ouvrir - Angers SCO

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> LA RENCONTRE
Saïd Chabane, 48 ans,
président d’Angers SCO
« L’AFFAIRE WILLY
BERNARD EST
DERRIÈRE NOUS »
Actionnaire majoritaire d’Angers SCO, Saïd Chabane, chef
d’entreprises sarthois, est à la tête du club angevin depuis un
an. L’occasion de tirer un premier bilan et de parler d’avenir.
Entretien : Cédric Soulié - Photos : Sébastien Aubinaud
L
’homme est plutôt discret. Peu
bavard dans les médias. Pourtant,
depuis fin 2011, Saïd Chabane,
patron d’un groupe agro-alimentaire
en Sarthe depuis 8 ans, est à la tête
du SCO Angers. L’œil vif, le sourire
facile, il a accepté de répondre aux
questions d’Angers Mag, « sans problème ». Et sans langue de bois, cet
Algérois d’origine évoque ici la reprise du club après les
frasques de l’affaire Willy Bernard, ses objectifs sportifs,
ses relations avec la ville d’Angers… Et le chemin qu’il
compte tracer pour ouvrir le club au plus grand nombre.
Entretien à Jean-Bouin…
Comment devient-on président du SCO ?
« Un peu par hasard, mais surtout par passion. J’aime le
football depuis toujours. Et cette passion m’a poussé à
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vouloir créer et construire quelque chose. Concrètement,
une opportunité s’est présentée à moi fin 2011. Après
discussions avec Bertrand Baudaire (actuel vice-président du SCO et Pdg de la chaîne de restaurants La Boucherie, NDLR), nous nous sommes rapprochés. Fin 2011,
il fallait agir vite. Nous nous sommes donc positionnés
et devenus actionnaires dans le seul but de sauver le
SCO. »
C’est une première expérience pour vous dans le
monde du football professionnel ?
« En tant que président, oui. Mais j’ai accompagné durant
8 ans le FC Le Mans dont j’étais l’un des sponsors. Le
siège de mes entreprises étant basé au Mans, il me paraissait logique de soutenir le club local. La présidence du
SCO est donc pour moi une continuité quasi naturelle. »
Avez-vous une expérience de footballeur?
« Non, simplement entre copains, le week-end,
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quand j’étais plus jeune. En revanche, j’ai joué
au handball au sein d’une équipe universitaire dans
laquelle j’étais gardien de but pendant trois ans. Cela
remonte à mes années estudiantines à Alger. »
Revenons au SCO, quels sont vos objectifs de
président à mi-saison ?
« Les objectifs restent toujours les mêmes : faire
mieux que la saison dernière. Et continuer surtout
à construire le club, lui donner les moyens de prétendre à autre chose dans les années à venir. Evidemment, comme tout club de ligue 2, la finalité est
de nous rapprocher de l’élite de la Ligue 1. Mais ça
arrivera quand ça arrivera. Pas de précipitation,
même si j’estime que le plus tôt sera le mieux, mais
pas maintenant.»
Si le SCO venait à monter en Ligue 1, porterezvous le projet d’un nouveau stade à Angers ?
« Ce n’est pas une priorité pour moi. Car j’estime
qu’il faut, une fois en Ligue 1, confirmer et y rester de manière durable pour commencer à réfléchir
à un projet de ce genre. D’ailleurs, aujourd’hui, le
stade Jean-Bouin nous convient très bien et répond
aux exigences de la Ligue 1. Il faudra sans doute
trouver de nouveaux aménagements, mais nous
ferons avec, tant qu’il faudra faire avec ! »
Revenons maintenant sur les antécédents du club,
et notamment sur l’affaire Willy Bernard, comment
fait-on pour redresser la barre après toutes ces
« mésaventures » ?
« C’est un ensemble de choses qui font que l’on peut
repartir sereinement. Je pense notamment à la bonne
volonté des partenaires et des institutionnels qui
n’ont pas hésité à renouveller leur confiance dans
le projet du club. Et ça nous facilite la chose pour
redresser la barre ».
Existe-t-il encore des séquelles au sein du club ?
« Je n’ai pas vécu cette période difficile personnellement. Et lors de mon arrivée au club, fin 2011, j’ai
souhaité à ce que l’on n’en parle plus et qu’on pense
plutôt à l’avenir. J’estime que cela ne sert à rien
aujourd’hui de faire ressurgir le passé, de se pourrir la vie avec cette affaire. Le club a souffert comme
la ville, les partenaires et surtout les supporters, donc
pour moi, la page est tournée. Et l’affaire Willy Bernard est définitivement derrière nous. »
Hormis Willy Bernard, le staff du SCO n’a pas
vraiment bougé, vous auriez pu faire table rase
de l’équipe en place ?
« Non, car au delà du projet politique et financier
que j’ai assaini et stabilisé dès mon arrivée, je souhaitais maintenir le projet sportif qui, en aucun cas,
ne devait être remis en cause ».
A combien s’élève le budget du SCO pour cette
saison ?
« Le budget pour cette année s’élève à peine 8 millions d’euros, soit trois millions de moins qu’en
2010 ».
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La création d’un nouveau stade
à Angers n’est pas une priorité.
J’estime qu’il faut, une fois en
Ligue 1, confirmer et y rester de
manière durable pour commencer à
réfléchir à un projet de ce genre.
D’ailleurs, aujourd’hui, le stade JeanBouin nous convient très bien et répond
d’ailleurs aux exigences de la Ligue 1 ».
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[ BIO EXPRESS ]
1964. Naissance à
Alger (Algérie),
le 6 octobre.
1983. Entre à l’école
Polytechnique d’Alger.
1989. Intègre l’Ecole
des Mines de Paris.
1991. Mariage avec
Isabelle avec laquelle il
a trois enfants.
1993. Entre comme
responsable qualité
chez Guérineau (La
Ferté-Bernard).
1997. Créé la société
Cosnelle (agroalimentaire).
2007. Reprend la
société de charcuterie
Nivernoy, basée dans
la Nièvre.
2009. Création de la
société « Au Pays
Normand », spécialisée
dans la distribution de
produits de charcuterie
fine et traditionnelle.
Nov. 2011. Rachète
ses actions à Willy
Bernard et devient
actionnaire majoritaire
du SCO.
Déc. 2011. Est
officiellement élu
président du SCO.
Avril 2012. Rachète
les parts de M. Blot et
possède désormais
74 % du capital du
SCO.
Quelles relations entretenez-vous avec la municipalité d’Angers ?
« Très bonnes. À partir du moment où les règles
étaient claires dès le départ. À savoir que l’intérêt
qui prime est d’abord celui du SCO et non le mien.
Et sur le plan financier, je sais jusqu’à quel point,
on peut solliciter un chef d’entreprise, donc il en est
de même pour moi à l’égard des collectivités locales.
La ville d’Angers porte un projet d’une nouvelle
télé locale, pourquoi vous lancez-vous dans cette
aventure en tant qu’actionnaire ?
«Lorsque je suis arrivé à la tête du SCO, la Ville, le
Département, la Région..., m’ont ouvert les bras. Je
trouve donc logique et normal de renvoyer la balle
en m’associant à ce projet. J’adopte d’ailleurs la
même position à l’égard de la télé locale du Mans
pour laquelle je suis partenaire depuis plusieurs
années. Et j’estime que quand on vous donne, il faut
savoir redonner et pas simplement prendre sans rien
dire.
Qu’attendez-vous de cette télé locale angevine ?
« Rien, je me positionne simplement comme acteur
économique qui participe au développement et au
rayonnement de la région angevine. Il existe toutefois un intérêt qui consistera à véhiculer une information sportive et culturelle. De mieux faire connaître le club, de l’ouvrir à la population angevine et
notamment dans les quartiers.
Pourquoi cette volonté d’ouverture ?
« C’est une des priorités de notre projet sportif que
nous présenterons début janvier. Selon moi, la réussite du club passe par ses relations avec le monde
institutionnel, sportif et culturel. Sans oublier une
politique envers les jeunes qui devra être accentuée
à l’égard des quartiers d’Angers et des communes
aux alentours par le biais de partenariats forts avec
les clubs de football locaux. Et ce, en partant d’un
principe simple auquel je tiens beaucoup : pas de
concurrence mais bel et bien un travail en commun
pour tous aller dans le même sens.»
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LIGUE 2
Saïd Chabane ne court
éperdument pas après la montée
en Ligue 1 : « Ça arrivera quand
ça arrivera… », confie-t-il.
Saïd Chabane, façon Proust
Le bonheur parfait, selon
vous ?
La santé, d'abord la santé !
Le trait de caractère dont
vous êtes le plus fier ?
L’humilité.
Votre qualité préférée
chez un homme ?
L'honnêteté.
Et chez une femme ?
L'honnêteté ! (rires)
Votre sportif préféré ?
Zinedine Zidane.
Votre artiste préféré ?
Idir, le célèbre chanteur
Kabyle.
Votre film culte ?
« La Grande Vadrouille »
avec Bourvil de de Funès
Le livre qui a changé
votre vie ?
Aucun livre n’a changé ma vie.
Votre chanson préférée ?
« Avava Inouva » interprétée
par le chanteur Idir.
Votre meilleur souvenir
sportif ?
La finale de la Coupe du
Monde de football en 1998
avec la victoire de l'Equipe de
France.
Votre plat préféré ?
La langue de bœuf sauce
tomate, cuisinée par la grandmère de ma femme !
Que détestez-vous le plus
au monde ?
L'hypocrisie.
Le défaut qui vous inspire
le plus d'indulgence ?
La naïveté…, quoique la
naïveté ne soit pas forcément
un défaut.
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