Escume des nuits – Mars 2010

Transcription

Escume des nuits – Mars 2010
La revue des étudiants en Langues et Littératures françaises et romanes
n° 46 - Mars 2010 - 0,50 €
n°46 - Mars 2010 - 0,50€
[email protected]
www.romanes.be
L’escume des nuits
L’Escume des Nuits
C’EST LE PRINTEMPS !
L’escume
des nuits
Sommaire
Mars 2010 - n°46
2. Sommaire
Rédactrice en chef
_________________________
Émilie DHAINAUT
3. Éditorial
Comité de rédaction
_________________________
Le CRom
CommuneLangue
Dess LELOUP
Yasin BESTRIOUI
Salima OUCHÈNE
Gul-Linda GERMAIN
Aurélie POWIS DE TENBOSSCHE
Hadrien SERET
Nicolas LEBLANC
4. Les Nouvelles du CRom
6. Le 8 mars ; on fête les Femmes !
14. Le 12 mars : tous au Bal Boréal !
Avec la participation spéciale de :
Christian KODASO
Mise en page
16. Les 24, 25 et 26 mars ; The Human Show
_________________________
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Nolwenn MOENS
Éditeur responsable
_________________________
Xavier HUBERTY
Rue Basse, 69
6781 Sélange (Messançy)
22. Coin Musique
Périodique publié par le
26. Silence, j’écris : La parabole de l’épinard
Consultable sur notre site
www.romanes.be
ULB
Année académique 2009-2010
2
20. Coin Culture
Mars 2010
n° 46
Edito
C’est l’printemps !!!
Le printemps, c’est joli. Les jours s’allongent et avec eux arrive l’envie furieuse de sortir, de voir du monde,
de passer du temps avec les autres. Et bien, justement, ça tombe bien !! Le mois de mars est échelonné de
quelques événements importants et de toutes catégories :
Du 4 au 8 mars : l’événement que tout romaniste aimant la lecture ne PEUT PAS rater : la foire du livre (ou
le cauchemar des portefeuilles estudiantins) !!
Le 8 mars : la journée de la Femme. C’est donc tout naturellement que l’Escume a voulu, le temps de quelques
pages, mettre à l’honneur les femmes.
Le 12 mars : l’une des sorties des plus attendues de l’année … j’ai nommé Le Bal Boréal. Cette année, les
délégués ‘bal’ du Crom, CHAA, CDH et CJC vous promettent un bal exceptionnel.
Du 24 au 26 mars : The Human Show, la pièce de théâtre du Crom, présentée par Christian, le metteur en scène
de la pièce, dans cette Escume.
En mars donc, c’est décidé, on laisse la déprime au placard !!! On se fait plaisir le temps d’une journée, on
chausse ses plus belles chaussures de bal et l’on termine le mois en venant passer un bon moment à la salle
Delvaux.
Bonne lecture à tous.
L’Escume vous donne la parole !!!
Envie de réagir à l’un des articles proposés dans l’Escume ?
Envie de nous faire part de tes impressions sur le Bal ? sur la pièce de théâtre du cercle ?
L’Escume, c’est l’occasion rêvée d’exprimer ton avis !!
Comment faire ? Contacte l’Escume à l’adresse suivante : [email protected]
C’est avec plaisir que nous publierons vos différentes réactions.
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
L’équipe de l’Escume des Nuits
3
Les Nouvelles du CRom
Avant toute chose, nous espérons que vous avez tous réussi haut la main vos examens de janvier
et que tout va bien pour vous.
Le CRom a le regret de vous annoncer qu’il n’a plus de cercle pour le moment. Suite aux travaux
du bâtiment U et pour des raisons de sécurité, nous n’avons plus accès à notre cercle (jusqu’en
juin semble-t-il). L’année prochaine, c’est promis, on vous retrouvera aux permanences pour
des heures de midi en votre compagnie.
Après cette – mauvaise
– nouvelle, passons aux
réjouissances. Ce n’est
pas parce que nous
n’avons plus de cercle
pour l’instant que nous
n’allons plus nous voir,
bien au contraire !!!
Ô Joie !! Le mois de mars est l’un des mois les plus chargés pour le cercle
et pour cause :
•
•
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
•
4
Le vendredi 12 mars 2010, vous êtes tous conviés au Bal
Boréal, le bal du CRom, CHAA, CdH et CJC.
Le mercredi 17 mars 2010 : pré-td karaoké, pour le meilleur et
pour le rire.
Les mercredi 24, jeudi 25, vendredi 26 mars 2010 : LA pièce
du cercle, qui s’inscrit dans le festival T.O.B. cette année : The
Human Show.
•
Des sorties culturelles (les informations vous seront données
par nos autres moyens de communication)
•
•
Fin avril : le grand retour du Cantus !!!
Début mai : les élections !! Et là, on a BESOIN de vous !!
Le CRom en perles...
Parce que vous le valez bien !
(G. pour garçon ; F. pour fille. Notons que
pour une fois, nous avons aussi des perles de
sympathisants (notés S. dans les perles) du CRom)
F. : J’ai décidé de devenir une fille !!
(et ben !!! On est ravi de l’apprendre !!)
F. T’as des trous au moins ?!?
F1. : Oui, j’en ai même deux !!
F. à F2. : Mais tu sais pas emballé ou quoi ??
F3 : Ahhhhh siiii !!! Elle emballe très
bien même !!!
G. : Ma vie de femme …
S. : … chienne de vie.
S2. : J’ai toujours rêvé de plusieurs mecs...
F. à F. : Dis, t’as pas ta casquette (en parlant de sa
penne)
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
(On parle d’un emballage cadeau !!! Qu’est-ce que
vous aviez imaginé hein ??)
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Lundi 8 mars 2010 ...
La neige fond, le soleil brille, les oiseaux chantent...
Dans quelques semaines, les plus courageuses d’entre
nous sortiront déjà jupes à volant, sandales et décolletés
affriolants !
que le printemps reprend petit à petit ses droits,
l’Escume a choisi de mettre la Femme à l’honneur, à
l’occasion de la Journée de la Femme ce lundi 8 mars.
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Alors
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Mettre la Femme à l’honneur, OK, ça peut paraître
féministe de la vieille école. Mais si l’on a institué une
journée officielle dédiée à la Femme et à elle seule, ne
serait-ce pas parce que les hommes ont tendance à
oublier, les 364 jours de l’année restants, que dans les
Droits de l’Homme, il y a aussi la Femme ?
L’Escume a donc décidé de fêter, dans son thème
printanier, la Femme, toutes les femmes.
Et que cela vous plaise ou non, Messieurs.
... On fête les Femmes !
Mesdames, Mesdemoiselles : à vos écrans !
Nous avons toutes une histoire, une anecdote, un souvenir qui nous vient rien qu’à
entendre un titre de comédie romantique. Que ce soit comme exutoire, compensation ou
délassement, une comédie romantique est souvent associée à des moments particuliers,
qui restent tout simplement. Un peu excessif ce que je dis ?... Peut-être ! Mais, à
tort ou à raison, je fais partie de celles qui, sans être fleur bleue ou particulièrement
naïves, croient toujours qu’un Hugh Grant se cache au coin d’une rue, ont pleuré devant
les passions hollywoodiennes après une rupture et ont les yeux qui brillent devant les
déclarations surfaites servies à travers l’écran d’une salle de cinéma. Pathétique peutêtre, mais tellement revigorant ! Alors pour le plaisir des yeux et surtout du cœur, voici
la liste, arbitraire et non exhaustive, des dix films romantiques qu’il faut ab-so-lu-ment
avoir vu dans sa vie :
1.
Jeux d’enfants : parce que la passion peut conduire à la folie, mais quelle belle folie !
2.
Le Journal et Bridget Jones : parce que, malgré ses maladresses, on voudrait toutes être
3.
Orgueil et préjugés (version 2005) : parce que ce n’est pas un film, c’est de la poésie visuelle !
4.
27 Robes : parce que les hommes, c’est comme les robes, il faut parfois en essayer pas mal avant
5.
Reviens-moi : parce que l’amour, c’est parfois affronter des obstacles, et les surmonter coûte
6.
Grease : parce que rien ne vaut les grands classiques !
7.
Coup de foudre à Notting Hill : parce que Hugh Grant + Julia Roberts = petite merveille du petit
8.
The ugly truth : parce qu’il y a des vérités qui font mal, mais Gerard Butler le vaut bien !
9.
Pretty woman
10.
Love actually : parce qu’autant d’histoires d’amour différentes en un même film, c’est du jamais
Bridget !
de trouver celui qui nous va le mieux…
écran.
: parce que la scène du shopping, on l’a toutes fredonnée, on l’a toutes rêvée.
vu et surtout, cela donne envie de toutes les vivre !
PS : S’il fallait en rajouter un onzième, ce serait sans hésiter la dernière comédie en
date, sortie à point pour la Saint-Valentin et prénommée à juste titre
Valentine’s day !
Gul-Linda
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
que coûte…
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L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Dessine-moi une Femme...
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À toutes les femmes du monde entier, d’hier, d’aujourd’hui et de
demain.
Petit bout d’histoire ...
Une légende veut que le 8 mars trouve son origine dans les manifestations
de femmes au début du XXe siècle en Europe. Cette date a été
officialisée par les Nations Unies en 1977, invitant ainsi chaque pays de
la planète à célébrer une journée pour les droits des femmes. C’est une
occasion de revendiquer l’égalité, de faire un bilan sur la situation des
femmes dans la société.
Les femmes ?
Brunes, Blondes ou Rousses. Grandes, Petites, Fines,
Rondes, … Provocantes, Séduisantes, Curieuses, Jalouses,
Coquines, Indomptables, Câlines, Timides, Captivantes
...
Pourtant, dans la vie des hommes, de telles chimères n’ont pas leur
place! Véritables pantins aux mains des hommes, l’image de la femme ne
lui a jamais appartenu! Ces marionnettistes pensent et donc croient être
maîtres du monde. Ils appliquent leur propre scénario, leur propre vision
des femmes, qui n’est autre que celui d’un être faible moins compétent à
plastique irréprochable, selon leur bon vouloir et l’air du temps.
Ces manifestations sont le signe d’une souffrance continuelle.
Toute réclamation présente un statut légitime! Mais cessera
t-il un jour, ce combat pour être vos égales, Messieurs les
hommes ?
Salima
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Ces drôles d’hybrides connus sous le nom de femmes font tourner la tête
aux hommes. De véritables caméléons, elles jouent et multiplient les
fonctions !! Et jamais auteur n’a trouvé meilleur sujet...
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Histoires de femmes...
Personne n’est à l’abri…
Olivier ADAM
A l’abri de rien
A l’abri de rien fût une découverte troublante, une véritable plongée en apnée au cœur de la
régression humaine. Olivier Adam manie la langue française avec rage pour nous livrer les destins
croisés de Marie et de réfugiés Kosovars. Marie, mère de deux jeunes enfants, est l’archétype de
la décadence humaine. Elle erre dans la vie, sans presque sourire. Un jour pourtant, parce qu’on
s’est attaché à cette femme, on espère qu’elle va sortir de sa léthargie. Et le jour arrive. A l’entrée
du magasin, des Kosovars sont là, à attendre dans le froid, de la soupe et quelques miettes de
pain. Marie ose franchir la barrière de la différence, va vers ces sans-papiers. Le lecteur pense
que Marie a trouvé LE remède à son mal-être : l’engagement humanitaire. Son engagement lui
permettra-t-elle de redonner un sens à sa vie ? Ou se laissera-t-elle submerger par ses sentiments ?
Olivier Adam, parce qu’il refuse le bien-dire et le bien-écrire, réussit le tour de force de tenir en haleine le
lecteur tout en le troublant. Le sujet – même si le livre est paru en 2007 – irrite et touche, parce qu’il est actuel.
Lorsque la lumière rencontre l’obscurité …
Dans le silence, quelques notes s’élèvent et puis, cette voix, SA voix :
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Dis, quand reviendras-tu ? / Dis, au moins le sais-tu / Que tout le temps qui passe
Ne se rattrape guère / Que tout le temps perdu / Ne se rattrape plus ?
e
10
Assise à son piano ou installée confortablement sur son éternel rocking-chair, Barbara
entonne, résonne mais surtout étonne. C’est à coeur ouvert, sans en avoir l’air, qu’elle se livre à nous.
Chaque chanson est la pièce d’un puzzle formant le plus beau des tableaux : son autoportrait.
Longtemps j’ai voulu voir cette grande dame toujours vêtue de noir sous une autre lumière.
Un jour, presque par hasard, me glisse dans les mains Barbara, claire de nuit. Je lis, non mieux je
dévore. Les souvenirs s’entrelacent avec des extraits audios enregistrés par Jérôme GARCIN, le papa
de Gabriel, petite tête blonde pour qui s’est pris, un jour de canicule, la grande dame noire.
Jérôme GARCIN
Barbara, claire de nuit.
Il ne s’agit ni de mémoires ni même d’une biographie, juste des moments de vie,
de rencontres entre un papa et une artiste partie trop tôt.
Un témoignage simple mais touchant, pour autant qu’on aime l’artiste.
EmY
Agota Kristof n’est pas une féministe. Ses Ce dernier va trouver son illustration lorsqu’à
romans ne vont pas vous parler de la position l’aube de la cinquantaine, Agota imagine le projet
de la femme dans la société, de leurs droits, de raconter l’histoire de sa vie ainsi que celle de
de leurs devoirs et d’autres choses du même son frère en Hongrie : les prémices de la trilogie
acabit. Non. Ce n’est pas son genre. Oh bien « des Jumeaux1 », qui la consacrera dans le champ
sûr, si vous insistez, elle vous répondra que littéraire, sont posés. Cependant, l’écrivaine a
ses maris furent les pires erreurs qu’elle ait un péché mignon : elle aime falsifier la vérité.
jamais commises dans son existence. Mais Sous le prisme du mensonge, frère et sœur vont devenir
elle admettra aussi que sans eux, elle n’aurait des jumeaux fusionnels évoluant dans un cadre
pas pu posséder sa joie de vivre : ses enfants. spatio-temporel indéfini et vivant des péripéties dont
on ne sait si elles se sont
Agota
Kristof
ne
réellement produites ou non.
revendique rien. Pourtant,
Le tout est narré dans un
l’existence littéraire de
style simpliste mais parcouru
cette Hongroise que la
par une volonté d’objectivité
politique de répression
totale propre à l’auteure. Dans
stalinienne a jetée sur
son imaginaire, le bien et le
les routes de Neuchâtel
mal n’existent pas : il n’y
est basée sur une lutte.
a que des actions racontées
Un combat terrible qui
sans jugement ni passion.
l’oppose à un ennemi
En prenant de la hauteur, on
invisible et invincible :
constate que toute l’œuvre de
la langue française.
cette écrivaine est basée sur
En effet, dès ses
la vie et que des anecdotes
premiers pas effectués
ou évènements sont autant
sur la terre helvétique,
de prétextes à la falsification
l’auteure à dû se muer en
littéraire. Pourtant, depuis
dompteuse obstinée pour
14 ans, Agota ne rédige plus.
mater la bête féroce.
Et malgré une orthographe difficile et Elle a l’impression d’avoir tout dit et ne voit pas l’intérêt de
une syntaxe aux antipodes de sa langue parler pour faire du vent. Une décision prise à la barbe et au
maternelle, Kristof s’est battue et a tenu nez d’un lectorat qui voudrait tant être à nouveau happé par
le langage en respect, animée certes par ses histoires mais qui devra se résoudre au fait que l’avenir
un instinct de survie mais surtout par d’Agota Kristof semble s’inscrire de manière durable dans
son profond désir de devenir écrivaine.
le passé. A moins qu’il ne s’agisse d’un énième mensonge…
(Footnotes)
1
Composé du Grand Cahier (1986), La Preuve (1988) et du Troisième Mensonge (1991)
Hadrien
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Agota Kristof ou le mensonge littéraire de l’existence
11
Femmes écrivaines...
Dess
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
CommuneLangue
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À propos...
Qui sont les auteurs de ce site ?
Ce site est né de l’idée de deux étudiants en Langues et Littératures Françaises et Romanes,
à Bruxelles.
D’où vient le titre Commune Langue ?
L’appellation du site est évocatrice à maints égards. Elle prend tout d’abord en considération la dimension qu’ont souhaité donner ses concepteurs, à savoir la diffusion à grande
échelle de travaux. Le terme « Commune » souligne cet aspect, comme la dénomination de
« Langue » indique celui d’un réseau de fichiers portant sur la langue française, son histoire
ou ses auteurs. Car Commune Langue est ouvert à tous les projets pour autant qu’ils satisfassent à cette unique condition : partager son plaisir de faire vivre le français.
Pourquoi avoir conçu Commune Langue ?
Après avoir eu la chance d’assister à un séminaire de linguistique, nous souffrions cependant de ne pouvoir partager le fruit de nos découvertes avec d’autres romanistes. Nous
étions d’autant plus chagrinés qu’il n’y avait pas davantage de moyens de prendre connaissance des enseignements donnés dans les autres séminaires, qui paraissaient eux aussi très
intéressants. L’idée d’un site collectif germa alors peu à peu en nous. Quelques mois après,
Commune Langue était né !
L’objectif poursuivi par Commune Langue dépasse la simple diffusion de travaux ; nous
proposons de rendre également accessibles au grand public des articles scientifiques, des
critiques de livres, de représentations théâtrales ou cinématographiques, des annonces
d’événements divers, des articles d’actualité, etc. Nous accueillons également – et volontiers – les créations personnelles : textes, dessins,… Les contributions sont alors consultables par un plus large public que celui d’une publication traditionnelle, qui, par ailleurs,
n’existe que dans de rares cas. Par ailleurs, les éventuels commentaires des lecteurs peuvent contribuer à prolonger ou parfaire les informations en présence.
L’utilisateur trouvera – nous l’espérons – matière tant à s’instruire et s’informer qu’à se détendre.
Si la culture n’a pas de prix, son accès en a malheureusement souvent un… Ensemble, rendons
sa diffusion plus démocratique !
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Notre souhait est de rassembler en cette plate-forme différents travaux (pas exclusivement
de type universitaires) dont le sujet serait susceptible d’intéresser d’autres personnes que
son destinataire premier.
Lionel Meinertzhagen & Audrey Roig
13
Vendredi 12 mars 2010 ...
Tous au Bal Boréal !
Cette année, le CJC, le CHAA, le CRom et le CDH ont décidé d’organiser leur
bal ensemble pour, nous l’espérons, votre plus grand plaisir.
Il était une fois quatre cercles qui se réunirent afin d’organiser un bal... Ces étudiants, issus des
cercles de Journalisme et Communication, de Romanes, d’Histoire et d’Histoire de l’Art décidèrent
d’opter pour un thème à la fois chic, original et décalé: celui du BAL BORÉAL...
Entre pensée et rêve, ce concept permettra à chacun de laisser libre cours à son imagination... Glace,
froid ou chaleur d’une aurore boréale, c’est à vous de décider !
Deux salles, deux ambiances: l’une plus commerciale et l’autre électro...
Tout cela dans un décor sublime!
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Venez donc nombreux pour réchauffer l’atmosphère et, qui sait, rencontrer la reine des glaces!
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Rendez-vous ce vendredi 12 mars dès 22h au Brussels Event Brewery afin d’assister à cet
événement exceptionnel!
Comment avoir une place pour ce magnifique bal ? C’est très simple !! Nous vous attendons tous
les midis, entre 12h et 14h, entre les deux restaurants universitaires, dès le 1er mars (et jusqu’au 12
mars).
Les prix : 11 € pour les membres / 13€ pour les non-membres / 15 € sur place.
Au plaisir de voir vos déhanchés très vite sur nos pistes de danse Boréal,
Retrouvez-nous aussi ici : http://www.grandbal.be/
Les délégués Bal
15
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Les 24, 25 et 26 mars 2010 ...
♫♪ ♫♫♪
Attention Mesdames et Messieurs
Dans un instant
On va commencer
Installez-vous dans votre fauteuil bien gentiment
5, 4, 3, 2, 1, 0 PARTEZ
Tous les projecteurs vont s’allumer
Et tous les acteurs vont s’animer …
♫♪ ♫♫♪
!! ATTENTION MESDAMES ET MESSIEURS, C’EST IMPORTANT !!
Ils ont répété pendant des mois,
Ils ont stressé,
Ils sont stressés,
Mais ils sont prêts !!!
ILS ?!?
B. Peush, S. Léo, Fanny Stercq, Laureline Leveaux, Pierre Lavachery, Margaux Lauwaert
Joséphine Borsu, Augustin Borsu,
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
dirigés par Christian Kodaso,
16
VOUS invitent, les 24-25-26 mars à la salle Delvaux, à LEUR pièce, The Human Show
Christian a accepté de répondre à nos questions, pour votre plus grand plaisir, et vous
présente The Human Show…
... The Human Show
Bonjour Christian. Tu es le metteur en scène de la prochaine pièce du Crom. Peux-tu te présenter en
quelques lignes ?
J’ai 21 ans et je suis étudiant en droit. J’habite à Braine-le-Comte depuis l’âge de 16ans mais je suis originaire
de Bruxelles. Mes parents rêvaient d’une maison avec jardin et très vite Braine-le-Comte fut la meilleure
option. Mais je ne regrette pas ce déménagement car sans ça je pense que je ne me serais jamais intéressé au
théâtre !
Pourquoi avoir choisi le théâtre ? Comment t’es venu l’idée ?
Cela est venu avec l’impro. Quand j’étais en 4ème secondaire, mon professeur de français a lancé un tournoi
d’improvisation qui s’est joué à la salle Baudoin IV, qui est la salle de spectacles par excellence dans ma ville.
Je me suis aperçu que j’adorais vraiment ça et des amis qui étaient inscrits à l’académie m’ont encouragé à
faire du théâtre à mon tour. J’ai tout de suite aimé. Et à partir de là j’ai eu l’occasion de faire ma première
expérience de mise en scène. J’ai donc eu l’occasion de « tirer les ficelles d’un spectacle » et j’aime autant
mettre en scène qu’être sur scène. Ce sont mes deux grandes passions.
Quel message veux-tu faire passer avec la pièce ?
Cette pièce se veut être le miroir de notre société. On est avide d’informations sur nos voisins, nos amis. Il
y a un proverbe chinois qui dit «Il n’y a rien de plus réjouissant que de voir un ami tomber ». Je crois que
c’est exactement ce que la pièce souligne. Il y a une sorte de plaisir malsain à voir la chute d’une personne
célèbre ou de son collègue. Si la télé-réalité marche fort c’est parce que potentiellement, nous sommes tous
des amateurs de voyeurisme qui aimons (ou aiment ???) voir tout ce que peut faire un groupe de personnes
enfermées dans un lieu criblé de caméras. Nous avons tous ça en nous. Des émissions comme Secret Story
et autres, c’est de la pure débilité. On crache sur ces gens gratuitement parce qu’ils sont exposés comme
des animaux et en même temps on leur porte de l’intérêt. Parce qu’on attend qu’une chose : qu’ils s’entretuent. Si tout était correct, les gens se détourneraient de ces émissions. Mais tout est mis en place pour qu’il
y ait la pagaille, pour satisfaire notre orgueil afin qu’on puisse se dire qu’on vaut mieux que ces gens-là.
Un autre message fort de la pièce c’est la discrimination, plus exactement la différence. Il n’y a pas que la
discrimination de peau. Certains n’aiment pas les roux, d’autres n’aiment pas les homosexuels etc… L’autre
n’a que des mauvais côtés en bref. Pas besoin de parcourir le monde pour constater ça. C’est fou de se dire
qu’un si petit pays comme la Belgique se déchire parce que ceux du nord parlent néerlandais et ceux du sud
français. Ils oublient qu’avant d’être flamand ou wallon ils sont belges. Tout simplement. C’est peut-être un
peu cliché de dire ça mais « il faut cultiver la différence et non l’indifférence ».
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Peux-tu nous présenter la pièce qui sera jouée fin mars dans le cadre du festival du TOB ? De quoi
parle-t-elle ?
La pièce s’intitule « The human show ». Ce titre fait référence à un film de Jim Carey, qui d’après moi est son
meilleur, “ The Truman show”. Dans ce film Jim Carey est, sans le savoir, la star de la plus grande émission
de télé-réalité. Il vit dans un monde peuplé d’acteurs, qu’il s’agisse de ses parents, sa femme ou ses amis. Et
il subit les intrigues mises en place par la production. Tout ça pour le plus grand bonheur des gens avides de
voyeurisme.
La pièce nous parle d’une émission de télé-réalité qui propose à ses téléspectateurs d’empiéter sur la vie de
personnes tirées au sort, et ce par le moyen de caméras cachées dans leur maison. Ces personnes filmées à leur
insu sont comme des jouets téléguidés car la production de l’émission provoque délibérément des situations
absurdes (comme la diffusion d’un faux flash d’information parlant de « la menace des rouquins ») qui vont
ébranler le quotidien de ces gens. Et elle pousse le vice encore plus loin car elle propose aux téléspectateurs
de voter pour leur situation absurde préférée. Cerise sur le gâteau, des « personnalités » dans des domaines
comme le cinéma ou le sport, sont invitées sur le plateau et commentent ce qu’elles voient. Nous avons donc
trois pièces en parallèle : deux qui sont en compétition pour le vote du public et la troisième qui est au centre
et qui rythme le tout à coup d’humour noir et d’absurdités.
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Peux-tu nous expliquer la genèse de cette pièce ?
Pour être honnête, je voulais faire un assemblage de plusieurs scénettes de Jean-Claude Grumberg. Mais
puisqu’il y avait certaines conditions, j’ai adapté mon idée de départ en choisissant mes scénettes préférées pour
les insérer dans une sorte de duel où les gens choisiraient leur scénette préférée. Après avoir vu « The Truman
show », l’idée de la télé-réalité s’est imposée d’elle-même. Tout ceci est un prétexte pour mettre en lumière
l’œuvre de Grumberg en fait.
Souhaites-tu encore ajouter quelque chose ?
Je remercie le Crom et plus particulièrement Xavier Huberty, Camille Morin et Emmanuël Hennebert pour
m’avoir donné l’occasion de participer à ce festival en tant que metteur en scène. Cela m’a aussi permis de
rencontrer des comédiens très intéressants humainement et artistiquement et de relever de nouveaux défis. Donc
pour tout ça, merci.
Nous te remercions pour ta participation et attendons avec impatience de pouvoir ENFIN voir le travail de
l’équipe.
Merci ! C’est très gentil à vous en tout cas. En toute modestie je pense que votre attente n’aura pas été vaine. Je
suis moi-même très satisfait du résultat et j’espère juste que vous partagerez le même avis que moi !
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L’escume des nuits n°46 Mars 2010
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Vous trouverez le programme complet du festival à l’adresse suivante :
http://festivaltob.blogspot.com/
On vous y attend aussi nombreux pour partager vos impressions sur les pièces !
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L’escume des nuits n°46 Mars 2010
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Coin Culture
La culture, la culture !!!
Demandez le programme !!!
La culture … ? Tiens, ça fait longtemps qu’on ne s’est plus vus !
Et pour tout vous dire, vous nous manquez. Comme vous l’avez sans doute compris, le mois de mars
est un mois CHARGE (le bal, le théâtre, le td, …). Mais la culture ne dort pas pour autant. Voici
donc quelques nouvelles culturelles s’il vous plait !!
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Nathan Le Sage ? Ca vous dit quelque chose ? Vous avez déjà lu ce nom mais
où ?!? Je vous le donne en mille : dans la liste des livres à lire pour M. Couvreur !!
Mais Nathan Le Sage n’est pas que dans une liste de bouquins. On le
retrouve aussi au Théâtre des Martyrs, du 24 février 2010 au 3 avril 2010.
Le CRom n’organise pas de sortie théâtre pour cette pièce (faute de temps,
parce que le mois de mars est très chargé, … vous connaissez la chanson)
mais vous invite chaleureusement à aller la découvrir sur les planches.
(Pour plus d’infos, vous pouvez en référer au site du théâtre : http://www.theatredesmartyrs.be/)
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Les Monologues Voilés.
Les Monologues Voilés se
basent sur le même concept
que Les Monologues du Vagin,
sauf que cette fois, ce n’est
pas la femme occidentale qui
est mise à l’honneur mais la
femme arabe. Les Monologues
Voilés vous feront découvrir la
femme musulmane sous toutes
ses facettes et vous permettront
de mieux la connaître.
Pièce à découvrir ou à
redécouvrir au Théâtre de
Poche, jusqu’à 17 mars.
D’autres sorties sont également prévues.
Les informations suivront, via le forum et les différents
groupes facebook que vous connaissez maintenant par
cœur, mais voici déjà un petit aperçu des prochaines sorties
culturelles organisées, cette fois-ci, par le cercle.
Ensuite, c’est au Théâtre des Martyrs que vous emmènera le CRom pour assister à
la représentation de la pièce en prose de V.Hugo. Qui est Lucrèce Borgia ? Venez le
découvrir avec nous, très prochainement.
Des informations plus précises suivront via des annonces d’auditoire, le forum et les
groupes facebook.
Au plaisir de vous retrouver très vite,
Les délégués Culture.
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Tout d’abord, le CRom vous propose une deuxième sortie opéra :
A night at the opéra, with Sharko, le 3 avril 2010, à La Monnaie.
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Coin musique
THE VELVET UNDERGROUND AND NICO
Avril 1966, la confection d’un chef d’œuvre touche à sa fin. Un album indispensable,
novateur et intemporel sortira dans les bacs l’année suivante. Méconnu et ignoré à sa sortie, il
fait aujourd’hui l’unanimité. C’est vrai que les sept bonnes minutes d’Heroin, ça ne s’apprivoise
pas aussi facilement que les 2 minutes 12 de Can buy me love. Alors, où se cache-t-elle, cette
alchimie ? Peut-être dans la voix rauque de Reed, dans la mélancolie lancinante de la voix de
Nico, dans ces accords si simples et si limpides, mais en même temps si magiques, que sont
ceux d’Heroin, ou encore dans les claviers de Cale. Et puis cette guitare saturée, comme si elle
allait exploser d’un instant à l’autre.
Voilà, c’est Nico and The Velvet Underground, c’est un flot d’émotions qu’on n’est
parfois pas capable de soutenir.
Nico, c’est Christa Päffgen, une chanteuse allemande au timbre de voix unique,
qui, accessoirement, a eu une liaison avec l’icône qu’était Jim Morrison. Parfois à la limite du
faux, c’est aussi cela qui fait son charme. La grâce et la douceur d’une femme alliée au jeu
magique de Lou Reed et ses hommes, voilà le cocktail proposé par cet album.
Sunday morning, une mélodie merveilleuse portée par la voix sombre mais douce
d’un tout grand Lou Reed et par ces claviers qui, l’air de rien, nous envoûtent. Déjà, on a envie
d’en savoir plus.
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
I’m waiting for my man, et son intro dévastatrice, sa puissance de feu et encore la
voix de Reed, qui cette fois est plus râpeuse, plus grave, plus déterminée, plus interpellante ….
Cette chanson sera un des plus grands succès de la carrière solo de Lou Reed.
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Le retour à la réflexion, à la grâce, à la simplicité aussi est opéré avec Femme
Fatale. Une chanson envoûtante, dans laquelle Nico nous démontre toutes ses capacités et fait
l’étalage de cette voix unique. Cette chanson sera reprise par Beck beaucoup plus tard.
Et là, une nouvelle perle qui pénètre vos tympans. Venus in furs, où l’on constate
une des toutes grosses qualités du Velvet : celle de nous offrir une chanson longue, mais qui
jamais ne perd de son intensité. Ambiance mystique, guitare saturée et Lou Reed qui nous
revient en ami intime, déjà…
Run, run, run, dans la lignée d’I’m waiting for my man et de ce retour à un rock plus brut, plus
régulier et plus commun. Mais toujours autant de force, avec notamment cette guitare criarde
qui fait merveille.
Tiens, on l’avait oubliée, elle nous revient en force et en poésie, Nico. Ce timbre
et cette façon de chanter sont uniques, tout simplement. Ajoutez un superbe solo de guitare et des
percussions très efficaces et vous obtenez All Tomorrows Parties.
6 lettres, 7 minutes 10 et un nom qui ne s’oublie pas : Heroin est le chef d’œuvre
de l’album. Ces accords de Ré et de Sol, si simples, sont magiques, conjugués à la voix de Lou
Reed et à une grande prestation de Moe Tucker, cette accélération angoissante, crispante, émotive,
cette atmosphère qui nous submerge et puis le calme qui revient, tout d’un coup et ce « Heroin »,
si vif et si fort, si parlant aussi, et puis encore cette guitare emmenée dans un raid de distorsions
ahurissantes, comme si l’héroïne nous était parvenue, comme si Reed et ses compagnons avaient
sniffé un coup de trop…. Le calme est revenu, on n’a pas tout compris, on n’a pas tout réalisé, il y
a comme un vide dans notre tête, et finalement, on ne s’en plaint pas…
5 secondes plus tard, pas vraiment eu le temps de se remettre que There she goes again
nous emmène dans une superbe chanson portée par un super riff de guitare, la voix intarissable de
Reed et des chœurs qui nous rassurent…
Une mélodie de chant simple, mais
peut-être la plus belle de toute l’histoire du rock,
accompagnée d’une guitare électrique au son
superbe et épuré et de celle dont on a aimé la voix
dès la première seconde, eh oui, c’est une nouvelle
fois Nico qui nous sert I’ll be your mirror… Merci.
Des violons, vous ne rêvez pas, c’est The
Black Angel’s Death Song, une chanson qui vaut
bien le détour.
Nico
Votez pour le groupe d’un de nos rédacteurs !!!
Nicolas, l’un de nos rédacteurs, fait partie du groupe Art Souls. Le groupe participe à un concours
musical organisé pour les 175 ans de l’ULB. Parmi les 37 groupes proposés, 10 seulement seront
retenus pour jouer lors de la Nuit des Lumières. Ils ont besoin de vous !!!
Vous pouvez voter pour Art Souls (jusqu’au 19 mars) en vous rendant sur le site :
www.nuitdeslumieres.be (une fois sur le site, sélectionnez « concours musical » et ensuite voter
pour « Art Souls »).
Merci à vous !!!
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Pour terminer, une chanson qui laisse une
marque de fabrique, un cachet, ce sont les 7 minutes
46 d’European Son, toutes aussi indispensables que
celles qui les ont précédées.
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L’escume des nuits n°46 Mars 2010
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Si certains sont condamnés à mourir incompris, alors Booba est de
ceux-là.
Avec des textes incompris, mais pas incompréhensibles, pour
la majeure partie du public incapable d’aller au-delà de l’image
renvoyée au premier abord
(musculature mise en valeur, belles voitures, filles dénudées, etc...),
le rappeur du 92 continue son bonhomme de chemin
avec 5 albums à son actif et un 6ème prévu pour septembre 2010.
Chacun de ses albums a été couronné d’un franc succès depuis
le premier (Mauvais Oeil, en duo avec Ali au sein du groupe
Lunatic)
qui a fait disque d’or en indépendant (sans promotion) et sans
rotation en radio (en 2000, première fois en France qu’un album
indépendant faisait disque d’or, c-à-d plus de 100 000 ventes).
L’exploit sera réitéré 2 ans plus tard avec le premier album solo,
Temps Mort, qui changea en partie la face du rap français (+ de 140
000 ventes, encore en indépendant).
Beaucoup de rappeurs décidèrent alors de rapper du Booba, le
talent en moins.
Avant de parler de la différence qui oppose Booba à la plupart
des rappeurs au niveau du style lyrique, parlons d’abord du soin
extrême apporté à son image depuis sses débuts en solo.
Annoncé comme un album évènement, Temps Mort (son premier
solo) a eu pour premier single un morceau appelé «Repose en
paix». De qui parle-t-il ? Du rap français, ou plus généralement du
hip-hop français.
L’insolence poussée à son maximum après la réussite commerciale
et critique de Mauvais Oeil, le météore annonce d’emblée enterrer
les autres rappeurs à travers le puzzle de mots et de pensées que
constitue «Repose en paix».
Et les choses ne sont pas faites à moitié, avec une pochette de
vynile montrant un soleil couchant, et Booba mains jointes dans
un cimetière contemplant une tombe. Les oreilles les plus assidues
remarqueront
également un bruit de tombeau qu’on referme à la fin du single
«Repose en paix», inutile, mais diablement efficace. Et en partie
malgré lui, Booba tuera le rap français : après le succès de Temps
Mort, comme je
l’ai dit plus haut, de nombreux rappeurs se mirent à tenter de rapper
«à la Booba», mais sans avoir sa plume.
Au niveau de l’écriture, les textes de Booba comportent de
nombreux degrés de lecture qui font qu’il est souvent difficile de
saisir le vrai sens de ses paroles. Car si chaque morceau de B2O
peut être
écouté à titre individuel, c’est en connaissant l’intégralité de la
discographie du personnage que les sentences prennent toute leur
ampleur.
Booba dessine de nombreuses images, qui assemblées donnent une
gigantesque fresque de noirceur. Et si des sons tels que «Boulbi»
ou «Garde la pêche» nuisent en partie à son image auprès du public
des néophytes, ces sons sont nécessaires pour assurer le succès
commercial d’un album. Mais les pistes les plus intéressantes, sont
souvent celles qu’on ira chercher au fin fond des albums, des pistes
telles que «Interlude», «Tallac», ou encore «A3».
Le mélange, d’humour, d’insolence et de haine forme un cocktail
détonnant pouvant troubler l’oreille de l’auditeur trop habitué à
entendre de la merde complaisante, bienpensante (et sûrement
communiste) à la radio à longueur de temps.
En lutte contre le temps, l’histoire et le destin, l’artiste se venge de
la vie à laquelle on le prédestinait par une vantardise sans limite, et
l’évolution entre le stade d’inconnu (Mauvais Oeil) et de célébrité
(Ouest Side et 0.9, ses derniers albums) est fort intéressante.
2000, parlant de la vie :
«La vie c’est dur, ça fait mal dès que ça commence, pour ça qu’on
pleure tous à la naissance»
2008, sur le même sujet :
«Le beurre et l’argent du beurre pour tartiner mes tranches de vie»,
sur un ton presque moqueur.
Et la fierté de la réussite se ressent très souvent dans ses textes :
«Tellement de diamants sur ma montre, je ne sais plus quelle heure
il est»
«Ecran plasma dans mes chiottes, voilà ma condition»
«Une BMW autour du cou, le prix d’une Clio sur le poignet» parlant
de ses bijoux.
Et même dans ses sons les plus connus, l’humour est toujours
présent : «Si je traine en bas de chez toi, je fais chuter le prix de
l’immobilier». Les simples d’esprits auront vite fait de critiquer en
arguant qu’il se prend pour un
gangster et bla-bla-bla. Mais qui pensez-vous avoir besoin de
convaincre que Booba n’est pas un vrai gangster ? Personne n’y
croit, pas même lui qui se prête à des exagérations trop énormes pour
être vraies. Et la phrase
sur le prix de l’immobilier le prouve, Booba sous-entendant que
sa seule présence augmenterait fortement le taux d’insécurité d’un
quartier, causant la chute des prix des logements.
On devinerait presque l’auteur souriant à l’idée de faire gémir les
auditeurs bienpensants en versant volontairement dans la violence
gratuite, mais toujours à caractère humoristique :
“On nique ta mère, et ta grand-mère... Si elle est toujours en vie.” La
phrase parait ridicule ainsi, mais reflète bien la pensée de l’auteur,
dans la démesure en allant plus loin que l’insulte basique, puis en
surenchérissant
faussement avec une marque de respect qui n’en est pas une (l’air
de dire : “Attention, je ne me moque pas des morts”), et jusque dans
l’intonation de sa voix insolente au possible.
“J’ai failli sauter sur une mine en regardant une carte postale”
(Référence aux voyages style club-med, non représentatifs de la
réalité vécue par le peuple du pays de destination)
Sur les rappeurs français, il dit :
“Les rappeurs m’envient, sont tous en galère, un jour de mon salaire,
c’est leur assurance vie” Encore une fois, la démesure est frappante
et prête à sourire (quoi que cette fois l’image est sûrement vraie).
Et à coté du cliché “Nique la police” des rappeurs français, la haine
de Booba se déverse sur autre chose :
“Calibré jusqu’a la poitrine, nique le rap français”.
“Des fois je veux la fermer, mais y’a ce putain de rap à la con”
“Le rap français, on le ressuscite et le réenterre”
Au niveau des citations dans ses textes, on retiendra Desproges
(«Plus je connais les hommes, plus j’aime mon chien»), Montaigne
(«Sur le plus haut trône du monde, on n’est jamais assis que sur son
cul»),
et surtout : Lui-même. Différentes tournures pour répéter ce qu’il a
déja dit, mais à des années d’écart :
2004 : «Fusil à pompe dans les mains, carafes d’eau dans les
pupilles»
2006 : «J’ai toujours la larme à l’oeil, le coeur engourdi»
2002 : «Ma première parole sera la dernière» (Signifiant qu’il ne
changera jamais de discours)
2006 : «Je suis toujours le même... 500 000 albums plus tard»
(Auto-glorification en se servant de ses ventes comme repère dans
le temps)
2000 : «J’ai peur de crier quand je vais griller» (Référence à l’enfer)
2008 : «Avant qu’Iblis ne me choisisse, prie pour que les rivières du
Styx se refroidissent» (à nouveau, mais d’une autre manière)
2000 : «Parti de zéro, sans toucher ni crack ni héroïne,(...) je sais ce
que ça fait négro»
2006 : «Parti de que dalle, j’ai jamais voulu taffer»
Sur les hommes :
«Comment leur faire confiance, ils ont tué le christ»
«Plus je connais les hommes plus j’aime mon chien»
«Mon crew* mène, combat la race humaine» *groupe
«Petit, la race humaine est méchante»
A coté des nombreux rappeurs chialeuses du rap français qui se plaignent de leur sort, aucune victimisation chez
Booba :
«Qu’est ce qui nous pousse ? La gourmandise pas la faim»
«Tout le monde peut s’en sortir, aucune cité n’a de barreaux»
«Ne t’en bats pas les couilles d’avoir de bonnes notes, peu d’élus dans mon milieu»
«Tu dis que la vie des jeunes de la rue est triste, mais qui tu blâmes ? J’ai pas besoin de tes larmes, où est le drame
?»
«Qu’on m’epargne toute psychologie, un faux depart, une victoire, laisse moi faire mon apologie»
Ainsi j’ai souvent entendu des personnes me dire : «Le rap c’est de la merde, ils passent leur temps à se plaindre», et
juste après gueuler sur Booba alors que son discours va clairement dans leur sens, témoignant de l’incompréhension
globale de ses textes, non par manque de travail, mais par manque de travail des auditeurs. Rappeur aux multiples
facettes, il faut pouvoir contextualiser les phrases choc de B2O pour en tirer la quintessence.
Lorsque Booba admire la médaille, le revers vient toujours frapper peu après, laissant transparaitre la fierté :
«Si j’atteinds l’argent, le bronze, c’est que l’or m’aura échappé»
«L’important c’est de gagner, je m’en tape de participer»
«Je me fais chier dans ce rap game, je suis seul avec mes millions»
«Bouteille à moitié pleine, à moitié vide» (sur un passage chanté)
«La rue m’a pris, autant qu’elle m’a appris, une fabrique de cadavre, dramatique est le macadam»
«MC en occident par accident, dur à assumer, mais courageux on ne se suicide pas on se fait fumer»
«Dans le rap, j’écris et produit, je suis chauffeur-livreur, beaucoup de fleurs à mon enterrement»
«Je suis destiné à briller... Ou à m’éteindre»
«Y’a pas de bonheur sans problèmes»
«Mon son ne marche pas négro, il court ou il s’arrête»
«Doré est le trône, électrique est la chaise»
Je finirai simplement sur une sélection de phrases que j’apprécie, mais gardez à l’esprit que l’absence de musique et
d’intonation imputables au support écrit ne rendent pas justice à l’impact ressenti à l’écoute.
«Si y’avait des bites par terre y’en a qui marcheraient sur le cul»
«Si tu t’en tires avec des prothèses, c’est que dieu te protège»
«J’ai demandé ma route au mur, il m’a dit d’aller tout droit»
«Je fais des dons d’urine pour que la France entière se déshaltère, l’afrique, c’est ma terre, à leur santé je déblatère»
«Mes versets bouleversent, ma diction est malédiction»
«Ce qui ne nous tue pas, nous rends plus fort... ou handicapés»
«Moi je rêve, j’accomplis, même si je crève incompris»
«Je ne veux pas de ton poisson, je veux que tu m’apprennes à pêcher» (2009)
Avec celle-ci, la messe est dite. Le poisson est un des symboles du christianisme, il dit qu’il n’en veut pas, et qu’il veut
qu’on lui apprenne à pêcher. Pas dans le sens de pêcher le poisson (ce qui correspond au sens premier),
mais dans le sens de commettre des péchés, en relisant la phase : «Je me lave le pénis à l’eau bénite», ou celle-ci :
«Aujourd’hui je ne prie pas c’est dimanche», on comprend que la tournure n’est pas laissée au hasard.
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Bref, il est impossible en 1 article assez court de s’étendre sur un personnage aussi complexe qu’Elie Yaffa, alter-ego
de Booba, ou peut-être l’inverse. La non-compréhension de cet artiste singulier continuera,
et je pense que chacun campera sur ses positions, car il semble difficile pour certains de dissocier l’image renvoyée
au premier abord et l’imaginaire des textes, le contenant et le contenu. Toujours est-il que le contenant n’est là que
pour attirer
vers un contenu d’une densité extrême, jamais égalée dans le rap français, et qui, selon moi, ne le sera pas de sitôt.
Je ne puis rien faire de plus que conseiller d’écouter avec plus d’attention le soin apporté à l’écriture du météore, et
si vous êtes incapable
d’imaginer qu’une personne puisse afficher une désinvolture totale envers la pauvreté, la misère des autres et
compagnie, ne perdez pas votre temps à l’écouter, l’hypocrisie n’a pas de place dans son univers, et alors qu’en
entrant dans son monde
on s’attend à trouver un personnage indestructible, les faiblesses de sa condition d’homme transpirent au fil des (très)
nombreuses écoutes nécessaires à la compréhension.
Yasin
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Silence, j’écris...
La parabole de l’épinard
par Aurélie
(... enfin la suite !)
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Mercredi 5 novembre
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Quand je m’éveillai, il me sembla que j’avais pleuré dans mon sommeil. C’était probable ; les paroles
de ma femme m’avaient touché. Nous n’avions jamais été si proches que cette nuit qui marquait la fin
de notre relation. Je lui avais préparé un café et, lorsque je lui demandai comment elle se sentait, elle
me fit remarquer qu’il nous avait fallu près de neuf ans pour avoir ce type d’attentions. Il n’y avait
rien à répondre à cela, elle avait raison. Elle me regardait avec intensité, je savais qu’elle allait me
poser la question qui m’effrayait tant. En effet, elle me demanda ce qui m’avait sorti de cette léthargie.
Je n’osais lui parler, j’avais peur qu’elle ne me condamne. Alors, pour m’encourager, elle prononça
une phrase que je n’oublierais jamais : « La honte, c’était un sentiment bon pour nos personnages de
scène, maintenant qu’ils sont morts, dis-toi qu’elle les a suivis dans leur tombe ». Je ne songeai pas
à lui faire part de la disparition de mon ombre, je pensais que j’avais rêvé cette histoire. Par contre,
il me fallait mentionner William. Je ne pus m’empêcher de rougir en lui expliquant que j’avais été
ému par un homme. J’attendais son approbation mais elle garda le silence, pressée d’entendre la suite.
Je n’avais pas le choix, je dus lui expliquer ce qui s’était passé la veille au soir. Quand j’en arrivai
au moment où je frappais William, je cachai mon visage entre mes mains. Je n’aurais pu en endurer
davantage. Je me trouvais pitoyable et je ne m’étais jamais autant détesté qu’aujourd’hui. Cruelle,
ma femme me déclara que je devais retourner lui présenter mes excuses. Sa voix me faisait l’effet
d’un jugement divin. Je tentai de lui faire comprendre qu’il m’était impossible de le revoir mais elle
demeurait inflexible. Selon elle, je devais grandir et assumer mes actes. C’était très juste mais ce
qu’elle omettait dans son brillant plaidoyer, c’est que je ne m’étais pas encore accepté totalement.
Je la priai de me laisser du temps et je m’en allai. Je voulais voir la mer. C’est là que j’allais quand
j’étais petit et que j’avais fait une bêtise. Je restais des heures durant à observer les vagues, assis sur
une dune de sable. J’aimais ce bruit, il m’apaisait. Quand j’arrivai sur la plage, j’étais pareil à ce petit
garçon d’autrefois. J’avais perdu tous mes repères. Je restai immobile un bon moment, je n’avais plus
aucune notion de l’heure, je voyais seulement ma vie défiler au gré des flots, comme une fange sans
fin que l’on étendait peu à peu sous mes yeux. J’avais été un enfant solitaire et taciturne, mes parents
me reprochaient souvent mon manque d’intégration. A l’adolescence, ils déménagèrent et me dirent
de saisir ma chance, de me comporter enfin en gamin heureux. Je voulais à tout prix être aimé et je
fis de mon mieux pour leur obéir, dépassant même leurs espérances. J’étais un bon élève, doué mais
sans être un génie, je faisais partie de l’équipe de foot de l’école, j’allais aux scouts, je ramenais des
amis à la maison,…. Ma différence ne m’avait jamais vraiment mis dans l’embarras puisque j’en
niais l’existence. D’instinct, je savais qu’il valait mieux éviter les piscines ou les stages de voile. Tout
s’arrangea lorsque j’épousai Lise ; même moi, je croyais à mes propres mensonges. Nous formions
un couple envié, avec une bonne situation, une jolie villa, bref, il ne nous manquait plus que des
gosses. Néanmoins, l’envers du décor était bien moins reluisant. Je ne vivais pas, je faisais semblant,
me demandant chaque jour si tel ou tel acte ne paraîtrait pas suspect aux yeux des autres. C’était un
peu comme si j’avais vécu vingt-huit ans en sursis. J’étais presque soulagé d’être débarrassé de ces
pitreries mais je ne me sentais pas encore prêt à m’aimer. Je réalisai que Lise avait raison ; il fallait
que je retourne parler à William pour tourner définitivement une page de mon existence. Avant d’aller
m’excuser, je passai d’abord à mon bureau. Il était déjà tard et je ne fus pas mécontent de le trouver
vide. Je voulais prendre une douche et me raser pour paraître présentable.
Ne recommence pas à mentir. Tu voulais surtout faire bonne impression à William.
Dès le début, tu savais que tu n’y allais pas pour t’excuser mais pour obtenir ce
que tu désirais depuis tant d’années. Cependant, je crois que tu peux le leur dire
maintenant, tu n’es plus un enfant.
Que dis-tu là ? Bien sûr que tu le désirais. Il n’y a que toi qui te répugnais. Tu
avais honte d’avoir éprouvé du plaisir, honte d’avoir cédé et peut-être davantage
encore honte de ne pas l’avoir fait plus tôt.
Je regardai encore William avec horreur avant de me rhabiller en vitesse et de
déguerpir. J’ignorais où aller. Il faisait froid, j’étais glacé jusqu’aux os. Par
dépit, je rentrai chez moi. Je ne parvins même pas à me mettre au lit. J’étais
trop crispé. Je m’enroulai dans une couette et restai prostré durant des heures
comme un autiste. Je maudissais William. J’avais vu dès le départ qu’il avait un
comportement suspect et pourtant je m’étais laissé séduire par ses airs lointains.
Pourquoi n’avais-je pas compris qu’il était trop tôt pour moi. Cet homme m’avait
jeté un sort et je m’étais laissé prendre.
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
En arrivant chez lui, je n’étais pas dans mon état normal. Je frappai deux coups
secs contre sa porte et, tout à coup il me vint une curieuse impulsion. Je le vis
se dessiner dans le couloir sombre et reculer légèrement après m’avoir reconnu.
Le pauvre, sans doute craignait-il que je le frappe à nouveau. En lieu et place, je
répondis à mon intuition et lui dis : « Embrasse-moi ». Voyant qu’il ne bougeait
pas, je répétai : « Embrasse-moi, merde ». Cette fois, il me saisit par le col pour
me faire entrer, après quoi, il me poussa rudement contre un mur tandis qu’il
refermait la porte d’un coup de pied. J’eus peur qu’il ne cherche à se venger mais
pas du tout, il se jeta sur moi et mêla ses lèvres aux miennes. Je sentais nos langues
qui se cherchaient, se goûtaient, se fondaient. Quand il se plaqua contre moi et
frotta son membre durci au mien, je m’abandonnai totalement. J’étais saisi d’un
désir sauvage pour lui, pour tout son corps, je le laissai pourtant me déshabiller
et je frémis quand son torse effleura ma peau. Il mordilla mes pectoraux avant
de m’ôter mon pantalon pour se saisir de ma verge brûlante et la sucer avec
frénésie. J’étais à sa merci, mais pour la première fois, cela ne me gêna pas. Je
me contentais de lui passer ma main dans les cheveux et de soupirer. J’en avais
presque mal tant c’était bon. Ensuite, il me retourna face au mur. Je ne résistai
même pas. J’avais perdu toute faculté de pensée. De l’humain que j’étais, il ne
restait que la chair enflammée. Il mouilla mon anus de sa salive et me pénétra.
C’était extraordinaire de sentir quelqu’un exister en soi. Malgré la douleur, je
jouis comme jamais auparavant. Lorsque j’étais dans les bras d’une femme, je
n’osais pas me laisser aller, il me semblait qu’il manquait toujours quelque chose.
Je recouvrai mes esprits, étendu à côté de lui. Il dormait. Je fus terrifié de ce que
j’avais fait et surtout d’en avoir pris l’initiative en me rendant chez lui. Je ne
savais plus si je le désirais ou s’il me dégoûtait.
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Jeudi 6 novembre
L’escume des nuits n°46 Mars 2010
Quand Xavier s’éveilla, il avait terriblement mal. Même l’air qu’il
respirait lui paraissait âcre, sanglant. En réalité, il souffrait de vivre, de
ressentir autre chose que l’indolence à laquelle il était accoutumé. Les
sensations qu’il éprouvait - plaisir, désir et dégoût mêlés - le lacéraient
comme un enfant qui aspire sa première bouffée d’oxygène. Il avait
toujours vécu dans un monde aseptisé et le voilà qui faisait son entrée
dans la sodomie. Forcément, son esprit y était réfractaire. Il avait
grandi en cherchant sans cesse à échapper à la douleur, sous quelque
forme que ce fut. Après ces années d’engourdissement, il n’était pas
étonnant qu’il rangeât le bonheur et le plaisir du côté de la souffrance.
Toutes ces impressions étaient intimement liées dans la mesure où
elles l’arrachaient à sa torpeur. Il passa la journée à fuir son désir. Il
cherchait à oublier mais son corps se souvenait à chaque instant du
manque qui le traversait. Le soir, un coup de sonnette le fit sursauter.
28
Je descendis pour ouvrir la porte. J’avançais aussi vite qu’une larve.
Je ne pris même pas la peine de regarder de qui il pouvait bien
s’agir. J’eus un choc cruel lorsque je me retrouvai nez-à-nez avec
William. D’abord incapable du moindre mouvement, je l’entendis
me dire qu’il venait prendre de mes nouvelles. J’étais tétanisé.
- Va
t’en,
dis-je,
tu
me
dégoûtes.
Comme il restait là, je devins fou furieux. Je me mis à
frapper des poings sur son torse et à lui hurler de foutre le
camp. Il ne se laissa pas faire. Il m’attrapa par les cheveux :
- Ose me dire que tu ne me veux pas et je m’en irai.
Ses lèvres étaient pratiquement collées aux miennes tandis
qu’il me provoquait. Je pouvais sentir son haleine, j’avais
l’impression qu’elle pénétrait par tous mes pores, qu’elle
nimbait mon cerveau et m’empêchait de lui résister.
- Je
te
hais.
Ces trois mots, je les lui crachai à la figure dans un effort surhumain
pour ne pas me laisser envahir. Mais lui, il les avala comme il avala
ensuite ma langue, ma bouche, mon être tout entier. Je n’étais plus
que le désir de lui. Il me murmura un « viens » semblable à une
supplication mais dont je perçus toute la terrible détermination pour
avoir senti sa mâchoire se contracter contre ma joue. Il me dominait,
m’écrasait de sa volonté, moi qui ne savais plus ce que j’espérais.
Je le suivis. Je suivis ce vampire. Il me happait et je ne pouvais plus
me détacher de lui. Il m’emmena dans son studio et je crus qu’il
allait me prendre. J’en avais envie comme d’une chose mécanique
qui me ferait oublier mes faiblesses. Au lieu de cela, il m’ôta mes
vêtements et m’installa sur le lit. J’attendis qu’il s’endorme pour
me lever et c’est alors que j’aperçus mon ombre qui se profilait
dans le crépuscule. Je réalisai qu’elle n’avait jamais disparu mais
simplement que tu ne la voyais plus parce que je n’étais pas heureux.
Fin