1 N`GOLA N°13 Sommaire -Editorial -Dossier

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1 N`GOLA N°13 Sommaire -Editorial -Dossier
N’GOLA N°13
Sommaire
-Editorial
-Dossier
-Activités de l'Association
-Sports – Poèmes
-Libre opinion
EDITORIAL
Le rendez-vous manqué !
Nous étions nombreux à le croire. Hélas, la paix s'éloigne. Peut-être aussi avec elle, la
démocratie. Et pourtant nous devons encore croire à celle-ci. Seule issue pour nous sortir de la
crise. Au départ, le pays disposait de tout pour réussir cette paix tant réclamée. L'Organisation
des Nations Unies avait mis à la disposition des protagonistes les instruments nécessaires. Il
suffisait de bien les utiliser et respecter les engagements écrits. Qu'est ce qui ne va pas?
Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné? C'est à eux de répondre. Le pire serait d'imputer la faute aux
autres. Le danger c'est de faire comme si de rien n'était. L'idéal serait le bannissement de
l'égoïsme et préserver l'intérêt national. Nous n'en sommes pas encore là. Pour montrer le
degré de l'intolérance entre les fils d'un même pays. Parler par exemple de la situation en
Angola dans une discussion, expose l'Angolais sous les feux d'esprits partisans et susceptibles.
Notre discussion devrait être constructive. Allons-nous toujours continuer à nous détester
pour un rien jusqu'à ce point? Et dire qu'il suffit d'un seul geste d'amour véritable pour nous
rapprocher. On voit bien que si le pays connaît la présente situation, c'est aussi par la simple
raison de manque d'amour de son prochain. Les Angolais perdraient-ils la raison au point de
prendre des armes pour éliminer leurs propres compatriotes sans état d'âme? Cela devrait être
le stade suprême de la cruauté, du mépris des autres et de la bêtise humaine. C'est criminel. A
l'heure actuelle, l'Angola vit une situation de statu quo. Vingt trois ans d'incertitudes sur
l'avenir de ce pays. Le 11 novembre 1975 fut la date de l'indépendance mais aussi le
détonateur. Une date que l'on aurait voulu mémoriable, grandiose, et de référence. Or, il en est
rien. D'ailleurs, énumérer les rendez-vous manqués avec l'Histoire, pour faire de notre pays
une terre de paix et de prospérité, serait utile. On en apprendra beaucoup. Et que les torts
seront partagés. Tant nous sommes responsables de nos propres malheurs.
Dans tout pays démocratique, la règle du jeu veut qu'il existe une majorité et une opposition.
Ceci pour faire fonctionner les institutions démocratiques et permettre à tous de participer au
débat politique. Pour accéder à la vraie démocratie, il faut que l'alternance joue pleinement.
La dictature naît souvent de l'arbitraire. Surtout celle de l'accaparation de tous les pouvoirs
pour un seul homme. Si en Angola nous n'en sommes pas encore là, il faut avouer que la
démocratie est en panne. En refusant de se mettre à travailler ensemble, l'une ou l'autre partie
trahit la confiance de son peuple. En 1992, les processus électoraux devraient permettre la
répartition du pouvoir. Hélas, là encore nous avons manqué au rendez-vous. Les choses se
sont précipitées rapidement. Du coup, la paix et la démocratie sont restées en panne. Les
Angolais doivent réagir. Nous avons tous la responsabilité de ce qui se passe en Angola. Les
politiciens, la société civile, bref tous. Un Angolais doit toujours se demander qu'est-ce qu'il
peut bien faire pour son pays. Faire quelque chose pour son pays suppose de se dire si dans
son domaine on peut contribuer à faire évoluer les choses. Attendre tout des politiciens est
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une attitude de démission patriotique. Il ne suffit pas non plus de critiquer telle politique ou
telle attitude pour croire que l'on se souci du pays. Celui-ci exige des actes concrets.
L'égoïsme des uns et l'absence de l'esprit patriotique ont fait le reste. Le prix à payer pour
retrouver le temps perdu nous coûtera très cher. Retroussons les manches, creusons dans notre
imagination afin de trouver des solutions appropriées à nos problèmes. Cela prendra du temps.
L'Angola ne s'en sortira pas en faisant toujours appel à l'aide des pays étrangers. Personne ne
pourra raisonnablement aider notre pays si nous-même nous nous montrons incapables de
dialoguer, de faire la paix des braves. Jusqu'où irons-nous dans la recherche de cette fameuse
paix? A cause des mauvais calculs de certains hommes politiques le pays régresse
politiquement et économiquement. A quand le décollage? Le temps presse. Le monde évolue
trop vite. Suivre son évolution suppose qu'on a maîtrisé suffisamment la nouvelle donne et
que l'on s'est bien préparé. On ne se développe pas en passant son temps à faire la guerre. A
qui profite-t-elle d'ailleurs? Sûrement pas aux principaux intéressés, les Angolais. Les
principaux vendeurs d'armes, qui sont aussi tous des pays occidentaux champions des droits
de l'homme, se frottent les mains. Ils trouvent toujours quelques "fous" ambitieux dans les
pays africains prêts à tuer leurs propres frères et sœurs, à trahir ou vendre leurs pays pour
servir leurs intérêts et ensuite bénéficier des quelques royalties. Haïr au point de tuer leurs
semblables ne leur donne pas des remords. Au contraire. Ils pensent avoir fait leur travail
correctement et avoir servi leurs amis occidentaux en toute fidélité. De toutes les façons, on
les repère facilement. Ce sont souvent des gens, arrivistes et très occidentalisés, (bardés des
diplômes, des titres académiques, bilingues ou trilingues, vivant souvent à l'aise en Europe ou
en Amérique), sans scrupules, amoureux de l'argent et des gadgets made in Occident
(voitures, villas, alcools forts, femmes, aimant les soirées dansantes, la bonne chaire,
l'exotisme, l'hypocrisie et l'égoïsme), des valeurs dont l'Afrique ne se reconnaisse pas du tout.
D'ailleurs ce sont des gens qui finissent leurs vies en Europe ou en Amérique : on
n'abandonne pas aussi facilement ses avantages et ses privilèges, n'est-ce pas? Dénoncer ce
comportement ne veut pas dire être anti-ceci ou cela, jaloux ou communiste, comme le
pensent certains esprits perturbés. Quand on aime son pays, son continent, on ne parle pas
pour plaire. C'est la seule façon efficace de contribuer à l'évolution de son pays et de
l'Afrique. Dénoncer cela est un acte militant. Celui qui parle ou écrit doit accepter les
critiques et susciter les débats. C'est un devoir intellectuel. Sinon, cet individu n'est tout
simplement qu'une "poubelle intellectuelle".
J'évoquai précédemment le problème lié à la guerre dans notre pays. Nous savons tous qu'une
guerre n'est jamais source de paix. Elle engendre plutôt les divisions et tue massivement. On
ne se développe pas en se faisant la guerre.
Les marchands de la mort vendent leurs armes à qui veut bien les acheter. En se rangeant dans
cette logique de la haine de l'espèce humaine, les amateurs de la guerre creusent leurs propres
tombes. Demain, ils seront traduits devant le tribunal de l'Histoire angolaise et devront
répondre de leurs actes meurtriers, et ne resteront pas longtemps et indéfiniment impunis. Il
faudrait bien qu'on leur dise et qu'ils se rendent compte du mal qu'ils font subir au pays et au
peuple angolais. La guerre qui continue à sévir a réduit l'espérance de vie de toute la nation.
L'Angola n'est pas une propriété privée d'un clan, d'un groupe ou d'un parti, il appartient à
tous les Angolais sans distinction de races ou de cultures. En posant les mines un peu partout
en Angola, les criminels ont montré leur mépris vis-à-vis de leurs peuples duquels ils se
réclament. Le pays détient le triste record des mines anti-personnelles du continent. Détecter
ces mines et les neutraliser nous coûtera très cher. On estime qu'en Angola près de 11 millions
de mines, soit une mine par habitant! Une mine est un objet insignifiant qui ne coûte pas cher
à l'achat mais détruit la vie d'un être humain.
A Luanda, vitrine du pays pour nos visiteurs, par exemple, le nombre de mutilés de guerre est
effarant. Les armes qui circulent actuellement partout dans le pays doivent être répertoriées et
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réglementées. Sinon nous tomberons dans une anarchie totale et il suffirait d'une étincelle
pour embraser le pays. Les erreurs ont été commises. Le gouvernement doit prendre ses
responsabilités. L'ONU a aussi sa part de responsabilité mais que peut-elle faire de plus si les
Angolais refusent systématiquement de faire la paix entre eux? Tous doivent participer à ce
défi à relever : l'instauration de la paix véritable en Angola.
Il est vrai aussi, que les forces occultes alimentent cette situation de crise. Alors sommes-nous
à ce point aussi manipulables pour refuser de reconstruire notre beau pays?
Notre véritable indépendance c'est de décider librement de notre choix pour l'avenir. Nous
n'avons pas le droit de manquer encore une fois à ce rendez-vous avec le train de l'Histoire en
marche.
Alfonso Sadi
DOSSIER
REGARD SUR LA MISSION PERMANENTE DE L’ANGOLA À GENÈVE
Introduction
L'Angola est un pays singulier. Sa particularité c'est de ne point connaître la paix depuis son
indépendance. Cette situation de non-paix a engendré des drames personnels, familiaux, des
déchirures et des perturbations du tissu social, et a freiné, en définitive, l'avenir de l'Angolais.
Celle-ci se ressent aussi dans l'attitude de l'Angolais et à sa façon d'appréhender ses
problèmes. Politisé, par la force des événements, l'Angolais a ajouté à son mental une
conception bien particulière dans ses relations avec ses compatriotes ou congénères.
Parmi ces drames, l'exil a été aussi le plus déchirant. Surtout pour tous ceux qui sont nés ou
grandis hors du terroir d'origine. Ballottés d'un côté par l'amour patriotique, ils se voient
souvent contester cette identification. Ils sont soupçonnés, à tort, de tous les maux. Or, ces
Angolais d'exil, n'ont pas tous la même sensibilité politique ou culturelle. Ceux qui ont vécu à
Kinshasa le savent. Pourtant, dans leur exil, une solidarité s'est créée. On ne le dit pas
souvent. Se comprenant par la douleur de cette privatisation de la terre natale et d'origine,
les Angolais se montrent très Patriotes.
La présence angolaise en Suisse mériterait alors toute une étude sociologique et
anthropologique approfondies.
Mais le présent dossier n'aborde qu'un aspect présentatif et explicatif de la nature de la
représentation de la représentation officielle de l'Angola à Genève, à qui la parole est
donnée. Nous espérons contacter toutes les instances officielles et représentatives du
gouvernement angolais en Europe. Notamment l'Ambassade à Bonn, en Allemagne. Pour
nous Angolais vivant en Suisse.
Qui sont nos représentants ? Que font-ils ? Et enfin, pour ce numéro, pourquoi un tel minidossier sur la Mission Permanente Angolaise à Genève ?
Avant de répondre à toutes ces questions, il nous faut clarifier certaines choses. Ce dossier a
failli ne pas voir le jour. Des malentendus ont surgi à propos de notre démarche, au vu de
l'évolution politique dans notre pays. Certains estimant cette situation très grave, voire
explosive. Au sein de la rédaction de N'Gola, nous avons voulu maintenir le projet, en grande
majorité. La publication de ce dossier a fait donc l'unanimité après discussion. Nous aurions
voulu aborder un dossier aussi complet que possible. Notre dossier est sans doute moins
étoffé que nous l'aurions souhaité. Néanmoins, les promesses n'ont pas été tenus. Culture de
palabre oblige ? Pour nous, nous avons honoré nos promesses. Nous n'avons pas faillis à
notre devoir de vous informer. L'Angola veut la démocratie et la liberté d'expression. N'Gola
assumera courageusement son rôle d'être la voix des Angolais francophones en exil. Nous
sommes ouverts à toutes les langues. Les lecteurs peuvent compter sur nous.
A.
Sadi
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Présentation
Située au premier étage d'un coquet immeuble de la rue Lausanne, à Genève, elle a tout pour
plaire au visiteur. Dans un somptueux cadre convivial, les bureaux de la Mission sont aussi la
vitrine de l'Angola. Un pays riche certes, mais malgré sa situation conflictuelle, tente de se
moderniser et à se démocratiser. C'est cette image-là que le pays veut présenter à l'extérieur.
La Mission Permanente d'Angola auprès de l'ONU est un Organe externe du Ministère des
Affaires étrangères. Ses attributions sont fondamentalement orientées vers la diplomatie
multilatérale. Ses principaux partenaires sont les Nations Unies, les Agences spécialisées et
les Organisations Non-Gouvernementales avec le statut consultatif auprès du Conseil
Economique et Social de l'Organisation des Nations Unies.
Vu les circonstances, la Mission est dirigée par intérim, par un Chargé d'Affaires, à savoir,
Monsieur LEOVIGILDO DA COSTA E SILVA, diplomate de carrière. Les autres diplomates
affectés à la Mission Permanente, et en mission de service, sont : ROLANDO NETO
(Conseiller), SOFIA PEGADO (1ère Secrétaire), MARIO DE AZEVEDO CONSTANTINO
(2ème Secrétaire).
N'importe qui de ces diplomates, s'occupe concrètement des dossiers précis dans le domaine
des Nations Unies, des Institutions spécialisées, de Droits de l'Homme, du Désarmement, des
Questions Humanitaires, des Négociations Economiques, etc. Auprès de ces institutions, de
manière globale, la Mission Permanente exerce différentes fonctions d'où prime la fonction
normative, telle que la participation aux forums pour l'élaboration de projets ou la
révision des normes de droit international public..., informative et d'accompagnement de
projets ponctuels de développement, catastrophe naturel ou de formation en collaboration
avec les Nations Unies, les Agences spécialisées et les ONG. Ces activités se déroulent de
manière formelle et informelle à travers des réunions des organes respectifs, des organes
régionaux, des consultants, des experts qui au niveau de leurs Missions suivent les mêmes
dossiers, consultations entre des représentants et non dans des rares cas, en consultations
bilatérales des représentants entre eux.
La Mission a un secteur administratif dont le responsable est Monsieur JOSE TANGA, cadre
du Ministère des Finances, en mission de service, qui s'occupe donc de ces questions
administratives.
La Mission a aussi un secteur de communication, dont la responsabilité sera prochainement
occupée par un cadre technique du Ministère des Affaires Etrangères.
Dans le cadre de leurs activités quotidiennes de la diplomatie, le secteur administratif est
secondé par un secrétariat, coordonné par Mademoiselle FERNANDA REIS, fonctionnaire
du Ministère des Affaires Etrangères. Au vu du volume élevé du travail, la Mission fut obligé
de recourir au recrutement du personnel local pour le secteur administratif (dactylo,
organisation des archives, correspondances et réception, etc.
N'Gola se réjouit de présenter à la communauté angolaise, le rôle et la fonction de sa Mission
Permanente auprès des Nations Unies à Genève. Nous avons pu contacter le Chargé
d'Affaires, M.LEOVIGILDO DA COSTA E SILVA, qui a bien voulu nous accorder une
interview.
A.Sadi
Interview du Chargé d'affaires (par interim), M. Leovigildo da Costa e Silva
N’gola. : En Suisse, surtout à Genève, nous avons le Consulat et la Mission. Au niveau de
contact avec les Angolais, nous constatons une absence de prise de contact. Pourquoi ?
M. Leogivildo da Costa e Silva. : La Mission Permanente de l'Angola ne s'occupe pas des
relations bilatérales ou autres. Les relations entre l'Angola et la Suisse sont prévues en terme
d'un éventuel accord bilatéral qui est certainement suivi par l'Ambassade d'Angola accréditée
en Allemagne. La Mission Permanente, pour qui je suis, par la force des événements, le
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Chargé d'affaires ad intérim, a les compétences limitées aux Nations Unies, telles que : ses
institutions et programmes respectifs, ses agences spécialisées et les Organisations Non
Gouvernementales(ONG), avec ses statuts consultatifs auprès de l'ECOSOC.
Du fait que Genève est une ville internationale suisse, la Mission Permanente accréditée ici, je
peux dire que ses relations institutionnelles avec ce pays se passent par le biais de la Mission
Suisse auprès de l'ONU.
N‘gola. : En quoi la Mission Permanente peut-il aider les Angolais établis en Suisse ?
M. L.C.Silva. : En Suisse, l'Angola est représenté par un Consulat Honoraire, à Genève, selon
les termes de l'article 23 des statuts organiques du Ministère des Affaires étrangères.
N‘gola. : Pourquoi l'Angola a-t-il mis du temps pour ouvrir une Mission Permanente au
sein des Institutions Internationales ? Et quel est l'apport de l'Angola au sein de ces
instances internationales ?
M. L.C.Silva. : Tout d'abord, les raisons sont d'ordre politico-diplomatique et économique.
L'Angola confère une grande importance à l'activité politico-diplomatique, d'où se détache la
participation la plus efficiente possible dans le domaine que se réfère la fonction normative
des Organisations internationales. sa fonction résulte de la nécessité urgente d'accompagner
les projets de développements faits avec les agences spécialisées et aussi d'accompagner les
projets ponctuels, donc ciblés, relatifs aux urgences comme l'aide humanitaire et la formation.
Du point de vue économique, l'importance qu'on attribue à Genève découle fondamentalement
du fait que les institutions de l'ONU et les Organisations ayant des responsabilités dans le
processus de globalisation comme l'OMC, la CCI, la CNUCED, qui ont leurs sièges à
Genève, et avec les responsabilités de la mise en œuvre des attributions découlant du p.3 de
l'art.3ème de la Charte.
N‘gola. : Quel est l'état actuel des relations entre l'Angola et la Suisse ? Ont-ils conclus
des accords ?
M. L.C.Silva. : L'Angola et la Suisse concluront très certainement différents accords. Divers
d'entre eux vont se diriger vers des Institutions de Services et des représentants du Secteur
Privé, comme mentionnés ci haut. La gestion des relations bilatérales est faite par
l'Ambassade de l'Angola accréditée en Allemagne, dont l'extension, entendez par là, la
compétence, comprend la Suisse.
N‘gola. : Il y a beaucoup d'Angolais qui ont séjourné et travaillent en Suisse. Leurs parts
de cotisations (primes d'assurance vieillesse, AVS) restent ici. C'est de l'argent à
récupérer pour l'Angola. Que pensez-vous faire ? Etes-vous déjà saisi de la question ?
Pourquoi cette indifférence ?
M. L.C.Silva. : La question évoquée ici se situe dans le cadre des relations bilatérales dans
lesquelles la Mission Permanente n'a aucune compétence. Cependant, au vu de son
importance, nous comprenons que l'AVS est certainement une espèce d'épargne et un droit
acquit de nos compatriotes. Nous allons nous informer sur ses principes, sa réglementation et
sa gestion, conformément à la question qui nous est posée. Nous avons noté qu'une part de la
structure de l'Assurance AVS n'est pas récupérée par nos compatriotes qui retournent en
Angola.
N‘gola. : La présence des Angolais en Suisse se caractérise particulièrement par un
certain nombre de personnes, anciens demandeurs d'asile déboutés (ceux qui ont fui la
guerre pour survivre à l'étranger). Issus de la diaspora de Kinshasa, la plupart, ils ont
l'impression d'être délaissés par leur pays d'origine l'Angola. De plus, ils n'ont pas
toujours des autorisations de séjour en Suisse. Ou alors, on les accorde un Permis
précaire et temporaire N ou F. Certains ont bénéficié d'un Permis Humanitaire qui s'est
transformé en Permis B, après une très longue période d'attente et d'incertitude. Bientôt
la Suisse proposera d'accorder à quelques-uns d'entre eux un Permis C (séjour
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permanent). Que comptez-vous faire pour qu'ils gardent les relations avec leur pays,
l'Angola ? Et sur la plan administratif pour leurs documents, que faut-il faire ?
M. L.C.Silva. : Toutes ces questions se situent dans le cadre des relations bilatérales. Ce qui
n'est pas une compétence de la Mission Permanente Angolaise auprès des Nations Unies.
Nous n'avons pas de Services spécialisés pour répondre à ces questions.
Toutefois, nous sommes convaincus que ces questions, une fois posées au Service Consulaire
de l'Ambassade d'Angola accréditée en Allemagne, nos collègues vous répondriez volontiers.
La Mission Permanente d'Angola n'a aucune interférence, ni n'est jamais sollicitée n'importe
quel type de participation concernant l'attribution des documents concernant les Angolais
résidant ici.
En accord avec l'alinéa point 2 de l'article 25 de la Constitution, tous les Citoyens Angolais
sont libres de sortir et de revenir dans le territoire national. Relativement, avec la nécessité de
conserver les relations avec le pays, nous sommes convaincus que cette question est plus ou
moins pacifique des autres. nous pensons que l'attachement naturel au pays ne se perd pas
malgré le changement temporaire de résidence à l'étranger. Le rôle de tout un chacun est de
faire comprendre et transmettre aux plus jeunes de la nouvelle génération, les valeurs
historiques, politico-culturelles et linguistiques de notre cher pays, dans le sens de préserver
l'identité angolaise dans le pays d'accueil.
(Propos recueillis par le comité de Rédaction de N'Gola, sous la direction de Alfonso
Sadi)
Traduction : Menga Waku
A quoi servent nos représentations diplomatiques à L'étranger ?
Depuis que l'Angola est indépendant, il y a désormais des diplomates à l'extérieur et dans
beaucoup de pays étrangers. Malgré cela, la diaspora angolaise dans ces pays continue à
souffrir pour des simples questions élémentaires telles que les démarches administratives. Or,
pour les résoudre, seules nos représentants diplomatiques sont à même habilitées à le faire.
Nous, Angolais de Genève, on a l'impression qu'ils ne s'occupent pas de nous. Ils sont arrivés
et ont occupé leurs postes sans même chercher à connaître les Angolais qui vivent à Genève
depuis des années, bien avant eux. Des exemples de l'indifférence de la Mission et du
Consulat ? Des tracasseries administratives ? Il y en a plein. Pour obtenir un passeport, le
prolongé ou inscrire son enfant, c'est vraiment un casse-tête pour nous. Nous avons une
Ambassade en Allemagne qui s'occupe aussi des Angolais de Suisse. Pour un papier, il faut
quitter la Suisse, prendre le train jusqu'à Bonn. Là-bas, on est mal accueilli surtout si vous
avez un accent en portugais, au pire si vous parlez mal ou pas du tout le portugais, c'est encore
pire. On met déjà en doute votre identité. A partir du moment où vous avez un nom qui n'a
pas la consonance portugaise, on vous traite de "regressado". Avec une connotation
péjorative. Si vous arrivez à le convaincre, on vous exige des papiers de légitimité, qui
doivent venir de Luanda, ce qui est déjà difficile à obtenir. Sinon, pour vous établir un
document (passeport, carte consulaire ou carte d'identité), il est exigé de fournir une photo
habillé en costume-cravatte. C'est absurde! Ce n'est pas finit car parfois il faut attendre six
mois voir plus pour inscrire le nom de votre enfant dans vos papiers. Payer et attendre, rien de
tel pour vous donner des frustrations. Vivant en Suisse, les autorités de ce pays vous
réclament des documents que seule l'Ambassade en Allemagne peut délivrer. Alors vous vous
retrouver avec des papiers de séjours qui ne peuvent être renouvelés. L'ouverture d'une
Mission et d'un Consulat devrait faciliter les choses au niveau d'abord de l'information et des
démarches. Combien d'Angolais vivant ici ignorent les adresses de leurs représentants
officiels. Tous les Angolais en Suisse ne sont pas des réfugiés et encore moins des opposants
politiques. L'information ne passe pas. Pour les visites importantes de la délégation angolaise,
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nous devons utiliser le système de bouche à oreille. Parfois même beaucoup ignorent la
présence de telle ou telle personnalité en Suisse. Sommes-nous tous des Angolais ? Qui donc
est plus Angolais que l'autre? Dans les Ambassades angolaises à l'étranger, surtout en Europe,
les étrangers sont mieux reçus et bien servis que nous autres angolais. Nos diplomates
oublieraient-ils l'Histoire de l'Angola et ses problèmes d'émigrations?
Ed.
Lubanzadio (collaboration : A.S.)
UNITA RÉNOVÉ : Aventure ou trahison ?
Dans l'histoire de l'Angola, nous connaissons trois mouvements ayant œuvrés pour la
souveraineté nationale. Il s'agit du Fnla de Holden Roberto, l'Unita de Dr Jonas Savimbi M. et
du Mpla. C'est une vérité historique dont personne ne peut falsifier.
Les événements de ces dernières semaines nous ont appris qu'il existe en Angola deux partis
d'oppositions : Unita et Unita rénové.
L'histoire nous apprend pourtant que lors de la dissidence de Chipenda, le Mpla n'a jamais
voulu reconnaître le mouvement de Chipenda avec le nom du Mpla. Ce même Mpla est à
l'avant-garde de la campagne de reconnaissance de l'Unita rénové sur le plan international,
curieusement ce qui était inacceptable hier (Mpla-Chipenda) est aujourd'hui semble-t-il la
meilleure solution pour résoudre le conflit angolais. D'ailleurs, la question que tous les
Angolais se posent, est : qui sont les dirigeants de l'Unita rénové? Les compagnons d'armes,
sympathisants, amis et frères de longue date de Jonas Savimbi sont devenus ses ennemis
aujourd'hui. En revenant sur l'histoire de l'Angola, nous constatons que ceux qui se réclament
de l'Unita rénové ont combattu le Mpla armes à la main pendant 20 ans pour le déloger du
pouvoir. Le feraient-ils par aventure ou par obligation? Défendent-ils avec leurs camarades de
maquis un idéal? Les dollars ont-ils eu raison de leur objectif? Comment peuvent-ils être
crédibles des Angolais? Après avoir longtemps dirigés le mouvement en tant que
responsables, cadres politico-militaires,
officiers, et participés activement à toutes les stratégies mises en place pour combattre le
pouvoir de Luanda, ils veulent se laver les mains en accusant Savimbi de "criminel de
guerre". Ont-ils oublié leur part de responsabilité, s'il y a crime? Est-ce que ces soi-disant
rénovateurs ont la mémoire courte pour oublier tous ceux qui ont perdu leur vie pour la même
cause ou pour le même idéal qu'eux? Dans cette aventure perceuse, les Angolais sont témoins,
ils sont victimes des bombes, des mines antipersonnelles, des bombardements aveugles et
leurs causes (destruction d'écoles, malnutrition, destruction des hôpitaux), bref, ils sont
victimes de politiciens sans âmes, sans convictions et surtout sans aucun comportement
nationaliste. J'aimerai cependant attirer l'attention de mes frères dissidents qu'ils s'inspirent de
la mort de Ben-Ben, de l'attentat perpétué contre Chivukuvuku, de la disparition de tous les
anciens officiers de Fnla ralliés au pouvoir de Luanda, dont Noé demeure l'exemple le plus
frappant. Crimes là-bas, les criminels de guerre sont de deux côtés : à Luanda et dans les
maquis. L'histoire le jugera. Pour défendre les intérêts du peuple angolais, il faut être un
homme intègre, honnête, de conviction, respectant ses idéaux, tenant ses promesses envers le
peuple, travaillant pour le peuple et avec le peuple.
Le débat est lancé. Merci d'avance pour vos réactions, vos commentaires et pourquoi pas des
précisions.
Eduardo Lubanzadio
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Billet du Président
La femme angolaise et l’Association des Angolais en Suisse
La famille est considérée comme base structurelle de la société et l'Association est finalement
formée par un collectif familial qui y adhère.
Dans cette optique de réflexion, il est nécessaire que les diverses sensibilités soient
suffisamment représentées pour assurer un bon équilibre entre l'Association et la communauté
qui la compose du point de vue opérationnelle.
Culturellement, l'Association représente pour la communauté une force, une maintenance de
son patrimoine culturel donc la femme a sa part de responsabilité et elle devrait exercer une
influence prépondérante en tant que mère et éducatrice de nos enfants.
Nous avons toujours remarqué que les solutions préconisées au sein de notre Association sont
en partie influencées par les femmes. C'est juste, je dirais même normal. Mais c'est que je
regrette dans notre communauté, c'est le manque d'une représentation féminine aux organes
exécutifs de notre Association et surtout le désintéressement de nos femmes aux activités
envisagées par l'Association.
Les efforts déployés par le Comité Exécutif en créant au sein de l'Association une
"Commission Féminine des femmes angolaises" activée par le Secrétariat aux Affaires
Sociales, et dirigées par les femmes prouvent la volonté de l'Association de mettre au centre
de ses activités les personnes féminines afin d'assurer son avenir. Actuellement cinq femmes
seulement ont pu accepter de faire partie de cette commission.
Je souhaiterais inviter les femmes angolaises à s'investir un peu plus à notre Association et
surtout de s'intéresser à la Commission Féminine qui est un organe permettant à nos femmes
d'exercer une influence et de défendre les intérêts qui sont les leurs. Je suis convaincu que
l'Association a besoin de cette approche féminine, car, à l'image de la femme angolaise,
l'Association ne serait jamais laissée et affaiblie, mais soutenue et encouragée. Cette solidarité
de la femme angolaise serait un fondement d'une association juste, évolutive et digne.
Actuellement, une faible participation féminine ne suffit pas pour modifier une approche.
L'approche de nombreuses femmes et la confrontation de ces dernières conduiront sûrement à
une réflexion qui débouchera normalement sur les solutions les plus raisonnables.
Rappelons que l'A.A.S. est une association d'entraide bénévole qui s'active sur le territoire
helvétique. Il serait intéressant que les femmes angolaises soutiennent et participent
nombreuses à cette évolution. N'oublions pas que la liberté, la démocratie et globalement,
l'orientation générale de l'Association mérite cet effort des femmes angolaises.
Sur ce vœu, je vous souhaite une bonne fin de l'année 1998, et de très bonnes fêtes de Noël et
de Nouvel An 1999.
Jean Jacques Nkosi Zassala
Pour une Commission Féminine au sein de l’Association
C'est en 1983 que notre Association des Angolais en Suisse a été fondée à Genève. Depuis
1993, date à laquelle l'Association a connu sa première reforme visant à modifier les
structures fonctionnelles de la première instance, on peut dire qu'aujourd'hui ses efforts se
dirigent vers une intégration de tout le tissu social composant la communauté angolaise en
Suisse. Je crois pouvoir dire par là et sans me tromper que son souci actuel est d'associer en
son sein les femmes ainsi que les enfants à collaborer étroitement afin qu'elle arrive à
accomplir sa louable mission de sauvegarder la culture angolaise et de défendre les intérêts
des angolais en Suisse.
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Poursuivant son but qui est de développer auprès de chaque Angolais un esprit de
responsabilité, de patriotisme et de dignité, et surtout, de promouvoir des échanges culturels
avec d'autres communautés étrangères ou non.
Ne nous semble-t-il pas que tout as été déjà dit sur notre Association comme entité utilitaire,
comme moyen de conserver nos valeurs angolaises, pour construire l'unité angolaise en
Suisse, y compris la création d'un cadre d'entraide entre Angolais de Suisse?
Pour y arriver, nous avons mis sur pied un organe féminin de grande envergure pour mener à
jamais ces objectifs que nous avons jugés nécessaires pour la bonne marche de notre
Association. nous avons toujours remarquer que l'absence de nos femmes, ainsi que de nos
enfants dans l'accomplissement de nos programmes d'action nous font toujours défaut. Sans
leur participation aux activités de notre Association, il sera difficile pour nous d'aboutir aux
résultats escomptés.
L'opinion générale de l'homme contemporain a toujours plaidé de mettre un organe féminin
au milieu de l'homme et surtout d'incorporer la, où les femmes, dans ses activités
quotidiennes.
Un adage de nos ancêtres, disait, qu'éduquer une femme, c'est éduquer un peuple.
Certes, la transmission d'une culture n'est pas une chose facile, surtout si nous voyons la
vitesse dans laquelle le monde actuel est en train de se transformer.
J'ai tout simplement le soucis de m'adresser à toutes ces femmes angolaises pour qu'elles
puissent savoir que l'avenir de notre Association se trouve entre leurs mains, et l'essor de
transmettre notre culture à nos enfants relève en partie, de leur compétence. Il est donc
question que les femmes angolaises puissent comprendre cette préoccupation afin qu'elles
puissent jouer leur rôle de maman, leur devoir d'éduquer et de transmettre la culture angolaise
à nos enfants. D'où, l'engagement aux activités de l'Association s'avère important.
Nous avons toujours remarqué que certaines de nos femmes s'éloignent de l'Association parce
qu'elles n'y ont pas trouvé de soutien et surtout l'amitié qu'elles espéraient de notre
communauté. Certaines ont même de doute, et elles ont peur de s'intégrer dans ce milieu, suite
aux modes et styles de comportements des autres, et surtout, la multiplication des futilités et
des bavardages, souvent remarqués dans nos milieux.
A toutes ces femmes, j'aimerais leur dire, du plus profond de mon être, d'avoir confiance et
courage en elles-mêmes, car l'avenir appartient à nous tous. Il est souhaitable que leur
participation soit effective pour permettre à notre Association d'atteindre son but. On dit :
"réfléchir, c'est bon, mais se mettre à l'action pour réaliser un acte pour votre communauté
serait parfait". J. J. Nkosi Zassala
L’ASSOCIATION DES ANGOLAIS EN SUISSE VIENT DE FÊTER SES 15 ANS
En septembre de l’année dernière, l’ A.A.S a fêté ses quinze ans d’existence. L’événement
était d’une grande importance pour la vie de notre organisation. Les festivités ont été
présidées par M. J.J Nkosi président de notre association en présence de plusieurs invités et
membres. Nous saluons pour la circonstance illustrée hôte des associations sœurs qui nous ont
honorés par leur présence à savoir nos frères et sœurs de MIDI-PYRENNES, de RHONEALPES
(France) , de CHARLEROI ( Belgique) , A.A.R.S. (Suisse). La cérémonie qui s’est déroulée
dans la grande salle des Eaux- Vives (Genève) a eu trois moments forts: L’exposition
culturelle, ainsi que des images relatant les activités de l’association, l’allocution du président
et la soirée dansante.
Dans son allocution de circonstance M. J.J Nkosi a donné un bref aperçu historique de
l’A.A.S. tout en soulignant la grandeur et le rôle de rassemblement que joue cette œuvre ainsi
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que sa vocation culturelle. Il a par ailleurs insisté sur l’avenir qui passe par une meilleure
collaboration entre toutes les associations angolaises en Europe afin de créer des synergies
entre nos associations pour mieux coordonner nos actions.
ACTUALITES
Pas de développement sans la paix
Selon "Al-Ahram" n°215 (Hebdomadaire égyptien), les PMA (Pays les Moins Avancés) du
monde, ont enregistré une croissance supérieure à la moyenne en 1997. Cette tendance plutôt
réjouissante dans un monde en ébullition devrait se confirmer en 1998. Mais en raison de la
vulnérabilité de leurs économies dépendantes des fluctuations de l'économie mondiale et de la
conjoncture internationale leur élan risque fort d'être stoppé.. C'est ainsi qu'en 1998, la crise
asiatique ainsi que la multiplication des conflits armés dans le continent africain les ont
fortement affecté. Le produit brut des 48 pays les moins avancés dont l'Angola a augmenté en
1997 de 4,8% en moyenne contre 3,2% pour l'ensemble de l'économie mondiale. Au moment
où une lueur d'espoir naissait dans les esprits de tous les Angolais avec la mise en place du
GURN, voici que l'Angola est de nouveau rattrapé par ses vieux démons: la guerre. Le
développement est, une fois de plus, hypothéqué. D'ailleurs dans son discours devant le
Parlement angolais pour annoncer des mesures exceptionnelles de nature à faire face à une
nouvelle situation de guerre, Monsieur José Eduardo dos Santos, le président de la République
a ouvertement reconnu la dégradation de tous les indicateurs économiques: finances publiques
au bord de l'asphyxie, la production intérieure en net recul, la baisse du prix du pétrole,
principale ressource d'exportation aggravant la crise économique provoque, chômage,
inflation, malnutrition, famine, manque d'une véritable couverture sanitaire. Comme le disait
l'écrivain égyptien Naguib Mafouz en 1988, dans son discours à Stockholm, en Suède, pour la
réception de son Prix Nobel : "Aujourd'hui, la grandeur d'un dirigeant civilisé devrait se
mesurer à l'universalité de sa vision et à son sentiment vis à vis de tout le genre
humain....L'heure est venue d'agir. L'heure est venue de mettre fin au temps des brigands et
des usuriers. Nous vivons à une époque où les dirigeants sont responsables de la totalité du
globe." Pour ce qui nous concerne, nos hommes politiques de tout bord doivent comprendre
que le peuple le tient pour responsable de leur situation précaire endémique. 1999 sera sans
aucun doute une année pénible pour l'Angola. La guerre a repris ses droits. Dans un pays où la
part du budget militaire représente plus de 70% du budget de l'état, on est en droit de penser
que l'économie angolaise est avant tout une "économie de guerre", reléguant toutes les
structures socio-économiques au second plan. Toutes les valeurs et les principes de
l'économie de développement sont inexistants.
La prise de tous les pouvoirs par le président de la république, l'intensification de la guerre sur
tout le territoire du pays, le silence de la communauté internationale, la dissolution de la
MONUA par le Conseil de la Sécurité de l'ONU, la disparition progressive d'une
administration territoriale, toutes ces données laissent présager un effondrement
catastrophique de l'économie angolaise. Seules les multinationales pétrolifères et
diamantifères vont une fois de plus profiter de l'aubaine qu'est "l'économie de guerre". Le
marché parallèle va sans doute prendre de l'envol dans la même proportion que la corruption,
qui risque de s'amplifier.
Un développement "durable" a donc besoin de la paix afin de mettre en place des structures
adéquates permettant la suppression des maux sociaux que sont la misère, le manque
d'éducation, le chômage, ...
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Le développement "durable" de l'Angola exige un état de paix, des dirigeants responsables en
réaffirmant la primauté des valeurs humaines et de bons sens sur la seule logique du pouvoir.
Faire de la politique, c'est aussi et surtout savoir sacrifier ses ambitions personnelles pour
l'intérêt de la collectivité. Nous exigeons la paix maintenant pour le développement de
l'Angola. Le pacte du développement doit être signé pour mettre en harmonie le peuple et ses
dirigeants. Le peuple angolais est sans aucun doute prêt à le signer. Que ceux qui ont les
mains sur la gâchette nous donnent les raisons d'espérer.
Pedro Kiangebeni
Angolais et Francophones
Le 5 novembre dernier, nous étions invités par le Secrétaire général de la Francophonie,
M.Boutros Boutros-Ghali, à un Symposium sur le plurilinguisme dans les organisations
internationales, au Centre international des Conférences de Genève. Cette rencontre devait
ramener les instances internationales de l'ONU de réfléchir sur la place de la langue française
dans une Organisation dont le plurilinguisme doit être respecté. Le lieu de ce Symposium est
symbolique. En effet, la Suisse reste un modèle du plurilinguisme. Coexistent différentes
langues: allemand, français, italien et romanche. Donc, la Suisse est un cas qui peut inspirer
d'autres pays. Comme le disait M. Boutros-Ghali, " Dans le monde moderne la pluralité des
langues devient la règle pour un nombre croissant d'individus, pas seulement les plus
instruits. Et lorsqu'on adopte le principe du plurilinguisme, on voit qu'il est très riche. Le
plurilinguisme rejoint enfin une préoccupation de l'UNESCO qui est de créer une culture de
paix."
Ce qui nous amène sur le problème de l'utilisation de la langue française par des Angolais
francophones dans un pays où la langue officielle est le portugais. Comment l'Angola pourra
bénéficier du savoir de ces Angolais qui s'expriment en français? Parler une langue
européenne tel que le français, ou le portugais, nous donne-t-il une identité ? Dans le cas de
l'Angola, rappelons qu'il a été colonisé par le Portugal qui a imposé sa langue, le portugais.
Durant cette période coloniale, beaucoup d'Angolais du Nord ont fui la répression vers des
pays comme les deux Congo (Kinshasa et Brazzaville), pays francophones. Les parents, tout
comme leurs enfants, ont appris les langues de ces pays, tout en gardant l'amour patriotique de
leur pays d'origine qu'est l'Angola. Après l'indépendance, ils sont retournés afin de contribuer
à son développement. Malheureusement, est-ce par manque d'information et de politique
d'intégration, ou tout simplement par la manque de politique d'intégration viable qu'un
amalgame était né sur leur identification ? Pour certains, à Luanda par exemple, un Angolais
ne peut parler que le portugais. Sinon, c'est un étranger. Oubliant par là le fait colonial. Nous
étions déjà au bord de la paix civile. Des étrangers parlant portugais ont profité de la situation
pour acquérir facilement la nationalité angolaise au détriment des vrais angolais. Créant des
frustrations.
Les Angolais lésés ont dénoncé cette politique. La réalité historique de l'Angola devra
ramener les autorités gouvernementales d'appréhender ce problème et de réfléchir pour
trouver des solutions appropriées pour l'intégration de ces Angolais francophones. Il faudra
donc d'abord une campagne d'information à l'échelle nationale puis internationale, ensuite
créer des espaces d'études de langues étrangères des exilés, des écoles d'apprentissage de la
langue portugaise pour ces Angolais, sans exclusivité. En Angola même, ou dans les pays où
vive une forte communauté angolaise à l'étranger. Ceci afin d'éviter les erreurs d'autrefois.
L'Angola est amené à réaliser une véritable nation tolérante, ouverte et moderne. Un pays qui
doit intégrer tout le monde, toutes les couches sociales de sa population. Les francophones et
les autres. Nos langues nationales devraient être revalorisées. On évitera ainsi l'implosion du
pays.
Alfonso Sadi
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Problèmes d’Asile et de refoulement des Angolais
Politique d'Asile en Suisse : la barque est pleine, on refoule !
La Communauté angolaise de Genève, tout comme celle de la Suisse entière, est très peu
connue. Bien qu'homogène, elle a un statut particulier, notamment en ce qui concerne le
traitement de leurs dossiers sur le séjour dans le territoire helvétique. Parmi elle, on trouve des
jeunes requérants d'asile, des étudiants, des travailleurs immigrés, des rares réfugiés politiques
des années soixante et quatre-vingt, des exilés, des fonctionnaires et des diplomates. Les
premiers de cette catégorie, c'est-à-dire les requérants, sont les plus exposés. Fuyant un pays
en guerre ou une situation politique instable, ces Angolais sont pour la plupart des jeunes
hommes ou femmes valides qui ont pu atterrir en Suisse dans l'espoir d'y vivre normalement,
temporairement, en attendant une amélioration de la situation dans leur pays d'origine,
l'Angola. Le problème en est que ces demandeurs d'asile ne sont pas reconnus comme tels.
Rares sont ceux dont leurs statuts sont acceptés. Si on les compare aux autres requérants
éthiopiens, érythréens, bosniaques, turcs ou kosovars. Souvent, on met en doute leurs
déclarations, leurs identités(papiers), voire même leurs personnes ! Soit, on les confond avec
les Congolais (ex-zaïrois), parce qu'ils s'expriment en français ou en lingala, voire même un
portugais approximatif, soit parce que leurs arguments manquent de cohérence. Ce qui crée un
choc psychologique insurmontable, et des frustrations. Certains ont "portugalisé" leur
nouvelle culture adoptive acquise lors du séjour à Luanda(ou en Angola, pour les
regressados*), dans l'espoir de mieux "passer pour des vrais angolais" ! Plutôt que d'assumer
sa vraie culture africaine. Une situation à la limite du tragi-comique, voire, de l'aliénation
mentale ! Imaginez une personne qui fuit la misère dans l'espoir de trouver un refuge et qui se
voit jeter dehors ! Les autorités suisses expédient leurs dossiers avec des préjugés et cela crée
des nouveaux drames personnels. Sont-ils bien défendus en Suisse ? Bien sûr qu'il existe des
organismes de défense et d'aide aux requérants d'asile, mais ceux-ci sont toujours combattus
par les autorités cantonales qui les jugent trop partiaux. En Suisse, c'est l'Office fédéral des
réfugiés à Berne qui décident. Souvent en se basant sur les rapports établis par des Cantons.
Les réponses sont souvent négatives. Très peu de recours aboutissent. Ces dernières années on
refoule des Angolais pour des motifs souvent discutables. On évoque parfois qu'un requérant
coûte cher au Canton et à la Confédération. "Vous savez, c'est nous les contribuables suisses
qui payent ces gens-là", nous dit une confédérée. C'est vrai pour un requérant qui reste
longtemps à l'Assistance. Mais on oublie de dire qu'en le privant des papiers pour l'aider à
trouver un emploi, celui-ci n'a d'autre choix que l'attente, souvent longue et incertaine. Ainsi,
on prive des cerveaux, bras valides, de travailler et contribuer à l'économie suisse. En un mot,
on refuse son intégration ! Autrement dit, on crée une situation qu'on dénonce et qu'on
critique paradoxalement.
La Suisse appliquerait-elle la politique de la barque est pleine ? Ce qui est sûr, c'est que les
décisions négatives après procédures complètes restent nombreuses et aboutissent au
refoulement du candidat à l'asile. Actuellement ce sont les Angolais qui en sont victimes.
A.Sadi
*Angolais nés ou ayant grandis à Kinshasa, parlant le plus souvent le lingala ou le français.
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Asile et droit de l'homme angolais
Le refus du fait accomplit
Fidèle à sa vocation statutaire de défense des intérêts des Angolais en Suisse, et de droits de
l'homme en Angola, l'Association des Angolais en Suisse a organisé deux manifestations
successives en date du 19 et 31 mars. La première a eu lieu à Genève devant le Palais des
Nations Unies. La seconde s'est déroulée à Berne, la capitale de la Suisse, devant le Palais
Fédéral. Pourquoi manifester ? Ces deux actes solennels sont, le cri de l'écœurement et de
désolation, adressé, pour le premier, aux Responsables politiques angolais qui, par leur
attitude inhumaine prennent toute la nation angolaise en otage. Les uns, pour satisfaire leur
goût de conserver le pouvoir, et les autres, leur volonté d'arracher atout prix le pouvoir, quitte
à sacrifier des vies humaines. Par ce geste, l'Association des Angolais en Suisse, (AAS.),
dénonce par la même occasion l'échec de Nations Unies en Angola. Organisation pourtant
créée pour assurer la paix dans le monde. Cette paix que les Nations Unies n'ont pas su donner
au peuple angolais.
Par ailleurs, l'AAS refuse d'admettre le fait accompli des autorités fédérales quant à la
situation des requérants d'asile angolais, à qui on retire systématiquement l'admission
provisoire qu'on leur avait accordée. Pourtant personne n'ignore dans les cabinets fédéraux,
de la dramatique situation que traverse notre pays. Refouler les Angolais aujourd'hui équivaut
à un crime contre l'humanité, en exposant des hommes, femmes et des enfants, à la mort.
Certes, le droit (loi sur l'asile) donne aux autorités tous les pouvoirs mais le droit humanitaire
oblige également toute autorité d'agir avec appréhension et bon sens. Ce qui est valable pour
les bosniaques, les albanais doit l'être aussi pour les angolais et autres communautés. Nous
refusons la politique de poids et deux mesures.
Pedro Kiangebeni
A paz que o povo chama*
Genève, vendredi 19 Mars 1999, devant la Place des Nations, plus de deux cents Angolais,
femmes, hommes, enfants réunis clament leurs désarrois, crient leurs colères et douleurs face
à la guerre qui détruisent et mutilent leur pays.
Pourquoi cette manifestation et pourquoi devant le Palais des Nations?.
Le but c'est de prendre à témoin l'opinion internationale sur notre volonté du refus de cette
guerre qui dure longtemps et aussi pour dénoncer la main mise de certains groupes
internationaux. Cette guerre n'est pas fortuite, elle répond aux besoins de ceux -là qui prônent
et veulent ériger la mondialisation en une idéologie.
Nous Angolais, disons basta à cette nouvelle guerre ridicule, qui nous ruinent, nous
affaiblient, et nous rend bêtes.
Triste record pour l'Angola, le pays qui a le nombre des mines anti-personnel sur son sous-sol.
Il faudrait trente ans pour tout éradiquer. Les mutilés de guerre, le seuil de pauvreté, dont les
paramètres d'analyse n'ont plus aucune valeur d'application dans ce pays. Nous savons que
pour ELF,Exxon,Coca-Cola, Dee Beers et autres. Des noms tels que, Soyo,Cabinda, Caxito,
Lunda et Luanda, sont beaucoup plus important que les vies humaines en Angola. Exploités,
pillés et il en restera des miettes pour les autochtones.
L'ONU durant dix ans a été l'ombre de lui-même en Angola. Ses missions au nom moins
évocateurs tels que, UNAVEM I, II, MONUA n'ont fait qu'entériner des faits accomplis: la
continuation de la guerre. L'ONU, avec ses agents commués en affairistes, n'a pas été capable
d'anticiper la guerre. Se contentant de faire des déclarations de presse inutiles, qui ne servaient
qu'à alimenter des discussions de chancelleries à New-York, Londres, Genève et ailleurs.
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Aujourd'hui elle quitte l'Angola par la petite porte. Pourtant, hier elle était arrivée en grande
pompe avec des beaux discours et de parade militaire.
Maintenant, le Kosovo est beaucoup plus intéressant, plus proche, en plein Ex- Yougoslavie
que l'Angola lointain, et dont les vies humaines n'ont pas la même valeur.
"Entre irmâo nâo se faz à guerra"*. Chers belligérants, pensons-y. Arrêtons la guerre! Il y a
une évidence, la guerre nous mènera à rien. Elle ne va que nous ruiner, nous retarder et nous
conduira à une destruction collective et nul ne sortira vainqueur. Songeons à la paix.
" A paz que o povo Chama so a paz mas nada ....."*
Menga Waku .
*(La paix que réclamme le peuple angolais!)
*("Entre frères, on ne se fait pas la guerre.`)
*"La paix, c'est ce que le peuple réclame, pas autre chose..."
OPINION
La paix, c’est pour les autres?
Voici bientôt 23 ans que l'Angola accéda à l'indépendance. Avant cette date fatidique du 11
novembre 1975, il y avait trois mouvements de libération qui combattaient le colonialisme
portugais : le Front national de libération de l'Angola (Fnla), le Mouvement populaire de
libération de l'Angola (Mpla) et l'Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola
(Unita). Chaque mouvement devrait diriger le pays pendant trois mois. Les deux mouvements
Fnla et Unita avaient rempli leurs devoirs. Viendra le tour du Mpla. Avant la proclamation de
l'indépendance, les dirigeants du Mpla ce sont arrangés avec les Soviétiques (ex-URSS), plus
les Cubains, avec la complicité du Parti communiste portugais, pour faire venir les Cubains et
proclamés l'indépendance par la force, sans passer par les urnes. Un gouvernement est
autoproclamé. Depuis cette date du 11 novembre 1975 jusqu'à présent l'Angola n'a connu que
la guerre. Les Angolais n'ont jamais connu la paix, car la présente situation est à l'inverse de
toutes les espérances. Comment peut-on admettre que les pays comme la Russie ou le Cuba,
qui n'arrivent pas à instaurer la paix chez eux puissent la faire chez les autres?
En 1991, lors d'un coup d'Etat aux îles de Sao Tomé et Principe, le gouvernement de Luanda
avait envoyé deux mille soldats angolais pour remettre le président déchu Manuel Trovada, au
pouvoir. En 1997, le même gouvernement est allé porter secours au Congo Brazzaville en
proie à une guerre civile. En Guinée-Bissau, c'est encore l'Angola qui sert de médiateur.
En1998, les troupes angolaises sont intervenues en République Démocratique du Congo du
président Laurent Désiré Kabila. Dans toutes ces interventions, on constate que l'Angola
mobilise des matériels impressionnants. La question que l'on se pose est de savoir si l'on
arrive à apporter la paix chez les voisins, pourquoi ne le fait-il pas chez lui? La paix ne seraitelle valable que pour les autres? Sommes-nous réellement dirigés par des Angolais
authentiques?
Sur le plan économique, l'Angola accumule une dette extérieure de 11 milliards de dollars.
70% de dépense sont pour l'armement. Pendant ce temps le peuple meurt de faim. Est-ce
nécessaire d'avoir autant d'armes ? Une quantité raisonnable suffirait pour assurer la sécurité
nationale. La richesse est importante et il est inacceptable de voir qu'on est en train de brader
le pays. Les grandes puissances ne s'intéressent qu'aux richesses minières et naturelles des
pays économiquement pauvres. Aujourd'hui, la question que l'on se pose est de savoir si
l'Angola a besoin de la paix?
Eduardo Lubanzadio
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L’ONU face aux criminels de guerre
En tenant compte de l'existence du Tribunal Pénale de La Haye, on voit que certaines
personnes accusées de crimes contre l'humanité ne sont toujours pas traduits devant cette
haute Cour. Espérons seulement que l'ONU pèse de tout son poids pour ramener ces criminels
de répondre de leurs actes. Il existe des moyens légaux pour cela. L'Organisation des nations
unies a le plein pouvoir et d'autorité concernant les sanctions contre ces gens-là, si l'on se
base sur le Traité de Rome. Tous les signataires de ce Traité doivent collaborer pour que son
application soit effective. La création d'une Cour Criminelle Internationale (CCI), a été signé
le 18 juillet 1998 à Rome, en Italie, en présence du Secrétaire Général de l'ONU, le Ghanéen,
Monsieur Kofi Annan et des autres représentants de plus de 120 pays du monde entier. Cette
Cour devra traiter les crimes revêtant d'une portée internationale(Génocides, Crimes de
guerre, Crime contre l'humanité, etc.), une fois définis comme tels.
La Communauté internationale espère que celle-ci appliquera les peines d'une façon juste,
égalitaire pour tous, et que la CCI aura accès à tous les moyens pour faire face à ces
E. Dias Mabanza
nombreux criminels.
L’Afrique d’hier et d’aujourd’hui
Quelle sera la situation de l’Afrique de demain ?
Pour répondre à cette question, remontons d'abord l'histoire de la colonisation.
Début de l'histoire de l'Afrique avant l'époque de la colonisation : les débarquements des
explorateurs, des colons, le vol dès la découverte des civilisations africaines. Suivie des ces
effets dévastateurs : pillages, razzias, commerces sauvages, destructions de la nature africaine,
guerres tribales encouragées, esclavages, colonisation et enfin indépendances nominales sans
effets réels. Le monde était divisé en deux blocs : le système capitaliste et le système
communiste. La guerre froide a duré plusieurs décennies. Les deux Grands, les Etats-Unis et
l'Union des Républiques Socialistes Soviétiques partageaient le monde au gré de leurs intérêts
respectifs. Des pays se sont vus satellisés. Les idéologies des uns combattaient celles des
autres. La haine fut installée. Les divisions et les meurtres ont été encouragés. Les pays
d'Afrique, de l'Amérique latine, de l'Asie sont devenus les jouets des Américains et des
Soviétiques. L'Europe qui s'est bien organisée (la future Europe de Schengen, de
Machstritsch, de l'Union Européenne, de l'Euro), entre dans la scène qu'elle n'a d'ailleurs
jamais quittée. Il y avait des Super-puissances, des puissances moyennes et de l'autre côté des
pays en voie de développement, qui sont tous pauvres. Des roitelets sont ainsi installés à la
tête de ces derniers pays. La misère s'est ajoutée à ce joli tableau. Puis, vint la fin de la guerre
froide, le triomphe du capitalisme, la mondialisation. La dictature des Fonds Monétaire
International (FMI) et des commerces mondiaux.
En Afrique, ce fut l'heure de la démocratisation, du multipartisme, du rétablissement du droit
des pays riches sur les pays pauvres. L'ONU n'a plus le monopole de contrôle des actions dans
le monde. Certains conflits sont directement réglés par des pays comme les Etats-Unis, la
France et l'Angleterre. Le reste du monde doit subir cette nouvelle donne. Entre-temps l'URSS
démantelée, démembrée, est réduite à la seule Russie désormais impuissante. La Chine se
démène mais trop tard. Le Japon et l'Allemagne se contentent de fructifier leurs économies.
L'Afrique reste à la traîne. Bien qu'il existe une Organisation de l'Unité Africaine, son rôle est
plutôt folklorique, donc inefficace. Les vraies décisions se prennent à New York, Paris ou
Londres.
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L'Afrique reste la cible pour les marchands d'armes, des firmes multinationales et tous ceux
qui veulent faire des affaires faciles dans ce continent dépourvus de tout.
Pour demain, l'Afrique demande la participation de tous les Africains. L'avenir est en nous ?
E.D.Mabanza et A.Sadi
Sports
Vernier Tam-Tam : De l’apprentissage à la maturité
Après deux ans d'apprentissage en 5e ligue de l'Association genevoise de Football, Vernier
TAM-TAM, l'équipe de l'Association des Angolais en Suisse a débuté sa troisième saison de
compétition avec plus de sagesse et de sérieux. Contrairement à ce qui s'était passé lors de
l'édition 1997-1998, en ayant gagné ses six premières rencontres avant de s'effondrer
totalement durant la seconde moitié du championnat, notre équipe a commencé la nouvelle
saison timidement par une défaite avant de faire match nul au second. Dès lors que la machine
s'est mise à tourner, elle a multiplié les victoires pour terminer le premier tour au deuxième
rang de son groupe à un point du leader (ACACIAS).
Ce qui augure des bonnes raisons de croire à une possible ascension en division supérieure.
Les adversaires sont largement à sa portée. L'équipe a son destin entre ses mains. Les joueurs,
encadrement technique et comité de gestion ont tous une ambition commune : l'accession en
4ème ligue. Certes c'est un pari difficile à gagner mais il ne fait aucun doute qu'avec
l'expérience acquise l'an dernier, le collectif à notre disposition, la volonté commune de gravir
un échelon tous les espoirs sont permis. Seule fausse les difficultés financières de l'équipe.
Malgré les multiples efforts du comité de Gestion de trouver l'argent nécessaire. Notre
sollicitation auprès du Président José E. dos Santos n'a pas donné le résultat escompté. Ce qui
pourtant aurait été apprécié et perçu par la communauté angolaise de Suisse comme un signe
d'encouragement et surtout d'attention envers cette communauté qui se demande si un regard
du pays est aussi tourné vers elle.
C'est donc un défi pour tout angolais de Suisse de se sentir concerné par l'équipe. C'est une
cause patriotique qui mérite l'engagement de tous. Le comité de Gestion lance par ailleurs un
appel urgent pour prendre fait et cause au financement de Vernier TAM-TAM en versant vos
dons au CCP 12-12583-3. L'œuvre est importante au sein de notre communauté. Elle est à la
fois, une œuvre sportive, mais aussi social par son action d'encadrement de la jeunesse et
enfin culturelle par la promotion des valeurs culturelles africaines par le comportement, la
solidarité, le respect d'autrui et l'engagement patriotique.
Las combinaison des talents, de la discipline et de l'ambition ouvrira les portes de la 4ème ligue
à notre club de prédilection. Les joueurs à vous de conformer au second tour. Pedro
KIANGEBENI
Portraits de nos deux entraîneurs
Comme promis dans notre précédent numéro de N’GOLA, nous vous présentons les portraits
de nos entraîneurs. Le * tandem * qui dirige l’équipe de l’Association des Angolais en Suisse
VERNIER IV est à la fois complice et complémentaire.
M. Manzambi Kuya *DEMS* et M. Filho *FILIPE* ont suivi chacun un parcours différant
mais poursuivent un destin commun, Celui de donner une identité footbalistique à cette
jeunesse angolaise et africaine en général dans cette ville de Genève cosmopolite. Leur
engagement et leur dévouement leur donne raison. L’équipe multiplie les performances.
Faites connaissance avec ces deux personnages dont la passion du football a pu réunir pour le
bien de toute notre communauté.
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Fidèle parmi les fidèles, M. Manzambi Kuya, très connu sous l’appellation de * DEMS * est
un fidèle parmi les fidèles du sport angolais en Suisse. Déjà dans les années 80, il a été l’un
des joueurs fondateur de la première équipe angolaise de Genève. Mais sa passion du football
ne commence pas en cette période. Tout petit déjà comme tous les jeunes de son âge il a
attrapé le virus du football, sport-roi en Afrique. Il a donc fait son apprentissage sur les cours
des quartiers et celles des écoles.
Cependant sa passion du sport en général l’amènera dans l’univers des arts martiaux plus
particulièrement les judo. Raison pour laquelle il est le premier responsable de la préparation
physique et psychologique de l’équipe. Ce passage dans cet univers lui a donné un atout
supplémentaire dans l’encadrement des jeunes “c'est la maîtrise de soi ” une qualité
indéniable pour mieux faire ce métier parfois ingrat d’entraîneur. Dems a fait ses premiers pas
en tant qu’entraîneur dans l’équipe africaine de Genève qui participe chaque année aux
tournois consacrés à commémorer les indépendances de la R.D.C et de l’Angola.
Ainsi quand on lui demande pourquoi un engagement sans faille dans cette équipe de Vernier
IV? Sa réponse est souvent toute simple. “ C’est pour permettre à ces jeunes angolais et autres
de s’épanouir dans un environnement parfois difficile et leur donner une chance de progresser
en leur créant une ouverture dans le milieu du football qui s’avère être un cercle très fermé.
C’est sans doute une marque de générosité et patriotisme qui mérite d’être soulignée.
De toute évidence, après avoir suivi plusieurs séminaires animés par des imminentes
personnalités dans le monde du football (Gérard Rouiller, Michel Hidalgo et tant d’autres). M.
Dems a décroché son premier certificat d’entraîneur au printemps dernier. Ce qui ne
l’empêche pas de continuer à œuvrer bénévolement pour notre chère équipe avec une légitime
ambition, “ l’accession en 4e ligue ”. C’est ce qui serait une bonne récompense pour tant
d’efforts consentis.
Dems vit le football avec passion bien sûr, mais surtout avec beaucoup de cœur et de volonté
pour que la famille de VERNIER TAM TAM soit une référence d’intégration du football
africain en Suisse.
Comme son compère Dems, M. Filipe Filho est aussi un ancien de la fameuse équipe
angolaise des années 82-86 dans laquelle il a étalé ses qualités footbalistiques . Tout jeune il
fut remarqué par plusieurs entraîneurs des équipes juniors de son quartier d’enfance à
Kinshasa. Mais c’est à Luanda qu’il explose. Après avoir fait un bref passage dans l’équipe de
CRUZ-VERMELHA de Luanda 2e division, c’est avec ESTRELA de l’Angola (club avec
lequel il a connu la gloire). Filipe fut l'un des joueurs de ESTRELA qui ont défié toutes les
grandes formations angolaises de l'époque à savoir 1er de AGOSTO, PETRO, ATLETICO,
notamment dans le cadre de Taça de ANGOLA (coupe de l'ANGOLA).
Sa carrière de footballeur s'est brusquement arrêtée en quittant l'Angola pour s'installer à
Genève. N'ayant pas oublié sa passion, Filipe n'a pas hésité à intégrer la première équipe
angolaise de Genève. A ce titre il garde un contact avec le football, sport dans lequel il
évoluera à haut niveau. Avec Estrela de l'Angola, Filipe a senti l'odeur de la 1ère division
angolaise avant que ce club soit victime des contradictions politiques du pays.
Mais en fait qu'est ce qui fait rouler Filipe pour Vernier IV alors que sa participation comme
son ami Dems à plusieurs séminaires dirigés par des grands noms du football mondial dans le
cadre de la Fédération genevoise de football tout comme l'obtention récemment de son
premier certificat d'entraîneur lui ouvrant d'autres horizons plus intéressants notamment sur le
plan financier ?
A cette question il répond très généreusement "C'est ma manière de vivre fraternellement
dans la communauté en faisant profiter les jeunes de mon expérience". Certes Filipe a le don
d'être très convivial, peu bavard mais efficace dans le contact humain. C'est donc une force
tranquille. Il excelle particulièrement dans les relations humaines. Pour preuve, il n'hésita pas
à amener son ami italien Max de s'intégrer dans une équipe quasi-africaine. Quel panache ! Sa
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qualité principale est cette volonté de vouloir bien faire, de réussir ses objectifs avec séreinité
et faire play . Pedro KIANGEBENI
Poèmes
2000 Ans d'Amour pour l'Angola
Angolais, aujourd'hui est un jour, grand.
C'est le jour où le monde accueille parmi les nations
l'An 2000, Angola, notre mère, et surtout Angola notre enfant,
l'enfant de nos veilles, de nos souffrances, de nos combats.
Camarades et frères de combat, que chacune de nos blessures
se transforme en mamelle !
Que chacune de nos pensées. chacune de nos espérances
soit rameau à brasser à neuf, l'air !
Pour l'Angola ! tenez. Je l'élève au dessus de ma tête ;
Je le ramène sur mon épaule.
Trois fois je lui crachote au visage
Je le dépose par terre et vous demande à vous en :
vérité, connaissez-vous cet enfant ? et vous répondez
tous : C'est l'Angola, notre Roi !
Je voudrais être toucan, bel oiseau, pour être à travers
le ciel, annonceur, à races et langues que Angola nous
est né, notre roi, Angola, qu'il vive
Angola, tard né, qu'il suive l'épervier !
Angola, tard né, qu'il clôture la palabre !
Camarades, tout est à faire, ou tout est à refaire.
Pour l'Angola !
Nous reprendrons les unes après les autres, toutes les lois,
l'une après l'autre toutes les parties du vieil édifice,
et du pied à la tête, pour l'Angola.
Tout ce qui est courbé sera redressé, tout ce qui est
dressé sera rehaussé
Pour l'Angola !
Je demande l'union de tous
Je demande le dévouement de tous ! pour l'Angola
Dieu !
Lausanne, le 1.02.99
Bunga Joao "Jeannos"
Une petite graine
Une personne est venue dans les prés
Elle tenait une petite graine
Et elle l’a planté
Sans avoir de haine
Le jour d’après elle est revenue
La graine était toujours là, la journée
Mais quand la personne l’a vu...
La graine avait changée
La graine était transformée
Elle avait une tige et des pétales
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La personne s’est délassée
Quand la personne est partie peut-être que quelqu’un est venu ouvrir ses pétales?
En tout cas on sait que la graine est devenue une petite fleur. Jennifer NKIDIAKA (11 ans)
Votre avenir
Que vous réserve votre avenir?
Une bonne santé et de bonheur
ou le contraire,
Cela dépend de vous
Si vous changez votre vie ne sera pas
Comme le passé, ou
vous avez vécu des choses
Très dur, dans le temps.
Chaque minute compte dans votre vie
Pensez aux enfants qui sont de différents pays
Qui crèvent de faim. Leur seul pouvoir
C'est la nourriture, l'eau
Et qu'on leur apporte un peu d'amour
Et de chaleur humaine.
Si nous ne commençons pas à réagir
les choses s'aggraveront de plus en plus
Il n'y aura plus de guerres rien que de l'amour
Guérissons le monde ensembles
Formons une grande chaîne aussi serrée
Pour que la guerre de chaque pays comme :
l'Afrique, la Yougoslavie ou autres
arrête de nous détruire
Car l'avenir de chaque enfant compte aussi.
Marie-Laure Constantin Kitoko, 12 ans et demi.
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