantage, le DMA
est accessible financièrement. La formation est
gratuite alors qu’une école privée équivalente
peut coûter plusieurs milliers d’euros.
« Il y a énormément à apprendre, constate
lucidement un étudiant. Beaucoup d’entre
nous poursuivrons nos études aux Arts déco,
à Paris, aux Beaux-arts, au sein de filières
cinéma ou dans de grandes écoles comme
celle des Gobelins. » Tel est le destin des futurs
talents qui redessineront, un jour, le monde
très animé du cinéma.
Infos sur http://lyc-rene-descartes.entauvergne.fr
7
Trois films à Herbet…
Immergé dans un quartier dénigré, Samuel et son équipe s’emploient à le
réhabiliter. Par l’image.
Laetitia Oleotto
S
amuel Deprez a
une formation
d’éducateur spécialisé, métier qu’il
a exercé pendant
10 ans avec des
ados. Voilà dix ans, la ville
de Clermont lui propose un
poste de responsable du
centre Copernic, structure
municipale d’animation
dans le quartier d’Herbet. «
Les débuts ont été difficiles, il
a fallu montrer patte blanche !
Le centre était à l’origine
plutôt fréquenté par les plus
anciens, on est allé chercher
les jeunes. Toute l’équipe, cinq
personnes au total, a fait un
gros travail pour entrer en
relation avec eux. La relation
de confiance s’est construite
sur des années. »
Le quartier d’Herbet, premier
lieu d’accueil de l’immigration
familiale maghrébine à Clermont, a joui longtemps d’une
mauvaise réputation, justifiée
ou non. Au total, Samuel et
son équipe ont réalisé trois
films : dans les deux premiers,
Là-bas, c’est ici et Je me souviens, ce sont les femmes du
quartier, puis les hommes qui
témoignent (voir Exclusif n°31
et 33). Puis France 3 a organisé un concours national, Filme
ton quartier, qui fut l’occasion
d’un troisième film, Herbet –
Les cités Saint-Jean.
Travail de mémoire
« L’idée des films est venue
naturellement. Il s’agit tout
simplement de faire exister
les habitants, de leur donner
la parole, de les présenter différemment par rapport aux
préjugés, explique Samuel.
A l’époque, ça m’avait mis la
rage de voir leurs conditions
d’habitation et le dédain pour
les populations immigrées.
Ce sont des gens pudiques,
mais j’ai ressenti qu’il y avait
un réel besoin d’expression.
C’est aussi et avant tout un
travail de mémoire. » Car le
quartier s’est vidé progressivement de la plupart de ses
habitants, avant sa démolition-reconstruction qui est
en cours – un grand lycée professionnel, notamment, doit y
être réalisé. « Il reste 150 habitants sur les 1000 d’il y a dix
ans. J’ai vu le quartier changer
mais sans m’en apercevoir. Les
travaux me mettent devant le
fait accompli. »
Cinéfac :
pas cher
Le troisième film de Samuel,
Herbet – Les cités Saint-Jean
(3’ 30), visible sur YouTube1,
montre le quartier sous un
angle différent des deux
premiers. Plus abouti que les
deux autres sur le plan technique, il ne contient pas de témoignages d’habitants ; c’est
une voix off, celle de Samuel,
qui fait le point sur l’histoire
du quartier, son passé, son
vécu, son devenir. Le réalisateur a fait avec les moyens
du bord, et il joue d’ingéniosité pour offrir des plans en
hauteur, passant d’un toit
d’immeuble à l’autre…
C’est fini pour cette année
mais notez-le pour 2016 : de
janvier à avril, les mardis
soirs à 20 h 30 (hors vacances
scolaires et périodes d’examens), le cinéclub étudiant
Cinéfac, ouvert à tous, présente des (bons) films en version originale sous-titrée,
précédés d’un court métrage
et d’une présentation du
film. Tarifs : 3 €, réduit 1,5
€ ; pour 10 séances : 25 et
12… Ça se passe au grand
amphithéâtre de la fac de
lettres, 29 boulevard Gergovia à Clermont, et il y a
généralement une affiche
pour guider.
1. à l’adresse https://youtube.com/
watch?v=yaHbfhTo1Ew
Cinéfac, infos sur le site http://cinefac.
o2switch.net/
Garantie jeunes, un dispositif différent pour l’i
« I NEET a job »
8
quoi de neuf ?
“NEET : Not in Education, Employment or Training” : pas à l’école, ni au travail ni
en formation. Les anglophones ont trouvé cet acronyme pour désigner les
jeunes en précarité, ceux qui “need a job” (ont besoin d’un job), première cible
du dispositif de la Garantie jeunes.
Fabrice Tarit
la demande de secteurs porteurs ? Ne
sont-ils pas parfois la variable d’ajustement salariale d’entreprises peu scrupuleuses ? Selon le CESER 1, 96 % des
jeunes sélectionnés étaient déjà en
relation avec les Missions locales : la
Garantie jeunes profite-elle vraiment
aux plus éloignés de l’emploi ? Étant
donnée la conjoncture actuelle, seul
le chômage semble bénéficier de la
meilleure garantie…
Nathalie Guillien
entre ses collègues conseillères Marina
Guerniou et
Claire Garnier
(de g. à droite)
P
ilotée par les Missions locales
pour l’emploi des jeunes,
la Garantie jeunes est proposée aux NEET motivés.
Contre une allocation mensuelle de 450 euros durant
un an, le jeune s’engage à suivre des
formations collectives et à réaliser un
maximum de stages professionnels
non rémunérés. « La philosophie n’est
pas d’avoir un projet professionnel,
mais de se tester en entreprise pour
mieux se connaître. Et acquérir ainsi
cette première expérience qu’on leur
reproche de ne pas avoir », explique
Mme Guillien, responsable de la Garantie jeunes qui a débuté en janvier 2015
à la Mission locale d’Issoire. « Dialoguer
avec les entreprises et les informer de
ce programme est primordial pour créer
un réseau. »
Les quatre premières semaines (de 35 h)
sont consacrées aux ateliers collectifs,
chacun d’une quinzaine de jeunes : au
programme, CV, lettre de motivation,
gestion du budget personnel, sport,
surf sur la toile, formations au secourisme… Il s’agit de mettre en valeur
des compétences, des savoir-faire et
des savoir-être. « Les actions collectives
apportent de la richesse au groupe. Les
différences génèrent de la vigilance
1. CESER : Conseil économique social et environnemental régional
et du respect entre eux. Cet esprit de
solidarité est tout à fait nouveau. »
Des professionnels leur prodiguent
aussi des conseils ; certains, généralement chefs d’entreprise, parrainent
un groupe.
Questions à l’horizon
Une fois initié aux codes de l’entreprise,
le jeune doit se lancer. « Après cette
première phase de formation, 80 % de
nos 17 jeunes sont en stage et 20 %
sont en CDD ». A Issoire, 120 jeunes
intégreront le cursus en 2015. Reste
à savoir si le territoire sera en mesure
d’absorber cette demande de stages
sur le long terme.
À Clermont, où le dispositif a été expérimenté dès 2014, la Mission locale reçoit
5 500 jeunes : la Garantie jeunes n’est
pas destinée à accueillir tous ceux-là.
Y a-t-il une sélection ? Les Missions
locales étant jugées sur les chiffres
d’emplois et de stages obtenus par
les jeunes, on peut se demander si
elles les orientent suffisamment vers
des formations qualifiantes. Les jeunes
sont-ils contraints de trouver un travail
ou un stage, quelle qu’en soit la nature,
sous peine de radiation ? Doivent-ils
oublier leurs aspirations pour obéir à
Garantie Jeunes :
quelques chiffres
Le dispositif Garantie jeunes (GJ) concerne les 18-25 ans en
situation de précarité, sans emploi ni formation, aux ressources
inférieures à 513,88 euros/mois. Le gouvernement souhaite
toucher 150 000 jeunes d’ici 2017. Pour cet accompagnement
renforcé vers l’emploi (un conseiller pour 50 jeunes, au lieu du
triple habituellement), un contrat est signé entre la Mission
locale (ML) et le bénéficiaire : il accepte les propositions
d’emploi ou de formation et perçoit une allocation équivalente
au RSA pendant ses périodes sans emploi ni formation.
L’âge et le niveau à l’entrée : 1 % moins de 18 ans, 39 % de
18 à 20 ans, 60 % au delà ; 48 % sans diplôme, 28 % CAP/
BEP, 21 % Bac et 2 % au dessus.
A Clermont-Ferrand, la ML a expérimenté la GJ dès 2014 : sur
373 jeunes admis au fil de l’année (3 promotions par mois),
99 jeunes avaient terminé leur parcours au 31 mars : 89 ont
fait au moins un stage en entreprise et 63 ont obtenu un
emploi pendant le dispositif. A la fin de celui-ci, 33 avaient
un emploi (25 contrats de travail : 16 CDD dont 10 précaires, 9
CDI dont 3 temps partiel) ou une formation (4 en alternance,
3 en formation et 2 ont réintégré la scolarité).
insertion des jeunes ? Des infos et des avis…
Paroles sous Garantie
De g. à droite :
Maxime Fardoux, Jordan
Eberlé, Nicolas Borel, Romain Marques
Botelho,
Linda Gondel, Anouck
Meyret, Nelly
Roubertou,
Flavienne
Chassagne,
Even Gueham
et Claire Mottin
D
epuis janvier 2015,
la Mission locale
d’Issoire expérimente la Garantie jeunes. « On
est les ambassadeurs du projet », confient les
jeunes bénéficiaires, âgés de 18
à 24 ans. Déjà tous suivis individuellement par la Mission locale,
ils ont désormais pour règle l’action collective. « C’est trop bien !
Ensemble, on s’entraide, on se
Oui, mais…
soutient. Fini d’être seul ! » Mais
l’isolement n’est pas la seule difficulté. « Les entreprises ont peur
de recruter des jeunes. Les préjugés sont tenaces : fainéants,
bons à rien... Les anciens considèrent que c’est de notre faute
si on ne trouve pas de boulot. »
Pourtant, tous ou presque ont
des diplômes, du CAP jusqu’à
bac + 3. « Pour nous recruter, on
nous demande de l’expérience.
Mais personne ne veut nous
A
24 ans et avec un niveau
licence, Eva a intégré la Garantie jeunes après un contrat
de professionnalisation sans
perspective d’emploi. « J’étais
désespérée. La Garantie jeunes
m’a aidée pour les entretiens, CV et lettres. »
Elle a apprécié le travail collectif, « un moment
d’expression libre entre jeunes », et le « vrai
donner notre chance ! Il faudrait
juste qu’on puisse se lancer. » Se
lancer dans leur secteur. Car de
l’expérience, ils en ont, un peu.
90 % ont travaillé, mais juste
pour des jobs d’été.
Autres problèmes majeurs,
le logement et la mobilité.
« Les entreprises nous disent
souvent “pas de permis, pas
d ’emplois”. M ais il coûte
cher ! » Certains ont pu se
le payer grâce à l’allocation
suivi » réalisé par la Mission locale. Deux CDD
de 6 mois puis 6 semaines lui ont été proposés
par la même entreprise durant son passage
dans le dispositif. Eva y travaille toujours…
mais en CDD renouvelé toutes les semaines.
Le CDI promis et rêvé n’est pas au rendez-vous.
Positive, Eva recommande la Garantie jeunes
à tous : « Ça motive pour trouver du boulot, se
faire un réseau. Un jour, j’aurai ma chance. »
de la Garantie jeunes. Quant
aux formations dispensées
à la Mission locale, l’avis est
unanime. « Ce sont des pros.
Ils savent de quoi ils parlent.
Avant, personne ne nous
avait expliqué ces choseslà. On en avait besoin. » Tout
comme l’intervention de leur
“parrain”. « C’est un chef d’entreprise. Il nous a parlé de
son expérience, nous met en
situation d’entretien et corrige nos défauts. On a fait un
gros travail sur nous-mêmes
pour chercher et mettre en
valeur nos compétences.
C’est génial pour retrouver
confiance en soi. » Après la
théorie, la pratique. « Les
stages nous permettent de
découvrir des métiers sur le
terrain et de définir un projet
professionnel. On veut juste
un peu de stabilité ! » Et de
conclure : « Bien sûr qu’on
recommande la G arantie
jeunes ! On en parle déjà à
nos amis. » Paroles d’ambassadeurs.
Pour Léo, 22 ans, en quête d’un employeur
pour intégrer une formation professionnelle
d’hôtellerie, le constat est amer. « J’ai l’impression de me faire exploiter. Mes cinq stages se
sont bien passés, puis rien. La Garantie jeunes
c’est très bien, mais ils ne peuvent rien contre
les employeurs et le manque d’activité. » Oui
à la Garantie jeunes, mais…
sur le web
Fabrice Tarit
 Le parrain, deuxième saison
Directeur de l’entreprise André Volailles, à Combronde, Yannick SOL est aussi “papa poule” (mais pas trop)
d’une promo Garantie jeunes. Entretien.
par Lætitia Oleotto
9
Lætitia Oleotto et Fabrice Tarit
PPE + RSA = Prime d’Activité ?
L’ex-Prime pour l’emploi (PPE) et le RSA activité vont fusionner en Prime d’activité, une nouvelle aide qui doit changer… quoi, au juste ?
Didier Gouvignon et Sébastien Juillard
D
10
quoi de neuf ?
ans le cadre d’un énième plan quinquennal gouvernemental contre la
pauvreté, la Prime d’activité remplacera la PPE et le RSA activité dès
le 1er janvier 2016. Annoncée dans
une relative confusion, cette aide a
comme objectif, selon M. Valls, d’ « encourager le
retour à l’emploi et simplifier l’accès aux aides ».
C’est-à-dire ?
Ça change pour qui ?
Pensée pour les revenus modestes, la prime d’activité concernera tous ceux qui, à temps plein ou
partiel, perçoivent moins de 1,2 smic mensuel.
Grande nouveauté, les travailleurs de moins de 25
ans pourront en bénéficier. Ils étaient auparavant
mis à l’écart du RSA activité, sauf en cas d’enfant(s)
à charge, et pour une infime minorité seulement
bénéficiaires du RSA jeune, difficile à obtenir : les
plus jeunes sont donc les gagnants présumés de
ce remaniement.
En revanche, les travailleurs “moins modestes”, dirat-on, qui bénéficiaient de la défunte PPE devront en
faire le deuil : l’accès à la prime d’activité est en effet
plus restrictif. Après quelques atermoiements du
gouvernement, la prime sera également ouverte aux
jeunes en apprentissage et aux étudiants dès lors
qu’ils touchent au moins 0,8 fois le smic. Selon le
gouvernement, la nouvelle aide concernera ainsi 5,6
millions de salariés, soit 4,5 millions de ménages.
Mais il semble que ces prévisions aient été faites
en comptant sur un taux de non-recours de l’ordre
de 50 % : en clair, on espère bien que la moitié des
personnes y ayant droit ne la demanderont pas
à leur Caf… de la même façon que depuis des
années, 68 % des personnes qui peuvent bénéficier
du RSA activité ne le réclament pas.
Ça change quoi ?
Les travailleurs qui percevaient auparavant la PPE
verront normalement leur aide augmenter. Ainsi,
un salarié au smic touchera 126 euros par mois
au lieu de 68 (source : http://dossier-familial.
com). Cependant, environ un million de travailleurs,
sur les cinq à six millions qui touchent la PPE,
seront exclus de la prime d’activité : trop riches
sans doute… Actuellement versée aux salariés
célibataires gagnant entre 311 et 1 454 euros,
la prime d’activité concernera ceux ne déclarant
qu’entre 575 et 1 360 euros.
Pour les personnes au RSA activité (moins de
1 210 euros par mois), cette nouvelle disposition
ne changera rien quant au montant. Mais elle
devrait, en principe, en faciliter l’accès. Elle ne
sera désormais plus calculée tous les mois mais
tous les trois mois, et prendra moins en compte
la composition familiale, sauf pour les familles
monoparentales. Néanmoins, s’il réside chez ses
parents, le demandeur verra ses droits calculés
sur la base de l’ensemble des revenus du foyer.
Cette prime d’activité ne concerne pas les titulaires
du RSA socle ou de l’ASS, mais une fusion de ces
deux aides a aussi été annoncée par le gouvernement. Difficile pour l’heure de dire qui seront les
vrais gagnants de ce qui ressemble quand même
à un bricolage budgétaire...
sur le web
 l’avis de l’économiste Thomas Piketty
Extraits : « … Autrement dit, le gouvernement a choisi de généraliser un système
dont le taux de recours est ridiculement
faible. Il sait pertinemment que des millions de salariés modestes ne toucheront rien, l’intègre dans ses calculs, et
continue sa route. »
(…) « la vérité est que le gouvernement
craint d’être entraîné dans une réforme
fiscale qu’il avait promise mais qu’il a
choisi de repousser indéfiniment. »
dans Libération du 19 mai 2015
L’insertion et ses chantiers…
En 2011, à Thiers, grand succès pour le chantier des “animateurs-monteurs de couteaux” de
l’association Inserfac qui aidaient
jeunes et touristes à monter leur
propre couteau : 2000 pièces
vendues dans l’été.
L’
État a baissé de façon importante ses dotations aux collectivités locales, dont le Conseil
départemental du Puy-deDôme. De plus, les ressources
de ce dernier sont grevées par
la montée en charge du RSA, laquelle suit
logiquement la courbe du chômage…
Cette situation affecte, entre autres, un
acteur très important de l’insertion : les
Ateliers chantiers d’insertion (ACI), chantiers
sur lesquels Exclusif réalise souvent des
reportages (voir p. 13, et ci-dessus).
L’association Chantier École Auvergne
représente les ACI au niveau régional, soit
125 chantiers et environ 1200 postes salariés en contrats d’insertion en Auvergne ; le
Puy-de-Dôme en représente près de 40 % :
62 ACI et environ 490 postes.
Objectifs : innovation et féminisation
« Nos inquiétudes ont plusieurs causes, »
explique Pascal Grand, délégué régional
de Chantier École Auvergne, « dont les
réformes en cours de l’insertion et de la
formation professionnelle. Ces réformes ont
des conséquences économiques pour les
structures et certaines sont en difficulté.
L’État et le Conseil départemental du Puyde-Dôme ne sont pas certains de réunir
suffisamment de financement pour boucler
l’année 2015. D’après les informations dont
nous disposons, nous craignons que dans
le Puy-de-Dôme, tout cela se traduise finalement par une baisse des financements
correspondant à 25 emplois équivalents
temps plein, soit environ 30 personnes. »
Cela pour l’année 2015 dans un premier
temps.
Outre cette contrainte financière liée à une
enveloppe limitée, l’État et le Conseil départemental souhaitent lancer une réflexion sur
l’offre des structures d’insertion par l’activité
économique (IAE) dans le département
et plus particulièrement sur les ACI. L’État
demande, entre autres, que les ACI soient
davantage innovants dans les supports
qu’ils proposent, et aussi que les femmes
y trouvent plus de place. Les ACI consacrés,
par exemple, à l’entretien d’espaces verts
et du petit patrimoine accueillent très peu
de femmes, non par sélection mais par
défaut de candidatures. Ces ACI sont assez
nombreux et cofinancés par les collectivités
(communes, communautés de communes).
À l’inverse, les chantiers plus innovants ont
du mal à trouver un équilibre financier.
« Il y a une réflexion à mener : qui doit
financer l’insertion, comment et pourquoi ?
Les collectivités locales gèrent et financent
un ACI (et généralement un seul) si elles
en reçoivent quelque chose, mais pas des
actions basées sur le théâtre, par exemple,
ou sur un atelier de montage de couteaux
à Thiers (voir Exclusif n°33). Tout cela a des
conséquences sur l’équilibre économique
des structures associatives qui portent plusieurs chantiers. » Justement celles qui
peuvent innover et toucher un public plus
large. Exclusif ne manquera pas de revenir
sur ce sujet.
Chantier École Auvergne, 17 rue Gaultier-de-Biauzat, 63000 Clermont-Fd, tél. 04 73 31 57 25 ; courriel:
[email protected] ; site national :www.chantierecole.org
À nos lecteurs
Exclusif, dont vous constatez avec ce
numéro qu’il a réduit son format (de
22,5 x 31,5 mm à 21 x 29,7) pour cause d’économies budgétaires, connaît lui aussi
des difficultés dont nous avons parlé
dans les deux numéros précédents. sans
autres nouvelles à l’heure actuelle, nous
pouvons simplement annoncer que le
n°45 paraîtra sur papier à l’été prochain.
Pour la suite, on ne sait pas…
11
L’insertion par l’activité économique connaît des difficultés financières, mais nécessite aussi
une réflexion en profondeur.
Denis Couderc
IVG : paroles de médecin
12
quoi de neuf ?
Gynécologue, le docteur M. est membre de l’équipe du centre d’orthogénie de l’hôpital clermontois Estaing. Elle raconte…
Sabine Carénou
«
La moitié de ma patientèle
vient pour des consultations
de suivi gynécologique et
d’obstétrique, et l’autre pour
des interruptions volontaires
de grossesse, » explique le
docteur M. qui se rappelle : « J’ai passé
ma thèse dans les années 1980. J’étais
pour la légalisation de l’IVG, il m’a
semblé normal d’aller au bout de mes
idées, et j’ai participé à la création du
centre d’orthogénie à la Polyclinique
de Clermont-Ferrand. L’IVG concernait alors surtout les femmes de 30-35
ans. Aujourd’hui, avec l’évolution de la
maturité sexuelle, elle touche plus les
femmes d’environ 25 ans. Néanmoins,
aujourd’hui comme hier, les profils-types
n’existent pas : la demande peut venir
d’une quadragénaire à la grossesse surprise, d’une adolescente qui a un accident de contraception, d’une femme en
post-partum… ». Suzy, l’interne du service, complète : « Notre rôle est d’écouter, de convenir avec ces femmes de ce
qui est le mieux. Souvent, elles sont en
souffrance et ont peur d’être jugées.
Nous devons les rassurer et leur expliquer posément les choix qui s’offrent
à elles. »
C’est pour cela que l’une et l’autre sont
très attachées au délai de réflexion de
sept jours récemment supprimé (voir
ci-dessous) : « Qu’est-ce que ça veut
dire ? s’exclame le docteur M. Prendre
le temps de réfléchir, ce n’est pas manquer d’autonomie ! Il faut surtout que la
peur ne paralyse pas la réflexion de ces
femmes. Une fois qu’on leur a expliqué
les différentes étapes, elles peuvent sortir de la panique et profiter de ce délai
pour se demander « Bon, maintenant,
je fais quoi ? »
Un enfant qui n’est pas que dans
le corps
« L’enfant ne s’installe pas seulement
dans le corps des femmes, mais aussi
dans leur tête » explique le docteur M. :
après l’IVG, certaines gardent en elles
un enfant virtuel, qui peut mettre longtemps à les quitter. C’est pourquoi le médecin insiste sur l’accompagnement autour de l’acte : le délai de réflexion, bien
sûr, mais aussi le choix de l’intervention,
chirurgicale ou médicamenteuse, et
l’entretien avec un psychologue : « Il
est obligatoire pour les mineures, mais
facultatif pour les majeures. Cependant,
nous le proposons systématiquement.
Et souvent, les femmes qui le refusent
sont celles qui en ont le plus besoin. »
Il est essentiel qu’elles se sentent épau-
lées par tous les professionnels qu’elles
rencontrent, et ne soient pas isolées.
C’est pourquoi le service d’orthogénie
est intégré au service de gynécologie. Il
bénéficie même d’un échographe, d’un
bloc et d’un secrétariat dévolus, ce qui
n’est pas le cas partout en France.
Et le médecin ?
La relève est là : « Je suis tranquille,
explique le docteur M. Je sais qu’à
Clermont-Ferrand, d’autres médecins,
essentiellement des femmes, prennent
la relève ». Quant à ceux qui refusent
de pratiquer des IVG, ils sont moins
hostiles à leur égard que par le passé,
soulagés que d’autres s’en chargent à
leur place. L’acte chirurgical lui-même a
évolué : plus confortable pour le praticien, il reste néanmoins difficile : « Il faut
que ça soit clair dans nos têtes à nous,
médecins. Ici, nous sommes une petite
équipe, nous échangeons beaucoup
entre nous », expliquent le médecin et
l’interne. Elles sont satisfaites de faire ce
qu’elles font, pas pour elles mais pour
ces femmes qu’elles accompagnent dans
des moments difficiles. Elles concluent :
« Le plus important, c’est la parole de
nos patientes, c’est elle qui doit guider
tous les choix qui seront faits. »
L’IVG sur le Net : attention
Plus de délai de réflexion
L’interruption volontaire de grossesse n’est pas un choix
facile. Certaines femmes cherchent à s’informer par Internet.
Attention, sur la Toile peut-être plus qu’ailleurs, certains
discours sont habilement dissimulés : ainsi IVG.net apparaît
en 2e ou 3e position sur Google. S’il se présente comme un
« organisme associatif » qui écoute et oriente gratuitement,
son discours est fondamentalement anti-IVG. Il est néanmoins
dans la légalité, et insiste habilement sur le fait que lors d’une
consultation IVG, le médecin est tenu de parler des risques liés
à l’intervention et des droits auxquels la potentielle future
mère pourrait prétendre.
Début avril, les députés ont voté la suppression du délai de
réflexion de 7 jours entre les deux consultations médicales
de rigueur dans le cadre d’une interruption volontaire de
grossesse. Ils estiment que ce délai était inutile et imposait
une semaine de doute ou de culpabilité aux femmes qui,
pour certaines, étaient sûres de leur décision. Néanmoins,
d’autres voix rappellent que le délai permettait à d’autres
d’appréhender plus sereinement la situation avant de faire
leur choix, quel qu’il soit.
Pour tout renseignement, consulter le site officiel du gouvernement :
http://sante.gouv.fr/ivg
Réparer sa voiture à moindres frais
j’ai Fait un "Détours" par Olliergues
Avoir une voiture et le Rsa, pas facile ! Assurance, carburant, entretien et gouffre financier…
voici une solution économique, le garage de l’association Détours. Je vous emmène.
13
Lætitia Oleotto
L
’association Détours, basée à Cunlhat, gère plusieurs
ateliers-chantiers dans le Livradois, employant jusqu’à
48 personnes en insertion : entretien de la voie ferrée à
Arlanc, rénovation du patrimoine à Ambert, Cunlhat…
et à Olliergues, ce garage associatif accessible à ceux qui
touchent moins de 700 euros par mois.
« On répare une dizaine de véhicules chaque semaine, plus 12/13
vidanges », explique Didier Demaison, le chef de chantier. L’avantage, c’est le tarif. Seuls sont payantes les pièces de rechange, pas
la main d’œuvre : 32 euros pour des plaquettes, 300 pour une
distribution, 90 le remorquage. « Je garde souvent les véhicules
24 heures, le temps d’en faire le tour pour un bon diagnostic. »
Le CCAS de Clermont propose une aide pour financer en partie,
notamment le remorquage.
J’ai testé pour vous
Je possède un Renault Espace 2, vingt ans d’âge. L’usure de certaines
pièces se fait sentir, il y a urgence pour le parallélisme, un soufflet
de cardan et un roulement de roue avant.
D’abord, quelques difficultés à nous joindre, avec le garage : j’attends
deux semaines une réponse à mon courrier, puis c’est moi qui
tarde à les recontacter par téléphone… Enfin j’ai un rendez-vous
pour un diagnostic complet d’une heure par Didier Demaison et
son équipe.
J’en profite pour m’inscrire à l’association (conditions : carte grise
à mon nom et dans le 63, cotisation de 15 euros, vérifications) et
caler le rendez-vous pour les réparations, dans 15 jours – sauf pour
le roulement que j’avais déjà acheté. La charte de l’association
précise que les pièces fournies par les clients eux-mêmes ne sont
pas acceptées, pour des raisons de responsabilité et d’assurance.
Le jour dit, je laisse donc ma voiture en bonnes mains, pour 24
heures. La facture s’élève à 30 euros (soufflet) + 67 (parallélisme) :
moins de la moitié de la facture d’un garage classique. Le hic…
pour les Clermontois, ce sont les 50 km jusqu’à Olliergues. Pour
les Ambertois, c’est deux fois moins grave…
Didier évoque les projets de Détours : « Un garage à Billom, et
peut-être un véhicule de dépannage qui ferait des diagnostics sur
Clermont, évitant autant de trajets jusqu’à Olliergues. » Dès qu’il y
aura des financements…
27 avenue Mal de Lattre de Tassigny, 63880, tél. 04 73 95 37 72 ou 09 63 45 23 99
20 juin : fête champêtre avec Terre deCorinneLiens
Dupasquier
L’association Terre de Liens Auvergne organise le
samedi 20 juin une journée de réflexion et de fête,
à la Grange de Mai de Saint-Saturnin, dès 9 h 30.
Plusieurs objectifs à cette manifestation en partenariat avec Bio63 : promouvoir une agriculture saine
et de proximité, sensibiliser aux thèmes du foncier
agricole et de l’installation des agriculteurs, aider
à la collecte de dons. Il s’agit aussi de soutenir la
prochaine acquisition des dix hectares du Verger
de l’étoile, à Saint-Amant Tallende. Au programme,
conférence, marché de producteurs, tables rondes
et ateliers de création ouverts aux enfants. Covoiturage Auvergne contribuera au transport (contact
par courriel : [email protected]).
c r e a c t i f
Un guidon dans la tête
d u
La vélonomie, qu’est-ce que c’est ? L’autonomie dans l’entretien et la réparation de son vélo.
De ce néologisme, les fondateurs du “Guidon dans la tête” ont fait leur devise.
Sabine Carénou
14
créactif
t i t r e
Pas de coup de pompe pour les bénévoles !
A
près avoir animé un atelier vélo
pendant quatre ans, Manu et
Jean ont décidé à l’automne
2014 de fonder l’association
Tous deux roues. Créée sans
subvention, elle a contracté un
emprunt auprès de particuliers afin de lancer
au plus tôt son activité. Celle-ci a démarré
en janvier 2015 et Tous deux roues compte
déjà 300 adhérents. S’appuyant sur l’expérience d’un réseau national d’une centaine
d’associations, les fondateurs ont installé à
Clermont-Ferrand leur atelier d’autoréparation de vélos, baptisé “Un guidon dans la tête”.
Moyennant une cotisation de 10 à 30 euros,
les adhérents viennent pour réparer eux-
mêmes leur “biclou”, acheter à prix libre des
pièces d’occasion, bénéficier de conseils…
Ceux qui le souhaitent peuvent même trouver des vélos d’occasion entièrement réparés,
pour 40 à 80 euros.
Un guidon dans la tête se veut un lieu de
partage où circulent des idées chères aux
fondateurs : « Le vélo, c’est la liberté, l’autonomie, mais aussi une façon de vivre, de ne
pas polluer, de recycler, expliquent Manu et
Jean. Avec quatre vélos défaillants, on peut
en moyenne en retaper trois et récupérer sur
le dernier des pièces qui serviront à d’autres. »
Les projets ne manquent pas : apéro-démontage une fois par semaine, mise en place d’un
atelier mobile de réparation pour intervenir
sur les festivals ou dans différents quartiers…
Ils espèrent également obtenir le financement d’un emploi aidé et un local à plus
faible loyer.
Le lieu actuel, joyeux bazar hétéroclite, a de
quoi séduire : outils, accessoires, conseils et
livres sont mis à disposition de tous ceux qui
en pincent pour la petite reine.
Un guidon dans la tête, 7 rue Barillot-veuve-Coupelon, 63000 Clermont-Ferrand, tél. 06 64 09 19 34 (Manu), http://unguidondanslatete.fr, ouvert du mardi au
samedi de 14 h à 20 h et le dimanche de 11 h à 17 h.
sur le web
 librairies clermontoises : hauts et bas…
Huit mois après sa réouverture sous forme de société coopérative, la librairie
Les Volcans semble en bonne voie de renouveau. Mais Papageno, dédiée depuis
trente ans à la littérature jeunesse, a fermé ses portes.
Ça vous a plu ? abonnez-vous…
 Abonnement simple : 1 an, 4 numéros = 10 €
 Abonnement multiple : 5 exemplaires des 4 numéros = 20 €
Règlement à Exclusif, 3 rue de la Treille, 63000 Clermont-Ferrand
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Diffusion gratuite pour certains allocataires du RSA, financée par le Conseil départemental du Puy-de-Dôme
Exclusif est édité par l’association Exclusif avec le soutien
du Conseil départemental du Puy-de-Dôme, de l’État et
de ses abonnés.
3, rue de la Treille, 63000 Clermont-Ferrand,
tél. 04 73 91 34 16 - Courriel : [email protected]
Site : journal.exclusif.org
Directeur de publication : Yves Armandet
Webmaster : Christophe Blaize
Rédaction en chef : agence Par écrit : Michel Bresson,
Denis Couderc, Corinne Dupasquier, Sébastien Juillard,
Florence Plane ; photographie : Rémi Boissau
Rédaction et photos : François Delègue et Fabrice Tarit,
avec Monique Bayol, Sabine Carénou, Marité Carnazza,
Marie de Oliveira, Didier Gouvignon, Jean-François Murol,
Lætitia Oleotto, Mickaël Peauger, Anaïs Pommier, Gina
Raibaut et Rebecca Schmitt-Quenelet.
Illustrations : Pierre-Henri Malartre
Impression et routage : De Bussac, groupe Drouin
Tirage : 12 500 ex. - Dépôt légal : mai 2015
Commission paritaire : en cours - N° ISSN : 1762-4568
Lætitia Oleotto & Michel Bresson
m
o
l
La lumière baisse. Un chauffeur de salle présente les artistes : ce soir-là , cinq
humoristes se partagent la scène du café-théâtre clermontois Défonce de rire.
é
Poilade obligée !
M é l i -
est plutôt décontractée. Dans la salle, Yoann Combronde
jubile. Originaire de Thiers, le gérant du lieu a fait des études
de photographie à Lyon puis exercé son métier dans le milieu
du théâtre, où il s’est créé un solide carnet d’adresses.
Merlin l’enchanteur
L
es artistes sont plutôt jeunes. Surtout des garçons qui
plaisantent sur leurs déboires avec les filles. Ils parlent
de Mac Do, de leurs parents, de leurs doutes, de leurs
rêves… Ils jouent avec le public. Ils vannent aussi
parfois. Un humour énergique et culotté. Un quart
d’heure chacun en “stand up”. Un exercice difficile et
rythmé où les comédiens défilent seuls face aux spectateurs.
C’est une fille qui clôture la soirée. Un petit bout de bonne
femme pétillante et très drôle. Dans la salle le public réagit.
Il rit, hue, applaudit... Certains montent sur scène. L’ambiance
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8
« Un soir, j’étais venu à Clermont rendre visite à mes parents et
j’ai eu envie d’un spectacle comique. Je n’ai rien trouvé. D’où
l’idée d’ouvrir mon propre café-théâtre ! ». Dès lors, tout va très
vite. La mairie de Clermont l’aide à dénicher un local, mais le
financement du projet reste privé. C’est compliqué mais il finit
par ouvrir une salle accueillante de 75 places.
Le succès est immédiat. Il est vrai que Yoann tape d’entrée dans
le haut de gamme ! Le comédien Jacques Chambon (Merlin dans
“Kaamelott”) parraine le lieu : avec ses copains de la série-culte,
ils enchantent le public le soir de l’inauguration, en octobre
dernier. Depuis, la salle ne désemplit pas. L’affiche proposée
se veut toujours de qualité : « Je regarde les shows avant de les
programmer, explique Yoann, ou j’envoie quelqu’un le faire. »
Il reçoit jusqu’à quatre ou cinq candidatures par jour et propose
un spectacle différent chaque semaine, avec des scènes ouvertes
un mardi par mois (entrée gratuite). Peu d’artistes locaux se
produisent, beaucoup viennent de Lyon ou Paris, mais pourtant,
ce soir-là, un Riomois et un Clermontois se font les dents et
croquent un public ravi.
Défonce de rire, 34, rue Saint-Dominique, 09 67 00 78 82,
http://defoncederire.com Tarifs : 14 € l’entrée, 11 € en tarif réduit (RSA, chômeurs..). On peut, en
plus, boire un verre, grignoter…
HORIZONTALEMENT
A- Ceux qui l’ont été avec Marielle et Depardieu se la pètent
parfois…
B- Prenait le parti de se moquer.
C- Pas une brève de journal, pourtant c’est un article tout
court - Fit de brillantes pompes.
D- Pote en vrac – Masculin et démonstratif - Début d’erreur.
E- Parfois troublantes au cinéma… mais pas que !
F- Jolies sur un veston.
G- Elle sort d’un four à pain angevin.
H- Demi-merde… - On aimerait bien se faire tailler un costard
dans celui de Moulins.
I - On y tombe plus vite qu’on en sort, hélas.
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sur le web
 livres
Les rédacteurs d’Exclusif se sont penchés sur
trois ouvrages dont
le point commun est
d’avoir été rédigés par
des auteurs de notre
région. Marie-Hélène Lafon publie aux éditions
Buchet/Chastel son treizième ouvrage, Joseph, un
roman inspiré de la vie
rurale dans son Cantal
natal. Cécile Coulon présente Le Cœur du pélican,
l’entrecroisement des
histoires de trois adolescents, jusqu’à l’heure
du bilan… Enfin, Sébastien Juillard publie aux
éditions Scylla une nouvelle d’une soixantaine
de pages, Il faudrait pour
grandir oublier la frontière : la frontière, c’est
celle qui sépare Palestiniens et Juifs à Gaza.
Bonne lecture de ces
articles sur notre site !
VERTICALEMENT
1- Pour le faire pas cher, voyez page 6 - Pas la grande classe.
2- Se déplacerait - Breton mais n’éclaire pas.
3- Signal de départ - Film de Ben Affleck.
4- Sans nuance - En trois lettres elle coule, en une elle fit toute
une histoire au cinéma.
5- Si on l’a fait on est gai, avec un Z en plus c’est complet ! - On
en a plein le dos…sier.
6- Pas souvent social, au cinéma il peut faire perdre la tête…
7- Trois quarts de nain - À toi - .. tu vas à Rio…
8- Les photos ne le sont plus, ou alors dans les vieux films - Il
pédale dans les nuages depuis 1982.
9- Parfois filantes, même au cinéma – Permet de jouer au golf
et de finir ces mots croisés !
Proposés par Monique Bayol
SOLUTIONS DES MOTS CROISÉS : ici se cachent les mots employés dans la grille ci-dessus
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Défonce de rire
rie
Figurants
as
fade
tirees
vair
nai
ascenseur
ri
musee
tu
eau
ca
precarite
Mia
adieu
contras
ce
fouee
go
PIECES
uni
irait
cira
stars
tee
er
remuant
Etreintes
dopa
sec
ganses
taper
si
nervure
cp
ovin
ET
ecot
argo
mente
La
far
clave
filmer
laine
cinema
AIRE
Ironisait
te
bisous
Gerda Muller, Georges Lemoine, Solotareff, Philippe Corentin... On peut admirer au “MIJ” des planches originales de
ces artistes, archivées dans de petits tiroirs verticaux que l’on ouvre comme des boites à trésor.
O
moulins,
allier
planches et tiroirs au musée de l’illustration
16
ailleurs
À
uvert en 2005, le Centre
de l’illustration devient
Musée de l’illustration
jeunesse en 2011. Son
objectif premier est de
conserver et présenter au
public environ 3 500 planches originales,
essentiellement des œuvres françaises
d’illustrateurs pour la jeunesse, cédées
pour la plupart dans le cadre d’une donation par l’illustratrice italienne Letizia
Galli. Le musée constitue également
une collection permanente qui retrace
l’historique de l’illustration jeunesse.
Emmanuelle Martinat-Dupré, la responsable scientifique, en fait remonter
l’origine au changement du statut de
l’enfant au XVIIIe siècle. Elle note un inté-
rêt récent : « Aujourd’hui, l’illustration
jeunesse connaît un véritable essor, et
les cotes des originaux ont grimpé. »
Malgré cet engouement, il n’est pas toujours facile de faire venir le public sur le
seul nom d’un auteur. Les médiateurs
du musée travaillent donc les titres des
expositions, afin de trouver ce qui peut
faire accroche : « D’où l’intitulé de celle
sur Benjamin Rabier, Il n’y a pas que la
vache qui rit, pour interpeller sur son
personnage le plus fameux », précise
la responsable.
Le musée pratique la médiation culturelle de diverses façons : en instaurant
des ateliers et des tarifs accessibles au
plus grand nombre, en recevant des
auteurs en résidence et en travaillant
Sabine Carénou
avec les établissements scolaires. Il fêtera
bientôt ses dix années d’existence, avec
une exposition spéciale “10 ans-10 personnages de l’illustration jeunesse”. Mais
avant cela, il participera les 24 et 25
septembre au Festival des Illustrateurs :
plusieurs expositions présenteront des
dessins dans toute la cité moulinoise,
notamment de Claude Ponti ou Sempé.
Un véritable voyage dans le livre pour
enfants, à l’échelle d’une ville !
Musée de l’Illustration Jeunesse, 26 rue Voltaire, 03000 Moulins, tél. 04 70 35 72 58,
http://www.mij.allier.fr
En période d’exposition temporaire, plein tarif
5 € / réduit 3 €
Hors période d’exposition temporaire, plein
tarif 4 € / réduit 2 €
Centre national du costume de scène
Vieux costards que j’aimais
Près de 20 000 costumes de théâtre, d’opéra et de ballet, du XIXe siècle à nos jours, mis en scène
comme une suite de pas chassés : le Centre du costume de scène dépoussière le patrimoine.
Monique Bayol et Michel Bresson
I
Sarah Bernhardt, chaque pièce nous invite à un voyage dans
le temps. La magie fait le reste : les costumes s’animent
et les artistes apparaissent à qui sait se laisser emporter
par la rêverie.
Vingt mille costumes, provenant de l’Opéra national de
Paris, de la Comédie française et de la Bibliothèque nationale
de France, composent les collections du CNCS. La fragilité
des pièces nécessite une méthode de conservation rigoureuse et scientifique. Des armoires appelées “compactus”
offrent un rangement optimal en termes de volume et de
protection. De cette contrainte de ne pouvoir exposer les
costumes en permanence, le CNCS a fait un atout : il propose
des expositions temporaires, comme celle sur l’Opéra
comique et ses trésors” , prolongée jusqu’au 6 septembre.
Une exception cependant : Rudolf Noureev, auquel est
consacré un espace permanent qui fait revivre le danseur
et chorégraphe dans toute sa carrière et son cadre de vie
(article à lire sur notre site). Ateliers, conférences, animations, centre de documentation… Au delà des expositions,
le CNCS est un lieu vivant, qui s’attache à transmettre une
mémoire et démocratiser un patrimoine exceptionnel.
l fallait oser et les habitants de la capitale bourbonnaise
disent encore merci à la décentralisation ! L’implantation, en
2006 à Moulins, de cette structure unique en France, entièrement consacrée au patrimoine matériel des théâtres, était
une gageure : 600 000 visiteurs en ont fait un pari gagnant !
Le Centre national du costume de scène (CNCS) a trouvé
son écrin dans le quartier Villars, une ancienne caserne de
cavalerie du XVIIIe sauvée de la destruction grâce à ses trois
escaliers remarquables en pierre blonde.
Centre national du costume de scène, route de Montilly, 03000
De l’habit de velours rouge du XVIIIe, encore imprégné d’envolées Moulins, tél. 04 70 20 76 20, site www.cncs.fr/ ; ouvert 7 jours sur
“marivaudesques”, à la robe de satin broché portée en 1872 par 7, de 10 à 18 h (18 h 30 en juillet et août) Tarifs : 6 € / réduit : 3 €.
sur le web
 Rudolf
Noureev
star du XXe siècle :
AU CNCS, ses costumes, son logis et
même son tombeau…
info l’aller-re-
tour en train clermont-moulins pour
9,30 euros.