Les médecines alternatives

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Les médecines alternatives
LES MÉDECINES ALTERNATIVES
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© REPRODUCTION AUTORISÉE MOYENNANT ACCORD PRÉALABLE DE L’ÉDITEUR ET MENTION DE LA SOURCE.
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Les médecines alternatives
UN MARCHE IMPORTANT
A l'heure actuelle, un grand nombre de personnes ont recours à des médecines alternatives. Ce genre de pratiques attire de plus en
plus de gens qui ne trouvent plus de réponses à leurs maux par la médecine moderne.
En 20091, 33,7% des adultes déclarent avoir déjà consulté un thérapeute en médecine complémentaire une fois dans leur vie. 14,9%
des adultes interrogés déclarent avoir consulté un thérapeute en médecine complémentaire au cours des douze derniers mois.
MÉTHODOLOGIE
Pour appréhender ces médecines alternatives dans leur complexité, le CRIOC a opté pour une approche multidimensionnelle :
Etude de la littérature scientifique afin de connaître l'efficacité clinique et la sécurité des médecines alternatives.
Mystery shopping en pharmacie destiné à appréhender l'image et les conseils donnés pour l'homéopathie.
Consultation de divers mutuelles et divers doyen de facultés de médecines à travers la Belgique.
MÉDECINE ALLOPATHIQUE ET MÉDECINES ALTERNATIVES
Dans le monde médical cohabitent plusieurs types de pratiques : la médecine moderne et les médecines alternatives. Parmi ces
médecines alternatives, on retrouve l'homéopathie, la phytothérapie, la luminothérapie, etc. Mais aussi d'autres thérapies provenant de
croyances mystiques telles que l'Ayurveda, les soins esséniens, ou encore le chamanisme. La grande majorité de ces approches
partagent plusieurs principes communs. Leur vision de l'être humain repose sur des concepts voisins : union du corps et du psychisme,
énergie, équilibre… les médecines alternatives ont une approche holistique, la personne est perçue comme un tout. Elles cherchent à
soigner la personne dans son ensemble (signes physiques, qualité du sommeil, émotions, vie sociale,…).
Les médecines alternatives doivent être utilisées à bon escient. Leur efficacité n'est pas prouvée par des études scientifiques. Les seuls
effets reconnus des médecines alternatives sont issus des témoignages de personnes ayant eu recours à ces thérapies; les "preuves"
sont donc empiriques. Toutes les études scientifiques montrent en effet que ce genre de pratiques engendre un effet placebo. L'effet
placebo est l'effet subjectif, mais bien réel, qui renforce l'efficacité de tout geste thérapeutique, même inadaptée. Cet effet permet une
diminution du ressenti de la douleur, mais en aucun cas ne peut traiter la cause de la douleur à lui seul. Du fait de leurs visions
globales de la santé, les médecines alternatives semblent indiquées dans les domaines de la prévention, des troubles
psychosomatiques et peuvent être envisagées en complément lors de maladies et apporter un mieux-être psychique.
En 1865, Claude Bernard postula qu'en médecine moderne, non seulement la guérison résulte de la prise de médicament, mais que
l'absence de traitement entraîne l'absence de guérison. Il a appelé cela "la contre-épreuve". En plus, cette médecine est aussi basée
sur des études cliniques contrôlées avec des tests randomisés (échantillonnage suffisant, test en double aveugle avec un placebo,
traitement statistique des résultats pour voir si les résultats sont significatifs, publication dans un comité de lecture, avoir un aspect
de reproductibilité …).
HISTOIRE DES MÉDECINES ALTERNATIVES
Le point de départ du processus de professionnalisation du corps médical se situe au début du 13e siècle, avec la création des grandes
universités européennes. Dès cette époque, le médecin détient le monopole de l'art complexe du diagnostic. Mais, s'il manipule avec
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Etat des lieux de l’ostéopathie et de la chiropraxie en Belgique (13/01/2011), KCE reports 148B
Toutefois, les habitudes restent ce qu'elles sont et les illégaux continuent à exercer sans être trop inquiétés. Le prince-évêque, luimême, a recours aux services d'un guérisseur.
A cette époque, en effet, un même individu pouvait naturellement faire appel aux divers stades de sa maladie tantôt à un officiel, tantôt
à un guérisseur. Il ne voyait aucun inconvénient à donner simultanément son crédit à des logiques thérapeutiques fondamentalement
différentes.
Face à un mal soudain et préoccupant, l'explication magique semblait donner à la maladie un sens nouveau, une raison plus profonde,
qui rendait compréhensible son côté insolite. L'attribution de ce sens ouvrait ainsi la voie à de nouveaux types de remèdes, axés cette
fois sur la valeur symbolique des rituels et des substances employées.
A cette époque, le parcours d'un malade n'est pas fondamentalement différent de celui d'un malade actuel qui a recours aux médecines
alternatives.
Toutefois, la médecine moderne, qui aujourd'hui offre davantage de chances de guérison, a marginalisé un tel recours en se séparant
de la dimension "symbolique" à l'œuvre dans la relation médicale.
Jusqu'au 18e siècle, la maladie pouvait trouver, aux yeux du patient, une série d'explications très différentes, relevant aussi bien de la
psychologie, du comportement, d'un mauvais rêve, que d'un sortilège, de la volonté divine ou de sa relation au bonheur et au malheur,
toutes sortes de réalités culturelles que , la plupart du temps, nous distinguons aujourd'hui très nettement du domaine de la santé.
Au début du 19e siècle, le monopole formel des médecins de l'ancien régime va se consolider, car la santé va être associée à la raison
d'État et devient un bien collectif et national.
La loi du 19 ventôse an II (mars 1803) relative à l'exercice de la médecine renforce le monopole de l'art de guérir. Le mécanisme de la
professionnalisation du corps médical se traduit ainsi par une définition légale de l'orthodoxie. C'est la chasse aux illégaux, la croisade
contre les guérisseurs, devins et autres. Une volonté politique réelle vient rafraîchir les privilèges des médecins d'ancien régime.
La notion de santé publique n'est plus une valeur creuse : c'est un outil de domination des consciences qui répond à l'idéal d'efficacité
du 19e siècle, l'arme de conquête du "nouvel ordre sanitaire".
Les contrevenants sont désormais doublement coupables : une première fois parce qu'ils enfreignent la loi et une seconde fois parce
qu'ils n'ont pas appris l'art de la médecine, de la chirurgie et de l'obstétrique. Ils menacent donc à la fois l'ordre et la santé publique.
Malgré ce courant de répression, la vigilance accrue des autorités et de l'accroissement des effectifs médicaux, c'est encore vers le
guérisseur que se tourne le malade du 19e siècle. À tel point que la transition entre l'ancien régime et la "société moderne" est bien
moins violente que les textes le laissent supposer. Malgré "1789", les praticiens illégaux sont toujours aussi nombreux, mais ils se font
plus discrets et savent aussi se défendre, en invoquant le caractère occasionnel de leur pratique ou la gratuité des services qu'ils
peuvent rendre.
Il est donc difficile d'assimiler le recours aux médecines parallèles du 19e siècle à de simples pratiques "résiduelles", souvenirs de
temps ancien plus ou moins obscurs.
Au reste, les médecines parallèles elles-mêmes se transforment et de nouvelles voient le jour, tantôt sur le registre savant
(homéopathie), tantôt sur le registre populaire (magnétisme). Au fil des progrès de la médicalisation, on constate donc que les
médecines parallèles sont loin de perdre du terrain. Le parcours historique des relations entre médecine moderne et médecines
alternatives fait apparaître que la médecine moderne s'est développé, dès le départ, contre les savoirs et les pratiques qui, étrangers
aux seins propres, occupaient l'espace social dont elle avait besoin pour s'établir. La médecine moderne s'est dès lors construite à
partir d'une rupture avec la vision globale du malade, fortement imprégnée de croyances et de valeurs culturelles, qui caractérise les
médecines alternatives.
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aisance les manuels, il guérit très peu et ne s'adresse qu'aux nantis. Pendant des siècles, la plupart des malades ne songeront même
pas à s'adresser à lui. Ce n'est qu'à partir du 18e siècle que la situation commencera à tourner à son avantage. Ainsi, à Liège, le
prince-évêque crée le "collège médical" en mars 1699 et le charge de surveiller la pratique des professions médicales et de réprimer
les abus.
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Elle a construit son objet de connaissance en dissociant l'approche du corps humain de tels modes de pensée.
Historiquement, il serait donc plus correct de dire que c'est la médecine moderne qui s'est délibérément démarquée des autres
approches plutôt que d'affirmer que ce sont les médecines alternatives qui tentent de discréditer le monde scientifique.
L'HOMÉOPATHIE
L'homéopathie a été développée par le médecin allemand Samuel Hahnemann à la fin du XVIIIe siècle. Il a mis au point le principe de
similitudes. Selon lui, toute substance, végétale, minérale ou animale, capable de provoquer chez un individu sain un certain nombre de
symptômes est susceptible de guérir un sujet malade présentant un ensemble de symptômes semblables. Soigner le mal par le mal. Ces
substances sont d'autant plus efficaces si elles sont diluées de façon importante. À tel point qu'au niveau chimique, il n'est plus
possible de retrouver la moindre molécule de substance active.
Le principe de fabrication des produits homéopathiques est assez simple. Il suffit de diluer une goutte de produit actif dans 99 gouttes
de solvant (eau, alcool) et de bien agiter, cette dilution est à 1CH. Une fois cette dilution obtenue, on prend une goutte de cette dilution
et on la dilue de nouveau dans 99 gouttes de solvant, on obtient alors 2 CH et ainsi de suite. À 5CH (C pour centésimale et H pour
Hahnemann), cela équivaut à une goutte dans l'équivalent d'une piscine communale. À 12 CH, cela équivaut à une goutte dans
l'équivalent de toutes les mers du globe et à 15 CH, cela équivaut à une goutte dans l'équivalent de 50 fois le volume de la terre. Une
fois ces dilutions effectuées, ces solutions seront imprégnées sur les granules de sucre. Il est considéré qu'à partir de 5CH, aucun
produit ne peut avoir d'efficacité autant dilué. Le nombre d'Avogadro étant 6,0221415 × 1023, l'homéopathe qui prescrit un produit
dilué à 12CH, donc à 1024, donne une dilution où il devient difficile de retrouver une molécule de produit actif.
En 1988, Jacques Benveniste, chercheur à l'INSERM2, postula que l'eau avait une mémoire et tenta de le prouver en vain. Selon sa
théorie, lorsque l'eau rentre en contact avec la substance active, cette dernière ferait un transfert d'informations thérapeutique à l'eau
sans transfert de matière. Les gens obtiendraient ainsi le résultat voulu alors même qu'il n'y a plus le composé actif de départ dans les
granulés d'homéopathie. Il n'a jamais pu démontrer ce principe. Depuis, aucune recherche n'a été entreprise pour découvrir comment
fonctionne l'homéopathie.
Plusieurs études ont été faites sur l'effet des produits homéopathiques, à ce jour, aucune n'a pu démontrer plus qu'un effet placebo. Ce
résultat est confirmé par une étude3 de 2005. Pour parvenir à ce résultat, les chercheurs ont analysé plus de 200 essais cliniques
évaluant toutes sortes de médicaments homéopathiques, qui ciblent des pathologies diverses allant des allergies aux troubles
intestinaux. Tous ces essais ont été effectués selon la méthode du "double aveugle contre placebo". La moitié des malades recevaient
le produit homéopathique et l'autre moitié le produit placebo. Un nombre équivalent d'études allopathiques, portant sur des pathologies
analogues, a également été sélectionné pour servir de témoin. Les chercheurs ont conclu que les médicaments homéopathiques ne se
comportent pas mieux que les placebos.
Par ailleurs, les produits homéopathiques sont vendus comme des médicaments, mais contrairement à ces derniers, pour l'autorisation
de mise sur le marché en tant que médicament, ils n'ont pas besoin de preuves scientifiques démontrant leur efficacité.
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Human basophil degranulation triggered by very dilute antiserum against IgE, E. Davenas, F. Beauvais, J. Amara, M. Oberbaum, B. Robinzon, A.
Miadonnai, A. Tedeschi, B. Pomeranz, P. Fortner, P. Belon, J. Sainte-Laudy, B. Poitevin, J. Benveniste, Nature 333, 816-818, 30 juin 1988.
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"Are the clinical effects of homoeopathy placebo effects? Comparative study of placebo-controlled trials of homoeopathy and allopathy
Original Text" Aijing Shang MD a, Karin Huwiler-Müntener MD a, Linda Nartey MD a, Peter Jüni MD a b, Stephan Dörig a c, Jonathan AC Sterne PhD b,
Daniel Pewsner MD a d, Prof Matthias Egger MD, The Lancet, Volume 366, Issue 9487, Pages 726 - 732, 27 August 2005
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L'OBJECTIF
L'objectif de ce Mystery shopping est de déterminer si les pharmaciens connaissent l'homéopathie et quelles informations ils donnent à
leurs clients.
LA MÉTHODOLOGIE
Le CRIOC a mené une enquête qui a pris la forme d'un Mystery shopping durant le mois de mai 2010 auprès de 29 pharmacies établies
à Bruxelles, en Wallonie et en Flandre.
Les enquêteurs du CRIOC se sont présentés en tant que consommateurs anonymes désireux de soigner un membre de leur famille par
homéopathie.
Le scénario utilisé est le suivant :
Ma mère (sœur ou frère) a un zona. Après avoir discuté avec son amie, elle aimerait le traiter par homéopathie.
Je ne connais pas l'homéopathie, qu'est-ce que c'est ?
Qu'y a-t-il dans le produit ?
Est-il efficace ?
Est-il dangereux ?
Y a-t-il des effets secondaires ?
Y a-t-il des contres indications ?
Est-ce un médicament ?
Y a-t-il besoin d'une ordonnance ?
Le pharmacien conseille-t-il de revoir le médecin traitant ?
J'aurai aimé avoir une crème contre les démangeaisons. Le pharmacien propose-t-il plusieurs produits ? Le pharmacien
précise-t-il s'il s'agit d'un produit homéopathique ou non ? Le pharmacien conseille-t-il de revoir le médecin traitant ?
Qu'y a-t-il dans les produits homéopathiques ?
La plupart des pharmaciens répondent à cette question soit en expliquant le principe de l'homéopathie, soit en indiquant qu'il s'agit de
granules. Mais le personnel de 4 des 29 pharmacies visitées a conseillé d'aller voir le Médecin traitant.
Est-ce efficace ?
Pour les pharmaciens qui ne renvoient pas le consommateur chez le médecin, très peu affirment que l'homéopathie a une efficacité. La
grande majorité parle d'un éventuel effet, mais que cela dépend d'une personne à l'autre.
Est-ce dangereux ?
Les pharmaciens sont unanimes à ce sujet, l'homéopathie n'est pas dangereuse.
Y a-t-il des effets secondaires ?
Là encore, les pharmaciens sont unanimes pour dire qu'il n'y a pas d'effets secondaires à l'utilisation de l'homéopathie.
Y a-t-il des contres indications ?
En ce qui concerne les contre-indications, les pharmaciens interrogés sont partagés. Une moitié pense qu'il n'y a pas de contreindications, l'autre pense qu'il faut éviter la menthe et le café.
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MYSTERY SHOPPING
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Est-ce un médicament ?
Les pharmaciens, dans leur grande majorité, répondent par la négative à cette question. Seuls deux pharmaciens sur les 29 ont
répondu oui. Il est étonnant d'obtenir une telle réponse sachant que les produits homéopathiques portent la mention "médicament".
Y a-t-il besoin d'une ordonnance ?
Ils répondent de façon unanime qu'il n'y a pas besoin d'ordonnance.
Le pharmacien conseille-t-il d'aller voir un médecin ?
Sur les 29 pharmacies, seulement 15 ont conseillé d'aller voir un médecin. La proportion est plus importante en Flandre avec 12
pharmacies qu'en Wallonie et Bruxelles avec seulement 3 pharmacies.
J'aurai aimé avoir une crème contre les démangeaisons. Le pharmacien propose-t-il plusieurs produits ?
Sur les 29 pharmacies, 15 ont proposé un seul produit, l'homéoplasmine, un produit homéopathique. 6 ont conseillé d'aller voir un
docteur et le reste a proposé plusieurs produits à nos enquêteurs.
Le pharmacien précise-t-il s'il s'agit d'un produit homéopathique ou non ?
À cette question, les pharmaciens de Flandre jouent la transparence et informent nos enquêteurs qu'il s'agit d'un produit
homéopathique. À Bruxelles et en Wallonie, sur les 15 pharmacies visitées, seules 4 ont indiqué qu'il s'agissait d'un produit
homéopathique. Pire encore, 6 pharmaciens ont dit qu'il ne s'agissait pas d'un produit homéopathique.
Le pharmacien conseille-t-il de revoir le médecin traitant?
À Bruxelles et en Wallonie, seuls 4 pharmaciens sur 15 ont conseillé de voir un médecin. En Flandre, la moitié des pharmaciens ont
conseillé d'aller voir un médecin.
LES AUTRES MÉDECINES ALTERNATIVES
Dans les médecines alternatives se retrouve toute une foule de techniques ou thérapies. Cela peut passer des plus reconnues en milieu
médical par exemple l'ostéopathie ou la chiropraxie, aux plus farfelues comme la biologie totale ou la biologie immatérielle.
La caractéristique principale des médecines alternatives est qu'elles se basent sur une doctrine provenant d'un père fondateur et qui
n'est jamais remise en cause ni éprouvée.
La médecine moderne, quant à elle, a aussi un père fondateur, Hippocrate. Contrairement aux médecines alternatives, la doctrine est
toujours remise en question et éprouvée. Cette médecine relève de recherches continues et globales. Il y a une remise en question
permanente des savoirs et pratiques de la médecine moderne.
Les consommateurs se tournent souvent vers les médecines alternatives suite aux limites de la pratique de la médecine moderne. Ces
limites concernent surtout les réponses aux cas de maladies fonctionnelles (le malade présente des troubles chroniques, mais ceux-ci
ne peuvent pas être mis en relation avec une cause physique précise, exemple : migraines, fatigue, difficultés digestives, maux de
dos…) ou psychosomatiques. Le consommateur ne voyant pas ou peu de résultats de la part de la médecine moderne aura tendance à
se tourner vers les médecines alternatives. Les consommateurs qui souffrent de maladies graves vont aussi avoir tendance à se tourner
vers ce genre de techniques ou thérapies au dernier stade de la maladie. N'ayant plus rien à perdre, ils se raccrochent aux promesses
de mieux être de ces médecines alternatives. D'autres encore les utilisent de façon préventive comme complément à une hygiène de vie
dans le but d'acquérir ou de maintenir une meilleure forme physique ou encore pour se débarrasser de mauvaises habitudes (tabac,
alcool, drogue,…). Certaines dérives peuvent se présenter dans le suivi de ces techniques et/ou thérapies. Certaines personnes peu
scrupuleuses peuvent abuser de la faiblesse physique et/ou psychique des consommateurs pour abuser de leur confiance et leur
soutirer une quantité importante d'argent contre des promesses de guérison. Certains praticiens n'hésitent pas à conseiller l'arrêt de la
médecine moderne au profit de la médecine complémentaire. Ce genre de dérive entraine des problèmes graves de santé qui peuvent
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Tableau : thérapies et techniques thérapeutiques de médecines alternatives communément utilisées.
Source OMS
Pour rappel, ces médecines alternatives ne peuvent à elles seules soigner une maladie, mais peuvent aider au bien-être du
consommateur. Il est donc important de prévenir son médecin lors d'un suivi de techniques et/ou thérapies alternatives, il peut y avoir
d'éventuelles contre-indications.
DÉFINITION DES MÉDECINES ALTERNATIVES RÈGLEMENTÉES PAR LA LOI COLLA
En réponse à la demande du Parlement européen en 1997, la ‘loi Colla' a vu le jour le 29 avril 1999. Cette loi relative aux pratiques
médicales non conventionnelles (publiée au Moniteur belge le 24 juin 1999) vise à établir un cadre légal aux pratiques non
conventionnelles en définissant ces pratiques, en enregistrant leurs prestataires et en n'autorisant leur pratique qu'aux prestataires
enregistrés. Ainsi, cette loi reconnait quatre pratiques médicales non conventionnelles.
• Acupuncture : méthode diagnostique et thérapeutique traditionnelle chinoise consistant à stimuler certains points connus du corps
à l'aide d'aiguilles dans le but d'obtenir une action, le plus souvent à distance, sur certains organes précis.
Chiropraxie : méthode mise au point par David Palmer (USA) à la fin du XIXe siècle et considérant le fonctionnement de la colonne
vertébrale comme étant en relation avec certaines pathologies; technique basée sur la manipulation de la colonne vertébrale à
l'aide des mains.
Ostéopathie : Thérapeutique fondée en 1874 aux USA par le docteur Andrew Still, et faisant appel à des pratiques manuelles
agissant sur toutes les grandes fonctions du corps.
Homéopathie : méthode diagnostique et thérapeutique mise au point au XIXe siècle par Samuel Hahnemann (Allemagne) et
consistant à donner au malade à des doses extrêmement diluées, la substance qui, expérimentée sur l'homme sain, a produit les
symptômes observés sur le malade.
Cette loi n'a toutefois jusqu'à présent pas encore été mise en œuvre et il n'y a donc pas non plus d'approche légale concrète.
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aller jusqu'au décès du consommateur. Lors d'un suivi d'une technique et/ou thérapie complémentaire, il est utile avant de commencer
d'en parler à son médecin traitant et de ne pas arrêter le suivi de la médecine moderne. Dans le tableau ci-dessous, l'OMS
(Organisation Mondial de la Santé) a classé les médecines alternatives selon les techniques et/ou thérapies utilisées.
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L'objectif de la loi Colla était de garantir pour chaque patient des soins de qualité. Pour ce faire, elle prévoit notamment un double
système d'enregistrement : d'une part, les pratiques non conventionnelles doivent être enregistrées et, d'autre part, chaque praticien de
celles-ci doit également être enregistré. Le rôle-clé est alors attribué à une commission paritaire qui doit notamment rendre un avis sur
les conditions générales s'appliquant à l'exercice de toutes les pratiques non conventionnelles et les conditions auxquelles les
praticiens d'une pratique non conventionnelle doivent satisfaire pour pouvoir être enregistrés individuellement. Mais comme cette
commission paritaire n'a pas encore été constituée; elle ne peut pas jouer son rôle clé et par conséquent, la loi ne peut pas être
exécutée pleinement.
Or, tant que la loi Colla n'a pas pris pleinement effet, la pratique d'une médecine non conventionnelle par un non-médecin équivaut à
un exercice illégal de la médecine. La législation belge prévoit en effet que seuls les médecins ont le droit de poser un diagnostic et
d'effectuer un traitement.
Des arrêtés royaux reconnaissant les organisations professionnelles de praticiens ont été publiés (A.R du 10 février 2003, du 10
novembre 2005 et du 6 avril 2010).
Cette omission de la mise en exécution complète de la loi Colla a aussi pour conséquence que toute autre loi qui peut avoir une
influence sur la relation médecin-patient ne peut être d'application. Ainsi, par exemple, les dispositions de la loi du 22 août 2002 sur
les droits des patients (publiée au Moniteur Belge le 26 septembre 2002) et de la loi du 31 mars 2010 relative à l'indemnisation des
dommages résultant de soins de santé (publiée au Moniteur Belge le 2 avril 2010) ne pourront être appliquées aux praticiens d'une
pratique non conventionnelle que lorsque la loi Colla sera pleinement exécutée.
Ces médecines alternatives ont également fait l'objet d'études par la KCE afin de connaître leurs bénéfices pour la santé.
En attendant une intervention législative, les patients n'ont aucune garantie officielle de qualité ni de sécurité.
EFFET PLACEBO
L'effet placebo est très souvent repris comme effet principal des médecines alternatives. La réponse placebo est la réduction de l'un
des symptômes à la suite de la perception par le sujet des facteurs liés à l'intervention thérapeutique.
Il y a plusieurs éléments qui rentrent en jeu dans le bon fonctionnement de l'effet placebo :
Le rituel thérapeutique : plus le consommateur appréciera le rituel proposé, plus il y aura de chance d'avoir un bon effet placebo.
Les conditions environnementales : croyances du patient et de son entourage, l'attention de l'équipe soignante… Plus les
conditions sont favorables au consommateur meilleur sera l'effet placebo.
La relation patient/thérapeute : plus le consommateur aura confiance en son thérapeute, meilleur sera l'effet placebo.
L'effet placebo déclenche à l'intérieur du cerveau, la sécrétion d'endorphine, qui soulage la douleur et divers autres symptômes. L'effet
placebo est donc la conséquence biochimique d'une suggestion symbolique.
MÉDECINES ALTERNATIVES ET DÉRIVES
Toutes les techniques et/ou thérapies alternatives ne sont pas recommandées. Il n'y a aucune preuve scientifique de leur bienfondé et
des personnes peu scrupuleuses n'hésitent pas à utiliser des titres professionnels non protégés (ostéopathes,chiropraticien…).
Par ailleurs, certains praticiens n'ont pas les compétences nécessaires ou tout simplement ont une mauvaise pratique des techniques
et/ou thérapies. Cela peut avoir un effet nocebo (inverse de l'effet placebo) ou avoir des conséquences sur l'état de santé (erreur d'un
chiropraticien par exemple, entrainant des déplacements de vertèbres) et donc empirer l'état du consommateur.
Le principal facteur qui mène à ses dérives est le fait de faire une confusion entre croire qu'une médecine complémentaire fonctionne
et savoir qu'une telle médecine fonctionne. En effet, le consommateur peut croire en son for intérieur au bienfait de cette médecine et
par ailleurs, cela peut lui faire le plus grand bien. Mais, il faut faire attention à ne pas dériver sur "je sais que cette médecine
complémentaire fonctionne puisque cela marche". Tout d'abord, savoir amène sur le terrain du savoir, de la science. Or la science a
toujours éprouvé ses théories et elles doivent être reproductibles, ce qui est rarement le cas pour les médecines alternatives. Ensuite,
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Les inconvénients ? Le plus gros est de confondre croire et savoir. "Bien sûr que ça existe puisque j'y crois" est la phrase typique de
confusion. Surtout si on se retrouve en groupe pour croire. Au bilan :
celui ou celle qui croit sur la base de textes prend le risque de se faire "démolir" scientifiquement sa croyance, et de se retrouver
désemparé : il ou elle peut se retrouver confronté à des cas où ça ne "marche" plus (cas typique de certaines pratiques : tiens,
j'ai un cancer, je mange pourtant mes 10 g par jour de vitamine C comme m'ont dit de le faire Cousin et le prix Nobel Pauling).
celui ou celle qui croit peut s'empêtrer dans un "effet bistandard" : si la Science prouve ma croyance, la Science est valable. Si la
Science infirme ma croyance, alors la Science n'est pas valable, la Science n'explique pas tout, il s'agit d'un complot, etc. On
change les règles du jeu en fonction des résultats.
Par ailleurs, tous les praticiens de médecines alternatives vont dire que leurs patients se sentent tous mieux et qu'ils reviennent.
Forcément, les patients non contents de cette pratique ne reviennent pas et donc le praticien a une idée faussée du bienfait de sa
pratique.
On peut répertorier les caractéristiques des médecines alternatives selon une combinaison différente de critères variables d'une
médecine complémentaire à l'autre :
Rejet romantique d'une hypothétique science ou médecine officielle, normale ou paradigmatique.
Une rhétorique peu ou prou paranoïaque, vis-à-vis d'une sphère scientifique, officielle, allopathe, immanquablement complotiste.
Une tradition forte, axée sur l'héritage d'un seul maître original, qui implique parfois un culte passéiste, mais aussi une inertie
scientifique de la discipline.
Un naturalisme présent, exposé sous forme de retour vers un état "naturel", forcément plus sain, plus pur, plus proche des
"origines".
Un jargon consacré, partageant ses origines entre des termes scientifiques parfois dévoyés, parfois mal compris, et des termes
exotiques souvent empruntés aux sagesses orientales.
Un très grand corpus de témoignages en guise de preuve.
Un système de formation très rapide, onéreux, et autoprescriptif.
Un recours à des notions simples et intuitives, souvent relevant de la pensée magique.
En fonction des combinaisons, certaines de ces médecines alternatives peuvent avoir des dérives sectaires.
Le CRIOC a établi une liste non exhaustive de quelques une des pratiques non conventionnelles (comprenant des médecines alternatives
et des techniques et/ou thérapeutiques) rarement utilisées par les médecins :
Sophrologie
Reïki
Pélothérapie
Phytothérapie
Réflexologie
Médecine ayurvédique
Morphopsychologie
Photothérapie
Auriculothérapie
Naturopathie
Radiesthésie
Méditation
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"ça marche", cela signifie aussi que c'est reproductible et scientifiquement prouvable. Un exemple très simple : un enfant tombe, il
pleure. Sa maman arrive et lui fait un bisou sur son bleu. L'enfant arrête de pleurer et n'a plus mal. Ça marche à chaque coup, cela ne
signifie pourtant pas qu'il s'agisse d'un bisou magique. Autre exemple : un thérapeute vend des colliers contre les enlèvements par des
extra-terrestres. Je porte le collier et je ne suis pas enlevé. Ceux qui ont été enlevés ne portaient pas le collier. Mais ils ne sont pas là
pour le raconter. Donc ça marche…
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Biologie totale
Kinésiologie
Médecine traditionnelle chinoise
Méthode Mezière
Méthode Pilate
Méthode Feldenkrais
Qi gong
Biochirurgie immatérielle
Rebirth
Relaxation
Somathothérapie
Shiatsu
Sympaticothérapie
Taï-chi
Fleurs de Bach
Psychogénéalogie
Chamanisme
Néochamanisme
Aromathérapie
La MIVILUDES (Mission Interministérielle de Vigilance et de Lutte contre les Dérives Sectaires) en France, a fait un rapport épinglant
plusieurs médecines alternatives à mouvance sectaire. L'énergie universelle humaine (HUE) qui a été traduite en justice après le décès
d'adeptes. Cette mouvance propose des stages pour développer vos pouvoirs d'auto guérison, en particulier pour le sida. Le résultat ?
Mortel.
Le Reiki. Cette pratique donne lieu à des dérives sectaires avec des témoignages inquiétants. Le fondateur a créé cette technique après
une révélation mystique. Il suffit de quelques semaines pour devenir maître Reiki.
L'église universelle du royaume de Dieu prétend que la prière guérit le sida.
L'invitation à la vie intense (IVI) affirme guérir les cancers, scléroses en plaques, sida et autres maladies graves par l'imposition des
mains. L'ordre des médecins en France a condamné ces pratiques à plusieurs reprises.
La théorie du Dr Hammer, médecin condamné à 3 ans de prison pour escroquerie et complicité d'exercice illégal de la médecine. Sa
théorie est que toute maladie a une cause psychique qu'il faut travailler et la guérison surviendrait alors systématiquement. Théorie
malheureusement mise à mal par le décès de nombreux pratiquants.
Certains groupes spirituels rejetant les traitements médicaux, proposent des prières collectives avec des membres aux pouvoirs soidisant médiumniques entraînant des guérisons miraculeuses.
MANIPULATION DES MÉDIAS
Pour prouver que des traitements "bidon"4 sont efficaces, rien de plus simple, il suffit de sortir une étude scientifique. Il y a trois
principales façons de tirer des conclusions erronées d'une étude.
Les études de supériorité : il suffit de comparer deux produits pour juger s'ils sont équivalents. Prenons le cas par exemple de
l'arnica homéopathique et du paracétamol. Prendre un grand échantillonnage de patients souffrants d'une entorse à la cheville
(ex : 200). Puis les répartir au hasard en deux groupes. Le premier groupe prend le produit homéopathique et le second prend du
4
Edzard Ernst, M. Pittler, C. Stevinson, A. White, Médecines alternatives : le guide critique, Edzard Ernst, Simon Singh, - Trick or Treatment: The
Undeniable Facts About Alternative Medicine, Collectif, Healing, Hype, or Harm?: A Critical Analysis of Complementary or Alternative Medicine.
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6 MOTIFS D'AVEUGLEMENT DES CONSOMMATEURS
Les consommateurs sont parfois aveuglés par ces médecines alternatives. Au point que certains consommateurs peuvent mettre leur
vie en danger, par l'arrêt de tout traitement de la médecine moderne au profit des médecines alternatives. Selon Jean Brissonet5,
physicien, rationaliste, zététicien (personne qui fait l'étude rationnelle des phénomènes présentés comme paranormaux, des
pseudosciences et des thérapies étranges), il existe 6 motifs d'aveuglement du consommateur:
La dissonance cognitive, qui signifie que suite à une réalité en conflit avec la croyance, le consommateur refuse la réalité.
La mémorisation sélective (ex : si un homéopathe prescrit des antibiotiques et des produits homéopathiques, pour le
consommateur, il aura été soigné par l'homéopathie).
La puissance du jargon, plus les termes utilisés sont incompréhensifs, plus c'est attirant.
L'effet de chapelle, les consommateurs ont la sensation d'appartenir à une élite qui a trouvé la solution. Cela peut conduire vers
des "sectes guérisseuses".
Le mode de pensée anachronique (tout ce qui est naturel est bon)
L'argument d'autorité.
DANGEREUX OU PAS
Une récente étude6 a encore démontré les dangers que représente l'utilisation des médecines alternatives en tant que traitement
unique chez les enfants.
Ce qui paraît inquiétant avec les médecines alternatives, c'est la manière indirecte dont ces pratiques peuvent créer ou aggraver des
pathologies par non-recours ou recours tardif au dispositif du système de santé officiel et donc à la médecine moderne. Ce non-recours
peut être passif (hésitation psychologique du thérapeute à proposer le recours à la médecine moderne en cas d'aggravation ou de
stagnation de la maladie) ou actif (le thérapeute conseille de ne pas recourir à la médecine moderne).
5
Jean Brissonet. Les pseudo-médecines, Editions book-e-book 2003
6
Archives of Disease in Childhood doi:10.1136/adc.2010.183152 « Adverse events associated with the use of complementary and alternative
medicine in children », Alissa Lim, Noel Cranswick, Michael South, 22 December 2010
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paracétamol. Quelques jours plus tard, les mesures de cheville sont effectuées par des médecins. Il s'agit de résultats indéniables
et objectifs. Les résultats montrent que dans les deux groupes le gonflement a diminué, et qu'aucune différence entre ces groupes
n'apparait. La conclusion sera que les deux traitements sont aussi efficaces, mais que l'homéopathie cause moins d'effets
secondaires. Mais la mesure de ce résultat n'a en aucun cas été affectée par les traitements puisque le paracétamol ne réduit pas
les gonflements. Ainsi, le paracétamol agit comme placébo. L'illusion est presque parfaite. Les journaux avides de ce genre
d'études feraient comme gros titre "l'homéopathie meilleure que le paracétamol".
Autre exemple d'étude de supériorité : la comparaison de soins homéopathiques contre la médecine conventionnelle pour une
maladie chronique sérieuse, par exemple la maladie de Crohn. Plusieurs patients sont répartis de nouveau en deux groupes
chacun traité avec l'un ou l'autre traitement; les résultats démontrent que le point final soigneusement choisi (par exemple, une
marque de symptôme) ne révèle aucune différence entre les deux groupes. La conclusion sera : l'homéopathie est tout aussi
efficace qu'un traitement standard sur la maladie de Crohn. Les gros titres seraient dès lors "Une preuve scientifique de
l'efficacité de l'homéopathie contre la maladie de Crohn".
Troisième exemple, l'étude pragmatique : Pour ce faire, il faut choisir des patients chroniquement malades et les répartir en deux
groupes de façon aléatoire. Un groupe recevra des soins standard tandis que l'autre recevra des soins standard et de
l'homéopathie. La mesure principale de cette étude pourrait être la satisfaction du patient (bien-être, qualité de vie ou autres).Les
groupes avec homéopathie seront donc suivis par des homéopathes qui prennent davantage de temps et d'écoute du patient lors
de la consultation. Les patients seront donc plus enclins à se sentir mieux. Les gros titres seront alors "l'homéopathie fait la
preuve de son utilité pour les patients chroniquement malades".
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LES SOLUTIONS
Pour qu'il n'y ait plus d'amalgame entre la médecine moderne et les médecines alternatives, il est indispensable de clarifier la
situation. La médecine basée sur des preuves devrait être la seule médecine acceptée par le corps médical. Les médecins ne devraient
pas pratiquer les médecines alternatives afin de ne pas induire de confusion chez le consommateur. Cependant, la façon de mener la
consultation a de l'importance. En médecine alternative ou complémentaire, le patient est pris en charge et de façon intégrale, le
thérapeute prend le temps de l'écouter. Selon une étude7 , la façon dont est pris en charge le patient par les médecines alternatives est
bénéfique pour son état de santé. Dès lors, les médecins devraient rendre la médecine moderne plus humaine.
Par ailleurs, le code déontologique des médecins de Belgique devrait être modifié. En France, le code déontologique des médecins
aborde le point du charlatanisme. L'article 39 de ce code stipule : "les médecins ne peuvent proposer aux malades ou à leur entourage
comme salutaire ou sans danger, un remède ou un procédé illusoire ou insuffisamment éprouvé". En étant intégré au code
déontologique des médecins de Belgique, cela éviterait que certains médecins n'utilisent des méthodes inadaptées à la pathologie et
sans fondement scientifique.
LES SIGNES QUI DOIVENT ALERTER D'UN PROBLÈME
La méthode
La méthode est sans danger et sans effets secondaires
La méthode est «naturelle»
La méthode est basée sur des savoirs anciens, de lieux exotiques ou «peuples primitifs»
La méthode traite la cause sous-jacente. L'inventeur a découvert la cause du cancer (une bactérie, un champignon, un parasite...)
La méthode désintoxique le corps.
La méthode rétablit l'équilibre.
La méthode est une innovation révolutionnaire.
La méthode est basée sur des formules secrètes.
La méthode est globale et individuelle.
La méthode permet également de lutter contre le sida, les allergies, la fatigue chronique, le rajeunissement, etc.
Résultats
Les traitements offrent une guérison miraculeuse.
Les médecins ordinaires ne comprennent rien et sont étonnés.
Les éléments de preuve
La preuve est basée uniquement sur des témoignages.
Témoignage dans des revues médicales traditionnelles, mais les références à la base de données Medline et Cochrane est absent.
Note: parfois l'appui des articles scientifiques est cité.
La preuve est dans un livre, mais il faut acheter ce livre.
7
"Homeopathy has clinical benefits in rheumatoid arthritis patients that are attributable to the consultation process but not the homeopathic
remedy: a randomized controlled clinical trial " Sarah Brien1, Laurie Lachance2, Phil Prescott3, Clare McDermott1 and George Lewith1, Rheumatology
(2010)
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La médecine scientifique est appelée allopathie.
La méthode est condamnée par la science.
L'inventeur est un génie, incompris par la science traditionnelle.
Utilisation de mots comme paradigme, la physique quantique, les vibrations, l'énergie cosmique
LES RECOMMANDATIONS DU CRIOC
Il est clairement déconseillé d'arrêter le suivi par la médecine moderne. Cependant, si le besoin d'un mieux-être se fait ressentir et que
les médecines alternatives peuvent y aider, il est conseillé de les utiliser en parallèle de la médecine moderne.
Pour le choix d'un nouveau thérapeute, il faut s'informer sur sa formation (diplôme légal, de quel institut, est-il membre d'une
association, laquelle…). Sachez qu'un thérapeute qui ne possède pas de diplôme de médecin ne peut légalement pas poser de
diagnostique ni d'actes techniques.
Il est aussi utile de se renseigner sur le champ d'application des thérapies, les méthodes utilisées et les résultats escomptés, afin de
choisir celle qui convient le mieux. Une littérature abondante existe. Il faut toutefois se renseigner sur l'origine du document, la
formation de son auteur, ses conceptions philosophiques ou idéologiques. Cela aidera vraisemblablement à faire la part des choses.
Il faut aussi demander à l'avance toutes les modalités du processus thérapeutique, et notamment les aspects financiers, ainsi que le
nombre de consultations nécessaires, le recours ou non à des médicaments ou autres produits, les techniques utilisées et les
conditions d'utilisation, les modifications éventuelles du style de vie (régime, travail, etc.).
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L'évaluation des traitements concurrents.
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Editeur responsable
Marc Vandercammen
CRIOC
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Edition 2012
D-2012-2492-30
Le CRIOC contribue tant par le choix de ses activités que par l'information qu'il délivre au développement d'une consommation plus
durable.
Il a mis en place un système de gestion de l'environnement pour ses activités et ses projets conformément aux exigences du règlement
EMAS (Eco-Management and Audit Scheme (EMAS 1221/2009)), qui lui permet, entre autres, de mesurer ses performances
environnementales dans un esprit d'amélioration continue.
La déclaration environnementale du CRIOC est disponible sur son site sur http://www.oivo-crioc.org/files/fr/page12-EMAS.pdf
© CRIOC Reproduction autorisée moyennant accord préalable de l'éditeur et mention de la source.
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