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“Je te bénirai et tu seras une bénédiction” Ressources pour la présentation et la bénédiction de l’alliance d’un couple de même sexe document recommandé pour être étudié et utilisé par la 77e Convention générale de l’Église Épiscopale Juillet 2012 i © 2012 par The Church Pension Fund Tous droits réservés. ISBN-13: 978-0-89869-892-3 (pbk.) ISBN-13: 978-0-89869-893-0 (ebook) Church Publishing, Incorporated 445 Fifth Avenue New York, New York 10016 www.churchpublishing.org ii Table des matières 1 Introduction 11 Foi, espoir et amour: R essources théologiques pour la bénédiction de couples de même sexe 13 Préface 15 Présentation: réflexion théologique sur les couples de même sexe 23 1. L’appel de l’Église: la mission 29 2. La joie de l’Église: une théologie de la bénédiction 35 3. La vie de l’Église: l’alliance 54 4. Le défi de l’Église: unité chrétienne et interprétation biblique 61 Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains 69 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles: P réparer des couples de même sexe pour une liturgie de bénédiction 107 Présentation et bénédiction d’une alliance de couple: Ressources liturgiques pour la bénédiction de couples de même sexe 123Guide de discussion pour “Je te bénirai et tu seras une bénédiction”: Ressources pour la bénédiction de couples de même sexe 169 Annexes: 171 Historique de la législation de la Convention générale 181 Glossaire iii iv Introduction En tant que membres de la Commission en charge de la liturgie et de la musique de l’Église Épiscopale, nous sommes reconnaissants pour les nombreuses et diverses manifestations de la grâce de Dieu en Christ au sein de notre Église et à travers le monde. À chaque fois que l’Église donne la bénédiction de Dieu, c’est toujours avec ce même esprit de gratitude. Depuis plus de trente ans, l’Église Épiscopale répond à son appel à chercher et servir le Christ dans ses membres qui sont gays et lesbiennes. En 1976, une résolution de la Convention générale affirmait que “les personnes homosexuelles sont des enfants de Dieu qui ont, comme toute autre personne, pleinement et également droits à l’amour, l’acceptation, l’accompagnement pastoral et le soutien de l’Église.”1 Depuis, nous nous sommes engagés dans un processus de discernement de l’ensemble de l’Église sur la façon dont nous mettons en acte cette résolution. Certaines congrégations et leur clergé accueillent des couples de même sexe et proposent une liturgie pour la bénédiction de leur union, et certains diocèses ont développé des directives pour ces bénédictions. La résolution C051 de la Convention générale de 2003 reconnaissait “que les communautés de foi locales agissent dans les limites acceptables de notre vie commune en explorant et en faisant l’expérience de liturgies célébrant des bénédictions de couples de même sexe.” Six ans plus tard, la Convention générale demandait la collecte et le développement des ressources pour ces bénédictions. Les documents présentés ici répondent à cette demande. La résolution C056 de la Convention générale de 2009 de l’Église Épiscopale demandait à la Commission en charge de la liturgie et de la musique de “recueillir et développer des ressources liturgiques” pour 1 Le texte de la Résolution 1976-A069 et d’autres législation de la Convention générale concernant les couples de même sexe sont inclus en annexe de ces ressources. 1 la bénédiction de couples de même sexe. Cette résolution demandait à la Commission de travailler en lien avec la Chambre des évêques et de “définir un processus ouvert pour la conduite de son travail, incluant la participation de provinces, diocèses, congrégations et individus engagés dans ce type de travail théologique, et invitant une réflexion théologique à travers toute la Communion anglicane.” Nous avons considéré le processus de notre travail comme étant aussi important que les ressources elles-mêmes. Le cadre de notre travail Parce que la résolution 2009-C056 nous demandait de “recueillir et développer” des ressources, nous n’avons pas cherché à débattre si l’Église devait ou non bénir des couples de même sexe. Néanmoins, nous reconnaissons que les épiscopaliens et les chrétiens à travers la Communion anglicane ne sont pas toujours d’accord pour établir si ces bénédictions sont une évolution légitime de la tradition chrétienne ou un écart inacceptable de l’enseignement biblique. La résolution 2009-C056 tenait compte de ce différend dans l’affirmation “que cette Convention honore la diversité théologique de l’Église au sujet de la sexualité humaine” et des résolutions précédentes ont aussi reconnu ce désaccord. Dans l’essai théologique “Foi, espoir et amour”, nous faisons cas de ces différences et proposons une approche de la bénédiction des couples de même sexe qui reflète la place centrale des Écritures dans la tradition anglicane, interprétées à la lumière de la tradition historique de l’Église et de la raison. Le guide de discussion inclus dans ces ressources a pour but de permettre à toutes les congrégations et les diocèses d’explorer ces documents, qu’ils croient ou non que l’Église doive bénir des couples de même sexe. Alors que nous développions ces ressources, de nombreuses personnes nous ont demandé si nous étions en train de préparer un rite de mariage pour les couples de même sexe. En accord avec la résolution 2009-C056, la Commission considère que son mandat était de développer une liturgie de bénédiction, non de mariage. Néanmoins, il y a un certain nombre de parallèles avec les mariages de couples de sexes opposés, comme le suggérait la Convention générale en reconnaissant que: “il y a aujourd’hui des couples dans le Corps du Christ et dans cette Église qui vivent dans le mariage et des couples dans le Corps du Christ et dans cette Église qui vivent dans d’autres formes d’engagements de vie commune.” La résolution de 2000 a ensuite exposé les attentes suivantes, “les caractéristiques de ces unions sont: fidélité, monogamie, affection réciproque et respect, 2 Introduction une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu”, et dénoncé “la promiscuité, l’exploitation, et les relations abusives dans les relations que peuvent avoir nos membres.” Ces attentes ont permis de définir pour la Commission le type de couples de même sexe pour lesquels nous avons développé ces ressources. Si la liturgie que nous avons développée ne s’appelle pas “mariage”, nous reconnaissons d’importants parallèles: deux personnes prenant réciproquement un engagement public, à vie et monogame, en échangeant des vœux solennels lors d’un rite qui prononce la bénédiction de Dieu sur leur vie commune. La question du mariage est rendue d’autant plus compliquée par les changements constants dans le droit civil américain. En août 2011, six États et le district de Columbia proposaient des licences de mariage aux couples de même sexe, cinq États autorisaient des unions civiles et sept autres reconnaissaient une forme ou une autre de partenariat domestique; par ailleurs, trente États avaient adopté un vocabulaire constitutionnel définissant le mariage comme étant entre un homme et une femme et trente-cinq États avaient des statuts définissant aussi le mariage de cette façon.2 Vient s’ajouter à cette situation déjà complexe le droit civil d’autres pays dans lesquels l’Église Épiscopale est implantée. Le Livre de la prière commune ainsi que les canons de l’Église Épiscopale décrivent le mariage comme étant entre un homme et une femme et demandent au clergé de se conformer aux lois de leur État en ce qui concerne le mariage. Ces ressources abordent la complexité de cet aspect dans un essai sur le droit canonique qui discute les différents scénarios à même de se présenter lorsqu’un couple de même sexe demande à bénéficier d’une bénédiction avec la liturgie proposée et/ou d’un mariage (ou union) civil à l’Église. En plus des questions sur le terme de “mariage”, nous avons reçu de nombreux commentaires sur les termes de “genre” et “sexe”. Dans les documents présentés à la Convention générale de 2012, la Commission avait utilisé l’expression “de même genre” pour décrire les couples ou, selon le cas, “de genres différents”. Mais la Convention générale de 2012 a indiqué que les termes “de même sexe”, et non “de même genre”, devaient être utilisés, et que la version publiée des documents devrait intégrer cette modification. En outre, en révisant les textes en préparation de leur publication, la Commission a décidé que l’utilisation de l’expression “de sexes opposés” plutôt que “de genres différents” respectait mieux l’esprit de la Convention générale de 2012 et la version publiée intègrera donc aussi cette modification. 2 On peut retrouver ces informations sur le site web de la National Conference of State Legislatures: http://www.ncsl.org/default.aspx?tabid=16430. Introduction 3 Cette question dépasse le cadre linguistique. En travaillant à ces ressources, la Commission a reconnu mais n’a pas cherché à traiter la complexité des débats actuels, aussi bien sociaux qu’académiques, sur les catégories de “sexe” et de “genre”. Les ressources pastorales pour la préparation de couple avant la liturgie de bénédiction proposent des façons de travailler avec des personnes s’identifiant comme bisexuelles ou transgenres. Ces ressources ont les mêmes attentes pour les couples comprenant une ou des personnes bisexuelles ou transgenres voulant obtenir la bénédiction de leur couple par l’Église d’un engagement dans une relation monogame, fidèle et à vie – comme les couples de même sexe ou de sexes opposés. Recueillir les ressources La Commission a réuni beaucoup de documentation, y compris des études officielles, des bulletins de liturgie de bénédiction et des directives diocésaines ou régionales pour ces bénédictions. Les Archives de l’Église Épiscopale ont mis en place des archives numériques pour ce projet, http://www.episcopalarchives.org/ SCLM/, qui permettent à tous ceux qui le souhaitent de consulter les documents que nous avons réunis. La résolution 2009-C056 autorise les évêques à “offrir une réponse pastorale généreuse” pour répondre aux besoins des membres de l’Église. En décembre 2009, la présidente de la Commission a demandé à tous les évêques diocésains de lui indiquer quelles dispositions ils prenaient et quelles ressources ils recommandaient dans leur diocèse. Vingt-sept évêques ont répondu à cette requête et un certain nombre d’entre eux ont inclus des ressources théologiques, pastorales, pédagogiques, et/ou liturgiques. Sept autres diocèses ont par la suite proposé des éléments supplémentaires. Tous les documents diocésains que nous avons reçus sont disponibles dans les archives numériques créées pour la résolution 2009-C056. Nous avons recueilli des ressources liturgiques en provenance de nombreux lieux. Clayton Morris, qui a servi en tant qu’officier de la liturgie pour l’Église Épiscopale jusqu’en 2009, avait accumulé des documents sur près de deux décennies. La Commission a reçu des ressources d’épiscopaliens laïcs ou ordonnés de l’ensemble de l’Église, y compris de certains de nos membres. Les membres de la Commission ont examiné tout ceci en commençant le processus de développement de la liturgie. Un échantillon représentatif de ces ressources est disponible dans les archives numériques et tous ces documents seront préservés de façon permanente aux Archives de l’Église Épiscopale. 4 Introduction Développer des ressources Lors de notre rencontre de mars 2010, la Commission a lancé le travail en réponse à cette résolution par une journée de réflexion théologique. Cet échange a permis de dresser une brève liste des ressources à développer: • au moins un essai établissant les fondations bibliques et théologiques pour la bénédiction de couples de même sexe • des ressources pastorales et pédagogiques pour aider le clergé et les congrégations quand ils étudient ces bénédictions; • des ressources conçues pour aider les communautés à comprendre et gérer les difficultés légales et canoniques. Cette proposition a permis d’établir les fondations pour former quatre groupes de travail chargés de développer le matériel demandé. Ces groupes avaient un rôle consultatif auprès de la Commission, qui a ensuite pris les décisions finales sur les ressources à présenter à la 77e Convention générale de 2012. En formant les groupes, la Commission a cherché à réunir la sagesse et l’expérience de laïcs et de membres du clergé, de personnes issues aussi bien des congrégations que du monde académique. Les membres des groupes de travail reflétaient la diversité de l’Église Épiscopale en termes d’âge, de genre, de race/ethnicité, de géographie et d’orientation sexuelle. Les groupes de travail se sont rencontrés quatre fois en 2010 et 2011, et les responsables des groupes ont été en contact tous les mois par téléphone ou vidéoconférence. La Commission a discuté des travaux en cours lors de chacune des cinq réunions tenues pendant cette période triennale. Un processus ouvert… encourageant la participation Consultation avec la Chambre des évêques En septembre 2010, la présidente de la Commission et quatre responsables des groupes de travail ont présenté à la Chambre des évêques une première version des principes théologiques et liturgiques qui guideraient ce travail. Les retours des évêques ont permis d’affiner ces principes. Au cours des réunions de mars et septembre 2011 de la Chambre des évêques, les évêques participant à la Commission et/ou aux groupes de travail ont tenu leurs collègues informés de l’avancée des travaux. Lors de la réunion de septembre 2011, les évêques ont eu l’occasion de discuter de façon informelle de la dernière version Introduction 5 de l’essai théologique et de la liturgie avec les évêques membres de la Commission. Audience de la province I En octobre 2010, la réunion de la Commission dans le New Hampshire comprenait une audience avec les évêques, d’autres membres du clergé et des couples de même sexe des sept diocèses de la province I, qui inclut les six États de la Nouvelle-Angleterre. L’évolution du statut légal des unions civiles et de l’égalité d’accès au mariage dans ces États impliquait que de nombreux diocèses y avaient abordé les questions liées à la bénédiction de couples de même sexe depuis des années. La province I est la seule province de l’Église Épiscopale qui ait développé des ressources pour le clergé amené à accompagner des couples de même sexe et une majorité des diocèses de cette province ont des directives pour la bénédiction de ces couples. De ce fait, notre réunion dans l’un des diocèses de la province I nous a donné une excellente occasion d’échanger avec ceux déjà engagés dans ce travail, comme l’avait demandé la résolution 2009-C056. Durant l’audience, trente-trois personnes, laïques ou ordonnées, ont témoigné de leur expérience. Beaucoup décrivirent à la Commission comment les congrégations avaient été transformées en se joignant à la célébration d’une bénédiction. Pour certaines congrégations et certains couples, la bénédiction d’une union civile dans le cadre de la liturgie dominicale fut perçue comme une expression particulièrement puissante de l’acceptation et du soutien de l’Église pour ce couple. Le clergé comme les couples ont été surpris par la jubilation qui émanait des congrégations en ces occasions. Nous avons aussi entendu des témoignages sur le poids du secret dans les lieux où les relations doivent être cachées et où les bénédictions ne peuvent pas être célébrées ouvertement. Les couples et le clergé ont évoqué la joie qui est apparue quand ces relations ont pu être ouvertement reconnues. Quelques couples ont partagé des histoires fortes de réconciliation au sein de leurs familles lorsque leur couple a été célébré et béni par une liturgie de l’Église. Une enquête dans toute l’Église sur les ressources pastorales et pédagogiques En octobre 2010, le groupe de travail chargé des ressources pastorales et pédagogiques a créé un questionnaire sur Internet pour demander aux congrégations quelles ressources elles utilisaient pour préparer les couples de même sexe qui se présentaient à l’Église pour être bénis et quel matériel pédagogique était utilisé ou serait nécessaire pour aider les congrégations dans le processus de discernement pour l’accueil 6 Introduction de la bénédiction de couples de même sexe. La Commission a utilisé aussi bien des voies officielles que non-officielles pour solliciter des réponses à cette enquête: un communiqué de presse a été envoyé aux responsables de la communication des diocèses, une lettre à tous les membres de 2009 de la Chambre des députés et de la Chambre des évêques, des invitations aux évêques et députés de la liste de diffusion non-officielle, et un travail de réseau a été fait par les membres de la Commission et des groupes de travail. D’octobre 2010 au 6 janvier 2011, nous avons reçu mille cent trente et une réponses à cette enquête, émanant de cent onze diocèses et neuf provinces de l’Église Épiscopale. Vingt-trois pour cent des personnes ayant répondu expliquaient que la bénédiction de couples de même sexe avait déjà lieu dans leur congrégation, et parmi celles-ci, 55% confirmaient que leur congrégation s’était engagée dans un processus pédagogique et/ou de discernement avant que les bénédictions de couples de même sexe ne se mettent en place. En ce qui concerne la préparation des couples de même sexe, 32% des personnes ayant répondu ont indiqué que leur préparation était différente de celle utilisée pour les couples de sexes opposés, et 43% exprimaient un besoin de ressources supplémentaires. Les résultats de cette enquête ont aidé à orienter le développement des ressources pastorales et pédagogiques. Une consultation de toute l’Église La Commission a invité tous les diocèses de l’Église Épiscopale à envoyer deux députés de la Convention générale, un laïc et un membre du clergé, pour deux jours de consultation à la fin de sa réunion de mars 2011 à Atlanta, en Géorgie. Trois objectifs avaient été fixés: • informer les députés du travail de la Commission en charge de la liturgie et de la musique pour répondre à la résolution 2009C056; • engager les députés dans une réflexion théologique en réponse au travail de la Commission et solliciter des retours qui contribuent à alimenter la suite du travail de la Commission et des groupes de travail; • outiller les députés pour qu’ils puissent faire un compte rendu au reste de leur délégation et les engagent dans une réflexion théologique sur la bénédiction de couples de même sexe. Les documents distribués aux participants lors de la consultation peuvent être consultés dans les archives numériques de la Commission en charge de la liturgie et de la musique, qui incluent aussi un lien vers la retransmission de l’ensemble de la consultation. Introduction 7 Cent quatre-vingt-quinze députés de quatre-vingt-dix-huit diocèses se sont inscrits à cette rencontre. La plupart ont montré beaucoup d’enthousiasme pour cette façon de faire. Une majorité significative ont noté dans les formulaires d’évaluation qu’ils se sentaient soit “parfaitement outillés” ou “assez outillés” pour discuter des travaux en cours dans leur diocèse et à la Convention générale de 2012. À la question de savoir ce qu’ils avaient le plus apprécié, un participant a répondu “la manière réfléchie, passant par la prière, avec laquelle les personnes ayant des opinions différentes étaient capables de discuter de ce travail important.” Un autre député a apprécié “l’occasion de parler et d’écouter d’autres personnes et la perspective plus large que j’y ai gagné; l’occasion de comprendre le processus, les principes et les problèmes qui sont en jeu dans ce travail que nous réalisons ensemble; le sentiment bien réel et constant de faire ce travail “ensemble”.” Quelques députés ont fait remarquer l’absence d’opinions adverses dans les sessions plénières. L’un d’entre eux a noté: “À mon avis, la seule chose qui a manqué était une occasion pour ceux qui ne sont pas familiarisés avec ce sujet ou qui y sont opposés de pouvoir pleinement exprimer leurs réserves, être entendus et pouvoir recevoir des réponses constructives et respectueuses.” Révision de la première version des ressources Une fois que les groupes de travail ont présenté une première version complète des ressources à la Commission, en juin 2011, nous les avons rendues disponibles à un groupe de relecteurs consultants. En juillet 2011, cent trente-trois personnes, des laïcs et membres du clergé, représentant les neuf provinces de l’Église Épiscopale, ont suggéré plusieurs milliers de remarques sur cette première version des ressources. En août, les nombreuses révisions faites par les groupes de travail ont permis de rédiger une version finalisée pour la Commission. Inviter à une réflexion dans toute la Communion anglicane En plus des directives de la résolution 2009-C056, la Commission avait à l’esprit que le Windsor Report de 2004 recommandait à «toutes les provinces lancées dans un processus de discernement sur la bénédiction des couples de même sexe d’engager la Communion dans une étude biblique et théologique rationnelle et continue, à la fois pour et contre ces unions» (par. 145). Sachant que l’Église Anglicane du Canada se préoccupait de ce sujet depuis de nombreuses années, nous avons demandé et reçu des liturgies de plusieurs diocèses canadiens. On peut trouver dans les 8 Introduction archives numériques, sous la rubrique “Church-Wide Resources”, un numéro de Liturgy Canada qui présente l’historique et un résumé des directives et rites disponibles sur les sites diocésains de l’Église Anglicane du Canada. International Anglican Liturgical Consultation (IALC – Consultation internationale de liturgie anglicane) La IALC, une rencontre biannuelle, réunit des spécialistes de la liturgie, des représentants nommés et envoyés par des provinces de la Communion anglicane, et des membres des commissions liturgiques des provinces anglicanes. Comme les provinces peuvent proposer des thèmes à la Consultation, la Commission en charge de la liturgie et de la musique a demandé qu’un temps du programme lui soit octroyé lors de la rencontre d’août 2011. Le comité de pilotage de la IALC leur a non seulement offert une demi-journée de discussion, mais, en mars 2011, ils ont aussi rencontré des représentants de la Commission pour en savoir plus sur le travail en cours et préparer en amont la discussion qui se tiendrait lors la Consultation. La rencontre de la IALC a réuni cinquante-cinq personnes venues de dix-neuf provinces de la Communion anglicane. Les représentants officiels de l’Église Épiscopale, Ruth Meyers (présidente de la Commission en charge de la liturgie et de la musique) et Thomas Ely (évêque du Vermont et membre de la Commission) ont présenté un résumé du raisonnement théologique et des principes liturgiques qui guidaient le développement des ressources, ainsi qu’une première version de la liturgie. Tous les participants à la rencontre de la IALC n’étaient pas d’accord avec la décision de l’Église Épiscopale de développer ces ressources, mais tous se joignirent aux échanges respectueux qui se sont tenus en petits groupes. Dans les retours écrits donnés par les petits groupes, certains notaient que le travail de l’Église Épiscopale pourrait aider leur propre province, alors que d’autres indiquaient que la bénédiction de couples de même sexe n’était pas quelque chose qu’ils étaient prêts à considérer. Les participants aux échanges de la IALC ont demandé à ce que les fondations bibliques de la bénédiction de couples de même sexe soient développées et que les concepts de bénédiction et d’alliance soient clarifiés. Ils ont recommandé avec insistance que les ressources théologiques et liturgiques précisent clairement que l’Église Épiscopale voit ces couples comme engagés dans des relations monogames et à vie. Beaucoup ont trouvé que la liturgie ressemblait de façon frappante à celle du mariage. Ils ont encouragé une plus grande clarté dans la liturgie sur la nature de l’alliance et une bénédiction à la forme plus marquée. Introduction 9 Les groupes de travail ont reçu un compte rendu détaillé des commentaires recueillis lors de la rencontre IALC et les ont pris en compte en préparant la version finale des ressources. Conclusion “Je te bénirai”, déclare Dieu à Abraham, “et tu seras une bénédiction pour les autres.” (Genèse 12.2) À chaque étape de ce processus, la Commission et ses groupes de travail se sont rappelé les nombreuses bénédictions que Dieu a accordées à notre Église. Les occasions sans précédentes que nous avons eu d’échanger avec nos sœurs et nos frères épiscopaliens dans chaque province de l’Église Épiscopale et avec des anglicans de l’ensemble de la Communion anglicane ont été pour nous une illustration de la diversité et de la richesse de notre vie commune dans le Corps du Christ. Ce travail a été pour nous un don divin et une bénédiction que nous avons très envie de partager. Nous proposons ces ressources avec l’espoir qu’elles vont renforcer notre témoignage partagé dans l’Église Épiscopale de l’amour et de la grâce de Dieu en Christ. Comme dans tous les autres aspects de notre vie commune en tant que peuple de Dieu, nous proposons ces ressources, non pas en nous reposant seulement sur notre travail, mais aussi sur Dieu “qui a le pouvoir de faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou même imaginons”, et toujours au nom de la gloire de Dieu en Jésus-Christ (Éphésiens 3.20-21). La Commission en charge de la liturgie et de la musique Novembre 2011 10 Introduction Foi, espoir et amour Ressources théologiques pour la bénédiction de couples de même sexe 11 12 Préface Au cours des trente dernières années, l’Église Épiscopale a cherché différents moyens de célébrer la bonté de Dieu, la grâce du Christ et les dons du Saint-Esprit dans les vies de nos frères et sœurs qui sont gays et lesbiennes. Durant cette période, une série de résolutions de la Convention générale (1976-A069; 1985-D082; 1991-A104; 1994C020; 1994-C042; 1997-C003; 2000-D03 9; 2003-C051) a amené l’Église à demander à la Commission en charge de la liturgie et de la musique de “recueillir et développer des ressources liturgiques” pour la bénédiction de couples de même sexe (résolution 2009-C056). En réponse à cet appel, nous vous proposons cet essai et invitons plus largement l’Église à réfléchir avec nous à la façon dont Dieu œuvre aujourd’hui au sein des couples de même sexe. Depuis des générations, l’Église a célébré et béni des relations à vie, fidèles, engagées et monogames entre des hommes et des femmes unis par les liens sacrés du mariage. L’Église Épiscopale place très haut les liens du mariage: le mariage est inclus comme “rite sacramental” par certains3 et comme l’un des sept sacrements par d’autres. Dans son travail en réponse à la résolution 2009-C056, la Commission a découvert qu’en considérant la bénédiction des relations à vie, fidèles, engagées et monogames entre des personnes de même sexe, les parallèles avec le mariage ne pouvaient être ignorés, que l’on se place d’un point de vue pratique, théologique ou liturgique. Au même titre que cette réalité pourrait bien inviter l’Église à une analyse plus profonde du mariage, les similitudes entre le mariage et la bénédiction de couples de même sexe éclairent aussi nos considérations dans ce document. Pour certains épiscopaliens, ce document fera écho avec leur longue expérience en la matière et leur réflexion théologique; pour d’autres, l’appel de 2009 de la Convention générale représente un nouveau 3 “Exposé de la foi”, Le Livre de la prière commune (Church Pension Fund, 1983), 860. Par la suite, cette édition du Livre de la prière commune est référencée dans ce document comme LPC. Foi, espoir et amour 13 tournant, peut-être déroutant, dans la vie de notre Église. Nous prenons au sérieux ces différences. Nous avons fait de notre mieux, dans le cadre du mandat de la résolution 2009-C056 nous demandant de “recueillir et développer des ressources liturgiques” pour les couples de même sexe, afin de nous adresser aussi bien à ceux qui attendent avec enthousiasme ces ressources théologiques qu’à ceux qui ont de profondes réserves sur le fait d’avancer dans cette direction. Nous appartenons tous de manière égale à l’Église Épiscopale et à la Communion anglicane mondiale et, surtout, au Corps du Christ. Ces ressources théologiques honorent la place centrale des Saintes Écritures pour les anglicans, interprétées en s’appuyant sur les traditions historiques de l’Église et éclairées par la raison. Une présentation introduit et résume les questions soulevées et les principaux thèmes théologiques. La présentation est suivie de quatre parties qui développent ces thèmes. Si le lecteur peut aborder ce document de différentes façons, nous recommandons de suivre ces quatre parties dans l’ordre où elles sont présentées, car cet ordre reflète l’approche théologique spécifique à ce travail. La première partie affirme le principe que tout ce que nous faisons en tant que chrétiens est fait pour exprimer l’appel de l’Église à participer à la mission de Dieu dans le monde. La deuxième partie propose des réflexions théologiques sur la bénédiction. La troisième considère la bénédiction de couples de même sexe dans le cadre plus large de la vie sacramentelle de l’Église, notamment à la lumière de la signification théologique de l’alliance de couple. La quatrième partie apporte des éléments de réflexion sur le défi de vivre les uns avec les autres, dans le respect de nos liens baptismaux, malgré des désaccords sur l’interprétation biblique. En faisant des recherches et en préparant cet essai, nous avons découvert et rappelé d’abondantes ressources dans les Écritures et les traditions de l’Église, ressources qui ont nourri notre réponse à la résolution 2009-C056. Nous invitons à présent l’ensemble de l’Église à une étude et un échange approfondis, en gardant à l’esprit la description par l’apôtre Paul de notre vie partagée en Christ comme marquée par trois choses “la foi, l’espérance et l’amour; mais la plus grande des trois est l’amour.” (1 Corinthiens 13.13) 14 Foi, espoir et amour Présentation: réflexion théologique sur les couples de même sexe Je remercie sans cesse mon Dieu à votre sujet pour la grâce qu’il vous a accordée par Jésus-Christ. En effet, dans l’union avec le Christ, vous avez été enrichis de tous les dons, en particulier tous ceux de la parole et de la connaissance. Le témoignage rendu au Christ a été si fermement établi parmi vous qu’il ne vous manque aucun don de Dieu, à vous qui attendez le moment où notre Seigneur Jésus-Christ apparaîtra. — 1 Corinthiens 1.4-7 En 2009, la Convention générale de l’Église Épiscopale a demandé des ressources théologiques et liturgiques pour la bénédiction de couples de même sexe (résolution C056). En réponse à cet appel, nous invitons l’Église à réfléchir à partir du matériel théologique réuni et développé dans ce document. Dans notre réflexion théologique, nous avons gardé à l’esprit plus de trente années de délibération sur ce thème à la Convention générale, en particulier la résolution 2000-D039 qui a identifié certaines caractéristiques que l’Église attend de couples vivant dans le mariage ou d’autres formes d’engagements à vie: “fidélité, monogamie, affection réciproque et respect, une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu.”4 Nous croyons que les couples qui manifestent cette vie-là, avec la grâce de Dieu, sont entrés dans une alliance les liant l’un à l’autre, nous donnant une riche opportunité de réflexion théologique.5 4 Les textes de ces résolutions sont inclus en annexe de ces ressources. Pour une approche plus complète de l’histoire des résolutions et des rapports de la Convention générale sur ce sujet, voir l’annexe de To Set Our Hope on Christ: A Response to the Invitation of Windsor Report ¶ 135 (New York: The Office of Communication, The Episcopal Church Center, 2005), 63-121. 5 Comme Paul Marshall le souligne, le rite du mariage du Livre de la prière commune de 1979 utilise le vocable d’ “alliance” (423). Marshall note que la formation d’alliance est un motif clef de la Bible, ce qui montre son utilité dans notre réflexion théologique sur l’engagement relationnel de tous les couples (Same-Sex Unions: Stories and Rites [New York: Church Publishing, 2004], 40). Foi, espoir et amour 15 Les thèmes théologiques inclus dans ce document prennent leurs racines dans le baptême, l’eucharistie et le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ, et nous proposent différentes manières de considérer comment l’Église pourrait bénir de façon appropriée des couples de même sexe engagés dans des relations d’alliance à vie. De telles relations d’alliance peuvent refléter l’alliance pleine de grâce de Dieu avec nous en Christ, porter les fruits de l’Esprit dans une vie sainte et être un exemple de l’amour du prochain pour toute la communauté à travers la pratique du pardon et de la réconciliation. En répondant à la responsabilité qui lui a été donnée de recueillir et développer des ressources théologiques, la Commission s’est concentrée sur quatre points spécifiques. Premièrement, la mission: en quoi l’Église croit-elle que ces bénédictions contribueront à l’œuvre de rédemption et de réconciliation de Dieu dans le monde? Deuxièmement, qu’est-ce que l’Église croit qu’il arrive quand elle exprime la bénédiction de Dieu? Troisièmement, quelles sont pour l’Église les marques distinctives d’une alliance sacrée? Et dernièrement, quelle est la relation entre l’unité chrétienne et nos approches différentes de l’interprétation biblique en ce qui concerne les couples de même sexe? Cette présentation résume ces points qui sont ensuite repris et développés dans les différentes parties de ce document. La mission Notre point de départ est le sacrement du baptême qui fait que nous appartenons au Corps du Christ et nous invite à participer à la mission de Dieu de réconciliation dans le monde (2 Corinthiens 5.1719). Le but de cette mission de réconciliation n’est rien moins que la restauration de chacun dans “l’unité avec Dieu et les uns avec les autres en Christ”.6 Une des façons pour les chrétiens de prendre part à cette mission est de témoigner du Christ dans nos vies et nos relations avec nos proches. “Si vous vous aimez les uns les autres”, dit Jésus, “alors tous sauront que vous êtes mes disciples.” (Jean 13.35) En tant que chrétiens, nos relations avec nos proches ne sont pas seulement d’ordre privé. L’Église a toujours affirmé la dimension publique et communautaire de nos relations par alliance. Les caractéristiques de notre amour, aussi bien dans ses fruits que dans ses échecs, affectent ceux qui nous entourent. De ce fait, l’Église invite un couple lié par les liens sacrés du mariage à participer à l’œuvre de réconciliation de Dieu. Ces relations sont spéciales précisément dans ce but divin: témoigner et prendre part à l’amour créatif, salvateur et nourrissant de Dieu. 6 “Exposé de la foi”, LPC, 855. 16 Foi, espoir et amour Le caractère missionnaire d’une bénédiction d’alliance, reflété dans les Écritures comme dans les traditions historiques de l’Église, mérite aujourd’hui une attention renouvelée. La Convention générale de 2000 a contribué à ce renouvellement en passant la résolution D039 qui a identifié la monogamie, la fidélité, l’amour sacré et d’autres caractéristiques comme étant celles d’un engagement de couple pour la vie. De façon significative, cette résolution fut établie comme un moyen pour permettre à l’Église de s’engager de manière encore plus efficace dans sa mission. Nombreux sont ceux dans l’Église Épiscopale qui ont pu observer ces caractéristiques chez des couples de même sexe. Cette reconnaissance peut, et c’est déjà le cas dans plusieurs endroits, élargir notre compréhension de la mission de l’Église de prendre part à l’œuvre de réconciliation de Dieu. Une théologie de la bénédiction Nous croyons que la célébration de bénédiction de couples de même sexe engagés dans une relation monogame, à vie et fidèle fait partie du travail de l’Église qui doit offrir des signes visibles de la grâce de Dieu parmi nous. La “bénédiction” a un caractère complexe, chargé de plusieurs sens, pourtant l’Église a toujours affirmé qu’elle tient son origine en Dieu, dispensateur de tout bien. L’Église participe à la bénédiction de Dieu d’alliance de couple à travers trois aspects inextricablement liés: premièrement, nous louons Dieu pour la grâce déjà discernable dans la vie du couple; deuxièmement nous demandons à Dieu que sa grâce continue pour que le couple puisse manifester toujours mieux les fruits de l’Esprit; et troisièmement, nous sollicitons la force du Saint-Esprit car l’Église invite le couple à témoigner des Écritures dans le monde. Par conséquent, ce caractère triple de la bénédiction reconnaît ce qui est déjà présent – la bonté de Dieu. La bénédiction de l’Église distingue la relation afin qu’elle serve les œuvres de Dieu et prie pour que la grâce divine accompagne le couple dans leur accomplissement. De la même façon que la bénédiction du pain et du vin pendant la communion les distingue de leur usage ordinaire et les désigne comme faisant partie d’une œuvre spécifique et sacrée, l’affirmation publique d’une bénédiction divine dans une alliance de couple distingue cette relation des autres types de relation. L’Église s’attend à ce que la bénédiction d’une alliance de couple porte les fruits de la grâce divine de façon spécifique – toujours avec l’aide constante de Dieu. Cela rend le couple responsable devant sa communauté de foi ainsi que devant Dieu et l’un envers l’autre. Foi, espoir et amour 17 La communauté, en retour, a pour responsabilité d’encourager, de soutenir et de prendre soin de cette relation bénie dans laquelle le couple cherche à grandir ensemble dans une sainteté de vie. À travers sa participation à la bénédiction d’alliance de couple, l’Église est bénie par la grâce de Dieu, qui continue d’offrir des bienfaits en abondance, quels que soient les mérites ou les circonstances. En vivant plus pleinement notre appel à discerner, prononcer, chercher et redonner une bénédiction, où qu’elle puisse se trouver, nous constatons que nous sommes nous-mêmes bénis par la joie. L’alliance de couple Réfléchir d’un point de vue théologique sur les couples de même sexe peut donner à l’Église l’occasion de réfléchir plus largement à la signification d’un engagement d’alliance éclairé par la foi. Les Écritures comme nos traditions nous invitent à considérer tout d’abord le caractère sacré d’une alliance de couple; par là nous entendons le potentiel de cette relation à devenir un signe visible de la grâce de Dieu. Ensuite, une alliance de couple peut refléter et inspirer la vision eschatologique de la vie chrétienne. En d’autres mots, l’engagement par alliance que nous faisons l’un envers l’autre peut évoquer notre désir d’une union avec Dieu, ce qui est notre espoir ultime à travers le Christ. Notre compréhension de ce qu’est une alliance découle donc avant tout de l’alliance pleine de grâce que Dieu fait avec nous en Christ. Les différentes sortes d’engagements relationnels que nous prenons ont le potentiel de refléter et de témoigner de cette alliance divine. Et sur ce point, nous avons tout particulièrement à l’esprit les alliances faites par des couples qui s’engagent par des vœux sacrés à avoir une relation à vie de monogamie fidèle, visible par tous. Les Écritures et la tradition chrétienne nous encouragent à voir dans ces relations intimes le reflet du désir de Dieu pour nous. La longue tradition de commentaire sur le Cantique des cantiques, par exemple, illustre cette signification spirituelle des relations sexuelles. De même, les prophètes hébreux utilisaient fréquemment la métaphore du mariage pour décrire l’engagement de Dieu envers Israël (Ésaïe 62.5), une image utilisée aussi dans les écrits pauliniens pour décrire la relation entre le Christ et l’Église (Éphésiens 5.21-33). Les engagements par alliance sont donc modelés par le mystère pascal, qu’ils peuvent aussi refléter; ce mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ que l’Église célèbre à travers le baptême et l’eucharistie. Les couples qui vivent dans une alliance sacrée se 18 Foi, espoir et amour retrouvent embarqués dans une grande et difficile aventure: voir s’ils peuvent trouver leur vie en Dieu en s’offrant l’un à l’autre. Cette dynamique reflète la vie baptismale que nous partageons tous en tant que chrétiens. En mettant en actes nos vœux baptismaux tout au long de notre vie, nous sommes appelés à suivre cet exemple du désir et de l’amour généreux de Dieu. À travers la sainte communion, nous nous rappelons la volonté du Christ de donner sa vie pour le monde: “Ceci est mon corps donné pour vous.” Quand deux personnes se donnent leur vie et leur corps l’une à l’autre dans une alliance de couple, elles peuvent découvrir et montrer par l’exemple que c’est en se donnant que l’on se trouve (Matthieu 16.25). Quand l’Église prononce la bénédiction de Dieu sur des vœux de fidélité à vie – que cela soit pour des couples de même sexe ou de sexes opposés – l’Église a l’audace d’affirmer que le mystère pascal est à la fois la racine et la source de vie au cœur de la relation de couple. Le cadre sacramental dans lequel nous réfléchissons aux relations entre personnes de même sexe nous a amené à considérer avec attention plusieurs autres thèmes clefs théologiques: l’aspect de vocation dans une alliance de couple; comment une telle vocation est vécue dans un foyer chrétien; les fruits d’une alliance de couple menant à des vies de service, de générosité et d’hospitalité; et la bénédiction mutuelle, car la bénédiction de Dieu sur une alliance de couple devient une bénédiction pour l’ensemble de la communauté. Unité chrétienne et interprétation biblique Le baptême nous lie à Dieu en nous liant les uns aux autres. Le salut est par nature attaché à la vie en société et au collectif. De plus, ce lien ne dépend pas de notre acceptation les uns des autres, mais repose sur l’œuvre que Dieu a accomplie et continue à accomplir parmi nous. En fait, notre unité en Dieu nous donne la possibilité d’être en désaccord sans que cela soit dangereux, idéalement sans que cela menace notre unité qui est un cadeau de Dieu. Ce principe est la fondation même de toute alliance, en commençant pas l’alliance entre Dieu et son peuple, illustrée par le baptême, reflétée par l’ordination du clergé, vécue à travers les vœux de la vie religieuse et du mariage, et englobant la vie de l’Église. Notre appel commun en tant que peuple de Dieu n’est pas de chercher l’unanimité dans tout ce qui touche à la foi et à la morale, mais d’aller de par les nations comme témoins de la Bonne Nouvelle de Dieu en Christ. Foi, espoir et amour 19 La plupart des chrétiens reconnaissent néanmoins des limites à ce que sont des différences acceptables et légitimes. Au-delà de ces limites, l’unité devient intenable. Ces limites posent donc des questions difficiles: où placer la démarcation entre l’acceptable et l’inacceptable? Quels types de différence constitueraient un désaccord essentiel? Dans le débat sur les couples de même sexe et l’interprétation biblique, les épiscopaliens et d’autres chrétiens de la Communion anglicane ont été en désaccord sur les réponses à apporter. Certains épiscopaliens sont arrivés à la conclusion que la bénédiction de ces unions passait les limites de l’acceptable et, agissant en accord avec leur conscience, ont quitté l’Église Épiscopale, alors que d’autres ont choisi de rester malgré leur désaccord. En tant qu’Église, nous continuons à prendre des chemins différents pour interpréter les Écritures quand nous nous penchons sur la question des couples de même sexe. Nous qui différons profondément d’opinion et qui pourtant désirons encore plus profondément l’unité, nous rappelons que l’Église a déjà connu cette tension créative par le passé. Dans les Actes 15, nous voyons que Paul est en désaccord avec la communauté de Jérusalem sur la question de savoir si la circoncision et l’observation des lois sur le régime alimentaire devaient être exigées des Gentils afin qu’ils soient baptisés dans le Corps du Christ. Cette différence était une affaire d’interprétation biblique. Quand les membres de l’Église ont contenu la tension entre leur unité de groupe et leurs différences dans la façon dont ils interprétaient les Écritures, ils étaient guidés par le SaintEsprit.7 Depuis, l’Église a fait face à bien des périodes de luttes similaires autour d’interprétations divergentes des Écritures, portant sur un large spectre de questions: si les vœux de vie religieuse prenaient le pas sur le mariage, l’interdiction de prêter de l’argent avec des intérêts, les foyers polygames, le divorce et le mariage, la contraception, l’institution de l’esclavage, ou le rôle de la femme aussi bien dans l’Église que dans la société, pour n’en citer que quelques-unes. Au cours de toutes ces périodes, l’Église a cherché à suivre le processus apostolique de délibération dans la prière, qui respecte la place centrale des Écritures et suit avec attention l’œuvre de l’Esprit parmi nous. Ce processus ne résoudra pas tous nos désaccords, mais nous continuons à avoir confiance dans l’unité venue non pas de nos efforts mais de la grâce de Dieu, unité pour laquelle Christ lui-même priait (Jean 17.11). R 7 Ce processus de discernement des interprétations des Écritures guidé par le Saint-Esprit a modelé chaque période de l’histoire chrétienne, y compris l’approche anglicane. Voir “Exposé de la foi”, LPC, 853-54. 20 Foi, espoir et amour Les quatre parties qui vont suivre développent ces thèmes et ces considérations théologiques. Nous les proposons à l’ensemble de l’Église comme un discernement à continuer et à partager en tant que Corps du Christ. Le point de vue d’une seule personne ou d’une seule communauté n’est pas suffisant pour capturer toute la vérité avec laquelle l’Esprit de Dieu guide l’Église. Dans ce travail, comme pour tout sujet important dans la vie et la mission de l’Église, nous avons pris à cœur le rappel de Paul que pour l’instant “notre connaissance est incomplète” dans l’attente du jour où “ce qui est incomplet disparaîtra” (1 Corinthiens 13.9-10). Dans cet esprit d’humilité qui reconnaît que personne n’a une connaissance complète, nous proposons ces ressources théologiques sur la bénédiction de couples de même sexe, en espérant qu’elles reflètent une foi partagée dans l’Évangile de Jésus-Christ, inspirent l’espoir de l’union avec Dieu promise par Christ et, par-dessus tout, expriment l’amour éternel (1 Corinthiens 13.8). Foi, espoir et amour 21 22 Foi, espoir et amour 1. L’appel de l’Église: la mission Dès que quelqu’un est uni au Christ, il est un être nouveau: ce qui est ancien a disparu, ce qui est nouveau est là. Tout cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ et qui nous a confié la tâche d’amener d’autres hommes à la réconciliation avec lui. Car, par le Christ, Dieu agissait pour réconcilier tous les humains avec lui, sans tenir compte de leurs fautes. Et il nous a chargés d’annoncer cette œuvre de réconciliation — 2 Corinthiens 5.17-19 La signification et le caractère mêmes d’une bénédiction jouent un rôle important dans notre appel commun à participer à la mission de Dieu d’amour réconciliateur dans le monde. Prononcer une bénédiction divine peut prendre bien des formes au cours d’occasions très diverses. Quand l’Église se rassemble pour bénir l’échange des vœux sacrés d’une alliance de couple, cette bénédiction reflète une triple action. Premièrement, l’Église exprime sa gratitude pour la présence de l’Esprit discernée dans la vie du couple. Deuxièmement, l’Église prie pour la grâce et la faveur divine dont le couple aura besoin pour vivre dans leur engagement mutuel d’amour, de fidélité et de sainteté de vie. Et troisièmement, l’Église engage le couple à participer à la mission de Dieu dans le monde. Ce caractère missionnaire d’une bénédiction d’alliance, reflété dans les Écritures comme dans les traditions historiques de l’Église, mérite une attention renouvelée. Quand l’Église exprime sa gratitude pour la présence et la bénédiction de Dieu, l’affirmation publique de la bénédiction d’une alliance de couple distingue aussi cette relation dans un but sacré: être le témoignage de l’amour créateur, rédempteur et nourrissant de Dieu. La promesse de Dieu à Abraham donne le principe de cet aspect missionnaire de la bénédiction: “Je te bénirai et je rendrai ton nom célèbre. Tu seras une bénédiction pour les autres.” (Genèse 12.2b) Foi, espoir et amour 23 À travers Moïse, la promesse de Dieu s’étend à l’alliance divine avec Israël, un peuple choisi par Dieu pour recevoir les dons divins de protection, de guidance et de fécondité. Dans cette alliance, Dieu fait du peuple d’Israël le gardien de ces dons, non pas dans le seul but de servir leurs propres intérêts, mais pour devenir une bénédiction pour le monde. Comme Dieu l’affirme à Jacob: “À travers toi et tous tes descendants, je bénirai toutes les nations de la terre.” (Genèse 28.14b) Et comme Dieu le déclara aussi à Ésaïe: “Cela ne suffit pas que tu sois à mon service, pour relever les tribus de Jacob et ramener les survivants d’Israël. Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut s’étende jusqu’au bout du monde.” (Ésaïe 49.6) De même, les premiers chrétiens adoptèrent cet aspect missionnaire de la bénédiction d’alliance en reconnaissant que la grâce qu’ils avaient reçue en Christ n’était pas pour eux seuls, mais pour qu’ils puissent être les témoins de la grâce “à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’au bout du monde.” (Actes 1.8) Jésus préconisait cette façon d’aborder une vie de foi en rappelant à son auditoire que “On n’allume pas une lampe pour la mettre sous un seau. Au contraire, on la place sur un support, d’où elle éclaire tous ceux qui sont dans la maison.” (Matthieu 5.15) Dans l’Évangile de Jean, Jésus donne l’exemple de cette mission divine en lavant les pieds de ses disciples. Cet acte de don intime montrait l’exemple que ses disciples devaient suivre en bénissant d’autres par une même vie de dons (Jean 13.14-15); l’amour que Dieu nous montre en Christ, en d’autres termes, devient une bénédiction de mission et de ministère. L’alliance de grâce que Dieu a faite avec nous en Christ nous appelle donc tous à une vie de service: “Que chacun de vous utilise pour le bien des autres le don particulier qu’il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons administrateurs des multiples dons divins.” (1 Pierre 4.10) Culte et mission: une vision eschatologique À chaque fois que le peuple de Dieu se rassemble pour prier, nous revenons à cette vision fondamentale des Écritures: Dieu continue de nous bénir dans notre alliance avec Christ et cette bénédiction nous donne la capacité et le pouvoir de bénir à notre tour. Dans tous les rites de l’Église, de l’office quotidien à la sainte communion, nous louons les bénédictions de Dieu et nous prions pour la grâce dont nous avons besoin pour rendre manifeste ces bénédictions dans le monde, pour “accomplir [son] œuvre”.8 On retrouve ce motif dans le rite du mariage qui célèbre la bénédiction de Dieu pour les engagements 8 Prière d’après communion, LPC, 366. 24 Foi, espoir et amour d’amour, non pas dans le seul intérêt du couple, mais aussi dans celui du monde, qui a besoin de ces témoignages d’amour et de fidélité. Dans ce rite, l’assemblée prie pour le couple, pour que Dieu fasse “que leur vie commune soit un signe de l’amour du Christ envers ce monde de déchirure et de péché; que l’unité triomphe de la séparation, que le pardon guérisse l’offense, que la joie fasse la conquête du désespoir.”9 La bénédiction d’alliance de couple par Dieu donne au couple la capacité et le pouvoir d’être des missionnaires de la grâce. Qui plus est, avec la bénédiction et l’envoi, l’Église revendique notre part dans l’accomplissement du salut; nous collaborons avec Dieu comme annonciateurs et instruments de sa nouvelle création. “Le salut du monde n’est pas terminé et donc l’histoire de l’humanité n’est pas terminée. L’Histoire va quelque part, mais nous n’y sommes pas encore”, nous rappelle un théologien. “L’Église existe pour réaliser l’œuvre de Dieu et pour être ce que Dieu réalisera jusqu’à la Fin.” Ce que Dieu a accompli et continuera à accomplir dans la vie de l’Église manifeste “non seulement la bonté inhérente à la création, mais la possibilité d’une création nouvelle, de réparation, de justice et de pardon.” Et donc l’Église bénit afin de réaliser son “projet ‘eschatologique’ de devenir le Royaume.”10 La vision eschatologique de la vie de culte et de mission de l’Église porte en elle le potentiel pour approfondir notre réflexion commune sur la signification même de la bénédiction. En bénissant et en étant bénis, nous nous joignons à la grande œuvre de salut que Dieu accomplit depuis toujours, continue d’accomplir et accomplira jusqu’à la Fin. En effet, cette vision élargie de la bénédiction, enracinée dans l’alliance que Dieu a faite avec nous en Christ, conduit Paul à déclarer que la mission de réconciliation de Dieu a été confiée à tous ceux qui ont été bénis par cette promesse d’une nouvelle création (2 Corinthiens 5.17-19). Les couples de même sexe et la mission de l’Église En répondant à l’appel à prendre part à la mission de Dieu dans le monde, l’Église doit être particulièrement attentive aux circonstances culturelles dans lesquelles la Bonne Nouvelle de l’Évangile est annoncée. Au cours des soixante dernières années, aux États-Unis (entre autres), la sociologie, la psychologie et les sciences biomédicales ont contribué à un changement progressif dans la perception culturelle 9 LPC, 429. 10 Charles Hefling, “What Do We Bless and Why?” Anglican Theological Review 85:1 (Hiver 2003): 91-93. Foi, espoir et amour 25 de la complexité de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre. L’Association américaine de psychiatrie, par exemple, ne considère plus l’homosexualité comme une pathologie,11 ce qui était encore le cas au milieu du XXe siècle. De nos jours, les gays et les lesbiennes participent ouvertement à presque toutes les professions et tous les aspects de la vie sociale. Beaucoup forment ouvertement des couples stables et certains élèvent des enfants dans leur famille. De nombreuses églises, y compris l’Église Épiscopale, ont discerné dans les couples de même sexe le potentiel d’une vie sainte portant les fruits de l’Esprit, la même vie pour laquelle nous prions pour ceux qui s’engagent dans le mariage et ses bénédictions.12 Ce changement culturel concernant la sexualité a un impact sur la mission générale et pastorale de l’Église. La Convention générale de 2000, par exemple, a identifié certaines caractéristiques que l’Église attend de tous les couples engagés dans une relation à vie: “fidélité, monogamie, affection réciproque et respect, une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu.”13 De façon significative, la Convention a formulé cette résolution en termes de mission. Être témoins de l’œuvre de l’Esprit dans les couples de même sexe, de la même manière que nous le sommes pour un couple de sexes opposés, peut élargir – et dans bien des lieux a déjà élargi – la compréhension qu’a l’Église de sa participation à la mission de Dieu de réconciliation dans le monde. De nombreux gays et lesbiennes (entre autres personnes) qui voient des couples de même sexe échanger des vœux et recevoir une bénédiction sont de ce fait encouragés à venir chercher le soutien de l’Église pour approfondir leur propre engagement. En retour, ils offrent leurs dons pour le ministère de la communauté, des dons qui contribuent à la mission de l’Église de “restaurer tous les peuples dans l’unité avec Dieu et ainsi de les réunir en Jésus-Christ.”14 Quand l’Église donne la bénédiction de Dieu à des couples de même sexe qui élèvent des 11 “Toutes les grandes organisations professionnelles de santé mentale ont déclaré que l’homosexualité n’était pas une maladie mentale. En 1973, l’Association américaine de psychiatrie a enlevé l’homosexualité de son manuel officiel de diagnostique, Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders (DSM).” Extrait de “Let’s Talk Facts about Sexual Orientation”, document produit par l’Association américaine de psychiatrie, http://www. healthyminds.org/Document-Library/Brochure-Library/Lets-Talk-Facts-Sexual-Orientation. aspx?FT=.pdf. 12 To Set Our Hope on Christ, 24-25. Pour une présentation et une analyse plus large, se référer à la collection d’essais éditée par Walter Wink, Homosexuality and Christian Faith: Questions of Conscience for the Churches (Minneapolis: Fortress Press, 1999). 13 Résolution 2000-D039 de la Convention générale. Les Écritures reflètent une approche similaire pour discerner la preuve d’une grâce divine et de l’œuvre de l’Esprit quand, par exemple, Jésus utilise l’analogie de juger un arbre par la qualité des fruits qu’il donne (Matthieu 7.16-18) et Luc (6.43). 14 “Exposé de la foi”, LPC, 855. 26 Foi, espoir et amour enfants, ces enfants peuvent ainsi mieux comprendre la sainteté de leur famille, et la famille peut, elle, recevoir les mêmes soutiens et encouragements de la part de l’Église que des couples de sexes opposés. La bénédiction de couples de même sexe dans la communauté de foi peut aussi devenir une occasion de réconciliation entre les membres d’une famille, y compris ceux qui n’ont pas accepté, voire ont rejeté, leurs parents gays et lesbiens. Les personnes hétérosexuelles peuvent aussi voir leur vocation et leur ministère agrandis et renforcés par ces bénédictions, de la même façon que cela peut leur arriver lors de la célébration d’un mariage ou d’une profession de foi publique pour un ministère ou une communauté. En d’autres mots, les dons discernés dans leur vie et leur couple par des gays et lesbiennes n’existent pas pour eux seuls. Un prêtre épiscopalien a observé: “De plus en plus, nous voyons des lesbiennes et des gays, des personnes qui, il y a encore une génération, se seraient cachées dans l’ombre de notre église, se manifester maintenant dans notre communauté. Ils contribuent librement et ouvertement par leurs dons, leurs forces, leur loyauté et leur sagesse à l’ensemble de la communauté. Et les personnes hétérosexuelles qui les ont vus se sont à leur tour senties libres de se donner plus généreusement.”15 Les amis des couples de même sexe et bien d’autres personnes ont aussi remarqué ces bénédictions qui leur permettent de rencontrer un accueil évangélique expansif et généreux. En étant témoins de la grâce de ces alliances et de la générosité de l’accueil de l’Église, bien des amis seront attirés par la communauté de foi, peut-être pour la première fois ou peut-être après l’avoir abandonnée par le passé. Cela a déjà été le cas dans plusieurs congrégations et diocèses de l’Église Épiscopale. Le défi de la bénédiction de Dieu pour mission Les Écritures attestent de moments clefs durant lesquels des auteurs bibliques mettent leurs communautés au défi d’élargir leur vision de l’œuvre de salut de Dieu dans le monde, ou durant lesquels les auteurs eux-mêmes sont mis au défi par la parole divine de voir audelà de leurs limites. Les anciens Israélites, par exemple, ont eu du mal à accepter l’étendue de leur bénédiction d’alliance. Ésaïe les a encouragés à s’assurer que toutes les nations – pas simplement la leur – affluent vers la montagne de Dieu (Ésaïe 2.1-4). L’Église, à ses débuts, n’échappa pas à cette difficulté. 15 L. William Countryman, “The Big House of Classic Anglicanism”, extrait d’un discours fait à la conférence Claiming the Blessing à St. Louis, Missouri, en novembre 2002. Texte cité dans Claiming the Blessing, la déclaration théologique de la coalition Claiming the Blessing, page 11; http://www.claimingtheblessing.org/files/pdf/CTBTheology_Final_.pdf. Foi, espoir et amour 27 Dans les Actes des Apôtres, on trouve les hésitations de Pierre à dépasser les limites traditionnelles entre ce qui est pur et impur lors de sa rencontre avec Corneille, un centurion romain (Actes 10). Au cours d’une vision, Pierre entend Dieu l’exhorter à manger certains animaux impurs, en désobéissance directe avec les injonctions du Lévitique 11. Cette vision amena Pierre à reconsidérer si l’œuvre de salut et de bénédiction de Dieu ne pouvait pas se trouver dans des lieux et parmi des personnes qu’auparavant il n’avait pas jugés possibles. Quand il fut interrogé sur cette vision élargie, Pierre déclara: “Dieu m’a montré que je ne devais jamais considérer personne comme impur ou indigne d’être fréquenté.” (Actes 10.28) À ceux qui étaient surpris et peut-être scandalisés par l’extension des Évangiles aux Gentils, Pierre demanda: “Pourrait-on empêcher ces gens d’être baptisés d’eau, maintenant qu’ils ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous?” (Actes 10.47)16 Très souvent, dans l’histoire d’Israël et des débuts de l’Église, répondre au défi de la grâce extravagante de Dieu et de la richesse de la bénédiction divine a permis d’étendre la mission de Dieu dans le monde au-delà de ce que l’on pouvait imaginer. L’amour fidèle et l’engagement par alliance des couples gays et lesbiens représentent un défi similaire pour l’Église d’aujourd’hui. Nombreux sont ceux au sein de l’Église Épiscopale et d’autres communions chrétiennes qui ont reconnu et discerné la présence et l’œuvre de l’Esprit dans ces couples de même sexe, et qui demandent au peuple de Dieu de méditer sur les raisons pour lesquelles nous refuserions une affirmation publique de bénédiction à des personnes ayant reçu le Saint-Esprit. Plus important encore, cette période dans la vie de l’Église Épiscopale nous appelle tous à reconsidérer la richesse des bénédictions que nous avons reçues par la grâce de Dieu en Christ et à travers le Saint-Esprit. Ces bénédictions, en retour, donnent vie au ministère de réconciliation que Dieu nous a donné, nous faisant les ambassadeurs de la nouvelle création en train de se révéler parmi nous, en ce moment même. 16 Paul décrit sa confrontation avec Pierre sur ce même sujet dans Galates 2.1-21. 28 Foi, espoir et amour 2. La joie de l’Église: une théologie de la bénédiction Dans le pays, ceux qui voudront souhaiter à d’autres d’être bénis le feront en prononçant le nom de Dieu sur qui l’on peut compter. — Ésaïe 65.16 Ils se tenaient continuellement dans le temple et louaient Dieu. — Luc 24.53 “Bénis sois-tu, Seigneur Dieu, maître de l’univers, qui as créé toute chose pour ta gloire!” Cette bénédiction classique de la tradition juive donne le ton pour toute réflexion théologique sur ce que signifie donner et recevoir une bénédiction. Plutôt que lui-même, d’autres personnes, des animaux, des lieux ou d’autres choses, le peuple de Dieu bénit d’abord et avant tout Dieu, le donneur de vie et créateur de toute chose. Faire preuve de discernement, louer et bénir Dieu pour les raisons infinies qu’il nous donne de le faire, est au cœur de l’œuvre de l’Église dans le monde. En effet, au cœur du culte chrétien se trouve l’eucharistie, ou “action de Grâces”, durant laquelle nous levons “la coupe de bénédictions” (1 Corinthiens 10.16). Dans un contexte anglican, l’œuvre de l’Église dans le monde est façonnée par la prière commune et la louange. En plus de la lecture des Écritures et de la méditation par la prière, les anglicans se sont toujours reposés sur notre vie liturgique commune pour discerner la présence de Dieu et la façon dont Dieu nous appelle à vivre dans le monde en tant que témoins de l’Évangile de Jésus-Christ dans le pouvoir du Saint-Esprit. Dieu agit toujours et partout, et la communauté de foi se rassemble pour discerner Ses actions et les rendre toujours plus visibles. Même si les membres du clergé sont appelés à participer à l’œuvre de l’Église de façon particulière, ils partagent ce travail avec l’ensemble Foi, espoir et amour 29 de la communauté des baptisés. Dans leur vocation sacramentelle, les membres du clergé guident la communauté en donnant des signes visibles de la grâce intérieure spirituelle présente parmi le peuple de Dieu. En d’autres mots, ce ne sont pas eux qui “créent la grâce” là où il n’y en aurait pas déjà, mais bien le Corps du Christ qui, de façons nombreuses et variées, proclame l’œuvre de grâce de Dieu parmi nous. Cette proclamation offre l’assurance de la grâce de Dieu qui nous a été promise en Christ, ainsi qu’un appui alors que nous nous efforçons de manifester les fruits de l’Esprit dans nos vies quotidiennes. Nombreux sont ceux dans l’Église Épiscopale et d’autres communions chrétiennes qui croient que la célébration de bénédictions d’alliance de couple de même sexe fait aussi partie du devoir de l’Église d’offrir des signes visibles de la grâce de Dieu. Si “bénir” a des significations multiples, l’origine en est toujours en Dieu, ce que l’Église reconnaît quotidiennement: “Nous te bénissons pour notre création, notre protection et toutes les bénédictions de cette vie; mais par-dessus tout pour ton amour incommensurable dans le salut pour le monde à travers notre Seigneur Jésus-Christ; pour la grâce et l’espoir de gloire.”17 L’Église participe à cette bénédiction fondamentale et divine de trois manières interconnectées: en rendant grâce à Dieu pour sa bonté et ses faveurs; en cherchant la grâce et les faveurs continues de Dieu pour pouvoir manifester pleinement la gratitude dans nos vies; et en recevant par le Saint-Esprit le pouvoir de témoigner de cette grâce au monde. Ce caractère triple de la bénédiction reconnaît ce qui est déjà présent, c’est-à-dire la grâce de Dieu, mais il fait aussi quelque chose de plus: il établit une nouvelle réalité. Le pain et le vin, par exemple, une fois bénis à la table de la sainte communion sont différenciés de leur usage ordinaire et sont désignés pour un but sacré spécifique. De la même façon, l’affirmation publique de la bénédiction divine d’une alliance de couple distingue ce couple des autres. Le peuple de Dieu s’attend à ce que cette bénédiction porte les fruits de la grâce de Dieu de façons spécifiques, rendant le couple béni par une telle alliance responsable devant la communauté de foi, mais aussi devant Dieu et l’un envers l’autre. La communauté, en retour, est tenue responsable d’encourager, soutenir et prendre soin de la relation bénie tandis que le couple cherche à grandir ensemble dans la sainteté de vie. En bref, la grâce et la bénédiction de Dieu déjà discernées dans une relation de couple ne rendent pas pour autant un rite liturgique de bénédiction redondant. Au contraire, la bénédiction de l’Église accomplit ce qu’elle déclare et de fait change le couple et l’Église. Le 17 “Action de grâce générale,” LPC, 125. 30 Foi, espoir et amour couple devient plus conscient de la faveur de Dieu et reçoit un rôle spécifique, en tant que couple, dans la mission de l’Église dans le monde. De même l’Église est changée: quand elle reçoit et accepte sa mission de soutien du couple dans leur vie et leur ministère, la sainteté de vie est rendue plus visible. Les Écritures nous guident dans cette compréhension de la bénédiction en la mettant en relation à la fois avec la création et avec l’alliance. Dans la Genèse, Dieu déclare que toute la création est bonne, une source de bénédiction pour laquelle nous louons Dieu, le donneur de toutes grâces. Cette bénédiction est encore manifestée dans l’alliance que Dieu fait avec Noé et, par extension, avec toute la création (Genèse 9.6), avec Abraham (Genèse 12.2-3) et, à travers Moïse, avec le peuple d’Israël (Deutéronome 7.12-14). De même, le Nouveau Testament reflète la bénédiction de Dieu sur toute la création quand le Verbe se fait chair en Jésus; cela reflète aussi la bénédiction d’alliance, car la vie, la mort et la résurrection de Jésus nous réconcilient avec Dieu et nous assurent, nous et toute sa création, de son amour constant. Lors du dernier souper avec ses disciples, Jésus rend grâce à Dieu pour le pain et le vin, les signes de la nouvelle alliance (Matthieu 26.26-29). La bénédiction que nous recevons en prenant part à ce repas à la table de la sainte communion nous donne la force pour rendre vivant le pardon et la réconciliation dans toutes nos relations, comme nous appelle à le faire ce repas. Les Écritures témoignent du caractère relationnel de la bénédiction : être en relation avec Dieu n’est pas seulement une bénédiction pour nous, mais devient aussi une bénédiction pour les autres. L’alliance de Dieu avec Israël devient une bénédiction non pas pour Israël seule mais pour “toutes les nations.” C’est la promesse faite à Abraham: “À travers toi, je bénirai toutes les nations de la terre.” (Genèse 12.3b) L’étendue de la bénédiction divine est révélée dans la prise de conscience d’Israël au fil du temps et de différentes manières. “Toutes les nations” faisait évidemment référence aux Gentils, ceux-là même avec qui beaucoup en Israël ne s’attendaient pas à devoir partager les promesses de Dieu. La bénédiction de Dieu étend donc la portée de l’accueil et de l’hospitalité au-delà des proches et des personnes familières pour aussi atteindre l’étranger distant, devenu proche grâce à la générosité de Dieu. Comme Paul le remarquait: “C’est ainsi que la bénédiction promise à Abraham est accordée aussi aux non-Juifs grâce à Jésus-Christ, et que nous recevons tous par la foi l’Esprit promis par Dieu.” (Galates 3.14) La bénédiction de l’alliance de Dieu avec nous en Christ nous donne le pouvoir, à travers l’Esprit, d’offrir une bénédiction expansive et généreuse au monde, par nos pensées, nos paroles et nos actes. La bénédiction de Dieu nous inspire de façon Foi, espoir et amour 31 infinie à devenir des émissaires de la bénédiction divine dans tout ce que nous faisons – dans notre travail, dans nos loisirs et dans nos relations. Dans tout ceci, la bonté de Dieu dans nos vies devient une bénédiction pour les autres, nos proches comme nos moins proches. En tant que chrétiens, le baptême et l’eucharistie concentrent notre attention sur les bénédictions du mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ. Ces bénédictions, en retour, nous encouragent à discerner toutes les autres fois où la grâce de Dieu se manifeste, aussi bien dans la création que dans l’alliance. La bonté de Dieu fait que toute chose dans la création peut être potentiellement porteuse de grâce, y compris l’amour et la fidélité dans l’alliance de couple, par laquelle nous vivons notre appel à manifester la tendresse divine. Ainsi, l’Église est en discernement constant pour voir où la bonté de Dieu, la grâce du Christ et les dons du Saint-Esprit l’exhortent à manifester la bénédiction de Dieu pour autrui et, en réponse, à rendre grâce à Dieu avec des cœurs et des vies pleins de gratitudes et de louanges. Un autre aspect du témoignage biblique mérite notre attention: l’accent mis sur l’abondance. Au milieu da la traversée du désert, Moïse frappe un rocher et “de grandes quantités d’eau en jaillirent” pour le peuple d’Israël (Nombres 20.11). “Comme la vigne”, lisonsnous dans l’Ecclésiastique, “j’ai produit des fleurs d’une agréable odeur, et mes fleurs ont donné des fruits de gloire et de richesse.” (Ecclésiastique 24:17) “Tu prépares un banquet pour moi”, déclare le psalmiste, et “tu remplis ma coupe jusqu’au bord.” (Psaumes 23.5) “Donnez aux autres et Dieu vous donnera”, dit Jésus. “On versera dans la grande poche de votre vêtement une bonne mesure, bien serrée et secouée, débordante.” (Luc 6.38) Et aux chrétiens de Corinthe, Paul déclare: “Et Dieu a le pouvoir de vous combler de toutes sortes de biens, afin que vous ayez toujours tout le nécessaire et, en plus, de quoi contribuer à toutes les œuvres bonnes.” (2 Corinthiens 9.8) Les Écritures nous invitent, en d’autres termes, à voir la bénédiction de la bonté de Dieu non pas comme une denrée rare à amasser ou à protéger, mais bien comme un puits d’amour infini et de grâce éternelle – un véritable débordement de richesses divines. Dans une alliance sacrée de couple, l’abondance de Dieu apparaît sous différentes formes, notamment le compagnonnage, l’amitié et la joie mutuelle de l’intimité. En affirmant et en reconnaissant publiquement cette bénédiction d’abondance déjà présente dans les alliances de couple, y compris celles des couples de même sexe, l’Église s’attend à ce que ces relations manifestent la grâce de Dieu, les dons de l’Esprit et la sainteté de vie. La parabole fondatrice du fils prodigue renforce encore le témoignage biblique de l’amour et la grâce abondants de Dieu. Dans ce passage, 32 Foi, espoir et amour Dieu répand l’abondance de la bénédiction divine sur tous, sans tenir compte du mérite et des circonstances. Quand le fils prodigue décide finalement de revenir à la maison paternelle, espérant obtenir, au mieux, le statut d’esclave, son père se précipite à sa rencontre, l’accueille chez lui et prépare même un festin somptueux en son honneur. “Tandis qu’il était encore assez loin de la maison”, dit Jésus, et donc avant que le fils n’ait pu exprimer le moindre mot de repentir, “son père le vit et en eut profondément pitié: il courut à sa rencontre, le serra contre lui et l’embrassa.” (Luc 15.20) Dans nos vies, comme dans la parabole, Dieu nous couvre de bénédictions pour que nous puissions recevoir la vie en abondance, même si nous n’avons rien fait pour mériter ces bénédictions. Cette parabole suggère que l’abondance de ce foyer est plus que suffisante pour accueillir le fils cadet. L’abondance de ce foyer est même plus que suffisante pour accueillir le fils aîné plein de ressentiments, qui rechigne à une telle célébration pour son frère dissipé. Le foyer déborde d’abondance, y compris pour l’aîné, si seulement celui-ci ouvrait son cœur pour la recevoir (Luc 15.29-31). Les deux fils, dans la parabole de Jésus, sont des rappels puissants que la bénédiction de la bonté divine ne transforme pas automatiquement nos vies: nous devons être prêts à recevoir une telle grâce. Et pourtant, quand nous ne sommes pas prêts, Dieu continue d’offrir sa bénédiction en abondance. L’enseignement de Jésus revient de façon répétée sur ce point, comme dans la parabole du semeur (Marc 4.3-8) et celle du grand repas de mariage (Matthieu 22.1-10), ou bien lorsqu’il nourrit plus de cinq mille personnes avec juste cinq pains et deux poissons (Luc 9.12-17). La participation de l’Église à la bénédiction divine peut aider chacun d’entre nous à s’ouvrir à l’abondance de la bonté de Dieu. La vie liturgique de l’Église, c’est-à-dire notre pratique de la prière commune et de la louange, peut créer un espace où le peuple de Dieu ouvre son cœur et son esprit pour recevoir la grâce de Dieu qui lui est offerte. Pour ceux qui sont dans une alliance de couple, cet espace d’intentions (pour à la fois entendre la grâce dans leur vie et louer Dieu en retour) est un ancrage significatif, voire essentiel, dans l’approfondissement et le renforcement de leur vie l’un avec l’autre, mais aussi avec la communauté et avec Dieu. Dans les bénédictions d’alliance de couple, tout comme dans l’eucharistie, nous louons Dieu pour l’abondance de ses bontés et prions pour que la présence du Saint-Esprit nous inspire pour accomplir l’œuvre que Dieu nous a donné à faire dans le monde. La bénédiction de la table de la sainte communion nous désigne comme le Corps du Christ dans le monde, appelé à proclamer les Évangiles, de la même façon que la bénédiction d’alliance de Foi, espoir et amour 33 couple désigne ce couple comme “un signe de l’amour du Christ envers ce monde de déchirures et de péché; que l’unité triomphe de la séparation, que le pardon guérisse l’offense, que la joie fasse la conquête du désespoir.”18 Discerner, donner, chercher et rendre une bénédiction décrit bien le travail de l’Église. Plus encore, c’est la joie de l’Église. Paul appelait les chrétiens de Rome à se réjouir: “Réjouissez-vous avec ceux qui sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent.” (Romains 12.15) Les premiers chrétiens s’abandonnaient à la joie, car “ils se tenaient continuellement dans le temple et louaient Dieu” pour célébrer la victoire de Christ sur la mort (Luc 24.53). Quelles que soient les circonstances, à chaque fois que l’Église discerne des exemples particuliers de l’abondance de la bonté de Dieu, l’Église loue Dieu pour ce don. Nous demandons aussi à Dieu la grâce de vivre ce don pleinement, pour témoigner dans la joie de la bénédiction dans le monde. 18 Célébration et bénédiction de mariage, LPC, 429. 34 Foi, espoir et amour 3. La vie de l’Église: l’alliance Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés pour être unis à Jésus-Christ, nous avons été baptisés en étant associés à sa mort? Par le baptême, donc, nous avons été mis au tombeau avec lui pour être associés à sa mort, afin que tout comme le Christ a été ramené d’entre les morts par la puissance glorieuse du Père, nous aussi nous vivions d’une vie nouvelle. — Romains 6.3-4 Création, baptême et eucharistie Les alliances ont pris des formes variées au fil du temps et des différents contextes culturels. Les Écritures comme l’histoire chrétienne reflètent aussi cette diversité. La plus familière des alliances est le mariage, les prophètes hébreux et les auteurs du Nouveau Testament s’en sont servis pour décrire la volonté et l’engagement de Dieu à être en relation avec nous (Ésaïe 62.5, Éphésiens 5.21-33). Le mariage lui-même a endossé des formes très variées au cours des siècles, mais continue toujours d’être un modèle pour un certain nombre d’autres alliances telles que les vœux de la vie religieuse ou l’ordination. En 2000, la Convention générale a identifié certaines caractéristiques que l’Église attend d’un engagement de couple à vie: “fidélité, monogamie, affection réciproque et respect, une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu.” (Résolution D039) Ces caractéristiques décrivent bien ce que nous entendons par “alliance” dans notre réflexion théologique sur les couples de même sexe. Un couple met en acte sa décision d’entrer dans un engagement de fidélité et de responsabilité dans la maison de Dieu, l’Église, Foi, espoir et amour 35 en échangeant des promesses, et l’Église répond en prononçant la bénédiction de Dieu. L’alliance a alors le potentiel pour refléter pour l’Église l’alliance pleine de grâce que Dieu a faite avec nous à travers le mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ, que l’Église célèbre dans le baptême et l’eucharistie. Certains trouveront ce type de réflexion théologique sur les couples de même sexe inhabituel et peut-être injustifié. Beaucoup de couples de sexes opposés trouveront, de leur côté, que c’est une nouvelle façon de concevoir leurs propres vœux de mariage. Ainsi, la résolution C056 de la Convention générale de 2009 qui demandait ces ressources théologiques devient une occasion de réfléchir plus largement sur le rôle de l’alliance dans la vie de l’Église. Se faisant, la bénédiction de couples de même sexe peut alors être comprise dans le cadre plus large de la vie sacramentelle de l’Église et de sa mission dans le monde. Le cadre de l’alliance de couple commence par la déclaration de Dieu que la création est une chose bonne (Genèse 1.31). Ceci nous inspire pour rendre grâce à Dieu, le créateur de toute chose. Le ciel proclame la gloire de Dieu, nous rappelle le psalmiste, et la terre proclame l’œuvre de Dieu (Psaume 19.1). Ainsi, même dans les fragilités, les limitations et les afflictions de la création, les auteurs bibliques ont discerné les signes du pouvoir providentiel, de l’amour constant et de la grâce de Dieu. L’Église célèbre la bonté de Dieu dans ses louanges et dans les signes sacramentaux de la bénédiction de Dieu. Ces “signes visibles de la grâce intérieure spirituelle” manifestent la présence transformatrice de Dieu et sont donc “des moyens sûrs et certains de recevoir cette grâce.”19 En tête de ces signes se trouvent le baptême et l’eucharistie, directement dérivés de la vie et du ministère de Jésus-Christ. La réconciliation, la confirmation, le mariage, l’ordination et l’onction, chacun à sa façon, manifestent aussi la grâce de Dieu à des moments clefs de la vie chrétienne, mais ce sont loin d’être les seules occasions de la manifester.20 En tant que disciples de Jésus, l’incarnation de la Parole de Dieu, nous sommes appelés à faire connaître en toute chose et en toute circonstance l’amour créateur, rédempteur et constant de Dieu dans nos vies quotidiennes et dans nos relations. La vie sacramentelle de l’Église met l’accent sur cet appel de façon spécifique. Le baptême et l’eucharistie récapitulent l’arc historique du salut dans la création, le péché, le jugement, le repentir et la rédemption, ou l’accomplissement de toute la création en présence de Dieu.21 Dans le baptême, nous prenons part au mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ, et le Saint-Esprit nous donne le pouvoir de 19 “Exposé de la foi”, LPC, 857. 20 “Exposé de la foi”, LPC, 857-58, 861. 21 Voir “Action de grâce sur l’eau”, LPC, 306-307; Romains 8.18-25; et 1 Corinthiens 15.28. 36 Foi, espoir et amour vivre plus pleinement dans la sainteté de vie à laquelle Dieu nous appelle. Cet acte sacramental manifeste l’alliance éternelle que Dieu a faite avec nous, déclare que nous sommes les bien-aimés de Dieu, héritiers de ses promesses et amis de Dieu22; nous recevons le sceau du Saint-Esprit et la marque de notre appartenance au Christ pour toujours.23 Ce signe de l’alliance de Dieu est irrévocable et ne repose pas sur notre adhésion mais plutôt sur la grâce de la bonté de Dieu en Jésus-Christ. En tant que membres du Corps du Christ, nous nous engageons à vivre de façon appropriée au regard de ce corps auquel nous appartenons. Cette façon de vivre est résumée dans les deux grands commandements: aimer Dieu de tout notre cœur et aimer notre prochain comme nous-même.24 Même si inévitablement nous sommes loin de parvenir à remplir ces engagements, l’amour constant de Dieu lui fait maintenir son alliance avec nous, et Dieu tout à la fois cherche et participe à notre retour à la fidélité. Dans l’Église Épiscopale, la signification du baptême dans la vie et la foi chrétiennes devint encore plus claire avec la ratification en 1979 du Livre de la prière commune. L’alliance baptismale détermine le rite du Saint Baptême en commençant par une affirmation de foi (le Credo des Apôtres), suivie par cinq promesses distinctes faites par (ou au nom de) ceux qui sont baptisés: être assidu à l’enseignement des Apôtres et à la communion fraternelle; persévérer dans sa résistance au mal; proclamer la Bonne Nouvelle en Christ; chercher et servir Christ en chaque personne rencontrée; lutter pour la justice et la paix, et respecter la dignité de chaque être humain.25 Le rite commence, en d’autres termes, par la mission trinitaire divine de l’amour créateur, rédempteur et constant dans le monde. Les promesses que nous faisons sont en réponse à cette mission divine, elles constituent notre vœu d’engagement à participer à cette mission – toujours “avec l’aide de Dieu”. En tant qu’épiscopaliens, cette approche de la théologie du baptême continue de nous guider et de nourrir notre discernement par la prière, qui est enraciné dans l’alliance faite avec nous par Dieu à travers le Verbe fait chair (Jean 1.14).26 Dans le travail de rédemption de l’Incarnation, Dieu ouvre à toute la création l’union avec Dieu, l’élevant vers la perfection à travers la résurrection et l’ascension du Christ, quand Dieu sera tout en tout (1 Corinthiens 15.28). Dans l’eucharistie, nous célébrons cette action 22 “Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître. Je vous appelle amis.” (Jean 15.15) Voir aussi Grégoire de Nysse, qui pensait que notre incorporation dans le Corps du Christ faisait de nous les “amis” de Dieu (Orat. in 1 Cor. xv.28). 23 Le baptême, LPC, 308. 24 Voir Deutéronome 6.5, Lévitique 19.18, et Matthieu 22.37-40. 25 LPC, 304-305. 26 Voir Louis Weil, A Theology of Worship, The New Church’s Teaching Series, vol. 12 (Cambridge, MA: Cowley Publications, 2002), 11-22. Foi, espoir et amour 37 transformative, accomplie à travers l’offrande du Corps et du Sang du Christ, qui nourrit nos corps et nos âmes, nous permettant de prendre part à la mission de Dieu de réconciliation dans le monde. Dans l’eucharistie, nos vies éparpillées sont réunies dans une seule offrande à Dieu, le donneur de toute chose. En tant que communauté réunie dans la prière, nous réaffirmons notre participation à l’alliance avec Dieu en écoutant sa parole sacrée, nous confessons et recevons le pardon pour nos péchés, et nous nous joignons à tous les saints en prière pour l’Église et le monde. Dieu reçoit les dons que nous apportons, aussi limités et imparfaits soient-ils, les bénit, et nous les rend comme le pain du ciel. En étant nourris par le Corps et le Sang du Christ, nous sommes plongés toujours plus profondément dans la sainteté de vie, en conformité avec Christ. À la table, nous recevons un avantgoût du banquet céleste auquel tous sont conviés par Dieu, un avantgoût qui clarifie et renforce notre désir de l’amour de Dieu. Avec la bénédiction et l’envoi, le Saint-Esprit nous donne le pouvoir de prendre part à l’œuvre de Dieu d’amener toutes choses à la consécration et la plénitude pour lesquelles Dieu les a créées. De plus, célébrer l’eucharistie ensemble nous renvoie à toutes les autres tables autour desquelles nous nous réunissons dans nos foyers et cela nous amène à les voir comme des lieux où le Christ est présent. Le modèle de l’eucharistie – souvent décrit par les actions de prendre, bénir, partager et donner – définit toutes les relations que nous amenons dans notre vie baptismale avec Dieu. Nous prenons ces relations, bénissons Dieu pour ce qu’elles ont de bon, demandons à Dieu de les bénir et les partager pour les ouvrir encore plus à la grâce divine, pour que nous puissions les donner au monde comme témoignages de l’Évangile de Jésus-Christ. Le baptême et l’eucharistie, en tant que sacrements de l’alliance d’amour créateur, rédempteur et constant de Dieu, définissent nos vies chrétiennes dans la relation à Dieu et à sa création; c’est un appel à vivre avec amour, compassion, justice et en paix avec toute créature, ami ou ennemi, proche ou étranger. Nous sommes non seulement appelés à vivre ainsi, mais ces sacrements nous rendent plus forts pour atteindre à cette vie. La vie sacramentelle de l’Église nous renforce pour nous donner et recevoir des autres, en contribuant à la venue du royaume de Dieu “sur la terre comme au ciel” (Matthieu 6.10) et en annonçant le Christ jusqu’à son retour (1 Corinthiens 11.26). À travers le baptême et l’eucharistie, nous sommes emmenés et soutenus dans toutes ces relations. Et en premier lieu dans notre relation à Dieu notre créateur, notre rédempteur et notre soutien. Nous participons à bien d’autres relations avec des gens très différents, des communautés et des institutions que nous sommes amenés à rencontrer à travers le 38 Foi, espoir et amour monde. Toutes ces relations nous appellent à témoigner de l’Évangile, précisément car nos vies en tant que créatures de Dieu sont constituées de relations ; nous sommes créés à l’image trinitaire de Dieu, une image par nature relationnelle et enracinée dans l’amour.27 En conséquence, les couples de même sexe appartiennent à ce grand réseau de relations dans lequel nous sommes appelés à témoigner de l’Évangile. Dans la prochaine partie, nous allons considérer la bénédiction de couples de même sexe dans ce contexte, en commençant par l’appel fondamental que nous partageons tous d’aimer notre prochain comme nous-même. Puisque Dieu nous appelle à des formes spécifiques d’engagements amoureux, nous nous pencherons sur trois aspects interdépendants de cet appel: faire alliance, un foyer chrétien et une intimité fidèle. Aimer son prochain comme soi-même Les chrétiens essayent de modeler toutes leurs relations sur l’amour, la grâce et la compassion du Christ, d’aimer notre prochain, proche ou éloigné, comme nous-mêmes. Aimer les autres n’est possible que par la grâce de Dieu, qui nous a aimés en premier (1 Jean 4.19). Le baptême et l’eucharistie nous envoient régulièrement à la rencontre de tous nos prochains, avec lesquels nous apprenons encore et encore la bénédiction de nous donner et de recevoir d’autrui dans l’hospitalité évangélique. L’hospitalité va plus loin que les bonnes manières. Les Écritures voient l’hospitalité envers les amis et les étrangers comme les fruits de l’alliance et une preuve d’obéissance.28 L’histoire de la destruction de Sodome dans Genèse 19, un rappel biblique particulièrement dramatique de l’importance de l’hospitalité, a été souvent citée par les opposants à la bénédiction de couples de même sexe. Toutefois, de telles interprétations de ce passage ne reposent pas tant sur le texte biblique lui-même que sur la façon dont cette histoire a été culturellement accueillie pendant des siècles en Europe.29 27 “Exposé de la foi”, LPC, 845. 28 Voir, entre autres, Exode 22.21, Lévitique 19.34, Deutéronome 24.19-21, Malachie 3.5, et Hébreux 13.2. Pour une présentation et une analyse de la place centrale de l’hospitalité dans les Écritures au début de la chrétienté, voir Amos Yong, Hospitality and the Other: Pentecost, Christian Practices, and the Neighbor (Maryknoll, NY: Orbis Books, 2008). 29 Le terme “sodomie”, par exemple, n’apparaît pas dans les Écritures et ce qu’il a fini par signifier (y compris dans la jurisprudence des pays de l’Atlantique Nord) n’est en rien connecté aux références bibliques. Voir Jay Emerson Johnson, “Sodomy and Gendered Love: Reading Genesis 19 in the Anglican Communion,” dans The Oxford Handbook of the Reception History of the Bible, ed. Michael Lieb, Emma Mason, and Jonathan Roberts (Oxford: Oxford University Press, 2010), 413-34; et Michael Carden, Sodomy: A History of a Christian Biblical Myth (London: Equinox Publishing, 2004). Foi, espoir et amour 39 Dans ce passage, l’histoire tourne autour de la question suivante: savoir si certains visiteurs de passage à Sodome seront reçus avec grâce et hospitalité par les habitants de la cité, ou si au contraire ils seront exploités voire même violés. Le péché des habitants de Sodome se réfère donc explicitement aux codes de l’hospitalité dans l’ancien Proche-Orient plutôt qu’aux relations entre personnes de même sexe.30 D’autres auteurs bibliques qui se réfèrent à Sodome ne mettent jamais en avant la sexualité – ou ne la mentionne même pas. Ézéchiel, par exemple, en fait une interprétation très directe: “Voici qu’elle fut ses fautes: Sodome a vécu dans l’orgueil, le rassasiement et une tranquille insouciance, elle n’a pas secouru les pauvres et les défavorisés.” (Ézéchiel 16.49)31 Jésus évoque l’histoire de Sodome non pas dans le contexte de l’enseignement d’une éthique sexuelle, mais lorsqu’il envoie ses disciples pour œuvrer en son nom. Ceux qui ne reçoivent pas ses disciples, promet-il, seront traités plus sévèrement que les habitants de Sodome (Matthieu 10.15). La menace souligne la place centrale de l’hospitalité dans cette ancienne histoire.32 Dès les années 1950, les spécialistes de la Bible ont tenté de replacer Genèse 19 dans son contexte culturel d’origine et de relancer une approche interprétative de cette histoire qui soit en résonance avec les auteurs et témoins bibliques.33 Dans cette interprétation, Genèse 19 s’applique à tous et non à quelques-uns et l’enseignement est celui de la primauté de l’hospitalité, ou autrement dit d’aimer son prochain, comme Jésus lui-même nous l’a commandé.34 Nous manifestons cet 30 La définition de “sodomie” a beaucoup varié au cours de l’histoire chrétienne et s’est focalisée exclusivement sur un acte sexuel particulier entre deux hommes au XIe siècle. Voir Mark D. Jordan, L’Invention de la sodomie dans la théologie médiévale (éd. EPEL, 2007). 31 La description d’Ézéchiel représente l’approche la plus couramment choisie par les auteurs dans la Bible hébraïque, dans laquelle le péché de Sodome est toujours associé à la violence ou l’injustice. Voir Robin Scroggs, The New Testament and Homosexuality: Contextual Background for Contemporary Debate (Philadelphia: Fortress Press, 1983). Dans le Nouveau Testament, Jude 7 est parfois aussi cité, pourtant ce verset ne décrit pas précisément “leur manière immorale” (cela pourrait se référer au viol, par exemple); les “relations contre nature” des habitants de Sodome pourraient aussi signifier que les étrangers envoyés à Sodome étaient en fait des anges (voir Genèse 6.4). 32 Les auteurs patristiques donnaient une place centrale à l’hospitalité. Voir, par exemple, Origène, Homilia V in Genesim (PG 12.188-89): “Écoutez ceci, vous qui fermez vos maisons à ceux qui demandent l’hospitalité! Écoutez ceci, vous qui fuyez le voyageur comme un ennemi! Lot habitait Sodome. L’Écriture ne rapporte de lui aucune autre bonne action que […] d’avoir ouvert sa maison à l’hospitalité.” Ambroise de Milan, De Abrahamo 1.6:52 (PL 14.440): Lot “a placé l’hospitalité de sa demeure – valeur sacrée même pour un peuple barbare – au-dessus de la chasteté [de ses filles].” Cité par John Boswell, Christianisme, tolérance sociale et homosexualité: les homosexuels en Europe occidentale des débuts de l’ère chrétienne au XIVe siècle (coll. Bibliothèque des histoires, éd. Gallimard, 1985), 98. 33 Un des premiers exemples de cette approche fut le livre de Derrick Sherwin Bailey, Homosexuality and the Western Christian Tradition (London: Longmans, Green, 1955). 34 Certains spécialistes bibliques continuent d’interpréter ce récit comme une condamnation des pratiques homosexuelles. Voir, par exemple, Robert A. J. Gagnon, The Bible and Homosexual Practice: Texts and Hermeneutics (Nashville: Abingdon Press, 2001), 71-91. 40 Foi, espoir et amour amour pour notre prochain de différentes façons, en fonction de chaque individu ou communauté que nous rencontrons, que cela soit dans notre famille, avec des collègues ou des inconnus. Les relations, autrement dit, prennent beaucoup de formes différentes. Parfois, nous choisissons certaines relations en fonction de nos préférences, de nos besoins ou de nos désirs; à d’autres moments, nous sommes dans des relations que nous n’avons pas vraiment choisies, comme c’est le cas avec nos collègues de travail ou un compagnon de voyage. Qui que cela soit, le “prochain” nous offre l’occasion de manifester l’amour de Dieu en Christ. Les Évangiles proclament non seulement l’amour désintéressé que Jésus montra aux disciples qu’il avait choisi, mais aussi l’amour de Jésus pour l’étranger rencontré par hasard, comme dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10.29-37). Christ nous donne l’exemple à suivre dans toutes nos relations, un modèle qui respecte la dignité de chaque personne et qui encourage de donner de soi-même pour le bien d’autrui.35 Les relations sont “des écoles de vertu”, c’est-à-dire des opportunités de prendre des dispositions qui manifestent un amour identique à celui du Christ. En liant les personnes à Dieu et les unes aux autres par le baptême et l’eucharistie, nous sommes appelés à adopter dans toutes nos relations – celles que nous considérons comme personnelles et privées et celles que nous considérons comme professionnelles et publiques – un amour qui se donne et reçoit des autres. Alors que nous faisons notre possible pour répondre à cet appel, nous dépendons de la grâce de Dieu, l’Esprit nous amenant graduellement dans cette union avec Dieu pour laquelle le Christ lui-même priait (Jean 17.11). Nous servons aussi de proclamations vivantes de l’amour créateur, rédempteur et constant de Dieu pour le monde. Étant donné nos limitations, ce témoignage est inévitablement imparfait et parfois ambigu, et pourtant nous continuons de croire que toutes choses concourent au bien (Romains 8.28) en prenant pour exemple dans nos vies et nos relations l’amour de Dieu pour nous et pour le monde. Cet exemple peut ensuite mener à des engagements dans lesquels nous discernons un appel pour une alliance de couple. Appelé à former une alliance Certaines relations d’amour avec nos proches font preuve d’un engagement particulier et profond, qui peut mener à une alliance choisie avec une personne ou une communauté. Les Écritures témoignent de bien des façons de la signification de la formation d’une alliance, mais en particulier comme étant l’expression de la bénédiction de Dieu, 35 “Alliance baptismale”, LPC, 305. Foi, espoir et amour 41 telle que dans l’alliance que Dieu fait avec la création tout entière à travers Noé (Genèse 9.9-13) et avec le peuple d’Israël à travers Abraham (Genèse 12.2-3). Les chrétiens célèbrent l’alliance que Jésus a proclamée et mise en acte lors du dernier repas qu’il a partagé avec ses disciples (Luc 22.20) et que nous marquons avec la “coupe de la Cène” (1 Corinthiens 10.16) à la table eucharistique. Les Écritures nous invitent, en d’autres termes, à voir nos engagements d’alliance les uns envers les autres comme des expressions de l’amour de Dieu et de notre prochain, et aussi comme l’expression de la bénédiction de Dieu. En nous engageant pour le bien d’autrui, nous offrons cet engagement comme un témoignage de l’alliance d’amour de Dieu pour le monde. Nous voyons la bénédiction de Dieu dans ces engagements en nous découvrant de plus en plus capables de manifester une estime et un respect constants pour l’autre, même quand nous nous débattons avec nos limitations et nos défauts. Nous découvrons encore plus la bénédiction de Dieu lorsque nous comprenons, de façon toujours renouvelée, comment une alliance de couple peut améliorer et contribuer au bienêtre des autres, des proches, des étrangers, de l’Église et du monde. Les personnes qui forment une alliance se promettent réciproquement, à la communauté et à Dieu, que leur avenir commun va prendre une forme spécifique, une forme dont ils sont prêts à prendre la responsabilité, pas seulement vis-à-vis de leur partenaire d’alliance, mais aussi plus largement vis-à-vis de la communauté.36 Si les canons de l’Église Épiscopale décrivent le mariage comme l’union d’un homme et d’une femme, le modèle du mariage peut nous aider à comprendre d’autres types d’alliance, tels que les vœux de la vie religieuse ou l’engagement de couples de même sexe. Dans toutes ces alliances, les partenaires promettent d’être honnêtes et de rester fidèles l’un envers l’autre quelles que soient les demandes en temps et énergie de leurs autres obligations ou les engagements possibles avec d’autres personnes. Les partenaires promettent de s’accompagner et de s’aider; ils s’engagent à s’apporter un soutien mutuel pour le bien-être de l’autre. Ces relations portent vitalité et fruits car elles contribuent à la prospérité humaine, à l’intérieur comme à l’extérieur de la relation. La profondeur de l’engagement d’alliance indique que c’est une vocation, une vie de fidélité à laquelle certains sont appelés par Dieu et que Dieu bénit, pour que, par sa grâce, cette bénédiction soit manifestée au monde. En reconnaissant la bénédiction de Dieu et l’œuvre de l’Esprit dans les relations à vie, l’Église célèbre avec à-propos ces moments de vocation d’alliance. Cet appel divin, discerné par le couple et leur communauté de foi, emmène l’Église plus loin dans la mission d’amour rédempteur 36 Voir Margaret A. Farley, Personal Commitments: Beginning, Keeping, Changing (New York: HarperCollins, 1990). 42 Foi, espoir et amour et sanctifié de Dieu dans le monde. Les chrétiens expriment cet appel dans leur façon de vivre avec les autres. Deux aspects de cette façon de vivre méritent ici une attention particulière: la fondation d’un foyer et l’approfondissement d’une intimité fidèle. La vocation du foyer De nos jours, le foyer est le plus souvent associé au mariage et à l’éducation des enfants, pourtant cela n’a pas toujours été le cas. L’histoire de l’Église offre une vision plus large sur la manière dont un foyer peut témoigner de l’Évangile. Puisque c’est en fait Dieu, et non un autre être humain ou tout autre élément de la création, qui nous satisfait et nous complète, certaines personnes sont appelées à ne pas se marier ou à rester seule. Une vie de célibat, qui est différente d’une vie solitaire, peut se vivre dans des foyers de différents types. Vivre ainsi peut permettre à certains d’être plus disponibles en tant qu’amis et compagnons de route; c’est souvent le cas pour ceux qui choisissent la vie religieuse, comme un appel monastique. En effet, pendant la première partie de son histoire (plus de mille ans), l’Église voyait dans les vœux de vie religieuse un appel plus élevé que celui du mariage, une perception qui n’a vraiment changé que durant la réforme protestante. Les formes diverses que peut prendre une vie de célibat choisie peuvent offrir de meilleures opportunités pour la contemplation, le service et la mission, ce que certains voient comme un appel spécifique à une relation plus profonde avec Dieu et le monde. Cela semble être la signification spirituelle que Paul donne au fait de rester non marié (1 Corinthiens 7.25-32). Paul discute aussi de la sexualité humaine en relation à notre alliance de grâce avec Dieu en Christ dans le premier chapitre de sa lettre aux Romains. Ce chapitre, particulièrement dans les versets 26-27, a été utilisé pour soutenir la réticence de l’Église à embrasser l’engagement d’amour fidèle des couples de même sexe et continue d’influencer les conversations dans les communautés chrétiennes. En interprétant ce passage, il est difficile de savoir précisément ce que Paul entend par “contre nature” dans ces versets et à qui il adressait ces inquiétudes.37 De façon significative, sa description des comportements 37 Voir L. William Countryman, Dirt, Greed, and Sex: Sexual Ethics in the New Testament and Their Implications for Today, édition révisée (Minneapolis: Fortress Press, 2007), 119-123. Voir aussi Dale B. Martin, “Heterosexism and the Interpretation of Romans 1:18–32,” in Sex and the Single Savior: Gender and Sexuality in Biblical Interpretation (Louisville: Westminster John Knox Press, 2006), 51-64. Certains interprètes ont remarqué que Paul utilise la phrase souvent traduite par “contre nature” dans Romains 1 et Romains 11.24 pour décrire l’amour de Dieu sauvant les Gentils; voir William Stacy Johnson, A Time to Embrace: Same-Gender Relationships in Religion, Law, and Politics (Grand Rapids: Eerdmans Publishing Company, 2006), 98-99. Foi, espoir et amour 43 sexuels dans le premier chapitre apparaît en relation directe avec sa condamnation de l’idolâtrie. Pour Paul, la conséquence – et non la cause – de la louange de faux dieux est une compréhension détournée de la sexualité, de sa raison d’être et de ses buts (Romains 1.22-23). Dans le monde gréco-romain du premier siècle, les détournements de la sexualité dont Paul devait certainement être au courant comprenaient un éventail de pratiques associées avec des cultes dédiés à des dieux et déesses de la fertilité. Certains interprètes prétendent que ces rituels sectaires ont pu inclure des autocastrations, des orgies alcoolisées et des rapports sexuels avec des jeunes femmes et des jeunes hommes prostitués du temple.38 C’est avec raison que les chrétiens condamnent tous ces comportements qui violent le corps humain, véritable temple du Saint-Esprit, comme le rappelle Paul (1 Corinthiens 3.16-17). Qui plus est, disent certains interprètes, ces soi-disant anciennes pratiques sectaires n’ont rien à voir avec les couples chrétiens de même sexe d’aujourd’hui.39 Néanmoins, la compréhension plus large de Paul impose toujours à l’Église un discernement et une évaluation continus de sa vie quotidienne: une pratique religieuse appropriée correspond directement à des relations sexuelles appropriées. Cette compréhension peut encore mieux éclairer la recommandation de Paul aux chrétiens, dans la lettre aux Corinthiens, de rester non mariés. Au final, les relations sexuelles humaines, quelles qu’elles soient, ne sont ni la raison d’être ni le but de la vie humaine. C’est plutôt l’union avec Dieu en Christ qui est le but pour tous, y compris la création entière, comme l’indique clairement le reste de la lettre de Paul aux Romains (Romains 8.18-25). Au mieux, les relations humaines peuvent nous rapprocher de cet accomplissement final. Les personnes qui prennent la décision de rester non mariées nous montrent des signes essentiels sur ce chemin spirituel auquel nous sommes tous appelés, et sur lequel rien, y compris le mariage, ne devrait supplanter notre dévotion à Dieu et au foyer de Dieu, l’Église. D’autres types de relations nous apprennent que pour nous préparer à vivre avec Dieu, Dieu peut nous attacher à quelqu’un pour la vie. Par conséquent, certains (mais pas tous) engagements d’alliance se jouent dans les foyers, ces lieux d’intimité où les personnes sont amenées à se voir quotidiennement comme les plus proches des proches.40 Il est clair 38 Sur la controverse au sujet des anciens cultes de fertilité et les pratiques sexuelles qui y auraient été associées, voir Robert A. Oden, Jr., The Bible Without Theology: The Theological Tradition and Alternatives to It (San Francisco: Harper and Row, 1987), en particulier le chapitre 5, “Religious Identity and the Sacred Prostitution Accusation,” 131-153. 39 Voir Martti Nissinen, Homoeroticism in the Biblical World: A Historical Perspective (Minneapolis: Fortress Press, 1998), 103-113. 40 Thomas E. Breidenthal, Christian Households: The Sanctification of Nearness (Eugene, Oregon: Wipf and Stock, 2004). 44 Foi, espoir et amour que ce qui constitue le caractère et la forme d’un foyer a énormément fluctué au fil du temps, des familles patriarcales et polygames de l’ancienne Israël à la famille créée par Jésus entre sa mère et ses disciples bien-aimés (Jean 19.26-27), en passant par la réorganisation économique des relations familiales parmi les premiers croyants (Actes 4.32-37, 5.1-7). Comprendre ce que signifie le “foyer” et comment des personnes peuvent avoir vocation à créer une alliance de foyer est important, non seulement à la lumière des différences historiques, mais aussi au vue du large éventail d’usage et d’organisation qui existe aujourd’hui de par le monde en la matière. Prendre en compte les changements culturels significatifs entre les foyers de l’ancienne Israël et les familles nucléaires occidentales d’aujourd’hui peut nous aider dans notre interprétation de deux passages bibliques cités comme justifiant le rejet de l’amour fidèle de couples de même sexe: Lévitique 18.22 et 20.13. Ces deux versets appartiennent à une longue liste de restrictions alimentaires, de commandements et de pratiques rituelles que l’on appelle souvent “règlements saints du Lévitique.” Deux caractéristiques de l’ancienne société israélite sont importantes à connaître pour interpréter ces passages difficiles: le processus de construction pour Israël d’une identité religieuse différente de celles des cultures voisines et la hiérarchie de genre très stricte dans l’ancien monde méditerranéen.41 Lévitique 18.22 condamne les rapports sexuels entre hommes et plus particulièrement le fait de traiter un homme comme une femme. Le mot hébreu utilisé pour cette condamnation, traduit par “abomination”, apparaît le plus souvent en référence aux pratiques de cultes associées à des dieux étrangers; des condamnations similaires des sacrifices d’enfants et de bestialité dans Lévitique 18 renforce la connexion avec les rituels d’idolâtrie.42 Un autre point important est que dans un système patriarcal, les privilèges masculins valent de l’or. Les pratiques sexuelles reflétaient cette différence entre les sexes, les hommes étaient censés avoir un rôle actif et les femmes un rôle passif, perpétuant ainsi la dominance masculine dans toutes les autres sphères de la vie culturelle et religieuse, et renforçant le fait que les femmes étaient traitées comme étant la propriété des hommes. Les 41 Les éclairages des commentateurs et spécialistes juifs sur ces points et d’autres aspects importants de l’interprétation biblique méritent une attention renouvelée de la part des communautés chrétiennes. Voir, par exemple, Steven Greenberg, Wrestling with God and Men: Homosexuality in the Jewish Tradition (Madison: University of Wisconsin Press, 2004); et Daniel Boyarin, Carnal Israel: Reading Sex in Talmudic Culture (Berkeley: University of California Press, 1995). 42 Voir Nissinen, Homoeroticism in the Biblical World, 37-56. Paul devait certainement connaître la connexion entre les règlements saints du Lévitique et les cultes idolâtres, ce qui va dans le sens d’une interprétation du premier chapitre de Romains en référence à la prostitution au temple. Foi, espoir et amour 45 relations sexuelles dans le contexte de l’ancien Proche-Orient étaient définies par qui avait le pouvoir sur qui. Donc, de ce point de vue, les relations sexuelles entre hommes violaient les privilèges masculins et perturbaient l’organisation patriarcale de la société.43 L’ancienne culture israélite, à laquelle les règlements saints du Lévitique étaient censés s’appliquer, diffère grandement des idéaux égalitaires vers lesquels tendent de nombreuses familles chrétiennes de la culture moderne occidentale (et dans d’autres lieux).44 De la même façon, les préoccupations partagées par les anciens Israélites et par Paul sur le rejet des pratiques sexuelles liées à des cultes idolâtres ne sont nullement applicables aux fidèles chrétiens qui s’identifient comme gays ou lesbiennes. Néanmoins, ces différences historiques et culturelles ne rendent pas ces passages bibliques caducs: les Écritures continuent de témoigner de la primauté de la relation d’alliance avec le seul Dieu vrai d’Israël, révélé pour les chrétiens dans la vie, la mort et la résurrection de Jésus-Christ. Les Écritures nous invitent à faire de cette alliance divine la priorité dans nos foyers, en tenant compte de nos cultures. Dans les foyers fondés par des couples mariés de sexes opposés aussi bien que par des couples fidèles de même sexe, se conformer à l’enseignement du Christ et tendre à une sainteté de vie se réalisent à travers une responsabilité véritablement partagée. Le couple essaye continuellement de situer leurs désirs dans le cadre des vœux et des engagements qu’ils ont pris l’un envers l’autre. Vivre ensemble dans un foyer peut apporter une stabilité qui rend possible la vulnérabilité nécessaire pour se donner et recevoir.45 Dans un foyer, les membres du couple deviennent l’un pour l’autre le plus proche des proches afin qu’ils puissent grandir ensemble dans l’amour de Dieu. Le foyer protège la pratique quotidienne, que Jésus encourageait, de la découverte de sa vie en la donnant à autrui. Pour les couples de même sexe comme pour les couples mariés de sexes opposés, le foyer offre la structure pour le quotidien d’une 43 Jack Rogers, Jesus, the Bible, and Homosexuality: Explode the Myths, Heal the Church, édition révisée (Louisville: Westminster John Knox Press, 2009), 68-69. 44 Le fait de traiter les femmes mais aussi les enfants comme étant la propriété des hommes, ainsi que la pratique d’avoir des concubines et des esclaves dans les anciens foyers méditerranéens, démontrent aussi ces différences. Voir Carol L. Meyers, “Everyday Life: Women in the Period of the Hebrew Bible,” dans Women’s Bible Commentary, ed. Carol A. Newsom and Sharon H. Ringe, expanded edition (Louisville: Westminster John Knox Press, 1998), 251-59; Gale A. Yee, Poor Banished Children of Eve: Woman as Evil in the Hebrew Bible (Minneapolis: Fortress Press, 2003), 29-58; et Amy L. Wordelman, “Everyday Life: Women in the Period of the New Testament,” dans Women’s Bible Commentary, 482-88. 45 Rowan Williams, “The Body’s Grace,” dans Our Selves, Our Souls and Bodies: Sexuality and the Household of God, ed. Charles Hefling (Cambridge, MA: Cowley Publications, 1996), 58-68. 46 Foi, espoir et amour intimité d’alliance: œuvrer pour répondre aux besoins de l’autre et soutenir la famille, organiser le foyer et son couvert quotidien, entretenir et partager les biens, prendre soin de l’autre dans la maladie et la mort.46 Les foyers peuvent aussi bien être des écoles de vertu, de pénitence et de réconciliation que des habitations de soutien mutuel et de joie, des lieux pour entrevoir et approfondir notre expérience de la présence de Dieu. Les personnes vivant seules, qui sont célibataires, veuves ou divorcées, sont aussi appelées à vivre leur vocation baptismale à travers l’amour, le service, l’accueil et la responsabilité qu’elles déploient dans leurs relations au sein de l’Église et de leurs communautés, et à travers leur service de prière pour autrui. Un foyer fondé par un couple dans une relation d’alliance peut être un rappel pour chacun d’entre nous de notre incorporation dans le mystère pascal à travers le baptême, dans lequel nous sommes reçus dans le foyer de Dieu et encouragés à “confesser la foi au Christ crucifié, proclamer sa résurrection et… avoir part à son sacerdoce éternel”.47 Dans leur foyer, les membres d’un couple font face aux nombreuses façons dont leur foi participe à leur vie quotidienne. Ils s’offrent quotidiennement l’un à l’autre afin de faire partie de la vie de l’autre, mourant au péché et s’élevant à une nouvelle vie dirigée vers l’amour du prochain et l’amour de Dieu. Dans ce don de soi et son acceptation de l’autre, nous voyons le modèle plein de grâce de la vie trinitaire de Dieu dans lequel nous sommes de plus en plus engagés et transformés pour notre mission. Dans le foyer, nous trouvons aussi une image de l’eucharistie. La table du foyer autour de laquelle un couple en relation d’alliance se retrouve évoque la table eucharistique autour de laquelle se retrouve la communauté des croyants. Dans le foyer, comme pour la sainte communion, le couple prend ce qui lui a été donné et l’offre à Dieu. Ils sont nourris et bénis par ce qu’ils reçoivent et le Saint-Esprit leur donne alors la capacité et le pouvoir d’être une bénédiction pour autrui et pour Dieu. Dans le foyer, comme à la table eucharistique, ce que Dieu a mis ensemble peut devenir un corps et l’Esprit peut distribuer à de nombreux autres les dons d’un foyer. Dans le foyer, les couples en relation d’alliance de même sexe ou de sexes opposés s’efforcent d’imiter Jésus, qui s’est offert pour ceux qu’il aimait. S’abandonner à l’amour et à l’engagement solidaire avec une autre personne, pour le meilleur et pour le pire, dans la maladie et dans la santé, jusqu’à ce que mort nous sépare, c’est donner corps et prendre 46 Voir Deirdre J. Good, Willis J. Jenkins, Cynthia B. Kittredge, and Eugene F. Rogers, Jr., “A Theology of Marriage including Same-Sex Couples: A View from the Liberals,” Anglican Theological Review 93:1 (Winter 2011): 63-64. 47 “Le Baptême”, LPC, 308. Foi, espoir et amour 47 part quotidiennement à l’œuvre de réconciliation de Dieu en Christ. Dans la vie intime des couples, le désir sexuel de l’un pour l’autre peut être forgé dans un témoignage d’alliance de l’Évangile. L’intimité dans la foi Le passage du désir sexuel à une intimité dans la foi et un engagement d’alliance marque un cheminement de vocation particulier, celui qui pour les chrétiens mène de la passion de l’éros à l’affection de l’agape pour le bien de l’Église et du monde. La réflexion théologique sur ce cheminement commence par l’affirmation que le désir sexuel en soi est quelque chose de bon. En effet, le désir sexuel est une métaphore du désir de Dieu d’être en relation avec nous et la création dans son entier. Les Écritures et la tradition chrétienne se servent de l’intimité sexuelle pour montrer Dieu qui est Amour et qui est dans une relation d’amour avec toute la création. La longue tradition de commentaire biblique du Cantique des cantiques, par exemple, illustre la signification spirituelle des relations sexuelles et la fécondité d’une réflexion théologique sur l’engagement des couples dans l’intimité sexuelle.48 Dans cette réflexion, nous pouvons réaliser et apprécier que “toute l’histoire de la création, de l’incarnation et de notre incorporation dans notre union au Corps du Christ nous dit que Dieu nous désire.” La bonne nouvelle du désir de Dieu peut alors façonner nos engagements intimes et plus largement la vie de la communauté chrétienne, afin que chacun puisse se voir comme désiré, comme une “occasion de joie”.49 Le don de la sexualité humaine, établie par Dieu dans la création, peut être une source de joie énergisante, nous rappelant dans notre corps l’abondance que Dieu a voulue pour la création tout entière. Dans le don de soi mutuel d’une relation sexuelle fidèle, nous pouvons entrapercevoir le ravissement que Dieu manifeste pour chacun de nous. Pourtant, le désir sexuel est aussi lourd de risque, car il nous attire dans une relation de vulnérabilité, où ce ne sont pas seulement les meilleurs et les plus beaux aspects de nous-même que nous offrons à l’autre, mais aussi des aspects douloureux – ceux que nous préférons souvent garder cachés et qui ont besoin de cicatriser. Le désir sexuel et l’intimité nous rendent vulnérables afin que Dieu puisse utiliser nos limites pour notre bien, en nous montrant que nous n’appartenons pas à nous-même mais à quelqu’un d’autre. 48 David M. Carr, The Erotic Word: Sexuality, Spirituality, and the Bible (Oxford: Oxford University Press, 2003). Voir aussi Douglas Burton-Christie, “Into the Body of Another: Eros, Embodiment and Intimacy with the Natural World,” Anglican Theological Review 81:1 (Winter 1999): 13-37. 49 Williams, “The Body’s Grace,” dans Our Selves, Our Souls and Bodies, 59. 48 Foi, espoir et amour Des relations fidèles d’intimité sexuelle peuvent aussi être l’occasion de témoigner de l’amour de Dieu en formant des couples plus pleinement à l’image du Christ. Dans le mariage, l’Église bénit et célèbre ces relations comme étant potentiellement porteuses de la grâce de Dieu. Aujourd’hui, beaucoup dans l’Église Épiscopale en sont venus à penser que ceci est tout autant une vérité pour les couples de même sexe que pour les couples de sexes opposés.50 D’autres, par contre, comprennent différemment la doctrine de la création et pensent que le don de Dieu de la sexualité humaine est seulement à l’intention des couples de sexes opposés. Même les termes “de même sexe” et “de sexes opposés” soulèvent des questions complexes, non seulement sur les plans biologique, social et culturel, mais aussi et surtout biblique. Genèse 1 et 2, par exemple, sont souvent cités pour soutenir deux convictions pourtant sans lien: premièrement que la “complémentarité des sexes” décrit la création par Dieu des êtres humains comme mâle et femelle; et deuxièmement que cette complémentarité s’exprime pleinement dans la procréation d’enfants au sein de mariage monogame. Les nombreuses études bibliques disponibles sur ces passages – aussi bien dans les traditions juives que chrétiennes – nuancent ces deux convictions de façon importante. Dans le premier des deux récits de la création (Genèse 1.26-27), la différentiation des sexes est attribuée à l’ensemble de la race humaine plutôt qu’à des individus, de la même façon que l’identité mâle et l’identité femelle s’appliquent toutes deux à Dieu, l’humanité étant faite à son image.51 De façon similaire, le commandement “Ayez des enfants, devenez nombreux” (Genèse 1.28) est donné à l’espèce humaine, pas à chaque individu. Si cela n’était pas le cas, les personnes “qui sont seules, célibataires, ou qui pour quelque raison que ce fut n’ont pas d’enfants – et cela inclut Jésus de Nazareth –”, seraient vues comme des “pécheurs désobéissants.”52 Qui plus est, la fécondité d’un engagement d’amour et de fidélité peut se révéler de bien des manières, pas seulement en ayant et en élevant des enfants. Pour les couples de même sexe, comme l’a pointé un évêque épiscopalien, “prendre soin de ceux qui sont déjà au monde pourrait être une mission très bien remplie par ceux qui ne sont pas concernés par le fait d’avoir des enfants”.53 50 To Set Our Hope on Christ, 8-9, 24-25. 51 Certains anciens commentaires talmudiques suggèrent, par exemple, que l’humain d’origine partageait avec Dieu toutes les caractéristiques de genre possibles, qui furent ensuite divisées entre “mâle” et “femelle”. Ce texte, en d’autres termes, soulève une foule de questions que le texte lui-même ne couvre pas au sujet du genre et de la sexualité aussi bien de l’humanité que de Dieu. Voir Howard Eilberg-Schwartz, ed., People of the Body: Jews and Judaism from an Embodied Perspective (Albany: State University of New York Press, 1992). 52 Johnson, A Time to Embrace, 115-16. 53 Marshall, Same-Sex Unions, 38. Foi, espoir et amour 49 Le second récit de Genèse se réfère explicitement à la création d’individus distincts (Genèse 2.7-22) et introduit quelque chose qui n’est pas bon dans la création de Dieu: “Il n’est pas bon”, déclare Dieu, “que l’être humain soit seul.”54 Ici, l’histoire porte son attention sur l’importance du compagnonnage et non pas, comme dans le premier récit, sur la procréation des enfants. De façon significative, la compagnie que Dieu donne à l’homme solitaire n’est pas définie par sa “différence” mais par une similarité. Dans ce passage, “l’accent n’est pas mis… sur la ‘différence’ ou la ‘complémentarité’, pas du tout – en fait, c’est même l’opposé. Quand Adam voit Ève, il ne se réjouit pas de sa différence mais de sa similitude: ce qui le frappe c’est qu’elle est ‘les os de mes os, la chair de ma chair.’” Réduire cette histoire aux côtés appropriés ou non de parties anatomiques spécifiques, c’est ne pas voir l’aspect poignant de ce récit: “Dieu voit la détresse de ce premier être humain et intervient pour faire tout ce qui est nécessaire afin de lui donner une compagne porteuse de vie et de soutien.”55 Plutôt que de se focaliser sur le mariage, ces récits de la création affirment Dieu comme le créateur de toute chose ainsi que “la priorité du compagnonnage humain”.56 Genèse 1 et 2 peuvent et doivent continuer à nourrir et stimuler le témoignage fidèle de l’Église du Dieu révélé dans les Écritures. C’est ce que font ces passages quand l’Église proclame que Dieu est le créateur et que sa création est bonne, affirmant la dignité de chaque être humain créé à son image. Cette affirmation reste vitale, notamment pour embrasser la pleine humanité des femmes. La dignité très neutre avec laquelle l’auteur biblique traite les hommes et les femmes dans le récit de leur création est plus que remarquable au vu de la culture patriarcale dans laquelle l’histoire a été écrite.57 De plus, Paul encourageait les chrétiens à lire le récit de la création de Genèse à travers le prisme de la nouvelle création que Dieu a promise 54 Genèse 2.18 (sur la signification de la traduction de ce verset, voir Johnson, A Time to Embrace, 114-115, 117). 55 Johnson, A Time to Embrace, 120. 56 Johnson, A Time to Embrace, 114. 57 William Stacy Johnson note, par exemple, que dans l’ancienne société méditerranéenne les femmes étaient considérées certes comme des êtres humains, mais déficients, et étaient de ce fait asservies aux hommes (A Time to Embrace, 275, n.16). De même, Dale B. Martin rattache cet ancien point de vue de l’infériorité des femmes – des “hommes déficients” – à la difficulté de traduire, sans même parler d’interpréter, deux mots grecs dans le Nouveau Testament qui sont souvent cités lorsqu’on parle d’homosexualité. Ces mots apparaissent dans 1 Corinthiens 6.9 et 1 Timothée 1.10. Les mots “sodomite” et “homosexuel” apparaissent dans certaines traductions en anglais de ces versets, mais le sens du grec dans les deux cas est obscure et insaisissable. Martin pense qu’il est très probable que ces mots se référaient à des pratiques culturelles impliquant l’exploitation sexuelle (y compris le viol) et des comportements efféminés, qui pour les hommes de cette société déclenchaient inquiétude et dégoût (“Arsenokoitês and Malakos: Meanings and Consequences,” dans Biblical Ethics and Homosexuality: Listening to Scripture, ed. Robert L. Brawley [Louisville: Westminster John Knox Press, 1996], 117-36). 50 Foi, espoir et amour en Christ, et dont les premiers fruits nous furent donnés quand Dieu a ramené Christ d’entre les morts (1 Corinthiens 15.20-25). Vivant dans cette promesse et anticipant son accomplissement, Paul poussait les chrétiens de Galatie à regarder leur baptême comme l’effacement des hiérarchies sociales et culturelles habituelles: “Vous tous, en effet, avez été unis au Christ dans le baptême et vous vous êtes ainsi revêtus de tout ce qu’il nous offre. Il n’importe donc plus que l’on soit juif ou non-juif, esclave ou libre, homme ou femme; en effet, vous êtes tous un dans la communion avec Jésus-Christ.” (Galates 3.27-28)58 Plutôt que de mettre l’accent sur la différence des sexes, la foi fidèle des couples ayant une intimité sexuelle peut contribuer au témoignage donné par l’Église de la nouvelle vie que nous offre Dieu en Christ et à travers le Saint-Esprit, que l’Église célèbre dans les “sacrements de la nouvelle création”.59 Donc, pour les couples de même sexe comme pour les couples de sexes opposés, la signification théologique et morale de leur engagement d’alliance prend ses racines dans le mystère pascal. Comme dans le baptême et la sainte communion, l’engagement d’alliance d’un couple ayant une intimité sexuelle embarque leurs corps dans une grande et difficile aventure: voir s’ils peuvent trouver leur vie en Dieu en s’offrant mutuellement l’un à l’autre. Dans cette alliance, deux personnes font vœu de se donner corps et âme l’une à l’autre. Elles le font, en partie, pour vivre les promesses du baptême tout en vivant le don de soi du Christ, tel qu’il est exprimé à la table de la sainte communion: “Ceci est mon corps, donné pour vous.” L’engagement à vie de l’alliance de couple peut, par la grâce de Dieu, témoigner de l’amour de Dieu en reflétant l’alliance entre Christ et l’Église. Cet engagement peut donc évoquer pour la communauté la promesse même du mystère pascal mise en acte dans le baptême et la sainte communion: nous sommes appelés plus loin dans la vie de Dieu où nous apprenons que Son amour est plus fort que la mort. Les couples ayant une intimité sexuelle peuvent aussi témoigner de l’amour du prochain en s’aimant l’un l’autre, un amour qui demande du temps et le soutien de la grâce de Dieu. Les couples engagés par alliance peuvent donner à cet amour la forme non pas d’un tableau figé mais d’un enseignement de vertu permanent dans lequel l’amour du prochain est développé, transformé et tend vers la perfection. La signification morale d’une relation d’alliance, c’est son potentiel à amener chacun de ses membres au-delà de leurs limites humaines et à 58 Voir Dale B. Martin, Sex and the Single Savior: Gender and Sexuality in Biblical Interpretation (Louisville: Westminster John Knox Press, 2006), 77-90. 59 Parmi les nombreuses références au sujet de cette connexion entre la vie sacramentelle de l’Église et la promesse divine de la nouvelle création, voir Herbert McCabe, The New Creation (London: Continuum, 2010), texte dans lequel il se réfère aux sacrements de l’Église comme des “mystères de l’unité humaine” dans la mesure où nous sommes, à travers les sacrements, incorporés dans la nouvelle création de Dieu (xii). Foi, espoir et amour 51 accepter de se rendre vulnérable à l’autre. Un engagement d’alliance défie et inspire chaque partenaire à s’offrir l’un à l’autre en vivant ensemble la relation du Christ avec l’Église (Éphésiens 5.21-33). Les membres d’un couple s’encouragent mutuellement à avancer et s’épanouir, dans la mesure de nos limites humaines que Christ a assumé pour notre bien: les limites de la mortalité et du corps. Nos désirs, y compris nos désirs sexuels, “peuvent être un rappel intense et déstabilisant de notre disponibilité radicale à l’autre. Comme l’amour parental ou la simple compassion, le désir sexuel peut faire que notre cœur ‘appartient’ à quelqu’un d’autre… Ce désir brise toutes les illusions que nous pouvions avoir sur notre capacité à choisir quand et si nous devrions nous connecter aux autres; en effet, il est en lui-même une preuve que notre relation fondamentale aux autres est une relation de connexion.”60 Se donner à un autre, comme Christ s’est donné pour le monde, demande du temps et la volonté de prendre le risque de la vulnérabilité inhérente à l’engagement d’amour. Le processus du désir sexuel vers l’intimité puis vers l’engagement commence lorsque nous nous donnons à l’autre dans une relation fidèle et se continue jusqu’au moment de l’engagement, où nous remettons nos vies à Dieu. Ce cheminement correspond au processus délibéré de toute une vie qui, avec obéissance et foi, produit les fruits de l’Esprit et une sainteté visible. Pour le bien à la fois du couple et de l’Église, Dieu bénit cet engagement intime d’amour. Cette bénédiction, en retour, rend le couple capable de remplir leur ministère dans le monde et donne à l’Église de l’énergie pour sa mission. Bénédiction mutuelle et fécondité Pour nous, chrétiens, toutes nos relations – en tant qu’individu, que foyer ou que couple intime – sont des occasions de vivre plus pleinement notre alliance baptismale et de participer toujours plus au mystère pascal de la mort et la résurrection du Christ représenté à la table de la sainte communion. L’engagement que nous montrons dans nos relations – aimer notre prochain comme nous-même et comme Dieu aime chacun d’entre nous en Christ – devient alors une source de bénédiction pour l’ensemble de l’Église. Ce cadre général des relations d’alliance dans la vie de l’Église nous permet de réfléchir sur le sens des nombreuses formes d’alliances avec lesquelles l’Église est bénie – l’ordination, les vœux monastiques, 60 Thomas Breidenthal, “Sanctifying Nearness,” dans Theology and Sexuality: Classic and Contemporary Readings, ed. Eugene F. Rogers, Jr. (Oxford: Blackwell, 2002), 345. 52 Foi, espoir et amour le mariage et aussi les relations de même sexe. La bénédiction de toute relation est une bénédiction non seulement pour les personnes dans cette relation mais aussi, à part égale, pour la communauté qui les entoure. Cette bénédiction mutuelle se voit de bien des façons, notamment car elle permet à ceux qui sont engagés dans une telle relation de manifester les fruits de l’Esprit (Galates 5.22-23), qu’ils n’auraient peut-être pas manifestés en dehors de cette relation. Discerner ces dons de l’Esprit dans une relation est une des raisons pour lesquelles une communauté de foi bénit cette relation. Qui plus est, prononcer une bénédiction peut devenir une occasion importante pour approfondir le processus de sanctification. De nombreux couples le désirent – et en ont besoin. Dieu peut se servir de la vulnérabilité de l’intimité et du don de soi à l’autre pour exposer nos faiblesses, nous rendre meilleur, nous distinguer et encourager notre développement moral. L’Église quant à elle peut témoigner du travail de sanctification de l’Esprit quand Dieu transforme l’énergie de l’éros en vertus de foi, d’espoir et d’amour. Une bénédiction change un couple en les rendant plus conscients de la grâce de Dieu et du fait qu’ils sont missionnés par l’Église pour témoigner du mystère pascal. Une bénédiction change aussi l’Église: la sainteté de vie est rendue plus visible, la communauté prend la responsabilité de soutenir le couple dans leur développement au sein du travail de sanctification de l’Esprit. Former un engagement d’alliance avec un autre être humain est une des façons pour les chrétiens de vivre notre appel baptismal dans le monde. Les foyers des relations d’alliance sont modelés par des vies consacrées au service, à la compassion, la générosité et l’hospitalité: ainsi la grâce rencontrée à la table de la sainte communion est toujours plus manifestée dans le monde. Donc, la fécondité d’une relation d’alliance et la bénédiction qu’elle offre à l’Église appartiennent à la mission de l’Église de témoignage permanent des Évangiles de JésusChrist et à notre espoir d’union avec Dieu. Ceci est la source même de notre désir de communion avec autrui. Foi, espoir et amour 53 4. Le défi de l’Église: unité chrétienne et interprétation biblique O Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ, notre unique Sauveur, le Prince de la paix: Que ta grâce nous aide à prendre conscience des dangers que nous font courir nos malheureuses divisions. Fais disparaître les préjugés, les haines, et tout ce qui peut empêcher la concorde et l’union telles que tu les veux. Comme il n’y a qu’un seul Corps et qu’un seul Esprit, une seule espérance à laquelle nous sommes appelés, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, donne-nous de n’avoir qu’un cœur et qu’une âme et d’être unis par un même lien de vérité et de paix, de foi et de charité, pour que, d’un même cœur et d’une seule voix nous te rendions gloire. Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen. — “Pour l’unité de l’Église”, LPC, 818 L’unité chrétienne avec Dieu et les uns avec les autres en Christ est un don précieux; de même nos différences entre croyants sont des dons à honorer, car ces différences appartiennent à l’ordre de la création de Dieu. À travers ces dons, nous sommes équipés pour “faire croître le corps du Christ, de cette façon nous parviendrons tous ensemble à l’unité de la foi dans la connaissance du Fils de Dieu” (Éphésiens 4.12-13). Le Livre de la prière commune (1979) encourage les épiscopaliens à prier pour l’unité chrétienne en se référant à la lettre de Paul aux Éphésiens. Cette lettre nous rappelle que nos liens d’affection sont enracinés non pas dans nos propres efforts mais dans le don gracieux de Dieu du baptême. Il y a un seul Corps et un seul Dieu. Il y a un seul baptême, par lequel nous sommes connectés – cœur, âme et esprit – les uns aux autres (Éphésiens 4.5). Mais surtout, comme la prière citée plus haut nous le rappelle, cette unité baptismale sert l’appel chrétien à louer et glorifier Dieu. 54 Foi, espoir et amour Dans le baptême, Dieu nous lie à Dieu en nous liant aux autres, différents de nous, attachant inextricablement notre salut au salut des autres. De plus, le don divin d’unité ne s’appuie en rien sur l’uniformité. Nous ne sommes pas unis les uns aux autres par choix, mais parce que Dieu nous a unis les uns aux autres.61 Le lien que nous partageons dans le baptême nous laisse l’espace nécessaire pour être en désaccord les uns avec les autres dans la mesure où nous respectons les liens d’affection que nous partageons en tant que membres du foyer d’amour et de grâce de Dieu. Nous vivons cette unité en étant assidus “à l’enseignement des Apôtres, à la communion fraternelle, à la fraction du pain et aux prières”.62 Nous ne pouvons pas vivre ce don seul, mais avec “des supplications qu’aucune parole ne peut exprimer”, l’Esprit “nous vient en aide dans notre faiblesse” (Romains 8.26). Lentement, l’Esprit prend, offre et transforme toutes les prières de ceux en désaccord les uns avec les autres pour en faire des occasions de manifester de façon plus visible le Corps du Christ dans le monde et dans l’Église. Dans ce processus permanent de sanctification, nous proclamons que nous sommes marqués comme appartenant à Christ pour toujours en tant que membres du Corps du Christ.63 Cette réalité fondatrice de notre vie partagée nous envoie dans le monde comme des témoins de l’amour réconciliateur du Christ.64 Les défis à relever pour rendre le don de Dieu d’unité de plus en plus visible apparaissent, par exemple, dans le Nouveau Testament au sujet des divisions dans l’Église corinthienne (1Corinthiens 3.1-9), dans le rappel de Paul aux Romains que le corps comporte des membres très divers (Romains12.3-8), et peut-être plus particulièrement dans le baptême par Paul de non-juifs, ce qui provoqua un débat avec Pierre sur la manière d’interpréter les Écritures dont ils avaient hérité. Paul rapporte ce désaccord dans sa lettre aux Galates (2.2-21). La vision de Pierre (Actes 10.9-16) avant de rencontrer Corneille, un centurion romain, et d’échanger avec d’autres Gentils, l’a poussé à déclarer que personne ne devrait être appelé “impur ou indigne” (Actes 10.28) et à encourager les autres apôtres à ne pas refuser les eaux du baptême à ceux qui ont reçu le Saint-Esprit tout comme eux (Actes 10-47). L’inclusion des Gentils qui n’avaient pas respecté les lois alimentaires dans la maison du Dieu d’Israël renversait des siècles d’interprétation biblique. 61 Voir Thomas E. Breidenthal, “Communion as Disagreement,” dans Gays and the Future of Anglicanism: Responses to the Windsor Report, ed. Andrew Linzey and Richard Kirker (Ropley, UK: O Books, 2005), 188-198. 62 “Alliance baptismale”, LPC, 304. 63 La place centrale du baptême dans notre vie commune a été défendue par une série de responsables anglicans, en commençant par Thomas Cranmer et aussi F.D. Maurice et William Reed Huntington. Comme Paul Avis le décrit, l’ecclésiologie anglicane repose sur l’insistance que “ce qui nous unit au Christ [c’est-à-dire le baptême] est tout ce qui est nécessaire pour nous unir, sacramentellement, les uns aux autres.” (The Identity of Anglicanism: Essentials of Anglican Ecclesiology [London: T&T Clark, 2007], 111). 64 Sur l’ecclésiologie baptismale, voir Weil, A Theology of Worship, 22-28. Foi, espoir et amour 55 À travers l’histoire de l’Église, les chrétiens ont fait tout leur possible pour suivre la pratique apostolique de délibération éclairée par la prière et les Écritures et pour discerner la volonté de Dieu – “ce qui est bien, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait” (Romains 12.2) – dans chaque époque et chaque lieu. En tant que Corps du Christ, notre appel fondamental est de vivre ensemble non seulement lorsque nous sommes d’accord dans notre discernement, mais aussi lorsque l’Esprit amène de fidèles chrétiens à avoir plusieurs points de vue. Différentes interprétations des Écritures sont possibles, tant qu’elles nous conduisent à aimer Dieu et nous aimer les uns les autres.65 La résolution 2009-C056 de la Convention générale reconnaît les différences d’opinion au sein de l’Église Épiscopale au sujet de l’interprétation des Écritures et des couples de même sexe. Ces ressources théologiques ont présenté des interprétations de certains des passages bibliques les plus difficiles pour soutenir la bénédiction d’alliance de couples de même sexe tout en comprenant que certains membres de l’Église Épiscopale continuent d’avoir une lecture différente de la Parole de Dieu dans ces passages. Nous avons tout à apprendre des Écritures et des uns des autres. L’Esprit nous baptise tous au nom de Jésus, qui est lui-même la Parole de Dieu et le Seigneur des Écritures. En accord avec le Christ, nous reconnaissons et respectons ces différences parmi nous, avec l’espoir fervent que ces désaccords au sujet de textes bibliques n’aient pas besoin de diviser l’Église.66 Les chrétiens anglicans, ainsi que des chrétiens de nombreuses autres communions et d’autres périodes historiques, ont découvert encore et encore comment la grâce de Dieu en Christ offre un chemin vers l’unité, même au milieu de désaccords profonds.67 Aujourd’hui, nos désaccords se posent dans un contexte plus large, un contexte dans lequel nous sommes d’accord au sujet de l’interprétation 65 Augustin d’Hippone pensait que le commandement de la Genèse “soyez féconds et multipliez-vous” (1.22-28) s’appliquait non seulement à la procréation des enfants mais aussi à la prolifération des interprétations des Écritures. Augustin pensait aussi qu’il y avait des limites aux interprétations multiples: aucune interprétation des Écritures ne pouvait être considérée comme étant en accord avec l’éthique chrétienne si elle contrevenait au commandement d’aimer Dieu et son prochain. Voir Dale B. Martin, Pedagogy of the Bible: An Analysis and Proposal (Louisville: Westminster John Knox Press, 2008), 59, 83-84. 66 Rowan Williams a remarqué, par exemple, que dans notre histoire anglicane commune les auteurs se sont souvent tournés vers “une patience soutenue par la spiritualité et informée par la théologie” alors que la chrétienté anglicane continue de grandir et changer. Ces auteurs, dit Williams, “ne s’attendent pas à ce que les mots humains résolvent rapidement leurs problèmes, ils ne s’attendent pas à ce que la Bible révèle ses trésors en un jour… Ils savent que, en tant que chrétiens, ils vivent parmi une immensité de sens, ils vivent suite à une action divine qui défie toute explication. Ils partent du principe que le croyant est toujours en train d’apprendre.” (Anglican Identities [Cambridge, MA: Cowley Publications, 2003], 7). 67 L’histoire de l’Église regorge d’exemples, mais pour des illustrations tirées de l’histoire anglicane, voir William L. Sachs, The Transformation of Anglicanism: From State Church to Global Communion (Cambridge: Cambridge University Press, 1993), en particulier le chapitre 4, “The Struggle to Define the Church and its Belief,” 120-63. 56 Foi, espoir et amour biblique: l’amour et la grâce salvatrices de Dieu en Christ nous appellent à être un peuple saint, vivant dans la foi et traitant le corps humain comme le temple du Saint-Esprit, alors que nous faisons tout notre possible, avec l’aide de Dieu, pour accomplir nos vœux baptismaux de “chercher et servir Christ en toute personne”, d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, de “se battre pour la justice et la paix pour tous” et de “respecter la dignité de chaque être humain”.68 Dans ce désaccord, l’amour avec lequel nous nous traitons les uns les autres doit prendre pour modèle l’amour de Dieu pour son peuple, ainsi que sur la vie et le ministère de Jésus lui-même. Les Écritures offrent peu d’éléments qui pourraient s’appliquer aux notions modernes d’orientation sexuelle et les auteurs bibliques ont donné relativement peu d’attention à la question des couples de même sexe. Les spécialistes bibliques sont divisés au sujet de la traduction et de l’interprétation des textes les plus souvent cités sur la question.69 Certains maintiennent que ces textes interdisent sans équivoque des relations entre personnes du même sexe; d’autres argumentent que ces textes ne se référent pas aux relations entre personnes de même sexe telles que nous les percevons aujourd’hui et que chaque passage doit être interprété dans son propre contexte historique et littéraire.70 Des désaccords similaires sur l’interprétation biblique ont marqué la vie de l’Église au cours de l’histoire. Les chrétiens ont débattu pendant des siècles pour savoir si les Écritures encourageaient ou non une vision de la vie religieuse consacrée comme un appel plus élevé que celui du mariage. Les Églises ont été en désaccord sur la condamnation biblique de “l’usure”, qui désignait à l’origine la pratique de demander des intérêts sur de l’argent emprunté, afin de savoir si cela devait s’appliquer aux systèmes économiques actuels. Les réformateurs protestants n’étaient pas d’accord sur les interprétations bibliques de l’eucharistie, ou même sur le fait de savoir si certains livres bibliques devaient rester dans le canon des Écritures. Les réformateurs anglais ont débattu de points de vue bibliques divergents concernant les vêtements sacerdotaux, la musique d’Église, la relation entre l’Église et l’État, la théologie sacramentelle et le rôle des ministres consacrés.71 68 “Alliance baptismale”, LPC, 305. 69 Ces textes sont: Genèse 1-2, Genèse 19, Lévitique 18.22 et 20.13, Romains 1, 1 Corinthiens 6.9, 1 Timothée 1.10, et Jude 7. 70 Une présentation de ces positions se trouve dans un numéro de Anglican Theological Review consacré au mariage de couples de même sexe; “deux interprétations de la foi doctrinale et scripturale en désaccord fondamental l’une avec l’autre” y sont présentées (Ellen T. Charry, “Preface,” Anglican Theological Review 93:1 [Winter 2011]: xiv). Les deux principaux essais de ce numéro ont pour origine un projet commissionné par la Chambre des évêques de l’Église Épiscopale, pour être revus par le Comité de théologie de la Chambre des évêques. 71 Pour un historique des différentes façons dont l’Église a abordé des passages bibliques difficiles, voir John L. Thompson, Reading the Bible with the Dead: What You Can Learn from the History of Exegesis That You Can’t Learn from Exegesis Alone (Grand Rapids: Eerdmans Publishing Company, 2007). Foi, espoir et amour 57 L’Église Épiscopale a débattu sur la façon d’interpréter les Écritures au regard des changements culturels, que cela soit concernant les réformes économiques, le divorce et le remariage, ou la contraception.72 La pratique de l’esclavage et le rôle des femmes sont deux domaines pour lesquels l’éloignement du texte biblique a été particulièrement controversé. Au XIXe siècle, les chrétiens, y compris les épiscopaliens, ont abondamment utilisé la Bible pour justifier l’institution de l’esclavage, en particulier aux États-Unis.73 En 1863, par exemple, l’évêque président John Henry Hopkins du Vermont publiait un article intitulé “Le point de vue de la Bible sur l’esclavage”, qui défendait l’esclavagisme comme étant “complètement autorisé aussi bien dans l’Ancien que le Nouveau Testament”, et le définissant comme “une servitude à vie, s’étendant à la descendance”.74 Le combat pour ordonner des femmes dans l’Église Épiscopale a aussi impliqué de profonds conflits sur l’interprétation biblique. Les sympathisants de l’ordination des femmes basaient leurs arguments sur la promesse des Évangiles de liberté et de complétude pour tous, alors que les opposants pensaient que la masculinité des disciples nommés dans le Nouveau Testament établissait une tradition inaltérable d’un clergé masculin.75 L’Église Épiscopale a fini par changer ses positions sur l’esclavage et l’ordination des femmes. Dans les deux cas, la diversité des approches des Écritures ont rendu ces décisions contentieuses. De sérieuses questions continuent d’être posées sur la façon dont nous comprenons l’autorité des Écritures, pas seulement en ce qui concerne l’esclavage et le statut des femmes, mais aussi, maintenant, les couples de même sexe. Ces trois sujets ont menacé de diviser l’Église. Aujourd’hui, personne ne justifierait plus l’institution de l’esclavage, mais la Communion anglicane à travers le monde continue d’avoir des désaccords en ce qui concerne l’ordination des femmes et la bénédiction des couples de même sexe. Comme les générations précédentes de croyants qui ont débattu de façon similaire, nos désaccords actuels n’ont pas besoin de compromettre notre témoignage commun de la Bonne Nouvelle de Dieu en Christ, en attendant ce jour où notre connaissance aujourd’hui partielle sera 72 Pour un aperçu des défis posés par l’interprétation biblique sur un large échantillon de problèmes éthiques dans l’Église Épiscopale, voir Robert E. Hood, Social Teachings in the Episcopal Church (Harrisburg: Morehouse Publishing, 1990). 73 Stephen R. Haynes, Noah’s Curse: The Biblical Justification of American Slavery (New York: Oxford University Press, 2002). 74 John Henry Hopkins, “Bible View of Slavery,” Papers from the Society for the Diffusion of Political Knowledge, no. 8 (1863): 132, 117; voir aussi John Henry Hopkins, A Scriptural, Ecclesiastical, and Historical View of Slavery, From the Days of the Patriarch Abraham, to the Nineteenth Century (New York: W. I. Pooley and Co., 1864), 6. 75 Pamela W. Darling, New Wine: The Story of Women Transforming Leadership and Power in the Episcopal Church (Cambridge, MA: Cowley Publications, 1994), 149. 58 Foi, espoir et amour complète (1 Corinthiens 13.12) et que Dieu sera “tout en tout” (1 Corinthiens 15.28). L’espoir que nous partageons de ce jour d’accomplissement final en Christ n’efface donc pas le défi de vivre aujourd’hui dans le don d’unité de Dieu. Pour la plupart des chrétiens, cela veut dire noter attentivement les limites des différences acceptables; au-delà de ces limites, la revendication d’unité chrétienne deviendrait difficile, voire impossible à tenir. Le défi n’est alors pas de savoir si des limites à nos différences existent, mais comment discerner quand nous franchissons ces limites, et sur quels types de question (doctrinale, morale ou liturgique, par exemple) nous pouvons avoir des croyances différentes tout en restant en communion.76 Dans le débat sur les couples de même sexe et l’interprétation biblique, les chrétiens anglicans sont en désaccord sur le processus de discernement. Certains épiscopaliens sont arrivés à la conclusion que bénir ces couples passait les limites de la différence acceptable et, agissant en fonction de leur conscience, ont quitté l’Église Épiscopale, alors que d’autres sont en désaccord mais ont choisi de rester. Notre Église continuera à vivre avec des approches diverses des Écritures sur cette question. À un moment pivot dans l’histoire des premiers croyants, raconté dans Actes 15, la possibilité d’inclure les Gentils dans la famille chrétienne déclencha une controverse considérable. Aujourd’hui, l’importance de ce moment historique n’est pas tant dans les différences entre les Juifs et les Gentils du premier siècle, mais dans le processus de délibération par la prière adopté par ces premiers croyants. Face à un risque réel de division irréparable, les Apôtres ont cherché une façon d’honorer la place centrale des Écritures tout en restant attentif à l’avancée de l’Esprit parmi eux. Les Actes des Apôtres racontent que certains croyants de la secte des Pharisiens insistaient sur le fait que les hommes ne pouvaient pas être sauvés à moins d’être circoncis et de suivre les lois de Moïse (Actes 15.5). Quand les Apôtres et les anciens de Jérusalem ont considéré cette question, Pierre (qui avait été convaincu par le point de vue de Paul) confirma l’œuvre du Saint-Esprit parmi les Gentils: “Et Dieu, qui connaît le cœur des humains, a attesté qu’il les accueillait en leur donnant le Saint-Esprit, aussi bien qu’à nous. Il n’a fait aucune différence entre eux et nous: il a purifié leur cœur parce qu’ils ont cru.” (Actes 15.8-9) Jacques considéra ce témoignage et en conclut que le travail de l’Esprit poussait à reconsidérer les Écritures et à étendre la portée des Évangiles pour inclure les Gentils (Actes 15.13-21). 76 Pour plus d’observations concernant les sujets essentiels à la vie chrétienne et ceux sur lesquels nous pouvons avoir de légitimes divergences d’opinion, voir To Set Our Hope on Christ, 49-52. Foi, espoir et amour 59 Actes 15 est un des passages bibliques clefs dans lequel la vision du peuple de Dieu est élargie afin de voir la nouveauté qu’apporte Dieu (Ésaïe 43.18-21), leurs hypothèses sont bousculées par l’apparition de l’Esprit de Dieu là où ils ne l’attendaient pas (Nombres 11.26-29; Joël 2.28) et par les saisissants premiers fruits de la nouvelle création de Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts (1 Corinthiens 15.20-25). En eux-mêmes, ces tournants bibliques ne suffiront pas à éteindre le désaccord d’aujourd’hui, pourtant ils encouragent ce même processus apostolique de délibération dans la prière: s’appuyer sur la place centrale des Écritures tout en restant attentif à l’œuvre de l’Esprit parmi nous.77 L’Église Épiscopale a écouté avec la plus grande attention l’Esprit au sujet de l’esclavage et de l’ordination des femmes. Nous sommes appelés aujourd’hui à écouter les récits de sanctification et de sainteté de couples de même sexe et à discerner et témoigner de l’œuvre de Dieu dans leur vie. Alors que nous écoutons, nous nous en remettons à l’Esprit qui, comme Jésus l’a promis, nous guidera plus loin dans la vérité (Jean 16.13), en priant comme Christ l’a lui-même fait pour l’unité des uns avec les autres en Dieu (Jean 17.11) et en bénissant Dieu pour son abondance de bien en Christ afin que, avec Paul, nous puissions partager toujours plus les grâces de l’Évangile (1 Corinthiens 9.23). 77 Voir Stephen E. Fowl, “How the Spirit Reads and How to Read the Spirit,” dans Engaging Scripture: A Model for Theological Interpretation (Malden, MA: Blackwell Publishing, 1998), 97-127; Jeffrey S. Siker, “How to Decide? Homosexual Christians, the Bible, and Gentile Inclusion,” Theology Today 51:2 (July 1994): 219-34; et Rogers, Jesus, the Bible, and Homosexuality, 89-90. 60 Foi, espoir et amour Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains 61 62 L’impact du droit civil sur les bénédictions de l’Église Cet essai est le produit d’un groupe de travail formé à la demande de la Commission en charge de la liturgie et de la musique afin de fournir un état des lieux analytique des difficultés canoniques et légales liées à la bénédiction de couples de même sexe par l’Église.78 Dans le cadre de l’étude de ces ressources par l’Église Épiscopale, nombreux sont ceux qui voudront savoir de quelle façon le droit civil affecte l’Église. Est-ce que les lois des États limitant le mariage civil à des couples de sexes opposés peuvent présenter des problèmes ou des risques pour l’Église Épiscopale et le clergé épiscopalien qui célèbrent la liturgie? En étudiant cette question pour la Commission, nous sommes arrivés à la conclusion que le Premier amendement de la Constitution des États-Unis interdit à tout État d’appliquer une loi empêchant les bénédictions de couples de même sexe. Le Premier amendement de la Constitution des États-Unis, qui s’applique aussi bien au gouvernement fédéral qu’aux États, affirme que: Le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut institutionnel à une religion, interdire le libre exercice d’une religion, restreindre la liberté d’expression, ni la liberté de la presse, ni le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et d’adresser à l’État des pétitions pour obtenir réparation de torts subis. Quelque trente-cinq États définissent le mariage comme étant entre un homme et une femme; ces États empêchent expressément la reconnaissance d’un mariage de couple de même sexe obtenu légalement dans un autre État ou un autre pays. Des recherches préliminaires indiquent que ce scénario juridique est habituel parmi les États interdisant et ne reconnaissant pas les mariages de couples de même sexe. Le langage statutaire ou constitutionnel utilisé varie, mais le résultat visé est le même. Du moment que, dans ces États, le clergé bénit une alliance de couple de même sexe et ne prétend pas établir un mariage civil, les avocats de l’Église ne voient aucune possibilité que des poursuites criminelles ou autres actions adverses de l’État contre un membre du clergé ou son Église aboutissent. La raison en est que bénir une alliance de couple est un acte de foi religieux, alors qu’établir un mariage civil (en officiant lors d’une “cérémonie civile” et en signant une licence de mariage) est un acte officiel en tant qu’agent de l’État. Une jurisprudence bien 78 Cet essai sur le droit canonique et civil est présenté pour être étudié et comme une ressource pour les chanceliers diocésains et autres personnes intéressées; nous y proposons une interprétation du droit canonique et civil que nous pensons cohérente mais avec laquelle certains peuvent être en désaccord. Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains 63 établie du Premier amendement fait clairement la différence entre les deux actes et protège le premier. Le Livre de la prière commune et le canon I.18.1 exigent du clergé épiscopalien de se conformer aux lois de leur État concernant le mariage civil. Les conséquences disciplinaires sont clairement définies si un membre du clergé épiscopalien célèbre une cérémonie de mariage civil et signe une licence de mariage d’État pour un couple non autorisé à se marier dans cet État; et il pourrait s’y ajouter des conséquences juridiques civiles. Par contre, célébrer une bénédiction de couple de même sexe en utilisant une liturgie autorisée par l’Église ne serait pas contraire aux lois canoniques ou au Livre de la prière commune – en partant du principe que la liturgie n’utiliserait pas le texte du rite de mariage du Livre de la prière commune. Et en partant aussi du principe que le membre du clergé n’essaye pas de créer un mariage civil contraire aux lois canoniques et aux lois de l’État.79 La conclusion et les hypothèses ci-dessus restent identiques si la bénédiction a lieu dans le diocèse d’un État interdisant le mariage civil de couples de même sexe, même si le couple de même sexe est déjà marié ou a déjà contracté une union civile dans un État où le mariage des couples de même sexe est légal. Certains États non seulement interdisent (ou ne reconnaissent pas) les mariages de couples de même sexe, mais ils ne donnent pas non plus de statut légal aux couples de même sexe ayant contracté un mariage ou une union civile dans un État où cela est légal. Nos analyses et conclusions s’appliquent aussi à ces États de “non-reconnaissance”. Les membres laïcs et du clergé de l’Église ayant des questions ou des préoccupations au sujet de conséquences spécifiques ou sur l’application d’une loi concernant le mariage ou l’union civile dans leur État devront chercher conseil auprès de leur évêque. Les conditions du canon du mariage selon le contexte des différents États La discussion qui suit sur le “canon du mariage” (canon I.18) explore plusieurs scénarios de couples de même sexe demandant à bénéficier de la liturgie proposée et développée en réponse à la résolution 2009-C056 de la Convention générale et/ou d’un mariage civil. Sont 79 Le Canon I.18.2(b) décrit le mariage comme étant “l’union physique et spirituelle d’un homme et d’une femme”. La structure et certaines parties du Canon I.18 semblent considérer que si le membre du clergé officie à un mariage civil, il ou elle célèbre aussi un mariage religieux, alors qu’en fait ce sont deux actes séparés et distincts. 64 Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains considérées ici les différentes possibilités aussi bien dans les diocèses qui permettent la bénédiction d’union ou de mariage de couples de même sexe que dans ceux qui l’interdisent. Le canon du mariage Le “canon du mariage” est le canon I.18, “De la célébration du mariage”. La section 1 du canon demande au clergé de se conformer aux (i) lois civiles sur le mariage de leur État (“devra se conformer aux lois de l’État concernant le statut du mariage civil”) et aux (ii) “lois de cette Église concernant la célébration du mariage”. La section 2 inclut cinq conditions devant être vérifiées par un membre du clergé avant de célébrer un mariage. Cette section ne fait pas toujours la distinction entre le fait d’officier à un mariage civil en tant qu’agent de l’État et le fait de célébrer un mariage religieux à partir de la “Célébration et bénédiction d’un mariage” du Livre de la prière commune. La structure et certaines parties du texte du canon semblent considérer que le célébrant remplit ces deux actions et non pas l’une ou l’autre. Les cinq conditions sont: (a) les deux personnes ont le droit de contracter un mariage au regard des lois de l’État; b) les deux personnes comprennent que “le mariage est l’union physique et spirituelle d’un homme et d’une femme; union de cœur, de corps et d’esprit, formée avec l’intention d’un engagement à vie, voulue dans une communauté de foi et par consentement mutuel”; (c) les deux personnes “consentent à ce mariage librement et en toute connaissance de cause, sans qu’il y ait fraude, contrainte, erreur sur l’identité d’un des partenaires, ou incapacité mentale”; (d) au moins une des deux personnes est baptisée; (e) les deux personnes “ont été informées de la nature, du sens et du but du mariage par un membre du clergé, ou ont reçu ces enseignements de personnes reconnues par le clergé comme étant compétentes et responsables.” Les points (a) et (c) sont les vérifications habituelles dont doivent s’assurer les agents de l’État (c’est-à-dire les juges de paix, juges et membres du clergé) quand ils officient dans le cadre d’un mariage civil, mais ce sont aussi des conditions canoniques essentielles pour la célébration et la bénédiction d’un mariage. Les trois autres points sont Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains 65 des conditions supplémentaires posées par l’Église, sans rapport avec les lois des États. La section 3 du canon énonce quatre autres conditions à satisfaire pour la célébration d’un mariage: (a) la publication des bans du mariage (cette condition peut être levée par le célébrant); (b) la présence d’au moins deux témoins; (c) l’enregistrement des données appropriées dans le registre de la paroisse; (d) la signature de la déclaration d’intention, dont le contenu est détaillé dans la sous-section I.18.3 (e)-(g). La section 4 du canon indique qu’un membre du clergé a la discrétion de refuser de célébrer un mariage. Scénarios Les scénarios suivants exposent un éventail de situations types à même de se présenter avec la mise en place de la liturgie proposée. Dans chaque scénario, “un couple de même sexe éligible” indique qu’au moins un des membres du couple est baptisé et participe à la vie d’une communauté de foi chrétienne, et que si une personne est divorcée, elle a obtenu l’accord obligatoire de l’évêque du diocèse. L’expression “union civile” peut remplacer “mariage civil” dans la plupart des cas sans que cela ait de conséquences. Les membres laïcs et du clergé de l’Église ayant des questions ou des préoccupations au sujet de conséquences spécifiques ou sur l’application d’une loi concernant le mariage ou l’union civile dans leur État devront chercher conseil auprès de leur évêque. Les variations autour de ces scénarios devraient généralement s’inscrire dans la même logique que les analyses ci-dessous. Scénario A Dans un État autorisant le mariage civil de couples de même sexe, un couple de même sexe éligible demande à un membre du clergé de célébrer pour eux la liturgie proposée et d’officier à leur mariage civil. Le membre du clergé doit répondre en accord avec les directives de l’évêque de son diocèse: 66 Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains 1. La directive de l’évêque du diocèse est que ni l’un ni l’autre ne sont possibles dans le diocèse. 2. La directive de l’évêque du diocèse est que le prêtre peut célébrer la liturgie proposée mais pas officier au mariage civil. 3. La directive de l’évêque du diocèse est que le prêtre peut officier au mariage civil mais ne peut pas célébrer la liturgie proposée. 4. La directive de l’évêque du diocèse est que le prêtre peut officier au mariage civil et célébrer la liturgie proposée. Si l’évêque du diocèse reste silencieux sur la possibilité d’officier au mariage civil, les lois des États permettent aux membres du clergé de le faire (bien qu’en cas de doute, le membre du clergé devrait chercher conseil auprès de son évêque). Si l’évêque du diocèse reste silencieux sur l’utilisation de la liturgie proposée, cette liturgie ne peut pas être célébrée. Dans ces scénarios et ceux qui suivent, un prêtre qui désobéit aux directives de l’évêque de son diocèse et/ou au canon approprié encourt une action disciplinaire en application du Titre IV. Scénario B Dans un État autorisant le mariage civil de couples de même sexe, un couple de même sexe éligible demande à un prêtre de célébrer leur mariage en utilisant la “Célébration et bénédiction d’un mariage” du Livre de la prière commune et, aussi, d’officier à leur mariage civil. Les rubriques du Livre de la prière commune et du canon I.18 indiquent toutes deux que le rite du mariage est réservé à un homme et une femme. Ceci n’est pas soumis à la discrétion d’un évêque ou d’un prêtre. Si l’évêque du diocèse a autorisé l’utilisation de la liturgie pour des bénédictions, le prêtre peut la célébrer dans ce cadre. Et, à moins que le contraire ne lui ait été ordonné par l’évêque du diocèse, le prêtre peut officier au mariage civil. Néanmoins, la structure et certaines parties du canon I.18 peuvent être interprétées comme n’autorisant pas un membre du clergé à officier à un mariage civil si le couple n’est pas éligible pour un mariage religieux, comme c’est le cas dans un mariage civil d’un couple de même sexe. Un évêque, un prêtre ou un diacre qui transgresse les rubriques ou le canon encourt une action disciplinaire en application du Titre IV. Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains 67 Scénario C Dans un État interdisant le mariage civil de couples de même sexe, un couple de même sexe éligible demande à un prêtre de célébrer la liturgie proposée et un mariage civil. Comme la loi de l’État interdit le mariage civil pour le couple, le prêtre ne peut pas officier à leur mariage civil. Si l’évêque du diocèse a autorisé l’utilisation de la liturgie proposée, le prêtre peut célébrer la liturgie. Scénario D Dans un État interdisant le mariage civil de couples de même sexe, un couple de même sexe éligible demande à un prêtre la liturgie proposée. Si l’évêque du diocèse a autorisé l’utilisation de la liturgie proposée, le prêtre peut célébrer la liturgie. Scénario E Dans un État autorisant le mariage civil de couples de même sexe, un couple de même sexe éligible, marié dans un autre État où leur mariage est légal, demande à un prêtre la liturgie proposée. Si l’évêque du diocèse a autorisé l’utilisation de la liturgie proposée, le prêtre peut célébrer la liturgie. Scénario F Dans un État interdisant le mariage civil de couples de même sexe, un couple de même sexe éligible, marié dans un autre État où leur mariage est légal, demande à un prêtre la liturgie proposée. Si l’évêque du diocèse a autorisé l’utilisation de la liturgie proposée, le prêtre peut célébrer la liturgie. Autres ressources La National Conference of State Legislatures, une association nonpartisane fournissant des ressources pour les législatures d’État et les législateurs, tient à jour un site Internet très utile sur la législation des États concernant le mariage, les unions civiles et ce qui y affère: http://www.ncsl.org/default.aspx?tabid=16430. 68 Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Préparer des couples de même sexe pour une liturgie de bénédiction 69 70 Table des matières P résentation: l’accompagnement pastoral pour les couples de même sexe 1. Les ressources disponibles: documents pour l’accompagnement pastoral 2. Problématiques propres aux couples de même sexe 3. Personnes présentant le couple 4. Présentation de la préparation à la bénédiction de couples de même sexe Documents 1. Réflexion théologique sur la relation d’alliance: pratique spirituelle pour les couples de même sexe 2. Déclaration d’intention pour une alliance de couple 3. À propos des personnes qui présentent — Pour le couple 4. Information pour les personnes qui présentent 5. Modèle de directives pour les congrégations Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 71 72 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Présentation: l’accompagnement pastoral pour les couples de même sexe Vous avez entendu ce que j’avais prédit, et vous pouvez constater que tout s’est réalisé. N’allez-vous pas le reconnaître? Eh bien, à partir d’aujourd’hui, j’annonce des faits nouveaux que je tenais en réserve et dont vous n’avez pas idée. — Ésaïe 48.6 Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut s’étende jusqu’au bout du monde. — Ésaïe 49.6 Les ressources pastorales contenues dans cet essai ont été élaborées pour aider le clergé et les laïcs formés à l’accompagnement à préparer les couples de même sexe à une bénédiction de leur union, en utilisant la liturgie “Présentation et bénédiction de l’alliance de couple”. Ce qui est attendu de cette préparation est équivalent aux conditions canoniques pour les couples se préparant à un mariage et qui reçoivent un enseignement sur “la nature, le sens et le but du mariage” (canon I.18.2[e]). La préparation est la même pour tous les couples, qu’ils soient de même sexe ou de sexes opposés. La plupart des membres du clergé et des laïcs qui proposent déjà une préparation de mariage aux couples de sexes opposés sont plus que compétents pour travailler avec des couples de même sexe. Néanmoins, comprendre certaines différences est nécessaire – et peut faciliter la préparation. Les ressources pastorales décrites dans cet essai traitent des différences entre la préparation des couples de même sexe et celle des couples de sexes opposés et incluent quelques-unes des ressources disponibles pour préparer les couples de même sexe à la bénédiction de leur union. Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 73 Des compétences contextuelles Le clergé et les laïcs qualifiés qui préparent des couples à des bénédictions ont besoin d’avoir des compétences contextuelles, un concept dérivé des compétences culturelles. Dans des domaines tels que la santé, le travail social et l’éducation, des professionnels culturellement compétents incarnent une sensibilité, une attitude positive, un savoir et des aptitudes qui leur permettent de travailler de façon efficace dans des situations interculturelles. Considérons les différentes situations que l’on peut être amené à rencontrer en préparant un couple pour une bénédiction ou un mariage: • préparer un couple dans la soixantaine est très différent de préparer un couple dans la vingtaine; • préparer un couple au début de leur relation est très différent de préparer deux personnes engagées depuis longtemps dans une vie de couple; • préparer un mariage mixte diffère par certains aspects de la préparation d’un couple de même origine ethnique; • préparer un couple sans enfant est différent de préparer des parents. Être “contextuellement compétent” veut dire comprendre et apprécier ces situations – et bien d’autres. Le clergé et les laïcs qualifiés, lorsqu’ils considèrent travailler avec des couples de même sexe, ont donc besoin d’évaluer leurs propres compétences contextuelles. S’ils pensent qu’ils ne peuvent pas travailler – ou apprendre à travailler – avec un couple de même sexe avec plaisir et sensibilité, alors ils doivent référer le couple à un autre membre du clergé ou un autre laïc qualifié. Les documents ci-dessous aideront le clergé et les laïcs concernés à adapter leur expertise pour travailler avec des couples de même sexe de manière contextuellement compétente. 74 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 1. Les ressources disponibles: documents pour l’accompagnement pastoral Dans son enquête à travers toute l’Église sur les ressources pastorales et pédagogiques, la Commission en charge de la liturgie et de la musique a constaté que les ressources ci-dessous sont parmi les plus communément employées pour préparer les couples de même sexe à une bénédiction. Prepare/Enrich (Life Innovations, Inc.) https://www.prepare-enrich.com • Un inventaire de la relation qui évalue les points forts et les points à développer pour le couple sur des sujets comme l’argent, la communication, la résolution des conflits et la sexualité. Cet outil d’évaluation est de loin celui utilisé le plus fréquemment par les personnes ayant répondu à l’enquête de la Commission. Les “facilitateurs” (le terme utilisé dans Prepare/Enrich) doivent être formés à son utilisation; se référer au site Internet pour connaître le prix d’achat. • Points positifs: récemment réactualisé (2008); version personnalisée facilement utilisable avec des couples de même sexe; emploie le terme “partenaire”; outil le plus complet pour aborder les problèmes de personnalité, de résolution des conflits, de famille, de santé, d’argent ou de spiritualité; évalue les objectifs, points forts et points à développer; grande base nationale de références (plus de cinq mille couples). • Points négatifs: pour le moment, les résultats de leurs recherches sont standardisés uniquement pour les couples de sexes opposés, il n’y a donc pas de “référence” pour comparer les données d’un couple de même sexe. Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 75 Premarriage Awareness Inventory (Logos Productions) http://www3.logosproductions.com • Préféré par les personnes qui n’ont pas été formées à Prepare/Enrich. • Points positifs: trois formats personnalisés, y compris des inventaires pour les personnes ayant déjà vécu ensemble ou ayant déjà été mariées; évaluation personnelle approfondie; aborde des domaines importants comme la foi, l’argent, la famille d’origine, les enfants, les problèmes de pouvoir, les objectifs de vie. • Points négatifs: standardisé pour des couples de sexes opposés, mais les auteurs ont annoncé qu’une version pour les couples de même sexe allait être lancée (pas de date indiquée). 76 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 2. Problématiques propres aux couples de même sexe Les problématiques ou les différences propres aux couples de même sexe ne posent pas nécessairement de difficultés lors des préparations de bénédiction. Elles s’avèrent souvent être des dons, en particulier si le membre du clergé ou la personne laïque préparant le couple perçoit les variations comme faisant partie du plan de Dieu pour le monde et comme étant un signe de la grâce de Dieu. Ici, les compétences contextuelles sont importantes, en particulier, l’accompagnant doit avoir conscience des moments où les compétences pour préparer un couple de sexes opposés ne peuvent pas être directement transférées à la préparation d’un couple de même sexe. De plus, la personne qui travaille avec le couple doit réfléchir à sa propre compréhension de ce qu’est la bénédiction d’un couple de même sexe. Cette personne doit aussi prendre en compte la foi du couple, les communautés sociales auxquelles ils/elles appartiennent, ainsi que les positions de l’autorité diocésaine et les différentes lois de l’État. C’est avec des histoires de vie très variées que les couples de même sexe viennent demander une bénédiction; de ce fait, différentes options sont proposées, par exemple, dans le choix de prière pour la liturgie. D’autres variations que le clergé ou les accompagnants laïcs peuvent être amenés à rencontrer dans leur travail avec des couples de même sexe sont présentées ci-dessous.80 Unions civiles/mariages de même sexe légaux et directives diocésaines Pour le moment, les lois des États sur la reconnaissance des unions civiles ou des mariages de couples de même sexe sont en évolution 80 Ce document est adapté de “Pastoral Resources for Province One Episcopal Clergy Ministering to Same-Gender Couples” qui couvre très bien ces sujets. Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 77 constante à travers les États-Unis et les autres pays où l’Église Épiscopale est établie. De ce fait, il est parfois difficile de comprendre et de rester informé de tous les changements. Certains États reconnaissent les unions civiles alors que d’autres reconnaissent les mariages. Un mariage ou une union civile valide dans un État peut ne pas être reconnu dans un autre. Certains États peuvent avoir des conditions de résidence pour les unions civiles ou les mariages, ou pour la dissolution de ces unions. De même, les évêques des diocèses peuvent donner des directives différentes sur la réponse pastorale que le clergé doit apporter à des couples demandant une bénédiction de leur union. Le clergé et les couples demandant une bénédiction doivent connaître les lois de leur État et les directives de leur diocèse. Parce que certains diocèses demande un suivi conjugal professionnel pour les couples si l’un des membres (ou les deux) a divorcé plus d’une fois ou a précédemment été engagé dans plus d’une relation à long terme, le clergé doit vérifier avec l’autorité diocésaine quelles sont les directives pour ce type de situations. Les membres du clergé qui ne sont pas en mesure de donner une bénédiction formelle à des couples de même sexe peuvent vouloir leur proposer une autre réponse pastorale. Cette réponse pourrait inclure: • affirmer et soutenir leur désir de recevoir la bénédiction de Dieu pour leur couple; • se rendre à leur cérémonie d’union menée par un représentant de l’autorité civile; • recommander le couple à un autre membre du clergé épiscopalien ou à un ministre d’une autre dénomination qui serait prêt à mener une bénédiction formelle (ceux qui choisissent de recommander les couples à un autre membre du clergé doivent réfléchir à la façon de continuer et réaffirmer une relation pastorale avec le couple après la bénédiction); • reconnaître le couple au sein de la congrégation et réaffirmer les liens, l’acceptation et l’amour de la congrégation pour le couple, en rappelant que la bénédiction a un pouvoir de transformation sur le couple mais aussi sur la congrégation. Un dernier point: très peu de dénomination autorisent leur clergé à faire des bénédictions ou des mariages de couples de même sexe. De ce fait, un membre du clergé épiscopalien pourrait être approché par un couple lui demandant une bénédiction de leur union simplement parce 78 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles que cela n’est pas possible dans leur dénomination. On peut s’attendre à ce que certains de ces couples venant d’autres dénominations soient fragiles et vulnérables dans leur relation avec l’ensemble de l’Église, ils peuvent de ce fait avoir plus particulièrement besoin de soutien et d’accompagnement. Problématiques propres à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre Une personne qui fait un “coming out” tardif: certains gays et lesbiennes connaissent leur orientation dès un très jeune âge. D’autres ne l’ont comprise que petit à petit et n’en ont pris pleinement conscience que bien plus tard; certains connaissaient déjà leur orientation, mais viennent juste de faire leur coming out public. Une personne ayant fait un coming out tardif aura peut-être besoin de temps pour commencer à vivre avec son orientation sexuelle ou pour explorer avec un thérapeute ce changement central dans son image de soi avant de s’engager dans une union à vie. Gay/lesbienne/bisexuel(le): en dépit de ce que montre les études sur la sexualité menées depuis les années 1940, de nombreuses personnes pensent souvent que l’on est soit homosexuel, soit hétérosexuel – sans qu’il puisse y avoir de catégorie intermédiaire. Pourtant, l’orientation sexuelle couvre un spectre beaucoup plus large, et l’orientation sexuelle première de quelqu’un peut varier à différentes époques de sa vie. Un des membres du couple, ou les deux, peuvent avoir connu précédemment des relations hétérosexuelles. Si certaines personnes ont pu les vivre comme une tentative de se conformer aux attentes familiales, sociales et/ou religieuses, d’autres ont pu les vivre en tant que bisexuel(le)s pour qui un couple de sexes opposés était satisfaisant. Une personne bisexuelle demandant à l’Église une bénédiction de couple de même sexe s’engage à une relation monogame, de fidélité à vie. Dans la préparation de couple à la bénédiction, le clergé ou le laïc qualifié devra traiter les précédentes relations de la personne bisexuelle de la même manière qu’il ou elle traiterait les relations précédentes de toute autre personne. Transgenre: le terme “transgenre” couvre un large éventail de personnes qui ont une expérience et/ou une expression de leur genre différentes des attentes sociétales habituelles. Cela inclut exprimer un genre qui n’est pas celui indiqué sur son certificat de naissance d’origine ou de physiquement changer son sexe. Cette situation Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 79 complexe aussi bien pour la personne concernée que pour le couple doit être examinée au cours de la préparation à la bénédiction (ceci n’est pas spécifique aux couples de même sexe puisqu’un membre d’un couple de sexes opposés peut être transgenre). Les accompagnants sont encouragés à s’informer et étudier les ressources de qualité qui existent sur ce sujet complexe et/ou à échanger avec un psychologue professionnel ayant de l’expérience dans l’accompagnement de personnes transgenres. Homophobie intériorisée: un des membres, ou les deux, d’un couple de même sexe ont pu être l’objet d’attaques sociétales continues à travers des messages négatifs ou stéréotypés. Ces messages ont pu être intériorisés et avoir pour résultat que la personne soit extrêmement mal à l’aise avec son orientation sexuelle. Un membre du clergé ou un laïc qualifié qui s’aperçoit qu’une personne à de forts sentiments négatifs ou des stigmates du fait de son orientation sexuelle peut, de façon appropriée, conseiller à la personne un suivi avec un thérapeute formé pour gérer ce problème. Relations durables Les accompagnants peuvent être amenés à travailler avec des personnes qui sont ensemble depuis de nombreuses années ou qui ont été auparavant dans des relations durables et monogames. Cela implique que les accompagnants doivent être prêts à apprendre et bénéficier de la sagesse générée par le couple au fil de ses longues années ensemble. Une plus grande souffrance L’un des membres, ou les deux, d’un couple de même sexe ont pu souffrir d’exclusion ou de marginalisation, c’est-à-dire se sentir “différent” ou de “moindre valeur” que les autres. Il est clair que les lesbiennes et les gays ont plus de risque à l’adolescence d’être victimes d’injures, de mauvais traitements ou d’exploitation. Le clergé et les laïcs qui préparent les couples pour une bénédiction doivent être sensibles à ces problèmes. Bien trop souvent, un des membres du couple, ou les deux, ont tout un passif d’exclusion des avantages dont les hétérosexuels bénéficient de la part de l’État et particulièrement de la part de l’Église. Pour le couple, le membre du clergé ou le laïc les préparant pour une 80 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles bénédiction représente l’Église: l’accompagnant devra donc établir une relation de confiance avec le couple afin de les aider à gérer la colère, la souffrance ou la confusion que peuvent faire ressortir le rejet. Dans ou hors du placard? Même si un couple demande une union publique, l’un des membres du couple, ou les deux, peuvent avoir besoin de rester “dans le placard” dans certains aspects de leur vie personnelle. Par exemple, une personne peut être employée dans un lieu ou une profession où être “out” pourrait l’empêcher de pouvoir travailler dans de bonnes conditions, voire de pouvoir continuer à y travailler. Malheureusement, l’Église en est un bon exemple. Dans de nombreuses dénominations, pour des membres du clergé gays ou lesbiens, faire son coming out, surtout si l’on est en couple, peut avoir pour résultat de ne plus avoir le droit de faire son travail de membre du clergé ordonné ou d’avoir un quelconque poste à responsabilités dans l’Église. Dans des lieux de travail laïcs, où les personnes lesbiennes ou gays peuvent être protégées par la loi, leur orientation peut affecter leur embauche ou entraîner une ambiance de travail tendue et hostile. Être “out” peut avoir un effet négatif lorsque l’on veut obtenir ou même maintenir un poste dans le service public. Les lesbiennes et les gays qui servent dans l’armée n’ont plus besoin de rester “dans le placard”, mais nombreux sont ceux qui étaient dans l’armée avant ce changement et qui peuvent avoir besoin d’évoquer leur passé dans le service armé. Les couples gays et lesbiens prennent un risque, parfois même mortel, quand ils se montrent de l’affection en public; quand ils/elles ne peuvent pas se tenir la main, cela veut dire porter un secret. À cause de cela, il peut y avoir des tensions dans un couple quand une personne est “out” et à l’aise avec des démonstrations d’affection en public alors que l’autre personne ne l’est pas. Dans certaines situations professionnelles, une personne peut devoir faire attention en appelant son/sa partenaire au travail ou en recevant des messages à leur domicile. Les couples ont besoin de discuter quand, où et avec qui, de façon générale, il est approprié de parler de leur relation. Cela fait partie de leur préparation de discuter spécifiquement des besoins et des limites de chacun(e) en rendant leur relation publique à travers une cérémonie. Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 81 Les relations passées et leurs résolutions Tous les couples doivent faire face à leur passé, mais la reconnaissance légale des couples de même sexe étant récente, il y a moins de chance que ces couples aient des documents formels, écrits et légaux concernant leurs précédentes séparations. Les couples sont plus libres de construire une nouvelle relation une fois qu’ils ont digéré ce que l’un ou l’autre a appris de ses relations précédentes et que les problèmes d’argent, de propriété, de garde d’enfants et de responsabilités envers l’époux(se) ou le/la partenaire précédent(e)s ont été résolus. Familles d’origine La plupart des membres du clergé et des laïcs qualifiés s’intéressent à la famille d’origine de chaque personne au cours de la préparation de mariage de couples de sexes opposés. Les éléments discutés peuvent donner au couple une perspective intéressante sur certains sujets, tels que leur point de vue sur ce qu’est une relation qui marche ou ne marche pas et leur attitude vis-à-vis de l’argent ou l’éducation des enfants. Ces éléments peuvent aussi donner l’occasion au couple d’identifier des problématiques non encore résolues qui pourraient affecter leur relation. Un domaine qui est propre aux couples de même sexe est la façon dont leurs familles ont réagi à leur orientation, leur vie publique en tant que lesbienne ou gay, et leur vie de couple. Il peut être bon pour les couples de considérer les questions suivantes: est-ce que chacun(e) a fait son coming out à sa famille? Si oui, quelles furent leurs réactions? Les membres du couple ont-ils parlé à leurs familles de leur intention de se faire bénir? La famille a-t-elle une attitude de soutien, d’hostilité, de tristesse, ou est-elle tout simplement absente? Comment chaque famille va-t-elle traiter leur partenaire: la famille le/la verra-t-il/elle comme un(e) époux(se) faisant partie de la famille, ou comme un(e) ami(e) ou un(e) colocataire? En d’autres termes, le couple a-t-il discuté la façon dont il anticipe que les beaux-parents vont se comporter alors qu’ils/elles s’apprêtent à s’engager dans une union à vie? De même, le couple a-t-il un réseau qui le soutient, individuellement et en tant que couple, et voit-il comment ce réseau va faire partie de leur nouvelle vie commune? 82 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Du point de vue légal Pour les couples de sexes opposés, le mariage apporte automatiquement des protections et des obligations légales (qui dépassent la légalisation de l’union). Dans les États où les unions civiles de même sexe ne sont pas autorisées et même dans les États qui ont mis en place un cadre légal pour les couples de même sexe, il est essentiel que les couples de même sexe prennent à titre privé les dispositions nécessaires pour remplacer une partie des protections légales qui découlent du mariage civil (même si les dispositions privées ne couvrent pas la totalité des dispositions offertes par le mariage civil). Le couple devrait considérer la mise en place d’un pouvoir légal durable en ce qui concerne la santé et les finances, des testaments, des “testaments biologiques”, et prendre conseil auprès d’un professionnel pour la gestion de leurs biens. De plus, les couples devraient s’informer auprès de professionnels en ce qui concerne les impôts, la sécurité sociale et d’autres points légaux, que cela soit au niveau fédéral ou de l’État (par exemple, la couverture de la sécurité sociale n’est pas transférable au dernier vivant d’un couple de même sexe). Les enfants Comme pour les couples de sexes opposés sans enfant, les couples de même sexe devraient aussi discuter ensemble si ils/elles souhaitent avoir des enfants. Cette discussion peut inclure les sujets suivants: quand avoir des enfants, le mode de reproduction, l’impact des enfants sur les finances du couple et leurs emplois, et tout ce qui touche à l’éducation, comme la garde des enfants ou la discipline. Les couples qui ont déjà des enfants devraient discuter de la meilleure façon d’aider les enfants à s’adapter et s’intégrer à la nouvelle configuration familiale. Les couples de même sexe, et particulièrement ceux qui ont été bénis par des enfants issus de précédentes relations hétérosexuelles, doivent aussi soutenir leurs enfants à travers les différentes étapes de leur développement, notamment dans la façon dont les enfants sont en relation avec leurs pairs: ces derniers pourraient ne pas comprendre ou même avoir une réaction hostile au fait d’avoir un(e) ami(e) dont les parents sont de même sexe. Les couples de même sexe doivent être conscients de l’ambiguïté qui existe, aussi bien dans les lois fédérales que les lois d’État, concernant la garde des enfants et l’autorité parentale et devraient prendre conseil auprès d’un professionnel pour se protéger et protéger leurs enfants. Ceci concerne tous les couples, qu’ils résident ou non dans un État reconnaissant les unions civiles ou les mariages de même sexe. Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 83 3. Personnes présentant le couple Le couple choisit des personnes qui vont les soutenir et les présenter au célébrant et à l’assemblée lors de la cérémonie de bénédiction. La liturgie proposée pour les couples de même sexe offrent la possibilité d’avoir des personnes qui présentent le couple, comme cela se fait dans certaines congrégations pour les couples de sexes opposés. Cette option donne une place dans la liturgie à des personnes importantes dans la vie du couple et en fait une expérience plus riche pour tous ceux qui y participent. Les personnes qui les présentent peuvent aussi avoir un rôle important de soutien pour le couple avant et après la cérémonie. Le choix d’un couple ayant de l’expérience et une maturité relationnelle peut être d’une grande aide pour un couple qui commence sa vie commune. Le couple, aidé par le membre du clergé ou l’accompagnant laïc, doit discuter du choix de ceux qui vont les présenter le plus tôt possible afin que le travail de prière des personnes qui les accompagnent puisse aussi commencer le plus tôt possible. Deux documents (un pour le couple et un pour les personnes qui les présentent) détaillent le rôle de ces personnes. Ils ont été conçus pour être utilisés à la fin de la première séance de préparation à la bénédiction. 84 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 4. Présentation de la préparation à la bénédiction de couples de même sexe On trouvera ci-dessous la présentation d’une préparation à la bénédiction en cinq séances, qui peut être utilisée avec les ressources déjà présentées. Il ressort de l’enquête menée dans toute l’Église sur les ressources pastorales et pédagogiques par la Commission en charge de la liturgie et de la musique qu’un grand nombre de laïcs qualifiés et de membres du clergé souhaitent avoir un modèle très spécifique pour ces préparations. Néanmoins, les personnes ayant déjà l’expérience de l’accompagnement de couples peuvent adapter, combiner ou réorganiser ce modèle. Dans l’idéal, les séances durent entre soixante et quatre-vingt-dix minutes et les deux partenaires doivent être présent(e)s pour toutes les séances (bien que l’accompagnant peut décider de voir l’une des deux personnes seules afin d’aborder un ou des problèmes spécifiques). Objectif La préparation à la bénédiction a pour objectif de renforcer une union à vie et monogame prenant ses racines en Christ. La résolution 2000D039 de la Convention générale traite des espoirs et attentes – de l’Église et du couple – placés dans une telle relation: Résolu, Que nous attendons que ces relations soient caractérisées par leur fidélité, monogamie, affection réciproque et respect, une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu; et de plus qu’il soit Résolu, Que nous dénonçons la promiscuité, l’exploitation, et les relations abusives dans les relations que peuvent avoir nos membres; et de plus qu’il soit Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 85 Résolu, Que cette Église compte tenir pour responsables de ces valeurs tous ses membres et leur apportera son soutien dans la prière, les encouragements et l’accompagnement pastoral nécessaires pour vivre fidèlement en accord avec celles-ci. Les attentes Les réalités: • le clergé et les laïcs sont formés de manières très diverses à l’accompagnement des préparations au mariage; • le clergé et les laïcs qualifiés emploient un large éventail de méthodes pour les préparations de mariage et de bénédiction. Les hypothèses: • le prêtre ou l’évêque est prêt à célébrer la bénédiction; • le membre du clergé ou le laïc a de l’expérience dans l’accompagnement de couples pour un mariage ou une bénédiction; • le membre du clergé ou le laïc est prêt à orienter le couple vers un thérapeute professionnel si les circonstances le réclament. Une vérité: • chaque couple est unique, ce qui demande de s’adapter à chaque fois que cela est nécessaire. Préparer des couples de même sexe ensemble depuis longtemps Lorsque l’on prépare des personnes qui sont ensemble depuis de nombreuses années, la structure des séances peut être modifiée et il est possible qu’un nombre moins important de séances soit nécessaire. Une suggestion est d’adapter la première séance pour apprendre à connaître le couple, présenter la liturgie, etc. La deuxième séance peut alors se baser sur les questions ci-dessous, des sujets de discussion qui sont respectueux de la durée de la relation et inviter le couple à parler de sa vision de l’Église. 86 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles • Qu’est-ce que cela signifie pour vous que votre union soit bénie par l’Église après toutes ces années? • En quoi le fait d’avoir la bénédiction de l’Église et de prendre un engagement public – même si vous l’avez déjà fait à titre privé ou en dehors de l’Église – va-t-il avoir un effet sur vous ou votre relation? • Qu’est-ce que votre relation peut apprendre à l’Église? Enfin, la troisième séance peut être adaptée à partir de ce qui est habituellement la cinquième séance: faire un bilan, clarifier la liturgie et couvrir toute autre question qui a pu être soulevée. Séance 1: apprendre à se connaître et présentation Cette séance se concentre sur apprendre à se connaître. On commence aussi à aborder les détails du rite, ce qui donne au couple et au membre du clergé l’occasion d’étudier le rite ensemble, sa signification, ses choix et d’affirmer que la bénédiction, enracinée en Dieu, est donnée à travers l’Église. Certains membres du clergé peuvent préférer présenter un aperçu général du rite dans cette séance, puis l’étudier précisément à un stade plus avancé du processus. Aborder les aspects pratiques de la bénédiction tout de suite aide à construire une relation de confiance et permet au couple de s’ouvrir aux thèmes abordés lors des quatre séances suivantes. Même en ne donnant qu’un aperçu général du rite, l’accompagnant peut répondre aux questions du couple et réduire leur anxiété en leur expliquant comment les choses vont se dérouler le jour J. La séance 1 couvre beaucoup d’éléments, dont une partie peut être repoussée à une autre séance. Les documents pour cette séance sont: • la liturgie “Présentation et bénédiction d’une alliance de couple”; • 1. Réflexion théologique sur la relation d’alliance: pratique spirituelle pour les couples de même sexe (document à la fin de cette présentation; • 2. Déclaration d’intention pour une alliance de couple (document à la fin de cette présentation); • 3. À propos des personnes qui présentent — Pour le couple (document à la fin de cette présentation); • 4. Information pour les personnes qui présentent (document à la fin de cette présentation). Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 87 Présentation de la séance 1 • Priez ensemble. • Apprenez à vous connaître (cette partie peut changer si l’accompagnant connaît déjà le couple). • Explorer l’histoire du couple en ce qui concerne la religion, leurs expériences avec l’Église ou des Églises et les raisons pour lesquelles ils ont choisi cette congrégation. • Réfléchir à la signification théologique de la relation du couple. Le document Réflexion théologique sur la relation d’alliance: pratique spirituelle pour les couples de même sexe peut faciliter cette discussion (cette réflexion peut être repoussée à une autre séance). • Revoir avec le couple la Déclaration d’intention pour une alliance de couple et leur demander de la signer. • Détailler pas à pas le rite de la bénédiction, soulever les problèmes théologiques et lister les choix liturgiques: – discuter de l’eucharistie comme faisant partie du service. Néanmoins, célébrer l’eucharistie peut ne pas être approprié si seulement un des membres du couple est chrétien; – mettre l’accent sur la différence entre une cérémonie civile et une bénédiction ecclésiale; – répondre aux questions sur les détails de la cérémonie et les pratiques de l’Église; – raborder la possibilité d’avoir des personnes pour présenter le couple. À la fin de la séance, remettre les documents écrits au couple et leur suggérer des “devoirs à la maison”, c’est-àdire des sujets auxquels réfléchir pour les séance 2 et 3: • les familles d’origine et l’enfance: – qu’est-ce qui se passait plutôt bien et qu’est-ce qui ne se passait pas si bien dans leurs familles d’origine? (Ce sujet pourra influencer le travail fait en séance 4); – l’histoire familiale par rapport à l’Église/la religion, ainsi que leur histoire individuelle – positive et négative – par rapport à l’Église/la religion. • les mariages des membres de la famille, en particulier des parents: – la façon dont les parents gèrent les conflits; – la façon dont les parents éduquent les enfants; – l’acceptation par la famille de l’orientation sexuelle des enfants. 88 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Séance 2: apprendre du passé, 1re partie Cette séance offre l’espace et le temps nécessaires à l’un des membres du couple pour parler et à l’autre pour l’écouter. La séance 2 commence par une prière, puis se concentre sur la relation qu’entretient un(e) des partenaires avec sa famille d’origine; on y discute du mariage ou des mariages de ses parents et de sa fratrie et, si possible, de ses grands-parents et amis proches. Cet échange permet d’évoquer ce que la personne souhaite reproduire ou non dans ses relations présentes et futures, et en particulier dans l’union qui va être bénie. De plus, la personne peut examiner le niveau d’acceptation par sa famille de son couple et d’autres problèmes liés à la famille d’origine ou à l’enfance. L’idée sous-jacente de cette analyse est que certains problèmes sont reproduits de génération en génération: une fois les problèmes clairement identifiés, les personnes peuvent choisir de continuer ces cycles ou, au contraire, de les modifier. On obtient de meilleurs résultats dans cette séance si la conversation se construit naturellement plutôt qu’en suivant un plan d’entretien rigide, et si l’on aborde les points suivants: • la famille: nombre et ordre de naissance des frères et sœurs; • l’argent: son rôle et son influence dans la famille; • la sexualité: positions de la famille d’origine sur la monogamie, la fidélité et la place de la sexualité dans une relation; • l’alcool et la drogue: leurs places dans la famille quand les enfants étaient à la maison; • la belle-famille: relations avec la belle-famille et la famille élargie; • les enfants: – accords et désaccords antre les parents sur l’éducation des enfants; – le ressenti, les impressions de la personne sur son enfance dans sa famille. • les conflits: comment les parents géraient leurs désaccords et leurs disputes. Au terme de la discussion, l’accompagnant invite la personne à identifier ce qu’elle souhaite reproduire ou ne pas reproduire dans sa relation actuelle. Ensuite, le/la partenaire resté(e) silencieux(se) peut réagir à ce qui a été dit, à ce qu’il/elle a appris, en particulier si certains éléments ne lui étaient pas connus avant cet échange. Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 89 Séance 3: apprendre du passé, 2e partie Cette séance continue l’exploration du passé en donnant cette fois l’occasion à l’autre membre du couple de parler de sa famille d’origine. Les deux membres du couple doivent avoir l’occasion de réfléchir à ces sujets et d’entendre l’histoire de l’autre afin que chaun(e) puisse connaître et mieux apprécier ce que l’autre apporte à leur relation. La séance 3, qui commence aussi par une prière, reproduit avec la seconde personne le même cheminement que la séance 2. S’il reste assez de temps à la fin de la séance, le couple peut discuter de l’impact de leur histoire familiale sur leur relation. Séance 4: regarder l’avenir Cette séance est une occasion de considérer la relation aujourd’hui et dans le futur. Elle invite le couple à lister les domaines qui sont des points forts dans leur relation tout en laissant l’espace nécessaire pour identifier et aborder les domaines qui peuvent être problématiques. Les réflexions, les questions et les informations récoltées au cours des séances précédentes peuvent aider à évaluer où en est le couple aujourd’hui et quels sont les aspects de leur relation et de leur foyer qui peuvent avoir besoin d’attention à l’avenir. Après avoir commencé la séance par une prière, les thèmes suivants devraient être abordés: • la relation du couple en général: exploration de leur parcours de couple jusqu’à aujourd’hui; • le rôle de la sexualité et de l’intimité dans la relation (par exemple, des changements éventuels dans le comportement sexuel du fait de l’engagement dans une relation monogame); • la place de l’alcool et la drogue dans la relation; • l’argent (par exemple, les finances du foyer et le planning budgétaire); • les protections légales (par exemple, un pouvoir légal durable en ce qui concerne la santé et les finances, des testaments, des “testaments biologiques”, une assurance); • les rôles dans le foyer (par exemple, qui sort la poubelle, qui gère l’agenda social?); 90 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles • la communication: – la façon dont le couple échange; – que se passe-t-il quand ils/elles ne sont pas d’accord? • les inquiétudes pour l’avenir; • la prise de décision en tant que couple; • les relations avec les familles en tant qu’individu (sa famille et celle de son/sa partenaire) et en tant que couple; • le réseau de soutien, aujourd’hui et dans l’avenir. La séance 4 se termine sur une discussion autour de la nécessité de limites claires entre les générations pour que la vie du couple soit perçue comme distinctes de celles des générations plus âgées et plus jeunes. Séance 5: décisions liturgiques et bilan La séance 5, centrée sur la bénédiction elle-même, est l’occasion de faire des choix concernant la liturgie, basés sur le document Réflexion théologique sur la relation d’alliance remis (et discuté) lors de la première séance. L’étendue de cet échange dépendra de ce qui a été ou non abordé pendant la séance 1. De plus, étant la dernière séance, la séance 5 est l’occasion d’examiner les questions qui ont pu émerger lors des séances précédentes. Présentation de la séance 5 • Prier ensemble. • Traiter les questions et les inquiétudes qui ont pu émerger lors des séances précédentes. • Revoir la réflexion théologique à la lumière des précédentes séances et la bénédiction à venir. L’accompagnant peut aider le couple à faire le lien entre les pratiques spirituelles de leur vie de couple et la “mise en scène” de la cérémonie. Par exemple, arriveront-ils/elles ensemble ou séparément, ou seront-ils/elles déjà à leur place lorsque la liturgie va commencer? Seront-ils/elles assis(es) côte à côte pendant le ministère de la Parole ou de chaque côté de l’allée? Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 91 • Discuter les détails du service: – les Écritures (quels passages se rapportent le mieux à la vie commune du couple?) et si des lectures non bibliques seront incluses; – la liturgie aura-t-elle lieu lors de la principale célébration hebdomadaire de la congrégation? La célébration de l’eucharistie devra-t-elle être omise pour raison pastorale? – les autres choix liturgiques, en particulier: Quelle prière sera utilisée? Lequel des deux vœux sera utilisé? Des anneaux seront-ils échangés, ou, si le couple porte déjà des anneaux, seront-ils bénis? Quelle musique, s’il y en a, sera utilisée? (Le couple devra consulter le musicien de la congrégation.) • Discuter le rôle des personnes qui présentent le couple, leur soutien pendant la cérémonie et dans leur vie. Pour terminer, l’accompagnant peut affirmer au couple qu’ils ont fait ensemble un travail difficile et important, un travail qui est un cadeau à la fois pour eux et pour l’accompagnant. L’accompagnant peut exprimer sa joie anticipée à l’idée de la bénédiction du couple, de rencontrer leurs familles proches et élargies, de les voir avec leurs amis et de célébrer leur union devant Dieu. 92 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Documents 1. Réflexion théologique sur la relation d’alliance: pratique spirituelle pour les couples de même sexe 2. Déclaration d’intention pour une alliance de couple 3. À propos des personnes qui vous présentent — Pour le couple 4. Information pour les personnes qui présentent 5. Modèle de directives pour les congrégations Dans la Déclaration d’intention, il faut remplacer N. N. et N. N. dans la première phrase par les noms du couple. Les documents 3 à 5 sont des exemples qui peuvent être adaptés pour une congrégation spécifique. Dans ces documents, l’expression “l’église épiscopale de N.” doit être remplacée par le nom de la congrégation et un changement similaire sera effectué pour “diocèse épiscopalien de X.” Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 93 94 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Document 1 Réflexion théologique sur la relation d’alliance: pratique spirituelle pour les couples de même sexe Vie chrétienne et alliance Tous les chrétiens sont appelés à témoigner de la Bonne Nouvelle de l’amour et de la grâce de Dieu en Jésus-Christ, à travers le pouvoir du Saint-Esprit. Nous avons la capacité d’apporter ce témoignage grâce à notre relation d’alliance avec Dieu. Le baptême nous engage dans cette alliance, en nous faisant pour toujours membre du Christ dans le Corps du Christ, l’Église. L’eucharistie nous nourrit dans cette vie d’alliance et nous renforce pour être les témoins de Christ dans le monde. Notre vie d’alliance avec Dieu s’exprime dans des relations d’engagement et de fidélité, y compris celles des couples de même sexe. C’est la joie de l’Église de célébrer ces relations comme étant des signes de l’amour de Dieu, de prier pour que la grâce de Dieu soutienne les couples dans leur vie commune et de se joindre à ces couples dans notre témoignage partagé de l’Évangile dans le monde. Thèmes pour une réflexion théologique et une pratique spirituelle Un cadre sacramentel pour les relations d’alliance offre la possibilité de méditer sur la grâce du Christ et le fruit du Saint-Esprit dans la vie des couples engagés et fidèles. Plusieurs thèmes théologiques peuvent aider les couples à considérer leurs vœux d’alliance comme une forme de pratique spirituelle. • La vocation: Dieu nous appelle à prendre part à toutes sortes de relations, que cela soit en tant que célibataires, dans des communautés monastiques, ou en tant que couples intimes. Ces Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 95 vocations peuvent donner de la puissance à notre témoignage de l’Évangile. La décision de former une alliance de couple est une vocation marquée par ces caractéristiques: “fidélité, monogamie, affection réciproque et respect, une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu.” • Le foyer: les relations d’alliance sont souvent vécues dans des foyers où nous pratiquons quotidiennement le don de soi pour le bien de l’autre. Même si les foyers peuvent prendre des formes différentes, ils créent un espace de confiance mutuelle et de responsabilité. La joie, l’intimité et la vulnérabilité partagée d’un foyer peut ainsi nous apprendre la pratique spirituelle de la compassion, du pardon et de la réconciliation qui accompagnent les vies de couple monogame et fidèle. • La fécondité: la grâce divine qui nourrit une alliance de couple porte de nombreux fruits, non seulement pour le couple mais aussi pour l’ensemble de la communauté. Les couples ainsi engagés manifestent cette grâce en partageant leurs dons dans des ministères, des vies de service, de générosité et d’hospitalité. • La bénédiction mutuelle: une union bénie l’est dans un but divin: témoigner de l’amour créateur, rédempteur et sanctifiant de Dieu dans le monde. Alors que le SaintEsprit donne la capacité et le pouvoir au couple d’offrir ce témoignage, l’Église est aussi bénie et renforcée dans sa mission et son ministère. À travers tout ceci et plus encore, la bénédiction d’un couple de même sexe invite le couple et l’ensemble de l’Église à renouveler notre alliance baptismale. Cet engagement est exprimé par notre foi en la Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, dans notre espoir de l’union avec Dieu promise par Christ et par notre amour qui nous lie les uns aux autres en tant Corps du Christ. Comme l’a dit l’apôtre Paul, nous vivons notre vie commune de peuple de Dieu avec la foi, l’espérance et l’amour. Mais la plus grande de ces choses est l’amour (1 Corinthiens 13.13). 96 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Document 2 Déclaration d’intention pour une alliance de couple NOTE: ce modèle est présenté pour être utilisé avec des couples de même sexe, une déclaration équivalente étant exigée par les canons de l’Église (canon I.18.3[d-g]) pour les couples de sexes opposés avant leur mariage. Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen. Nous, N. N. et N. N., souhaitant recevoir la bénédiction d’alliance de couple, déclarons solennellement que nous considérons cette alliance comme notre engagement à vie comme indiqué par la Convention générale de l’Église Épiscopale. Nous croyons que notre alliance est voulue par Dieu pour notre joie mutuelle, pour le soutien et l’encouragement que nous nous offrons réciproquement au quotidien et dans les périodes de changement, pour apporter la grâce de Dieu à notre communauté, pour approfondir notre foi en sentant l’amour de Dieu dans notre amour l’un(e) pour l’autre, et (si cela doit être) pour l’éducation générale et spirituelle de nos enfants. Nous nous engageons à prendre soin de cette alliance caractérisée par la fidélité, la monogamie, l’affection réciproque et le respect, une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui nous permettra de voir l’un(e) dans l’autre l’image de Dieu. Et nous nous engageons, autant qu’il nous sera possible, de donner le meilleur de nous-mêmes pour cette alliance et de chercher le soutien de Dieu afin d’y parvenir. ____________________________ _____________________________ Signature Signature ____________________________ DAte Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 97 98 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Modèle Document 3 À propos des personnes qui vous présentent — Pour le couple À l’église épiscopale de N., nous considérons la “Présentation et bénédiction d’une alliance de couple” comme une célébration soutenue par la congrégation, de la même façon que les candidats au baptême sont soutenus par tous les membres de l’Église. Ainsi, comme ceux qui reçoivent le baptême sont initiés à la vie de l’Église, ceux qui reçoivent la bénédiction de leur couple par l’Église sont reçus de façon nouvelle dans la foi de la communauté. La liturgie de la bénédiction La présentation a lieu immédiatement après le sermon: Le couple vient devant l’assemblée. S’il y a une présentation, les personnes qui les présentent se joignent au couple et le célébrant dit: Le célébrantQui présentent N. et N., venu(e)s chercher la bénédiction de Dieu et de l’Église pour leur amour et leur vie commune? Les personnes qui présentent Nous les présentons. Le célébrantPromettez-vous d’aimer, de respecter et de prier pour N. et N., et de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour rester à leurs côtés dans la vie qu’ils/elles vont partager? Les personnes qui présentent Oui, nous le promettons. Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 99 Choisir des personnes pour la présentation Diverses options sont possibles pour choisir des personnes pour vous présenter et qui se tiendront à vos côtés pendant la liturgie. Cela peut faciliter le processus de choisir au moins un membre de cette communauté de foi pour vous accompagner. Si vous êtes nouveaux dans la congrégation, le prêtre (ou une autre personne qui aura été désignée) peut vous aider dans votre discernement pour savoir qui choisir. Un couple ayant une maturité relationnelle peut être très aidant si vous commencez tout juste votre vie commune. Souvent, les couples choisissent pour les présenter leurs parents, leurs enfants ou d’autres membres de leur famille dont ils sont proches. Les personnes qui vous présentent peuvent prier pour vous pendant la période de préparation à la bénédiction, vous garder connecté(e)s à la congrégation et continuer à vous soutenir par la suite au quotidien dans votre alliance de couple. Enfin, en faisant votre choix, pensez que ces personnes seront debout à vos côtés durant la liturgie et vont vous présenter pour ce rite. Pensez aussi que, juste après avoir été présenté(e)s, la congrégation entière va promettre de vous soutenir, de la même façon que vous, en retour, devenez une bénédiction et apportez la grâce à l’ensemble de la congrégation. Parce que les personnes qui vous présentent ont un rôle important avant et après la bénédiction, vous et votre accompagnant devez discuter le plus tôt possible de qui vous souhaitez choisir, afin que votre accompagnement dans la prière puisse aussi commencer le plus tôt possible. 100 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Modèle Document 4 Information pour les personnes qui présentent À l’église épiscopale de N., nous considérons la “Présentation et bénédiction d’une alliance de couple” comme une célébration soutenue par la congrégation, de la même façon que les candidats au baptême sont soutenus par tous les membres de l’Église. Ainsi, comme ceux qui reçoivent le baptême sont initiés à la vie de l’Église, ceux qui reçoivent la bénédiction de leur couple par l’Église sont reçus de façon nouvelle dans la foi de la communauté. La liturgie de la bénédiction La présentation a lieu immédiatement après le sermon: Le couple vient devant l’assemblée. S’il y a une présentation, les personnes qui les présentent se joignent au couple et le célébrant dit: Le célébrantQui présentent N. et N., venu(e)s chercher la bénédiction de Dieu et de l’Église pour leur amour et leur vie commune? Les personnes qui présentent Nous les présentons. Le célébrantPromettez-vous d’aimer, de respecter et de prier pour N. et N., et de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour rester à leurs côtés dans la vie qu’ils/elles vont partager? Les personnes qui présentent Oui, nous le promettons. Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 101 En tant que personne qui présente le couple, votre rôle commence avant la bénédiction. Nous vous encourageons à prier pour le couple à la fois dans le cadre privé et dans le cadre des prières du peuple de l’office dominical pendant la période de leur préparation. Vous pouvez ensuite continuer à soutenir leur vie commune en marquant d’une façon ou d’une autre le jour anniversaire de leur bénédiction et en étant présent lorsque leur foyer traverse des moments difficiles ou pour célébrer avec eux/elles les occasions de réjouissance. Si vous être membre de la congrégation, vous avez aussi un rôle à jouer en aidant le couple à rester en contact avec la congrégation. En tant que personne qui présente le couple, vous promettez d’être à leurs côtés dans ce moment où ils/elles deviennent une bénédiction et apportent la grâce à leurs familles et leurs amis, l’Église et le monde. En tenant ce rôle, vous êtes alors témoin de la bénédiction qui est donnée et reçue au cours de la liturgie et que le couple va apporter dans le monde. 102 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Modèle Document 5 Modèle de directives pour les congrégations NOTE: La plupart des congrégations ont adopté une forme de “document du mariage” reprenant les normes et les directives pour les couples de sexes opposés qui se préparent au mariage. Toutes les congrégations peuvent s’engager dans une démarche utile et féconde pour développer des directives qui reflètent la communauté chrétienne dans laquelle ils louent Dieu; les directives ainsi développées doivent pouvoir s’appliquer aux couples de sexes opposés comme aux couples de même sexe. Évidemment, un tel document reste optionnel, à la discrétion du clergé en consultation avec le vestry ou le comité de l’évêque. Comme toujours pour tout ce qui touche à la liturgie, la décision finale revient au clergé. On trouvera ci-dessous un modèle de directives qui peuvent s’appliquer à tous les couples qui se préparent au mariage ou à une bénédiction. Des modifications sont possibles pour s’adapter à des situations spécifiques. Information pour tous les couples demandant une bénédiction à l’église épiscopale de N. A. Introduction La communauté chrétienne de l’église épiscopale de N. reconnaît que les unions sont des relations complexes et que prendre un engagement de couple à travers un mariage ou une bénédiction est un événement de vie significatif, joyeux et merveilleux. Nous pensons aussi qu’une communauté chrétienne qui accepte de bénir une telle relation doit le faire avec l’intention de soutenir le couple dans leur préparation à la bénédiction et ensuite dans leur vie. Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 103 Nous croyons que les relations engagées et à vie, dans des couples de sexes opposés ou de même sexe, sont des signes visibles d’une spiritualité intérieure et de l’amour offert par Dieu. Dans ce contexte, l’église épiscopale de N. cherche à soutenir les couples dans leur engagement l’un(e) envers l’autre et à les aider à rendre l’amour de Dieu encore plus visible pour l’ensemble de la communauté. B. Directives Les directives suivantes ont été adoptées par les responsables laïcs et ordonnés de l’église épiscopale de N.: 1. Comme pour les couples de sexes opposés qui demandent à être mariés, selon Le Livre de la prière commune, au moins un des deux membres du couple de même sexe doit être baptisé. 2. I l est souhaitable qu’au moins l’un des membres du couple soit un membre actif d’une communauté chrétienne, que cela soit celle-ci ou une autre. Nous espérons que cette participation inclue de considérer avec sérieux et dans la prière de soutenir la congrégation en donnant de son temps, de ses talents et/ou de ses biens. 3. I l faut compter une période d’environ six mois pour les préparatifs et l’accompagnement pastoral. 4. S i le couple n’a pas de lien avec l’église épiscopale de N. mais souhaite y avoir sa bénédiction ou bénéficier des services du prêtre de l’église épiscopale de N.: • ils doivent montrer qu’au moins un des membres du couple est un membre actif d’une autre paroisse épiscopale ou d’une autre congrégation chrétienne; • ils doivent suivre la préparation de mariage ou de bénédiction avec leur propre accompagnant, membre du clergé ou laïc formé aux préparations; • ils peuvent considérer faire une donation à l’église épiscopale de N. en remerciement de leur mariage ou de leur bénédiction et pour le soutien constant de l’Église, son ministère et sa mission. Une formule pour calculer le montant de cette contribution peut être de considérer un montant (10 %) du budget de l’ensemble de la célébration. (Le clergé peut décider ce qui lui semble juste en la matière, les revenus variant énormément d’un couple à l’autre. Qui plus est, si un couple revient pour la première fois à l’Église, un accueil inconditionnel peut se révéler être la meilleure réponse pastorale.) 104 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Dans tous les cas, il est important que toutes les personnes concernées respectent les lois de l’État, les canons de l’Église Épiscopale, les canons et règles du diocèse épiscopaliens de X, ainsi que les directives de l’évêque, y compris les règles diocésaines dans les cas où il ne s’agit pas d’un premier mariage ou d’une première relation formellement engagée pour l’un ou les deux membres du couple. Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles 105 106 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles Présentation et bénédiction de l’alliance de couple Ressources liturgiques pour la bénédiction de couples de même sexe Autorisée à titre provisoire par la 77e Convention générale de l’Église Épiscopale (juillet 2012) avec la permission et sous la direction de l’évêque dans l’exercice de son autorité ecclésiale 107 À propos du service Ce rite peut être célébré dans le contexte de la sainte communion et peut avoir lieu lors de la principale liturgie dominicale. Ce rite remplace alors le ministère de la Parole. Normalement, un évêque ou un prêtre préside. Des textes parallèles extraits de Enriching Our Worship 1 sont inclus comme étant des options possibles pour certaines parties de ce rite. Au moins un des membres du couple doit être chrétien et baptisé. Au moins deux personnes présentent le couple au célébrant et à l’assemblée. Il peut s’agir d’amis, de parents, de membres de la famille ou de la communauté locale. Afin d’être en accord avec les lois des juridictions civiles dans lesquelles ce rite est célébré, le prêtre devra consulter l’évêque, qui peut autoriser des modifications de la Déclaration. Le célébrant devra être particulièrement attentif aux pronoms et accords utilisés dans la liturgie selon qu’elle sert à bénir un couple d’hommes ou un couple de femmes. 108 Présentation et bénédiction de l’alliance de couple Présentation et bénédiction de l’alliance de couple Liturgie de la Parole Rassemblement Le couple qui va être béni rejoint l’assemblée. À leur entrée, on peut chanter un hymne, un psaume ou tout autre œuvre chorale, ou bien jouer de la musique instrumentale. L’assemblée se lève, le célébrant dit: Le peuple Béni soit Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit. Béni soit le Royaume de Dieu, maintenant et à jamais. Amen. À la place, on peut dire: Le célébrant Béni soit le Dieu, unique, saint et vivant. Le peuple Gloire à Dieu pour les siècles des siècles. Du jour de Pâques au jour de Pentecôte, on dit: Le célébrant Alléluia, Christ est ressuscité. Le peuple Le Seigneur est vraiment ressuscité. Alléluia. À la place, on peut dire: Le célébrant Alléluia, Christ est ressuscité. Le peuple Christ est vraiment ressuscité. Alléluia. Présentation et bénédiction de l’alliance de couple 109 Puis on peut dire: Le célébrant Bien-aimés du Seigneur, aimons-nous les uns les autres, Le peuple Car l’amour vient de Dieu. Le célébrant Qui n’aime pas ne connaît pas Dieu, Le peuple Car Dieu est amour. Le célébrant Puisque ainsi Dieu nous aime, Le peuple Aimons-nous les uns les autres. Le célébrant peut s’adresser à l’assemblée avec ces mots: Chers amis dans le Christ, nous voici réunis aujourd’hui pour être témoins de l’engagement manifeste de N. N. et N. N. l’un(e) envers l’autre et, au nom de l’Église, pour bénir leur union: une union de fidélité réciproque et d’amour constant, renonçant à tout autre, dans la tendresse et le respect mutuels, avec force et courage, tout au long de leur vie. Ainsi, au nom du Christ, prions qu’ils/elles soient rendu(e)s plus fort(e)s pour les promesses échangées ce jour, et que nous ayons la générosité de les soutenir dans ce qu’ils/elles entreprennent et la sagesse pour voir Dieu à l’œuvre dans leur vie commune. Collecte du jour Le célébrant Le Seigneur soit avec vous. People Et avec ton esprit. Le célébrant Prions. 110 ou Dieu soit avec vous. Présentation et bénédiction de l’alliance de couple Le célébrant dit l’une des collectes suivantes: Dieu éternel et de toute bonté: soutiens par ta grâce N. et N., dont nous sommes témoins ce jour de l’engagement d’amour et de fidélité de toute une vie. Accorde-leur ta bénédiction, afin que, fermement résolu(e)s, ils/elles honorent et respectent l’alliance formée aujourd’hui; par Jésus-Christ notre Sauveur, qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit, un seul Dieu, pour les siècles des siècles. Amen. ou Dieu éternel et tout-puissant: veille avec tendresse sur N. et N., qui se tiennent devant toi en compagnie de ton Église. Suscite la joie dans leur vie commune. Accorde-leur d’aimer avec générosité et de vivre avec humilité, afin qu’ils/elles puissent être l’un(e) pour l’autre et pour le monde un témoignage et un signe de ton amour sans faille; par Jésus-Christ ton fils notre Seigneur, qui vit et règne avec toi et le Saint-Esprit, un seul Dieu, pour les siècles des siècles. Amen. ou O Dieu, toujours fidèle et vrai, dont l’amour constant dure à jamais: nous te remercions de soutenir N. et N. dans la vie qu’ils/elles partagent et de les avoir conduit(e)s jusqu’à ce jour. Prends soin d’eux/elles et remplis-les de joie dans leur vie commune, dans la continuité de la belle œuvre que tu as initiée en eux/elles; et accorde-nous, avec eux/elles, une demeure éternelle aux cieux où tout ton peuple partagera la joie du parfait amour, et où avec le Fils et le Saint-Esprit, tu vis et règne, un seul Dieu, maintenant et pour toujours. Amen. Présentation et bénédiction de l’alliance de couple 111 ou pour les couples avec enfants Sainte Trinité, un seul Dieu, trois Êtres parfaits dans l’unité et égaux en majesté: rapproche par les liens d’amour et d’affection N. et N., qui avec leurs familles cherchent à vivre chaque jour en harmonie et avec patience, afin que leur union soit pour nous à l’image de cette communion parfaite qui est ta vie et ton essence mêmes, O Père, Fils, et Saint-Esprit, qui vis et règne dans la gloire éternelle. Amen. Lectures Le peuple s’assied. Puis on lit un ou plusieurs des textes suivants. Si on célèbre l’Eucharistie, un passage des Évangiles conclut les lectures. Quand la bénédiction est célébrée dans le cadre du principal office dominical, les lectures du dimanche seront utilisées, sauf permission spéciale de l’évêque. Ruth 1:16-17 1 Samuel 18:1b, 3, 20:16-17, 42a; ou 1 Samuel 18:1-4 Ecclésiaste 4:9-12 Cantique des cantiques 2:10-13, 8:6-7 Michée 4:1-4 Romains 12.9-18 1 Corinthiens 12.31b-13.13 2 Corinthiens 5.17-20 Galates 5.14, 22-26 Éphésiens 3.14-21 Colossiens 3.12-17 1 Jean 3.18-24 1 Jean 4.7-16, 21 Quand un passage biblique autre que les Évangiles est lu, le lecteur l’annonce ainsi: Le lecteur 112 Lecture de __________. Présentation et bénédiction de l’alliance de couple Après la lecture, le lecteur peut dire: Parole du Seigneur. ou Écoutez ce que l’Esprit dit au peuple de Dieu. ou Écoutez ce que l’Esprit dit à l’Église. Le peuple Nous rendons grâce à Dieu. Entre les lectures, un psaume, un hymne ou une antienne peut être chanté ou lu. Des psaumes appropriés sont: Psaume 65 Psaume 67 Psaume 85.7-13 Psaume 98 Psaume 100 Psaume 126 Psaume 127 Psaume 133 Psaume 148 Psaume 149.1-5 Tout le monde se lève, le diacre ou le prêtre lit l’Évangile, en commençant par Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon _________. ou Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon _________. Le peuple Gloire à toi, Seigneur. À la fin de l’Évangile, le lecteur dit: Évangile du Seigneur. Le peuple Louange à toi, Seigneur Jésus. Les passages appropriés de l’Évangile sont: Matthieu 5.1-16 Marc 12.28-34 Luc 6.32-38 Jean 15.9-17 Jean 17.1-2, 18-26 Présentation et bénédiction de l’alliance de couple 113 Sermon Présentation des vœux et bénédiction de l’alliance de couple Le couple vient devant l’assemblée. S’il y a une présentation, les personnes qui les présentent se joignent au couple et le célébrant dit: Le célébrantQui présentent N. et N., venu(e)s chercher la bénédiction de Dieu et de l’Église pour leur amour et leur vie commune? Les personnes qui présentent Nous les présentons. Le célébrantPromettez-vous d’aimer, de respecter et de prier pour N. et N., et de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour rester à leurs côtés dans la vie qu’ils/elles vont partager? Les personnes qui présentent Oui, nous le promettons. Le célébrant s’adresse alors au couple et dit: Le célébrantN. et N., vous êtes venu(e)s devant Dieu et l’Église pour rendre manifeste votre engagement l’un(e) envers l’autre. Le célébrant s’adresse à un membre du couple: Le célébrantN., t’offres-tu librement et sans réserve à N.? Réponse Oui, je le veux. Le célébrantMènerez-vous ensemble une vie fidèle et sainte aussi longtemps que vous vivrez? Réponse Oui, je le veux. Le célébrant s’adresse à l’autre membre du couple: Le célébrant N., t’offres-tu librement et sans réserve à N.? Réponse Oui, je le veux. Le célébrantMènerez-vous ensemble une vie fidèle et sainte aussi longtemps que vous vivrez? Réponse Oui, je le veux. 114 Présentation et bénédiction de l’alliance de couple L’assemblée se lève, le couple lui fait face et le célébrant s’adresse au peuple et dit: Le célébrant V ous tous réunis ici, soutiendrez-vous et honorerezvous ce couple et respecterez-vous l’alliance qu’ils/elles forment? Le peupleOui, nous le voulons. Le célébrantPrierez-vous pour eux/elles dans les moments difficiles et célèbrerez-vous avec eux/elles les moments de joie? Le peupleOui, nous le voulons. Prières Le célébrant Prions alors pour N. et N. pour leur vie commune et pour ce qui soucie cette communauté. Un diacre ou un autre intercesseur dit les prières pour le couple. Sont appropriées, les prières pour l’Église et le monde, pour ce qui soucie la communauté locale, pour ceux qui souffrent ou sont confrontés à des difficultés, et pour ceux qui sont décédés. Si la bénédiction a lieu pendant le principal service dominical de la congrégation, on suit la rubrique des Prières du peuple page 359 du Livre de la prière commune. On peut faire des additions ou des adaptations selon les formes suivantes. Le trait en marge signale les intentions qui peuvent être omises. L’intercesseurPour N. et N., venu(e)s chercher ta bénédiction et la bénédiction de ton peuple saint; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour qu’un esprit de bienveillance les protège chaque jour; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour que des amis les soutiennent et que des communautés les entourent; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. Présentation et bénédiction de l’alliance de couple 115 L’intercesseurPour la paix dans leur foyer et l’amour dans leur famille; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour qu’ils/elles aient la grâce, quand ils/elles se font du mal, de reconnaître et d’admettre leur faute, de se demander pardon et de demander ton pardon; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour que ton amour se répande par leurs œuvres et leur témoignage; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour qu’ils/elles reçoivent la sagesse nécessaire pour élever les enfants que tu pourras leur confier (leur as confiés); Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour que leurs enfants grandissent dans une force croissante; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour que nous ayons la force de respecter nos vœux et nos engagements; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. On peut ajouter une ou plusieurs des prières suivantes: L’intercesseurPour tous ceux qui sont nés à nouveau par les eaux du baptême; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour ceux qui guident et servent dans les communautés de foi; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. 116 Présentation et bénédiction de l’alliance de couple L’intercesseurPour ceux qui cherchent la paix et la justice, et la concorde entre les nations; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour ceux qui sont malades et qui souffrent, ceux qui sont pauvres et sans abri; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour les victimes de violences et ceux qui les infligent; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. L’intercesseurPour la communion de tous ceux et toutes celles morts dans l’espoir de la résurrection [en particulier _______ ]; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté) Le peuple Écoute notre prière. Le célébrant conclut les prières avec la collecte suivante ou une autre selon ce qui convient: Pourvoyeur de tous les dons, source de toute bonté, entends les prières que nous te présentons pour N. et N., venu(e)s chercher ta bénédiction aujourd’hui. Donne-leur une part dans l’œuvre de Jésus, qui s’est donné pour nous, qui apporte la plénitude de vie qu’il a promise, et qui vit et règne maintenant et pour toujours. Amen. Si l’Eucharistie suit, on omet le Notre Père. Présentation et bénédiction de l’alliance de couple 117 Le célébrant Et maintenant, comme nous l’avons appris du Sauveur, nous osons dire, Le célébrant et le peuple: Notre Père, qui es aux cieux, que ton Nom soit sanctifié, que ton règne vienne, que ta volonté soit faite, sur la terre comme au ciel. Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour. Pardonne-nous nos offenses, comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés. Et ne nous soumets pas à la tentation, mais délivre-nous du mal. Car c’est à toi qu’appartiennent le règne, la puissance et la gloire, dans les siècle des siècles. Amen. L’engagement Le peuple s’assied. Le couple est debout face au célébrant. Le célébrantN. et N., je vous invite maintenant, illuminé(e)s par la Parole de Dieu, et rendu(e)s plus fort(e)s par les prières de cette communauté, à faire alliance devant Dieu et l’Église. Chaque membre du couple, chacun à son tour, prend la main de l’autre et dit: Au nom de Dieu, moi, N., je me donne à toi, N. je te soutiendrai et prendrai soin de toi par la grâce de Dieu: à travers tout, endurant tout. Je serai à tes côtés et te chérirai dans l’amour du Christ: dans les temps d’abondance, dans les temps de nécessité. Je t’honorerai et t’aimerai avec l’aide du Saint-Esprit: renonçant à tout autre, aussi longtemps que nous vivrons. C’est ma promesse solennelle. 118 Présentation et bénédiction de l’alliance de couple ou Au nom de Dieu, moi, N., je me donne à toi, N. je te soutiendrai et prendrai soin de toi: à travers tout, endurant tout. Je serai à tes côtés et te chérirai: dans les temps d’abondance, dans les temps de nécessité. Je t’honorerai et t’aimerai: renonçant à tout autre, aussi longtemps que nous vivrons. C’est ma promesse solennelle. S’il y a échange d’anneaux, ceux-ci sont donnés au célébrant qui prie de la façon suivante: Prions. Bénis, Seigneur, ces anneaux qu’ils soient un symbole de l’alliance constante que N. et N. ont formée l’un(e) avec l’autre, par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen. Les membres du couple se donnent l’un à l’autre leur alliance, disant à tour de rôle: N., reçois cet anneau comme le symbole de mon amour constant. Si les membres du couple ont déjà échangé et porté des anneaux en signe de leur engagement, les anneaux ainsi portés peuvent être bénis, le célébrant dit: Prions. Par ces anneaux N. et N. ont manifesté l’un(e) à l’autre et au monde leur amour et leur fidélité. Bénis ces anneaux, Dieu Saint, qu’ils soient maintenant le symbole de l’alliance que N. et N. ont formée ce jour, par le Christ, notre Seigneur. Amen. Présentation et bénédiction de l’alliance de couple 119 Déclaration Le célébrant dit: Maintenant que N. et N. ont échangé leurs promesses d’amour et de fidélité en présence de Dieu et de l’Église, je les déclare maintenant lié(e)s l’un(e) à l’autre par une alliance sacrée, aussi longtemps qu’ils/elles vivront. Amen. Bénédiction du couple Le célébrant appelle la bénédiction de Dieu sur le couple, qui se tient debout ou agenouillé, en disant: Prions. Dieu de toute bonté, nous te louons pour ta tendre miséricorde et l’amour infaillible révélés par Jésus le Christ et pour la joie immense et le réconfort qui nous sont accordés dans la grâce de l’amour humain. Nous te remercions pour N. et N., et pour le promesse de fidélité dont ils/elles ont fait le serment. Répands l’abondance du Saint-Esprit sur eux/elles. Garde-les dans la constance de ton amour; garde-les de tout danger; emplis-les de ta sagesse et de ta paix; guide-les dans leur don sacré l’un(e) pour l’autre et pour le monde. Le célébrant continue de l’une des façons suivantes: Que Dieu le Père, le Fils, et le Saint-Esprit, vous bénisse, vous protège et vous garde, et dans sa miséricorde vous comble de sa grâce infinie, afin que vous soyez agréable à Dieu en corps et en âme. Que Dieu fasse de vous un signe de la bonté et de la fidélité constante rendues manifestes dans la vie, la mort et la résurrection de notre Sauveur, 120 Présentation et bénédiction de l’alliance de couple et vous conduise aux réjouissances du banquet céleste, où il vit et règne pour toujours. Amen. ou bien: Que Dieu, la sainte et indivisible Trinité, vous bénisse, vous protège et vous garde, et dans sa miséricorde vous comble de sa grâce infinie, afin que vous soyez agréable à Dieu en corps et en âme. Que Dieu fasse de vous un signe de la bonté et de la fidélité constante rendues manifestes dans la vie, la mort et la résurrection de notre Sauveur, et vous conduise aux réjouissances du banquet céleste, où il vit et règne pour toujours. Amen. Rite de la paix Le célébrant annonce le rite de la paix. Le célébrant Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous. Le peuple Et avec ton esprit. À la place, on peut dire: Le célébrant Que la paix du Christ soit toujours avec vous. Le peuple Et avec ton esprit. La liturgie se poursuit avec la sainte communion. Quand la communion n’est pas célébrée, le célébrant bénit le peuple. Le diacre, ou en l’absence de diacre, le prêtre, renvoie l’assemblée. L’Eucharistie La liturgie continue avec l’offertoire, durant lequel le couple peut présenter les offrandes de pain et de vin. On peut utiliser la préface suivante: Car à travers le don d’amour fidèle de deux personnes l’une à l’autre tu révèles la joie et la vie d’abondance que tu partages avec ton fils Jésus-Christ et le Saint-Esprit. Présentation et bénédiction de l’alliance de couple 121 Après la communion, on peut utiliser la prière suivante: Dieu, notre force et notre joie, nous te remercions pour la vie que nous partageons, et pour l’exemple d’amour sacré que tu nous donnes à travers N. et N., et nous te remercions pour le Sacrement du Corps et du Sang de notre Sauveur Jésus-Christ. Donne-lui de renouveler notre espoir et de nous préparer pour le travail qui nous attend, afin d’être témoins de la présence du Christ dans le monde, par le pouvoir de ton Esprit, et pour la gloire de ton Nom. Amen. 122 Présentation et bénédiction de l’alliance de couple Guide de discussion pour “Je te bénirai et tu seras une bénédiction”: ressources pour la bénédiction de couples de même sexe 123 124 Table des matières Introduction au guide de discussion Étude 1 L’histoire: étudier l’historique des décisions de l’Église Épiscopale concernant les couples de même sexe et réfléchir au contexte actuel Étude 2 Théologie et Bible: examiner notre compréhension de la bénédiction de Dieu à travers le prisme de la théologie et des Écritures Étude 3 Liturgie: discuter de liturgie en général et plus particulièrement des ressources liturgiques développées pour la bénédiction de couples de même sexe Étude 4 Lois civiles et canoniques: examiner les difficultés légales, canoniques et spirituelles qui se présentent lorsque l’Église envisage de bénir des couples de même sexe Étude 5 Mission: étudier la bénédiction de couples de même sexe comme faisant partie de la mission de l’Église et de l’œuvre de réconciliation de Dieu dans le monde Guide de discussion 125 Documents pour les discussions A. Alliance de discussion Étude 1: • B. Comprendre l’histoire • C. Introduction à la Convention générale • D. Couples et bénédiction: réflexion et questions • Historique de la législation de la Convention générale (annexée à l’ensemble des ressources) Étude 2: • E. Réflexion théologique sur les couples de même sexe: résumé de “Foi, espoir et amour” Étude 3: • F. Principes pour évaluer la liturgie 126 Guide de discussion Introduction au guide de discussion Ce guide de discussion convie le peuple de l’Église Épiscopale à un processus d’étude réfléchie des ressources théologiques et liturgiques pour la bénédiction des couples de même sexe. Chacun des cinq modules proposés contient une introduction au matériel pédagogique et des questions pour animer une discussion de groupe; les trois premiers contiennent aussi des documents à utiliser. Les questions sont formulées de façon à faciliter une approche chrétienne réfléchie des documents réunis ici pour les individus et les groupes qui vont les découvrir. Ces documents invitent les participants à aborder les échanges sur les ressources pour la bénédiction des couples de même sexe avec respect les uns envers les autres et pour les différents points de vue que chacun pourra exprimer. Parce que les mêmes idées ne vont pas inspirer ou questionner tous les groupes, chaque thème étudié l’est de façon large et variée et peut demander plus d’une séance. De nombreuses congrégations organisent des rencontres pour des études bibliques ou des temps de formation pour adultes: les animateurs peuvent adapter ces documents pour de telles rencontres. Les congrégations peuvent choisir d’étaler dans le temps ce processus de réflexion ou d’organiser une retraite d’une ou deux journées afin d’approfondir l’étude du matériel et les échanges. Le temps suggéré pour certains échanges spécifiques peut être ajusté en fonction des besoins du groupe. Nous encourageons fortement d’inclure dans chaque séance un temps d’étude biblique en lien avec le sujet. Prendre le temps d’encourager les participants à parler en se basant sur leur expérience personnelle est essentiel lorsque l’on s’engage dans une réflexion théologique, quel qu’en soit le sujet. Dans les discussions, des facteurs significatifs seront, entre autres, le contexte culturel des Guide de discussion 127 personnes et la composition de la communauté. Au début de chaque séance, il sera donné aux participants l’occasion de se présenter. Idéalement, le facilitateur de ces échanges sera quelqu’un de respecter par la communauté et qui est respectueux et familier du groupe. Les facilitateurs doivent lire l’intégralité des ressources qui forment Je te bénirai et tu seras une bénédiction pour se préparer à mener les discussions ; ils doivent aussi connaître les lois civiles locales et les directives diocésaines. Établir des normes de groupe pour discuter Prières et pratiques qui font les bonnes conversations C’est en partant de bien des positions différentes que les paroissiens se joignent à la discussion sur la bénédiction des couples de même sexe. Certaines congrégations et certaines personnes ne comprennent pas pourquoi l’Église Épiscopale devrait bénir des couples de même sexe, d’autres ne comprennent pas pourquoi la bénédiction de couples de même sexe continue d’être controversée. En reconnaissant et en tenant compte de ces différences, les facilitateurs doivent commencer ces échanges par la mise en place d’un accord afin d’avoir des discussions respectueuses; une Alliance de discussion est incluse parmi les documents qui se trouvent à la fin de ce guide de discussion. Commencer et finir chaque séance par des prières remerciant Dieu pour cette occasion de dialogue peut souligner l’importance d’échanges respectueux. L’idée que l’Église est un lieu où l’on peut être en désaccord les uns avec les autres sans risque est séduisante, mais la mettre en œuvre est difficile. Pour se faire, il faut accepter de s’ouvrir à ceux et celles que nous ne comprenons pas ou avec qui nous ne sommes pas d’accord sur des sujets qui nous tiennent à cœur. Mais si nous le faisons, c’est parce que par-dessus toute autre chose, les chrétiens sont d’accord sur ce qui leur tient le plus à cœur – l’amour et le salut offerts par Jésus-Christ. Même si nous sommes en désaccord sur la définition du mariage et la façon dont nous comprenons les textes bibliques sur le divorce et la sexualité, nous pouvons être d’accord sur notre participation à la mission de Christ de rétablir tous les peuples dans l’unité avec Dieu et les uns envers les autres en Christ. Le but de cet échange n’est pas qu’un point de vue l’emporte sur l’autre, mais que tous les participants améliorent leur compréhension à la fois des autres et d’eux-mêmes. Si les participants approchent cette 128 Guide de discussion discussion avec un cœur et un esprit ouverts, il est possible d’honorer à la fois l’intégrité et la sainteté des couples gays et lesbiens et leurs familles, et les traditions profondes de l’Église. Documents recommandés pour préparer les séances Le document To Set Our Hope on Christ81 avait été préparé en réponse à la demande du Windsor Report qui souhaitait que l’Église Épiscopale explique comment “une personne en couple de même sexe pouvait être éligible pour mener le troupeau du Christ”. Ce document explique comment et pourquoi l’Église Épiscopale a choisi d’aller vers une plus grande inclusion des gays et des lesbiennes dans la vie de l’Église. En annexe se trouve un résumé de l’histoire des croyances et des directives de l’Église Épiscopale sur la sexualité. En juin 2009, le Report of the Task Force on Holiness in Relationships and the Blessing of Same-Sex Relationships (le rapport du groupe de travail sur la sainteté dans les couples et la bénédiction des couples de même sexe) du diocèse épiscopalien de San Diego,82 présentait différents points de vue de manière impartiale. Sont considérés dans le rapport: l’interprétation des Saintes Écritures; le mariage et la sainteté dans les Écritures, les textes bibliques qui pourraient condamner les relations de même sexe et ceux qui pourraient présenter une image positive des gays et des lesbiennes; l’histoire et la tradition de l’Église; la théologie pratique, pastorale et sacramentelle; et le mouvement du Saint-Esprit. 81 To Set Our Hope in Christ: A Response to the Invitation of Windsor Report ¶135 est disponible sur le site Web de l’Église Épiscopale: http://www.episcopalchurch.org/ documents/ToSetOurHope_eng.pdf. 82 Report of the Task Force on Holiness in Relationships and the Blessing of Same-Sex Relationships est disponible sur le site Web du diocèse épiscopalien de San Diego: http://www.edsd.org/mediafiles/holiness-in-relationships-task-force-report.pdf. Guide de discussion 129 130 Guide de discussion Étude 1 L’histoire: étudier l’historique des décisions de l’Église Épiscopale concernant les couples de même sexe et réfléchir au contexte actuel A. Préparer la séance Avoir préparé les documents ci-dessous (inclus à la fin de ce guide de discussion, sauf précision contraire): • A. Alliance de discussion • B. Comprendre l’histoire • C. Introduction à la Convention générale • Historique de la législation de la Convention générale (annexée à l’ensemble des ressources) • D. Couples et bénédiction: réflexion et questions Préparer l’étude biblique proposée dans cette séance en choisissant le passage qui sera lu et la façon dont il sera étudié. B. Accueillir • Souhaiter la bienvenue aux participants et faire toutes les annonces utiles concernant leur confort (toilettes, café…) et le programme. • Continuer par une prière de remerciement pour cette occasion d’échanger. • Faire un tour de table pour que chaque personne se présente et partage ce qu’il/elle attend de ces discussions. • Établir les normes du groupe afin d’avoir des échanges respectueux. Les facilitateurs peuvent distribuer des copies de l’Alliance de discussion fournie dans les documents et les Guide de discussion 131 étudier avec le groupe, ou utiliser d’autres normes dont ils ont l’habitude. • Présenter l’étude biblique préparée pour cette séance. C. Présenter le thème Distribuer le document Comprendre l’histoire et donner aux participants environ 10 minutes pour le compléter. Une fois que tout le monde a eu le temps de le compléter, demander à chacun de partager leur réponse à la question “A” (depuis combien de temps l’Église Épiscopale parle-t-elle des couples de même sexe et de ses membres gays, lesbiennes, bisexuels et transgenres). Continuer en invitant les participants à partager ce qu’ils souhaitent de leur réponse “B” pour chaque décennie. Être attentif afin de repérer si un fil conducteur ou un thème émerge de ces souvenirs. D. La législation de la Convention générale Faire une brève présentation de ce qu’est la Convention générale, qui y va et ce qu’il s’y fait, en utilisant le document Introduction à la Convention générale. Distribuer Historique de la législation de la Convention générale et discuter de son contenu à la lumière des réponses données lors de l’exercice précédent. À ce stade – et tout au long des séances – faire une distinction claire entre l’expression d’idées ou d’opinions basées sur votre expérience personnelle et l’explication des positions officielles de l’Église. E. Les bénédictions de couple Demander au groupe de penser à au moins trois relations basées sur un engagement profond qui leur sont familières: par exemple, les relations entre des membres de la famille, des amis à l’école ou au travail, des couples de votre congrégation, ou leur propre relation de couple. Leur rappeler qu’ils connaissent peut-être des personnes qui sont dans des relations basées sur un engagement profond qui ne sont pas mariées pour une raison ou une autre. 132 Guide de discussion Former des groupes de trois personnes, et distribuer le document Couples et bénédiction: réflexion et questions. Demander aux groupes de réfléchir 15 ou 20 minutes aux questions posées dans le document sur la nature des relations et des engagements. Ensuite, leur donner l’occasion de partager leurs réflexions en grand groupe en leur posant les questions suivantes: • Quels éléments se sont révélés particulièrement éclairants ou difficiles dans vos échanges? • Avez-vous eu des surprises, lors de vos discussions, sur la complexité des relations abordées? • En vous basant sur ce qui a été dit dans vos échanges, pourquoi pensez-vous que l’Église bénit des relations reposant sur un engagement? F. Conclusion Remercier les participants d’être venus, leur rappeler la date et l’heure de la prochaine réunion, et terminer par une prière d’action de grâce. Guide de discussion 133 134 Guide de discussion Étude 2 Théologie et Bible: examiner notre compréhension de la bénédiction de Dieu à travers le prisme de la théologie et des Écritures A. Préparer la séance Avoir préparé les documents ci-dessous (inclus à la fin de ce guide de discussion): • A. Alliance de discussion (ou autres normes utilisées) • E. Réflexion théologique sur les couples de même sexe: résumé de “Foi, espoir et amour” Préparer l’étude biblique proposée dans cette séance en choisissant le passage qui sera lu et la façon dont il sera étudié. B. Accueillir • Souhaiter la bienvenue aux participants et faire toutes les annonces utiles concernant leur confort (toilettes, café…) et le programme. • Continuer par une prière de remerciement pour cette occasion d’échanger. • Revoir les normes de groupe afin d’avoir des échanges respectueux, en utilisant l’Alliance de discussion ou les autres normes établies lors de la première séance. • Inviter les participants présents à la séance précédente à partager les illuminations et difficultés qu’ils ont pu rencontrer en abordant l’histoire de l’Église Épiscopale, des rites de bénédiction des couples de même sexe et leur expérience personnelle des bénédictions de couple. • Présenter l’étude biblique préparée pour cette séance. Guide de discussion 135 C. Présenter le thème Présenter les principes théologiques de la façon suivante ou en des termes similaires: Dans l’Église Épiscopale, nous développons notre théologie, ou la façon dont nous pensons à Dieu, à travers les Écritures, la tradition et la raison. Considérons, par exemple, le concept d’“hospitalité”. De nombreux exemples dans les Écritures nous parlent de l’hospitalité de Dieu pour son peuple et comment le peuple de Dieu donne ou refuse l’hospitalité de Dieu aux autres. Bien que certaines histoires semblent montrer des comportements qui seraient en conflit avec la façon dont Dieu nous demanderait aujourd’hui de répondre à des tiers, ces histoires bibliques continuent de nous aider et de nous guider. D’autres principes théologiques, comme l’eschatologie (les croyances sur les derniers événements de l’histoire du monde) et la nature trinitaire de Dieu demandent un peu plus d’étude des Écritures pour être interprétés à la lumière de l’expérience chrétienne et de notre compréhension au cours des millénaires depuis l’époque biblique. Nous croyons que Dieu continue de se révéler au monde. Nous faisons l’expérience de cette révélation de bien des façons, y compris à travers des relations de couple engagées, fidèles et à vie. Distribuer Réflexion théologique sur les couples de même sexe et demander aux participants de le lire et d’échanger au sujet de ce résumé de l’essai “Foi, espoir et amour”. Décrivant les relations comme des “alliances”, ce document identifie quatre thèmes de réflexion théologiques: la vocation, le foyer, la fécondité et la bénédiction mutuelle. Inviter le groupe à discuter certains de ces principes en utilisant les introductions et les questions qui suivent. D. Alliance Présenter le concept d’“alliance” de la façon suivante ou en des termes similaires: Les alliances sont formées et maintenues non seulement entre les personnes concernées et Dieu mais aussi dans une communauté, qui en est également responsable. L’alliance baptismale est un exemple familier pour les épiscopaliens: des engagements sont pris par (ou pour) les personnes se faisant baptiser mais aussi par celles et ceux qui les présentent et la communauté assemblée pour l’occasion. 136 Guide de discussion Les alliances prennent des formes diverses dans les Écritures. Généralement, mais pas toujours, elles contiennent un accord solennel dans lequel toutes les parties impliquées s’engagent auprès des autres, en précisant les obligations et les responsabilités mutuelles. Les Écritures parlent des alliances de mariage, de droits des eaux, de relations tribales, de protection et de fidélité; les alliances comportent des rites avec des animaux, des échanges et autres gestes symbolisant la relation ainsi scellée. Le livre de la Genèse contient une série d’alliances faites par Dieu. Par exemple, après l’alliance faite avec Noé (Genèse 6.18) pour protéger sa famille de l’inondation à venir, Dieu fait une alliance avec la création: “Voici à quoi je m’engage: jamais plus la grande inondation ne supprimera la vie sur terre; il n’y aura plus de grande inondation pour ravager la terre.” (Genèse 9.11) L’engagement relationnel peut amener un couple à former une alliance dans laquelle leur amour et leur fidélité reflètent et participent de l’alliance pleine de grâce de Dieu avec nous en Christ. Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension • Une définition possible de la différence entre un contrat et une alliance est: “Un contrat est un accord fait dans la suspicion. Une alliance est un accord fait dans la confiance.” Quels seraient des exemples de contrats et d’alliances dans votre vie? • Où avez-vous vu des signes de la grâce de Dieu dans les relations de couples engagés que nous connaissez? E. Vocation Présenter le thème de la “vocation” de la façon suivante ou en des termes similaires : Certaines personnes sont appelées à être dans des couples engagés à long terme, c’est leur vocation, définie ici comme une responsabilité ou un style de vie vers lequel Dieu les appelle. Dans les Écritures, nous en trouvons un exemple avec Abraham et Sarah, qui sont par vocation liés à Dieu et l’un à l’autre. Ils sont envoyés ensemble dans un voyage qui ne va pas simplement changer leurs noms mais le monde (Genèse 11.27–25.11). Dans la Bible, beaucoup d’autres exemples de Guide de discussion 137 relations basées sur un engagement profond – comme Ruth et Noémie (Ruth 1), Éli et Samuel (1 Samuel 3), Jésus et ses disciples – peuvent être regardées comme des vocations, c’est-à-dire ayant une fonction voulue par Dieu. Ces relations définissent non seulement les individus mais aussi le travail qu’ils ont eu à accomplir ensemble, comme faisant partie de la vie de Dieu dans le monde. Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension • Faites-vous partie d’une relation ou avez-vous observé des relations que vous considérez comme des “vocations”? Si c’est le cas, qu’est-ce qui d’après vous les rend ainsi? • Dans la Bible, il est dit que Paul, quand il conseillait les premiers chrétiens au sujet des situations complexes et des persécutions auxquelles ils devaient faire face, indiquait que rester célibataire était une façon de servir Dieu, une vocation pour “que vous fassiez ce qui convient le mieux, en demeurant totalement attachés au service du Seigneur” (1 Corinthiens 7.35). Tout le monde n’est pas appelé à vivre en couple; être célibataire peut être une vocation pour certains. Avez-vous fait l’expérience ou connaissez-vous des personnes qui ont fait l’expérience du célibat en tant que vocation? F. Foyer Présenter le thème du “foyer” de la façon suivante ou en des termes similaires: Les foyers se présentent de manières très diverses. Prenons par exemple l’histoire du fils prodigue, dans laquelle des promesses de loyauté et d’amour ont été prononcées, brisées puis renouées. Les familles d’origine ont une alliance de foyer implicite. Lorsque des personnes se mettent ensemble pour créer un nouveau foyer, elles ont l’occasion de redéfinir de nouveaux liens en se joignant l’une à l’autre. Dans ces nouveaux foyers, l’alliance de couple permet un amour saint, l’attention, la prise de risque et le sacrifice au nom de l’autre. Dans de telles relations, on peut commencer à comprendre l’amour inconditionnel et la fidélité de Dieu envers nous. On y fait l’expérience des nombreux dons qu’un tel foyer peut apporter, y compris la joie mutuelle, le compagnonnage, la fidélité, le compromis, la bonté, la grâce et le pardon. 138 Guide de discussion Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension • Le document Réflexion théologique sur les couples de même sexe affirme “Si les foyers peuvent prendre des formes très variées, ils créent un espace de confiance et de responsabilités partagées” où nous pouvons “apprendre la discipline de la compassion, du pardon et de la réconciliation.” Connaissez-vous ou avez-vous fait l’expérience de foyers qui offrent un “espace sacré”? En quoi le fait de réfléchir aux foyers en tant que concept théologique fait-il écho à votre propre expérience? • Dans l’histoire du fils prodigue (Luc 15.11-32), le foyer est en fête quand le père accueille son plus jeune fils avec compassion, en dépit de la désobéissance du fils aux règles familiales. Décrivez des réactions similaires que vous avez pu voir dans des foyers que vous connaissez. Qu’est-ce que cela révèle sur la nature de ces foyers? • Dans la même histoire, le frère aîné en veut au fils prodigue. D’après vous, qu’est-ce qui empêche de surmonter la perte de confiance mutuelle et de responsabilité partagée entre ces deux membres d’un même foyer? G. Bénédiction mutuelle et fécondité Présenter les thèmes de “bénédiction mutuelle” et de “fécondité” de la façon suivante ou en des termes similaires: L’ancien archevêque de Canterbury Donald Coggan avait résumé l’essence du message de l’apôtre Paul en trois mot: grâce, amour et communion. “Ce sont les mots clefs de ce qui est devenu la deuxième prière la plus connue de l’Église: ‘Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la communion du Saint-Esprit soient avec vous tous.’”83 Grâce. Amour. Communion. Ces bénédictions sont abondantes dans les relations chrétiennes et dans les communautés chrétiennes. L’apôtre Paul nous dit: “Mais ce que l’Esprit-Saint produit, c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi.” (Galates 5.22) De la même façon qu’Abraham a été béni par Dieu pour devenir une bénédiction (Genèse 12.2), l’engagement que montre une alliance de couple devient une source de bénédiction pour toute l’Église. Quand la grâce divine 83 Donald Coggan, Meet Paul: An Encounter with the Apostle (London: SPCK, 1998), 73-75. Guide de discussion 139 soutient une alliance de couple, celle-ci produit des fruits innombrables, non seulement pour le couple mais aussi pour l’ensemble de la communauté. Quand nous assistons à un événement public célébrant des grâces ou des dons, que cela soit un baptême ou la remise d’un diplôme ou d’un prix, c’est un rappel que l’on s’attend à ce que la personne ou le groupe à qui cette reconnaissance est accordée investissent ses qualités dans la société. Lors d’une liturgie de bénédiction, la valeur des personnes faisant alliance l’une avec l’autre nous est rappelée – la valeur de leur amour, de leur fidélité, de leur loyauté et de leur dévotion l’une envers l’autre et envers Dieu. En bénissant leur relation, nous nous attendons à ce que la célébration et la consolidation du couple soient une bénédiction pour la congrégation. Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension • D’après votre expérience, de quelle façon une alliance de couple bénie par l’Église devient en retour une bénédiction pour l’Église? • D’après votre expérience, quels fruits avez-vous vu être produits par une alliance de couple? • Comment une bénédiction de couple de même sexe peut aider et rendre un couple capable d’incarner le service, la générosité et l’hospitalité au-delà de leur foyer? H. Conclusion Remercier les participants d’être venus, leur rappeler la date et l’heure de la prochaine réunion, et terminer par une prière d’action de grâce. 140 Guide de discussion Étude 3 Liturgie: discuter de liturgie en général et plus particulièrement des ressources liturgiques développées pour la bénédiction de couples de même sexe A. Préparer la séance Avoir préparé les documents ci-dessous (inclus à la fin de ce guide de discussion, sauf précision contraire): • A. Alliance de discussion (ou autres normes utilisées) • F. Principes pour évaluer la liturgie • “Présentation et bénédiction d’une alliance de couple” (document liturgique) Avant la séance, solliciter des volontaires pour mettre en scène la liturgie (en s’arrêtant à la Paix) pendant la réunion. Leur demander de le faire de façon respectueuse et de prendre en compte que, même dans le cadre d’un jeu de rôle, les paroles et les actes d’une liturgie peuvent avoir un impact sur les personnes qui les utilisent. Préparer l’étude biblique proposée dans cette séance en choisissant le passage qui sera lu et la façon dont il sera étudié. B. Accueillir • Souhaiter la bienvenue aux participants et faire toutes les annonces utiles concernant leur confort (toilettes, café…) et le programme. • Continuer par une prière de remerciement pour cette occasion d’échanger. • Revoir les normes de groupe afin d’avoir des échanges respectueux, en utilisant l’Alliance de discussion ou les autres normes établies lors de la première séance. Guide de discussion 141 Inviter les participants présents à la séance précédente à partager les illuminations et difficultés qu’ils ont pu rencontrer en abordant les interactions entre la Bible, la théologie et la bénédiction des couples de même sexe. • Présenter l’étude biblique préparée pour cette séance. C. Présenter le thème Présenter la discussion sur la signification et le but de la liturgie de la façon suivante ou en des termes similaires: Au fil des siècles, les chrétiens ont trouvé des façons de ritualiser notre histoire en tant que peuple de Dieu, notre place dans la vie de Dieu aujourd’hui et notre espoir d’une éternité avec Christ. La liturgie est un événement qui redit l’histoire du salut à travers des mots et des sacrements: par la proclamation des Écritures, à travers les sermons et les prières et dans la liturgie de la table. Chaque fois que nous célébrons une liturgie, nous devenons acteurs de la représentation de cette histoire – la vie avec Dieu, de la création à la chute et l’alliance, la rédemption et l’accomplissement – en la faisant vivre au présent. Quand nous consacrons l’eau pour le baptême, nous revenons aux eaux de la création du début de notre histoire. Nous sommes engloutis avec Christ dans ces eaux et ramenés à la vie en Christ, pour un nouvel avenir. Les Écritures nous appellent à conserver des rituels, quand elles indiquent de “faire que ce jour soit saint” ou de “se rappeler ce lieu” ou de “faire ainsi” à partir de maintenant pour garder notre foi toujours vivante. La liturgie peut être comprise comme un échange entre le ciel et la terre. Tout ce que nous avons vient de Dieu et c’est ce que nous rendons. Dans nos prières, nous, en tant que communauté, inspirons et expirons nos demandes, nos remerciements, nos peines, nos espoirs et nos louanges. Souvent, c’est au cours d’une liturgie que nous célébrons les moments importants de la vie de personnes chrétiennes et des communautés. Dans les liturgies de baptême, de confirmation, de mariage et d’ordination: nous nous assemblons pour mettre en acte et célébrer notre engagement dans une vocation avec Christ et les uns avec les autres. 142 Guide de discussion D. Principes de la liturgie anglicane Distribuer le document Principes pour évaluer la liturgie, et présenter les principes de la façon suivante ou en des termes similaires: Dans la résolution 2009-C056, la Convention générale a demandé à la Commission en charge de la liturgie et de la musique de “recueillir et développer des ressources théologiques et liturgiques” pour la bénédiction de couples de même sexe. La Commission a découvert un vaste panel de liturgies officieuses, certaines remontant aux années 1970 et, plus récemment, des rites de bénédiction établis pour être utilisés dans les diocèses de l’Église Épiscopale et de l’Église Anglicane du Canada. Ces liturgies furent créées pour répondre au besoin pastoral de couples de même sexe dans différentes juridictions locales. La Commission a trouvé de fortes similitudes entre les rites; beaucoup utilisaient la trame de la “Célébration et bénédiction d’un mariage” du Livre de la prière commune. Cette recherche a amené la Commission à développer des principes liturgiques pour évaluer les ressources collectées et pour servir de base à la création d’une nouvelle liturgie à présenter à la Convention générale de 2012. Maintenir une cohérence avec la tradition théologique anglicane et le style liturgique de la version 1979 du Livre de la prière commune était essentiel pour le développement de cette liturgie. S’assurer que les rites proposés soient l’expression de l’ensemble de l’Église et pas seulement des deux personnes venues chercher une bénédiction était aussi un élément important. Une liste complète des éléments recherchés se trouve dans le document. Ces éléments peuvent être regroupés dans deux grandes catégories: les paroles et les actes. Dans la liturgie, les paroles et les actes expriment et donnent forme à ce en quoi nous croyons. Dans la “Présentation et bénédiction d’une alliance de couple”, la combinaison de paroles et d’actes expriment ce que nous comprenons et ce que nous espérons d’une bénédiction, d’un foyer et de la révélation de l’amour de Dieu dans le monde à travers ces relations basées sur un engagement profond. Guide de discussion 143 E. Découvrir la liturgie de bénédiction des couples de même sexe Distribuer des exemplaires de “Présentation et bénédiction d’une alliance de couple” et inviter les participants à garder à l’esprit les principes donnés dans le document pour évaluer les ressources liturgiques alors que la liturgie est mise en scène. Avant de jouer la liturgie avec les volontaires choisis préalablement à la séance, expliquer que ce n’est pas dans les intentions de ce “couple” de recevoir la bénédiction. Signaler qu’il peut y avoir un peu de stress à mettre en scène la liturgie et inviter les participants à s’engager dans cette expérience dans la prière. Quand la scène est finie, rappeler au “couple”, au “célébrant” et à l’“assemblée” qu’un jeu de rôle n’a pas le pouvoir d’un engagement et remercier les volontaires pour leur aide. Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension Qu’avez-vous entendu? Qu’avez-vous vu? Qu’avez-vous ressenti? Comment évalueriez-vous cette liturgie en la comparant aux principes établis dans le document? Quels sont les paroles, les symboles et les actes de cette liturgie qui vous ont marqué et vous ont amené à réfléchir à votre propre expérience d’alliance de couple? Qu’est-ce que ces paroles, ces symboles et ces actes appellent pour le couple, les défient de faire ou leur offrent, à eux qui les vivent dans le contexte de la bénédiction de leur union? D’après votre expérience, quels éléments semblent avoir le plus de signification lorsqu’une communauté se rassemble pour recevoir la bénédiction de Dieu? F. Conclusion Remercier les participants d’être venus, leur rappeler la date et l’heure de la prochaine réunion, et terminer par une prière d’action de grâce. 144 Guide de discussion Étude 4 Lois civiles et canoniques: examiner les difficultés légales, canoniques et spirituelles qui se présentent lorsque l’Église envisage de bénir des couples de même sexe A. Préparer la séance Avoir préparé le document ci-dessous: • A. Alliance de discussion (ou autres normes utilisées) Installer deux grandes feuilles de papier, chacune avec deux colonnes: Une feuille: Mariage Avantages/Obligations laïcs Avantages/Obligations religieux L’autre feuille: Bénédiction Avantages/Obligations laïcs Avantages/Obligations religieux Préparer l’étude biblique proposée dans cette séance en choisissant le passage qui sera lu et la façon dont il sera étudié. B. Accueillir • Souhaiter la bienvenue aux participants et faire toutes les annonces utiles concernant leur confort (toilettes, café…) et le programme. Guide de discussion 145 • Continuer par une prière de remerciement pour cette occasion d’échanger. • Revoir les normes de groupe afin d’avoir des échanges respectueux, en utilisant l’Alliance de discussion ou les autres normes établies lors de la première séance. • Inviter les participants présents à la séance précédente à partager les illuminations et difficultés qu’ils ont pu rencontrer en abordant la liturgie de bénédiction pour les couples de même sexe. • Présenter l’étude biblique préparée pour cette séance. C. Présenter le thème Présenter la discussion sur les lois civiles et canoniques de la façon suivante ou en des termes similaires: La résolution 2009-C056 demandait à la Commission en charge de la liturgie et de la musique de développer des ressources pour la bénédiction de couples de même sexe. Alors que la Commission avançait dans son travail, des épiscopaliens se sont interrogés sur les liens entre cette bénédiction et le mariage. Suivant la directive de la Convention générale, la Commission a développé des ressources pour une bénédiction et non pour un mariage, tout en reconnaissant la complexité des lois civiles et des lois canoniques (c’est-à-dire de l’Église). Certains États autorisent les couples de même sexe à se marier; d’autres permettent des unions civiles ou proposent un autre statut légal pour ces couples. D’autres États interdisent (ou ne reconnaissent pas) les mariages ou unions de couples de même sexe ; certains de ces États ne reconnaissent aucun statut légal pour les couples de même sexe qui se sont mariés ou ont contracté une union civile dans un État où cela est légal. Le Livre de la prière commune (p. 422) et le canon I.18.1 exigent que le clergé épiscopalien se conforme aux lois de leur État en ce qui concerne le mariage civil. 146 Guide de discussion D. Étudier les avantages et les obligations d’un mariage et d’une bénédiction Inviter le groupe à faire un brainstorming sur les avantages et obligations laïcs du mariage et noter les réponses dans la colonne appropriée de la feuille “mariage”. Ensuite, faire de même avec les avantages et obligations religieuses du mariage et noter les réponses. Enfin, recommencer l’exercice avec la page intitulée “bénédiction” (c’est-à-dire la bénédiction d’un couple dont la relation est basée sur un engagement profond et à vie) – en évoquant en premier les avantages et obligations laïcs puis les avantages et obligations religieuses. Prendre du recul et demander aux participants ce qu’ils remarquent au sujet de ces quatre listes. Engager une conversation. Voici une liste de réponses qui peuvent être données: Mariage: Avantages/Obligations laïcs • Statut légal donné par l’État: global pour les couples de sexes opposés; local/par État pour les couples de même sexe. • Défini par certains États comme étant seulement entre un homme et une femme – allant dans le sens d’une vision traditionnelle du mariage. • Intégrer l’institution du mariage et ses avantages sociaux. • Avantages financiers potentiels – imposition commune, biens mis en commun, etc. – globaux pour les couples de sexes opposés; local/par État pour les couples de même sexe. • Clarté de la relation – correspond à un modèle connu, les gens savent ce que cela signifie quand vous dites être marié(e); clarté sur la monogamie et la fidélité. • Responsabilités légales partagées par le couple. • Statut social. • Généralement, relation acceptée par les parents, la famille et les amis. Mariage: Avantages/Obligations religieux • Bénédiction de Dieu proclamée par l’Église. • Reconnaissance de la nature spirituelle de la relation. • Un engagement d’amour religieux et spirituel fait en public. • Appel à la réconciliation constante et l’assurance du pardon. • Préparation spirituelle et accompagnement avant la cérémonie. Guide de discussion 147 • “Mariage à l’église”, la reconnaissance sociale et le soutien de la communauté religieuse. • Échange et bénédiction des symboles de la relation – les anneaux. • Fait selon les normes du Livre de la prière commune de l’Église Épiscopale – pas pour les couples de même sexe. Bénédiction: Avantages/Obligations laïcs • Gain éventuel de clarté pour la relation; promesses d’engagement faites l’un(e) à l’autre. • Éventuel statut social. • Éventuelle acceptation ou reconnaissance par les parents, la famille et les amis. Bénédiction: Avantages/Obligations religieux • Bénédiction de Dieu proclamée par l’Église. • Reconnaissance de la nature spirituelle de la relation; clarté sur la monogamie et la fidélité. • Un engagement d’amour religieux et spirituel fait en public. • Appel à la réconciliation constante et l’assurance du pardon. • Préparation spirituelle et accompagnement avant la cérémonie. • “Mariage à l’église”, la reconnaissance sociale et le soutien de la communauté religieuse. • Échange et bénédiction des symboles de la relation – les anneaux. • Fait selon les normes de l’Église Épiscopale, si l’évêque l’autorise comme réponse pastorale possible. Inviter le groupe à tirer des conclusions à partir des listes et des discussions. Ils peuvent découvrir que quand l’Église bénit des couples de même sexe, de telles bénédictions apportent presque (mais pas tous) les mêmes “avantages religieux” que dans le mariage, et que lorsque l’Église bénit des couples de même sexe, cela apporte par contre beaucoup moins d’ “avantages laïcs” que ceux du mariage. E. Conclusion Remercier les participants d’être venus, leur rappeler la date et l’heure de la prochaine réunion, et terminer par une prière d’action de grâce. 148 Guide de discussion Étude 5 Mission: étudier la bénédiction de couples de même sexe comme faisant partie de la mission de l’Église et de l’œuvre de réconciliation de Dieu dans le monde A. Préparer la séance Avoir préparé le document ci-dessous: • A. Alliance de discussion (ou autres normes utilisées) Préparer l’étude biblique proposée dans cette séance en choisissant le passage qui sera lu et la façon dont il sera étudié. B. Accueillir • Souhaiter la bienvenue aux participants et faire toutes les annonces utiles concernant leur confort (toilettes, café…) et le programme. • Continuer par une prière de remerciement pour cette occasion d’échanger. • Revoir les normes de groupe afin d’avoir des échanges respectueux, en utilisant l’Alliance de discussion ou les autres normes établies lors de la première séance. • Inviter les participants présents à la séance précédente à partager les illuminations et difficultés qu’ils ont pu rencontrer en abordant la comparaison entre un mariage et une bénédiction. • Présenter l’étude biblique préparée pour cette séance. Guide de discussion 149 C. Présenter le thème Présenter cette dernière séance en leur rappelant que nous faisons partie d’un ensemble plus vaste, de la façon suivante ou en des termes similaires: En se servant du “tabouret à trois pieds” de l’anglicanisme, nous avons étudié les Écritures, la tradition et la raison pour développer des rites de bénédiction de couples de même sexe dans l’Église Épiscopale. Nous avons étudié l’appel de Dieu à vivre en relation avec lui et les uns avec les autres. Nous avons pu être en désaccord, mal compris ou bousculé dans nos convictions, mais il nous a été rappelé à chaque étape que notre vie ensemble, centrée dans le baptême et l’eucharistie, est essentielle pour un peuple de foi à cette époque et dans cette Église. Voici ce que dit l’essai “Foi, espoir et amour” sur la signification de la mission de bénir des couples de même sexe: Le caractère missionnaire d’une bénédiction d’alliance, reflété dans les Écritures comme dans les traditions historiques de l’Église, mérite aujourd’hui une attention renouvelée. La Convention générale de 2000 a contribué à ce renouvellement en adoptant la résolution D039 qui a identifié la monogamie, la fidélité, l’amour sacré et d’autres caractéristiques comme étant celles d’un engagement de couple pour la vie. De façon significative, cette résolution fut établie comme un moyen pour permettre à l’Église de s’engager de manière encore plus efficace dans sa mission. Nombreux sont ceux dans l’Église Épiscopale qui ont pu observer ces caractéristiques chez des couples de même sexe. Cette reconnaissance peut, et c’est déjà le cas dans plusieurs endroits, élargir notre compréhension de la mission de l’Église de prendre part à l’œuvre de réconciliation de Dieu. Notre volonté de continuer à recevoir quelque chose de nouveau tout en restant en communion et en s’aimant les uns les autres donne l’exemple d’un don que nous devons offrir au monde. Nous avons commencé notre étude par l’histoire récente de l’Église Épiscopale concernant les couples de même sexe cherchant à être acceptés et à voir leur union bénie dans l’Église, et en réfléchissant à notre propre expérience des 150 Guide de discussion relations basées sur un engagement profond et à vie. Nous avons continué en étudiant les ressources théologiques et liturgiques que la Commission en charge de la liturgie et de la musique avait développées. Enfin, nous avons comparé les avantages et obligations du mariage et de la bénédiction des couples de même sexe. Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension • Au cours des dernières semaines, comment ces échanges ont-ils pu transparaître dans vos vies quotidiennes? Vous êtes-vous retrouvé à discuter (ou échanger via email ou Facebook) avec des collègues, des amis, ou des membres de votre famille de la volonté de l’Église Épiscopale d’offrir ces bénédictions? • Ce guide de discussion a été conçu pour aider les participants à comprendre la présence de rites de bénédiction de couples de même sexe dans notre vie commune dans l’Église Épiscopale. A-t-il atteint son but pour vous? En quoi cela a-t-il ou non marché? • Si votre communauté n’envisage pas de proposer ces rites aux couples de même sexe demandant une bénédiction, vous sentez-vous maintenant capable d’expliquer pourquoi d’autres paroisses ou diocèses de l’Église Épiscopale le font? Si oui, par où commenceriez-vous votre explication? Sinon, quelles autres informations ou quel autre contexte pourraient vous aider à l’expliquer? D. Conclusion Remercier tout le monde pour leur participation, pour tout le travail fourni et leur engagement, ainsi que pour aimer assez l’Église et ceux qui en franchissent les portes pour rendre ces échanges ensemble possibles. Terminer par une prière d’action de grâce. Guide de discussion 151 152 Guide de discussion Documents pour les discussions A. Alliance de discussion Étude 1: • B. Comprendre l’histoire • C. Introduction à la Convention générale • D. Couples et bénédiction: réflexion et questions Étude 2: • E. Réflexion théologique sur les couples de même sexe: résumé de “Foi, espoir et amour” Étude 3: • F. Principes pour évaluer la liturgie Guide de discussion 153 154 Guide de discussion Document A Alliance de discussion En nous rassemblant au nom du Christ pour partager nos réflexions, nos sentiments et nos idées, nous acceptons cette alliance pour guider nos échanges en suivant le chemin d’amour de Dieu. • Je prends en compte que tous les participants viennent ici avec des histoires, des expériences et des points de vue très différents. C’est avec respect que je demanderai des clarifications sur les autres perspectives afin d’élargir ma compréhension. • Si je choisis d’exprimer mon désaccord avec un point de vue différent du mien, je le ferai avec respect et bonté. Je m’engage à: • parler seulement en mon nom (en utilisant le “je”); • assumer la responsabilité de mes réflexions et sentiments; • me rappeler ma promesse baptismale de “respecter la dignité de chaque être humain”; • chercher et reconnaître nos points d’accord; • respecter la confidentialité à moins d’être explicitement autorisé à partager ce qui a été dit; • pratiquer une “écoute sacrée” en: – étant attentif à la présence de Dieu dans les expériences des autres; – acceptant ces expériences comme étant valides pour la personne qui en parle; – cherchant les points forts dans les positions des autres participants; – évitant les interruptions et les disputes; – évitant d’applaudir ou de réagir à une intervention; – donnant à chacun l’occasion de s’exprimer avant de reprendre la parole. Si la discussion va porter sur une personne en particulier ou un groupe spécifique, ils devraient leur être proposé d’assister à la réunion. Guide de discussion 155 Adapté de Our Covenant for Conversation, diocèse épiscopalien du Vermont; Good News: A Congregational Resource for Reconciliation, par le très révérend Steven Charleston (2003); et Intimate Human Relationships: Resources for Conversation in the Congregations and Deaneries of the Episcopal Diocese of Vermont, edité par Anne Clarke Brown (2004). 156 Guide de discussion Document B Comprendre l’histoire Utiliser ce document pour noter vos souvenirs et vos réflexions sur les discussions au sujet des couples de même sexe au cours des dernières décennies. A. Depuis combien d’années l’Église Épiscopale parle-t-elle officiellement des couples de même sexe et de ses membres gays, lesbiennes, bisexuel(le)s et transgenres? _________ B. Pour chaque décennie, lister brièvement – en utilisant des mots clefs – ce dont vous vous souvenez au sujet de: 1. Ce qui se passait dans votre vie 2. Ce qui se passait dans le monde et/ou l’Église 3. Ce qui se passait concernant les couples de même sexe. Guide de discussion 157 158 Guide de discussion Document C Introduction à la Convention générale Adapté d’une introduction à la Convention générale de 2009 préparée par le révérend Dr Gregory S. Straub, administrateur et secrétaire de la Convention générale. En 1785, la première Convention Générale se réunit à Philadelphie, alors qu’il y avait peu de précédents d’une Église avec une gestion démocratique. Cette Convention commença par travailler sur une constitution et une révision du Livre de la prière commune, le livre de culte de l’Église. En l’espace de dix ans, la Convention générale parvint à un consensus sur son fonctionnement décisionnel et son modèle de culte, deux formes d’organisation encore utilisées de nos jours. Fait unique en son temps, la première Convention générale créa une Assemblée bicamérale dans laquelle des évêques élus (et non nommés par la royauté) formeraient une chambre et des députés laïcs et ordonnés (représentés de façon égale) formeraient l’autre chambre. Tous les évêques de l’Église Épiscopale, qu’ils soient en activité ou retraités, ont le droit de siéger, prendre la parole et voter dans la Chambre des évêques (sauf s’ils ont perdu ce privilège). Chacun des diocèses épiscopaliens (ainsi que la Convocation des Églises en Europe et la Mission de la Terre Navajo) a le droit d’élire huit députés, quatre laïcs et quatre prêtres et/ou diacres pour la Chambre des députés. (Les électeurs diocésains des députés sont eux-mêmes des représentants élus dans les paroisses locales.) Les députés ne sont pas des délégués; c’està-dire qu’ils ne sont pas élus pour représenter les diocèses. Les députés votent en conscience pour le bien de l’Église. On ne peut pas leur donner des instructions de vote, car agir ainsi empêcherait un débat habité par Dieu et préviendrait le travail du Saint-Esprit. On attend des députés qu’ils participent à des comités, si cela leur est demandé, de prendre part à des forums et des audiences, de lire des rapports adressés à l’Église par ses commissions, comités, agences et conseils d’administration, d’écouter et, s’ils s’y sentent appelés, de réagir aux résolutions de l’Assemblée. Guide de discussion 159 La Chambre des évêques et la Chambre des députés se réunissent, délibèrent et votent séparément. Pour être adoptées, les résolutions doivent être approuvées par les deux chambres dans la même langue. Les deux chambres ont le droit de proposer des amendements, mais ceux-ci doivent être acceptés par l’autre chambre. Les résolutions présentées à la Convention ont quatre origines possibles: les comités, commissions, agences et conseils d’administration de l’Église; les évêques ; les diocèses et provinces; les députés. La Chambre des évêques est présidée par l’évêque présidant et la Chambre des députés par un président élu de la Chambre. En l’absence du président, un vice-président siège. Dans chaque chambre, un secrétaire et un parlementaire assistent la personne en charge de la présidence. La Convention se réunit dans la prière. Chaque jour, les évêques, les députés, les substituts et les délégués de la réunion triennale ECW se rassemblent pour une étude biblique et la sainte eucharistie. La Chambre des députés et la Chambre des évêques ont des aumôniers qui dirigent des prières régulièrement pour les chambres, au début et à la fin des séances, ainsi que quotidiennement à midi. On demande aussi aux aumôniers de prier avant l’adoption de législations importantes. Des organisations au sein de l’Église peuvent être commanditaires de cultes supplémentaires et des volontaires occupent une salle de prière où a lieu une intercession continue pour le travail de la Convention. Une part importante du travail de la Convention est réalisée par les comités législatifs. L’évêque présidant et le président de la Chambre des députés décident du nombre de personnes qui travaillent dans les comités et leurs compositions. Dans leurs nominations, les présidents prennent en compte l’expérience des personnes, leur expertise et leurs centres d’intérêt afin d’assurer que les comités soient représentatifs des différents points de vue; de la diversité géographique et ethnique, l’égalité des sexes et la participation de jeunes députés. Les résolutions proposées pour être discutées à la Convention sont présentées à des comités législatifs qui les étudient, les regroupent et les perfectionnent avant de les présenter à la Convention. Les comités législatifs tiennent des audiences sur la législation auxquelles peuvent s’exprimer: les évêques, les députés, les substituts inscrits et les visiteurs inscrits. Les débats sont menés dans le respect de la Constitution et des canons de l’Église, les règles de procédure de chaque Chambre, les règles de procédure communes (qui s’appliquent aux deux chambres) et les 160 Guide de discussion “Roberts’ Rules of Order”. On attend des députés qu’ils écoutent avec respect les points de vue des autres participants et qu’ils adhèrent aux règles qui demandent, par exemple, qu’il y ait une alternance entre des personnes d’opinions différentes dans les prises de parole. La Convention va au-delà de la législation. Une des parties les plus intéressantes de la Convention est la salle des exposants, un marché d’idées et de biens où les organisations et groupes d’intérêt de l’Église présentent leurs articles, recrutent des membres et font de leur mieux pour influencer la législation. De nombreuses organisations liées à l’Église organisent des rencontres en conjonction avec la Convention et il y a des déjeuners et dîners organisés par des séminaires, des provinces, des sociétés, des conseils d’administration et des employés administratifs de l’Église. Les Femmes de l’Église Épiscopale (Episcopal Church Women – ECW) programment leur rencontre triennale en même temps que la Convention générale. Les rencontres ECW ont évolué au fil des dernières décennies; aujourd’hui, elles sont centrées sur la mission et le service de l’Église et de nombreux membres parmi les plus distingués de l’Église sont invités à s’y exprimer. La Convention générale est la combinaison d’une assemblée législative, d’un bazar de services et de biens, et d’une réunion de famille. C’est une des rencontres les plus passionnantes et, pour dire la vérité, des plus inspirantes au monde. Guide de discussion 161 162 Guide de discussion Ce dont je me souviens concernant les couples de même sexe Ce dont je me souviens concernant le monde et/ou l’Église Ce dont je me souviens dans ma vie 1970 1980 1990 2000 2010 Document D Couples et bénédiction: réflexion et questions Je vous invite à réfléchir aux relations basées sur un engagement profond dans les couples que vous connaissez (amis, collègues, membres de la famille, etc.), que cela soit des couples de même sexe ou non et y compris le vôtre si vous faites partie d’une telle relation. Réfléchissez à des questions telles que: • Comment cette relation est-elle appelée: mariage? Alliance? Union? D’une autre façon? Les personnes qui composent cette relation sont-elles considérées comme mari et femme? Partenaires? Amants? Est-ce que le terme utilisé change selon les circonstances? Pour vous, la terminologie utilisée est-elle importante (ou pas) pour comprendre la nature de la relation? • En réfléchissant à ces relations, qu’est-ce qui en elles (leurs qualités, leurs dons, leurs caractéristiques) fait qu’il serait approprié de les bénir? Ou, pour poser la question différemment, pourquoi bénissons-nous des relations dans l’Église? Pour ceux qui sont dans une relation de couple engagée: • Avez-vous discerné des dons spirituels apparus dans votre relation que vous n’auriez pas reconnus sans cet engagement? • Quel rôle tient votre communauté de foi dans votre engagement relationnel? Est-ce que la communauté apporte quelque chose que vous trouvez important dans votre relation? • Quel rôle (si elle en a un) votre foi chrétienne a joué et joue encore dans le développement de votre relation et dans le discernement de votre engagement l’un(e) envers l’autre? Guide de discussion 163 Considérez-vous votre relation comme faisant partie de votre appel chrétien et de votre vocation? Si oui, comment et de quelles façons? Pour ceux qui se réfèrent aux relations de couple engagées d’autres personnes: • Avez-vous discerné des dons spirituels apparus dans leur relation qui bénéficient à l’ensemble de la communauté ou peut-être à vous-même? • Discernez-vous en quoi votre foi ou celle de la communauté contribuent à leur relation? • Quels noms donneriez-vous aux principales “bénédictions” de cette relation pour votre vie et pour votre communauté de foi? • Avez-vous appris quelque chose ou ouvert des perspectives dans votre vie en observant la relation et en étant en contact avec ce couple? 164 Guide de discussion Document E Réflexion théologique sur les couples de même sexe: résumé de “Foi, espoir et amour” Baptême, eucharistie et mystère pascal Tous les chrétiens sont appelés à témoigner de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu et de la grâce en Jésus-Christ, à travers le pouvoir du Saint-Esprit. Nous avons la capacité d’un tel témoignage par notre relation d’alliance avec Dieu. Le baptême nous initie dans cette alliance, nous devenons une partie de Christ pour toujours, membres du Corps du Christ, l’Église. L’eucharistie nous nourrit dans cette vie d’alliance et nous renforce pour être les témoins de Christ dans le monde. Notre vie d’alliance avec Dieu peut modeler nos relations et nos engagements fidèles avec autrui et s’exprimer à travers ces relations et ces engagements. Nos relations engagées peuvent donc refléter un caractère sacramentel (qui rend la grâce divine visible) et évoquer un espoir eschatologique (notre union ultime avec Dieu). Ces relations nous invitent donc à refléter toujours plus la mission de l’Église, ce que cela signifie de “bénir” et les marques distinctes d’une relation d’alliance. Thèmes pour une réflexion théologique Le cadre sacramentel pour les relations d’alliance suggère d’autres thèmes clefs théologiques pour notre réflexion et notre discernement partagés, dont les thèmes suivants: • La vocation: Dieu appelle les personnes dans toutes sortes de relations, que cela soit en tant que célibataires, dans le cadre de communautés monastiques ou en tant que couples intimes. Ces vocations peuvent renforcer notre témoignage des Évangiles. La décision de former une alliance de couple est une vocation marquée par ces caractéristiques: “fidélité, monogamie, affection réciproque et respect, une Guide de discussion 165 communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu.” • Les foyers: les alliances de couple se vivent le plus souvent dans des foyers dans lesquels nous pratiquons quotidiennement le don de soi pour le bien d’autrui. Si les foyers peuvent prendre des formes très variées, ils créent un espace de confiance et de responsabilités partagées. La joie, l’intimité et la vulnérabilité partagée des foyers nous aident à apprendre la discipline de la compassion, du pardon et de la réconciliation de vies liées dans la monogamie et la fidélité. • La fécondité: la grâce divine qui soutient une alliance de couple produit des fruits innombrables, non seulement pour le couple mais aussi pour l’ensemble de la communauté. Ces couples manifestent cette grâce dans leurs dons partagés pour un ministère et des vies de service, de générosité et d’hospitalité. • La bénédiction mutuelle: une relation bénie est marquée dans un but divin: pour témoigner de l’amour créateur, rédempteur et constant de Dieu dans le monde. Alors que le Saint-Esprit donne la capacité au couple de ce témoignage, l’Église est elle aussi bénie et renforcée pour sa mission et son ministère. De toutes ces façons et plus encore, la bénédiction de couples de même sexe invite les couples et l’ensemble de l’Église à renouveler nos engagements de l’alliance baptismale. Cet engagement est exprimé par la foi dans la bonne nouvelle de Jésus-Christ, dans l’espoir de l’union avec Dieu promise par Christ et avec l’amour qui nous lie ensemble en tant Corps du Christ. Comme l’apôtre Paul nous le rappelle, nous vivons notre vie commune de peuple de Dieu avec la foi, l’espérance et l’amour. Mais la plus grande de ces choses est l’amour (1 Corinthiens 13.13). 166 Guide de discussion Document F Principes pour évaluer la liturgie Le matériel proposé pour la bénédiction de couples de même sexe doit par-dessus tout être cohérent avec la théologie implicite et l’ecclésiologie du Livre de la prière commune de 1979. Cela implique, par exemple, qu’il doit refléter le principe sous-jacent au Livre de la prière commune que toute la vie de l’Église trouve son origine dans le baptême. Un élément presque aussi important est que la liturgie proposée représente une philosophie et un style liturgique anglican classique. Tenant compte des notions de ce qui fait qu’une prière publique est reconnue comme étant anglicane, le groupe de travail a identifié les éléments suivants: • elle fait écho aux Écritures et proclame l’Évangile; • elle prend ses racines dans la tradition théologique anglicane; • elle a une grande valeur littéraire; elle est belle au regard des standards communément acceptés et respectés; • elle utilise les structures récurrentes, les modèles linguistiques et les métaphore du Livre de la prière commune de 1979; • elle est formelle, ni familière ni relâchée; • elle est assez dense pour porter le but sacré pour laquelle elle a été conçue; • elle est métaphorique sans être obscure; • elle est performative, c’est-à-dire qu’elle produit ce qu’elle dit. En même temps, ces rites doivent paraître naturels à des oreilles contemporaines. On doit créer un ton religieux ou sacré sans utiliser de mots ou de tournures de phrases obscures ou obsolètes. Les rites doivent fournir des notes et des rubriques explicatives. Le document doit être regardé comme le script d’un événement et non comme une compilation de textes. Guide de discussion 167 Tout rite de bénédiction doit être avant tout l’expression de toute l’Église et non du couple venu chercher une bénédiction. Ces rites doivent laisser la possibilité d’une forte participation de la communauté, reflétant ainsi l’ecclésiologie baptismale du Livre de la prière commune. D’ailleurs, l’eucharistie étant le symbole de l’unité de l’Église à travers l’unité avec Christ, ces offices de bénédiction devraient normalement avoir lieu lors d’une célébration de l’eucharistie. De tels rites doivent représenter la notion de réciprocité sacramentelle en suggérant que, alors même que l’Église bénit la relation du couple, la relation du couple est une bénédiction pour l’Église. Des options pour différents éléments du rite doivent être proposées, en particulier pour les Écritures et les Prières, afin que cet acte de toute l’Église – cette prière commune – ne dégénère pas en un rite générique. Tout rite de bénédiction de couple doit faire des deux personnes formant l’alliance les principaux ministres dans cet acte de Dieu et de toute l’Église. De tels rites doivent exprimer la position de l’Église qui est que le couple accepte librement une vocation dont il est attendu qu’elle porte les fruits de fidélité réciproque pour le couple, pour l’Église et pour le monde entier, et qui tend vers l’accomplissement de toutes les relations humaines et de l’unité dans le Règne eschatologique de Dieu, lorsque Dieu sera tout en tout. Ces rites doivent être ce qu’ils prétendent être – une prière liturgique – et non une affirmation didactique ou polémique en guise de liturgie. 168 Guide de discussion Annexe Historique de la législation de la Convention générale Glossaire 169 170 Annexe Historique de la législation de la Convention générale Introduction Cet historique législatif montre l’évolution des délibérations de la Convention générale sur la place des gays et des lesbiennes dans la vie de l’Église, en particulier concernant la bénédiction de couples fidèles, monogames et engagés pour la vie. Les conventions successives ont à la fois reconnu le travail de leurs prédécesseurs et pris de nouvelles décisions. Les extraits des résolutions proviennent du site Web des Archives de l’Église Épiscopale: http://www.episcopalarchives.org/ e-archives/acts/. Minneapolis, 1976: pour la première fois, la Convention générale adopte une résolution qui reconnaît et affirme la présence de personnes homosexuelles dans l’Église. Résolution 1976-A069: Résolu, avec l’approbation de la Chambre des évêques, Que c’est le sentiment de cette Convention générale que les personnes homosexuelles sont des enfants de Dieu qui ont, comme toute autre personne, pleinement et également droit à l’amour, l’acceptation, l’accompagnement pastoral et le soutien de l’Église. Anaheim, 1985: la Convention générale réaffirme la résolution de 1976 et encourage les diocèses à approfondir leur compréhension. Résolution 1985-D082: Résolu, avec l’approbation de la Chambre des évêques, Que la 68e Convention générale encourage vivement chaque diocèse de cette Église à trouver des moyens efficaces pour favoriser une meilleure compréhension des personnes homosexuelles, dissiper les mythes et les préjudices sur l’homosexualité, offrir un soutien pastoral et rendre vivante l’affirmation que les Annexe 171 personnes homosexuelles ont droit “à l’amour, l’acceptation, l’accompagnement pastoral et le soutien de l’Église” comme cela fut reconnu par la Convention générale en 1976. Phoenix, 1991: la Convention générale affirme l’approche traditionnelle du mariage entre un homme et une femme, et reconnaît une “discontinuité” entre cet enseignement et le vécu de nombreux membres de l’Église Épiscopale. Résolution 1991-A104: Résolu, avec l’approbation de la Chambre des députés, Que la 70e Convention générale de l’Église Épiscopale affirme que l’enseignement de l’Église Épiscopale est que l’expression d’une sexualité physique est appropriée seulement dans le cadre d’une vie monogame, “l’union d’un homme et d’une femme par le cœur, le corps et l’esprit” “voulue par Dieu pour leur joie mutuelle, pour l’aide et le réconfort qu’ils s’apportent dans la prospérité comme dans l’adversité et, lorsque c’est la volonté divine, pour la procréation des enfants et leur éducation dans la connaissance et l’amour du Seigneur”, comme établi dans Le Livre de la prière commune; et de plus qu’il soit Résolu, Que cette Église continue à travailler à la réconciliation de la discontinuité entre cet enseignement et l’expérience vécue par de nombreux membres de ce corps; et de plus qu’il soit Résolu, Que cette Convention générale confesse son échec à gérer et résoudre cette discontinuité à travers son travail législatif fondé sur des résolutions portant sur des aspects spécifiques et variés de ces problèmes; et de plus qu’il soit Résolu, Que cette Convention générale commissionne les évêques et les membres des délégations diocésaines pour mettre en place des moyens pour toutes les congrégations de leur juridiction afin de dialoguer et approfondir notre compréhension sur ces problèmes complexes; et de plus cette Convention générale demande au président de chaque province de désigner un évêque, un député laïc et un député du clergé de sa province pour faciliter ce processus, pour recevoir les rapports des diocèses lors de chaque rencontre de leur synode de province et préparer un compte rendu pour la 71e Convention générale; et de plus qu’il soit Résolu, Que cette Convention générale demande à la Chambre des évêques de préparer un enseignement pastoral avant la 71e Convention générale en utilisant les enseignements du 172 Annexe processus diocésain et provincial et en faisant appel lorsque cela est nécessaire aux connaissances de théologiens, de théologiens de l’éthique, de chercheurs en sciences sociales et de personnes gays et lesbiennes; et que trois laïcs et trois membres du clergé de la Chambre des députés, nommés par le président de la Chambre des députés soient inclus dans la préparation de l’enseignement pastoral. Indianapolis, 1994: la Convention générale ajoute l’orientation sexuelle, ainsi que le statut marital, le sexe, les handicaps et l’âge aux catégories pour lesquelles l’Église assure un traitement non discriminatoire à ses membres. Résolution 1994-C020: Résolu, avec l’approbation de la Chambre des évêques, Que le titre I, canon 17, section 5 soit amendé comme suit: Personne ne devrait se voir refuser les droits, les statuts, ou [l’accès à] une place égale aux autres dans la vie, le culte et la direction de cette Église du fait de sa race, sa couleur, [ou] son origine ethnique, sa nationalité d’origine, son statut marital, son sexe, son orientation sexuelle, ses handicaps ou son âge, sauf précision contraire dans [ce] canon. Indianapolis, 1994: la Convention générale demande une étude des “fondations théologiques et considérations pastorales impliquées dans le développement de rites honorant l’amour et l’engagement entre personnes de même sexe”. Résolution 1994-C042: Résolu, avec l’approbation de la Chambre des députés, Que la 71e Convention générale demande à la Commission en charge de la liturgie et au Comité de théologie de la Chambre des évêques de préparer et présenter à la 72e Convention générale, dans le cadre du dialogue constant de l’Église sur la sexualité humaine, un rapport traitant des fondations théologiques et considérations pastorales impliquées dans le développement de rites honorant l’amour et l’engagement entre personnes de même sexe; et de plus qu’il soit Résolu, Qu’aucun rite pour honorer l’amour et l’engagement entre personnes de même sexe ne soit développé sauf si la préparation d’un tel rite a été autorisée par la Convention générale; et de plus qu’il soit Résolu, Que la somme de $8,600 soit allouée pour la réalisation de ce travail, sous réserve que les fonds soient disponibles. Annexe 173 Philadelphie, 1997: la Convention générale réaffirme l’approche traditionnelle du mariage et demande que l’étude de ce sujet continue. Résolution 1997-C00: Résolu, Que la 72e Convention générale affirme le caractère sacré du mariage chrétien entre un homme et une femme avec l’intention de rester ensemble pour la vie ; et de plus qu’il soit Résolu, Que cette Convention demande à la Commission en charge de la liturgie de continuer son étude des différents aspects théologiques concernant les couples de même sexe et de faire un rapport complet comprenant des recommandations sur les étapes futures nécessaires afin de résoudre les problèmes liés à ces relations basées sur un engagement profond, au plus tard en novembre 1999 pour considération lors de la 73e Convention générale. Denver, 2000: la Convention générale reconnaît les relations de couple autres que le mariage. Résolution 2000-D039: Résolu, Que les membres de la 73e Convention générale souhaitent que cette Église offre une structure protégée et juste dans laquelle tous peuvent utiliser leurs dons et leur énergie créative pour sa mission; et de plus qu’il soit Résolu, Que nous reconnaissons que, si les problèmes liés à la sexualité humaine n’ont pas été résolus, il y a aujourd’hui des couples dans le Corps du Christ et dans cette Église qui vivent dans le mariage et des couples dans le Corps du Christ et dans cette Église qui vivent dans d’autres formes d’engagements de vie commune; et de plus qu’il soit Résolu, Que nous attendons que ces relations aient pour caractéristiques, fidélité, monogamie, affection réciproque et respect, une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu; et de plus qu’il soit Résolu, Que nous dénonçons la promiscuité, l’exploitation, et les relations abusives dans les relations que peuvent avoir nos membres; et de plus qu’il soit Résolu, Que cette Église compte tenir pour responsables de ces valeurs tous ses membres et leur apportera son soutien dans la prière, les encouragements et l’accompagnement pastoral nécessaires pour vivre fidèlement en accord avec celles-ci; et de plus qu’il soit 174 Annexe Résolu, Que nous reconnaissons que certains, agissant en leur âme et conscience, étant en désaccord avec l’enseignement traditionnel de l’Église sur la sexualité humaine, agiront de façon contraire à cette position; et de plus qu’il soit Résolu, Que dans la continuité des précédentes actions de la Convention générale et de cette Église, et en réponse à l’appel au dialogue de la Lambeth Conference, nous affirmons que tous ceux qui se trouvent de chaque côté d’un problème controversé ont une place dans l’Église, et nous réaffirmons l’impératif de promouvoir des échanges entre personnes ayant des expériences et des perspectives différentes, tout en reconnaissant l’enseignement de l’Église sur la sainteté du mariage. Minneapolis, 2003: Tenant compte des différences toujours présentes, la Convention générale reconnaît “que les communautés de foi locales agissent dans les limites acceptables de notre vie commune en explorant et en faisant l’expérience de liturgies célébrant des bénédictions de couples de même sexe.” Résolution 2003-C051: Résolu, Que la 74e Convention générale affirme: 1. Que notre vie ensemble en tant que communauté de foi est fondée sur l’œuvre de salut de Jésus-Christ et exprimée dans les principes de Chicago-Lambeth Quadrilateral: les Saintes Écritures, les Credo historiques de l’Église, les deux sacrements dominicaux et l’Épiscopat historique. 2. Que nous réaffirmons la résolution A069 de la 65e Convention générale (1976), “les personnes homosexuelles sont des enfants de Dieu qui ont, comme toute autre personne, pleinement et également droit à l’amour, l’acceptation, l’accompagnement pastoral et le soutien de l’Église.” 3. Que, dans notre compréhension des personnes homosexuelles, des différences existent parmi nous sur la meilleure réponse pastorale à apporter à ceux qui ont l’intention de vivre dans une union monogame; et ce qui est, ou devrait être, requis, permis ou interdit par la doctrine, la discipline et le culte de l’Église Épiscopale concernant leur bénédiction. 4. Que nous réaffirmons la résolution D039 de la 73e Convention générale (2000), “nous attendons que ces relations aient pour caractéristiques, fidélité, monogamie, affection réciproque et respect, une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu”, et que ces relations existent à travers l’ensemble de l’Église. Annexe 175 5. Que nous reconnaissons que les communautés de foi locales agissent dans les limites acceptables de notre vie commune en explorant et en faisant l’expérience de liturgies célébrant des bénédictions de couples de même sexe. 6. Que nous nous engageons, et appelons notre Église, dans l’esprit de la résolution A104 de la 70e Convention générale (1991), à continuer à prier, étudier et à continuer le travail de discernement sur la réponse pastorale à apporter aux personnes gays et lesbiennes, d’inclure une compilation et le développement de ressources par une commission spéciale organisée et nommée par l’évêque présidant pour faciliter un dialogue de discernement le plus large possible dans l’ensemble de l’Église. 7. Que notre baptême en Jésus-Christ est inséparable de notre communion les uns avec les autres, et que nous nous engageons dans cette communion en dépit de nos diversités d’opinions et, selon les diocèses, une diversité de pratique pastorale avec les gays et les lesbiennes qui sont parmi nous. 8. Que c’est une question de foi, notre Seigneur veut notre unité pour nous ses disciples, ce qui pour nous implique de vivre dans les limites fixées par la Constitution et les canons de l’Église Épiscopale. Nous croyons que cette discipline exprime notre fidélité à notre organisation et facilitera la conversation que nous recherchons, non seulement dans l’Église Épiscopale, mais aussi plus largement dans la Communion anglicane et au-delà. Anaheim, 2009: la Convention générale demandait à la Commission en charge de la liturgie et de la musique de “recueillir et développer des ressources théologiques et liturgiques” pour la bénédiction de couples de même sexe. Résolution 2009-C056: Résolu, avec l’approbation de la Chambre des députés, Que la 76e Convention générale reconnaît l’évolution du contexte aux États-Unis et dans d’autres pays, la législation autorisant ou interdisant le mariage, l’union civile ou le partenariat domestique pour les personnes gays et lesbiennes change dans diverses juridictions civiles ce qui appelle une nouvelle réponse pastorale de cette Église, et un processus ouvert pour la considération de ressources théologiques et liturgiques pour la bénédiction de couples de même sexe; et de plus qu’il soit Résolu, Que la Commission en charge de la liturgie et de la musique, en consultation avec la Chambre des évêques, 176 Annexe recueille et développe des ressources théologiques et liturgiques, et en fasse le rapport à la 77e Convention générale; et de plus qu’il soit Résolu, Que la Commission en charge de la liturgie et de la musique, en consultation avec la Chambre des évêques, définisse un processus ouvert pour la conduite de son travail, incluant la participation de provinces, diocèses, congrégations et individus engagés dans ce type de travail théologique, et invitant à une réflexion théologique à travers toute la Communion anglicane; et de plus qu’il soit Résolu, Que les évêques, en particulier ceux dont des diocèses se trouvent dans des juridictions civiles où le mariage de même sexe, l’union civile ou le partenariat domestique sont légaux, peuvent offrir une réponse pastorale généreuse pour satisfaire aux besoins des membres de cette Église; et de plus qu’il soit Résolu, Que cette Convention honore la diversité théologique de cette Église en ce qui concerne la sexualité humaine; et de plus qu’il soit Résolu, Que les membres de cette Église soient encouragés à s’engager dans cet effort. Indianapolis, 2012: dans la résolution A049, la Convention générale a recommandé l’étude et l’utilisation du document “Je te bénirai et tu seras une bénédiction”, a autorisé la liturgie à titre provisoire, et a demandé la mise en place d’un processus d’évaluation et de développement additionnel des ressources théologiques. De plus, dans la résolution A050, la Convention générale a demandé à ce qu’un groupe de travail étudie les différentes aspects du mariage, y compris les autorisations ou interdictions légales concernant les mariages de couple de même sexe. Résolution 2012-A049 Résolu, la Chambre des députés approuve, Que la 77e Convention générale recommande l’étude et l’utilisation de “Ressources liturgiques I: Je te bénirai et tu seras une bénédiction” dans les congrégations et diocèses de l’Église Épiscopale, en incluant les révisions suivantes: Dans l’intégralité de “Je te bénirai et tu seras une bénédiction”, remplacer “de même genre” par “de même sexe”; B p. 184 (Te bendecire pdf, p.1): remplacer “Ressources B pour la bénédiction de couples de même sexe” par “Ressources pour la présentation et la bénédiction de l’alliance d’un couple de même sexe”; Annexe 177 B p. 240 (Te bendecire pdf, p. 83): ajouter après le B premier paragraphe “Au moins un des membres du couple doit être chrétien et baptisé.” B p. 240 (Te bendecire pdf, p. 83): dans le paragraphe 2, B ligne 1, supprimer “dont au moins une est baptisée” B p. 241 (Te bendecire pdf, p. 85): dans l’adresse du B célébrant à l’assemblée, supprimer: “quoi qu’il advienne” (paragraphe 1, ligne 9); B pp. 241-242 (Te bendecire pdf, p. 85): dans l’adresse B du célébrant à l’assemblée, supprimer l’intégralité du paragraphe 2 “Les attend... nous appelle tous à partager.”) B p. 242 (Te bendecire pdf, p. 85): dans l’adresse du B célébrant à l’assemblée, remplacer “Prions ainsi”, paragraphe 3, ligne 1, par “Ainsi, au nom du Christ, prions”; B p. 245 (Te bendecire pdf, p. 90): après la prière pour la B paix dans leur foyer et l’amour dans leur famille, ajouter la prière suivante: “Pour qu’ils/elles aient la grâce, quand ils/elles se font du mal, de reconnaître et d’admettre leur faute, de se demander pardon et de demander ton pardon; Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté), Écoute notre prière.”; B p. 246 (Te bendecire pdf, p. 91): remplacer le passage B commençant par “Après un temps de silence” par: “On peut ajouter une ou plusieurs des prières suivantes”; B p. 247 (Te bendecire pdf, p. 93): dans les engagements B (dans les deux formes proposées), ligne 7, remplacer “Je t’honorerai et te garderai” par “Je t’honorerai et t’aimerai”; B p. 248 (Te bendecire pdf, p. 94): dans la première forme B d’échange d’anneaux, remplacer la ligne 2 par “qu’ils soient un symbole de l’alliance constante”; B p. 248 (Te bendecire pdf, p. 95): dans la bénédiction du B couple, entre le premier et le deuxième paragraphe, ajouter le passage: “Le célébrant continue de l’une des façons suivantes”; B p. 248 (Te bendecire pdf, p. 95): dans la bénédiction B du couple, ajouter un troisième paragraphe après “Amen”: “ou bien / Que Dieu, la sainte et indivisible Trinité, vous bénisse, vous protège et vous garde, et dans sa miséricorde vous comble de sa grâce infinie, afin que vous soyez agréable à Dieu en corps et en âme. Que Dieu fasse de vous un signe de la bonté et de la fidélité constante rendues manifestes dans la vie, la mort et la résurrection de notre 178 Annexe Sauveur, et vous conduise aux réjouissances du banquet céleste, où il vit et règne pour toujours. Amen.” B p. 257 (Te bendecire pdf, p. 104): dans le paragraphe B qui se trouve sous l’intitulé E. Vocation, remplacer “1 Samuel 18” par “1 Samuel 3”; et de plus qu’il soit Résolu, Que la 77e Convention générale autorise l’utilisation provisoire de “La présentation et la bénédiction de l’alliance d’un couple de même sexe” des “Ressources liturgiques I: Je te bénirai et tu seras une bénédiction” à partir du premier dimanche de l’Avent 2012, après obtention de la permission et sous la direction de l’évêque dans l’exercice de son autorité ecclésiale; et de plus qu’il soit Résolu, Que les évêques, en particulier ceux dont les diocèses sont établis dans des juridictions civiles où les mariages, les unions civiles, ou les partenariats domestiques de couple de même sexe sont légaux, peuvent donner une réponse pastorale généreuse pour répondre aux besoins des membres de l’Église; et de plus qu’il soit Résolu, Que les évêques peuvent autoriser l’adaptation de ces documents pour répondre aux besoins des membres de l’Église; et de plus qu’il soit Résolu, Que la disposition du Canon I.18.4 soit étendue au “Ressources théologiques pour la bénédiction des couples de même sexe”, nommément “Il reste à la discrétion de tout membre du clergé de cette Église de refuser de” présider un rite de bénédiction tel que défini ici; et de plus qu’il soit Résolu, Que cette Convention honore la diversité théologique de cette Église dans le domaine de la sexualité humaine, et qu’aucun évêque, prêtre, diacre ou laïc ne doit être forcé ou pénalisé d’une quelconque façon du fait de son objection de conscience ou de son soutien envers la décision de la 77e Convention générale concernant la bénédiction de couples de même sexe; et de plus qu’il soit Résolu, Que les ressources théologiques pour la bénédiction de l’alliance d’un couple de même sexe continuent d’être développées par la Commission en charge de la musique et de la liturgie pendant la période trisannuelle 2013-2015, en portant une attention particulière au développement de la relation aux Écritures et aux sources et catégories appropriées de théologie systématique (comme la Création, le péché, la grâce, la salut, la nature humaine); et de plus qu’il soit Annexe 179 Résolu, Que la Commission en charge de la liturgie et de la musique développe un processus ouvert pour évaluer “Je te bénirai et tu seras une bénédiction”, invitant les commentaires des provinces, des diocèses, des congrégations et de chacun à travers toute l’Église Épiscopale et la Communion anglicane ainsi que de nos partenaires œcuméniques, et à en faire le rapport à la 78e Convention générale. Résolution 2012-A050 Résolu, la Chambre des députés approuve, Que la 77e Convention générale demande à l’évêque présidant et au président de la Chambre des députés de nommer un groupe de travail d’un maximum de douze personnes – théologiens, liturgistes, prêtres et éducateurs – afin d’identifier et explorer les dimensions bibliques, théologiques, historiques, liturgiques et canoniques du mariage; et de plus qu’il soit Résolu, Que le groupe de travail consultera la Commission en charge de la constitution et la Commission en charge de la liturgie et de la musique pour répondre au besoin pastoral de prêtes pour célébrer des mariages civils de couples de même sexe dans les États qui l’autorisent; et de plus qu’il soit Résolu, Que le groupe de travail consultera des couples mariés ou ayant d’autres formes d’engagement relationnel à vie, ainsi qu’avec des célibataires; et de plus qu’il soit Résolu, Que le groupe de travail consultera d’autres Églises de la Communion anglicane et nos partenaires œcuméniques; et de plus qu’il soit Résolu, Que le groupe de travail étudiera les questions soulevées par le changement des normes culturelles et des structures légales, y compris les législations autorisant ou interdisant le mariage, l’union civile ou le partenariat domestique entre deux personnes de même sexe, aux États-Unis et dans les autres pays où l’Église Épiscopale est établie; et de plus qu’il soit Résolu, Que le groupe de travail développera des outils pour une réflexion théologique et des normes pour des discussions théologiques au niveau local; et de plus qu’il soit Résolu, Que le groupe de travail fera un rapport sur ses avancées à la 78e Convention générale; et de plus qu’il soit Résolu, Que la Convention générale demande à la Commission mixte en charge du programme, du budget et des finances de considérer l’allocation d’un budget de 30,000 dollars pour la mise en pratique de cette résolution. 180 Annexe Glossaire C’est dans le but de mieux informer les personnes concernées et de faciliter les discussions sur les ressources théologiques et liturgiques, ainsi que les préparations pour la liturgie autorisée par la Convention générale, que ce glossaire de termes légaux canoniques, auxquels s’ajoutent d’autres termes souvent utilisés dans les discussions sur les bénédictions de couples de même sexe, a été préparé. La plupart de ces termes sont discutés de façon plus approfondie dans l’essai “Foi, espoir et amour: ressources théologiques pour la bénédiction de couples de même sexe”. Bénédiction. “Le signe actif de la grâce divine”84 Quand une bénédiction est donnée, par exemple lors de la “Célébration et bénédiction de mariage” ou pendant un rite de bénédiction de couple de même sexe, l’Église croit que la bénédiction de Dieu a été reconnue dans la vie du couple et transmise de façon nouvelle à travers l’action de l’Église. La bénédiction maritale implique trois aspects distincts mais interdépendants: nous (l’Église) louons Dieu pour la grâce déjà discernable dans la vie du couple; nous prononçons la bénédiction de Dieu sur cette alliance de couple pour renforcer leurs liens d’alliance; et nous missionnons le couple pour témoigner de l’amour de Dieu pour le monde. Bénédiction d’un mariage civil. Rite du Livre de la prière commune par lequel un homme et une femme déjà mariés par l’autorité civile compétente, avec la documentation appropriée, peuvent faire bénir leur mariage civil par l’Église. Canon. Les canons de l’Église Épiscopale sont les lois qui définissent la mise en actes des principes ecclésiaux de l’Église tels que définis par la Constitution de l’Église Épiscopale et révisés par la Convention 84 Alan Richardson, ed., A Theological Word Book of the Bible (New York: Macmillan, 1960), 33. Annexe 181 générale. Chaque diocèse de l’Église Épiscopale a ses propres canons, qui doivent être conformes aux canons de l’Église Épiscopale. Mariage civil. Un mariage civil est un mariage obtenu en suivant la procédure légale de l’État ou de la juridiction dans laquelle le mariage est contracté. Le mariage civil est souvent décrit comme une forme particulière de contrat légal, établi et régulé par chaque État et mis en place par deux parties consentantes. Un mariage civil apporte à la fois des avantages légaux et des responsabilités, aussi bien au regard de la loi fédérale que de l’État. Les statuts du mariage civil de l’État établissent quels couples ont l’autorisation ou l’interdiction de se marier et qui est autorisé à officier lors d’un mariage civil. Union civile. Une union civile est un contrat légal dont le statut est autorisé et reconnu par les lois de certains États. Les statuts d’une union civile donnent généralement aux couples, y compris les couples de même sexe, les droits, avantages et obligations d’un couple marié selon les lois de cet État. Ces avantages et responsabilités varient d’un État à un autre et dans certains cas ne reprennent pas tous les avantages d’un mariage civil. Les statuts spécifient qui est éligible pour une union civile et qui est autorisé à officier lors d’une union civile. Dans les lois fédérales actuelles et dans celles d’au moins trente-cinq États, les unions civiles ne sont pas reconnues du tout ou ne sont pas reconnues comme équivalent à un mariage civil. Certains États qui n’autorisent pas les unions civiles reconnaissent les unions civiles obtenues légalement dans un autre État. Le mariage “de fait”. Un mariage “de fait” est établi lorsqu’un homme et une femme vivent ensemble et se définissent comme mari et femme pendant un temps suffisant, avec l’intention exprimée et mutuelle de former un mariage. Certains États exigent sept années de cohabitation continue, mais d’autres ne précisent pas un nombre d’années. Dans les États qui reconnaissent le mariage “de fait”, le statut de ce mariage est généralement identique à celui d’un mariage civil, avec les mêmes avantages et obligations. Moins de vingt États reconnaissent les mariages “de fait”. Constitution. Sauf indication contraire, se réfère à la Constitution de l’Église Épiscopale Protestante des États-Unis d’Amérique, aussi connue sous le nom d’Église Épiscopale, telle qu’adoptée par la Convention générale en octobre 1789 et amendée lors des Conventions générales qui ont suivi. Alliance. Relation fondamentale entre Dieu et le peuple de Dieu. Le concept a une histoire longue et variée, biblique et autres. Les chrétiens croient que la relation d’alliance dérive en premier lieu de 182 Annexe l’alliance pleine de grâce que Dieu a faite avec nous en Christ. Nous mettons cette alliance en acte dans le baptême et la nourrissons dans l’eucharistie. Pour l’Église, une alliance est une relation initiée par Dieu à travers Jésus-Christ à laquelle des personnes répondent par la foi; dans laquelle Dieu demande à son peuple d’être fidèle, de rendre justice, d’aimer la miséricorde et de marcher humblement avec Dieu; et auquel, à travers le Saint-Esprit, Dieu donne la grâce d’y parvenir. En tant que chrétiens, nous répondons à l’alliance pleine de grâce de Dieu en Christ en vivant toutes nos relations dans la fidélité. Les Écritures et l’histoire chrétienne témoignent de ces éléments essentiels d’une relation d’alliance: prononcer des vœux, s’engager pour la vie et porter les fruits de la grâce de Dieu dans cette relation. Alliance de mariage. Le Livre de la prière commune proclame que “le mariage chrétien est l’alliance publique et solennelle d’un homme et d’une femme en présence de Dieu” (LPC, p. 322). Dans le catéchisme (LPC, p. 710), en réponse à la question “Qu’est-ce que le mariage chrétien?”, on lit: “Dans le mariage chrétien, un homme et une femme s’unissent pour la vie; ils échangent leurs promesses devant Dieu et devant l’Église et reçoivent la grâce de Dieu et sa bénédiction pour les aider à être fidèles à leurs engagements.” “Defense of Marriage Act” (DOMA – Loi sur la défense du mariage). La loi “Defense of Marriage Act”, communément appelée DOMA, est une loi fédérale qui définit le mariage comme étant l’union légale entre un homme et une femme dans toutes les lois fédérales, et qui permet que les États (ou autres entités gouvernementales) n’aient pas besoin de reconnaître un mariage d’un autre État s’il a été contracté par des personnes de même sexe. La loi DOMA a été signée en 1996. Les lois de certains États interdisant le mariage entre personnes de même sexe sont connues comme “state DOMAs” (DOMA d’État). De plus, au moins trente-cinq États ont leur propre loi de défense du mariage et deux autres États utilisent un langage appuyé pour définir le mariage comme étant seulement entre un homme et une femme. Dans une trentaine d’États, les électeurs ont approuvé des amendements aux constitutions d’État qui définissent aussi le mariage comme seulement entre un homme et une femme. La loi DOMA soulève des problèmes légaux importants quand des personnes de même sexe se marient légalement dans un État et déménagent ensuite dans un autre État qui ne reconnaît pas ou ne permet pas les mariages entre personnes de même sexe. Divorce. Procédure légale définie par les lois d’État par laquelle il est mis fin à un mariage et à travers laquelle le tribunal détermine Annexe 183 les futures obligations légales et financières des parties l’une envers l’autre et envers leurs enfants. Dans les États ayant des unions civiles, la procédure pour y mettre fin est généralement appelée “dissolution” ou, en tout cas, un autre terme que “divorce”. Partenariat domestique. Certains États et certaines villes ont mis en place des lois ou des ordonnances pour un partenariat domestique, donnant à des couples de même sexe ou de sexes opposés certains droits spécifiques, moins nombreux que ceux donnés par le mariage ou l’union civile. Ce que recouvrent ces lois varie considérablement d’un endroit à un autre. Mariage sacré. Le mariage sacré est un mariage chrétien, tel que défini ci-dessus dans “l’alliance de mariage”, utilisant la “Célébration et bénédiction de mariage” ou un Ordre pour la célébration du mariage du Livre de la prière commune. Jugement de statut marital. D’après le canon I.19.2, un “membre de l’Église dont le mariage a été annulé ou dissous par un tribunal civil peut demander à l’évêque ou l’autorité ecclésiale du diocèse dans lequel cette personne est légalement ou canoniquement résidente un jugement de son statut marital aux yeux de l’Église. Ce jugement peut être une reconnaissance de l’annulation ou de la fin du mariage en question.” Un jugement de statut marital peut être demandé à tout moment, pas uniquement lorsque l’on considère se remarier. De nombreux membres de l’Église trouvent soutien et réconfort, à la fin d’un mariage civil, en demandant ce jugement qui leur établit un statut de non marié(e) aux yeux de l’Église. Un tel jugement est aussi utile si la personne souhaite se remarier et doit, d’après le canon I.19.3(a), fournir des preuves de la fin de son précédent mariage à travers une annulation ou un divorce. Ce processus est distinct de la consultation avec l’évêque du diocèse pour le remariage après un divorce, mentionnée dans le canon I.19.3(c). Mariage de même sexe. Certains États donnent aux couples de même sexe accès au statut de mariage civil, utilisant généralement l’expression “mariage de même sexe”. Dans ces États, ces mariages se voient accorder les mêmes droits et obligations que le mariage civil légal de cet État. À l’heure actuelle, le gouvernement fédéral et plus de trente-cinq États ne reconnaissent pas ces mariages (voir “Defense of Marriage Act”). Vœu. Promesse solennelle et volontaire. Les vœux du mariage sont des engagements volontaires institués et acceptés par l’Église, par lesquels la femme et l’homme se donnent et se lient l’un à l’autre. Les vœux échangés lors d’un mariage sacré ou dans la liturgie proposée pour la 184 Annexe bénédiction de couples de même sexe représentent l’engagement, la fidélité et le témoignage. Dans la vision chrétienne des alliances de couple, en particulier à la lumière de l’alliance pleine de grâce de Dieu avec nous en Christ, un “vœu” signifie la pérennité et l’inviolabilité. L’Église affirme et soutient cette définition d’une relation liée par des vœux pour des couples qui entrent dans le mariage ou pour des couples qui entrent dans une alliance de couple en utilisant la liturgie proposée. L’Église reconnaît aussi que les alliances humaines vont parfois, peut-être souvent, ne pas être à la hauteur du modèle établi dans l’alliance que Dieu a faite avec nous dans le baptême. Néanmoins, les chrétiens s’efforcent d’établir des relations liées par des vœux avec l’aide de Dieu et le pouvoir du Saint-Esprit. Annexe 185 186 Annexe