CP coutumes et légendes en Polynésie

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CP coutumes et légendes en Polynésie
DOSSIER DE PRESSE 2011
COUTUMES ET LEGENDES
EN POLYNESIE FRANCAISE
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Dès lors que l’on prononce son nom, - Polynésie - ce
pays fait naitre en chacun de nous une myriade de
visions, toutes plus paradisiaques les unes que les
autres, qui tiennent plus du domaine du rêve – car
accompagnées d’un sentiment de l’inaccessible,
même si aujourd’hui nous pouvons en quelques
clicks contempler les plus beaux lagons du monde,
où les couchers de soleil sont autant de feux
d’artifices
magiques, ou écouter en direct les
rythmes des îles les plus reculées des Australes ou des Tuamotu. Oui, la
Polynésie a encore une autre dimension.
L’aventure polynésienne demande encore plus et elle demeure incom plète si l’on se
borne à une collection de cartes postales. Il faut aussi aller vers l’essence de ce pay s
fascinant, essayer de percer quelques uns de ses my stères, car il y a là un mariage
subtil de traditions et de m odernité, où le culte du passé se mêle à une énergie
tournée résolument vers le futur.
Malgré les efforts constants des missions de toutes sortes, les
influences de civilisations dites du progrès, la Polynésie a pu
contre vents et marées garder une identité tangible et
spirituelle bien ancrée, heureusement pour des siècles encore,
puisée dans ses traditions et coutumes ancestrales, son
folklore, ses langues, ses croyances, mais aussi ses mythes
fondateurs, des épopées lyriques et des légendes qui restent
vivaces. Il y est question de jeunes filles nobles à la peau
lumineuse, luisante et aux gestes gracieux, de divinités et êtres m erveilleux, d’entités
spirituelles
protectrices
ou
malveillantes,
d’ancêtres
déifiés aux
pouv oirs
extraordinaires. Dans les m oindres faits de la vie quotidienne, où la nature est
omniprésente: on aim e à raconter cette histoire fantastique, à propos du cocotier,
l’arbre emblématique de la Polynésie : Hina, fille superbe et éblouissante d’un grand
chef de Tahiti-nui, promise à la divinité m erveilleuse du lac Vaih īria vit avec horreur
que c’était en réalité une anguille m onstrueuse : elle s’enfuit, épouvantée chez son
frère le grand héros légendaire et demi dieu Māui qui réussit à capturer l’animal avec
son hameçon magique, et le découpa en trois m orceaux. Il offrit la tête de l’anguille à
Hina qu’il avait soigneusement enveloppée dans des feuilles de tī (cordyline) aux
vertus énergisantes, lui prom ettant bienfaits et richesses, lui recommandant de ne
pas poser le paquet sur le sol avant d’être arrivée chez elle. Oubliant le conseil de son
frère, elle alla se baigner et déposa son précieux paquet à terre. Celle-ci s’ouvrit et
engloutit la tête enveloppée: alors jaillit une plante étrange qui avait l’aspect d’une
anguille dressée vers le ciel.
Hina com prit alors qu’elle devait veiller sur cet arbre, miraculeux trésor, le plus
généreux pour son pays et son peuple: le cocotier, dont on
peut tout utiliser pour se nourrir, pour se v êtir, pour
construire sa maison et se soigner – Seul à pouvoir
résister à une terrible sècheresse, il permit dit–on à tous
les hommes de se désaltérer, en buvant l’eau contenue
dans ses fruits…
Et si on observe le somm et de la noix de coco, on
reconnaitra les deux yeux et la bouche de l’anguille divine
de Vaih īria, ainsi, goûter à ce breuvage, c’est en quelque
sorte recevoir ce baiser m erveilleux, jadis refusé par la
belle Hina.
Les anciens ont toujours su écouter la Mère Nature et y puiser toute une
pharmacopée réparatrice et reconnue : ils nous ont appris que la sève d’un tronc de
bananier arrête les hém orragies, que la décoction de feuilles de pamplem oussier aide
à la digestion qu’un bain tiède de feuilles de « Tāmanu » nettoie et cicatrise les plaies,
et aussi qu’il est inutile d’aller pêcher la langouste avant le troisième soir qui suit la
nouvelle lune …
Les fleurs et les plantes font partie intégrante de
la vie journalière : couronnes des arrivées et des
départs, coiffures de fêtes, costumes et parures
de cérém onies -
et
plus simplem ent chaque
matin on cueille quelques hibiscus pour la maison
et ce m erveilleux tiare, un gardénia à l’odeur si
fine reconnaissable entre toutes, qui a lui aussi
son langage : porté sur l’oreille droite, cœur déjà pris, sur l’oreille gauche, cœur à
prendre ! On capture ses vertus dans sa macération dans
de l’huile de coco - le m onoï - dont la réputation est rien
m oins que m ondiale… C’est certainement grâce aux
effluves portés par le vent d’une île à l’autre, que les belles
jeunes filles à marier ou tapairu séduisent les hiva, ces
fameux et redoutables guerriers du Grand Océan ou Te
Moana Ō Hiva.
Mais connaissez-v ous le tiare ‘Apetahi ? Il ne pousse que
dans un coin très spécial sur les plateaux Temēhani, sur
l’île de Ra’iātea, On n’a jamais pu l’acclimater ailleurs, il
est form é d’une demi corolle blanche à cinq pétales, en forme de main ouverte, c’est
dit-on, celle d’une jeune femm e am oureuse en proie à un terrible chagrin, son amant
parti au-delà des mers l’ayant laissée seule et sans am our. L’on dit que de désespoir,
elle se jeta de la falaise et qu’à l’endroit m ême où elle tom ba, son corps enfoncé dans
le sol m euble ne laissa de visible qu’une main, signe ultime à son amant perdu. Avec
le tem ps, sa main devint une fleur blanche qui prit la forme d’une demi corolle que les
indigènes nommèrent tiare ‘Apetahi … Alors, défense d’y toucher, elle est tapu !!
SORTILEGES, MYTHES ET HISTOIRES
Le panthéon polynésien est riche et structuré : à l’origine se
tenait TA’AROA le créateur de toutes les choses, de tous les
êtres et de tous les espaces qui com blent l’univers. Il créa de
nom breuses divinités auxquelles il attribua des attributs
prestigieux et confia des tâches pour m ener à bien son
grand plan de création. Parmi celles-ci, il y a ‘ORO le dieu
de la beauté, de l’harm onie et de la paix, TĀNE dieu du
m onde céleste ou encore ĀTEA, la divinité bisexuée du
m onde des hommes et des femmes, Ta’ere dieu de la culture
et de la connaissance, Pere la divinité du feu, des v olcans et
des forces telluriques.
A leurs côtés, des dem i dieux et héros légendaires, très populaires mais v énérés avec
plus ou m oins de ferveur selon les endroits, comme Hina la déesse lunaire, Māui le
dem i dieu civilisateur ou encore Hiro, le demi dieu de la
mém oire et de la multiplication des choses et des êtres, mais
aussi illustre navigateur du Grand Océan.
Ce dernier est incontestablement le plus populaire de tous - il
nous a laissé une multitude de traces légendaires, toujours
visibles un peu partout en Polynésie française mais aussi dans
tout le triangle polynésien et bien au-delà - et autour duquel
sont nées d’innom brables légendes et épopées. Il faut dire
qu’il avait beaucoup plus de points communs avec le Māori,
Māohi et Mā’ohi : aimant la vie, incarnant la force physique, doué, entreprenant et
volontaire. Le bouillant Hiro s’est taillé une renomm ée bien établie : c’est lui qui a
coupé l’île de Huahine en deux avec sa pirogue double, que l’on peut v oir du reste au
fond de l’eau près du motu To’opua à Bora Bora – à Maupiti, il a dû également
abandonner un vaisseau, il a eu aussi le projet de rapprocher Tahiti de l’ile de
Ra’iātea, pour éviter les traversées maritimes entre les deux îles … Encore un échec
mais l’aventure fut encore plus spectaculaire, lorsqu’il voulut rem orquer Mo’orea
pour l’emmener à Ra’iātea : lui et ses com parses attachèrent de longues lianes à la
m ontagne Rōtu’i, ils étaient presque parvenus à déplacer cette portion de Mo’orea,
quand un valeureux guerrier de la presqu’île de Tahiti, nommé Pai, qui se trouvait
juste en face, à Punaauia (Tahiti) saisit sa lance d’une solidité exceptionnelle, la
projeta avec une force inouïe : le projectile traversa le chenal, perça un trou dans l’un
des sommets (c’est Mou’a Puta, la
fameuse
m ontagne percée, toujours visible aujourd’hui),
puis la lance alla se ficher à Ra’iātea, dans une
colline, qui en porte encore la trace déchiquetée
- Hiro et ses gens mirent les v oiles avant
l’aurore et em portèrent malgré tout un m orceau
de
Mo’orea,
une
colline
pointue
qu’ils
installèrent à ‘Ōpoa près du très célèbre com plexe religieux polynésien de
Taputapuātea où Hiro fonda un marae, dédié au dieu Oro.
C’est dire que Ra’iātea est sacrée à plus d’un
titre, car c’est là que l’on peut admirer le plus
im portant de tous les hauts lieux de culte
māori du triangle polynésien, impressionnant
avec ses gigantesques dalles dressées, et ses
autels de taille différente.
On se doit par conséquent de visiter le célèbre com plexe religieux de Taputapuātea
sur la côte est, chacune des structures ou marae qui le com pose a une consécration
particulière. Sur le marae Taura’a par exemple, on célébrait certaines cérém onies
d’investiture des grands chefs ou ari’i rahi, et sur le marae Hauviri, les rituels
d’accueil des nouveaux arrivants, au cours desquels ils déclinaient leur généalogie …
enfin on peut, encore aujourd’hui, voir une multitude de petits autels familiaux,
parfois décorés d’offrandes, de fleurs, de coquillages, de sculptures anthropom orphes
ou tiki/ti’i réceptacles sacrés d’abondance et de m ort: une preuve encore de la
présence de traditions bien vivantes.
Chacune des îles, chaque archipel possède une ou plusieurs de ces enceintes
religieuses à ciel ouvert, structures côtières ou d’intérieur, où se pratiquaient parfois
des sacrifices humains et où l’on inv oquait l’assistance et la protection des divinités
au cours de cérém onies qui ponctuaient l’année.
TI’I/TIKI, TAPU…
La société polynésienne était organisée en communautés
sy stémiques ou hui, regroupées géographiquement en
chefferies ou va’a mata’eina’a avec un ari’i ou chef comm e
représentant du pouvoir. Ces chefferies étaient à leur tour
regroupées en clans politico religieux ou va’a hiva avec un
ari’i nui ou grand chef comme représentant du pouv oir. Ce
pouv oir ou plutôt prestige nommé « mana » que leur
conférait leur statut de ari’i ou chef les rendait tapu, sacrés,
et leurs proches, biens et objets fam iliers interdits aux
profanes. Leur investiture se faisait en grande cérém onie
sur le marae ari’i du clan, où étaient disposés plusieurs éléments religieux tels que
to’o ou effigie de divinité, ti’i/tiki ou statues faites de bois ou de pierre sculptées,
réceptacle sacré de vie et de m ort, unu ou planche de bois généralem ent sculptées,
médium privilégié des homm es pour accéder au divin.
Réceptacles sacrés de paroles secrètes, certains ti’i/tiki étaient paraît-il dotés de
pouv oirs magiques et parfois même maléfiques, il fallait prendre garde de ne pas les
déranger : tapu encore ! On raconte toujours cette aventure du ti’i du fare moni
Pōrīnētia (Banque de Polynésie) : il se trouvait sous un très vieil arbre que l’on devait
abattre, et le vigile qui faisait sa ronde le soir fut attrapé par un personnage et blessé
gravement, il guérit miraculeusem ent au m oment où l’on arrêta la coupe de l’arbre :
c’est alors que l’on découvrit la statue, que l’on déplaça avec mille précautions.
Le tout premier film sur la Polynésie, « Tabou », (Tapu), du réalisateur allemand F.W
Murnau, date de 1931 et dépeint avec finesse tous ces rites et coutumes, tourné
justement sur le motu Tapu, l’un des motu les plus chantés par la tradition orale de
Bora Bora.
Aujourd’hui, il est courant d’apposer une pancarte « Tapu » devant son entrée de
jardin pour signifier « propriété privée. » - mais qui n’a pourtant rien de sacré !
ET TŪPĀPA’U …
Ne demandez pas pourquoi une petite lam pe
reste allumée toute la nuit dans un coin de la
maison, sachez le, c’est pour que le tūpāpa’u
(esprit défunt n’ayant pas encore rejoint le
m onde des origines ou Te Pō et affleurant
encore à la surface du m onde des hommes ou
Te Ao qu’il vient importuner la nuit) ne vienne
pas troubler v otre sommeil,
rappelez-v ous le très célèbre tableau de Paul
Gauguin « Manao Tupapau » où l’on v oit une jeune fille endormie et une form e
som bre qui se profile au pied de son lit … un tūpāpa’u.
On croit aux fantôm es ou aux revenants: les «Dames Blanches» abondent dans ce
pays du rêve, on en a vu une à la CPS , la Caisse de Prév oyance Sociale, il y a quelques
dizaines d’années, à la suite de l’inauguration d’une sculpture taillée par deux artistes
de l’île de Pâques ! (Pour ajouter un zeste supplém entaire de mystère), la statue
semblait créer d’étranges phénom ènes dans les bureaux où les ordinateurs s’allument
ou s’éteignent tout seuls, sous le regard pétrifié des employés ! – on a depuis planté
du miri ‘ōviri ou basilic tahitien à proximité (il aurait le pouv oir d’éloigner les
tūpāpa’u et les mauvaises énergies).
Une autre dame blanche a été signalée à Pā’ea (Tahiti) et qui, parait-il, prendrait le
truck pour aller aux festivités du Tiurai en Juillet et qu’au m om ent où le chauffeur se
retourne pour l’aborder, s’évapore comme par enchantem ent…
Chacune des îles en ont plusieurs, de ces « dames mystérieuses » : il y a aussi celle qui
regarde la télévision dans une salle de projection et qui a des pieds d’une longueur
inouïe ! Quant à la dame Blanche de ’Atimāono, elle aurait attiré un petit garçon de
cinq ans pour l’emmener vers la m er, heureusement les parents se sont aperçus de sa
disparition et l’ont retrouvé sur la plage …
DES ARTS ET DES TECHNIQUES FIDELES AUX TRADITIONS
Les arts, les techniques et l’artisanat polynésiens sont transmis de génération en
génération et chaque archipel a ses spécialités, il y en a de très belles en voici juste
quelques exemples :
les tapa des Marquises – étoffes réalisées à partir d’écorce préparée, battue puis
décorée de m otifs traditionnels - sont très recherchés par les connaisseurs, les nacres
som ptueuses gravées des Tuam otu et les noix de coco polies sont toujours d’actualité,
de très belles sculptures en bois précieux reprennent les thèm es polynésiens, stylisés
et m odernisés – les fameux tīfaifai, ces
patchworks
aux
couleurs
vives,
qui
reprennent les m otifs floraux et demandent
des semaines de couture patiente, enfin le
pāreu de
toujours
coton, légendaire,
avec
ses
m otifs
qui existe
d’hibiscus
traditionnels, m ême si les « fashionistas »
tahitiennes les ont un peu délaissés au profit d’autres étoffes et d’autres m otifs, mais
on peut prédire que la m ode reviendra !
Que dire des vanneries et tressages si variés dont les Australes en sont les
spécialistes : paniers de toutes sortes, chapeaux sophistiqués que l’on porte à l’église
le dimanche, nattes rondes, carrées, rectangulaires, indispensables au confort et à la
décoration de la maison polynésienne ... Est-ce un hasard ? Les vahinés ont appris cet
art grâce à une ogresse des îles Australes, la légende raconte qu’à Rurutū, elle
attrapait les petits enfants et les dév orait jusqu’au jour où deux jeunes garçons malins
arrivèrent à se libérer et permirent ainsi la capture de Hina l’ogresse. On captura la
méchante et on découvrit au fond de sa grotte divers merveilleux objets de vannerie
et de tressage d’une finesse éblouissante – c’était
en fait une ogresse aux longs doigts de fée …
On terminera par les colliers – on les appelle «
les couronnes » : de fleurs lorsque vous arrivez
pour vous dire ‘Ia ora na ‘e manava, bonjour et
bienvenue, ou de coquillages pour vous dire nānā
‘e māuruuru, au revoir et m erci, et celles-ci vous allez les conserver … Elles portent bonheur, paraît-il.
Crédit photos :
X. Lancry, J. Gallecier, G. Le Bacon, P. Bachet, S.Joly, G. Boissy, T. Salmon,
R. Holler,