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“Je te bénirai et tu seras une bénédiction”
Ressources pour
la présentation et la bénédiction de
l’alliance d’un couple de même sexe
document recommandé pour être étudié et utilisé
par la 77e Convention générale
de l’Église Épiscopale
Juillet 2012
i
© 2012 par The Church Pension Fund
Tous droits réservés.
ISBN-13: 978-0-89869-892-3 (pbk.)
ISBN-13: 978-0-89869-893-0 (ebook)
Church Publishing, Incorporated
445 Fifth Avenue
New York, New York 10016
www.churchpublishing.org
ii
Table des matières
1 Introduction
11 Foi, espoir et amour:
R
essources théologiques pour la bénédiction de couples de même sexe
13 Préface
15 Présentation: réflexion théologique sur
les couples de même sexe
23 1. L’appel de l’Église: la mission
29 2. La joie de l’Église: une théologie de la bénédiction
35 3. La vie de l’Église: l’alliance
54 4. Le défi de l’Église: unité chrétienne et
interprétation biblique
61 Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains
69 Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles:
P
réparer des couples de même sexe pour une liturgie de bénédiction
107 Présentation et bénédiction d’une alliance de couple:
Ressources liturgiques pour la bénédiction de couples de même sexe
123Guide de discussion pour “Je te bénirai et tu seras une
bénédiction”: Ressources pour la bénédiction de couples de même sexe
169 Annexes:
171 Historique de la législation de la Convention générale
181 Glossaire
iii
iv
Introduction
En tant que membres de la Commission en charge de la liturgie et de
la musique de l’Église Épiscopale, nous sommes reconnaissants pour
les nombreuses et diverses manifestations de la grâce de Dieu en Christ
au sein de notre Église et à travers le monde. À chaque fois que l’Église
donne la bénédiction de Dieu, c’est toujours avec ce même esprit de
gratitude.
Depuis plus de trente ans, l’Église Épiscopale répond à son appel
à chercher et servir le Christ dans ses membres qui sont gays et
lesbiennes. En 1976, une résolution de la Convention générale
affirmait que “les personnes homosexuelles sont des enfants de
Dieu qui ont, comme toute autre personne, pleinement et également
droits à l’amour, l’acceptation, l’accompagnement pastoral et le
soutien de l’Église.”1 Depuis, nous nous sommes engagés dans un
processus de discernement de l’ensemble de l’Église sur la façon
dont nous mettons en acte cette résolution. Certaines congrégations
et leur clergé accueillent des couples de même sexe et proposent
une liturgie pour la bénédiction de leur union, et certains diocèses
ont développé des directives pour ces bénédictions. La résolution
C051 de la Convention générale de 2003 reconnaissait “que les
communautés de foi locales agissent dans les limites acceptables de
notre vie commune en explorant et en faisant l’expérience de liturgies
célébrant des bénédictions de couples de même sexe.” Six ans plus
tard, la Convention générale demandait la collecte et le développement
des ressources pour ces bénédictions. Les documents présentés ici
répondent à cette demande.
La résolution C056 de la Convention générale de 2009 de l’Église
Épiscopale demandait à la Commission en charge de la liturgie et de la
musique de “recueillir et développer des ressources liturgiques” pour
1 Le texte de la Résolution 1976-A069 et d’autres législation de la Convention générale
concernant les couples de même sexe sont inclus en annexe de ces ressources.
1
la bénédiction de couples de même sexe. Cette résolution demandait à
la Commission de travailler en lien avec la Chambre des évêques et de
“définir un processus ouvert pour la conduite de son travail, incluant
la participation de provinces, diocèses, congrégations et individus
engagés dans ce type de travail théologique, et invitant une réflexion
théologique à travers toute la Communion anglicane.” Nous avons
considéré le processus de notre travail comme étant aussi important
que les ressources elles-mêmes.
Le cadre de notre travail
Parce que la résolution 2009-C056 nous demandait de “recueillir et
développer” des ressources, nous n’avons pas cherché à débattre si
l’Église devait ou non bénir des couples de même sexe. Néanmoins,
nous reconnaissons que les épiscopaliens et les chrétiens à travers la
Communion anglicane ne sont pas toujours d’accord pour établir si
ces bénédictions sont une évolution légitime de la tradition chrétienne
ou un écart inacceptable de l’enseignement biblique. La résolution
2009-C056 tenait compte de ce différend dans l’affirmation “que
cette Convention honore la diversité théologique de l’Église au sujet
de la sexualité humaine” et des résolutions précédentes ont aussi
reconnu ce désaccord. Dans l’essai théologique “Foi, espoir et amour”,
nous faisons cas de ces différences et proposons une approche de la
bénédiction des couples de même sexe qui reflète la place centrale des
Écritures dans la tradition anglicane, interprétées à la lumière de la
tradition historique de l’Église et de la raison. Le guide de discussion
inclus dans ces ressources a pour but de permettre à toutes les
congrégations et les diocèses d’explorer ces documents, qu’ils croient
ou non que l’Église doive bénir des couples de même sexe.
Alors que nous développions ces ressources, de nombreuses personnes
nous ont demandé si nous étions en train de préparer un rite de
mariage pour les couples de même sexe. En accord avec la résolution
2009-C056, la Commission considère que son mandat était de
développer une liturgie de bénédiction, non de mariage. Néanmoins,
il y a un certain nombre de parallèles avec les mariages de couples
de sexes opposés, comme le suggérait la Convention générale en
reconnaissant que: “il y a aujourd’hui des couples dans le Corps du
Christ et dans cette Église qui vivent dans le mariage et des couples
dans le Corps du Christ et dans cette Église qui vivent dans d’autres
formes d’engagements de vie commune.” La résolution de 2000
a ensuite exposé les attentes suivantes, “les caractéristiques de ces
unions sont: fidélité, monogamie, affection réciproque et respect,
2
Introduction
une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet
aux membres d’une telle relation de voir l’un dans l’autre l’image
de Dieu”, et dénoncé “la promiscuité, l’exploitation, et les relations
abusives dans les relations que peuvent avoir nos membres.” Ces
attentes ont permis de définir pour la Commission le type de couples
de même sexe pour lesquels nous avons développé ces ressources. Si
la liturgie que nous avons développée ne s’appelle pas “mariage”,
nous reconnaissons d’importants parallèles: deux personnes
prenant réciproquement un engagement public, à vie et monogame,
en échangeant des vœux solennels lors d’un rite qui prononce la
bénédiction de Dieu sur leur vie commune.
La question du mariage est rendue d’autant plus compliquée par les
changements constants dans le droit civil américain. En août 2011, six
États et le district de Columbia proposaient des licences de mariage
aux couples de même sexe, cinq États autorisaient des unions civiles
et sept autres reconnaissaient une forme ou une autre de partenariat
domestique; par ailleurs, trente États avaient adopté un vocabulaire
constitutionnel définissant le mariage comme étant entre un homme
et une femme et trente-cinq États avaient des statuts définissant
aussi le mariage de cette façon.2 Vient s’ajouter à cette situation déjà
complexe le droit civil d’autres pays dans lesquels l’Église Épiscopale
est implantée. Le Livre de la prière commune ainsi que les canons
de l’Église Épiscopale décrivent le mariage comme étant entre un
homme et une femme et demandent au clergé de se conformer aux lois
de leur État en ce qui concerne le mariage. Ces ressources abordent
la complexité de cet aspect dans un essai sur le droit canonique qui
discute les différents scénarios à même de se présenter lorsqu’un
couple de même sexe demande à bénéficier d’une bénédiction avec la
liturgie proposée et/ou d’un mariage (ou union) civil à l’Église.
En plus des questions sur le terme de “mariage”, nous avons reçu
de nombreux commentaires sur les termes de “genre” et “sexe”.
Dans les documents présentés à la Convention générale de 2012, la
Commission avait utilisé l’expression “de même genre” pour décrire
les couples ou, selon le cas, “de genres différents”. Mais la Convention
générale de 2012 a indiqué que les termes “de même sexe”, et non
“de même genre”, devaient être utilisés, et que la version publiée des
documents devrait intégrer cette modification. En outre, en révisant
les textes en préparation de leur publication, la Commission a décidé
que l’utilisation de l’expression “de sexes opposés” plutôt que “de
genres différents” respectait mieux l’esprit de la Convention générale
de 2012 et la version publiée intègrera donc aussi cette modification.
2 On peut retrouver ces informations sur le site web de la National Conference of State
Legislatures: http://www.ncsl.org/default.aspx?tabid=16430.
Introduction
3
Cette question dépasse le cadre linguistique. En travaillant à ces
ressources, la Commission a reconnu mais n’a pas cherché à traiter la
complexité des débats actuels, aussi bien sociaux qu’académiques, sur
les catégories de “sexe” et de “genre”. Les ressources pastorales pour
la préparation de couple avant la liturgie de bénédiction proposent des
façons de travailler avec des personnes s’identifiant comme bisexuelles
ou transgenres. Ces ressources ont les mêmes attentes pour les couples
comprenant une ou des personnes bisexuelles ou transgenres voulant
obtenir la bénédiction de leur couple par l’Église d’un engagement
dans une relation monogame, fidèle et à vie – comme les couples de
même sexe ou de sexes opposés.
Recueillir les ressources
La Commission a réuni beaucoup de documentation, y compris
des études officielles, des bulletins de liturgie de bénédiction et
des directives diocésaines ou régionales pour ces bénédictions.
Les Archives de l’Église Épiscopale ont mis en place des archives
numériques pour ce projet, http://www.episcopalarchives.org/
SCLM/, qui permettent à tous ceux qui le souhaitent de consulter les
documents que nous avons réunis.
La résolution 2009-C056 autorise les évêques à “offrir une réponse
pastorale généreuse” pour répondre aux besoins des membres de
l’Église. En décembre 2009, la présidente de la Commission a demandé
à tous les évêques diocésains de lui indiquer quelles dispositions ils
prenaient et quelles ressources ils recommandaient dans leur diocèse.
Vingt-sept évêques ont répondu à cette requête et un certain nombre
d’entre eux ont inclus des ressources théologiques, pastorales,
pédagogiques, et/ou liturgiques. Sept autres diocèses ont par la suite
proposé des éléments supplémentaires. Tous les documents diocésains
que nous avons reçus sont disponibles dans les archives numériques
créées pour la résolution 2009-C056.
Nous avons recueilli des ressources liturgiques en provenance de
nombreux lieux. Clayton Morris, qui a servi en tant qu’officier de la
liturgie pour l’Église Épiscopale jusqu’en 2009, avait accumulé des
documents sur près de deux décennies. La Commission a reçu des
ressources d’épiscopaliens laïcs ou ordonnés de l’ensemble de l’Église,
y compris de certains de nos membres. Les membres de la Commission
ont examiné tout ceci en commençant le processus de développement
de la liturgie. Un échantillon représentatif de ces ressources est
disponible dans les archives numériques et tous ces documents seront
préservés de façon permanente aux Archives de l’Église Épiscopale.
4
Introduction
Développer des ressources
Lors de notre rencontre de mars 2010, la Commission a lancé le
travail en réponse à cette résolution par une journée de réflexion
théologique. Cet échange a permis de dresser une brève liste des
ressources à développer:
• au moins un essai établissant les fondations bibliques et
théologiques pour la bénédiction de couples de même sexe • des ressources pastorales et pédagogiques pour aider le clergé et
les congrégations quand ils étudient ces bénédictions;
• des ressources conçues pour aider les communautés à
comprendre et gérer les difficultés légales et canoniques.
Cette proposition a permis d’établir les fondations pour former quatre
groupes de travail chargés de développer le matériel demandé. Ces
groupes avaient un rôle consultatif auprès de la Commission, qui a
ensuite pris les décisions finales sur les ressources à présenter à la 77e
Convention générale de 2012.
En formant les groupes, la Commission a cherché à réunir la sagesse
et l’expérience de laïcs et de membres du clergé, de personnes issues
aussi bien des congrégations que du monde académique. Les membres
des groupes de travail reflétaient la diversité de l’Église Épiscopale en
termes d’âge, de genre, de race/ethnicité, de géographie et d’orientation
sexuelle. Les groupes de travail se sont rencontrés quatre fois en 2010
et 2011, et les responsables des groupes ont été en contact tous les
mois par téléphone ou vidéoconférence. La Commission a discuté des
travaux en cours lors de chacune des cinq réunions tenues pendant
cette période triennale.
Un processus ouvert… encourageant la participation
Consultation avec la Chambre des évêques
En septembre 2010, la présidente de la Commission et quatre
responsables des groupes de travail ont présenté à la Chambre des
évêques une première version des principes théologiques et liturgiques
qui guideraient ce travail. Les retours des évêques ont permis d’affiner
ces principes. Au cours des réunions de mars et septembre 2011 de la
Chambre des évêques, les évêques participant à la Commission et/ou
aux groupes de travail ont tenu leurs collègues informés de l’avancée
des travaux. Lors de la réunion de septembre 2011, les évêques ont
eu l’occasion de discuter de façon informelle de la dernière version
Introduction
5
de l’essai théologique et de la liturgie avec les évêques membres de la
Commission.
Audience de la province I
En octobre 2010, la réunion de la Commission dans le New
Hampshire comprenait une audience avec les évêques, d’autres
membres du clergé et des couples de même sexe des sept diocèses
de la province I, qui inclut les six États de la Nouvelle-Angleterre.
L’évolution du statut légal des unions civiles et de l’égalité d’accès
au mariage dans ces États impliquait que de nombreux diocèses y
avaient abordé les questions liées à la bénédiction de couples de même
sexe depuis des années. La province I est la seule province de l’Église
Épiscopale qui ait développé des ressources pour le clergé amené à
accompagner des couples de même sexe et une majorité des diocèses
de cette province ont des directives pour la bénédiction de ces couples.
De ce fait, notre réunion dans l’un des diocèses de la province I nous a
donné une excellente occasion d’échanger avec ceux déjà engagés dans
ce travail, comme l’avait demandé la résolution 2009-C056.
Durant l’audience, trente-trois personnes, laïques ou ordonnées, ont
témoigné de leur expérience. Beaucoup décrivirent à la Commission
comment les congrégations avaient été transformées en se joignant
à la célébration d’une bénédiction. Pour certaines congrégations et
certains couples, la bénédiction d’une union civile dans le cadre de la
liturgie dominicale fut perçue comme une expression particulièrement
puissante de l’acceptation et du soutien de l’Église pour ce couple. Le
clergé comme les couples ont été surpris par la jubilation qui émanait
des congrégations en ces occasions. Nous avons aussi entendu des
témoignages sur le poids du secret dans les lieux où les relations
doivent être cachées et où les bénédictions ne peuvent pas être
célébrées ouvertement. Les couples et le clergé ont évoqué la joie qui
est apparue quand ces relations ont pu être ouvertement reconnues.
Quelques couples ont partagé des histoires fortes de réconciliation au
sein de leurs familles lorsque leur couple a été célébré et béni par une
liturgie de l’Église.
Une enquête dans toute l’Église sur les ressources pastorales
et pédagogiques
En octobre 2010, le groupe de travail chargé des ressources pastorales
et pédagogiques a créé un questionnaire sur Internet pour demander
aux congrégations quelles ressources elles utilisaient pour préparer les
couples de même sexe qui se présentaient à l’Église pour être bénis et
quel matériel pédagogique était utilisé ou serait nécessaire pour aider
les congrégations dans le processus de discernement pour l’accueil
6
Introduction
de la bénédiction de couples de même sexe. La Commission a utilisé
aussi bien des voies officielles que non-officielles pour solliciter des
réponses à cette enquête: un communiqué de presse a été envoyé aux
responsables de la communication des diocèses, une lettre à tous les
membres de 2009 de la Chambre des députés et de la Chambre des
évêques, des invitations aux évêques et députés de la liste de diffusion
non-officielle, et un travail de réseau a été fait par les membres de la
Commission et des groupes de travail.
D’octobre 2010 au 6 janvier 2011, nous avons reçu mille cent trente
et une réponses à cette enquête, émanant de cent onze diocèses et neuf
provinces de l’Église Épiscopale. Vingt-trois pour cent des personnes
ayant répondu expliquaient que la bénédiction de couples de même
sexe avait déjà lieu dans leur congrégation, et parmi celles-ci, 55%
confirmaient que leur congrégation s’était engagée dans un processus
pédagogique et/ou de discernement avant que les bénédictions de
couples de même sexe ne se mettent en place. En ce qui concerne la
préparation des couples de même sexe, 32% des personnes ayant
répondu ont indiqué que leur préparation était différente de celle
utilisée pour les couples de sexes opposés, et 43% exprimaient un
besoin de ressources supplémentaires. Les résultats de cette enquête
ont aidé à orienter le développement des ressources pastorales et
pédagogiques.
Une consultation de toute l’Église
La Commission a invité tous les diocèses de l’Église Épiscopale à
envoyer deux députés de la Convention générale, un laïc et un membre
du clergé, pour deux jours de consultation à la fin de sa réunion de
mars 2011 à Atlanta, en Géorgie. Trois objectifs avaient été fixés:
• informer les députés du travail de la Commission en charge de
la liturgie et de la musique pour répondre à la résolution 2009C056;
• engager les députés dans une réflexion théologique en réponse au
travail de la Commission et solliciter des retours qui contribuent
à alimenter la suite du travail de la Commission et des groupes
de travail;
• outiller les députés pour qu’ils puissent faire un compte rendu
au reste de leur délégation et les engagent dans une réflexion
théologique sur la bénédiction de couples de même sexe.
Les documents distribués aux participants lors de la consultation
peuvent être consultés dans les archives numériques de la Commission
en charge de la liturgie et de la musique, qui incluent aussi un lien vers
la retransmission de l’ensemble de la consultation.
Introduction
7
Cent quatre-vingt-quinze députés de quatre-vingt-dix-huit diocèses
se sont inscrits à cette rencontre. La plupart ont montré beaucoup
d’enthousiasme pour cette façon de faire. Une majorité significative
ont noté dans les formulaires d’évaluation qu’ils se sentaient soit
“parfaitement outillés” ou “assez outillés” pour discuter des travaux
en cours dans leur diocèse et à la Convention générale de 2012. À la
question de savoir ce qu’ils avaient le plus apprécié, un participant a
répondu “la manière réfléchie, passant par la prière, avec laquelle les
personnes ayant des opinions différentes étaient capables de discuter
de ce travail important.” Un autre député a apprécié “l’occasion de
parler et d’écouter d’autres personnes et la perspective plus large que
j’y ai gagné; l’occasion de comprendre le processus, les principes et les
problèmes qui sont en jeu dans ce travail que nous réalisons ensemble;
le sentiment bien réel et constant de faire ce travail “ensemble”.”
Quelques députés ont fait remarquer l’absence d’opinions adverses
dans les sessions plénières. L’un d’entre eux a noté: “À mon avis, la
seule chose qui a manqué était une occasion pour ceux qui ne sont pas
familiarisés avec ce sujet ou qui y sont opposés de pouvoir pleinement
exprimer leurs réserves, être entendus et pouvoir recevoir des réponses
constructives et respectueuses.”
Révision de la première version des ressources
Une fois que les groupes de travail ont présenté une première version
complète des ressources à la Commission, en juin 2011, nous les
avons rendues disponibles à un groupe de relecteurs consultants.
En juillet 2011, cent trente-trois personnes, des laïcs et membres du
clergé, représentant les neuf provinces de l’Église Épiscopale, ont
suggéré plusieurs milliers de remarques sur cette première version des
ressources. En août, les nombreuses révisions faites par les groupes de
travail ont permis de rédiger une version finalisée pour la Commission.
Inviter à une réflexion dans toute la Communion anglicane
En plus des directives de la résolution 2009-C056, la Commission
avait à l’esprit que le Windsor Report de 2004 recommandait à
«toutes les provinces lancées dans un processus de discernement sur la
bénédiction des couples de même sexe d’engager la Communion dans
une étude biblique et théologique rationnelle et continue, à la fois pour
et contre ces unions» (par. 145).
Sachant que l’Église Anglicane du Canada se préoccupait de ce sujet
depuis de nombreuses années, nous avons demandé et reçu des
liturgies de plusieurs diocèses canadiens. On peut trouver dans les
8
Introduction
archives numériques, sous la rubrique “Church-Wide Resources”,
un numéro de Liturgy Canada qui présente l’historique et un résumé
des directives et rites disponibles sur les sites diocésains de l’Église
Anglicane du Canada.
International Anglican Liturgical Consultation
(IALC – Consultation internationale de liturgie anglicane)
La IALC, une rencontre biannuelle, réunit des spécialistes de la
liturgie, des représentants nommés et envoyés par des provinces de la
Communion anglicane, et des membres des commissions liturgiques
des provinces anglicanes. Comme les provinces peuvent proposer des
thèmes à la Consultation, la Commission en charge de la liturgie et de
la musique a demandé qu’un temps du programme lui soit octroyé lors
de la rencontre d’août 2011. Le comité de pilotage de la IALC leur a
non seulement offert une demi-journée de discussion, mais, en mars
2011, ils ont aussi rencontré des représentants de la Commission pour
en savoir plus sur le travail en cours et préparer en amont la discussion
qui se tiendrait lors la Consultation.
La rencontre de la IALC a réuni cinquante-cinq personnes venues de
dix-neuf provinces de la Communion anglicane. Les représentants
officiels de l’Église Épiscopale, Ruth Meyers (présidente de la
Commission en charge de la liturgie et de la musique) et Thomas Ely
(évêque du Vermont et membre de la Commission) ont présenté un
résumé du raisonnement théologique et des principes liturgiques qui
guidaient le développement des ressources, ainsi qu’une première
version de la liturgie. Tous les participants à la rencontre de la
IALC n’étaient pas d’accord avec la décision de l’Église Épiscopale
de développer ces ressources, mais tous se joignirent aux échanges
respectueux qui se sont tenus en petits groupes. Dans les retours
écrits donnés par les petits groupes, certains notaient que le travail
de l’Église Épiscopale pourrait aider leur propre province, alors que
d’autres indiquaient que la bénédiction de couples de même sexe
n’était pas quelque chose qu’ils étaient prêts à considérer.
Les participants aux échanges de la IALC ont demandé à ce que
les fondations bibliques de la bénédiction de couples de même sexe
soient développées et que les concepts de bénédiction et d’alliance
soient clarifiés. Ils ont recommandé avec insistance que les ressources
théologiques et liturgiques précisent clairement que l’Église Épiscopale
voit ces couples comme engagés dans des relations monogames et à
vie. Beaucoup ont trouvé que la liturgie ressemblait de façon frappante
à celle du mariage. Ils ont encouragé une plus grande clarté dans la
liturgie sur la nature de l’alliance et une bénédiction à la forme plus
marquée.
Introduction
9
Les groupes de travail ont reçu un compte rendu détaillé des
commentaires recueillis lors de la rencontre IALC et les ont pris en
compte en préparant la version finale des ressources.
Conclusion
“Je te bénirai”, déclare Dieu à Abraham, “et tu seras une bénédiction
pour les autres.” (Genèse 12.2) À chaque étape de ce processus, la
Commission et ses groupes de travail se sont rappelé les nombreuses
bénédictions que Dieu a accordées à notre Église. Les occasions sans
précédentes que nous avons eu d’échanger avec nos sœurs et nos frères
épiscopaliens dans chaque province de l’Église Épiscopale et avec des
anglicans de l’ensemble de la Communion anglicane ont été pour nous
une illustration de la diversité et de la richesse de notre vie commune
dans le Corps du Christ. Ce travail a été pour nous un don divin et
une bénédiction que nous avons très envie de partager.
Nous proposons ces ressources avec l’espoir qu’elles vont renforcer
notre témoignage partagé dans l’Église Épiscopale de l’amour et de
la grâce de Dieu en Christ. Comme dans tous les autres aspects de
notre vie commune en tant que peuple de Dieu, nous proposons ces
ressources, non pas en nous reposant seulement sur notre travail, mais
aussi sur Dieu “qui a le pouvoir de faire infiniment plus que tout ce
que nous demandons ou même imaginons”, et toujours au nom de la
gloire de Dieu en Jésus-Christ (Éphésiens 3.20-21).
La Commission en charge de la liturgie et de la musique
Novembre 2011
10
Introduction
Foi, espoir et amour
Ressources théologiques pour
la bénédiction de couples de même sexe
11
12
Préface
Au cours des trente dernières années, l’Église Épiscopale a cherché
différents moyens de célébrer la bonté de Dieu, la grâce du Christ et
les dons du Saint-Esprit dans les vies de nos frères et sœurs qui sont
gays et lesbiennes. Durant cette période, une série de résolutions de
la Convention générale (1976-A069; 1985-D082; 1991-A104; 1994C020; 1994-C042; 1997-C003; 2000-D03 9; 2003-C051) a amené
l’Église à demander à la Commission en charge de la liturgie et de la
musique de “recueillir et développer des ressources liturgiques” pour
la bénédiction de couples de même sexe (résolution 2009-C056). En
réponse à cet appel, nous vous proposons cet essai et invitons plus
largement l’Église à réfléchir avec nous à la façon dont Dieu œuvre
aujourd’hui au sein des couples de même sexe.
Depuis des générations, l’Église a célébré et béni des relations à vie,
fidèles, engagées et monogames entre des hommes et des femmes unis
par les liens sacrés du mariage. L’Église Épiscopale place très haut
les liens du mariage: le mariage est inclus comme “rite sacramental”
par certains3 et comme l’un des sept sacrements par d’autres. Dans
son travail en réponse à la résolution 2009-C056, la Commission a
découvert qu’en considérant la bénédiction des relations à vie, fidèles,
engagées et monogames entre des personnes de même sexe, les parallèles
avec le mariage ne pouvaient être ignorés, que l’on se place d’un point
de vue pratique, théologique ou liturgique. Au même titre que cette
réalité pourrait bien inviter l’Église à une analyse plus profonde du
mariage, les similitudes entre le mariage et la bénédiction de couples de
même sexe éclairent aussi nos considérations dans ce document.
Pour certains épiscopaliens, ce document fera écho avec leur longue
expérience en la matière et leur réflexion théologique; pour d’autres,
l’appel de 2009 de la Convention générale représente un nouveau
3 “Exposé de la foi”, Le Livre de la prière commune (Church Pension Fund, 1983), 860. Par la
suite, cette édition du Livre de la prière commune est référencée dans ce document comme LPC.
Foi, espoir et amour
13
tournant, peut-être déroutant, dans la vie de notre Église. Nous
prenons au sérieux ces différences. Nous avons fait de notre mieux,
dans le cadre du mandat de la résolution 2009-C056 nous demandant
de “recueillir et développer des ressources liturgiques” pour les
couples de même sexe, afin de nous adresser aussi bien à ceux qui
attendent avec enthousiasme ces ressources théologiques qu’à ceux qui
ont de profondes réserves sur le fait d’avancer dans cette direction.
Nous appartenons tous de manière égale à l’Église Épiscopale et à la
Communion anglicane mondiale et, surtout, au Corps du Christ. Ces
ressources théologiques honorent la place centrale des Saintes Écritures
pour les anglicans, interprétées en s’appuyant sur les traditions
historiques de l’Église et éclairées par la raison.
Une présentation introduit et résume les questions soulevées et les
principaux thèmes théologiques. La présentation est suivie de quatre
parties qui développent ces thèmes. Si le lecteur peut aborder ce
document de différentes façons, nous recommandons de suivre ces
quatre parties dans l’ordre où elles sont présentées, car cet ordre
reflète l’approche théologique spécifique à ce travail. La première
partie affirme le principe que tout ce que nous faisons en tant que
chrétiens est fait pour exprimer l’appel de l’Église à participer à la
mission de Dieu dans le monde. La deuxième partie propose des
réflexions théologiques sur la bénédiction. La troisième considère la
bénédiction de couples de même sexe dans le cadre plus large de la vie
sacramentelle de l’Église, notamment à la lumière de la signification
théologique de l’alliance de couple. La quatrième partie apporte
des éléments de réflexion sur le défi de vivre les uns avec les autres,
dans le respect de nos liens baptismaux, malgré des désaccords sur
l’interprétation biblique.
En faisant des recherches et en préparant cet essai, nous avons
découvert et rappelé d’abondantes ressources dans les Écritures et
les traditions de l’Église, ressources qui ont nourri notre réponse
à la résolution 2009-C056. Nous invitons à présent l’ensemble de
l’Église à une étude et un échange approfondis, en gardant à l’esprit la
description par l’apôtre Paul de notre vie partagée en Christ comme
marquée par trois choses “la foi, l’espérance et l’amour; mais la plus
grande des trois est l’amour.” (1 Corinthiens 13.13)
14
Foi, espoir et amour
Présentation: réflexion théologique sur
les couples de même sexe
Je remercie sans cesse mon Dieu à votre sujet pour la grâce
qu’il vous a accordée par Jésus-Christ. En effet, dans l’union
avec le Christ, vous avez été enrichis de tous les dons, en
particulier tous ceux de la parole et de la connaissance. Le
témoignage rendu au Christ a été si fermement établi parmi
vous qu’il ne vous manque aucun don de Dieu, à vous qui
attendez le moment où notre Seigneur Jésus-Christ apparaîtra.
— 1 Corinthiens 1.4-7
En 2009, la Convention générale de l’Église Épiscopale a demandé des
ressources théologiques et liturgiques pour la bénédiction de couples
de même sexe (résolution C056). En réponse à cet appel, nous invitons
l’Église à réfléchir à partir du matériel théologique réuni et développé
dans ce document. Dans notre réflexion théologique, nous avons
gardé à l’esprit plus de trente années de délibération sur ce thème à
la Convention générale, en particulier la résolution 2000-D039 qui a
identifié certaines caractéristiques que l’Église attend de couples vivant
dans le mariage ou d’autres formes d’engagements à vie: “fidélité,
monogamie, affection réciproque et respect, une communication
attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une
telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu.”4 Nous croyons
que les couples qui manifestent cette vie-là, avec la grâce de Dieu, sont
entrés dans une alliance les liant l’un à l’autre, nous donnant une riche
opportunité de réflexion théologique.5
4 Les textes de ces résolutions sont inclus en annexe de ces ressources. Pour une approche
plus complète de l’histoire des résolutions et des rapports de la Convention générale sur ce
sujet, voir l’annexe de To Set Our Hope on Christ: A Response to the Invitation of Windsor
Report ¶ 135 (New York: The Office of Communication, The Episcopal Church Center,
2005), 63-121.
5 Comme Paul Marshall le souligne, le rite du mariage du Livre de la prière commune de 1979
utilise le vocable d’ “alliance” (423). Marshall note que la formation d’alliance est un motif
clef de la Bible, ce qui montre son utilité dans notre réflexion théologique sur l’engagement
relationnel de tous les couples (Same-Sex Unions: Stories and Rites [New York: Church
Publishing, 2004], 40).
Foi, espoir et amour
15
Les thèmes théologiques inclus dans ce document prennent leurs
racines dans le baptême, l’eucharistie et le mystère pascal de la mort
et de la résurrection du Christ, et nous proposent différentes manières
de considérer comment l’Église pourrait bénir de façon appropriée
des couples de même sexe engagés dans des relations d’alliance à vie.
De telles relations d’alliance peuvent refléter l’alliance pleine de grâce
de Dieu avec nous en Christ, porter les fruits de l’Esprit dans une
vie sainte et être un exemple de l’amour du prochain pour toute la
communauté à travers la pratique du pardon et de la réconciliation.
En répondant à la responsabilité qui lui a été donnée de recueillir
et développer des ressources théologiques, la Commission s’est
concentrée sur quatre points spécifiques. Premièrement, la mission:
en quoi l’Église croit-elle que ces bénédictions contribueront à
l’œuvre de rédemption et de réconciliation de Dieu dans le monde?
Deuxièmement, qu’est-ce que l’Église croit qu’il arrive quand elle
exprime la bénédiction de Dieu? Troisièmement, quelles sont pour
l’Église les marques distinctives d’une alliance sacrée? Et dernièrement,
quelle est la relation entre l’unité chrétienne et nos approches
différentes de l’interprétation biblique en ce qui concerne les couples
de même sexe? Cette présentation résume ces points qui sont ensuite
repris et développés dans les différentes parties de ce document.
La mission
Notre point de départ est le sacrement du baptême qui fait que
nous appartenons au Corps du Christ et nous invite à participer à la
mission de Dieu de réconciliation dans le monde (2 Corinthiens 5.1719). Le but de cette mission de réconciliation n’est rien moins que
la restauration de chacun dans “l’unité avec Dieu et les uns avec les
autres en Christ”.6 Une des façons pour les chrétiens de prendre part à
cette mission est de témoigner du Christ dans nos vies et nos relations
avec nos proches. “Si vous vous aimez les uns les autres”, dit Jésus,
“alors tous sauront que vous êtes mes disciples.” (Jean 13.35)
En tant que chrétiens, nos relations avec nos proches ne sont pas
seulement d’ordre privé. L’Église a toujours affirmé la dimension publique
et communautaire de nos relations par alliance. Les caractéristiques de
notre amour, aussi bien dans ses fruits que dans ses échecs, affectent
ceux qui nous entourent. De ce fait, l’Église invite un couple lié par les
liens sacrés du mariage à participer à l’œuvre de réconciliation de Dieu.
Ces relations sont spéciales précisément dans ce but divin: témoigner et
prendre part à l’amour créatif, salvateur et nourrissant de Dieu.
6 “Exposé de la foi”, LPC, 855.
16
Foi, espoir et amour
Le caractère missionnaire d’une bénédiction d’alliance, reflété dans
les Écritures comme dans les traditions historiques de l’Église, mérite
aujourd’hui une attention renouvelée. La Convention générale de
2000 a contribué à ce renouvellement en passant la résolution D039
qui a identifié la monogamie, la fidélité, l’amour sacré et d’autres
caractéristiques comme étant celles d’un engagement de couple pour
la vie. De façon significative, cette résolution fut établie comme un
moyen pour permettre à l’Église de s’engager de manière encore plus
efficace dans sa mission. Nombreux sont ceux dans l’Église Épiscopale
qui ont pu observer ces caractéristiques chez des couples de même
sexe. Cette reconnaissance peut, et c’est déjà le cas dans plusieurs
endroits, élargir notre compréhension de la mission de l’Église de
prendre part à l’œuvre de réconciliation de Dieu.
Une théologie de la bénédiction
Nous croyons que la célébration de bénédiction de couples de même
sexe engagés dans une relation monogame, à vie et fidèle fait partie
du travail de l’Église qui doit offrir des signes visibles de la grâce de
Dieu parmi nous. La “bénédiction” a un caractère complexe, chargé
de plusieurs sens, pourtant l’Église a toujours affirmé qu’elle tient
son origine en Dieu, dispensateur de tout bien. L’Église participe à
la bénédiction de Dieu d’alliance de couple à travers trois aspects
inextricablement liés: premièrement, nous louons Dieu pour la grâce
déjà discernable dans la vie du couple; deuxièmement nous demandons
à Dieu que sa grâce continue pour que le couple puisse manifester
toujours mieux les fruits de l’Esprit; et troisièmement, nous sollicitons
la force du Saint-Esprit car l’Église invite le couple à témoigner des
Écritures dans le monde.
Par conséquent, ce caractère triple de la bénédiction reconnaît ce
qui est déjà présent – la bonté de Dieu. La bénédiction de l’Église
distingue la relation afin qu’elle serve les œuvres de Dieu et prie pour
que la grâce divine accompagne le couple dans leur accomplissement.
De la même façon que la bénédiction du pain et du vin pendant la
communion les distingue de leur usage ordinaire et les désigne comme
faisant partie d’une œuvre spécifique et sacrée, l’affirmation publique
d’une bénédiction divine dans une alliance de couple distingue cette
relation des autres types de relation.
L’Église s’attend à ce que la bénédiction d’une alliance de couple
porte les fruits de la grâce divine de façon spécifique – toujours avec
l’aide constante de Dieu. Cela rend le couple responsable devant
sa communauté de foi ainsi que devant Dieu et l’un envers l’autre.
Foi, espoir et amour
17
La communauté, en retour, a pour responsabilité d’encourager, de
soutenir et de prendre soin de cette relation bénie dans laquelle le
couple cherche à grandir ensemble dans une sainteté de vie. À travers
sa participation à la bénédiction d’alliance de couple, l’Église est bénie
par la grâce de Dieu, qui continue d’offrir des bienfaits en abondance,
quels que soient les mérites ou les circonstances. En vivant plus
pleinement notre appel à discerner, prononcer, chercher et redonner
une bénédiction, où qu’elle puisse se trouver, nous constatons que nous
sommes nous-mêmes bénis par la joie.
L’alliance de couple
Réfléchir d’un point de vue théologique sur les couples de même
sexe peut donner à l’Église l’occasion de réfléchir plus largement
à la signification d’un engagement d’alliance éclairé par la foi. Les
Écritures comme nos traditions nous invitent à considérer tout d’abord
le caractère sacré d’une alliance de couple; par là nous entendons le
potentiel de cette relation à devenir un signe visible de la grâce de
Dieu. Ensuite, une alliance de couple peut refléter et inspirer la vision
eschatologique de la vie chrétienne. En d’autres mots, l’engagement par
alliance que nous faisons l’un envers l’autre peut évoquer notre désir
d’une union avec Dieu, ce qui est notre espoir ultime à travers le Christ.
Notre compréhension de ce qu’est une alliance découle donc avant
tout de l’alliance pleine de grâce que Dieu fait avec nous en Christ.
Les différentes sortes d’engagements relationnels que nous prenons
ont le potentiel de refléter et de témoigner de cette alliance divine. Et
sur ce point, nous avons tout particulièrement à l’esprit les alliances
faites par des couples qui s’engagent par des vœux sacrés à avoir une
relation à vie de monogamie fidèle, visible par tous.
Les Écritures et la tradition chrétienne nous encouragent à voir dans
ces relations intimes le reflet du désir de Dieu pour nous. La longue
tradition de commentaire sur le Cantique des cantiques, par exemple,
illustre cette signification spirituelle des relations sexuelles. De même,
les prophètes hébreux utilisaient fréquemment la métaphore du
mariage pour décrire l’engagement de Dieu envers Israël (Ésaïe 62.5),
une image utilisée aussi dans les écrits pauliniens pour décrire la
relation entre le Christ et l’Église (Éphésiens 5.21-33).
Les engagements par alliance sont donc modelés par le mystère
pascal, qu’ils peuvent aussi refléter; ce mystère pascal de la mort et
de la résurrection du Christ que l’Église célèbre à travers le baptême
et l’eucharistie. Les couples qui vivent dans une alliance sacrée se
18
Foi, espoir et amour
retrouvent embarqués dans une grande et difficile aventure: voir s’ils
peuvent trouver leur vie en Dieu en s’offrant l’un à l’autre. Cette
dynamique reflète la vie baptismale que nous partageons tous en tant
que chrétiens. En mettant en actes nos vœux baptismaux tout au long
de notre vie, nous sommes appelés à suivre cet exemple du désir et de
l’amour généreux de Dieu.
À travers la sainte communion, nous nous rappelons la volonté du
Christ de donner sa vie pour le monde: “Ceci est mon corps donné
pour vous.” Quand deux personnes se donnent leur vie et leur corps
l’une à l’autre dans une alliance de couple, elles peuvent découvrir
et montrer par l’exemple que c’est en se donnant que l’on se trouve
(Matthieu 16.25). Quand l’Église prononce la bénédiction de Dieu sur
des vœux de fidélité à vie – que cela soit pour des couples de même
sexe ou de sexes opposés – l’Église a l’audace d’affirmer que le mystère
pascal est à la fois la racine et la source de vie au cœur de la relation
de couple.
Le cadre sacramental dans lequel nous réfléchissons aux relations entre
personnes de même sexe nous a amené à considérer avec attention
plusieurs autres thèmes clefs théologiques: l’aspect de vocation dans
une alliance de couple; comment une telle vocation est vécue dans un
foyer chrétien; les fruits d’une alliance de couple menant à des vies de
service, de générosité et d’hospitalité; et la bénédiction mutuelle, car la
bénédiction de Dieu sur une alliance de couple devient une bénédiction
pour l’ensemble de la communauté.
Unité chrétienne et interprétation biblique Le baptême nous lie à Dieu en nous liant les uns aux autres. Le salut
est par nature attaché à la vie en société et au collectif. De plus, ce lien
ne dépend pas de notre acceptation les uns des autres, mais repose sur
l’œuvre que Dieu a accomplie et continue à accomplir parmi nous. En
fait, notre unité en Dieu nous donne la possibilité d’être en désaccord
sans que cela soit dangereux, idéalement sans que cela menace notre
unité qui est un cadeau de Dieu. Ce principe est la fondation même de
toute alliance, en commençant pas l’alliance entre Dieu et son peuple,
illustrée par le baptême, reflétée par l’ordination du clergé, vécue à
travers les vœux de la vie religieuse et du mariage, et englobant la vie
de l’Église. Notre appel commun en tant que peuple de Dieu n’est pas
de chercher l’unanimité dans tout ce qui touche à la foi et à la morale,
mais d’aller de par les nations comme témoins de la Bonne Nouvelle
de Dieu en Christ.
Foi, espoir et amour
19
La plupart des chrétiens reconnaissent néanmoins des limites à ce que
sont des différences acceptables et légitimes. Au-delà de ces limites,
l’unité devient intenable. Ces limites posent donc des questions
difficiles: où placer la démarcation entre l’acceptable et l’inacceptable?
Quels types de différence constitueraient un désaccord essentiel? Dans
le débat sur les couples de même sexe et l’interprétation biblique, les
épiscopaliens et d’autres chrétiens de la Communion anglicane ont
été en désaccord sur les réponses à apporter. Certains épiscopaliens
sont arrivés à la conclusion que la bénédiction de ces unions passait
les limites de l’acceptable et, agissant en accord avec leur conscience,
ont quitté l’Église Épiscopale, alors que d’autres ont choisi de rester
malgré leur désaccord. En tant qu’Église, nous continuons à prendre
des chemins différents pour interpréter les Écritures quand nous nous
penchons sur la question des couples de même sexe.
Nous qui différons profondément d’opinion et qui pourtant désirons
encore plus profondément l’unité, nous rappelons que l’Église a déjà
connu cette tension créative par le passé. Dans les Actes 15, nous
voyons que Paul est en désaccord avec la communauté de Jérusalem
sur la question de savoir si la circoncision et l’observation des lois sur
le régime alimentaire devaient être exigées des Gentils afin qu’ils soient
baptisés dans le Corps du Christ. Cette différence était une affaire
d’interprétation biblique. Quand les membres de l’Église ont contenu
la tension entre leur unité de groupe et leurs différences dans la façon
dont ils interprétaient les Écritures, ils étaient guidés par le SaintEsprit.7
Depuis, l’Église a fait face à bien des périodes de luttes similaires
autour d’interprétations divergentes des Écritures, portant sur un large
spectre de questions: si les vœux de vie religieuse prenaient le pas sur le
mariage, l’interdiction de prêter de l’argent avec des intérêts, les foyers
polygames, le divorce et le mariage, la contraception, l’institution de
l’esclavage, ou le rôle de la femme aussi bien dans l’Église que dans
la société, pour n’en citer que quelques-unes. Au cours de toutes
ces périodes, l’Église a cherché à suivre le processus apostolique de
délibération dans la prière, qui respecte la place centrale des Écritures
et suit avec attention l’œuvre de l’Esprit parmi nous. Ce processus
ne résoudra pas tous nos désaccords, mais nous continuons à avoir
confiance dans l’unité venue non pas de nos efforts mais de la grâce de
Dieu, unité pour laquelle Christ lui-même priait (Jean 17.11).
R
7 Ce processus de discernement des interprétations des Écritures guidé par le Saint-Esprit
a modelé chaque période de l’histoire chrétienne, y compris l’approche anglicane. Voir
“Exposé de la foi”, LPC, 853-54.
20
Foi, espoir et amour
Les quatre parties qui vont suivre développent ces thèmes et ces
considérations théologiques. Nous les proposons à l’ensemble de
l’Église comme un discernement à continuer et à partager en tant que
Corps du Christ. Le point de vue d’une seule personne ou d’une seule
communauté n’est pas suffisant pour capturer toute la vérité avec
laquelle l’Esprit de Dieu guide l’Église. Dans ce travail, comme pour
tout sujet important dans la vie et la mission de l’Église, nous avons
pris à cœur le rappel de Paul que pour l’instant “notre connaissance
est incomplète” dans l’attente du jour où “ce qui est incomplet
disparaîtra” (1 Corinthiens 13.9-10). Dans cet esprit d’humilité
qui reconnaît que personne n’a une connaissance complète, nous
proposons ces ressources théologiques sur la bénédiction de couples
de même sexe, en espérant qu’elles reflètent une foi partagée dans
l’Évangile de Jésus-Christ, inspirent l’espoir de l’union avec Dieu
promise par Christ et, par-dessus tout, expriment l’amour éternel (1
Corinthiens 13.8).
Foi, espoir et amour
21
22
Foi, espoir et amour
1. L’appel de l’Église: la mission
Dès que quelqu’un est uni au Christ, il est un être nouveau:
ce qui est ancien a disparu, ce qui est nouveau est là. Tout
cela vient de Dieu, qui nous a réconciliés avec lui par le Christ
et qui nous a confié la tâche d’amener d’autres hommes à la
réconciliation avec lui. Car, par le Christ, Dieu agissait pour
réconcilier tous les humains avec lui, sans tenir compte de
leurs fautes. Et il nous a chargés d’annoncer cette œuvre de
réconciliation
— 2 Corinthiens 5.17-19
La signification et le caractère mêmes d’une bénédiction jouent un rôle
important dans notre appel commun à participer à la mission de Dieu
d’amour réconciliateur dans le monde. Prononcer une bénédiction
divine peut prendre bien des formes au cours d’occasions très diverses.
Quand l’Église se rassemble pour bénir l’échange des vœux sacrés
d’une alliance de couple, cette bénédiction reflète une triple action.
Premièrement, l’Église exprime sa gratitude pour la présence de
l’Esprit discernée dans la vie du couple. Deuxièmement, l’Église prie
pour la grâce et la faveur divine dont le couple aura besoin pour vivre
dans leur engagement mutuel d’amour, de fidélité et de sainteté de vie.
Et troisièmement, l’Église engage le couple à participer à la mission
de Dieu dans le monde. Ce caractère missionnaire d’une bénédiction
d’alliance, reflété dans les Écritures comme dans les traditions
historiques de l’Église, mérite une attention renouvelée. Quand l’Église
exprime sa gratitude pour la présence et la bénédiction de Dieu,
l’affirmation publique de la bénédiction d’une alliance de couple
distingue aussi cette relation dans un but sacré: être le témoignage de
l’amour créateur, rédempteur et nourrissant de Dieu.
La promesse de Dieu à Abraham donne le principe de cet aspect
missionnaire de la bénédiction: “Je te bénirai et je rendrai ton nom
célèbre. Tu seras une bénédiction pour les autres.” (Genèse 12.2b)
Foi, espoir et amour
23
À travers Moïse, la promesse de Dieu s’étend à l’alliance divine avec
Israël, un peuple choisi par Dieu pour recevoir les dons divins de
protection, de guidance et de fécondité. Dans cette alliance, Dieu fait
du peuple d’Israël le gardien de ces dons, non pas dans le seul but de
servir leurs propres intérêts, mais pour devenir une bénédiction pour
le monde. Comme Dieu l’affirme à Jacob: “À travers toi et tous tes
descendants, je bénirai toutes les nations de la terre.” (Genèse 28.14b)
Et comme Dieu le déclara aussi à Ésaïe: “Cela ne suffit pas que tu
sois à mon service, pour relever les tribus de Jacob et ramener les
survivants d’Israël. Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon
salut s’étende jusqu’au bout du monde.” (Ésaïe 49.6)
De même, les premiers chrétiens adoptèrent cet aspect missionnaire de
la bénédiction d’alliance en reconnaissant que la grâce qu’ils avaient
reçue en Christ n’était pas pour eux seuls, mais pour qu’ils puissent
être les témoins de la grâce “à Jérusalem, dans toute la Judée et la
Samarie, et jusqu’au bout du monde.” (Actes 1.8) Jésus préconisait
cette façon d’aborder une vie de foi en rappelant à son auditoire
que “On n’allume pas une lampe pour la mettre sous un seau. Au
contraire, on la place sur un support, d’où elle éclaire tous ceux qui
sont dans la maison.” (Matthieu 5.15) Dans l’Évangile de Jean, Jésus
donne l’exemple de cette mission divine en lavant les pieds de ses
disciples. Cet acte de don intime montrait l’exemple que ses disciples
devaient suivre en bénissant d’autres par une même vie de dons (Jean
13.14-15); l’amour que Dieu nous montre en Christ, en d’autres
termes, devient une bénédiction de mission et de ministère. L’alliance
de grâce que Dieu a faite avec nous en Christ nous appelle donc tous
à une vie de service: “Que chacun de vous utilise pour le bien des
autres le don particulier qu’il a reçu de Dieu. Vous serez ainsi de bons
administrateurs des multiples dons divins.” (1 Pierre 4.10)
Culte et mission: une vision eschatologique
À chaque fois que le peuple de Dieu se rassemble pour prier, nous
revenons à cette vision fondamentale des Écritures: Dieu continue de
nous bénir dans notre alliance avec Christ et cette bénédiction nous
donne la capacité et le pouvoir de bénir à notre tour. Dans tous les
rites de l’Église, de l’office quotidien à la sainte communion, nous
louons les bénédictions de Dieu et nous prions pour la grâce dont nous
avons besoin pour rendre manifeste ces bénédictions dans le monde,
pour “accomplir [son] œuvre”.8 On retrouve ce motif dans le rite
du mariage qui célèbre la bénédiction de Dieu pour les engagements
8 Prière d’après communion, LPC, 366.
24
Foi, espoir et amour
d’amour, non pas dans le seul intérêt du couple, mais aussi dans celui
du monde, qui a besoin de ces témoignages d’amour et de fidélité.
Dans ce rite, l’assemblée prie pour le couple, pour que Dieu fasse “que
leur vie commune soit un signe de l’amour du Christ envers ce monde
de déchirure et de péché; que l’unité triomphe de la séparation, que le
pardon guérisse l’offense, que la joie fasse la conquête du désespoir.”9
La bénédiction d’alliance de couple par Dieu donne au couple la
capacité et le pouvoir d’être des missionnaires de la grâce.
Qui plus est, avec la bénédiction et l’envoi, l’Église revendique notre
part dans l’accomplissement du salut; nous collaborons avec Dieu
comme annonciateurs et instruments de sa nouvelle création. “Le
salut du monde n’est pas terminé et donc l’histoire de l’humanité n’est
pas terminée. L’Histoire va quelque part, mais nous n’y sommes pas
encore”, nous rappelle un théologien. “L’Église existe pour réaliser
l’œuvre de Dieu et pour être ce que Dieu réalisera jusqu’à la Fin.”
Ce que Dieu a accompli et continuera à accomplir dans la vie de
l’Église manifeste “non seulement la bonté inhérente à la création,
mais la possibilité d’une création nouvelle, de réparation, de justice
et de pardon.” Et donc l’Église bénit afin de réaliser son “projet
‘eschatologique’ de devenir le Royaume.”10
La vision eschatologique de la vie de culte et de mission de l’Église
porte en elle le potentiel pour approfondir notre réflexion commune
sur la signification même de la bénédiction. En bénissant et en étant
bénis, nous nous joignons à la grande œuvre de salut que Dieu
accomplit depuis toujours, continue d’accomplir et accomplira jusqu’à
la Fin. En effet, cette vision élargie de la bénédiction, enracinée dans
l’alliance que Dieu a faite avec nous en Christ, conduit Paul à déclarer
que la mission de réconciliation de Dieu a été confiée à tous ceux qui
ont été bénis par cette promesse d’une nouvelle création (2 Corinthiens
5.17-19).
Les couples de même sexe et la mission de l’Église
En répondant à l’appel à prendre part à la mission de Dieu dans le
monde, l’Église doit être particulièrement attentive aux circonstances
culturelles dans lesquelles la Bonne Nouvelle de l’Évangile est
annoncée. Au cours des soixante dernières années, aux États-Unis
(entre autres), la sociologie, la psychologie et les sciences biomédicales
ont contribué à un changement progressif dans la perception culturelle
9 LPC, 429.
10 Charles Hefling, “What Do We Bless and Why?” Anglican Theological Review 85:1 (Hiver
2003): 91-93.
Foi, espoir et amour
25
de la complexité de l’orientation sexuelle et de l’identité de genre.
L’Association américaine de psychiatrie, par exemple, ne considère
plus l’homosexualité comme une pathologie,11 ce qui était encore le
cas au milieu du XXe siècle. De nos jours, les gays et les lesbiennes
participent ouvertement à presque toutes les professions et tous les
aspects de la vie sociale. Beaucoup forment ouvertement des couples
stables et certains élèvent des enfants dans leur famille. De nombreuses
églises, y compris l’Église Épiscopale, ont discerné dans les couples de
même sexe le potentiel d’une vie sainte portant les fruits de l’Esprit, la
même vie pour laquelle nous prions pour ceux qui s’engagent dans le
mariage et ses bénédictions.12
Ce changement culturel concernant la sexualité a un impact sur la
mission générale et pastorale de l’Église. La Convention générale de
2000, par exemple, a identifié certaines caractéristiques que l’Église
attend de tous les couples engagés dans une relation à vie: “fidélité,
monogamie, affection réciproque et respect, une communication
attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une
telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu.”13 De façon
significative, la Convention a formulé cette résolution en termes de
mission. Être témoins de l’œuvre de l’Esprit dans les couples de même
sexe, de la même manière que nous le sommes pour un couple de
sexes opposés, peut élargir – et dans bien des lieux a déjà élargi – la
compréhension qu’a l’Église de sa participation à la mission de Dieu
de réconciliation dans le monde.
De nombreux gays et lesbiennes (entre autres personnes) qui voient des
couples de même sexe échanger des vœux et recevoir une bénédiction
sont de ce fait encouragés à venir chercher le soutien de l’Église pour
approfondir leur propre engagement. En retour, ils offrent leurs dons
pour le ministère de la communauté, des dons qui contribuent à la
mission de l’Église de “restaurer tous les peuples dans l’unité avec
Dieu et ainsi de les réunir en Jésus-Christ.”14 Quand l’Église donne
la bénédiction de Dieu à des couples de même sexe qui élèvent des
11 “Toutes les grandes organisations professionnelles de santé mentale ont déclaré que
l’homosexualité n’était pas une maladie mentale. En 1973, l’Association américaine de
psychiatrie a enlevé l’homosexualité de son manuel officiel de diagnostique, Diagnostic and
Statistical Manual of Mental Disorders (DSM).” Extrait de “Let’s Talk Facts about Sexual
Orientation”, document produit par l’Association américaine de psychiatrie, http://www.
healthyminds.org/Document-Library/Brochure-Library/Lets-Talk-Facts-Sexual-Orientation.
aspx?FT=.pdf.
12 To Set Our Hope on Christ, 24-25. Pour une présentation et une analyse plus large, se
référer à la collection d’essais éditée par Walter Wink, Homosexuality and Christian Faith:
Questions of Conscience for the Churches (Minneapolis: Fortress Press, 1999).
13 Résolution 2000-D039 de la Convention générale. Les Écritures reflètent une approche
similaire pour discerner la preuve d’une grâce divine et de l’œuvre de l’Esprit quand, par
exemple, Jésus utilise l’analogie de juger un arbre par la qualité des fruits qu’il donne
(Matthieu 7.16-18) et Luc (6.43).
14 “Exposé de la foi”, LPC, 855.
26
Foi, espoir et amour
enfants, ces enfants peuvent ainsi mieux comprendre la sainteté
de leur famille, et la famille peut, elle, recevoir les mêmes soutiens
et encouragements de la part de l’Église que des couples de sexes
opposés. La bénédiction de couples de même sexe dans la communauté
de foi peut aussi devenir une occasion de réconciliation entre les
membres d’une famille, y compris ceux qui n’ont pas accepté, voire
ont rejeté, leurs parents gays et lesbiens.
Les personnes hétérosexuelles peuvent aussi voir leur vocation et leur
ministère agrandis et renforcés par ces bénédictions, de la même façon
que cela peut leur arriver lors de la célébration d’un mariage ou d’une
profession de foi publique pour un ministère ou une communauté.
En d’autres mots, les dons discernés dans leur vie et leur couple
par des gays et lesbiennes n’existent pas pour eux seuls. Un prêtre
épiscopalien a observé: “De plus en plus, nous voyons des lesbiennes
et des gays, des personnes qui, il y a encore une génération, se seraient
cachées dans l’ombre de notre église, se manifester maintenant dans
notre communauté. Ils contribuent librement et ouvertement par
leurs dons, leurs forces, leur loyauté et leur sagesse à l’ensemble de la
communauté. Et les personnes hétérosexuelles qui les ont vus se sont à
leur tour senties libres de se donner plus généreusement.”15
Les amis des couples de même sexe et bien d’autres personnes ont
aussi remarqué ces bénédictions qui leur permettent de rencontrer un
accueil évangélique expansif et généreux. En étant témoins de la grâce
de ces alliances et de la générosité de l’accueil de l’Église, bien des amis
seront attirés par la communauté de foi, peut-être pour la première
fois ou peut-être après l’avoir abandonnée par le passé. Cela a déjà été
le cas dans plusieurs congrégations et diocèses de l’Église Épiscopale.
Le défi de la bénédiction de Dieu pour mission
Les Écritures attestent de moments clefs durant lesquels des auteurs
bibliques mettent leurs communautés au défi d’élargir leur vision
de l’œuvre de salut de Dieu dans le monde, ou durant lesquels les
auteurs eux-mêmes sont mis au défi par la parole divine de voir audelà de leurs limites. Les anciens Israélites, par exemple, ont eu du
mal à accepter l’étendue de leur bénédiction d’alliance. Ésaïe les a
encouragés à s’assurer que toutes les nations – pas simplement la leur –
affluent vers la montagne de Dieu (Ésaïe 2.1-4). L’Église, à ses débuts,
n’échappa pas à cette difficulté.
15 L. William Countryman, “The Big House of Classic Anglicanism”, extrait d’un discours
fait à la conférence Claiming the Blessing à St. Louis, Missouri, en novembre 2002. Texte
cité dans Claiming the Blessing, la déclaration théologique de la coalition Claiming the
Blessing, page 11; http://www.claimingtheblessing.org/files/pdf/CTBTheology_Final_.pdf.
Foi, espoir et amour
27
Dans les Actes des Apôtres, on trouve les hésitations de Pierre à
dépasser les limites traditionnelles entre ce qui est pur et impur lors de
sa rencontre avec Corneille, un centurion romain (Actes 10). Au cours
d’une vision, Pierre entend Dieu l’exhorter à manger certains animaux
impurs, en désobéissance directe avec les injonctions du Lévitique
11. Cette vision amena Pierre à reconsidérer si l’œuvre de salut et de
bénédiction de Dieu ne pouvait pas se trouver dans des lieux et parmi
des personnes qu’auparavant il n’avait pas jugés possibles. Quand il
fut interrogé sur cette vision élargie, Pierre déclara: “Dieu m’a montré
que je ne devais jamais considérer personne comme impur ou indigne
d’être fréquenté.” (Actes 10.28) À ceux qui étaient surpris et peut-être
scandalisés par l’extension des Évangiles aux Gentils, Pierre demanda:
“Pourrait-on empêcher ces gens d’être baptisés d’eau, maintenant
qu’ils ont reçu le Saint-Esprit aussi bien que nous?” (Actes 10.47)16
Très souvent, dans l’histoire d’Israël et des débuts de l’Église,
répondre au défi de la grâce extravagante de Dieu et de la richesse
de la bénédiction divine a permis d’étendre la mission de Dieu dans
le monde au-delà de ce que l’on pouvait imaginer. L’amour fidèle et
l’engagement par alliance des couples gays et lesbiens représentent
un défi similaire pour l’Église d’aujourd’hui. Nombreux sont ceux au
sein de l’Église Épiscopale et d’autres communions chrétiennes qui ont
reconnu et discerné la présence et l’œuvre de l’Esprit dans ces couples
de même sexe, et qui demandent au peuple de Dieu de méditer sur les
raisons pour lesquelles nous refuserions une affirmation publique de
bénédiction à des personnes ayant reçu le Saint-Esprit. Plus important
encore, cette période dans la vie de l’Église Épiscopale nous appelle
tous à reconsidérer la richesse des bénédictions que nous avons
reçues par la grâce de Dieu en Christ et à travers le Saint-Esprit. Ces
bénédictions, en retour, donnent vie au ministère de réconciliation
que Dieu nous a donné, nous faisant les ambassadeurs de la nouvelle
création en train de se révéler parmi nous, en ce moment même.
16 Paul décrit sa confrontation avec Pierre sur ce même sujet dans Galates 2.1-21.
28
Foi, espoir et amour
2. La joie de l’Église:
une théologie de la bénédiction Dans le pays, ceux qui voudront souhaiter à d’autres d’être
bénis le feront en prononçant le nom de Dieu sur qui l’on peut
compter.
— Ésaïe 65.16
Ils se tenaient continuellement dans le temple et louaient Dieu.
— Luc 24.53
“Bénis sois-tu, Seigneur Dieu, maître de l’univers, qui as créé toute
chose pour ta gloire!” Cette bénédiction classique de la tradition
juive donne le ton pour toute réflexion théologique sur ce que signifie
donner et recevoir une bénédiction. Plutôt que lui-même, d’autres
personnes, des animaux, des lieux ou d’autres choses, le peuple de
Dieu bénit d’abord et avant tout Dieu, le donneur de vie et créateur de
toute chose. Faire preuve de discernement, louer et bénir Dieu pour les
raisons infinies qu’il nous donne de le faire, est au cœur de l’œuvre de
l’Église dans le monde. En effet, au cœur du culte chrétien se trouve
l’eucharistie, ou “action de Grâces”, durant laquelle nous levons “la
coupe de bénédictions” (1 Corinthiens 10.16).
Dans un contexte anglican, l’œuvre de l’Église dans le monde est
façonnée par la prière commune et la louange. En plus de la lecture
des Écritures et de la méditation par la prière, les anglicans se sont
toujours reposés sur notre vie liturgique commune pour discerner
la présence de Dieu et la façon dont Dieu nous appelle à vivre
dans le monde en tant que témoins de l’Évangile de Jésus-Christ
dans le pouvoir du Saint-Esprit. Dieu agit toujours et partout, et la
communauté de foi se rassemble pour discerner Ses actions et les
rendre toujours plus visibles.
Même si les membres du clergé sont appelés à participer à l’œuvre de
l’Église de façon particulière, ils partagent ce travail avec l’ensemble
Foi, espoir et amour
29
de la communauté des baptisés. Dans leur vocation sacramentelle,
les membres du clergé guident la communauté en donnant des signes
visibles de la grâce intérieure spirituelle présente parmi le peuple de
Dieu. En d’autres mots, ce ne sont pas eux qui “créent la grâce” là où
il n’y en aurait pas déjà, mais bien le Corps du Christ qui, de façons
nombreuses et variées, proclame l’œuvre de grâce de Dieu parmi nous.
Cette proclamation offre l’assurance de la grâce de Dieu qui nous a été
promise en Christ, ainsi qu’un appui alors que nous nous efforçons de
manifester les fruits de l’Esprit dans nos vies quotidiennes.
Nombreux sont ceux dans l’Église Épiscopale et d’autres communions
chrétiennes qui croient que la célébration de bénédictions d’alliance
de couple de même sexe fait aussi partie du devoir de l’Église d’offrir
des signes visibles de la grâce de Dieu. Si “bénir” a des significations
multiples, l’origine en est toujours en Dieu, ce que l’Église reconnaît
quotidiennement: “Nous te bénissons pour notre création, notre
protection et toutes les bénédictions de cette vie; mais par-dessus
tout pour ton amour incommensurable dans le salut pour le monde
à travers notre Seigneur Jésus-Christ; pour la grâce et l’espoir de
gloire.”17
L’Église participe à cette bénédiction fondamentale et divine de trois
manières interconnectées: en rendant grâce à Dieu pour sa bonté et
ses faveurs; en cherchant la grâce et les faveurs continues de Dieu
pour pouvoir manifester pleinement la gratitude dans nos vies; et en
recevant par le Saint-Esprit le pouvoir de témoigner de cette grâce au
monde. Ce caractère triple de la bénédiction reconnaît ce qui est déjà
présent, c’est-à-dire la grâce de Dieu, mais il fait aussi quelque chose
de plus: il établit une nouvelle réalité. Le pain et le vin, par exemple,
une fois bénis à la table de la sainte communion sont différenciés de
leur usage ordinaire et sont désignés pour un but sacré spécifique. De
la même façon, l’affirmation publique de la bénédiction divine d’une
alliance de couple distingue ce couple des autres. Le peuple de Dieu
s’attend à ce que cette bénédiction porte les fruits de la grâce de Dieu
de façons spécifiques, rendant le couple béni par une telle alliance
responsable devant la communauté de foi, mais aussi devant Dieu et
l’un envers l’autre. La communauté, en retour, est tenue responsable
d’encourager, soutenir et prendre soin de la relation bénie tandis que le
couple cherche à grandir ensemble dans la sainteté de vie.
En bref, la grâce et la bénédiction de Dieu déjà discernées dans une
relation de couple ne rendent pas pour autant un rite liturgique
de bénédiction redondant. Au contraire, la bénédiction de l’Église
accomplit ce qu’elle déclare et de fait change le couple et l’Église. Le
17 “Action de grâce générale,” LPC, 125.
30
Foi, espoir et amour
couple devient plus conscient de la faveur de Dieu et reçoit un rôle
spécifique, en tant que couple, dans la mission de l’Église dans le
monde. De même l’Église est changée: quand elle reçoit et accepte sa
mission de soutien du couple dans leur vie et leur ministère, la sainteté
de vie est rendue plus visible.
Les Écritures nous guident dans cette compréhension de la bénédiction
en la mettant en relation à la fois avec la création et avec l’alliance.
Dans la Genèse, Dieu déclare que toute la création est bonne, une
source de bénédiction pour laquelle nous louons Dieu, le donneur de
toutes grâces. Cette bénédiction est encore manifestée dans l’alliance
que Dieu fait avec Noé et, par extension, avec toute la création
(Genèse 9.6), avec Abraham (Genèse 12.2-3) et, à travers Moïse, avec
le peuple d’Israël (Deutéronome 7.12-14). De même, le Nouveau
Testament reflète la bénédiction de Dieu sur toute la création quand le
Verbe se fait chair en Jésus; cela reflète aussi la bénédiction d’alliance,
car la vie, la mort et la résurrection de Jésus nous réconcilient avec
Dieu et nous assurent, nous et toute sa création, de son amour
constant. Lors du dernier souper avec ses disciples, Jésus rend grâce à
Dieu pour le pain et le vin, les signes de la nouvelle alliance (Matthieu
26.26-29). La bénédiction que nous recevons en prenant part à ce
repas à la table de la sainte communion nous donne la force pour
rendre vivant le pardon et la réconciliation dans toutes nos relations,
comme nous appelle à le faire ce repas.
Les Écritures témoignent du caractère relationnel de la bénédiction :
être en relation avec Dieu n’est pas seulement une bénédiction pour
nous, mais devient aussi une bénédiction pour les autres. L’alliance
de Dieu avec Israël devient une bénédiction non pas pour Israël seule
mais pour “toutes les nations.” C’est la promesse faite à Abraham:
“À travers toi, je bénirai toutes les nations de la terre.” (Genèse
12.3b) L’étendue de la bénédiction divine est révélée dans la prise de
conscience d’Israël au fil du temps et de différentes manières. “Toutes
les nations” faisait évidemment référence aux Gentils, ceux-là même
avec qui beaucoup en Israël ne s’attendaient pas à devoir partager
les promesses de Dieu. La bénédiction de Dieu étend donc la portée
de l’accueil et de l’hospitalité au-delà des proches et des personnes
familières pour aussi atteindre l’étranger distant, devenu proche grâce
à la générosité de Dieu. Comme Paul le remarquait: “C’est ainsi que
la bénédiction promise à Abraham est accordée aussi aux non-Juifs
grâce à Jésus-Christ, et que nous recevons tous par la foi l’Esprit
promis par Dieu.” (Galates 3.14) La bénédiction de l’alliance de Dieu
avec nous en Christ nous donne le pouvoir, à travers l’Esprit, d’offrir
une bénédiction expansive et généreuse au monde, par nos pensées,
nos paroles et nos actes. La bénédiction de Dieu nous inspire de façon
Foi, espoir et amour
31
infinie à devenir des émissaires de la bénédiction divine dans tout ce
que nous faisons – dans notre travail, dans nos loisirs et dans nos
relations. Dans tout ceci, la bonté de Dieu dans nos vies devient une
bénédiction pour les autres, nos proches comme nos moins proches.
En tant que chrétiens, le baptême et l’eucharistie concentrent notre
attention sur les bénédictions du mystère pascal de la mort et de la
résurrection du Christ. Ces bénédictions, en retour, nous encouragent
à discerner toutes les autres fois où la grâce de Dieu se manifeste, aussi
bien dans la création que dans l’alliance. La bonté de Dieu fait que toute
chose dans la création peut être potentiellement porteuse de grâce, y
compris l’amour et la fidélité dans l’alliance de couple, par laquelle nous
vivons notre appel à manifester la tendresse divine. Ainsi, l’Église est en
discernement constant pour voir où la bonté de Dieu, la grâce du Christ
et les dons du Saint-Esprit l’exhortent à manifester la bénédiction de
Dieu pour autrui et, en réponse, à rendre grâce à Dieu avec des cœurs
et des vies pleins de gratitudes et de louanges.
Un autre aspect du témoignage biblique mérite notre attention:
l’accent mis sur l’abondance. Au milieu da la traversée du désert,
Moïse frappe un rocher et “de grandes quantités d’eau en jaillirent”
pour le peuple d’Israël (Nombres 20.11). “Comme la vigne”, lisonsnous dans l’Ecclésiastique, “j’ai produit des fleurs d’une agréable
odeur, et mes fleurs ont donné des fruits de gloire et de richesse.”
(Ecclésiastique 24:17) “Tu prépares un banquet pour moi”, déclare
le psalmiste, et “tu remplis ma coupe jusqu’au bord.” (Psaumes 23.5)
“Donnez aux autres et Dieu vous donnera”, dit Jésus. “On versera
dans la grande poche de votre vêtement une bonne mesure, bien serrée
et secouée, débordante.” (Luc 6.38) Et aux chrétiens de Corinthe,
Paul déclare: “Et Dieu a le pouvoir de vous combler de toutes sortes
de biens, afin que vous ayez toujours tout le nécessaire et, en plus,
de quoi contribuer à toutes les œuvres bonnes.” (2 Corinthiens 9.8)
Les Écritures nous invitent, en d’autres termes, à voir la bénédiction
de la bonté de Dieu non pas comme une denrée rare à amasser ou à
protéger, mais bien comme un puits d’amour infini et de grâce éternelle
– un véritable débordement de richesses divines. Dans une alliance
sacrée de couple, l’abondance de Dieu apparaît sous différentes formes,
notamment le compagnonnage, l’amitié et la joie mutuelle de l’intimité.
En affirmant et en reconnaissant publiquement cette bénédiction
d’abondance déjà présente dans les alliances de couple, y compris
celles des couples de même sexe, l’Église s’attend à ce que ces relations
manifestent la grâce de Dieu, les dons de l’Esprit et la sainteté de vie.
La parabole fondatrice du fils prodigue renforce encore le témoignage
biblique de l’amour et la grâce abondants de Dieu. Dans ce passage,
32
Foi, espoir et amour
Dieu répand l’abondance de la bénédiction divine sur tous, sans
tenir compte du mérite et des circonstances. Quand le fils prodigue
décide finalement de revenir à la maison paternelle, espérant obtenir,
au mieux, le statut d’esclave, son père se précipite à sa rencontre,
l’accueille chez lui et prépare même un festin somptueux en son
honneur. “Tandis qu’il était encore assez loin de la maison”, dit Jésus,
et donc avant que le fils n’ait pu exprimer le moindre mot de repentir,
“son père le vit et en eut profondément pitié: il courut à sa rencontre,
le serra contre lui et l’embrassa.” (Luc 15.20) Dans nos vies, comme
dans la parabole, Dieu nous couvre de bénédictions pour que nous
puissions recevoir la vie en abondance, même si nous n’avons rien fait
pour mériter ces bénédictions.
Cette parabole suggère que l’abondance de ce foyer est plus que
suffisante pour accueillir le fils cadet. L’abondance de ce foyer
est même plus que suffisante pour accueillir le fils aîné plein de
ressentiments, qui rechigne à une telle célébration pour son frère
dissipé. Le foyer déborde d’abondance, y compris pour l’aîné, si
seulement celui-ci ouvrait son cœur pour la recevoir (Luc 15.29-31).
Les deux fils, dans la parabole de Jésus, sont des rappels puissants que
la bénédiction de la bonté divine ne transforme pas automatiquement
nos vies: nous devons être prêts à recevoir une telle grâce. Et pourtant,
quand nous ne sommes pas prêts, Dieu continue d’offrir sa bénédiction
en abondance. L’enseignement de Jésus revient de façon répétée sur
ce point, comme dans la parabole du semeur (Marc 4.3-8) et celle du
grand repas de mariage (Matthieu 22.1-10), ou bien lorsqu’il nourrit
plus de cinq mille personnes avec juste cinq pains et deux poissons
(Luc 9.12-17).
La participation de l’Église à la bénédiction divine peut aider chacun
d’entre nous à s’ouvrir à l’abondance de la bonté de Dieu. La vie
liturgique de l’Église, c’est-à-dire notre pratique de la prière commune
et de la louange, peut créer un espace où le peuple de Dieu ouvre son
cœur et son esprit pour recevoir la grâce de Dieu qui lui est offerte.
Pour ceux qui sont dans une alliance de couple, cet espace d’intentions
(pour à la fois entendre la grâce dans leur vie et louer Dieu en retour)
est un ancrage significatif, voire essentiel, dans l’approfondissement
et le renforcement de leur vie l’un avec l’autre, mais aussi avec la
communauté et avec Dieu. Dans les bénédictions d’alliance de couple,
tout comme dans l’eucharistie, nous louons Dieu pour l’abondance
de ses bontés et prions pour que la présence du Saint-Esprit nous
inspire pour accomplir l’œuvre que Dieu nous a donné à faire dans
le monde. La bénédiction de la table de la sainte communion nous
désigne comme le Corps du Christ dans le monde, appelé à proclamer
les Évangiles, de la même façon que la bénédiction d’alliance de
Foi, espoir et amour
33
couple désigne ce couple comme “un signe de l’amour du Christ
envers ce monde de déchirures et de péché; que l’unité triomphe de
la séparation, que le pardon guérisse l’offense, que la joie fasse la
conquête du désespoir.”18
Discerner, donner, chercher et rendre une bénédiction décrit bien le
travail de l’Église. Plus encore, c’est la joie de l’Église. Paul appelait
les chrétiens de Rome à se réjouir: “Réjouissez-vous avec ceux qui
sont dans la joie, pleurez avec ceux qui pleurent.” (Romains 12.15)
Les premiers chrétiens s’abandonnaient à la joie, car “ils se tenaient
continuellement dans le temple et louaient Dieu” pour célébrer
la victoire de Christ sur la mort (Luc 24.53). Quelles que soient
les circonstances, à chaque fois que l’Église discerne des exemples
particuliers de l’abondance de la bonté de Dieu, l’Église loue Dieu
pour ce don. Nous demandons aussi à Dieu la grâce de vivre ce don
pleinement, pour témoigner dans la joie de la bénédiction dans le
monde.
18 Célébration et bénédiction de mariage, LPC, 429.
34
Foi, espoir et amour
3. La vie de l’Église: l’alliance
Ne savez-vous pas que nous tous qui avons été baptisés pour
être unis à Jésus-Christ, nous avons été baptisés en étant
associés à sa mort? Par le baptême, donc, nous avons été mis
au tombeau avec lui pour être associés à sa mort, afin que
tout comme le Christ a été ramené d’entre les morts par la
puissance glorieuse du Père, nous aussi nous vivions d’une vie
nouvelle.
— Romains 6.3-4
Création, baptême et eucharistie Les alliances ont pris des formes variées au fil du temps et des
différents contextes culturels. Les Écritures comme l’histoire chrétienne
reflètent aussi cette diversité. La plus familière des alliances est le
mariage, les prophètes hébreux et les auteurs du Nouveau Testament
s’en sont servis pour décrire la volonté et l’engagement de Dieu à être
en relation avec nous (Ésaïe 62.5, Éphésiens 5.21-33). Le mariage
lui-même a endossé des formes très variées au cours des siècles, mais
continue toujours d’être un modèle pour un certain nombre d’autres
alliances telles que les vœux de la vie religieuse ou l’ordination.
En 2000, la Convention générale a identifié certaines caractéristiques
que l’Église attend d’un engagement de couple à vie: “fidélité,
monogamie, affection réciproque et respect, une communication
attentive et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une
telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu.” (Résolution
D039) Ces caractéristiques décrivent bien ce que nous entendons par
“alliance” dans notre réflexion théologique sur les couples de même
sexe. Un couple met en acte sa décision d’entrer dans un engagement
de fidélité et de responsabilité dans la maison de Dieu, l’Église,
Foi, espoir et amour
35
en échangeant des promesses, et l’Église répond en prononçant la
bénédiction de Dieu. L’alliance a alors le potentiel pour refléter pour
l’Église l’alliance pleine de grâce que Dieu a faite avec nous à travers le
mystère pascal de la mort et de la résurrection du Christ, que l’Église
célèbre dans le baptême et l’eucharistie.
Certains trouveront ce type de réflexion théologique sur les couples de
même sexe inhabituel et peut-être injustifié. Beaucoup de couples de
sexes opposés trouveront, de leur côté, que c’est une nouvelle façon de
concevoir leurs propres vœux de mariage. Ainsi, la résolution C056
de la Convention générale de 2009 qui demandait ces ressources
théologiques devient une occasion de réfléchir plus largement sur le
rôle de l’alliance dans la vie de l’Église. Se faisant, la bénédiction de
couples de même sexe peut alors être comprise dans le cadre plus large
de la vie sacramentelle de l’Église et de sa mission dans le monde.
Le cadre de l’alliance de couple commence par la déclaration de Dieu
que la création est une chose bonne (Genèse 1.31). Ceci nous inspire
pour rendre grâce à Dieu, le créateur de toute chose. Le ciel proclame la
gloire de Dieu, nous rappelle le psalmiste, et la terre proclame l’œuvre
de Dieu (Psaume 19.1). Ainsi, même dans les fragilités, les limitations et
les afflictions de la création, les auteurs bibliques ont discerné les signes
du pouvoir providentiel, de l’amour constant et de la grâce de Dieu.
L’Église célèbre la bonté de Dieu dans ses louanges et dans les signes
sacramentaux de la bénédiction de Dieu. Ces “signes visibles de la grâce
intérieure spirituelle” manifestent la présence transformatrice de Dieu et
sont donc “des moyens sûrs et certains de recevoir cette grâce.”19 En
tête de ces signes se trouvent le baptême et l’eucharistie, directement
dérivés de la vie et du ministère de Jésus-Christ. La réconciliation,
la confirmation, le mariage, l’ordination et l’onction, chacun à sa
façon, manifestent aussi la grâce de Dieu à des moments clefs de
la vie chrétienne, mais ce sont loin d’être les seules occasions de la
manifester.20 En tant que disciples de Jésus, l’incarnation de la Parole de
Dieu, nous sommes appelés à faire connaître en toute chose et en toute
circonstance l’amour créateur, rédempteur et constant de Dieu dans
nos vies quotidiennes et dans nos relations. La vie sacramentelle de
l’Église met l’accent sur cet appel de façon spécifique.
Le baptême et l’eucharistie récapitulent l’arc historique du salut dans
la création, le péché, le jugement, le repentir et la rédemption, ou
l’accomplissement de toute la création en présence de Dieu.21 Dans
le baptême, nous prenons part au mystère pascal de la mort et de la
résurrection du Christ, et le Saint-Esprit nous donne le pouvoir de
19 “Exposé de la foi”, LPC, 857.
20 “Exposé de la foi”, LPC, 857-58, 861.
21 Voir “Action de grâce sur l’eau”, LPC, 306-307; Romains 8.18-25; et 1 Corinthiens 15.28.
36
Foi, espoir et amour
vivre plus pleinement dans la sainteté de vie à laquelle Dieu nous
appelle. Cet acte sacramental manifeste l’alliance éternelle que Dieu
a faite avec nous, déclare que nous sommes les bien-aimés de Dieu,
héritiers de ses promesses et amis de Dieu22; nous recevons le sceau
du Saint-Esprit et la marque de notre appartenance au Christ pour
toujours.23 Ce signe de l’alliance de Dieu est irrévocable et ne repose
pas sur notre adhésion mais plutôt sur la grâce de la bonté de Dieu
en Jésus-Christ. En tant que membres du Corps du Christ, nous nous
engageons à vivre de façon appropriée au regard de ce corps auquel
nous appartenons. Cette façon de vivre est résumée dans les deux
grands commandements: aimer Dieu de tout notre cœur et aimer notre
prochain comme nous-même.24 Même si inévitablement nous sommes
loin de parvenir à remplir ces engagements, l’amour constant de Dieu
lui fait maintenir son alliance avec nous, et Dieu tout à la fois cherche
et participe à notre retour à la fidélité.
Dans l’Église Épiscopale, la signification du baptême dans la vie et la
foi chrétiennes devint encore plus claire avec la ratification en 1979
du Livre de la prière commune. L’alliance baptismale détermine le
rite du Saint Baptême en commençant par une affirmation de foi (le
Credo des Apôtres), suivie par cinq promesses distinctes faites par (ou
au nom de) ceux qui sont baptisés: être assidu à l’enseignement des
Apôtres et à la communion fraternelle; persévérer dans sa résistance
au mal; proclamer la Bonne Nouvelle en Christ; chercher et servir
Christ en chaque personne rencontrée; lutter pour la justice et la paix,
et respecter la dignité de chaque être humain.25 Le rite commence, en
d’autres termes, par la mission trinitaire divine de l’amour créateur,
rédempteur et constant dans le monde. Les promesses que nous faisons
sont en réponse à cette mission divine, elles constituent notre vœu
d’engagement à participer à cette mission – toujours “avec l’aide de
Dieu”. En tant qu’épiscopaliens, cette approche de la théologie du
baptême continue de nous guider et de nourrir notre discernement par
la prière, qui est enraciné dans l’alliance faite avec nous par Dieu à
travers le Verbe fait chair (Jean 1.14).26
Dans le travail de rédemption de l’Incarnation, Dieu ouvre à toute
la création l’union avec Dieu, l’élevant vers la perfection à travers la
résurrection et l’ascension du Christ, quand Dieu sera tout en tout
(1 Corinthiens 15.28). Dans l’eucharistie, nous célébrons cette action
22 “Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître.
Je vous appelle amis.” (Jean 15.15) Voir aussi Grégoire de Nysse, qui pensait que notre
incorporation dans le Corps du Christ faisait de nous les “amis” de Dieu (Orat. in 1 Cor. xv.28).
23 Le baptême, LPC, 308.
24 Voir Deutéronome 6.5, Lévitique 19.18, et Matthieu 22.37-40.
25 LPC, 304-305.
26 Voir Louis Weil, A Theology of Worship, The New Church’s Teaching Series, vol. 12
(Cambridge, MA: Cowley Publications, 2002), 11-22.
Foi, espoir et amour
37
transformative, accomplie à travers l’offrande du Corps et du Sang du
Christ, qui nourrit nos corps et nos âmes, nous permettant de prendre
part à la mission de Dieu de réconciliation dans le monde.
Dans l’eucharistie, nos vies éparpillées sont réunies dans une seule
offrande à Dieu, le donneur de toute chose. En tant que communauté
réunie dans la prière, nous réaffirmons notre participation à l’alliance
avec Dieu en écoutant sa parole sacrée, nous confessons et recevons le
pardon pour nos péchés, et nous nous joignons à tous les saints en prière
pour l’Église et le monde. Dieu reçoit les dons que nous apportons,
aussi limités et imparfaits soient-ils, les bénit, et nous les rend comme
le pain du ciel. En étant nourris par le Corps et le Sang du Christ,
nous sommes plongés toujours plus profondément dans la sainteté de
vie, en conformité avec Christ. À la table, nous recevons un avantgoût du banquet céleste auquel tous sont conviés par Dieu, un avantgoût qui clarifie et renforce notre désir de l’amour de Dieu. Avec la
bénédiction et l’envoi, le Saint-Esprit nous donne le pouvoir de prendre
part à l’œuvre de Dieu d’amener toutes choses à la consécration et la
plénitude pour lesquelles Dieu les a créées. De plus, célébrer l’eucharistie
ensemble nous renvoie à toutes les autres tables autour desquelles nous
nous réunissons dans nos foyers et cela nous amène à les voir comme
des lieux où le Christ est présent. Le modèle de l’eucharistie – souvent
décrit par les actions de prendre, bénir, partager et donner – définit
toutes les relations que nous amenons dans notre vie baptismale avec
Dieu. Nous prenons ces relations, bénissons Dieu pour ce qu’elles ont
de bon, demandons à Dieu de les bénir et les partager pour les ouvrir
encore plus à la grâce divine, pour que nous puissions les donner au
monde comme témoignages de l’Évangile de Jésus-Christ.
Le baptême et l’eucharistie, en tant que sacrements de l’alliance
d’amour créateur, rédempteur et constant de Dieu, définissent nos vies
chrétiennes dans la relation à Dieu et à sa création; c’est un appel à
vivre avec amour, compassion, justice et en paix avec toute créature,
ami ou ennemi, proche ou étranger. Nous sommes non seulement
appelés à vivre ainsi, mais ces sacrements nous rendent plus forts pour
atteindre à cette vie. La vie sacramentelle de l’Église nous renforce
pour nous donner et recevoir des autres, en contribuant à la venue du
royaume de Dieu “sur la terre comme au ciel” (Matthieu 6.10) et en
annonçant le Christ jusqu’à son retour (1 Corinthiens 11.26).
À travers le baptême et l’eucharistie, nous sommes emmenés et soutenus
dans toutes ces relations. Et en premier lieu dans notre relation à Dieu
notre créateur, notre rédempteur et notre soutien. Nous participons à
bien d’autres relations avec des gens très différents, des communautés
et des institutions que nous sommes amenés à rencontrer à travers le
38
Foi, espoir et amour
monde. Toutes ces relations nous appellent à témoigner de l’Évangile,
précisément car nos vies en tant que créatures de Dieu sont constituées
de relations ; nous sommes créés à l’image trinitaire de Dieu, une image
par nature relationnelle et enracinée dans l’amour.27
En conséquence, les couples de même sexe appartiennent à ce grand
réseau de relations dans lequel nous sommes appelés à témoigner
de l’Évangile. Dans la prochaine partie, nous allons considérer
la bénédiction de couples de même sexe dans ce contexte, en
commençant par l’appel fondamental que nous partageons tous
d’aimer notre prochain comme nous-même. Puisque Dieu nous
appelle à des formes spécifiques d’engagements amoureux, nous
nous pencherons sur trois aspects interdépendants de cet appel: faire
alliance, un foyer chrétien et une intimité fidèle.
Aimer son prochain comme soi-même
Les chrétiens essayent de modeler toutes leurs relations sur l’amour,
la grâce et la compassion du Christ, d’aimer notre prochain, proche
ou éloigné, comme nous-mêmes. Aimer les autres n’est possible que
par la grâce de Dieu, qui nous a aimés en premier (1 Jean 4.19). Le
baptême et l’eucharistie nous envoient régulièrement à la rencontre de
tous nos prochains, avec lesquels nous apprenons encore et encore la
bénédiction de nous donner et de recevoir d’autrui dans l’hospitalité
évangélique.
L’hospitalité va plus loin que les bonnes manières. Les Écritures
voient l’hospitalité envers les amis et les étrangers comme les fruits
de l’alliance et une preuve d’obéissance.28 L’histoire de la destruction
de Sodome dans Genèse 19, un rappel biblique particulièrement
dramatique de l’importance de l’hospitalité, a été souvent citée par
les opposants à la bénédiction de couples de même sexe. Toutefois,
de telles interprétations de ce passage ne reposent pas tant sur le
texte biblique lui-même que sur la façon dont cette histoire a été
culturellement accueillie pendant des siècles en Europe.29
27 “Exposé de la foi”, LPC, 845.
28 Voir, entre autres, Exode 22.21, Lévitique 19.34, Deutéronome 24.19-21, Malachie 3.5,
et Hébreux 13.2. Pour une présentation et une analyse de la place centrale de l’hospitalité
dans les Écritures au début de la chrétienté, voir Amos Yong, Hospitality and the Other:
Pentecost, Christian Practices, and the Neighbor (Maryknoll, NY: Orbis Books, 2008).
29 Le terme “sodomie”, par exemple, n’apparaît pas dans les Écritures et ce qu’il a fini par
signifier (y compris dans la jurisprudence des pays de l’Atlantique Nord) n’est en rien
connecté aux références bibliques. Voir Jay Emerson Johnson, “Sodomy and Gendered
Love: Reading Genesis 19 in the Anglican Communion,” dans The Oxford Handbook of
the Reception History of the Bible, ed. Michael Lieb, Emma Mason, and Jonathan Roberts
(Oxford: Oxford University Press, 2010), 413-34; et Michael Carden, Sodomy: A History
of a Christian Biblical Myth (London: Equinox Publishing, 2004).
Foi, espoir et amour
39
Dans ce passage, l’histoire tourne autour de la question suivante:
savoir si certains visiteurs de passage à Sodome seront reçus avec
grâce et hospitalité par les habitants de la cité, ou si au contraire ils
seront exploités voire même violés. Le péché des habitants de Sodome
se réfère donc explicitement aux codes de l’hospitalité dans l’ancien
Proche-Orient plutôt qu’aux relations entre personnes de même sexe.30
D’autres auteurs bibliques qui se réfèrent à Sodome ne mettent jamais
en avant la sexualité – ou ne la mentionne même pas. Ézéchiel, par
exemple, en fait une interprétation très directe: “Voici qu’elle fut ses
fautes: Sodome a vécu dans l’orgueil, le rassasiement et une tranquille
insouciance, elle n’a pas secouru les pauvres et les défavorisés.”
(Ézéchiel 16.49)31 Jésus évoque l’histoire de Sodome non pas dans
le contexte de l’enseignement d’une éthique sexuelle, mais lorsqu’il
envoie ses disciples pour œuvrer en son nom. Ceux qui ne reçoivent
pas ses disciples, promet-il, seront traités plus sévèrement que les
habitants de Sodome (Matthieu 10.15). La menace souligne la place
centrale de l’hospitalité dans cette ancienne histoire.32
Dès les années 1950, les spécialistes de la Bible ont tenté de replacer
Genèse 19 dans son contexte culturel d’origine et de relancer une
approche interprétative de cette histoire qui soit en résonance avec les
auteurs et témoins bibliques.33 Dans cette interprétation, Genèse 19
s’applique à tous et non à quelques-uns et l’enseignement est celui de
la primauté de l’hospitalité, ou autrement dit d’aimer son prochain,
comme Jésus lui-même nous l’a commandé.34 Nous manifestons cet
30 La définition de “sodomie” a beaucoup varié au cours de l’histoire chrétienne et s’est
focalisée exclusivement sur un acte sexuel particulier entre deux hommes au XIe siècle. Voir
Mark D. Jordan, L’Invention de la sodomie dans la théologie médiévale (éd. EPEL, 2007).
31 La description d’Ézéchiel représente l’approche la plus couramment choisie par les
auteurs dans la Bible hébraïque, dans laquelle le péché de Sodome est toujours associé à
la violence ou l’injustice. Voir Robin Scroggs, The New Testament and Homosexuality:
Contextual Background for Contemporary Debate (Philadelphia: Fortress Press, 1983).
Dans le Nouveau Testament, Jude 7 est parfois aussi cité, pourtant ce verset ne décrit
pas précisément “leur manière immorale” (cela pourrait se référer au viol, par exemple);
les “relations contre nature” des habitants de Sodome pourraient aussi signifier que les
étrangers envoyés à Sodome étaient en fait des anges (voir Genèse 6.4).
32 Les auteurs patristiques donnaient une place centrale à l’hospitalité. Voir, par exemple,
Origène, Homilia V in Genesim (PG 12.188-89): “Écoutez ceci, vous qui fermez vos
maisons à ceux qui demandent l’hospitalité! Écoutez ceci, vous qui fuyez le voyageur
comme un ennemi! Lot habitait Sodome. L’Écriture ne rapporte de lui aucune autre
bonne action que […] d’avoir ouvert sa maison à l’hospitalité.” Ambroise de Milan, De
Abrahamo 1.6:52 (PL 14.440): Lot “a placé l’hospitalité de sa demeure – valeur sacrée
même pour un peuple barbare – au-dessus de la chasteté [de ses filles].” Cité par John
Boswell, Christianisme, tolérance sociale et homosexualité: les homosexuels en Europe
occidentale des débuts de l’ère chrétienne au XIVe siècle (coll. Bibliothèque des histoires,
éd. Gallimard, 1985), 98.
33 Un des premiers exemples de cette approche fut le livre de Derrick Sherwin Bailey,
Homosexuality and the Western Christian Tradition (London: Longmans, Green, 1955).
34 Certains spécialistes bibliques continuent d’interpréter ce récit comme une condamnation
des pratiques homosexuelles. Voir, par exemple, Robert A. J. Gagnon, The Bible and
Homosexual Practice: Texts and Hermeneutics (Nashville: Abingdon Press, 2001), 71-91.
40
Foi, espoir et amour
amour pour notre prochain de différentes façons, en fonction de
chaque individu ou communauté que nous rencontrons, que cela soit
dans notre famille, avec des collègues ou des inconnus.
Les relations, autrement dit, prennent beaucoup de formes différentes.
Parfois, nous choisissons certaines relations en fonction de nos
préférences, de nos besoins ou de nos désirs; à d’autres moments, nous
sommes dans des relations que nous n’avons pas vraiment choisies,
comme c’est le cas avec nos collègues de travail ou un compagnon
de voyage. Qui que cela soit, le “prochain” nous offre l’occasion de
manifester l’amour de Dieu en Christ. Les Évangiles proclament non
seulement l’amour désintéressé que Jésus montra aux disciples qu’il
avait choisi, mais aussi l’amour de Jésus pour l’étranger rencontré par
hasard, comme dans la parabole du bon Samaritain (Luc 10.29-37).
Christ nous donne l’exemple à suivre dans toutes nos relations, un
modèle qui respecte la dignité de chaque personne et qui encourage
de donner de soi-même pour le bien d’autrui.35 Les relations sont
“des écoles de vertu”, c’est-à-dire des opportunités de prendre des
dispositions qui manifestent un amour identique à celui du Christ.
En liant les personnes à Dieu et les unes aux autres par le baptême et
l’eucharistie, nous sommes appelés à adopter dans toutes nos relations
– celles que nous considérons comme personnelles et privées et celles
que nous considérons comme professionnelles et publiques – un amour
qui se donne et reçoit des autres. Alors que nous faisons notre possible
pour répondre à cet appel, nous dépendons de la grâce de Dieu, l’Esprit
nous amenant graduellement dans cette union avec Dieu pour laquelle le
Christ lui-même priait (Jean 17.11). Nous servons aussi de proclamations
vivantes de l’amour créateur, rédempteur et constant de Dieu pour le
monde. Étant donné nos limitations, ce témoignage est inévitablement
imparfait et parfois ambigu, et pourtant nous continuons de croire
que toutes choses concourent au bien (Romains 8.28) en prenant pour
exemple dans nos vies et nos relations l’amour de Dieu pour nous et
pour le monde. Cet exemple peut ensuite mener à des engagements dans
lesquels nous discernons un appel pour une alliance de couple.
Appelé à former une alliance
Certaines relations d’amour avec nos proches font preuve d’un
engagement particulier et profond, qui peut mener à une alliance choisie
avec une personne ou une communauté. Les Écritures témoignent de
bien des façons de la signification de la formation d’une alliance, mais
en particulier comme étant l’expression de la bénédiction de Dieu,
35 “Alliance baptismale”, LPC, 305.
Foi, espoir et amour
41
telle que dans l’alliance que Dieu fait avec la création tout entière
à travers Noé (Genèse 9.9-13) et avec le peuple d’Israël à travers
Abraham (Genèse 12.2-3). Les chrétiens célèbrent l’alliance que Jésus
a proclamée et mise en acte lors du dernier repas qu’il a partagé avec
ses disciples (Luc 22.20) et que nous marquons avec la “coupe de la
Cène” (1 Corinthiens 10.16) à la table eucharistique.
Les Écritures nous invitent, en d’autres termes, à voir nos engagements
d’alliance les uns envers les autres comme des expressions de l’amour de
Dieu et de notre prochain, et aussi comme l’expression de la bénédiction
de Dieu. En nous engageant pour le bien d’autrui, nous offrons cet
engagement comme un témoignage de l’alliance d’amour de Dieu pour
le monde. Nous voyons la bénédiction de Dieu dans ces engagements en
nous découvrant de plus en plus capables de manifester une estime et un
respect constants pour l’autre, même quand nous nous débattons avec nos
limitations et nos défauts. Nous découvrons encore plus la bénédiction
de Dieu lorsque nous comprenons, de façon toujours renouvelée,
comment une alliance de couple peut améliorer et contribuer au bienêtre des autres, des proches, des étrangers, de l’Église et du monde.
Les personnes qui forment une alliance se promettent réciproquement,
à la communauté et à Dieu, que leur avenir commun va prendre
une forme spécifique, une forme dont ils sont prêts à prendre la
responsabilité, pas seulement vis-à-vis de leur partenaire d’alliance,
mais aussi plus largement vis-à-vis de la communauté.36 Si les canons
de l’Église Épiscopale décrivent le mariage comme l’union d’un homme
et d’une femme, le modèle du mariage peut nous aider à comprendre
d’autres types d’alliance, tels que les vœux de la vie religieuse ou
l’engagement de couples de même sexe. Dans toutes ces alliances, les
partenaires promettent d’être honnêtes et de rester fidèles l’un envers
l’autre quelles que soient les demandes en temps et énergie de leurs
autres obligations ou les engagements possibles avec d’autres personnes.
Les partenaires promettent de s’accompagner et de s’aider; ils s’engagent
à s’apporter un soutien mutuel pour le bien-être de l’autre. Ces relations
portent vitalité et fruits car elles contribuent à la prospérité humaine,
à l’intérieur comme à l’extérieur de la relation. La profondeur de
l’engagement d’alliance indique que c’est une vocation, une vie de
fidélité à laquelle certains sont appelés par Dieu et que Dieu bénit, pour
que, par sa grâce, cette bénédiction soit manifestée au monde.
En reconnaissant la bénédiction de Dieu et l’œuvre de l’Esprit dans les
relations à vie, l’Église célèbre avec à-propos ces moments de vocation
d’alliance. Cet appel divin, discerné par le couple et leur communauté
de foi, emmène l’Église plus loin dans la mission d’amour rédempteur
36 Voir Margaret A. Farley, Personal Commitments: Beginning, Keeping, Changing (New
York: HarperCollins, 1990).
42
Foi, espoir et amour
et sanctifié de Dieu dans le monde. Les chrétiens expriment cet appel
dans leur façon de vivre avec les autres. Deux aspects de cette façon de
vivre méritent ici une attention particulière: la fondation d’un foyer et
l’approfondissement d’une intimité fidèle.
La vocation du foyer
De nos jours, le foyer est le plus souvent associé au mariage et à
l’éducation des enfants, pourtant cela n’a pas toujours été le cas. L’histoire
de l’Église offre une vision plus large sur la manière dont un foyer peut
témoigner de l’Évangile. Puisque c’est en fait Dieu, et non un autre
être humain ou tout autre élément de la création, qui nous satisfait et
nous complète, certaines personnes sont appelées à ne pas se marier ou à
rester seule. Une vie de célibat, qui est différente d’une vie solitaire, peut
se vivre dans des foyers de différents types. Vivre ainsi peut permettre à
certains d’être plus disponibles en tant qu’amis et compagnons de route;
c’est souvent le cas pour ceux qui choisissent la vie religieuse, comme un
appel monastique. En effet, pendant la première partie de son histoire
(plus de mille ans), l’Église voyait dans les vœux de vie religieuse un
appel plus élevé que celui du mariage, une perception qui n’a vraiment
changé que durant la réforme protestante. Les formes diverses que
peut prendre une vie de célibat choisie peuvent offrir de meilleures
opportunités pour la contemplation, le service et la mission, ce que
certains voient comme un appel spécifique à une relation plus profonde
avec Dieu et le monde. Cela semble être la signification spirituelle que
Paul donne au fait de rester non marié (1 Corinthiens 7.25-32).
Paul discute aussi de la sexualité humaine en relation à notre alliance
de grâce avec Dieu en Christ dans le premier chapitre de sa lettre aux
Romains. Ce chapitre, particulièrement dans les versets 26-27, a été
utilisé pour soutenir la réticence de l’Église à embrasser l’engagement
d’amour fidèle des couples de même sexe et continue d’influencer les
conversations dans les communautés chrétiennes.
En interprétant ce passage, il est difficile de savoir précisément ce que
Paul entend par “contre nature” dans ces versets et à qui il adressait ces
inquiétudes.37 De façon significative, sa description des comportements
37 Voir L. William Countryman, Dirt, Greed, and Sex: Sexual Ethics in the New Testament
and Their Implications for Today, édition révisée (Minneapolis: Fortress Press, 2007),
119-123. Voir aussi Dale B. Martin, “Heterosexism and the Interpretation of Romans
1:18–32,” in Sex and the Single Savior: Gender and Sexuality in Biblical Interpretation
(Louisville: Westminster John Knox Press, 2006), 51-64. Certains interprètes ont remarqué
que Paul utilise la phrase souvent traduite par “contre nature” dans Romains 1 et Romains
11.24 pour décrire l’amour de Dieu sauvant les Gentils; voir William Stacy Johnson, A
Time to Embrace: Same-Gender Relationships in Religion, Law, and Politics (Grand
Rapids: Eerdmans Publishing Company, 2006), 98-99.
Foi, espoir et amour
43
sexuels dans le premier chapitre apparaît en relation directe avec sa
condamnation de l’idolâtrie. Pour Paul, la conséquence – et non la cause
– de la louange de faux dieux est une compréhension détournée de la
sexualité, de sa raison d’être et de ses buts (Romains 1.22-23). Dans le
monde gréco-romain du premier siècle, les détournements de la sexualité
dont Paul devait certainement être au courant comprenaient un éventail
de pratiques associées avec des cultes dédiés à des dieux et déesses de la
fertilité. Certains interprètes prétendent que ces rituels sectaires ont pu
inclure des autocastrations, des orgies alcoolisées et des rapports sexuels
avec des jeunes femmes et des jeunes hommes prostitués du temple.38
C’est avec raison que les chrétiens condamnent tous ces comportements
qui violent le corps humain, véritable temple du Saint-Esprit, comme
le rappelle Paul (1 Corinthiens 3.16-17). Qui plus est, disent certains
interprètes, ces soi-disant anciennes pratiques sectaires n’ont rien à voir
avec les couples chrétiens de même sexe d’aujourd’hui.39
Néanmoins, la compréhension plus large de Paul impose toujours
à l’Église un discernement et une évaluation continus de sa vie
quotidienne: une pratique religieuse appropriée correspond
directement à des relations sexuelles appropriées. Cette compréhension
peut encore mieux éclairer la recommandation de Paul aux chrétiens,
dans la lettre aux Corinthiens, de rester non mariés.
Au final, les relations sexuelles humaines, quelles qu’elles soient, ne
sont ni la raison d’être ni le but de la vie humaine. C’est plutôt l’union
avec Dieu en Christ qui est le but pour tous, y compris la création
entière, comme l’indique clairement le reste de la lettre de Paul aux
Romains (Romains 8.18-25). Au mieux, les relations humaines
peuvent nous rapprocher de cet accomplissement final. Les personnes
qui prennent la décision de rester non mariées nous montrent des
signes essentiels sur ce chemin spirituel auquel nous sommes tous
appelés, et sur lequel rien, y compris le mariage, ne devrait supplanter
notre dévotion à Dieu et au foyer de Dieu, l’Église.
D’autres types de relations nous apprennent que pour nous préparer à
vivre avec Dieu, Dieu peut nous attacher à quelqu’un pour la vie. Par
conséquent, certains (mais pas tous) engagements d’alliance se jouent
dans les foyers, ces lieux d’intimité où les personnes sont amenées à se
voir quotidiennement comme les plus proches des proches.40 Il est clair
38 Sur la controverse au sujet des anciens cultes de fertilité et les pratiques sexuelles qui y auraient
été associées, voir Robert A. Oden, Jr., The Bible Without Theology: The Theological Tradition
and Alternatives to It (San Francisco: Harper and Row, 1987), en particulier le chapitre 5,
“Religious Identity and the Sacred Prostitution Accusation,” 131-153.
39 Voir Martti Nissinen, Homoeroticism in the Biblical World: A Historical Perspective
(Minneapolis: Fortress Press, 1998), 103-113.
40 Thomas E. Breidenthal, Christian Households: The Sanctification of Nearness (Eugene,
Oregon: Wipf and Stock, 2004).
44
Foi, espoir et amour
que ce qui constitue le caractère et la forme d’un foyer a énormément
fluctué au fil du temps, des familles patriarcales et polygames de
l’ancienne Israël à la famille créée par Jésus entre sa mère et ses
disciples bien-aimés (Jean 19.26-27), en passant par la réorganisation
économique des relations familiales parmi les premiers croyants (Actes
4.32-37, 5.1-7). Comprendre ce que signifie le “foyer” et comment
des personnes peuvent avoir vocation à créer une alliance de foyer
est important, non seulement à la lumière des différences historiques,
mais aussi au vue du large éventail d’usage et d’organisation qui existe
aujourd’hui de par le monde en la matière.
Prendre en compte les changements culturels significatifs entre les
foyers de l’ancienne Israël et les familles nucléaires occidentales
d’aujourd’hui peut nous aider dans notre interprétation de deux
passages bibliques cités comme justifiant le rejet de l’amour fidèle de
couples de même sexe: Lévitique 18.22 et 20.13. Ces deux versets
appartiennent à une longue liste de restrictions alimentaires, de
commandements et de pratiques rituelles que l’on appelle souvent
“règlements saints du Lévitique.” Deux caractéristiques de l’ancienne
société israélite sont importantes à connaître pour interpréter ces
passages difficiles: le processus de construction pour Israël d’une
identité religieuse différente de celles des cultures voisines et la
hiérarchie de genre très stricte dans l’ancien monde méditerranéen.41
Lévitique 18.22 condamne les rapports sexuels entre hommes
et plus particulièrement le fait de traiter un homme comme une
femme. Le mot hébreu utilisé pour cette condamnation, traduit par
“abomination”, apparaît le plus souvent en référence aux pratiques
de cultes associées à des dieux étrangers; des condamnations similaires
des sacrifices d’enfants et de bestialité dans Lévitique 18 renforce la
connexion avec les rituels d’idolâtrie.42 Un autre point important est
que dans un système patriarcal, les privilèges masculins valent de
l’or. Les pratiques sexuelles reflétaient cette différence entre les sexes,
les hommes étaient censés avoir un rôle actif et les femmes un rôle
passif, perpétuant ainsi la dominance masculine dans toutes les autres
sphères de la vie culturelle et religieuse, et renforçant le fait que les
femmes étaient traitées comme étant la propriété des hommes. Les
41 Les éclairages des commentateurs et spécialistes juifs sur ces points et d’autres aspects
importants de l’interprétation biblique méritent une attention renouvelée de la part des
communautés chrétiennes. Voir, par exemple, Steven Greenberg, Wrestling with God and
Men: Homosexuality in the Jewish Tradition (Madison: University of Wisconsin Press,
2004); et Daniel Boyarin, Carnal Israel: Reading Sex in Talmudic Culture (Berkeley:
University of California Press, 1995).
42 Voir Nissinen, Homoeroticism in the Biblical World, 37-56. Paul devait certainement
connaître la connexion entre les règlements saints du Lévitique et les cultes idolâtres, ce
qui va dans le sens d’une interprétation du premier chapitre de Romains en référence à la
prostitution au temple.
Foi, espoir et amour
45
relations sexuelles dans le contexte de l’ancien Proche-Orient étaient
définies par qui avait le pouvoir sur qui. Donc, de ce point de vue, les
relations sexuelles entre hommes violaient les privilèges masculins et
perturbaient l’organisation patriarcale de la société.43
L’ancienne culture israélite, à laquelle les règlements saints du
Lévitique étaient censés s’appliquer, diffère grandement des idéaux
égalitaires vers lesquels tendent de nombreuses familles chrétiennes
de la culture moderne occidentale (et dans d’autres lieux).44 De la
même façon, les préoccupations partagées par les anciens Israélites et
par Paul sur le rejet des pratiques sexuelles liées à des cultes idolâtres
ne sont nullement applicables aux fidèles chrétiens qui s’identifient
comme gays ou lesbiennes. Néanmoins, ces différences historiques et
culturelles ne rendent pas ces passages bibliques caducs: les Écritures
continuent de témoigner de la primauté de la relation d’alliance avec
le seul Dieu vrai d’Israël, révélé pour les chrétiens dans la vie, la mort
et la résurrection de Jésus-Christ. Les Écritures nous invitent à faire de
cette alliance divine la priorité dans nos foyers, en tenant compte de
nos cultures.
Dans les foyers fondés par des couples mariés de sexes opposés
aussi bien que par des couples fidèles de même sexe, se conformer à
l’enseignement du Christ et tendre à une sainteté de vie se réalisent à
travers une responsabilité véritablement partagée. Le couple essaye
continuellement de situer leurs désirs dans le cadre des vœux et des
engagements qu’ils ont pris l’un envers l’autre. Vivre ensemble dans
un foyer peut apporter une stabilité qui rend possible la vulnérabilité
nécessaire pour se donner et recevoir.45 Dans un foyer, les membres
du couple deviennent l’un pour l’autre le plus proche des proches
afin qu’ils puissent grandir ensemble dans l’amour de Dieu. Le
foyer protège la pratique quotidienne, que Jésus encourageait, de la
découverte de sa vie en la donnant à autrui.
Pour les couples de même sexe comme pour les couples mariés de
sexes opposés, le foyer offre la structure pour le quotidien d’une
43 Jack Rogers, Jesus, the Bible, and Homosexuality: Explode the Myths, Heal the Church,
édition révisée (Louisville: Westminster John Knox Press, 2009), 68-69.
44 Le fait de traiter les femmes mais aussi les enfants comme étant la propriété des hommes,
ainsi que la pratique d’avoir des concubines et des esclaves dans les anciens foyers
méditerranéens, démontrent aussi ces différences. Voir Carol L. Meyers, “Everyday Life:
Women in the Period of the Hebrew Bible,” dans Women’s Bible Commentary, ed. Carol
A. Newsom and Sharon H. Ringe, expanded edition (Louisville: Westminster John Knox
Press, 1998), 251-59; Gale A. Yee, Poor Banished Children of Eve: Woman as Evil in
the Hebrew Bible (Minneapolis: Fortress Press, 2003), 29-58; et Amy L. Wordelman,
“Everyday Life: Women in the Period of the New Testament,” dans Women’s Bible
Commentary, 482-88.
45 Rowan Williams, “The Body’s Grace,” dans Our Selves, Our Souls and Bodies: Sexuality
and the Household of God, ed. Charles Hefling (Cambridge, MA: Cowley Publications,
1996), 58-68.
46
Foi, espoir et amour
intimité d’alliance: œuvrer pour répondre aux besoins de l’autre
et soutenir la famille, organiser le foyer et son couvert quotidien,
entretenir et partager les biens, prendre soin de l’autre dans la maladie
et la mort.46 Les foyers peuvent aussi bien être des écoles de vertu, de
pénitence et de réconciliation que des habitations de soutien mutuel
et de joie, des lieux pour entrevoir et approfondir notre expérience de
la présence de Dieu. Les personnes vivant seules, qui sont célibataires,
veuves ou divorcées, sont aussi appelées à vivre leur vocation
baptismale à travers l’amour, le service, l’accueil et la responsabilité
qu’elles déploient dans leurs relations au sein de l’Église et de leurs
communautés, et à travers leur service de prière pour autrui.
Un foyer fondé par un couple dans une relation d’alliance peut être
un rappel pour chacun d’entre nous de notre incorporation dans le
mystère pascal à travers le baptême, dans lequel nous sommes reçus
dans le foyer de Dieu et encouragés à “confesser la foi au Christ
crucifié, proclamer sa résurrection et… avoir part à son sacerdoce
éternel”.47 Dans leur foyer, les membres d’un couple font face aux
nombreuses façons dont leur foi participe à leur vie quotidienne. Ils
s’offrent quotidiennement l’un à l’autre afin de faire partie de la vie de
l’autre, mourant au péché et s’élevant à une nouvelle vie dirigée vers
l’amour du prochain et l’amour de Dieu. Dans ce don de soi et son
acceptation de l’autre, nous voyons le modèle plein de grâce de la vie
trinitaire de Dieu dans lequel nous sommes de plus en plus engagés et
transformés pour notre mission.
Dans le foyer, nous trouvons aussi une image de l’eucharistie. La
table du foyer autour de laquelle un couple en relation d’alliance se
retrouve évoque la table eucharistique autour de laquelle se retrouve
la communauté des croyants. Dans le foyer, comme pour la sainte
communion, le couple prend ce qui lui a été donné et l’offre à Dieu.
Ils sont nourris et bénis par ce qu’ils reçoivent et le Saint-Esprit leur
donne alors la capacité et le pouvoir d’être une bénédiction pour
autrui et pour Dieu. Dans le foyer, comme à la table eucharistique,
ce que Dieu a mis ensemble peut devenir un corps et l’Esprit peut
distribuer à de nombreux autres les dons d’un foyer. Dans le foyer,
les couples en relation d’alliance de même sexe ou de sexes opposés
s’efforcent d’imiter Jésus, qui s’est offert pour ceux qu’il aimait.
S’abandonner à l’amour et à l’engagement solidaire avec une autre
personne, pour le meilleur et pour le pire, dans la maladie et dans la
santé, jusqu’à ce que mort nous sépare, c’est donner corps et prendre
46 Voir Deirdre J. Good, Willis J. Jenkins, Cynthia B. Kittredge, and Eugene F. Rogers, Jr., “A
Theology of Marriage including Same-Sex Couples: A View from the Liberals,” Anglican
Theological Review 93:1 (Winter 2011): 63-64.
47 “Le Baptême”, LPC, 308.
Foi, espoir et amour
47
part quotidiennement à l’œuvre de réconciliation de Dieu en Christ.
Dans la vie intime des couples, le désir sexuel de l’un pour l’autre peut
être forgé dans un témoignage d’alliance de l’Évangile.
L’intimité dans la foi
Le passage du désir sexuel à une intimité dans la foi et un engagement
d’alliance marque un cheminement de vocation particulier, celui qui
pour les chrétiens mène de la passion de l’éros à l’affection de l’agape
pour le bien de l’Église et du monde. La réflexion théologique sur ce
cheminement commence par l’affirmation que le désir sexuel en soi est
quelque chose de bon. En effet, le désir sexuel est une métaphore du
désir de Dieu d’être en relation avec nous et la création dans son entier.
Les Écritures et la tradition chrétienne se servent de l’intimité sexuelle
pour montrer Dieu qui est Amour et qui est dans une relation d’amour
avec toute la création. La longue tradition de commentaire biblique du
Cantique des cantiques, par exemple, illustre la signification spirituelle
des relations sexuelles et la fécondité d’une réflexion théologique
sur l’engagement des couples dans l’intimité sexuelle.48 Dans cette
réflexion, nous pouvons réaliser et apprécier que “toute l’histoire de la
création, de l’incarnation et de notre incorporation dans notre union
au Corps du Christ nous dit que Dieu nous désire.” La bonne nouvelle
du désir de Dieu peut alors façonner nos engagements intimes et plus
largement la vie de la communauté chrétienne, afin que chacun puisse
se voir comme désiré, comme une “occasion de joie”.49
Le don de la sexualité humaine, établie par Dieu dans la création,
peut être une source de joie énergisante, nous rappelant dans notre
corps l’abondance que Dieu a voulue pour la création tout entière.
Dans le don de soi mutuel d’une relation sexuelle fidèle, nous pouvons
entrapercevoir le ravissement que Dieu manifeste pour chacun de
nous. Pourtant, le désir sexuel est aussi lourd de risque, car il nous
attire dans une relation de vulnérabilité, où ce ne sont pas seulement
les meilleurs et les plus beaux aspects de nous-même que nous offrons
à l’autre, mais aussi des aspects douloureux – ceux que nous préférons
souvent garder cachés et qui ont besoin de cicatriser. Le désir sexuel
et l’intimité nous rendent vulnérables afin que Dieu puisse utiliser nos
limites pour notre bien, en nous montrant que nous n’appartenons pas
à nous-même mais à quelqu’un d’autre.
48 David M. Carr, The Erotic Word: Sexuality, Spirituality, and the Bible (Oxford: Oxford
University Press, 2003). Voir aussi Douglas Burton-Christie, “Into the Body of Another:
Eros, Embodiment and Intimacy with the Natural World,” Anglican Theological Review
81:1 (Winter 1999): 13-37.
49 Williams, “The Body’s Grace,” dans Our Selves, Our Souls and Bodies, 59.
48
Foi, espoir et amour
Des relations fidèles d’intimité sexuelle peuvent aussi être l’occasion de
témoigner de l’amour de Dieu en formant des couples plus pleinement
à l’image du Christ. Dans le mariage, l’Église bénit et célèbre ces
relations comme étant potentiellement porteuses de la grâce de Dieu.
Aujourd’hui, beaucoup dans l’Église Épiscopale en sont venus à penser
que ceci est tout autant une vérité pour les couples de même sexe que
pour les couples de sexes opposés.50 D’autres, par contre, comprennent
différemment la doctrine de la création et pensent que le don de Dieu
de la sexualité humaine est seulement à l’intention des couples de sexes
opposés. Même les termes “de même sexe” et “de sexes opposés”
soulèvent des questions complexes, non seulement sur les plans
biologique, social et culturel, mais aussi et surtout biblique.
Genèse 1 et 2, par exemple, sont souvent cités pour soutenir deux
convictions pourtant sans lien: premièrement que la “complémentarité
des sexes” décrit la création par Dieu des êtres humains comme mâle
et femelle; et deuxièmement que cette complémentarité s’exprime
pleinement dans la procréation d’enfants au sein de mariage
monogame. Les nombreuses études bibliques disponibles sur ces
passages – aussi bien dans les traditions juives que chrétiennes –
nuancent ces deux convictions de façon importante.
Dans le premier des deux récits de la création (Genèse 1.26-27), la
différentiation des sexes est attribuée à l’ensemble de la race humaine
plutôt qu’à des individus, de la même façon que l’identité mâle et
l’identité femelle s’appliquent toutes deux à Dieu, l’humanité étant faite
à son image.51 De façon similaire, le commandement “Ayez des enfants,
devenez nombreux” (Genèse 1.28) est donné à l’espèce humaine, pas à
chaque individu. Si cela n’était pas le cas, les personnes “qui sont seules,
célibataires, ou qui pour quelque raison que ce fut n’ont pas d’enfants –
et cela inclut Jésus de Nazareth –”, seraient vues comme des “pécheurs
désobéissants.”52 Qui plus est, la fécondité d’un engagement d’amour et
de fidélité peut se révéler de bien des manières, pas seulement en ayant et
en élevant des enfants. Pour les couples de même sexe, comme l’a pointé
un évêque épiscopalien, “prendre soin de ceux qui sont déjà au monde
pourrait être une mission très bien remplie par ceux qui ne sont pas
concernés par le fait d’avoir des enfants”.53
50 To Set Our Hope on Christ, 8-9, 24-25.
51 Certains anciens commentaires talmudiques suggèrent, par exemple, que l’humain
d’origine partageait avec Dieu toutes les caractéristiques de genre possibles, qui furent
ensuite divisées entre “mâle” et “femelle”. Ce texte, en d’autres termes, soulève une foule
de questions que le texte lui-même ne couvre pas au sujet du genre et de la sexualité aussi
bien de l’humanité que de Dieu. Voir Howard Eilberg-Schwartz, ed., People of the Body:
Jews and Judaism from an Embodied Perspective (Albany: State University of New York
Press, 1992).
52 Johnson, A Time to Embrace, 115-16.
53 Marshall, Same-Sex Unions, 38.
Foi, espoir et amour
49
Le second récit de Genèse se réfère explicitement à la création
d’individus distincts (Genèse 2.7-22) et introduit quelque chose qui
n’est pas bon dans la création de Dieu: “Il n’est pas bon”, déclare Dieu,
“que l’être humain soit seul.”54 Ici, l’histoire porte son attention sur
l’importance du compagnonnage et non pas, comme dans le premier
récit, sur la procréation des enfants. De façon significative, la compagnie
que Dieu donne à l’homme solitaire n’est pas définie par sa “différence”
mais par une similarité. Dans ce passage, “l’accent n’est pas mis… sur
la ‘différence’ ou la ‘complémentarité’, pas du tout – en fait, c’est même
l’opposé. Quand Adam voit Ève, il ne se réjouit pas de sa différence
mais de sa similitude: ce qui le frappe c’est qu’elle est ‘les os de mes
os, la chair de ma chair.’” Réduire cette histoire aux côtés appropriés
ou non de parties anatomiques spécifiques, c’est ne pas voir l’aspect
poignant de ce récit: “Dieu voit la détresse de ce premier être humain
et intervient pour faire tout ce qui est nécessaire afin de lui donner une
compagne porteuse de vie et de soutien.”55 Plutôt que de se focaliser sur
le mariage, ces récits de la création affirment Dieu comme le créateur
de toute chose ainsi que “la priorité du compagnonnage humain”.56
Genèse 1 et 2 peuvent et doivent continuer à nourrir et stimuler le
témoignage fidèle de l’Église du Dieu révélé dans les Écritures. C’est ce
que font ces passages quand l’Église proclame que Dieu est le créateur
et que sa création est bonne, affirmant la dignité de chaque être
humain créé à son image. Cette affirmation reste vitale, notamment
pour embrasser la pleine humanité des femmes. La dignité très neutre
avec laquelle l’auteur biblique traite les hommes et les femmes dans
le récit de leur création est plus que remarquable au vu de la culture
patriarcale dans laquelle l’histoire a été écrite.57
De plus, Paul encourageait les chrétiens à lire le récit de la création de
Genèse à travers le prisme de la nouvelle création que Dieu a promise
54 Genèse 2.18 (sur la signification de la traduction de ce verset, voir Johnson, A Time to
Embrace, 114-115, 117).
55 Johnson, A Time to Embrace, 120.
56 Johnson, A Time to Embrace, 114.
57 William Stacy Johnson note, par exemple, que dans l’ancienne société méditerranéenne les
femmes étaient considérées certes comme des êtres humains, mais déficients, et étaient de
ce fait asservies aux hommes (A Time to Embrace, 275, n.16). De même, Dale B. Martin
rattache cet ancien point de vue de l’infériorité des femmes – des “hommes déficients” – à
la difficulté de traduire, sans même parler d’interpréter, deux mots grecs dans le Nouveau
Testament qui sont souvent cités lorsqu’on parle d’homosexualité. Ces mots apparaissent
dans 1 Corinthiens 6.9 et 1 Timothée 1.10. Les mots “sodomite” et “homosexuel”
apparaissent dans certaines traductions en anglais de ces versets, mais le sens du grec dans
les deux cas est obscure et insaisissable. Martin pense qu’il est très probable que ces mots
se référaient à des pratiques culturelles impliquant l’exploitation sexuelle (y compris le
viol) et des comportements efféminés, qui pour les hommes de cette société déclenchaient
inquiétude et dégoût (“Arsenokoitês and Malakos: Meanings and Consequences,”
dans Biblical Ethics and Homosexuality: Listening to Scripture, ed. Robert L. Brawley
[Louisville: Westminster John Knox Press, 1996], 117-36).
50
Foi, espoir et amour
en Christ, et dont les premiers fruits nous furent donnés quand Dieu
a ramené Christ d’entre les morts (1 Corinthiens 15.20-25). Vivant
dans cette promesse et anticipant son accomplissement, Paul poussait
les chrétiens de Galatie à regarder leur baptême comme l’effacement
des hiérarchies sociales et culturelles habituelles: “Vous tous, en effet,
avez été unis au Christ dans le baptême et vous vous êtes ainsi revêtus
de tout ce qu’il nous offre. Il n’importe donc plus que l’on soit juif ou
non-juif, esclave ou libre, homme ou femme; en effet, vous êtes tous un
dans la communion avec Jésus-Christ.” (Galates 3.27-28)58 Plutôt que
de mettre l’accent sur la différence des sexes, la foi fidèle des couples
ayant une intimité sexuelle peut contribuer au témoignage donné par
l’Église de la nouvelle vie que nous offre Dieu en Christ et à travers le
Saint-Esprit, que l’Église célèbre dans les “sacrements de la nouvelle
création”.59 Donc, pour les couples de même sexe comme pour les
couples de sexes opposés, la signification théologique et morale de leur
engagement d’alliance prend ses racines dans le mystère pascal.
Comme dans le baptême et la sainte communion, l’engagement
d’alliance d’un couple ayant une intimité sexuelle embarque leurs
corps dans une grande et difficile aventure: voir s’ils peuvent trouver
leur vie en Dieu en s’offrant mutuellement l’un à l’autre. Dans cette
alliance, deux personnes font vœu de se donner corps et âme l’une à
l’autre. Elles le font, en partie, pour vivre les promesses du baptême
tout en vivant le don de soi du Christ, tel qu’il est exprimé à la table
de la sainte communion: “Ceci est mon corps, donné pour vous.”
L’engagement à vie de l’alliance de couple peut, par la grâce de Dieu,
témoigner de l’amour de Dieu en reflétant l’alliance entre Christ et
l’Église. Cet engagement peut donc évoquer pour la communauté la
promesse même du mystère pascal mise en acte dans le baptême et la
sainte communion: nous sommes appelés plus loin dans la vie de Dieu
où nous apprenons que Son amour est plus fort que la mort.
Les couples ayant une intimité sexuelle peuvent aussi témoigner de
l’amour du prochain en s’aimant l’un l’autre, un amour qui demande
du temps et le soutien de la grâce de Dieu. Les couples engagés par
alliance peuvent donner à cet amour la forme non pas d’un tableau
figé mais d’un enseignement de vertu permanent dans lequel l’amour
du prochain est développé, transformé et tend vers la perfection. La
signification morale d’une relation d’alliance, c’est son potentiel à
amener chacun de ses membres au-delà de leurs limites humaines et à
58 Voir Dale B. Martin, Sex and the Single Savior: Gender and Sexuality in Biblical
Interpretation (Louisville: Westminster John Knox Press, 2006), 77-90.
59 Parmi les nombreuses références au sujet de cette connexion entre la vie sacramentelle
de l’Église et la promesse divine de la nouvelle création, voir Herbert McCabe, The New
Creation (London: Continuum, 2010), texte dans lequel il se réfère aux sacrements de
l’Église comme des “mystères de l’unité humaine” dans la mesure où nous sommes, à
travers les sacrements, incorporés dans la nouvelle création de Dieu (xii).
Foi, espoir et amour
51
accepter de se rendre vulnérable à l’autre. Un engagement d’alliance
défie et inspire chaque partenaire à s’offrir l’un à l’autre en vivant
ensemble la relation du Christ avec l’Église (Éphésiens 5.21-33).
Les membres d’un couple s’encouragent mutuellement à avancer
et s’épanouir, dans la mesure de nos limites humaines que Christ a
assumé pour notre bien: les limites de la mortalité et du corps. Nos
désirs, y compris nos désirs sexuels, “peuvent être un rappel intense et
déstabilisant de notre disponibilité radicale à l’autre. Comme l’amour
parental ou la simple compassion, le désir sexuel peut faire que notre
cœur ‘appartient’ à quelqu’un d’autre… Ce désir brise toutes les
illusions que nous pouvions avoir sur notre capacité à choisir quand et
si nous devrions nous connecter aux autres; en effet, il est en lui-même
une preuve que notre relation fondamentale aux autres est une relation
de connexion.”60
Se donner à un autre, comme Christ s’est donné pour le monde,
demande du temps et la volonté de prendre le risque de la vulnérabilité
inhérente à l’engagement d’amour. Le processus du désir sexuel
vers l’intimité puis vers l’engagement commence lorsque nous nous
donnons à l’autre dans une relation fidèle et se continue jusqu’au
moment de l’engagement, où nous remettons nos vies à Dieu. Ce
cheminement correspond au processus délibéré de toute une vie qui,
avec obéissance et foi, produit les fruits de l’Esprit et une sainteté
visible. Pour le bien à la fois du couple et de l’Église, Dieu bénit cet
engagement intime d’amour. Cette bénédiction, en retour, rend le
couple capable de remplir leur ministère dans le monde et donne à
l’Église de l’énergie pour sa mission.
Bénédiction mutuelle et fécondité
Pour nous, chrétiens, toutes nos relations – en tant qu’individu,
que foyer ou que couple intime – sont des occasions de vivre plus
pleinement notre alliance baptismale et de participer toujours plus au
mystère pascal de la mort et la résurrection du Christ représenté à la
table de la sainte communion. L’engagement que nous montrons dans
nos relations – aimer notre prochain comme nous-même et comme
Dieu aime chacun d’entre nous en Christ – devient alors une source de
bénédiction pour l’ensemble de l’Église.
Ce cadre général des relations d’alliance dans la vie de l’Église nous
permet de réfléchir sur le sens des nombreuses formes d’alliances avec
lesquelles l’Église est bénie – l’ordination, les vœux monastiques,
60 Thomas Breidenthal, “Sanctifying Nearness,” dans Theology and Sexuality: Classic and
Contemporary Readings, ed. Eugene F. Rogers, Jr. (Oxford: Blackwell, 2002), 345.
52
Foi, espoir et amour
le mariage et aussi les relations de même sexe. La bénédiction de
toute relation est une bénédiction non seulement pour les personnes
dans cette relation mais aussi, à part égale, pour la communauté qui
les entoure. Cette bénédiction mutuelle se voit de bien des façons,
notamment car elle permet à ceux qui sont engagés dans une telle
relation de manifester les fruits de l’Esprit (Galates 5.22-23), qu’ils
n’auraient peut-être pas manifestés en dehors de cette relation.
Discerner ces dons de l’Esprit dans une relation est une des raisons
pour lesquelles une communauté de foi bénit cette relation.
Qui plus est, prononcer une bénédiction peut devenir une occasion
importante pour approfondir le processus de sanctification. De
nombreux couples le désirent – et en ont besoin. Dieu peut se servir de
la vulnérabilité de l’intimité et du don de soi à l’autre pour exposer nos
faiblesses, nous rendre meilleur, nous distinguer et encourager notre
développement moral. L’Église quant à elle peut témoigner du travail
de sanctification de l’Esprit quand Dieu transforme l’énergie de l’éros
en vertus de foi, d’espoir et d’amour.
Une bénédiction change un couple en les rendant plus conscients de
la grâce de Dieu et du fait qu’ils sont missionnés par l’Église pour
témoigner du mystère pascal. Une bénédiction change aussi l’Église:
la sainteté de vie est rendue plus visible, la communauté prend la
responsabilité de soutenir le couple dans leur développement au sein
du travail de sanctification de l’Esprit.
Former un engagement d’alliance avec un autre être humain est une
des façons pour les chrétiens de vivre notre appel baptismal dans le
monde. Les foyers des relations d’alliance sont modelés par des vies
consacrées au service, à la compassion, la générosité et l’hospitalité:
ainsi la grâce rencontrée à la table de la sainte communion est toujours
plus manifestée dans le monde. Donc, la fécondité d’une relation
d’alliance et la bénédiction qu’elle offre à l’Église appartiennent à la
mission de l’Église de témoignage permanent des Évangiles de JésusChrist et à notre espoir d’union avec Dieu. Ceci est la source même de
notre désir de communion avec autrui.
Foi, espoir et amour
53
4. Le défi de l’Église: unité chrétienne
et interprétation biblique
O Dieu, Père de notre Seigneur Jésus-Christ, notre unique
Sauveur, le Prince de la paix: Que ta grâce nous aide à prendre
conscience des dangers que nous font courir nos malheureuses
divisions. Fais disparaître les préjugés, les haines, et tout ce
qui peut empêcher la concorde et l’union telles que tu les
veux. Comme il n’y a qu’un seul Corps et qu’un seul Esprit,
une seule espérance à laquelle nous sommes appelés, un seul
Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père
de tous, donne-nous de n’avoir qu’un cœur et qu’une âme et
d’être unis par un même lien de vérité et de paix, de foi et de
charité, pour que, d’un même cœur et d’une seule voix nous te
rendions gloire. Par Jésus le Christ, notre Seigneur. Amen.
— “Pour l’unité de l’Église”, LPC, 818
L’unité chrétienne avec Dieu et les uns avec les autres en Christ est un
don précieux; de même nos différences entre croyants sont des dons à
honorer, car ces différences appartiennent à l’ordre de la création de Dieu.
À travers ces dons, nous sommes équipés pour “faire croître le corps
du Christ, de cette façon nous parviendrons tous ensemble à l’unité de
la foi dans la connaissance du Fils de Dieu” (Éphésiens 4.12-13).
Le Livre de la prière commune (1979) encourage les épiscopaliens
à prier pour l’unité chrétienne en se référant à la lettre de Paul aux
Éphésiens. Cette lettre nous rappelle que nos liens d’affection sont
enracinés non pas dans nos propres efforts mais dans le don gracieux
de Dieu du baptême. Il y a un seul Corps et un seul Dieu. Il y a un seul
baptême, par lequel nous sommes connectés – cœur, âme et esprit – les
uns aux autres (Éphésiens 4.5). Mais surtout, comme la prière citée
plus haut nous le rappelle, cette unité baptismale sert l’appel chrétien à
louer et glorifier Dieu.
54
Foi, espoir et amour
Dans le baptême, Dieu nous lie à Dieu en nous liant aux autres,
différents de nous, attachant inextricablement notre salut au salut
des autres. De plus, le don divin d’unité ne s’appuie en rien sur
l’uniformité. Nous ne sommes pas unis les uns aux autres par choix,
mais parce que Dieu nous a unis les uns aux autres.61 Le lien que nous
partageons dans le baptême nous laisse l’espace nécessaire pour être
en désaccord les uns avec les autres dans la mesure où nous respectons
les liens d’affection que nous partageons en tant que membres du
foyer d’amour et de grâce de Dieu. Nous vivons cette unité en étant
assidus “à l’enseignement des Apôtres, à la communion fraternelle,
à la fraction du pain et aux prières”.62 Nous ne pouvons pas vivre
ce don seul, mais avec “des supplications qu’aucune parole ne peut
exprimer”, l’Esprit “nous vient en aide dans notre faiblesse” (Romains
8.26). Lentement, l’Esprit prend, offre et transforme toutes les prières
de ceux en désaccord les uns avec les autres pour en faire des occasions
de manifester de façon plus visible le Corps du Christ dans le monde
et dans l’Église. Dans ce processus permanent de sanctification, nous
proclamons que nous sommes marqués comme appartenant à Christ
pour toujours en tant que membres du Corps du Christ.63 Cette réalité
fondatrice de notre vie partagée nous envoie dans le monde comme des
témoins de l’amour réconciliateur du Christ.64
Les défis à relever pour rendre le don de Dieu d’unité de plus en plus
visible apparaissent, par exemple, dans le Nouveau Testament au sujet
des divisions dans l’Église corinthienne (1Corinthiens 3.1-9), dans le
rappel de Paul aux Romains que le corps comporte des membres très
divers (Romains12.3-8), et peut-être plus particulièrement dans le
baptême par Paul de non-juifs, ce qui provoqua un débat avec Pierre sur
la manière d’interpréter les Écritures dont ils avaient hérité. Paul rapporte
ce désaccord dans sa lettre aux Galates (2.2-21). La vision de Pierre
(Actes 10.9-16) avant de rencontrer Corneille, un centurion romain, et
d’échanger avec d’autres Gentils, l’a poussé à déclarer que personne ne
devrait être appelé “impur ou indigne” (Actes 10.28) et à encourager
les autres apôtres à ne pas refuser les eaux du baptême à ceux qui ont
reçu le Saint-Esprit tout comme eux (Actes 10-47). L’inclusion des
Gentils qui n’avaient pas respecté les lois alimentaires dans la maison
du Dieu d’Israël renversait des siècles d’interprétation biblique.
61 Voir Thomas E. Breidenthal, “Communion as Disagreement,” dans Gays and the Future
of Anglicanism: Responses to the Windsor Report, ed. Andrew Linzey and Richard Kirker
(Ropley, UK: O Books, 2005), 188-198.
62 “Alliance baptismale”, LPC, 304.
63 La place centrale du baptême dans notre vie commune a été défendue par une série de
responsables anglicans, en commençant par Thomas Cranmer et aussi F.D. Maurice et
William Reed Huntington. Comme Paul Avis le décrit, l’ecclésiologie anglicane repose
sur l’insistance que “ce qui nous unit au Christ [c’est-à-dire le baptême] est tout ce qui
est nécessaire pour nous unir, sacramentellement, les uns aux autres.” (The Identity of
Anglicanism: Essentials of Anglican Ecclesiology [London: T&T Clark, 2007], 111).
64 Sur l’ecclésiologie baptismale, voir Weil, A Theology of Worship, 22-28.
Foi, espoir et amour
55
À travers l’histoire de l’Église, les chrétiens ont fait tout leur possible
pour suivre la pratique apostolique de délibération éclairée par la
prière et les Écritures et pour discerner la volonté de Dieu – “ce qui
est bien, ce qui lui est agréable et ce qui est parfait” (Romains 12.2)
– dans chaque époque et chaque lieu. En tant que Corps du Christ,
notre appel fondamental est de vivre ensemble non seulement lorsque
nous sommes d’accord dans notre discernement, mais aussi lorsque
l’Esprit amène de fidèles chrétiens à avoir plusieurs points de vue.
Différentes interprétations des Écritures sont possibles, tant qu’elles
nous conduisent à aimer Dieu et nous aimer les uns les autres.65
La résolution 2009-C056 de la Convention générale reconnaît
les différences d’opinion au sein de l’Église Épiscopale au sujet
de l’interprétation des Écritures et des couples de même sexe. Ces
ressources théologiques ont présenté des interprétations de certains
des passages bibliques les plus difficiles pour soutenir la bénédiction
d’alliance de couples de même sexe tout en comprenant que certains
membres de l’Église Épiscopale continuent d’avoir une lecture
différente de la Parole de Dieu dans ces passages. Nous avons tout à
apprendre des Écritures et des uns des autres. L’Esprit nous baptise
tous au nom de Jésus, qui est lui-même la Parole de Dieu et le
Seigneur des Écritures. En accord avec le Christ, nous reconnaissons
et respectons ces différences parmi nous, avec l’espoir fervent que
ces désaccords au sujet de textes bibliques n’aient pas besoin de
diviser l’Église.66 Les chrétiens anglicans, ainsi que des chrétiens de
nombreuses autres communions et d’autres périodes historiques, ont
découvert encore et encore comment la grâce de Dieu en Christ offre
un chemin vers l’unité, même au milieu de désaccords profonds.67
Aujourd’hui, nos désaccords se posent dans un contexte plus large, un
contexte dans lequel nous sommes d’accord au sujet de l’interprétation
65 Augustin d’Hippone pensait que le commandement de la Genèse “soyez féconds et
multipliez-vous” (1.22-28) s’appliquait non seulement à la procréation des enfants mais
aussi à la prolifération des interprétations des Écritures. Augustin pensait aussi qu’il y avait
des limites aux interprétations multiples: aucune interprétation des Écritures ne pouvait
être considérée comme étant en accord avec l’éthique chrétienne si elle contrevenait au
commandement d’aimer Dieu et son prochain. Voir Dale B. Martin, Pedagogy of the Bible:
An Analysis and Proposal (Louisville: Westminster John Knox Press, 2008), 59, 83-84.
66 Rowan Williams a remarqué, par exemple, que dans notre histoire anglicane commune les
auteurs se sont souvent tournés vers “une patience soutenue par la spiritualité et informée
par la théologie” alors que la chrétienté anglicane continue de grandir et changer. Ces
auteurs, dit Williams, “ne s’attendent pas à ce que les mots humains résolvent rapidement
leurs problèmes, ils ne s’attendent pas à ce que la Bible révèle ses trésors en un jour… Ils
savent que, en tant que chrétiens, ils vivent parmi une immensité de sens, ils vivent suite à une
action divine qui défie toute explication. Ils partent du principe que le croyant est toujours en
train d’apprendre.” (Anglican Identities [Cambridge, MA: Cowley Publications, 2003], 7).
67 L’histoire de l’Église regorge d’exemples, mais pour des illustrations tirées de l’histoire
anglicane, voir William L. Sachs, The Transformation of Anglicanism: From State Church
to Global Communion (Cambridge: Cambridge University Press, 1993), en particulier le
chapitre 4, “The Struggle to Define the Church and its Belief,” 120-63.
56
Foi, espoir et amour
biblique: l’amour et la grâce salvatrices de Dieu en Christ nous appellent à
être un peuple saint, vivant dans la foi et traitant le corps humain comme
le temple du Saint-Esprit, alors que nous faisons tout notre possible, avec
l’aide de Dieu, pour accomplir nos vœux baptismaux de “chercher et servir
Christ en toute personne”, d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, de
“se battre pour la justice et la paix pour tous” et de “respecter la dignité
de chaque être humain”.68 Dans ce désaccord, l’amour avec lequel nous
nous traitons les uns les autres doit prendre pour modèle l’amour de Dieu
pour son peuple, ainsi que sur la vie et le ministère de Jésus lui-même.
Les Écritures offrent peu d’éléments qui pourraient s’appliquer aux
notions modernes d’orientation sexuelle et les auteurs bibliques ont
donné relativement peu d’attention à la question des couples de même
sexe. Les spécialistes bibliques sont divisés au sujet de la traduction et
de l’interprétation des textes les plus souvent cités sur la question.69
Certains maintiennent que ces textes interdisent sans équivoque des
relations entre personnes du même sexe; d’autres argumentent que ces
textes ne se référent pas aux relations entre personnes de même sexe
telles que nous les percevons aujourd’hui et que chaque passage doit
être interprété dans son propre contexte historique et littéraire.70
Des désaccords similaires sur l’interprétation biblique ont marqué la
vie de l’Église au cours de l’histoire. Les chrétiens ont débattu pendant
des siècles pour savoir si les Écritures encourageaient ou non une
vision de la vie religieuse consacrée comme un appel plus élevé que
celui du mariage. Les Églises ont été en désaccord sur la condamnation
biblique de “l’usure”, qui désignait à l’origine la pratique de demander
des intérêts sur de l’argent emprunté, afin de savoir si cela devait
s’appliquer aux systèmes économiques actuels. Les réformateurs
protestants n’étaient pas d’accord sur les interprétations bibliques de
l’eucharistie, ou même sur le fait de savoir si certains livres bibliques
devaient rester dans le canon des Écritures. Les réformateurs anglais
ont débattu de points de vue bibliques divergents concernant les
vêtements sacerdotaux, la musique d’Église, la relation entre l’Église et
l’État, la théologie sacramentelle et le rôle des ministres consacrés.71
68 “Alliance baptismale”, LPC, 305.
69 Ces textes sont: Genèse 1-2, Genèse 19, Lévitique 18.22 et 20.13, Romains 1,
1 Corinthiens 6.9, 1 Timothée 1.10, et Jude 7.
70 Une présentation de ces positions se trouve dans un numéro de Anglican Theological Review
consacré au mariage de couples de même sexe; “deux interprétations de la foi doctrinale et
scripturale en désaccord fondamental l’une avec l’autre” y sont présentées (Ellen T. Charry,
“Preface,” Anglican Theological Review 93:1 [Winter 2011]: xiv). Les deux principaux
essais de ce numéro ont pour origine un projet commissionné par la Chambre des évêques de
l’Église Épiscopale, pour être revus par le Comité de théologie de la Chambre des évêques.
71 Pour un historique des différentes façons dont l’Église a abordé des passages bibliques
difficiles, voir John L. Thompson, Reading the Bible with the Dead: What You Can Learn
from the History of Exegesis That You Can’t Learn from Exegesis Alone (Grand Rapids:
Eerdmans Publishing Company, 2007).
Foi, espoir et amour
57
L’Église Épiscopale a débattu sur la façon d’interpréter les Écritures au
regard des changements culturels, que cela soit concernant les réformes
économiques, le divorce et le remariage, ou la contraception.72 La
pratique de l’esclavage et le rôle des femmes sont deux domaines
pour lesquels l’éloignement du texte biblique a été particulièrement
controversé. Au XIXe siècle, les chrétiens, y compris les épiscopaliens,
ont abondamment utilisé la Bible pour justifier l’institution de
l’esclavage, en particulier aux États-Unis.73 En 1863, par exemple,
l’évêque président John Henry Hopkins du Vermont publiait un article
intitulé “Le point de vue de la Bible sur l’esclavage”, qui défendait
l’esclavagisme comme étant “complètement autorisé aussi bien dans
l’Ancien que le Nouveau Testament”, et le définissant comme “une
servitude à vie, s’étendant à la descendance”.74
Le combat pour ordonner des femmes dans l’Église Épiscopale a
aussi impliqué de profonds conflits sur l’interprétation biblique. Les
sympathisants de l’ordination des femmes basaient leurs arguments sur
la promesse des Évangiles de liberté et de complétude pour tous, alors
que les opposants pensaient que la masculinité des disciples nommés
dans le Nouveau Testament établissait une tradition inaltérable d’un
clergé masculin.75
L’Église Épiscopale a fini par changer ses positions sur l’esclavage
et l’ordination des femmes. Dans les deux cas, la diversité des
approches des Écritures ont rendu ces décisions contentieuses.
De sérieuses questions continuent d’être posées sur la façon dont
nous comprenons l’autorité des Écritures, pas seulement en ce qui
concerne l’esclavage et le statut des femmes, mais aussi, maintenant,
les couples de même sexe. Ces trois sujets ont menacé de diviser
l’Église. Aujourd’hui, personne ne justifierait plus l’institution
de l’esclavage, mais la Communion anglicane à travers le monde
continue d’avoir des désaccords en ce qui concerne l’ordination
des femmes et la bénédiction des couples de même sexe. Comme
les générations précédentes de croyants qui ont débattu de façon
similaire, nos désaccords actuels n’ont pas besoin de compromettre
notre témoignage commun de la Bonne Nouvelle de Dieu en Christ,
en attendant ce jour où notre connaissance aujourd’hui partielle sera
72 Pour un aperçu des défis posés par l’interprétation biblique sur un large échantillon de
problèmes éthiques dans l’Église Épiscopale, voir Robert E. Hood, Social Teachings in the
Episcopal Church (Harrisburg: Morehouse Publishing, 1990).
73 Stephen R. Haynes, Noah’s Curse: The Biblical Justification of American Slavery (New
York: Oxford University Press, 2002).
74 John Henry Hopkins, “Bible View of Slavery,” Papers from the Society for the Diffusion of
Political Knowledge, no. 8 (1863): 132, 117; voir aussi John Henry Hopkins, A Scriptural,
Ecclesiastical, and Historical View of Slavery, From the Days of the Patriarch Abraham, to
the Nineteenth Century (New York: W. I. Pooley and Co., 1864), 6.
75 Pamela W. Darling, New Wine: The Story of Women Transforming Leadership and Power
in the Episcopal Church (Cambridge, MA: Cowley Publications, 1994), 149.
58
Foi, espoir et amour
complète (1 Corinthiens 13.12) et que Dieu sera “tout en tout”
(1 Corinthiens 15.28).
L’espoir que nous partageons de ce jour d’accomplissement final
en Christ n’efface donc pas le défi de vivre aujourd’hui dans le don
d’unité de Dieu. Pour la plupart des chrétiens, cela veut dire noter
attentivement les limites des différences acceptables; au-delà de ces
limites, la revendication d’unité chrétienne deviendrait difficile, voire
impossible à tenir. Le défi n’est alors pas de savoir si des limites à nos
différences existent, mais comment discerner quand nous franchissons
ces limites, et sur quels types de question (doctrinale, morale ou
liturgique, par exemple) nous pouvons avoir des croyances différentes
tout en restant en communion.76 Dans le débat sur les couples de
même sexe et l’interprétation biblique, les chrétiens anglicans sont en
désaccord sur le processus de discernement. Certains épiscopaliens
sont arrivés à la conclusion que bénir ces couples passait les limites de
la différence acceptable et, agissant en fonction de leur conscience, ont
quitté l’Église Épiscopale, alors que d’autres sont en désaccord mais
ont choisi de rester. Notre Église continuera à vivre avec des approches
diverses des Écritures sur cette question.
À un moment pivot dans l’histoire des premiers croyants, raconté dans
Actes 15, la possibilité d’inclure les Gentils dans la famille chrétienne
déclencha une controverse considérable. Aujourd’hui, l’importance de
ce moment historique n’est pas tant dans les différences entre les Juifs
et les Gentils du premier siècle, mais dans le processus de délibération
par la prière adopté par ces premiers croyants. Face à un risque réel
de division irréparable, les Apôtres ont cherché une façon d’honorer
la place centrale des Écritures tout en restant attentif à l’avancée de
l’Esprit parmi eux.
Les Actes des Apôtres racontent que certains croyants de la secte des
Pharisiens insistaient sur le fait que les hommes ne pouvaient pas être
sauvés à moins d’être circoncis et de suivre les lois de Moïse (Actes
15.5). Quand les Apôtres et les anciens de Jérusalem ont considéré
cette question, Pierre (qui avait été convaincu par le point de vue de
Paul) confirma l’œuvre du Saint-Esprit parmi les Gentils: “Et Dieu,
qui connaît le cœur des humains, a attesté qu’il les accueillait en
leur donnant le Saint-Esprit, aussi bien qu’à nous. Il n’a fait aucune
différence entre eux et nous: il a purifié leur cœur parce qu’ils ont
cru.” (Actes 15.8-9) Jacques considéra ce témoignage et en conclut que
le travail de l’Esprit poussait à reconsidérer les Écritures et à étendre la
portée des Évangiles pour inclure les Gentils (Actes 15.13-21).
76 Pour plus d’observations concernant les sujets essentiels à la vie chrétienne et ceux sur
lesquels nous pouvons avoir de légitimes divergences d’opinion, voir To Set Our Hope on
Christ, 49-52.
Foi, espoir et amour
59
Actes 15 est un des passages bibliques clefs dans lequel la vision du
peuple de Dieu est élargie afin de voir la nouveauté qu’apporte Dieu
(Ésaïe 43.18-21), leurs hypothèses sont bousculées par l’apparition de
l’Esprit de Dieu là où ils ne l’attendaient pas (Nombres 11.26-29; Joël
2.28) et par les saisissants premiers fruits de la nouvelle création de
Dieu qui a ressuscité Jésus d’entre les morts (1 Corinthiens 15.20-25).
En eux-mêmes, ces tournants bibliques ne suffiront pas à éteindre le
désaccord d’aujourd’hui, pourtant ils encouragent ce même processus
apostolique de délibération dans la prière: s’appuyer sur la place
centrale des Écritures tout en restant attentif à l’œuvre de l’Esprit
parmi nous.77
L’Église Épiscopale a écouté avec la plus grande attention l’Esprit
au sujet de l’esclavage et de l’ordination des femmes. Nous sommes
appelés aujourd’hui à écouter les récits de sanctification et de sainteté
de couples de même sexe et à discerner et témoigner de l’œuvre de
Dieu dans leur vie. Alors que nous écoutons, nous nous en remettons
à l’Esprit qui, comme Jésus l’a promis, nous guidera plus loin dans
la vérité (Jean 16.13), en priant comme Christ l’a lui-même fait pour
l’unité des uns avec les autres en Dieu (Jean 17.11) et en bénissant
Dieu pour son abondance de bien en Christ afin que, avec Paul, nous
puissions partager toujours plus les grâces de l’Évangile (1 Corinthiens
9.23).
77 Voir Stephen E. Fowl, “How the Spirit Reads and How to Read the Spirit,” dans Engaging
Scripture: A Model for Theological Interpretation (Malden, MA: Blackwell Publishing,
1998), 97-127; Jeffrey S. Siker, “How to Decide? Homosexual Christians, the Bible, and
Gentile Inclusion,” Theology Today 51:2 (July 1994): 219-34; et Rogers, Jesus, the Bible,
and Homosexuality, 89-90.
60
Foi, espoir et amour
Le droit canonique de
l’Église et le droit des États américains
61
62
L’impact du droit civil sur les bénédictions de l’Église
Cet essai est le produit d’un groupe de travail formé à la demande de
la Commission en charge de la liturgie et de la musique afin de fournir
un état des lieux analytique des difficultés canoniques et légales liées à
la bénédiction de couples de même sexe par l’Église.78 Dans le cadre de
l’étude de ces ressources par l’Église Épiscopale, nombreux sont ceux
qui voudront savoir de quelle façon le droit civil affecte l’Église. Est-ce
que les lois des États limitant le mariage civil à des couples de sexes
opposés peuvent présenter des problèmes ou des risques pour l’Église
Épiscopale et le clergé épiscopalien qui célèbrent la liturgie?
En étudiant cette question pour la Commission, nous sommes arrivés
à la conclusion que le Premier amendement de la Constitution des
États-Unis interdit à tout État d’appliquer une loi empêchant les
bénédictions de couples de même sexe. Le Premier amendement
de la Constitution des États-Unis, qui s’applique aussi bien au
gouvernement fédéral qu’aux États, affirme que:
Le Congrès ne fera aucune loi pour conférer un statut
institutionnel à une religion, interdire le libre exercice d’une
religion, restreindre la liberté d’expression, ni la liberté de la
presse, ni le droit des citoyens de se réunir pacifiquement et
d’adresser à l’État des pétitions pour obtenir réparation de
torts subis.
Quelque trente-cinq États définissent le mariage comme étant
entre un homme et une femme; ces États empêchent expressément
la reconnaissance d’un mariage de couple de même sexe obtenu
légalement dans un autre État ou un autre pays. Des recherches
préliminaires indiquent que ce scénario juridique est habituel parmi
les États interdisant et ne reconnaissant pas les mariages de couples de
même sexe. Le langage statutaire ou constitutionnel utilisé varie, mais
le résultat visé est le même.
Du moment que, dans ces États, le clergé bénit une alliance de couple
de même sexe et ne prétend pas établir un mariage civil, les avocats de
l’Église ne voient aucune possibilité que des poursuites criminelles ou
autres actions adverses de l’État contre un membre du clergé ou son
Église aboutissent. La raison en est que bénir une alliance de couple est
un acte de foi religieux, alors qu’établir un mariage civil (en officiant
lors d’une “cérémonie civile” et en signant une licence de mariage)
est un acte officiel en tant qu’agent de l’État. Une jurisprudence bien
78 Cet essai sur le droit canonique et civil est présenté pour être étudié et comme une
ressource pour les chanceliers diocésains et autres personnes intéressées; nous y proposons
une interprétation du droit canonique et civil que nous pensons cohérente mais avec
laquelle certains peuvent être en désaccord.
Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains
63
établie du Premier amendement fait clairement la différence entre les
deux actes et protège le premier.
Le Livre de la prière commune et le canon I.18.1 exigent du clergé
épiscopalien de se conformer aux lois de leur État concernant le
mariage civil. Les conséquences disciplinaires sont clairement définies
si un membre du clergé épiscopalien célèbre une cérémonie de
mariage civil et signe une licence de mariage d’État pour un couple
non autorisé à se marier dans cet État; et il pourrait s’y ajouter des
conséquences juridiques civiles. Par contre, célébrer une bénédiction
de couple de même sexe en utilisant une liturgie autorisée par l’Église
ne serait pas contraire aux lois canoniques ou au Livre de la prière
commune – en partant du principe que la liturgie n’utiliserait pas le
texte du rite de mariage du Livre de la prière commune. Et en partant
aussi du principe que le membre du clergé n’essaye pas de créer un
mariage civil contraire aux lois canoniques et aux lois de l’État.79
La conclusion et les hypothèses ci-dessus restent identiques si la
bénédiction a lieu dans le diocèse d’un État interdisant le mariage civil
de couples de même sexe, même si le couple de même sexe est déjà
marié ou a déjà contracté une union civile dans un État où le mariage
des couples de même sexe est légal.
Certains États non seulement interdisent (ou ne reconnaissent pas) les
mariages de couples de même sexe, mais ils ne donnent pas non plus
de statut légal aux couples de même sexe ayant contracté un mariage
ou une union civile dans un État où cela est légal. Nos analyses et
conclusions s’appliquent aussi à ces États de “non-reconnaissance”.
Les membres laïcs et du clergé de l’Église ayant des questions ou
des préoccupations au sujet de conséquences spécifiques ou sur
l’application d’une loi concernant le mariage ou l’union civile dans
leur État devront chercher conseil auprès de leur évêque.
Les conditions du canon du mariage selon le contexte des différents États
La discussion qui suit sur le “canon du mariage” (canon I.18) explore
plusieurs scénarios de couples de même sexe demandant à bénéficier
de la liturgie proposée et développée en réponse à la résolution
2009-C056 de la Convention générale et/ou d’un mariage civil. Sont
79 Le Canon I.18.2(b) décrit le mariage comme étant “l’union physique et spirituelle d’un
homme et d’une femme”. La structure et certaines parties du Canon I.18 semblent
considérer que si le membre du clergé officie à un mariage civil, il ou elle célèbre aussi un
mariage religieux, alors qu’en fait ce sont deux actes séparés et distincts.
64
Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains
considérées ici les différentes possibilités aussi bien dans les diocèses
qui permettent la bénédiction d’union ou de mariage de couples de
même sexe que dans ceux qui l’interdisent.
Le canon du mariage
Le “canon du mariage” est le canon I.18, “De la célébration du
mariage”. La section 1 du canon demande au clergé de se conformer
aux (i) lois civiles sur le mariage de leur État (“devra se conformer aux
lois de l’État concernant le statut du mariage civil”) et aux (ii) “lois de
cette Église concernant la célébration du mariage”.
La section 2 inclut cinq conditions devant être vérifiées par un membre
du clergé avant de célébrer un mariage. Cette section ne fait pas
toujours la distinction entre le fait d’officier à un mariage civil en tant
qu’agent de l’État et le fait de célébrer un mariage religieux à partir
de la “Célébration et bénédiction d’un mariage” du Livre de la prière
commune. La structure et certaines parties du texte du canon semblent
considérer que le célébrant remplit ces deux actions et non pas l’une
ou l’autre.
Les cinq conditions sont:
(a) les deux personnes ont le droit de contracter un mariage au
regard des lois de l’État;
b) les deux personnes comprennent que “le mariage est
l’union physique et spirituelle d’un homme et d’une femme;
union de cœur, de corps et d’esprit, formée avec l’intention
d’un engagement à vie, voulue dans une communauté de foi
et par consentement mutuel”;
(c) les deux personnes “consentent à ce mariage librement
et en toute connaissance de cause, sans qu’il y ait fraude,
contrainte, erreur sur l’identité d’un des partenaires, ou
incapacité mentale”;
(d) au moins une des deux personnes est baptisée;
(e) les deux personnes “ont été informées de la nature, du sens
et du but du mariage par un membre du clergé, ou ont reçu
ces enseignements de personnes reconnues par le clergé
comme étant compétentes et responsables.”
Les points (a) et (c) sont les vérifications habituelles dont doivent
s’assurer les agents de l’État (c’est-à-dire les juges de paix, juges et
membres du clergé) quand ils officient dans le cadre d’un mariage
civil, mais ce sont aussi des conditions canoniques essentielles pour la
célébration et la bénédiction d’un mariage. Les trois autres points sont
Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains
65
des conditions supplémentaires posées par l’Église, sans rapport avec
les lois des États.
La section 3 du canon énonce quatre autres conditions à satisfaire
pour la célébration d’un mariage:
(a) la publication des bans du mariage (cette condition peut
être levée par le célébrant);
(b) la présence d’au moins deux témoins;
(c) l’enregistrement des données appropriées dans le registre
de la paroisse;
(d) la signature de la déclaration d’intention, dont le contenu
est détaillé dans la sous-section I.18.3 (e)-(g).
La section 4 du canon indique qu’un membre du clergé a la discrétion
de refuser de célébrer un mariage.
Scénarios
Les scénarios suivants exposent un éventail de situations types à même
de se présenter avec la mise en place de la liturgie proposée. Dans
chaque scénario, “un couple de même sexe éligible” indique qu’au
moins un des membres du couple est baptisé et participe à la vie d’une
communauté de foi chrétienne, et que si une personne est divorcée,
elle a obtenu l’accord obligatoire de l’évêque du diocèse. L’expression
“union civile” peut remplacer “mariage civil” dans la plupart des
cas sans que cela ait de conséquences. Les membres laïcs et du clergé
de l’Église ayant des questions ou des préoccupations au sujet de
conséquences spécifiques ou sur l’application d’une loi concernant
le mariage ou l’union civile dans leur État devront chercher conseil
auprès de leur évêque.
Les variations autour de ces scénarios devraient généralement s’inscrire
dans la même logique que les analyses ci-dessous.
Scénario A
Dans un État autorisant le mariage civil de couples de même
sexe, un couple de même sexe éligible demande à un membre
du clergé de célébrer pour eux la liturgie proposée et d’officier
à leur mariage civil. Le membre du clergé doit répondre en
accord avec les directives de l’évêque de son diocèse:
66
Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains
1. La directive de l’évêque du diocèse est que ni l’un ni l’autre
ne sont possibles dans le diocèse.
2. La directive de l’évêque du diocèse est que le prêtre peut
célébrer la liturgie proposée mais pas officier au mariage
civil.
3. La directive de l’évêque du diocèse est que le prêtre peut
officier au mariage civil mais ne peut pas célébrer la liturgie
proposée.
4. La directive de l’évêque du diocèse est que le prêtre peut
officier au mariage civil et célébrer la liturgie proposée.
Si l’évêque du diocèse reste silencieux sur la possibilité d’officier au
mariage civil, les lois des États permettent aux membres du clergé de
le faire (bien qu’en cas de doute, le membre du clergé devrait chercher
conseil auprès de son évêque). Si l’évêque du diocèse reste silencieux
sur l’utilisation de la liturgie proposée, cette liturgie ne peut pas être
célébrée.
Dans ces scénarios et ceux qui suivent, un prêtre qui désobéit aux
directives de l’évêque de son diocèse et/ou au canon approprié encourt
une action disciplinaire en application du Titre IV.
Scénario B
Dans un État autorisant le mariage civil de couples de même
sexe, un couple de même sexe éligible demande à un prêtre
de célébrer leur mariage en utilisant la “Célébration et
bénédiction d’un mariage” du Livre de la prière commune et,
aussi, d’officier à leur mariage civil.
Les rubriques du Livre de la prière commune et du canon I.18
indiquent toutes deux que le rite du mariage est réservé à un homme et
une femme. Ceci n’est pas soumis à la discrétion d’un évêque ou d’un
prêtre. Si l’évêque du diocèse a autorisé l’utilisation de la liturgie pour
des bénédictions, le prêtre peut la célébrer dans ce cadre. Et, à moins
que le contraire ne lui ait été ordonné par l’évêque du diocèse, le prêtre
peut officier au mariage civil. Néanmoins, la structure et certaines
parties du canon I.18 peuvent être interprétées comme n’autorisant pas
un membre du clergé à officier à un mariage civil si le couple n’est pas
éligible pour un mariage religieux, comme c’est le cas dans un mariage
civil d’un couple de même sexe.
Un évêque, un prêtre ou un diacre qui transgresse les rubriques ou le
canon encourt une action disciplinaire en application du Titre IV.
Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains
67
Scénario C
Dans un État interdisant le mariage civil de couples de même
sexe, un couple de même sexe éligible demande à un prêtre de
célébrer la liturgie proposée et un mariage civil.
Comme la loi de l’État interdit le mariage civil pour le couple, le prêtre
ne peut pas officier à leur mariage civil.
Si l’évêque du diocèse a autorisé l’utilisation de la liturgie proposée,
le prêtre peut célébrer la liturgie.
Scénario D
Dans un État interdisant le mariage civil de couples de même
sexe, un couple de même sexe éligible demande à un prêtre la
liturgie proposée.
Si l’évêque du diocèse a autorisé l’utilisation de la liturgie proposée,
le prêtre peut célébrer la liturgie.
Scénario E
Dans un État autorisant le mariage civil de couples de même sexe,
un couple de même sexe éligible, marié dans un autre État où leur
mariage est légal, demande à un prêtre la liturgie proposée.
Si l’évêque du diocèse a autorisé l’utilisation de la liturgie proposée,
le prêtre peut célébrer la liturgie.
Scénario F
Dans un État interdisant le mariage civil de couples de même sexe,
un couple de même sexe éligible, marié dans un autre État où leur
mariage est légal, demande à un prêtre la liturgie proposée.
Si l’évêque du diocèse a autorisé l’utilisation de la liturgie proposée,
le prêtre peut célébrer la liturgie.
Autres ressources
La National Conference of State Legislatures, une association nonpartisane fournissant des ressources pour les législatures d’État et les
législateurs, tient à jour un site Internet très utile sur la législation des
États concernant le mariage, les unions civiles et ce qui y affère:
http://www.ncsl.org/default.aspx?tabid=16430.
68
Le droit canonique de l’Église et le droit des États américains
Entendre, voir et
déclarer des choses
nouvelles
Préparer des couples de même sexe
pour une liturgie de bénédiction
69
70
Table des matières
P
résentation: l’accompagnement pastoral pour les couples de même sexe
1. Les ressources disponibles: documents pour
l’accompagnement pastoral
2. Problématiques propres aux couples de même sexe
3. Personnes présentant le couple
4. Présentation de la préparation à la bénédiction de couples
de même sexe
Documents
1. Réflexion théologique sur la relation d’alliance:
pratique spirituelle pour les couples de même sexe
2. Déclaration d’intention pour une alliance de couple
3. À propos des personnes qui présentent — Pour le couple
4. Information pour les personnes qui présentent
5. Modèle de directives pour les congrégations
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
71
72
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Présentation: l’accompagnement
pastoral pour les couples de même sexe
Vous avez entendu ce que j’avais prédit, et vous pouvez
constater que tout s’est réalisé. N’allez-vous pas le reconnaître?
Eh bien, à partir d’aujourd’hui, j’annonce des faits nouveaux
que je tenais en réserve et dont vous n’avez pas idée.
— Ésaïe 48.6
Je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut
s’étende jusqu’au bout du monde.
­— Ésaïe 49.6
Les ressources pastorales contenues dans cet essai ont été élaborées pour
aider le clergé et les laïcs formés à l’accompagnement à préparer les couples
de même sexe à une bénédiction de leur union, en utilisant la liturgie
“Présentation et bénédiction de l’alliance de couple”. Ce qui est attendu
de cette préparation est équivalent aux conditions canoniques pour les
couples se préparant à un mariage et qui reçoivent un enseignement sur
“la nature, le sens et le but du mariage” (canon I.18.2[e]).
La préparation est la même pour tous les couples, qu’ils soient de
même sexe ou de sexes opposés. La plupart des membres du clergé et
des laïcs qui proposent déjà une préparation de mariage aux couples
de sexes opposés sont plus que compétents pour travailler avec des
couples de même sexe. Néanmoins, comprendre certaines différences
est nécessaire – et peut faciliter la préparation.
Les ressources pastorales décrites dans cet essai traitent des différences
entre la préparation des couples de même sexe et celle des couples de
sexes opposés et incluent quelques-unes des ressources disponibles
pour préparer les couples de même sexe à la bénédiction de leur union.
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
73
Des compétences contextuelles
Le clergé et les laïcs qualifiés qui préparent des couples à des
bénédictions ont besoin d’avoir des compétences contextuelles, un
concept dérivé des compétences culturelles. Dans des domaines
tels que la santé, le travail social et l’éducation, des professionnels
culturellement compétents incarnent une sensibilité, une attitude
positive, un savoir et des aptitudes qui leur permettent de travailler de
façon efficace dans des situations interculturelles.
Considérons les différentes situations que l’on peut être amené à
rencontrer en préparant un couple pour une bénédiction ou un
mariage:
• préparer un couple dans la soixantaine est très différent
de préparer un couple dans la vingtaine;
• préparer un couple au début de leur relation est très
différent de préparer deux personnes engagées depuis
longtemps dans une vie de couple;
• préparer un mariage mixte diffère par certains aspects de
la préparation d’un couple de même origine ethnique;
• préparer un couple sans enfant est différent de préparer
des parents.
Être “contextuellement compétent” veut dire comprendre et apprécier
ces situations – et bien d’autres. Le clergé et les laïcs qualifiés,
lorsqu’ils considèrent travailler avec des couples de même sexe, ont
donc besoin d’évaluer leurs propres compétences contextuelles. S’ils
pensent qu’ils ne peuvent pas travailler – ou apprendre à travailler
– avec un couple de même sexe avec plaisir et sensibilité, alors ils
doivent référer le couple à un autre membre du clergé ou un autre laïc
qualifié.
Les documents ci-dessous aideront le clergé et les laïcs concernés à
adapter leur expertise pour travailler avec des couples de même sexe
de manière contextuellement compétente.
74
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
1. Les ressources disponibles:
documents pour l’accompagnement
pastoral
Dans son enquête à travers toute l’Église sur les ressources pastorales
et pédagogiques, la Commission en charge de la liturgie et de la
musique a constaté que les ressources ci-dessous sont parmi les plus
communément employées pour préparer les couples de même sexe à
une bénédiction.
Prepare/Enrich (Life Innovations, Inc.)
https://www.prepare-enrich.com
• Un inventaire de la relation qui évalue les points forts et les
points à développer pour le couple sur des sujets comme
l’argent, la communication, la résolution des conflits et la
sexualité. Cet outil d’évaluation est de loin celui utilisé le plus
fréquemment par les personnes ayant répondu à l’enquête
de la Commission. Les “facilitateurs” (le terme utilisé dans
Prepare/Enrich) doivent être formés à son utilisation; se
référer au site Internet pour connaître le prix d’achat.
• Points positifs: récemment réactualisé (2008); version
personnalisée facilement utilisable avec des couples de même
sexe; emploie le terme “partenaire”; outil le plus complet
pour aborder les problèmes de personnalité, de résolution
des conflits, de famille, de santé, d’argent ou de spiritualité;
évalue les objectifs, points forts et points à développer; grande
base nationale de références (plus de cinq mille couples).
• Points négatifs: pour le moment, les résultats de leurs
recherches sont standardisés uniquement pour les couples
de sexes opposés, il n’y a donc pas de “référence” pour
comparer les données d’un couple de même sexe.
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
75
Premarriage Awareness Inventory (Logos Productions)
http://www3.logosproductions.com
• Préféré par les personnes qui n’ont pas été formées à
Prepare/Enrich.
• Points positifs: trois formats personnalisés, y compris des
inventaires pour les personnes ayant déjà vécu ensemble ou
ayant déjà été mariées; évaluation personnelle approfondie;
aborde des domaines importants comme la foi, l’argent, la
famille d’origine, les enfants, les problèmes de pouvoir, les
objectifs de vie.
• Points négatifs: standardisé pour des couples de sexes
opposés, mais les auteurs ont annoncé qu’une version pour
les couples de même sexe allait être lancée (pas de date
indiquée).
76
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
2. Problématiques propres aux couples
de même sexe
Les problématiques ou les différences propres aux couples de même
sexe ne posent pas nécessairement de difficultés lors des préparations
de bénédiction. Elles s’avèrent souvent être des dons, en particulier si
le membre du clergé ou la personne laïque préparant le couple perçoit
les variations comme faisant partie du plan de Dieu pour le monde
et comme étant un signe de la grâce de Dieu. Ici, les compétences
contextuelles sont importantes, en particulier, l’accompagnant doit
avoir conscience des moments où les compétences pour préparer un
couple de sexes opposés ne peuvent pas être directement transférées
à la préparation d’un couple de même sexe. De plus, la personne qui
travaille avec le couple doit réfléchir à sa propre compréhension de ce
qu’est la bénédiction d’un couple de même sexe. Cette personne doit
aussi prendre en compte la foi du couple, les communautés sociales
auxquelles ils/elles appartiennent, ainsi que les positions de l’autorité
diocésaine et les différentes lois de l’État.
C’est avec des histoires de vie très variées que les couples de même
sexe viennent demander une bénédiction; de ce fait, différentes options
sont proposées, par exemple, dans le choix de prière pour la liturgie.
D’autres variations que le clergé ou les accompagnants laïcs peuvent
être amenés à rencontrer dans leur travail avec des couples de même
sexe sont présentées ci-dessous.80
Unions civiles/mariages de même sexe légaux et directives diocésaines
Pour le moment, les lois des États sur la reconnaissance des unions
civiles ou des mariages de couples de même sexe sont en évolution
80 Ce document est adapté de “Pastoral Resources for Province One Episcopal Clergy
Ministering to Same-Gender Couples” qui couvre très bien ces sujets.
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
77
constante à travers les États-Unis et les autres pays où l’Église
Épiscopale est établie. De ce fait, il est parfois difficile de comprendre
et de rester informé de tous les changements. Certains États
reconnaissent les unions civiles alors que d’autres reconnaissent les
mariages. Un mariage ou une union civile valide dans un État peut
ne pas être reconnu dans un autre. Certains États peuvent avoir des
conditions de résidence pour les unions civiles ou les mariages, ou
pour la dissolution de ces unions. De même, les évêques des diocèses
peuvent donner des directives différentes sur la réponse pastorale que
le clergé doit apporter à des couples demandant une bénédiction de
leur union.
Le clergé et les couples demandant une bénédiction doivent connaître
les lois de leur État et les directives de leur diocèse. Parce que certains
diocèses demande un suivi conjugal professionnel pour les couples
si l’un des membres (ou les deux) a divorcé plus d’une fois ou a
précédemment été engagé dans plus d’une relation à long terme, le
clergé doit vérifier avec l’autorité diocésaine quelles sont les directives
pour ce type de situations.
Les membres du clergé qui ne sont pas en mesure de donner une
bénédiction formelle à des couples de même sexe peuvent vouloir leur
proposer une autre réponse pastorale. Cette réponse pourrait inclure:
• affirmer et soutenir leur désir de recevoir la bénédiction de
Dieu pour leur couple;
• se rendre à leur cérémonie d’union menée par un
représentant de l’autorité civile;
• recommander le couple à un autre membre du clergé
épiscopalien ou à un ministre d’une autre dénomination
qui serait prêt à mener une bénédiction formelle (ceux
qui choisissent de recommander les couples à un autre
membre du clergé doivent réfléchir à la façon de continuer
et réaffirmer une relation pastorale avec le couple après la
bénédiction);
• reconnaître le couple au sein de la congrégation et
réaffirmer les liens, l’acceptation et l’amour de la
congrégation pour le couple, en rappelant que la
bénédiction a un pouvoir de transformation sur le couple
mais aussi sur la congrégation.
Un dernier point: très peu de dénomination autorisent leur clergé à
faire des bénédictions ou des mariages de couples de même sexe. De ce
fait, un membre du clergé épiscopalien pourrait être approché par un
couple lui demandant une bénédiction de leur union simplement parce
78
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
que cela n’est pas possible dans leur dénomination. On peut s’attendre
à ce que certains de ces couples venant d’autres dénominations soient
fragiles et vulnérables dans leur relation avec l’ensemble de l’Église,
ils peuvent de ce fait avoir plus particulièrement besoin de soutien et
d’accompagnement.
Problématiques propres à l’orientation sexuelle ou à l’identité de genre
Une personne qui fait un “coming out” tardif: certains gays et
lesbiennes connaissent leur orientation dès un très jeune âge. D’autres
ne l’ont comprise que petit à petit et n’en ont pris pleinement
conscience que bien plus tard; certains connaissaient déjà leur
orientation, mais viennent juste de faire leur coming out public. Une
personne ayant fait un coming out tardif aura peut-être besoin de
temps pour commencer à vivre avec son orientation sexuelle ou pour
explorer avec un thérapeute ce changement central dans son image de
soi avant de s’engager dans une union à vie.
Gay/lesbienne/bisexuel(le): en dépit de ce que montre les études sur
la sexualité menées depuis les années 1940, de nombreuses personnes
pensent souvent que l’on est soit homosexuel, soit hétérosexuel – sans
qu’il puisse y avoir de catégorie intermédiaire. Pourtant, l’orientation
sexuelle couvre un spectre beaucoup plus large, et l’orientation sexuelle
première de quelqu’un peut varier à différentes époques de sa vie.
Un des membres du couple, ou les deux, peuvent avoir connu
précédemment des relations hétérosexuelles. Si certaines personnes
ont pu les vivre comme une tentative de se conformer aux attentes
familiales, sociales et/ou religieuses, d’autres ont pu les vivre en tant
que bisexuel(le)s pour qui un couple de sexes opposés était satisfaisant.
Une personne bisexuelle demandant à l’Église une bénédiction de
couple de même sexe s’engage à une relation monogame, de fidélité à
vie. Dans la préparation de couple à la bénédiction, le clergé ou le laïc
qualifié devra traiter les précédentes relations de la personne bisexuelle
de la même manière qu’il ou elle traiterait les relations précédentes de
toute autre personne.
Transgenre: le terme “transgenre” couvre un large éventail de
personnes qui ont une expérience et/ou une expression de leur genre
différentes des attentes sociétales habituelles. Cela inclut exprimer
un genre qui n’est pas celui indiqué sur son certificat de naissance
d’origine ou de physiquement changer son sexe. Cette situation
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
79
complexe aussi bien pour la personne concernée que pour le couple
doit être examinée au cours de la préparation à la bénédiction (ceci
n’est pas spécifique aux couples de même sexe puisqu’un membre d’un
couple de sexes opposés peut être transgenre). Les accompagnants
sont encouragés à s’informer et étudier les ressources de qualité qui
existent sur ce sujet complexe et/ou à échanger avec un psychologue
professionnel ayant de l’expérience dans l’accompagnement de
personnes transgenres.
Homophobie intériorisée: un des membres, ou les deux, d’un couple
de même sexe ont pu être l’objet d’attaques sociétales continues à
travers des messages négatifs ou stéréotypés. Ces messages ont pu être
intériorisés et avoir pour résultat que la personne soit extrêmement
mal à l’aise avec son orientation sexuelle. Un membre du clergé ou
un laïc qualifié qui s’aperçoit qu’une personne à de forts sentiments
négatifs ou des stigmates du fait de son orientation sexuelle peut, de
façon appropriée, conseiller à la personne un suivi avec un thérapeute
formé pour gérer ce problème.
Relations durables
Les accompagnants peuvent être amenés à travailler avec des
personnes qui sont ensemble depuis de nombreuses années ou qui
ont été auparavant dans des relations durables et monogames. Cela
implique que les accompagnants doivent être prêts à apprendre et
bénéficier de la sagesse générée par le couple au fil de ses longues
années ensemble.
Une plus grande souffrance
L’un des membres, ou les deux, d’un couple de même sexe ont pu
souffrir d’exclusion ou de marginalisation, c’est-à-dire se sentir
“différent” ou de “moindre valeur” que les autres. Il est clair que les
lesbiennes et les gays ont plus de risque à l’adolescence d’être victimes
d’injures, de mauvais traitements ou d’exploitation. Le clergé et les
laïcs qui préparent les couples pour une bénédiction doivent être
sensibles à ces problèmes.
Bien trop souvent, un des membres du couple, ou les deux, ont tout
un passif d’exclusion des avantages dont les hétérosexuels bénéficient
de la part de l’État et particulièrement de la part de l’Église. Pour
le couple, le membre du clergé ou le laïc les préparant pour une
80
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
bénédiction représente l’Église: l’accompagnant devra donc établir une
relation de confiance avec le couple afin de les aider à gérer la colère,
la souffrance ou la confusion que peuvent faire ressortir le rejet.
Dans ou hors du placard?
Même si un couple demande une union publique, l’un des membres
du couple, ou les deux, peuvent avoir besoin de rester “dans le
placard” dans certains aspects de leur vie personnelle. Par exemple,
une personne peut être employée dans un lieu ou une profession
où être “out” pourrait l’empêcher de pouvoir travailler dans
de bonnes conditions, voire de pouvoir continuer à y travailler.
Malheureusement, l’Église en est un bon exemple. Dans de nombreuses
dénominations, pour des membres du clergé gays ou lesbiens, faire son
coming out, surtout si l’on est en couple, peut avoir pour résultat de
ne plus avoir le droit de faire son travail de membre du clergé ordonné
ou d’avoir un quelconque poste à responsabilités dans l’Église. Dans
des lieux de travail laïcs, où les personnes lesbiennes ou gays peuvent
être protégées par la loi, leur orientation peut affecter leur embauche
ou entraîner une ambiance de travail tendue et hostile. Être “out” peut
avoir un effet négatif lorsque l’on veut obtenir ou même maintenir un
poste dans le service public. Les lesbiennes et les gays qui servent dans
l’armée n’ont plus besoin de rester “dans le placard”, mais nombreux
sont ceux qui étaient dans l’armée avant ce changement et qui peuvent
avoir besoin d’évoquer leur passé dans le service armé.
Les couples gays et lesbiens prennent un risque, parfois même mortel,
quand ils se montrent de l’affection en public; quand ils/elles ne
peuvent pas se tenir la main, cela veut dire porter un secret. À cause de
cela, il peut y avoir des tensions dans un couple quand une personne
est “out” et à l’aise avec des démonstrations d’affection en public
alors que l’autre personne ne l’est pas. Dans certaines situations
professionnelles, une personne peut devoir faire attention en appelant
son/sa partenaire au travail ou en recevant des messages à leur
domicile.
Les couples ont besoin de discuter quand, où et avec qui, de façon
générale, il est approprié de parler de leur relation. Cela fait partie
de leur préparation de discuter spécifiquement des besoins et des
limites de chacun(e) en rendant leur relation publique à travers une
cérémonie.
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
81
Les relations passées et leurs résolutions
Tous les couples doivent faire face à leur passé, mais la reconnaissance
légale des couples de même sexe étant récente, il y a moins de
chance que ces couples aient des documents formels, écrits et
légaux concernant leurs précédentes séparations. Les couples sont
plus libres de construire une nouvelle relation une fois qu’ils ont
digéré ce que l’un ou l’autre a appris de ses relations précédentes et
que les problèmes d’argent, de propriété, de garde d’enfants et de
responsabilités envers l’époux(se) ou le/la partenaire précédent(e)s ont
été résolus.
Familles d’origine
La plupart des membres du clergé et des laïcs qualifiés s’intéressent à
la famille d’origine de chaque personne au cours de la préparation de
mariage de couples de sexes opposés. Les éléments discutés peuvent
donner au couple une perspective intéressante sur certains sujets,
tels que leur point de vue sur ce qu’est une relation qui marche ou
ne marche pas et leur attitude vis-à-vis de l’argent ou l’éducation
des enfants. Ces éléments peuvent aussi donner l’occasion au couple
d’identifier des problématiques non encore résolues qui pourraient
affecter leur relation.
Un domaine qui est propre aux couples de même sexe est la façon
dont leurs familles ont réagi à leur orientation, leur vie publique en
tant que lesbienne ou gay, et leur vie de couple. Il peut être bon pour
les couples de considérer les questions suivantes: est-ce que chacun(e) a
fait son coming out à sa famille? Si oui, quelles furent leurs réactions?
Les membres du couple ont-ils parlé à leurs familles de leur intention
de se faire bénir? La famille a-t-elle une attitude de soutien, d’hostilité,
de tristesse, ou est-elle tout simplement absente? Comment chaque
famille va-t-elle traiter leur partenaire: la famille le/la verra-t-il/elle
comme un(e) époux(se) faisant partie de la famille, ou comme un(e)
ami(e) ou un(e) colocataire? En d’autres termes, le couple a-t-il discuté
la façon dont il anticipe que les beaux-parents vont se comporter alors
qu’ils/elles s’apprêtent à s’engager dans une union à vie? De même, le
couple a-t-il un réseau qui le soutient, individuellement et en tant que
couple, et voit-il comment ce réseau va faire partie de leur nouvelle vie
commune?
82
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Du point de vue légal
Pour les couples de sexes opposés, le mariage apporte
automatiquement des protections et des obligations légales (qui
dépassent la légalisation de l’union). Dans les États où les unions
civiles de même sexe ne sont pas autorisées et même dans les États
qui ont mis en place un cadre légal pour les couples de même sexe, il
est essentiel que les couples de même sexe prennent à titre privé les
dispositions nécessaires pour remplacer une partie des protections
légales qui découlent du mariage civil (même si les dispositions privées
ne couvrent pas la totalité des dispositions offertes par le mariage
civil). Le couple devrait considérer la mise en place d’un pouvoir légal
durable en ce qui concerne la santé et les finances, des testaments, des
“testaments biologiques”, et prendre conseil auprès d’un professionnel
pour la gestion de leurs biens. De plus, les couples devraient s’informer
auprès de professionnels en ce qui concerne les impôts, la sécurité
sociale et d’autres points légaux, que cela soit au niveau fédéral ou
de l’État (par exemple, la couverture de la sécurité sociale n’est pas
transférable au dernier vivant d’un couple de même sexe).
Les enfants
Comme pour les couples de sexes opposés sans enfant, les couples
de même sexe devraient aussi discuter ensemble si ils/elles souhaitent
avoir des enfants. Cette discussion peut inclure les sujets suivants:
quand avoir des enfants, le mode de reproduction, l’impact des enfants
sur les finances du couple et leurs emplois, et tout ce qui touche à
l’éducation, comme la garde des enfants ou la discipline. Les couples
qui ont déjà des enfants devraient discuter de la meilleure façon
d’aider les enfants à s’adapter et s’intégrer à la nouvelle configuration
familiale. Les couples de même sexe, et particulièrement ceux qui ont
été bénis par des enfants issus de précédentes relations hétérosexuelles,
doivent aussi soutenir leurs enfants à travers les différentes étapes de
leur développement, notamment dans la façon dont les enfants sont en
relation avec leurs pairs: ces derniers pourraient ne pas comprendre ou
même avoir une réaction hostile au fait d’avoir un(e) ami(e) dont les
parents sont de même sexe.
Les couples de même sexe doivent être conscients de l’ambiguïté qui
existe, aussi bien dans les lois fédérales que les lois d’État, concernant
la garde des enfants et l’autorité parentale et devraient prendre conseil
auprès d’un professionnel pour se protéger et protéger leurs enfants.
Ceci concerne tous les couples, qu’ils résident ou non dans un État
reconnaissant les unions civiles ou les mariages de même sexe.
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
83
3. Personnes présentant le couple
Le couple choisit des personnes qui vont les soutenir et les présenter
au célébrant et à l’assemblée lors de la cérémonie de bénédiction. La
liturgie proposée pour les couples de même sexe offrent la possibilité
d’avoir des personnes qui présentent le couple, comme cela se fait
dans certaines congrégations pour les couples de sexes opposés. Cette
option donne une place dans la liturgie à des personnes importantes
dans la vie du couple et en fait une expérience plus riche pour tous
ceux qui y participent. Les personnes qui les présentent peuvent aussi
avoir un rôle important de soutien pour le couple avant et après
la cérémonie. Le choix d’un couple ayant de l’expérience et une
maturité relationnelle peut être d’une grande aide pour un couple qui
commence sa vie commune. Le couple, aidé par le membre du clergé
ou l’accompagnant laïc, doit discuter du choix de ceux qui vont les
présenter le plus tôt possible afin que le travail de prière des personnes
qui les accompagnent puisse aussi commencer le plus tôt possible.
Deux documents (un pour le couple et un pour les personnes qui
les présentent) détaillent le rôle de ces personnes. Ils ont été conçus
pour être utilisés à la fin de la première séance de préparation à la
bénédiction.
84
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
4. Présentation de la préparation à la
bénédiction de couples de même sexe
On trouvera ci-dessous la présentation d’une préparation à la
bénédiction en cinq séances, qui peut être utilisée avec les ressources
déjà présentées. Il ressort de l’enquête menée dans toute l’Église sur les
ressources pastorales et pédagogiques par la Commission en charge
de la liturgie et de la musique qu’un grand nombre de laïcs qualifiés et
de membres du clergé souhaitent avoir un modèle très spécifique pour
ces préparations. Néanmoins, les personnes ayant déjà l’expérience
de l’accompagnement de couples peuvent adapter, combiner ou
réorganiser ce modèle. Dans l’idéal, les séances durent entre soixante
et quatre-vingt-dix minutes et les deux partenaires doivent être
présent(e)s pour toutes les séances (bien que l’accompagnant peut
décider de voir l’une des deux personnes seules afin d’aborder un ou
des problèmes spécifiques).
Objectif
La préparation à la bénédiction a pour objectif de renforcer une union
à vie et monogame prenant ses racines en Christ. La résolution 2000D039 de la Convention générale traite des espoirs et attentes – de
l’Église et du couple – placés dans une telle relation:
Résolu, Que nous attendons que ces relations soient
caractérisées par leur fidélité, monogamie, affection réciproque
et respect, une communication attentive et honnête, et l’amour
sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un
dans l’autre l’image de Dieu; et de plus qu’il soit
Résolu, Que nous dénonçons la promiscuité, l’exploitation, et
les relations abusives dans les relations que peuvent avoir nos
membres; et de plus qu’il soit
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
85
Résolu, Que cette Église compte tenir pour responsables de ces
valeurs tous ses membres et leur apportera son soutien dans
la prière, les encouragements et l’accompagnement pastoral
nécessaires pour vivre fidèlement en accord avec celles-ci.
Les attentes
Les réalités:
• le clergé et les laïcs sont formés de manières très diverses à
l’accompagnement des préparations au mariage;
• le clergé et les laïcs qualifiés emploient un large éventail
de méthodes pour les préparations de mariage et de
bénédiction.
Les hypothèses:
• le prêtre ou l’évêque est prêt à célébrer la bénédiction;
• le membre du clergé ou le laïc a de l’expérience dans
l’accompagnement de couples pour un mariage ou une
bénédiction;
• le membre du clergé ou le laïc est prêt à orienter le couple
vers un thérapeute professionnel si les circonstances le
réclament.
Une vérité:
• chaque couple est unique, ce qui demande de s’adapter à
chaque fois que cela est nécessaire.
Préparer des couples de même sexe ensemble depuis
longtemps
Lorsque l’on prépare des personnes qui sont ensemble depuis de
nombreuses années, la structure des séances peut être modifiée et il est
possible qu’un nombre moins important de séances soit nécessaire.
Une suggestion est d’adapter la première séance pour apprendre à
connaître le couple, présenter la liturgie, etc. La deuxième séance peut
alors se baser sur les questions ci-dessous, des sujets de discussion qui
sont respectueux de la durée de la relation et inviter le couple à parler
de sa vision de l’Église.
86
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
• Qu’est-ce que cela signifie pour vous que votre union soit
bénie par l’Église après toutes ces années?
• En quoi le fait d’avoir la bénédiction de l’Église et de
prendre un engagement public – même si vous l’avez déjà
fait à titre privé ou en dehors de l’Église – va-t-il avoir un
effet sur vous ou votre relation?
• Qu’est-ce que votre relation peut apprendre à l’Église?
Enfin, la troisième séance peut être adaptée à partir de ce qui est
habituellement la cinquième séance: faire un bilan, clarifier la liturgie
et couvrir toute autre question qui a pu être soulevée.
Séance 1: apprendre à se connaître et présentation
Cette séance se concentre sur apprendre à se connaître. On commence
aussi à aborder les détails du rite, ce qui donne au couple et au
membre du clergé l’occasion d’étudier le rite ensemble, sa signification,
ses choix et d’affirmer que la bénédiction, enracinée en Dieu, est
donnée à travers l’Église. Certains membres du clergé peuvent préférer
présenter un aperçu général du rite dans cette séance, puis l’étudier
précisément à un stade plus avancé du processus.
Aborder les aspects pratiques de la bénédiction tout de suite aide à
construire une relation de confiance et permet au couple de s’ouvrir
aux thèmes abordés lors des quatre séances suivantes. Même en ne
donnant qu’un aperçu général du rite, l’accompagnant peut répondre
aux questions du couple et réduire leur anxiété en leur expliquant
comment les choses vont se dérouler le jour J.
La séance 1 couvre beaucoup d’éléments, dont une partie peut être
repoussée à une autre séance. Les documents pour cette séance sont:
• la liturgie “Présentation et bénédiction d’une alliance de couple”;
• 1. Réflexion théologique sur la relation d’alliance: pratique
spirituelle pour les couples de même sexe (document à la fin
de cette présentation;
• 2. Déclaration d’intention pour une alliance de couple
(document à la fin de cette présentation);
• 3. À propos des personnes qui présentent — Pour le couple
(document à la fin de cette présentation);
• 4. Information pour les personnes qui présentent (document
à la fin de cette présentation).
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
87
Présentation de la séance 1
• Priez ensemble.
• Apprenez à vous connaître (cette partie peut changer si
l’accompagnant connaît déjà le couple).
• Explorer l’histoire du couple en ce qui concerne la religion,
leurs expériences avec l’Église ou des Églises et les raisons
pour lesquelles ils ont choisi cette congrégation.
• Réfléchir à la signification théologique de la relation du
couple. Le document Réflexion théologique sur la relation
d’alliance: pratique spirituelle pour les couples de même
sexe peut faciliter cette discussion (cette réflexion peut être
repoussée à une autre séance).
• Revoir avec le couple la Déclaration d’intention pour une
alliance de couple et leur demander de la signer.
• Détailler pas à pas le rite de la bénédiction, soulever les
problèmes théologiques et lister les choix liturgiques:
– discuter de l’eucharistie comme faisant partie du service.
Néanmoins, célébrer l’eucharistie peut ne pas être approprié
si seulement un des membres du couple est chrétien;
– mettre l’accent sur la différence entre une cérémonie
civile et une bénédiction ecclésiale;
– répondre aux questions sur les détails de la cérémonie et
les pratiques de l’Église;
– raborder la possibilité d’avoir des personnes pour présenter
le couple. À la fin de la séance, remettre les documents écrits
au couple et leur suggérer des “devoirs à la maison”, c’est-àdire des sujets auxquels réfléchir pour les séance 2 et 3:
• les familles d’origine et l’enfance:
– qu’est-ce qui se passait plutôt bien et qu’est-ce qui ne
se passait pas si bien dans leurs familles d’origine? (Ce
sujet pourra influencer le travail fait en séance 4);
– l’histoire familiale par rapport à l’Église/la religion, ainsi
que leur histoire individuelle – positive et négative – par
rapport à l’Église/la religion.
• les mariages des membres de la famille, en particulier des
parents:
– la façon dont les parents gèrent les conflits;
– la façon dont les parents éduquent les enfants;
– l’acceptation par la famille de l’orientation sexuelle des enfants.
88
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Séance 2: apprendre du passé, 1re partie
Cette séance offre l’espace et le temps nécessaires à l’un des membres
du couple pour parler et à l’autre pour l’écouter. La séance 2 commence
par une prière, puis se concentre sur la relation qu’entretient un(e)
des partenaires avec sa famille d’origine; on y discute du mariage
ou des mariages de ses parents et de sa fratrie et, si possible, de ses
grands-parents et amis proches. Cet échange permet d’évoquer ce que
la personne souhaite reproduire ou non dans ses relations présentes
et futures, et en particulier dans l’union qui va être bénie. De plus, la
personne peut examiner le niveau d’acceptation par sa famille de son
couple et d’autres problèmes liés à la famille d’origine ou à l’enfance.
L’idée sous-jacente de cette analyse est que certains problèmes sont
reproduits de génération en génération: une fois les problèmes
clairement identifiés, les personnes peuvent choisir de continuer
ces cycles ou, au contraire, de les modifier. On obtient de meilleurs
résultats dans cette séance si la conversation se construit naturellement
plutôt qu’en suivant un plan d’entretien rigide, et si l’on aborde les
points suivants:
• la famille: nombre et ordre de naissance des frères et sœurs;
• l’argent: son rôle et son influence dans la famille;
• la sexualité: positions de la famille d’origine sur la
monogamie, la fidélité et la place de la sexualité dans une
relation;
• l’alcool et la drogue: leurs places dans la famille quand les
enfants étaient à la maison;
• la belle-famille: relations avec la belle-famille et la famille
élargie;
• les enfants:
– accords et désaccords antre les parents sur l’éducation
des enfants;
– le ressenti, les impressions de la personne sur son
enfance dans sa famille.
• les conflits: comment les parents géraient leurs désaccords et
leurs disputes.
Au terme de la discussion, l’accompagnant invite la personne à
identifier ce qu’elle souhaite reproduire ou ne pas reproduire dans sa
relation actuelle. Ensuite, le/la partenaire resté(e) silencieux(se) peut
réagir à ce qui a été dit, à ce qu’il/elle a appris, en particulier si certains
éléments ne lui étaient pas connus avant cet échange.
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
89
Séance 3: apprendre du passé, 2e partie
Cette séance continue l’exploration du passé en donnant cette fois
l’occasion à l’autre membre du couple de parler de sa famille d’origine.
Les deux membres du couple doivent avoir l’occasion de réfléchir à
ces sujets et d’entendre l’histoire de l’autre afin que chaun(e) puisse
connaître et mieux apprécier ce que l’autre apporte à leur relation.
La séance 3, qui commence aussi par une prière, reproduit avec la
seconde personne le même cheminement que la séance 2. S’il reste
assez de temps à la fin de la séance, le couple peut discuter de l’impact
de leur histoire familiale sur leur relation.
Séance 4: regarder l’avenir
Cette séance est une occasion de considérer la relation aujourd’hui et
dans le futur. Elle invite le couple à lister les domaines qui sont des
points forts dans leur relation tout en laissant l’espace nécessaire pour
identifier et aborder les domaines qui peuvent être problématiques.
Les réflexions, les questions et les informations récoltées au cours
des séances précédentes peuvent aider à évaluer où en est le couple
aujourd’hui et quels sont les aspects de leur relation et de leur foyer
qui peuvent avoir besoin d’attention à l’avenir.
Après avoir commencé la séance par une prière, les thèmes suivants
devraient être abordés:
• la relation du couple en général: exploration de leur
parcours de couple jusqu’à aujourd’hui;
• le rôle de la sexualité et de l’intimité dans la relation (par
exemple, des changements éventuels dans le comportement
sexuel du fait de l’engagement dans une relation
monogame);
• la place de l’alcool et la drogue dans la relation;
• l’argent (par exemple, les finances du foyer et le planning
budgétaire);
• les protections légales (par exemple, un pouvoir légal
durable en ce qui concerne la santé et les finances, des
testaments, des “testaments biologiques”, une assurance);
• les rôles dans le foyer (par exemple, qui sort la poubelle, qui
gère l’agenda social?);
90
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
• la communication:
– la façon dont le couple échange;
– que se passe-t-il quand ils/elles ne sont pas d’accord?
• les inquiétudes pour l’avenir;
• la prise de décision en tant que couple;
• les relations avec les familles en tant qu’individu (sa famille
et celle de son/sa partenaire) et en tant que couple;
• le réseau de soutien, aujourd’hui et dans l’avenir.
La séance 4 se termine sur une discussion autour de la nécessité de
limites claires entre les générations pour que la vie du couple soit
perçue comme distinctes de celles des générations plus âgées et plus
jeunes.
Séance 5: décisions liturgiques et bilan
La séance 5, centrée sur la bénédiction elle-même, est l’occasion de
faire des choix concernant la liturgie, basés sur le document Réflexion
théologique sur la relation d’alliance remis (et discuté) lors de la
première séance. L’étendue de cet échange dépendra de ce qui a été ou
non abordé pendant la séance 1. De plus, étant la dernière séance, la
séance 5 est l’occasion d’examiner les questions qui ont pu émerger
lors des séances précédentes.
Présentation de la séance 5
• Prier ensemble.
• Traiter les questions et les inquiétudes qui ont pu émerger
lors des séances précédentes.
• Revoir la réflexion théologique à la lumière des précédentes
séances et la bénédiction à venir. L’accompagnant peut
aider le couple à faire le lien entre les pratiques spirituelles
de leur vie de couple et la “mise en scène” de la cérémonie.
Par exemple, arriveront-ils/elles ensemble ou séparément,
ou seront-ils/elles déjà à leur place lorsque la liturgie va
commencer? Seront-ils/elles assis(es) côte à côte pendant le
ministère de la Parole ou de chaque côté de l’allée?
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
91
• Discuter les détails du service:
– les Écritures (quels passages se rapportent le mieux à la
vie commune du couple?) et si des lectures non bibliques
seront incluses;
– la liturgie aura-t-elle lieu lors de la principale célébration
hebdomadaire de la congrégation? La célébration
de l’eucharistie devra-t-elle être omise pour raison
pastorale?
– les autres choix liturgiques, en particulier:
Quelle prière sera utilisée?
Lequel des deux vœux sera utilisé?
Des anneaux seront-ils échangés, ou, si le couple porte
déjà des anneaux, seront-ils bénis?
Quelle musique, s’il y en a, sera utilisée? (Le couple
devra consulter le musicien de la congrégation.)
• Discuter le rôle des personnes qui présentent le couple, leur
soutien pendant la cérémonie et dans leur vie.
Pour terminer, l’accompagnant peut affirmer au couple qu’ils ont
fait ensemble un travail difficile et important, un travail qui est un
cadeau à la fois pour eux et pour l’accompagnant. L’accompagnant
peut exprimer sa joie anticipée à l’idée de la bénédiction du couple, de
rencontrer leurs familles proches et élargies, de les voir avec leurs amis
et de célébrer leur union devant Dieu.
92
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Documents
1. Réflexion théologique sur la relation d’alliance:
pratique spirituelle pour les couples de même sexe
2. Déclaration d’intention pour une alliance de couple
3. À propos des personnes qui vous présentent —
Pour le couple
4. Information pour les personnes qui présentent
5. Modèle de directives pour les congrégations
Dans la Déclaration d’intention, il faut remplacer N. N. et N. N.
dans la première phrase par les noms du couple. Les documents 3 à
5 sont des exemples qui peuvent être adaptés pour une congrégation
spécifique. Dans ces documents, l’expression “l’église épiscopale
de N.” doit être remplacée par le nom de la congrégation et un
changement similaire sera effectué pour “diocèse épiscopalien de X.”
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
93
94
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Document 1
Réflexion théologique sur la relation
d’alliance: pratique spirituelle pour les couples de même sexe
Vie chrétienne et alliance
Tous les chrétiens sont appelés à témoigner de la Bonne Nouvelle de
l’amour et de la grâce de Dieu en Jésus-Christ, à travers le pouvoir du
Saint-Esprit. Nous avons la capacité d’apporter ce témoignage grâce à
notre relation d’alliance avec Dieu.
Le baptême nous engage dans cette alliance, en nous faisant pour
toujours membre du Christ dans le Corps du Christ, l’Église.
L’eucharistie nous nourrit dans cette vie d’alliance et nous renforce
pour être les témoins de Christ dans le monde.
Notre vie d’alliance avec Dieu s’exprime dans des relations
d’engagement et de fidélité, y compris celles des couples de même sexe.
C’est la joie de l’Église de célébrer ces relations comme étant des signes
de l’amour de Dieu, de prier pour que la grâce de Dieu soutienne les
couples dans leur vie commune et de se joindre à ces couples dans
notre témoignage partagé de l’Évangile dans le monde.
Thèmes pour une réflexion théologique et une pratique
spirituelle
Un cadre sacramentel pour les relations d’alliance offre la possibilité
de méditer sur la grâce du Christ et le fruit du Saint-Esprit dans la vie
des couples engagés et fidèles. Plusieurs thèmes théologiques peuvent
aider les couples à considérer leurs vœux d’alliance comme une forme
de pratique spirituelle.
• La vocation: Dieu nous appelle à prendre part à toutes sortes
de relations, que cela soit en tant que célibataires, dans des
communautés monastiques, ou en tant que couples intimes. Ces
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
95
vocations peuvent donner de la puissance à notre témoignage de
l’Évangile. La décision de former une alliance de couple est une
vocation marquée par ces caractéristiques: “fidélité, monogamie,
affection réciproque et respect, une communication attentive et
honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une telle
relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu.”
• Le foyer: les relations d’alliance sont souvent vécues dans
des foyers où nous pratiquons quotidiennement le don de soi
pour le bien de l’autre. Même si les foyers peuvent prendre
des formes différentes, ils créent un espace de confiance
mutuelle et de responsabilité. La joie, l’intimité et la
vulnérabilité partagée d’un foyer peut ainsi nous apprendre
la pratique spirituelle de la compassion, du pardon et
de la réconciliation qui accompagnent les vies de couple
monogame et fidèle.
• La fécondité: la grâce divine qui nourrit une alliance de
couple porte de nombreux fruits, non seulement pour le
couple mais aussi pour l’ensemble de la communauté. Les
couples ainsi engagés manifestent cette grâce en partageant
leurs dons dans des ministères, des vies de service, de
générosité et d’hospitalité.
• La bénédiction mutuelle: une union bénie l’est dans un
but divin: témoigner de l’amour créateur, rédempteur et
sanctifiant de Dieu dans le monde. Alors que le SaintEsprit donne la capacité et le pouvoir au couple d’offrir
ce témoignage, l’Église est aussi bénie et renforcée dans sa
mission et son ministère.
À travers tout ceci et plus encore, la bénédiction d’un couple de
même sexe invite le couple et l’ensemble de l’Église à renouveler notre
alliance baptismale. Cet engagement est exprimé par notre foi en la
Bonne Nouvelle de Jésus-Christ, dans notre espoir de l’union avec
Dieu promise par Christ et par notre amour qui nous lie les uns aux
autres en tant Corps du Christ. Comme l’a dit l’apôtre Paul, nous
vivons notre vie commune de peuple de Dieu avec la foi, l’espérance et
l’amour. Mais la plus grande de ces choses est l’amour (1 Corinthiens
13.13).
96
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Document 2
Déclaration d’intention pour une alliance de couple
NOTE: ce modèle est présenté pour être utilisé avec des
couples de même sexe, une déclaration équivalente étant
exigée par les canons de l’Église (canon I.18.3[d-g]) pour les
couples de sexes opposés avant leur mariage.
Au Nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit. Amen.
Nous, N. N. et N. N., souhaitant recevoir la bénédiction d’alliance de
couple, déclarons solennellement que nous considérons cette alliance
comme notre engagement à vie comme indiqué par la Convention
générale de l’Église Épiscopale.
Nous croyons que notre alliance est voulue par Dieu pour notre joie
mutuelle, pour le soutien et l’encouragement que nous nous offrons
réciproquement au quotidien et dans les périodes de changement, pour
apporter la grâce de Dieu à notre communauté, pour approfondir
notre foi en sentant l’amour de Dieu dans notre amour l’un(e) pour
l’autre, et (si cela doit être) pour l’éducation générale et spirituelle de
nos enfants. Nous nous engageons à prendre soin de cette alliance
caractérisée par la fidélité, la monogamie, l’affection réciproque et le
respect, une communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui
nous permettra de voir l’un(e) dans l’autre l’image de Dieu.
Et nous nous engageons, autant qu’il nous sera possible, de donner le
meilleur de nous-mêmes pour cette alliance et de chercher le soutien de
Dieu afin d’y parvenir.
____________________________ _____________________________
Signature
Signature
____________________________
DAte
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
97
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Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Modèle Document 3
À propos des personnes qui vous
présentent — Pour le couple
À l’église épiscopale de N., nous considérons la “Présentation et
bénédiction d’une alliance de couple” comme une célébration soutenue
par la congrégation, de la même façon que les candidats au baptême
sont soutenus par tous les membres de l’Église. Ainsi, comme ceux qui
reçoivent le baptême sont initiés à la vie de l’Église, ceux qui reçoivent
la bénédiction de leur couple par l’Église sont reçus de façon nouvelle
dans la foi de la communauté.
La liturgie de la bénédiction
La présentation a lieu immédiatement après le sermon:
Le couple vient devant l’assemblée. S’il y a une présentation,
les personnes qui les présentent se joignent au couple et le
célébrant dit:
Le célébrantQui présentent N. et N., venu(e)s chercher la
bénédiction de Dieu et de l’Église pour leur
amour et leur vie commune?
Les personnes qui présentent Nous les présentons.
Le célébrantPromettez-vous
d’aimer, de respecter et de prier pour N. et N.,
et de faire tout ce qui est en votre pouvoir
pour rester à leurs côtés dans la vie qu’ils/elles
vont partager?
Les personnes qui présentent Oui, nous le promettons.
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
99
Choisir des personnes pour la présentation
Diverses options sont possibles pour choisir des personnes pour vous
présenter et qui se tiendront à vos côtés pendant la liturgie. Cela
peut faciliter le processus de choisir au moins un membre de cette
communauté de foi pour vous accompagner. Si vous êtes nouveaux
dans la congrégation, le prêtre (ou une autre personne qui aura été
désignée) peut vous aider dans votre discernement pour savoir qui
choisir. Un couple ayant une maturité relationnelle peut être très
aidant si vous commencez tout juste votre vie commune. Souvent, les
couples choisissent pour les présenter leurs parents, leurs enfants ou
d’autres membres de leur famille dont ils sont proches.
Les personnes qui vous présentent peuvent prier pour vous pendant
la période de préparation à la bénédiction, vous garder connecté(e)s à
la congrégation et continuer à vous soutenir par la suite au quotidien
dans votre alliance de couple.
Enfin, en faisant votre choix, pensez que ces personnes seront debout
à vos côtés durant la liturgie et vont vous présenter pour ce rite.
Pensez aussi que, juste après avoir été présenté(e)s, la congrégation
entière va promettre de vous soutenir, de la même façon que vous, en
retour, devenez une bénédiction et apportez la grâce à l’ensemble de la
congrégation.
Parce que les personnes qui vous présentent ont un rôle important
avant et après la bénédiction, vous et votre accompagnant devez
discuter le plus tôt possible de qui vous souhaitez choisir, afin que
votre accompagnement dans la prière puisse aussi commencer le plus
tôt possible.
100
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Modèle Document 4
Information pour les personnes qui présentent
À l’église épiscopale de N., nous considérons la “Présentation et
bénédiction d’une alliance de couple” comme une célébration soutenue
par la congrégation, de la même façon que les candidats au baptême
sont soutenus par tous les membres de l’Église. Ainsi, comme ceux qui
reçoivent le baptême sont initiés à la vie de l’Église, ceux qui reçoivent
la bénédiction de leur couple par l’Église sont reçus de façon nouvelle
dans la foi de la communauté.
La liturgie de la bénédiction
La présentation a lieu immédiatement après le sermon:
Le couple vient devant l’assemblée. S’il y a une présentation,
les personnes qui les présentent se joignent au couple et le
célébrant dit:
Le célébrantQui présentent N. et N., venu(e)s chercher la
bénédiction de Dieu et de l’Église pour leur
amour et leur vie commune?
Les personnes qui présentent Nous les présentons.
Le célébrantPromettez-vous
d’aimer, de respecter et de prier pour N. et N.,
et de faire tout ce qui est en votre pouvoir
pour rester à leurs côtés dans la vie qu’ils/elles
vont partager?
Les personnes qui présentent Oui, nous le promettons.
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
101
En tant que personne qui présente le couple, votre rôle commence
avant la bénédiction. Nous vous encourageons à prier pour le couple
à la fois dans le cadre privé et dans le cadre des prières du peuple
de l’office dominical pendant la période de leur préparation. Vous
pouvez ensuite continuer à soutenir leur vie commune en marquant
d’une façon ou d’une autre le jour anniversaire de leur bénédiction et
en étant présent lorsque leur foyer traverse des moments difficiles ou
pour célébrer avec eux/elles les occasions de réjouissance. Si vous être
membre de la congrégation, vous avez aussi un rôle à jouer en aidant
le couple à rester en contact avec la congrégation.
En tant que personne qui présente le couple, vous promettez d’être à
leurs côtés dans ce moment où ils/elles deviennent une bénédiction et
apportent la grâce à leurs familles et leurs amis, l’Église et le monde.
En tenant ce rôle, vous êtes alors témoin de la bénédiction qui est
donnée et reçue au cours de la liturgie et que le couple va apporter
dans le monde.
102
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Modèle Document 5
Modèle de directives pour les congrégations
NOTE: La plupart des congrégations ont adopté une forme
de “document du mariage” reprenant les normes et les
directives pour les couples de sexes opposés qui se préparent
au mariage. Toutes les congrégations peuvent s’engager dans
une démarche utile et féconde pour développer des directives
qui reflètent la communauté chrétienne dans laquelle ils
louent Dieu; les directives ainsi développées doivent pouvoir
s’appliquer aux couples de sexes opposés comme aux couples
de même sexe. Évidemment, un tel document reste optionnel,
à la discrétion du clergé en consultation avec le vestry ou le
comité de l’évêque. Comme toujours pour tout ce qui touche
à la liturgie, la décision finale revient au clergé. On trouvera
ci-dessous un modèle de directives qui peuvent s’appliquer
à tous les couples qui se préparent au mariage ou à une
bénédiction. Des modifications sont possibles pour s’adapter à
des situations spécifiques.
Information pour tous les couples demandant une
bénédiction à l’église épiscopale de N.
A. Introduction
La communauté chrétienne de l’église épiscopale de N. reconnaît que
les unions sont des relations complexes et que prendre un engagement
de couple à travers un mariage ou une bénédiction est un événement
de vie significatif, joyeux et merveilleux. Nous pensons aussi qu’une
communauté chrétienne qui accepte de bénir une telle relation doit le
faire avec l’intention de soutenir le couple dans leur préparation à la
bénédiction et ensuite dans leur vie.
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
103
Nous croyons que les relations engagées et à vie, dans des couples
de sexes opposés ou de même sexe, sont des signes visibles d’une
spiritualité intérieure et de l’amour offert par Dieu. Dans ce contexte,
l’église épiscopale de N. cherche à soutenir les couples dans leur
engagement l’un(e) envers l’autre et à les aider à rendre l’amour de
Dieu encore plus visible pour l’ensemble de la communauté.
B. Directives
Les directives suivantes ont été adoptées par les responsables laïcs et
ordonnés de l’église épiscopale de N.:
1. Comme pour les couples de sexes opposés qui demandent à
être mariés, selon Le Livre de la prière commune, au moins un
des deux membres du couple de même sexe doit être baptisé.
2. I l est souhaitable qu’au moins l’un des membres du couple
soit un membre actif d’une communauté chrétienne, que
cela soit celle-ci ou une autre. Nous espérons que cette
participation inclue de considérer avec sérieux et dans la
prière de soutenir la congrégation en donnant de son temps,
de ses talents et/ou de ses biens.
3. I l faut compter une période d’environ six mois pour les
préparatifs et l’accompagnement pastoral.
4. S i le couple n’a pas de lien avec l’église épiscopale de N.
mais souhaite y avoir sa bénédiction ou bénéficier des
services du prêtre de l’église épiscopale de N.:
• ils doivent montrer qu’au moins un des membres
du couple est un membre actif d’une autre paroisse
épiscopale ou d’une autre congrégation chrétienne;
• ils doivent suivre la préparation de mariage ou de
bénédiction avec leur propre accompagnant, membre
du clergé ou laïc formé aux préparations;
• ils peuvent considérer faire une donation à l’église
épiscopale de N. en remerciement de leur mariage
ou de leur bénédiction et pour le soutien constant
de l’Église, son ministère et sa mission. Une formule
pour calculer le montant de cette contribution peut
être de considérer un montant (10 %) du budget de
l’ensemble de la célébration. (Le clergé peut décider ce
qui lui semble juste en la matière, les revenus variant
énormément d’un couple à l’autre. Qui plus est, si
un couple revient pour la première fois à l’Église, un
accueil inconditionnel peut se révéler être la meilleure
réponse pastorale.)
104
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Dans tous les cas, il est important que toutes les personnes concernées
respectent les lois de l’État, les canons de l’Église Épiscopale, les
canons et règles du diocèse épiscopaliens de X, ainsi que les directives
de l’évêque, y compris les règles diocésaines dans les cas où il ne s’agit
pas d’un premier mariage ou d’une première relation formellement
engagée pour l’un ou les deux membres du couple.
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
105
106
Entendre, voir et déclarer des choses nouvelles
Présentation et
bénédiction de l’alliance de couple
Ressources liturgiques pour la
bénédiction de couples de même sexe
Autorisée à titre provisoire par la 77e Convention générale
de l’Église Épiscopale (juillet 2012)
avec la permission et sous la direction
de l’évêque dans l’exercice de son autorité ecclésiale
107
À propos du service
Ce rite peut être célébré dans le contexte de la sainte communion
et peut avoir lieu lors de la principale liturgie dominicale. Ce rite
remplace alors le ministère de la Parole. Normalement, un évêque
ou un prêtre préside. Des textes parallèles extraits de Enriching
Our Worship 1 sont inclus comme étant des options possibles pour
certaines parties de ce rite.
Au moins un des membres du couple doit être chrétien et baptisé.
Au moins deux personnes présentent le couple au célébrant et à
l’assemblée. Il peut s’agir d’amis, de parents, de membres de la famille
ou de la communauté locale.
Afin d’être en accord avec les lois des juridictions civiles dans
lesquelles ce rite est célébré, le prêtre devra consulter l’évêque, qui peut
autoriser des modifications de la Déclaration.
Le célébrant devra être particulièrement attentif aux pronoms et
accords utilisés dans la liturgie selon qu’elle sert à bénir un couple
d’hommes ou un couple de femmes.
108
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
Présentation et bénédiction de
l’alliance de couple
Liturgie de la Parole
Rassemblement
Le couple qui va être béni rejoint l’assemblée. À leur entrée, on peut
chanter un hymne, un psaume ou tout autre œuvre chorale, ou bien
jouer de la musique instrumentale.
L’assemblée se lève, le célébrant dit:
Le peuple Béni soit Dieu, le Père, le Fils et le Saint-Esprit.
Béni soit le Royaume de Dieu, maintenant et à jamais.
Amen.
À la place, on peut dire:
Le célébrant Béni soit le Dieu, unique, saint et vivant.
Le peuple Gloire à Dieu pour les siècles des siècles.
Du jour de Pâques au jour de Pentecôte, on dit:
Le célébrant Alléluia, Christ est ressuscité.
Le peuple Le Seigneur est vraiment ressuscité. Alléluia.
À la place, on peut dire:
Le célébrant Alléluia, Christ est ressuscité.
Le peuple Christ est vraiment ressuscité. Alléluia.
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
109
Puis on peut dire:
Le célébrant Bien-aimés du Seigneur, aimons-nous les uns les autres,
Le peuple
Car l’amour vient de Dieu.
Le célébrant Qui n’aime pas ne connaît pas Dieu,
Le peuple
Car Dieu est amour.
Le célébrant Puisque ainsi Dieu nous aime,
Le peuple
Aimons-nous les uns les autres.
Le célébrant peut s’adresser à l’assemblée avec ces mots:
Chers amis dans le Christ,
nous voici réunis aujourd’hui
pour être témoins de l’engagement manifeste
de N. N. et N. N. l’un(e)
envers l’autre
et, au nom de l’Église, pour bénir leur union:
une union de fidélité réciproque et d’amour constant,
renonçant à tout autre,
dans la tendresse et le respect mutuels,
avec force et courage,
tout au long de leur vie.
Ainsi, au nom du Christ, prions
qu’ils/elles soient rendu(e)s plus fort(e)s pour
les promesses échangées ce jour,
et que nous ayons la générosité
de les soutenir dans ce qu’ils/elles entreprennent
et la sagesse pour voir Dieu à l’œuvre dans
leur vie commune.
Collecte du jour
Le célébrant Le Seigneur soit avec vous.
People Et avec ton esprit.
Le célébrant Prions.
110
ou
Dieu soit avec vous.
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
Le célébrant dit l’une des collectes suivantes:
Dieu éternel et de toute bonté:
soutiens par ta grâce N. et N.,
dont nous sommes témoins ce jour de l’engagement
d’amour et de fidélité de toute une vie.
Accorde-leur ta bénédiction, afin que,
fermement résolu(e)s,
ils/elles honorent et respectent l’alliance formée
aujourd’hui;
par Jésus-Christ notre Sauveur,
qui vit et règne avec toi dans l’unité du Saint-Esprit,
un seul Dieu, pour les siècles des siècles. Amen.
ou
Dieu éternel et tout-puissant:
veille avec tendresse sur N. et N.,
qui se tiennent devant toi en compagnie de ton Église.
Suscite la joie dans leur vie commune.
Accorde-leur d’aimer avec générosité et de vivre
avec humilité,
afin qu’ils/elles puissent être l’un(e) pour l’autre et
pour le monde
un témoignage et un signe de ton amour sans faille;
par Jésus-Christ ton fils notre Seigneur,
qui vit et règne avec toi et le Saint-Esprit,
un seul Dieu, pour les siècles des siècles. Amen.
ou
O Dieu, toujours fidèle et vrai,
dont l’amour constant dure à jamais:
nous te remercions de soutenir N. et N. dans la vie
qu’ils/elles partagent
et de les avoir conduit(e)s jusqu’à ce jour.
Prends soin d’eux/elles et remplis-les de joie dans
leur vie commune,
dans la continuité de la belle œuvre que tu as initiée
en eux/elles;
et accorde-nous, avec eux/elles, une demeure éternelle
aux cieux
où tout ton peuple partagera la joie du parfait amour,
et où avec le Fils et le Saint-Esprit, tu vis et règne,
un seul Dieu, maintenant et pour toujours. Amen.
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
111
ou
pour les couples avec enfants
Sainte Trinité, un seul Dieu,
trois Êtres parfaits dans l’unité et égaux en majesté:
rapproche par les liens d’amour et d’affection
N. et N., qui avec leurs familles
cherchent à vivre chaque jour en harmonie et
avec patience,
afin que leur union soit pour nous
à l’image de cette communion parfaite
qui est ta vie et ton essence mêmes,
O Père, Fils, et Saint-Esprit,
qui vis et règne dans la gloire éternelle. Amen.
Lectures
Le peuple s’assied. Puis on lit un ou plusieurs des textes suivants. Si
on célèbre l’Eucharistie, un passage des Évangiles conclut les lectures.
Quand la bénédiction est célébrée dans le cadre du principal office
dominical, les lectures du dimanche seront utilisées, sauf permission
spéciale de l’évêque.
Ruth 1:16-17
1 Samuel 18:1b, 3, 20:16-17, 42a;
ou 1 Samuel 18:1-4
Ecclésiaste 4:9-12
Cantique des cantiques 2:10-13, 8:6-7
Michée 4:1-4
Romains 12.9-18
1 Corinthiens 12.31b-13.13
2 Corinthiens 5.17-20
Galates 5.14, 22-26
Éphésiens 3.14-21
Colossiens 3.12-17
1 Jean 3.18-24
1 Jean 4.7-16, 21
Quand un passage biblique autre que les Évangiles est lu, le lecteur
l’annonce ainsi:
Le lecteur 112
Lecture de __________.
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
Après la lecture, le lecteur peut dire:
Parole du Seigneur.
ou
Écoutez ce que l’Esprit dit au peuple de Dieu.
ou
Écoutez ce que l’Esprit dit à l’Église.
Le peuple Nous rendons grâce à Dieu.
Entre les lectures, un psaume, un hymne ou une antienne peut être
chanté ou lu. Des psaumes appropriés sont:
Psaume 65
Psaume 67
Psaume 85.7-13
Psaume 98
Psaume 100
Psaume 126
Psaume 127
Psaume 133
Psaume 148
Psaume 149.1-5
Tout le monde se lève, le diacre ou le prêtre lit l’Évangile, en commençant par
Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon _________.
ou
Évangile de notre Seigneur Jésus-Christ selon _________.
Le peuple Gloire à toi, Seigneur.
À la fin de l’Évangile, le lecteur dit:
Évangile du Seigneur.
Le peuple Louange à toi, Seigneur Jésus.
Les passages appropriés de l’Évangile sont:
Matthieu 5.1-16
Marc 12.28-34
Luc 6.32-38
Jean 15.9-17
Jean 17.1-2, 18-26
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
113
Sermon
Présentation des vœux et bénédiction de l’alliance de couple
Le couple vient devant l’assemblée. S’il y a une présentation, les
personnes qui les présentent se joignent au couple et le célébrant dit:
Le célébrantQui présentent N. et N., venu(e)s chercher la
bénédiction de Dieu et de l’Église pour leur amour
et leur vie commune?
Les personnes qui présentent Nous les présentons.
Le célébrantPromettez-vous
d’aimer, de respecter et de prier pour N. et N.,
et de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour rester
à leurs côtés dans la vie qu’ils/elles vont partager?
Les personnes qui présentent Oui, nous le promettons.
Le célébrant s’adresse alors au couple et dit:
Le célébrantN. et N., vous êtes venu(e)s devant Dieu et l’Église
pour rendre manifeste votre engagement l’un(e)
envers l’autre.
Le célébrant s’adresse à un membre du couple:
Le célébrantN., t’offres-tu librement et sans réserve à N.?
Réponse Oui, je le veux.
Le célébrantMènerez-vous ensemble une vie fidèle et sainte aussi
longtemps que vous vivrez?
Réponse Oui, je le veux.
Le célébrant s’adresse à l’autre membre du couple:
Le célébrant N., t’offres-tu librement et sans réserve à N.?
Réponse Oui, je le veux.
Le célébrantMènerez-vous ensemble une vie fidèle et sainte aussi
longtemps que vous vivrez?
Réponse Oui, je le veux.
114
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
L’assemblée se lève, le couple lui fait face et le célébrant s’adresse au
peuple et dit:
Le célébrant V
ous tous réunis ici, soutiendrez-vous et honorerezvous ce couple et respecterez-vous l’alliance qu’ils/elles
forment?
Le peupleOui, nous le voulons.
Le célébrantPrierez-vous pour eux/elles dans les moments difficiles et
célèbrerez-vous avec eux/elles les moments de joie?
Le peupleOui, nous le voulons.
Prières
Le célébrant Prions alors pour N. et N. pour leur vie commune
et pour ce qui soucie cette communauté.
Un diacre ou un autre intercesseur dit les prières pour le couple.
Sont appropriées, les prières pour l’Église et le monde, pour ce
qui soucie la communauté locale, pour ceux qui souffrent ou sont
confrontés à des difficultés, et pour ceux qui sont décédés. Si la
bénédiction a lieu pendant le principal service dominical de la
congrégation, on suit la rubrique des Prières du peuple page 359 du
Livre de la prière commune.
On peut faire des additions ou des adaptations selon les formes
suivantes.
Le trait en marge signale les intentions qui peuvent être omises.
L’intercesseurPour N. et N., venu(e)s chercher ta bénédiction et la
bénédiction de ton peuple saint;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour qu’un esprit de bienveillance les protège chaque jour;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour que des amis les soutiennent et que des
communautés les entourent;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
115
L’intercesseurPour la paix dans leur foyer et l’amour dans leur famille;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour qu’ils/elles aient la grâce, quand ils/elles se font
du mal, de reconnaître et d’admettre leur faute, de se
demander pardon et de demander ton pardon;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour que ton amour se répande par leurs œuvres et
leur témoignage;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour qu’ils/elles reçoivent la sagesse nécessaire
pour élever les enfants que tu pourras leur confier
(leur as confiés);
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour que leurs enfants grandissent dans une force
croissante;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour que nous ayons la force de respecter nos vœux et
nos engagements;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
On peut ajouter une ou plusieurs des prières suivantes:
L’intercesseurPour tous ceux qui sont nés à nouveau par les eaux
du baptême;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour ceux qui guident et servent dans les communautés
de foi;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
116
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
L’intercesseurPour ceux qui cherchent la paix et la justice,
et la concorde entre les nations;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour ceux qui sont malades et qui souffrent,
ceux qui sont pauvres et sans abri;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour les victimes de violences et ceux qui les infligent;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
L’intercesseurPour la communion de tous ceux et toutes celles morts
dans l’espoir de la résurrection [en particulier _______ ];
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté)
Le peuple
Écoute notre prière.
Le célébrant conclut les prières avec la collecte suivante ou une autre
selon ce qui convient:
Pourvoyeur de tous les dons, source de toute bonté,
entends les prières que nous te présentons
pour N. et N., venu(e)s chercher ta bénédiction
aujourd’hui.
Donne-leur une part dans l’œuvre de Jésus,
qui s’est donné pour nous,
qui apporte la plénitude de vie qu’il a promise,
et qui vit et règne maintenant et pour toujours. Amen.
Si l’Eucharistie suit, on omet le Notre Père.
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
117
Le célébrant
Et maintenant, comme nous
l’avons appris du Sauveur,
nous osons dire,
Le célébrant et le peuple:
Notre Père, qui es aux cieux,
que ton Nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite,
sur la terre comme au ciel.
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour.
Pardonne-nous nos offenses,
comme nous pardonnons aussi à ceux qui nous ont offensés.
Et ne nous soumets pas à la tentation,
mais délivre-nous du mal.
Car c’est à toi qu’appartiennent le règne,
la puissance et la gloire,
dans les siècle des siècles. Amen.
L’engagement
Le peuple s’assied. Le couple est debout face au célébrant.
Le célébrantN. et N., je vous invite maintenant, illuminé(e)s par la
Parole de Dieu,
et rendu(e)s plus fort(e)s par les prières de cette
communauté,
à faire alliance devant Dieu et l’Église.
Chaque membre du couple, chacun à son tour, prend la main de l’autre et dit:
Au nom de Dieu,
moi, N., je me donne à toi, N.
je te soutiendrai et prendrai soin de toi par la grâce de Dieu:
à travers tout, endurant tout.
Je serai à tes côtés et te chérirai dans l’amour du Christ:
dans les temps d’abondance, dans les temps de nécessité.
Je t’honorerai et t’aimerai avec l’aide du Saint-Esprit:
renonçant à tout autre,
aussi longtemps que nous vivrons.
C’est ma promesse solennelle.
118
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
ou
Au nom de Dieu,
moi, N., je me donne à toi, N.
je te soutiendrai et prendrai soin de toi:
à travers tout, endurant tout.
Je serai à tes côtés et te chérirai:
dans les temps d’abondance, dans les temps de nécessité.
Je t’honorerai et t’aimerai:
renonçant à tout autre,
aussi longtemps que nous vivrons.
C’est ma promesse solennelle.
S’il y a échange d’anneaux, ceux-ci sont donnés au célébrant qui prie
de la façon suivante:
Prions.
Bénis, Seigneur, ces anneaux
qu’ils soient un symbole de l’alliance constante
que N. et N. ont formée l’un(e) avec l’autre,
par Jésus-Christ, notre Seigneur. Amen.
Les membres du couple se donnent l’un à l’autre leur alliance, disant à tour de rôle:
N., reçois cet anneau comme le symbole de mon amour
constant.
Si les membres du couple ont déjà échangé et porté des anneaux en
signe de leur engagement, les anneaux ainsi portés peuvent être bénis,
le célébrant dit:
Prions.
Par ces anneaux N. et N. ont manifesté l’un(e) à l’autre
et au monde
leur amour et leur fidélité.
Bénis ces anneaux, Dieu Saint,
qu’ils soient maintenant le symbole de l’alliance
que N. et N. ont formée ce jour,
par le Christ, notre Seigneur. Amen.
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
119
Déclaration
Le célébrant dit:
Maintenant que N. et N. ont échangé leurs promesses
d’amour et de fidélité
en présence de Dieu et de l’Église,
je les déclare maintenant lié(e)s l’un(e) à l’autre
par une alliance sacrée,
aussi longtemps qu’ils/elles vivront. Amen.
Bénédiction du couple
Le célébrant appelle la bénédiction de Dieu sur le couple, qui se tient debout ou agenouillé, en disant:
Prions.
Dieu de toute bonté,
nous te louons pour ta tendre miséricorde et
l’amour infaillible
révélés par Jésus le Christ
et pour la joie immense et le réconfort qui nous
sont accordés
dans la grâce de l’amour humain.
Nous te remercions pour N. et N.,
et pour le promesse de fidélité dont ils/elles ont fait
le serment.
Répands l’abondance du Saint-Esprit sur eux/elles.
Garde-les dans la constance de ton amour;
garde-les de tout danger;
emplis-les de ta sagesse et de ta paix;
guide-les dans leur don sacré l’un(e) pour l’autre et
pour le monde.
Le célébrant continue de l’une des façons suivantes:
Que Dieu le Père,
le Fils,
et le Saint-Esprit,
vous bénisse, vous protège et vous garde,
et dans sa miséricorde vous comble de sa grâce infinie,
afin que vous soyez agréable à Dieu en corps et en âme.
Que Dieu fasse de vous un signe de la bonté et de
la fidélité constante
rendues manifestes dans la vie, la mort et la résurrection
de notre Sauveur,
120
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
et vous conduise aux réjouissances du banquet céleste,
où il vit et règne pour toujours. Amen.
ou bien:
Que Dieu, la sainte et indivisible Trinité,
vous bénisse, vous protège et vous garde,
et dans sa miséricorde vous comble de sa grâce infinie,
afin que vous soyez agréable à Dieu en corps et en âme.
Que Dieu fasse de vous un signe de la bonté et de
la fidélité constante
rendues manifestes dans la vie, la mort et la résurrection
de notre Sauveur,
et vous conduise aux réjouissances du banquet céleste,
où il vit et règne pour toujours. Amen.
Rite de la paix
Le célébrant annonce le rite de la paix.
Le célébrant Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous.
Le peuple
Et avec ton esprit.
À la place, on peut dire:
Le célébrant Que la paix du Christ soit toujours avec vous.
Le peuple
Et avec ton esprit.
La liturgie se poursuit avec la sainte communion. Quand la
communion n’est pas célébrée, le célébrant bénit le peuple. Le diacre,
ou en l’absence de diacre, le prêtre, renvoie l’assemblée.
L’Eucharistie
La liturgie continue avec l’offertoire, durant lequel le couple peut
présenter les offrandes de pain et de vin.
On peut utiliser la préface suivante:
Car à travers le don d’amour fidèle de deux personnes
l’une à l’autre
tu révèles la joie et la vie d’abondance
que tu partages avec ton fils Jésus-Christ et le Saint-Esprit.
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
121
Après la communion, on peut utiliser la prière suivante:
Dieu, notre force et notre joie,
nous te remercions pour la vie que nous partageons,
et pour l’exemple d’amour sacré que tu nous donnes
à travers N. et N.,
et nous te remercions pour le Sacrement
du Corps et du Sang de notre Sauveur Jésus-Christ.
Donne-lui de renouveler notre espoir
et de nous préparer pour le travail qui nous attend,
afin d’être témoins de la présence du Christ dans le monde,
par le pouvoir de ton Esprit,
et pour la gloire de ton Nom. Amen.
122
Présentation et bénédiction de l’alliance de couple
Guide de discussion
pour
“Je te bénirai
et tu seras une bénédiction”:
ressources pour la bénédiction
de couples de même sexe
123
124
Table des matières
Introduction au guide de discussion
Étude 1
L’histoire: étudier l’historique des décisions de l’Église
Épiscopale concernant les couples de même sexe et réfléchir au contexte actuel
Étude 2
Théologie et Bible: examiner notre compréhension de la
bénédiction de Dieu à travers le prisme de la théologie et des
Écritures
Étude 3
Liturgie: discuter de liturgie en général et plus particulièrement
des ressources liturgiques développées pour la bénédiction de
couples de même sexe
Étude 4
Lois civiles et canoniques: examiner les difficultés légales,
canoniques et spirituelles qui se présentent lorsque l’Église
envisage de bénir des couples de même sexe
Étude 5
Mission: étudier la bénédiction de couples de même sexe
comme faisant partie de la mission de l’Église et de l’œuvre de réconciliation de Dieu dans le monde
Guide de discussion
125
Documents pour les discussions
A. Alliance de discussion
Étude 1:
• B. Comprendre l’histoire
• C. Introduction à la Convention générale
• D. Couples et bénédiction: réflexion et questions
• Historique de la législation de la Convention générale
(annexée à l’ensemble des ressources)
Étude 2:
• E. Réflexion théologique sur les couples de même sexe:
résumé de “Foi, espoir et amour”
Étude 3:
• F. Principes pour évaluer la liturgie
126
Guide de discussion
Introduction au guide de discussion
Ce guide de discussion convie le peuple de l’Église Épiscopale à un
processus d’étude réfléchie des ressources théologiques et liturgiques
pour la bénédiction des couples de même sexe. Chacun des cinq
modules proposés contient une introduction au matériel pédagogique
et des questions pour animer une discussion de groupe; les trois
premiers contiennent aussi des documents à utiliser. Les questions
sont formulées de façon à faciliter une approche chrétienne réfléchie
des documents réunis ici pour les individus et les groupes qui vont les
découvrir.
Ces documents invitent les participants à aborder les échanges sur les
ressources pour la bénédiction des couples de même sexe avec respect
les uns envers les autres et pour les différents points de vue que chacun
pourra exprimer.
Parce que les mêmes idées ne vont pas inspirer ou questionner tous
les groupes, chaque thème étudié l’est de façon large et variée et peut
demander plus d’une séance. De nombreuses congrégations organisent
des rencontres pour des études bibliques ou des temps de formation
pour adultes: les animateurs peuvent adapter ces documents pour de
telles rencontres. Les congrégations peuvent choisir d’étaler dans le
temps ce processus de réflexion ou d’organiser une retraite d’une ou
deux journées afin d’approfondir l’étude du matériel et les échanges.
Le temps suggéré pour certains échanges spécifiques peut être ajusté
en fonction des besoins du groupe. Nous encourageons fortement
d’inclure dans chaque séance un temps d’étude biblique en lien avec
le sujet.
Prendre le temps d’encourager les participants à parler en se basant sur
leur expérience personnelle est essentiel lorsque l’on s’engage dans une
réflexion théologique, quel qu’en soit le sujet. Dans les discussions,
des facteurs significatifs seront, entre autres, le contexte culturel des
Guide de discussion
127
personnes et la composition de la communauté. Au début de chaque
séance, il sera donné aux participants l’occasion de se présenter.
Idéalement, le facilitateur de ces échanges sera quelqu’un de respecter
par la communauté et qui est respectueux et familier du groupe. Les
facilitateurs doivent lire l’intégralité des ressources qui forment Je
te bénirai et tu seras une bénédiction pour se préparer à mener les
discussions ; ils doivent aussi connaître les lois civiles locales et les
directives diocésaines.
Établir des normes de groupe pour discuter
Prières et pratiques qui font les bonnes conversations
C’est en partant de bien des positions différentes que les paroissiens
se joignent à la discussion sur la bénédiction des couples de même
sexe. Certaines congrégations et certaines personnes ne comprennent
pas pourquoi l’Église Épiscopale devrait bénir des couples de même
sexe, d’autres ne comprennent pas pourquoi la bénédiction de couples
de même sexe continue d’être controversée. En reconnaissant et en
tenant compte de ces différences, les facilitateurs doivent commencer
ces échanges par la mise en place d’un accord afin d’avoir des
discussions respectueuses; une Alliance de discussion est incluse
parmi les documents qui se trouvent à la fin de ce guide de discussion.
Commencer et finir chaque séance par des prières remerciant Dieu
pour cette occasion de dialogue peut souligner l’importance d’échanges
respectueux.
L’idée que l’Église est un lieu où l’on peut être en désaccord les uns
avec les autres sans risque est séduisante, mais la mettre en œuvre est
difficile. Pour se faire, il faut accepter de s’ouvrir à ceux et celles que
nous ne comprenons pas ou avec qui nous ne sommes pas d’accord sur
des sujets qui nous tiennent à cœur. Mais si nous le faisons, c’est parce
que par-dessus toute autre chose, les chrétiens sont d’accord sur ce qui
leur tient le plus à cœur – l’amour et le salut offerts par Jésus-Christ.
Même si nous sommes en désaccord sur la définition du mariage et
la façon dont nous comprenons les textes bibliques sur le divorce et
la sexualité, nous pouvons être d’accord sur notre participation à la
mission de Christ de rétablir tous les peuples dans l’unité avec Dieu et
les uns envers les autres en Christ.
Le but de cet échange n’est pas qu’un point de vue l’emporte sur
l’autre, mais que tous les participants améliorent leur compréhension
à la fois des autres et d’eux-mêmes. Si les participants approchent cette
128
Guide de discussion
discussion avec un cœur et un esprit ouverts, il est possible d’honorer
à la fois l’intégrité et la sainteté des couples gays et lesbiens et leurs
familles, et les traditions profondes de l’Église.
Documents recommandés pour préparer les séances
Le document To Set Our Hope on Christ81 avait été préparé en
réponse à la demande du Windsor Report qui souhaitait que l’Église
Épiscopale explique comment “une personne en couple de même sexe
pouvait être éligible pour mener le troupeau du Christ”. Ce document
explique comment et pourquoi l’Église Épiscopale a choisi d’aller vers
une plus grande inclusion des gays et des lesbiennes dans la vie de
l’Église. En annexe se trouve un résumé de l’histoire des croyances et
des directives de l’Église Épiscopale sur la sexualité.
En juin 2009, le Report of the Task Force on Holiness in Relationships
and the Blessing of Same-Sex Relationships (le rapport du groupe de
travail sur la sainteté dans les couples et la bénédiction des couples
de même sexe) du diocèse épiscopalien de San Diego,82 présentait
différents points de vue de manière impartiale. Sont considérés dans le
rapport: l’interprétation des Saintes Écritures; le mariage et la sainteté
dans les Écritures, les textes bibliques qui pourraient condamner les
relations de même sexe et ceux qui pourraient présenter une image
positive des gays et des lesbiennes; l’histoire et la tradition de l’Église;
la théologie pratique, pastorale et sacramentelle; et le mouvement du
Saint-Esprit.
81 To Set Our Hope in Christ: A Response to the Invitation of Windsor Report ¶135
est disponible sur le site Web de l’Église Épiscopale: http://www.episcopalchurch.org/
documents/ToSetOurHope_eng.pdf.
82 Report of the Task Force on Holiness in Relationships and the Blessing of Same-Sex
Relationships est disponible sur le site Web du diocèse épiscopalien de San Diego:
http://www.edsd.org/mediafiles/holiness-in-relationships-task-force-report.pdf.
Guide de discussion
129
130
Guide de discussion
Étude 1
L’histoire: étudier l’historique des décisions
de l’Église Épiscopale concernant les couples
de même sexe et réfléchir au contexte actuel
A. Préparer la séance
Avoir préparé les documents ci-dessous (inclus à la fin de ce guide de
discussion, sauf précision contraire):
• A. Alliance de discussion
• B. Comprendre l’histoire
• C. Introduction à la Convention générale
• Historique de la législation de la Convention générale
(annexée à l’ensemble des ressources)
• D. Couples et bénédiction: réflexion et questions
Préparer l’étude biblique proposée dans cette séance en choisissant le
passage qui sera lu et la façon dont il sera étudié.
B. Accueillir
• Souhaiter la bienvenue aux participants et faire toutes les
annonces utiles concernant leur confort (toilettes, café…) et
le programme.
• Continuer par une prière de remerciement pour cette
occasion d’échanger.
• Faire un tour de table pour que chaque personne se présente
et partage ce qu’il/elle attend de ces discussions.
• Établir les normes du groupe afin d’avoir des échanges
respectueux. Les facilitateurs peuvent distribuer des copies
de l’Alliance de discussion fournie dans les documents et les
Guide de discussion
131
étudier avec le groupe, ou utiliser d’autres normes dont ils
ont l’habitude.
• Présenter l’étude biblique préparée pour cette séance.
C. Présenter le thème
Distribuer le document Comprendre l’histoire et donner aux
participants environ 10 minutes pour le compléter.
Une fois que tout le monde a eu le temps de le compléter, demander
à chacun de partager leur réponse à la question “A” (depuis combien
de temps l’Église Épiscopale parle-t-elle des couples de même sexe et
de ses membres gays, lesbiennes, bisexuels et transgenres). Continuer
en invitant les participants à partager ce qu’ils souhaitent de leur
réponse “B” pour chaque décennie. Être attentif afin de repérer si un
fil conducteur ou un thème émerge de ces souvenirs.
D. La législation de la Convention générale
Faire une brève présentation de ce qu’est la Convention générale,
qui y va et ce qu’il s’y fait, en utilisant le document Introduction à la
Convention générale.
Distribuer Historique de la législation de la Convention générale et
discuter de son contenu à la lumière des réponses données lors de
l’exercice précédent. À ce stade – et tout au long des séances – faire
une distinction claire entre l’expression d’idées ou d’opinions basées
sur votre expérience personnelle et l’explication des positions officielles
de l’Église.
E. Les bénédictions de couple
Demander au groupe de penser à au moins trois relations basées sur
un engagement profond qui leur sont familières: par exemple, les
relations entre des membres de la famille, des amis à l’école ou au
travail, des couples de votre congrégation, ou leur propre relation de
couple. Leur rappeler qu’ils connaissent peut-être des personnes qui
sont dans des relations basées sur un engagement profond qui ne sont
pas mariées pour une raison ou une autre.
132
Guide de discussion
Former des groupes de trois personnes, et distribuer le document
Couples et bénédiction: réflexion et questions. Demander aux groupes
de réfléchir 15 ou 20 minutes aux questions posées dans le document
sur la nature des relations et des engagements. Ensuite, leur donner
l’occasion de partager leurs réflexions en grand groupe en leur posant
les questions suivantes:
• Quels éléments se sont révélés particulièrement éclairants ou
difficiles dans vos échanges?
• Avez-vous eu des surprises, lors de vos discussions, sur la
complexité des relations abordées?
• En vous basant sur ce qui a été dit dans vos échanges,
pourquoi pensez-vous que l’Église bénit des relations
reposant sur un engagement?
F. Conclusion
Remercier les participants d’être venus, leur rappeler la date et l’heure
de la prochaine réunion, et terminer par une prière d’action de grâce.
Guide de discussion
133
134
Guide de discussion
Étude 2
Théologie et Bible: examiner notre
compréhension de la bénédiction de Dieu à
travers le prisme de la théologie et des Écritures
A. Préparer la séance
Avoir préparé les documents ci-dessous (inclus à la fin de ce guide
de discussion):
• A. Alliance de discussion (ou autres normes utilisées)
• E. Réflexion théologique sur les couples de même sexe:
résumé de “Foi, espoir et amour”
Préparer l’étude biblique proposée dans cette séance en choisissant
le passage qui sera lu et la façon dont il sera étudié.
B. Accueillir
• Souhaiter la bienvenue aux participants et faire toutes les
annonces utiles concernant leur confort (toilettes, café…)
et le programme.
• Continuer par une prière de remerciement pour cette
occasion d’échanger.
• Revoir les normes de groupe afin d’avoir des échanges
respectueux, en utilisant l’Alliance de discussion ou les
autres normes établies lors de la première séance.
• Inviter les participants présents à la séance précédente
à partager les illuminations et difficultés qu’ils ont pu
rencontrer en abordant l’histoire de l’Église Épiscopale,
des rites de bénédiction des couples de même sexe et leur
expérience personnelle des bénédictions de couple.
• Présenter l’étude biblique préparée pour cette séance.
Guide de discussion
135
C. Présenter le thème
Présenter les principes théologiques de la façon suivante ou en des
termes similaires:
Dans l’Église Épiscopale, nous développons notre théologie,
ou la façon dont nous pensons à Dieu, à travers les Écritures,
la tradition et la raison. Considérons, par exemple, le concept
d’“hospitalité”. De nombreux exemples dans les Écritures
nous parlent de l’hospitalité de Dieu pour son peuple et
comment le peuple de Dieu donne ou refuse l’hospitalité de
Dieu aux autres. Bien que certaines histoires semblent montrer
des comportements qui seraient en conflit avec la façon dont
Dieu nous demanderait aujourd’hui de répondre à des tiers,
ces histoires bibliques continuent de nous aider et de nous
guider. D’autres principes théologiques, comme l’eschatologie
(les croyances sur les derniers événements de l’histoire du
monde) et la nature trinitaire de Dieu demandent un peu
plus d’étude des Écritures pour être interprétés à la lumière
de l’expérience chrétienne et de notre compréhension au
cours des millénaires depuis l’époque biblique. Nous croyons
que Dieu continue de se révéler au monde. Nous faisons
l’expérience de cette révélation de bien des façons, y compris à
travers des relations de couple engagées, fidèles et à vie.
Distribuer Réflexion théologique sur les couples de même sexe et
demander aux participants de le lire et d’échanger au sujet de ce
résumé de l’essai “Foi, espoir et amour”. Décrivant les relations
comme des “alliances”, ce document identifie quatre thèmes de
réflexion théologiques: la vocation, le foyer, la fécondité et la
bénédiction mutuelle. Inviter le groupe à discuter certains de ces
principes en utilisant les introductions et les questions qui suivent.
D. Alliance
Présenter le concept d’“alliance” de la façon suivante ou en des termes
similaires:
Les alliances sont formées et maintenues non seulement
entre les personnes concernées et Dieu mais aussi dans une
communauté, qui en est également responsable. L’alliance
baptismale est un exemple familier pour les épiscopaliens: des
engagements sont pris par (ou pour) les personnes se faisant
baptiser mais aussi par celles et ceux qui les présentent et la
communauté assemblée pour l’occasion.
136
Guide de discussion
Les alliances prennent des formes diverses dans les Écritures.
Généralement, mais pas toujours, elles contiennent un
accord solennel dans lequel toutes les parties impliquées
s’engagent auprès des autres, en précisant les obligations
et les responsabilités mutuelles. Les Écritures parlent des
alliances de mariage, de droits des eaux, de relations tribales,
de protection et de fidélité; les alliances comportent des rites
avec des animaux, des échanges et autres gestes symbolisant
la relation ainsi scellée. Le livre de la Genèse contient une
série d’alliances faites par Dieu. Par exemple, après l’alliance
faite avec Noé (Genèse 6.18) pour protéger sa famille de
l’inondation à venir, Dieu fait une alliance avec la création:
“Voici à quoi je m’engage: jamais plus la grande inondation
ne supprimera la vie sur terre; il n’y aura plus de grande
inondation pour ravager la terre.” (Genèse 9.11)
L’engagement relationnel peut amener un couple à former une
alliance dans laquelle leur amour et leur fidélité reflètent et
participent de l’alliance pleine de grâce de Dieu avec nous en
Christ.
Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension
• Une définition possible de la différence entre un contrat
et une alliance est: “Un contrat est un accord fait dans la
suspicion. Une alliance est un accord fait dans la confiance.”
Quels seraient des exemples de contrats et d’alliances dans
votre vie?
• Où avez-vous vu des signes de la grâce de Dieu dans les
relations de couples engagés que nous connaissez?
E. Vocation
Présenter le thème de la “vocation” de la façon suivante ou en des
termes similaires :
Certaines personnes sont appelées à être dans des couples
engagés à long terme, c’est leur vocation, définie ici comme
une responsabilité ou un style de vie vers lequel Dieu les
appelle. Dans les Écritures, nous en trouvons un exemple avec
Abraham et Sarah, qui sont par vocation liés à Dieu et l’un à
l’autre. Ils sont envoyés ensemble dans un voyage qui ne va
pas simplement changer leurs noms mais le monde (Genèse
11.27–25.11). Dans la Bible, beaucoup d’autres exemples de
Guide de discussion
137
relations basées sur un engagement profond – comme Ruth
et Noémie (Ruth 1), Éli et Samuel (1 Samuel 3), Jésus et
ses disciples – peuvent être regardées comme des vocations,
c’est-à-dire ayant une fonction voulue par Dieu. Ces relations
définissent non seulement les individus mais aussi le travail
qu’ils ont eu à accomplir ensemble, comme faisant partie de la
vie de Dieu dans le monde.
Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension
• Faites-vous partie d’une relation ou avez-vous observé des
relations que vous considérez comme des “vocations”? Si
c’est le cas, qu’est-ce qui d’après vous les rend ainsi?
• Dans la Bible, il est dit que Paul, quand il conseillait les
premiers chrétiens au sujet des situations complexes et des
persécutions auxquelles ils devaient faire face, indiquait
que rester célibataire était une façon de servir Dieu, une
vocation pour “que vous fassiez ce qui convient le mieux,
en demeurant totalement attachés au service du Seigneur”
(1 Corinthiens 7.35). Tout le monde n’est pas appelé à
vivre en couple; être célibataire peut être une vocation pour
certains. Avez-vous fait l’expérience ou connaissez-vous des
personnes qui ont fait l’expérience du célibat en tant que
vocation?
F. Foyer
Présenter le thème du “foyer” de la façon suivante ou en des termes
similaires:
Les foyers se présentent de manières très diverses. Prenons
par exemple l’histoire du fils prodigue, dans laquelle des
promesses de loyauté et d’amour ont été prononcées, brisées
puis renouées. Les familles d’origine ont une alliance de
foyer implicite. Lorsque des personnes se mettent ensemble
pour créer un nouveau foyer, elles ont l’occasion de redéfinir
de nouveaux liens en se joignant l’une à l’autre. Dans ces
nouveaux foyers, l’alliance de couple permet un amour saint,
l’attention, la prise de risque et le sacrifice au nom de l’autre.
Dans de telles relations, on peut commencer à comprendre
l’amour inconditionnel et la fidélité de Dieu envers nous. On
y fait l’expérience des nombreux dons qu’un tel foyer peut
apporter, y compris la joie mutuelle, le compagnonnage, la
fidélité, le compromis, la bonté, la grâce et le pardon.
138
Guide de discussion
Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension
• Le document Réflexion théologique sur les couples de
même sexe affirme “Si les foyers peuvent prendre des
formes très variées, ils créent un espace de confiance
et de responsabilités partagées” où nous pouvons
“apprendre la discipline de la compassion, du pardon et
de la réconciliation.” Connaissez-vous ou avez-vous fait
l’expérience de foyers qui offrent un “espace sacré”? En
quoi le fait de réfléchir aux foyers en tant que concept
théologique fait-il écho à votre propre expérience?
• Dans l’histoire du fils prodigue (Luc 15.11-32), le foyer
est en fête quand le père accueille son plus jeune fils avec
compassion, en dépit de la désobéissance du fils aux règles
familiales. Décrivez des réactions similaires que vous avez pu
voir dans des foyers que vous connaissez. Qu’est-ce que cela
révèle sur la nature de ces foyers?
• Dans la même histoire, le frère aîné en veut au fils prodigue.
D’après vous, qu’est-ce qui empêche de surmonter la perte
de confiance mutuelle et de responsabilité partagée entre ces
deux membres d’un même foyer?
G. Bénédiction mutuelle et fécondité
Présenter les thèmes de “bénédiction mutuelle” et de “fécondité” de la
façon suivante ou en des termes similaires:
L’ancien archevêque de Canterbury Donald Coggan avait
résumé l’essence du message de l’apôtre Paul en trois mot:
grâce, amour et communion. “Ce sont les mots clefs de ce
qui est devenu la deuxième prière la plus connue de l’Église:
‘Que la grâce du Seigneur Jésus-Christ, l’amour de Dieu, et la
communion du Saint-Esprit soient avec vous tous.’”83 Grâce.
Amour. Communion. Ces bénédictions sont abondantes dans
les relations chrétiennes et dans les communautés chrétiennes.
L’apôtre Paul nous dit: “Mais ce que l’Esprit-Saint produit,
c’est l’amour, la joie, la paix, la patience, la bienveillance, la
bonté, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi.” (Galates
5.22) De la même façon qu’Abraham a été béni par Dieu
pour devenir une bénédiction (Genèse 12.2), l’engagement
que montre une alliance de couple devient une source de
bénédiction pour toute l’Église. Quand la grâce divine
83 Donald Coggan, Meet Paul: An Encounter with the Apostle (London: SPCK, 1998), 73-75.
Guide de discussion
139
soutient une alliance de couple, celle-ci produit des fruits
innombrables, non seulement pour le couple mais aussi pour
l’ensemble de la communauté.
Quand nous assistons à un événement public célébrant des
grâces ou des dons, que cela soit un baptême ou la remise
d’un diplôme ou d’un prix, c’est un rappel que l’on s’attend à
ce que la personne ou le groupe à qui cette reconnaissance est
accordée investissent ses qualités dans la société. Lors d’une
liturgie de bénédiction, la valeur des personnes faisant alliance
l’une avec l’autre nous est rappelée – la valeur de leur amour,
de leur fidélité, de leur loyauté et de leur dévotion l’une envers
l’autre et envers Dieu. En bénissant leur relation, nous nous
attendons à ce que la célébration et la consolidation du couple
soient une bénédiction pour la congrégation.
Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension
• D’après votre expérience, de quelle façon une alliance de
couple bénie par l’Église devient en retour une bénédiction
pour l’Église?
• D’après votre expérience, quels fruits avez-vous vu être
produits par une alliance de couple?
• Comment une bénédiction de couple de même sexe peut
aider et rendre un couple capable d’incarner le service, la
générosité et l’hospitalité au-delà de leur foyer?
H. Conclusion
Remercier les participants d’être venus, leur rappeler la date et l’heure
de la prochaine réunion, et terminer par une prière d’action de grâce.
140
Guide de discussion
Étude 3
Liturgie: discuter de liturgie en général et plus
particulièrement des ressources liturgiques
développées pour la bénédiction de couples de
même sexe
A. Préparer la séance
Avoir préparé les documents ci-dessous (inclus à la fin de ce guide de
discussion, sauf précision contraire):
• A. Alliance de discussion (ou autres normes utilisées)
• F. Principes pour évaluer la liturgie • “Présentation et bénédiction d’une alliance de couple”
(document liturgique)
Avant la séance, solliciter des volontaires pour mettre en scène la
liturgie (en s’arrêtant à la Paix) pendant la réunion. Leur demander de
le faire de façon respectueuse et de prendre en compte que, même dans
le cadre d’un jeu de rôle, les paroles et les actes d’une liturgie peuvent
avoir un impact sur les personnes qui les utilisent.
Préparer l’étude biblique proposée dans cette séance en choisissant le
passage qui sera lu et la façon dont il sera étudié.
B. Accueillir
• Souhaiter la bienvenue aux participants et faire toutes les
annonces utiles concernant leur confort (toilettes, café…) et
le programme.
• Continuer par une prière de remerciement pour cette
occasion d’échanger.
• Revoir les normes de groupe afin d’avoir des échanges
respectueux, en utilisant l’Alliance de discussion ou les
autres normes établies lors de la première séance.
Guide de discussion
141
Inviter les participants présents à la séance précédente à
partager les illuminations et difficultés qu’ils ont pu rencontrer
en abordant les interactions entre la Bible, la théologie et la
bénédiction des couples de même sexe.
• Présenter l’étude biblique préparée pour cette séance.
C. Présenter le thème
Présenter la discussion sur la signification et le but de la liturgie de la
façon suivante ou en des termes similaires:
Au fil des siècles, les chrétiens ont trouvé des façons de
ritualiser notre histoire en tant que peuple de Dieu, notre
place dans la vie de Dieu aujourd’hui et notre espoir d’une
éternité avec Christ. La liturgie est un événement qui redit
l’histoire du salut à travers des mots et des sacrements: par la
proclamation des Écritures, à travers les sermons et les prières
et dans la liturgie de la table. Chaque fois que nous célébrons
une liturgie, nous devenons acteurs de la représentation de
cette histoire – la vie avec Dieu, de la création à la chute et
l’alliance, la rédemption et l’accomplissement – en la faisant
vivre au présent. Quand nous consacrons l’eau pour le
baptême, nous revenons aux eaux de la création du début de
notre histoire. Nous sommes engloutis avec Christ dans ces
eaux et ramenés à la vie en Christ, pour un nouvel avenir. Les
Écritures nous appellent à conserver des rituels, quand elles
indiquent de “faire que ce jour soit saint” ou de “se rappeler
ce lieu” ou de “faire ainsi” à partir de maintenant pour garder
notre foi toujours vivante.
La liturgie peut être comprise comme un échange entre
le ciel et la terre. Tout ce que nous avons vient de Dieu et
c’est ce que nous rendons. Dans nos prières, nous, en tant
que communauté, inspirons et expirons nos demandes, nos
remerciements, nos peines, nos espoirs et nos louanges.
Souvent, c’est au cours d’une liturgie que nous célébrons les
moments importants de la vie de personnes chrétiennes et des
communautés. Dans les liturgies de baptême, de confirmation,
de mariage et d’ordination: nous nous assemblons pour mettre
en acte et célébrer notre engagement dans une vocation avec
Christ et les uns avec les autres.
142
Guide de discussion
D. Principes de la liturgie anglicane
Distribuer le document Principes pour évaluer la liturgie, et présenter
les principes de la façon suivante ou en des termes similaires:
Dans la résolution 2009-C056, la Convention générale
a demandé à la Commission en charge de la liturgie et
de la musique de “recueillir et développer des ressources
théologiques et liturgiques” pour la bénédiction de couples
de même sexe. La Commission a découvert un vaste panel
de liturgies officieuses, certaines remontant aux années 1970
et, plus récemment, des rites de bénédiction établis pour
être utilisés dans les diocèses de l’Église Épiscopale et de
l’Église Anglicane du Canada. Ces liturgies furent créées pour
répondre au besoin pastoral de couples de même sexe dans
différentes juridictions locales. La Commission a trouvé de
fortes similitudes entre les rites; beaucoup utilisaient la trame
de la “Célébration et bénédiction d’un mariage” du Livre de
la prière commune.
Cette recherche a amené la Commission à développer des
principes liturgiques pour évaluer les ressources collectées
et pour servir de base à la création d’une nouvelle liturgie
à présenter à la Convention générale de 2012. Maintenir
une cohérence avec la tradition théologique anglicane et
le style liturgique de la version 1979 du Livre de la prière
commune était essentiel pour le développement de cette
liturgie. S’assurer que les rites proposés soient l’expression
de l’ensemble de l’Église et pas seulement des deux personnes
venues chercher une bénédiction était aussi un élément
important. Une liste complète des éléments recherchés se
trouve dans le document.
Ces éléments peuvent être regroupés dans deux grandes
catégories: les paroles et les actes. Dans la liturgie, les
paroles et les actes expriment et donnent forme à ce en quoi
nous croyons. Dans la “Présentation et bénédiction d’une
alliance de couple”, la combinaison de paroles et d’actes
expriment ce que nous comprenons et ce que nous espérons
d’une bénédiction, d’un foyer et de la révélation de l’amour
de Dieu dans le monde à travers ces relations basées sur un
engagement profond.
Guide de discussion
143
E. Découvrir la liturgie de bénédiction des couples de
même sexe
Distribuer des exemplaires de “Présentation et bénédiction d’une
alliance de couple” et inviter les participants à garder à l’esprit
les principes donnés dans le document pour évaluer les ressources
liturgiques alors que la liturgie est mise en scène.
Avant de jouer la liturgie avec les volontaires choisis préalablement à
la séance, expliquer que ce n’est pas dans les intentions de ce “couple”
de recevoir la bénédiction. Signaler qu’il peut y avoir un peu de stress
à mettre en scène la liturgie et inviter les participants à s’engager dans
cette expérience dans la prière. Quand la scène est finie, rappeler au
“couple”, au “célébrant” et à l’“assemblée” qu’un jeu de rôle n’a pas
le pouvoir d’un engagement et remercier les volontaires pour leur aide.
Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension
Qu’avez-vous entendu?
Qu’avez-vous vu?
Qu’avez-vous ressenti?
Comment évalueriez-vous cette liturgie en la comparant aux
principes établis dans le document?
Quels sont les paroles, les symboles et les actes de cette liturgie
qui vous ont marqué et vous ont amené à réfléchir à votre
propre expérience d’alliance de couple?
Qu’est-ce que ces paroles, ces symboles et ces actes appellent
pour le couple, les défient de faire ou leur offrent, à eux qui les
vivent dans le contexte de la bénédiction de leur union?
D’après votre expérience, quels éléments semblent avoir le
plus de signification lorsqu’une communauté se rassemble
pour recevoir la bénédiction de Dieu?
F. Conclusion
Remercier les participants d’être venus, leur rappeler la date et l’heure
de la prochaine réunion, et terminer par une prière d’action de grâce.
144
Guide de discussion
Étude 4
Lois civiles et canoniques: examiner les
difficultés légales, canoniques et spirituelles qui
se présentent lorsque l’Église envisage de bénir
des couples de même sexe
A. Préparer la séance
Avoir préparé le document ci-dessous:
• A. Alliance de discussion (ou autres normes utilisées)
Installer deux grandes feuilles de papier, chacune avec deux colonnes:
Une feuille:
Mariage
Avantages/Obligations laïcs
Avantages/Obligations religieux
L’autre feuille:
Bénédiction
Avantages/Obligations laïcs
Avantages/Obligations religieux
Préparer l’étude biblique proposée dans cette séance en choisissant
le passage qui sera lu et la façon dont il sera étudié.
B. Accueillir
• Souhaiter la bienvenue aux participants et faire toutes
les annonces utiles concernant leur confort (toilettes, café…)
et le programme.
Guide de discussion
145
• Continuer par une prière de remerciement pour cette
occasion d’échanger.
• Revoir les normes de groupe afin d’avoir des échanges
respectueux, en utilisant l’Alliance de discussion ou les
autres normes établies lors de la première séance.
• Inviter les participants présents à la séance précédente
à partager les illuminations et difficultés qu’ils ont pu
rencontrer en abordant la liturgie de bénédiction pour les
couples de même sexe.
• Présenter l’étude biblique préparée pour cette séance.
C. Présenter le thème
Présenter la discussion sur les lois civiles et canoniques de la façon
suivante ou en des termes similaires:
La résolution 2009-C056 demandait à la Commission
en charge de la liturgie et de la musique de développer
des ressources pour la bénédiction de couples de même
sexe. Alors que la Commission avançait dans son travail,
des épiscopaliens se sont interrogés sur les liens entre
cette bénédiction et le mariage. Suivant la directive de
la Convention générale, la Commission a développé des
ressources pour une bénédiction et non pour un mariage,
tout en reconnaissant la complexité des lois civiles et des lois
canoniques (c’est-à-dire de l’Église).
Certains États autorisent les couples de même sexe à se
marier; d’autres permettent des unions civiles ou proposent un
autre statut légal pour ces couples. D’autres États interdisent
(ou ne reconnaissent pas) les mariages ou unions de couples
de même sexe ; certains de ces États ne reconnaissent aucun
statut légal pour les couples de même sexe qui se sont mariés
ou ont contracté une union civile dans un État où cela est
légal.
Le Livre de la prière commune (p. 422) et le canon I.18.1
exigent que le clergé épiscopalien se conforme aux lois de leur
État en ce qui concerne le mariage civil.
146
Guide de discussion
D. Étudier les avantages et les obligations d’un mariage et d’une bénédiction
Inviter le groupe à faire un brainstorming sur les avantages et
obligations laïcs du mariage et noter les réponses dans la colonne
appropriée de la feuille “mariage”. Ensuite, faire de même avec les
avantages et obligations religieuses du mariage et noter les réponses.
Enfin, recommencer l’exercice avec la page intitulée “bénédiction”
(c’est-à-dire la bénédiction d’un couple dont la relation est basée
sur un engagement profond et à vie) – en évoquant en premier
les avantages et obligations laïcs puis les avantages et obligations
religieuses. Prendre du recul et demander aux participants ce qu’ils
remarquent au sujet de ces quatre listes. Engager une conversation.
Voici une liste de réponses qui peuvent être données:
Mariage: Avantages/Obligations laïcs
• Statut légal donné par l’État: global pour les couples de sexes
opposés; local/par État pour les couples de même sexe.
• Défini par certains États comme étant seulement entre un
homme et une femme – allant dans le sens d’une vision
traditionnelle du mariage.
• Intégrer l’institution du mariage et ses avantages sociaux.
• Avantages financiers potentiels – imposition commune, biens
mis en commun, etc. – globaux pour les couples de sexes
opposés; local/par État pour les couples de même sexe.
• Clarté de la relation – correspond à un modèle connu,
les gens savent ce que cela signifie quand vous dites être
marié(e); clarté sur la monogamie et la fidélité.
• Responsabilités légales partagées par le couple.
• Statut social.
• Généralement, relation acceptée par les parents, la famille
et les amis.
Mariage: Avantages/Obligations religieux
• Bénédiction de Dieu proclamée par l’Église.
• Reconnaissance de la nature spirituelle de la relation.
• Un engagement d’amour religieux et spirituel fait en public.
• Appel à la réconciliation constante et l’assurance du pardon.
• Préparation spirituelle et accompagnement avant la cérémonie.
Guide de discussion
147
• “Mariage à l’église”, la reconnaissance sociale et le
soutien de la communauté religieuse.
• Échange et bénédiction des symboles de la relation – les
anneaux.
• Fait selon les normes du Livre de la prière commune de
l’Église Épiscopale – pas pour les couples de même sexe.
Bénédiction: Avantages/Obligations laïcs
• Gain éventuel de clarté pour la relation; promesses
d’engagement faites l’un(e) à l’autre.
• Éventuel statut social.
• Éventuelle acceptation ou reconnaissance par les parents,
la famille et les amis.
Bénédiction: Avantages/Obligations religieux
• Bénédiction de Dieu proclamée par l’Église.
• Reconnaissance de la nature spirituelle de la relation;
clarté sur la monogamie et la fidélité.
• Un engagement d’amour religieux et spirituel fait en public.
• Appel à la réconciliation constante et l’assurance du pardon.
• Préparation spirituelle et accompagnement avant la cérémonie.
• “Mariage à l’église”, la reconnaissance sociale et le
soutien de la communauté religieuse.
• Échange et bénédiction des symboles de la relation – les
anneaux.
• Fait selon les normes de l’Église Épiscopale, si l’évêque
l’autorise comme réponse pastorale possible.
Inviter le groupe à tirer des conclusions à partir des listes et des
discussions. Ils peuvent découvrir que quand l’Église bénit des couples
de même sexe, de telles bénédictions apportent presque (mais pas tous)
les mêmes “avantages religieux” que dans le mariage, et que lorsque
l’Église bénit des couples de même sexe, cela apporte par contre
beaucoup moins d’ “avantages laïcs” que ceux du mariage.
E. Conclusion
Remercier les participants d’être venus, leur rappeler la date et l’heure
de la prochaine réunion, et terminer par une prière d’action de grâce.
148
Guide de discussion
Étude 5
Mission: étudier la bénédiction de couples de
même sexe comme faisant partie de la mission
de l’Église et de l’œuvre de réconciliation de
Dieu dans le monde
A. Préparer la séance
Avoir préparé le document ci-dessous:
• A. Alliance de discussion (ou autres normes utilisées)
Préparer l’étude biblique proposée dans cette séance en choisissant le
passage qui sera lu et la façon dont il sera étudié.
B. Accueillir
• Souhaiter la bienvenue aux participants et faire toutes les
annonces utiles concernant leur confort (toilettes, café…) et
le programme.
• Continuer par une prière de remerciement pour cette
occasion d’échanger.
• Revoir les normes de groupe afin d’avoir des échanges
respectueux, en utilisant l’Alliance de discussion ou les
autres normes établies lors de la première séance.
• Inviter les participants présents à la séance précédente
à partager les illuminations et difficultés qu’ils ont pu
rencontrer en abordant la comparaison entre un mariage et
une bénédiction.
• Présenter l’étude biblique préparée pour cette séance.
Guide de discussion
149
C. Présenter le thème
Présenter cette dernière séance en leur rappelant que nous faisons
partie d’un ensemble plus vaste, de la façon suivante ou en des termes
similaires:
En se servant du “tabouret à trois pieds” de l’anglicanisme,
nous avons étudié les Écritures, la tradition et la raison pour
développer des rites de bénédiction de couples de même sexe
dans l’Église Épiscopale. Nous avons étudié l’appel de Dieu
à vivre en relation avec lui et les uns avec les autres. Nous
avons pu être en désaccord, mal compris ou bousculé dans
nos convictions, mais il nous a été rappelé à chaque étape que
notre vie ensemble, centrée dans le baptême et l’eucharistie,
est essentielle pour un peuple de foi à cette époque et dans
cette Église.
Voici ce que dit l’essai “Foi, espoir et amour” sur la
signification de la mission de bénir des couples de même sexe:
Le caractère missionnaire d’une bénédiction d’alliance,
reflété dans les Écritures comme dans les traditions
historiques de l’Église, mérite aujourd’hui une attention
renouvelée. La Convention générale de 2000 a contribué
à ce renouvellement en adoptant la résolution D039
qui a identifié la monogamie, la fidélité, l’amour
sacré et d’autres caractéristiques comme étant celles
d’un engagement de couple pour la vie. De façon
significative, cette résolution fut établie comme un
moyen pour permettre à l’Église de s’engager de manière
encore plus efficace dans sa mission. Nombreux sont
ceux dans l’Église Épiscopale qui ont pu observer ces
caractéristiques chez des couples de même sexe. Cette
reconnaissance peut, et c’est déjà le cas dans plusieurs
endroits, élargir notre compréhension de la mission de
l’Église de prendre part à l’œuvre de réconciliation de
Dieu.
Notre volonté de continuer à recevoir quelque chose de
nouveau tout en restant en communion et en s’aimant les uns
les autres donne l’exemple d’un don que nous devons offrir au
monde.
Nous avons commencé notre étude par l’histoire récente
de l’Église Épiscopale concernant les couples de même sexe
cherchant à être acceptés et à voir leur union bénie dans
l’Église, et en réfléchissant à notre propre expérience des
150
Guide de discussion
relations basées sur un engagement profond et à vie. Nous
avons continué en étudiant les ressources théologiques et
liturgiques que la Commission en charge de la liturgie et de
la musique avait développées. Enfin, nous avons comparé les
avantages et obligations du mariage et de la bénédiction des
couples de même sexe.
Questions pour approfondir la réflexion et la compréhension
• Au cours des dernières semaines, comment ces échanges
ont-ils pu transparaître dans vos vies quotidiennes? Vous
êtes-vous retrouvé à discuter (ou échanger via email ou
Facebook) avec des collègues, des amis, ou des membres de
votre famille de la volonté de l’Église Épiscopale d’offrir ces
bénédictions?
• Ce guide de discussion a été conçu pour aider les
participants à comprendre la présence de rites de bénédiction
de couples de même sexe dans notre vie commune dans
l’Église Épiscopale. A-t-il atteint son but pour vous? En quoi
cela a-t-il ou non marché?
• Si votre communauté n’envisage pas de proposer ces rites
aux couples de même sexe demandant une bénédiction,
vous sentez-vous maintenant capable d’expliquer pourquoi
d’autres paroisses ou diocèses de l’Église Épiscopale le
font? Si oui, par où commenceriez-vous votre explication?
Sinon, quelles autres informations ou quel autre contexte
pourraient vous aider à l’expliquer?
D. Conclusion
Remercier tout le monde pour leur participation, pour tout le travail
fourni et leur engagement, ainsi que pour aimer assez l’Église et ceux
qui en franchissent les portes pour rendre ces échanges ensemble
possibles.
Terminer par une prière d’action de grâce.
Guide de discussion
151
152
Guide de discussion
Documents pour les discussions
A. Alliance de discussion
Étude 1:
• B. Comprendre l’histoire
• C. Introduction à la Convention générale
• D. Couples et bénédiction: réflexion et questions
Étude 2:
• E. Réflexion théologique sur les couples de même sexe:
résumé de “Foi, espoir et amour”
Étude 3:
• F. Principes pour évaluer la liturgie
Guide de discussion
153
154
Guide de discussion
Document A
Alliance de discussion
En nous rassemblant au nom du Christ pour partager nos réflexions,
nos sentiments et nos idées, nous acceptons cette alliance pour guider
nos échanges en suivant le chemin d’amour de Dieu.
• Je prends en compte que tous les participants viennent
ici avec des histoires, des expériences et des points de vue
très différents. C’est avec respect que je demanderai des
clarifications sur les autres perspectives afin d’élargir ma
compréhension.
• Si je choisis d’exprimer mon désaccord avec un point de vue
différent du mien, je le ferai avec respect et bonté.
Je m’engage à:
• parler seulement en mon nom (en utilisant le “je”);
• assumer la responsabilité de mes réflexions et sentiments;
• me rappeler ma promesse baptismale de “respecter la dignité
de chaque être humain”;
• chercher et reconnaître nos points d’accord;
• respecter la confidentialité à moins d’être explicitement
autorisé à partager ce qui a été dit;
• pratiquer une “écoute sacrée” en:
– étant attentif à la présence de Dieu dans les
expériences des autres;
– acceptant ces expériences comme étant valides pour la
personne qui en parle;
– cherchant les points forts dans les positions des autres
participants;
– évitant les interruptions et les disputes;
– évitant d’applaudir ou de réagir à une intervention;
– donnant à chacun l’occasion de s’exprimer avant de
reprendre la parole.
Si la discussion va porter sur une personne en particulier ou un groupe
spécifique, ils devraient leur être proposé d’assister à la réunion.
Guide de discussion
155
Adapté de Our Covenant for Conversation, diocèse épiscopalien du Vermont; Good
News: A Congregational Resource for Reconciliation, par le très révérend Steven
Charleston (2003); et Intimate Human Relationships: Resources for Conversation in
the Congregations and Deaneries of the Episcopal Diocese of Vermont, edité par Anne
Clarke Brown (2004).
156
Guide de discussion
Document B
Comprendre l’histoire
Utiliser ce document pour noter vos souvenirs et vos réflexions sur les
discussions au sujet des couples de même sexe au cours des dernières
décennies.
A. Depuis combien d’années l’Église Épiscopale parle-t-elle
officiellement des couples de même sexe et de ses membres gays,
lesbiennes, bisexuel(le)s et transgenres? _________
B. Pour chaque décennie, lister brièvement – en utilisant des mots clefs
– ce dont vous vous souvenez au sujet de:
1. Ce qui se passait dans votre vie
2. Ce qui se passait dans le monde et/ou l’Église
3. Ce qui se passait concernant les couples de même sexe.
Guide de discussion
157
158
Guide de discussion
Document C
Introduction à la Convention générale
Adapté d’une introduction à la Convention générale de 2009 préparée
par le révérend Dr Gregory S. Straub, administrateur et secrétaire de
la Convention générale.
En 1785, la première Convention Générale se réunit à Philadelphie,
alors qu’il y avait peu de précédents d’une Église avec une gestion
démocratique. Cette Convention commença par travailler sur une
constitution et une révision du Livre de la prière commune, le livre de
culte de l’Église. En l’espace de dix ans, la Convention générale parvint
à un consensus sur son fonctionnement décisionnel et son modèle de
culte, deux formes d’organisation encore utilisées de nos jours.
Fait unique en son temps, la première Convention générale créa une
Assemblée bicamérale dans laquelle des évêques élus (et non nommés
par la royauté) formeraient une chambre et des députés laïcs et
ordonnés (représentés de façon égale) formeraient l’autre chambre.
Tous les évêques de l’Église Épiscopale, qu’ils soient en activité ou
retraités, ont le droit de siéger, prendre la parole et voter dans la
Chambre des évêques (sauf s’ils ont perdu ce privilège). Chacun des
diocèses épiscopaliens (ainsi que la Convocation des Églises en Europe
et la Mission de la Terre Navajo) a le droit d’élire huit députés, quatre
laïcs et quatre prêtres et/ou diacres pour la Chambre des députés. (Les
électeurs diocésains des députés sont eux-mêmes des représentants élus
dans les paroisses locales.) Les députés ne sont pas des délégués; c’està-dire qu’ils ne sont pas élus pour représenter les diocèses.
Les députés votent en conscience pour le bien de l’Église. On ne peut
pas leur donner des instructions de vote, car agir ainsi empêcherait
un débat habité par Dieu et préviendrait le travail du Saint-Esprit.
On attend des députés qu’ils participent à des comités, si cela leur est
demandé, de prendre part à des forums et des audiences, de lire des
rapports adressés à l’Église par ses commissions, comités, agences et
conseils d’administration, d’écouter et, s’ils s’y sentent appelés, de
réagir aux résolutions de l’Assemblée.
Guide de discussion
159
La Chambre des évêques et la Chambre des députés se réunissent,
délibèrent et votent séparément. Pour être adoptées, les résolutions
doivent être approuvées par les deux chambres dans la même langue.
Les deux chambres ont le droit de proposer des amendements, mais
ceux-ci doivent être acceptés par l’autre chambre. Les résolutions
présentées à la Convention ont quatre origines possibles: les comités,
commissions, agences et conseils d’administration de l’Église; les
évêques ; les diocèses et provinces; les députés.
La Chambre des évêques est présidée par l’évêque présidant et la
Chambre des députés par un président élu de la Chambre. En l’absence
du président, un vice-président siège. Dans chaque chambre, un
secrétaire et un parlementaire assistent la personne en charge de la
présidence.
La Convention se réunit dans la prière. Chaque jour, les évêques, les
députés, les substituts et les délégués de la réunion triennale ECW
se rassemblent pour une étude biblique et la sainte eucharistie. La
Chambre des députés et la Chambre des évêques ont des aumôniers
qui dirigent des prières régulièrement pour les chambres, au début et
à la fin des séances, ainsi que quotidiennement à midi. On demande
aussi aux aumôniers de prier avant l’adoption de législations
importantes. Des organisations au sein de l’Église peuvent être
commanditaires de cultes supplémentaires et des volontaires occupent
une salle de prière où a lieu une intercession continue pour le travail
de la Convention.
Une part importante du travail de la Convention est réalisée par les
comités législatifs. L’évêque présidant et le président de la Chambre
des députés décident du nombre de personnes qui travaillent dans les
comités et leurs compositions. Dans leurs nominations, les présidents
prennent en compte l’expérience des personnes, leur expertise et leurs
centres d’intérêt afin d’assurer que les comités soient représentatifs
des différents points de vue; de la diversité géographique et ethnique,
l’égalité des sexes et la participation de jeunes députés.
Les résolutions proposées pour être discutées à la Convention sont
présentées à des comités législatifs qui les étudient, les regroupent et
les perfectionnent avant de les présenter à la Convention. Les comités
législatifs tiennent des audiences sur la législation auxquelles peuvent
s’exprimer: les évêques, les députés, les substituts inscrits et les
visiteurs inscrits.
Les débats sont menés dans le respect de la Constitution et des canons
de l’Église, les règles de procédure de chaque Chambre, les règles de
procédure communes (qui s’appliquent aux deux chambres) et les
160
Guide de discussion
“Roberts’ Rules of Order”. On attend des députés qu’ils écoutent avec
respect les points de vue des autres participants et qu’ils adhèrent aux
règles qui demandent, par exemple, qu’il y ait une alternance entre des
personnes d’opinions différentes dans les prises de parole.
La Convention va au-delà de la législation. Une des parties les plus
intéressantes de la Convention est la salle des exposants, un marché
d’idées et de biens où les organisations et groupes d’intérêt de l’Église
présentent leurs articles, recrutent des membres et font de leur mieux
pour influencer la législation.
De nombreuses organisations liées à l’Église organisent des rencontres
en conjonction avec la Convention et il y a des déjeuners et dîners
organisés par des séminaires, des provinces, des sociétés, des
conseils d’administration et des employés administratifs de l’Église.
Les Femmes de l’Église Épiscopale (Episcopal Church Women –
ECW) programment leur rencontre triennale en même temps que
la Convention générale. Les rencontres ECW ont évolué au fil des
dernières décennies; aujourd’hui, elles sont centrées sur la mission et le
service de l’Église et de nombreux membres parmi les plus distingués
de l’Église sont invités à s’y exprimer.
La Convention générale est la combinaison d’une assemblée législative,
d’un bazar de services et de biens, et d’une réunion de famille. C’est
une des rencontres les plus passionnantes et, pour dire la vérité, des
plus inspirantes au monde.
Guide de discussion
161
162
Guide de discussion
Ce dont je
me souviens
concernant les
couples de même
sexe
Ce dont je
me souviens
concernant le
monde et/ou
l’Église
Ce dont je me
souviens dans
ma vie
1970
1980
1990
2000
2010
Document D
Couples et bénédiction: réflexion et questions
Je vous invite à réfléchir aux relations basées sur un engagement
profond dans les couples que vous connaissez (amis, collègues,
membres de la famille, etc.), que cela soit des couples de même sexe
ou non et y compris le vôtre si vous faites partie d’une telle relation.
Réfléchissez à des questions telles que:
• Comment cette relation est-elle appelée: mariage? Alliance?
Union? D’une autre façon? Les personnes qui composent
cette relation sont-elles considérées comme mari et femme?
Partenaires? Amants? Est-ce que le terme utilisé change
selon les circonstances? Pour vous, la terminologie utilisée
est-elle importante (ou pas) pour comprendre la nature de la
relation?
• En réfléchissant à ces relations, qu’est-ce qui en elles
(leurs qualités, leurs dons, leurs caractéristiques) fait qu’il
serait approprié de les bénir? Ou, pour poser la question
différemment, pourquoi bénissons-nous des relations dans
l’Église?
Pour ceux qui sont dans une relation de couple engagée:
• Avez-vous discerné des dons spirituels apparus dans
votre relation que vous n’auriez pas reconnus sans cet
engagement?
• Quel rôle tient votre communauté de foi dans votre
engagement relationnel? Est-ce que la communauté apporte
quelque chose que vous trouvez important dans votre
relation?
• Quel rôle (si elle en a un) votre foi chrétienne a joué et joue
encore dans le développement de votre relation et dans le
discernement de votre engagement l’un(e) envers l’autre?
Guide de discussion
163
Considérez-vous votre relation comme faisant partie de votre
appel chrétien et de votre vocation? Si oui, comment et de
quelles façons?
Pour ceux qui se réfèrent aux relations de couple engagées d’autres
personnes:
• Avez-vous discerné des dons spirituels apparus dans leur
relation qui bénéficient à l’ensemble de la communauté ou
peut-être à vous-même?
• Discernez-vous en quoi votre foi ou celle de la communauté
contribuent à leur relation?
• Quels noms donneriez-vous aux principales “bénédictions”
de cette relation pour votre vie et pour votre communauté
de foi?
• Avez-vous appris quelque chose ou ouvert des perspectives
dans votre vie en observant la relation et en étant en contact
avec ce couple?
164
Guide de discussion
Document E
Réflexion théologique sur les couples de même sexe: résumé de “Foi, espoir et amour”
Baptême, eucharistie et mystère pascal
Tous les chrétiens sont appelés à témoigner de la Bonne Nouvelle de
l’amour de Dieu et de la grâce en Jésus-Christ, à travers le pouvoir
du Saint-Esprit. Nous avons la capacité d’un tel témoignage par
notre relation d’alliance avec Dieu. Le baptême nous initie dans cette
alliance, nous devenons une partie de Christ pour toujours, membres
du Corps du Christ, l’Église. L’eucharistie nous nourrit dans cette vie
d’alliance et nous renforce pour être les témoins de Christ dans le
monde.
Notre vie d’alliance avec Dieu peut modeler nos relations et nos
engagements fidèles avec autrui et s’exprimer à travers ces relations
et ces engagements. Nos relations engagées peuvent donc refléter un
caractère sacramentel (qui rend la grâce divine visible) et évoquer un
espoir eschatologique (notre union ultime avec Dieu). Ces relations
nous invitent donc à refléter toujours plus la mission de l’Église, ce
que cela signifie de “bénir” et les marques distinctes d’une relation
d’alliance.
Thèmes pour une réflexion théologique
Le cadre sacramentel pour les relations d’alliance suggère d’autres
thèmes clefs théologiques pour notre réflexion et notre discernement
partagés, dont les thèmes suivants:
• La vocation: Dieu appelle les personnes dans toutes sortes
de relations, que cela soit en tant que célibataires, dans le
cadre de communautés monastiques ou en tant que couples
intimes. Ces vocations peuvent renforcer notre témoignage
des Évangiles. La décision de former une alliance de
couple est une vocation marquée par ces caractéristiques:
“fidélité, monogamie, affection réciproque et respect, une
Guide de discussion
165
communication attentive et honnête, et l’amour sacré qui
permet aux membres d’une telle relation de voir l’un dans
l’autre l’image de Dieu.”
• Les foyers: les alliances de couple se vivent le plus
souvent dans des foyers dans lesquels nous pratiquons
quotidiennement le don de soi pour le bien d’autrui. Si les
foyers peuvent prendre des formes très variées, ils créent un
espace de confiance et de responsabilités partagées. La joie,
l’intimité et la vulnérabilité partagée des foyers nous aident à
apprendre la discipline de la compassion, du pardon et de la
réconciliation de vies liées dans la monogamie et la fidélité.
• La fécondité: la grâce divine qui soutient une alliance de
couple produit des fruits innombrables, non seulement pour
le couple mais aussi pour l’ensemble de la communauté. Ces
couples manifestent cette grâce dans leurs dons partagés
pour un ministère et des vies de service, de générosité et
d’hospitalité.
• La bénédiction mutuelle: une relation bénie est marquée
dans un but divin: pour témoigner de l’amour créateur,
rédempteur et constant de Dieu dans le monde. Alors que le
Saint-Esprit donne la capacité au couple de ce témoignage,
l’Église est elle aussi bénie et renforcée pour sa mission et
son ministère.
De toutes ces façons et plus encore, la bénédiction de couples de
même sexe invite les couples et l’ensemble de l’Église à renouveler nos
engagements de l’alliance baptismale. Cet engagement est exprimé par
la foi dans la bonne nouvelle de Jésus-Christ, dans l’espoir de l’union
avec Dieu promise par Christ et avec l’amour qui nous lie ensemble
en tant Corps du Christ. Comme l’apôtre Paul nous le rappelle, nous
vivons notre vie commune de peuple de Dieu avec la foi, l’espérance et
l’amour. Mais la plus grande de ces choses est l’amour (1 Corinthiens
13.13).
166
Guide de discussion
Document F
Principes pour évaluer la liturgie Le matériel proposé pour la bénédiction de couples de même sexe
doit par-dessus tout être cohérent avec la théologie implicite et
l’ecclésiologie du Livre de la prière commune de 1979. Cela implique,
par exemple, qu’il doit refléter le principe sous-jacent au Livre de la
prière commune que toute la vie de l’Église trouve son origine dans le
baptême.
Un élément presque aussi important est que la liturgie proposée
représente une philosophie et un style liturgique anglican classique.
Tenant compte des notions de ce qui fait qu’une prière publique est
reconnue comme étant anglicane, le groupe de travail a identifié les
éléments suivants:
• elle fait écho aux Écritures et proclame l’Évangile;
• elle prend ses racines dans la tradition théologique
anglicane;
• elle a une grande valeur littéraire; elle est belle au regard des
standards communément acceptés et respectés;
• elle utilise les structures récurrentes, les modèles
linguistiques et les métaphore du Livre de la prière
commune de 1979;
• elle est formelle, ni familière ni relâchée;
• elle est assez dense pour porter le but sacré pour laquelle elle
a été conçue;
• elle est métaphorique sans être obscure;
• elle est performative, c’est-à-dire qu’elle produit ce qu’elle dit.
En même temps, ces rites doivent paraître naturels à des oreilles
contemporaines. On doit créer un ton religieux ou sacré sans utiliser
de mots ou de tournures de phrases obscures ou obsolètes.
Les rites doivent fournir des notes et des rubriques explicatives. Le
document doit être regardé comme le script d’un événement et non
comme une compilation de textes.
Guide de discussion
167
Tout rite de bénédiction doit être avant tout l’expression de toute
l’Église et non du couple venu chercher une bénédiction. Ces
rites doivent laisser la possibilité d’une forte participation de la
communauté, reflétant ainsi l’ecclésiologie baptismale du Livre
de la prière commune. D’ailleurs, l’eucharistie étant le symbole
de l’unité de l’Église à travers l’unité avec Christ, ces offices de
bénédiction devraient normalement avoir lieu lors d’une célébration de
l’eucharistie.
De tels rites doivent représenter la notion de réciprocité sacramentelle
en suggérant que, alors même que l’Église bénit la relation du couple,
la relation du couple est une bénédiction pour l’Église.
Des options pour différents éléments du rite doivent être proposées, en
particulier pour les Écritures et les Prières, afin que cet acte de toute
l’Église – cette prière commune – ne dégénère pas en un rite générique.
Tout rite de bénédiction de couple doit faire des deux personnes
formant l’alliance les principaux ministres dans cet acte de Dieu et de
toute l’Église. De tels rites doivent exprimer la position de l’Église qui
est que le couple accepte librement une vocation dont il est attendu
qu’elle porte les fruits de fidélité réciproque pour le couple, pour
l’Église et pour le monde entier, et qui tend vers l’accomplissement de
toutes les relations humaines et de l’unité dans le Règne eschatologique
de Dieu, lorsque Dieu sera tout en tout.
Ces rites doivent être ce qu’ils prétendent être – une prière liturgique –
et non une affirmation didactique ou polémique en guise de liturgie.
168
Guide de discussion
Annexe
Historique de la législation de
la Convention générale
Glossaire
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170
Annexe
Historique de la législation de la
Convention générale
Introduction
Cet historique législatif montre l’évolution des délibérations de la
Convention générale sur la place des gays et des lesbiennes dans la vie
de l’Église, en particulier concernant la bénédiction de couples fidèles,
monogames et engagés pour la vie. Les conventions successives ont
à la fois reconnu le travail de leurs prédécesseurs et pris de nouvelles
décisions. Les extraits des résolutions proviennent du site Web des
Archives de l’Église Épiscopale: http://www.episcopalarchives.org/
e-archives/acts/.
Minneapolis, 1976: pour la première fois, la Convention générale
adopte une résolution qui reconnaît et affirme la présence de personnes
homosexuelles dans l’Église.
Résolution 1976-A069:
Résolu, avec l’approbation de la Chambre des évêques,
Que c’est le sentiment de cette Convention générale que les
personnes homosexuelles sont des enfants de Dieu qui ont,
comme toute autre personne, pleinement et également droit
à l’amour, l’acceptation, l’accompagnement pastoral et le
soutien de l’Église.
Anaheim, 1985: la Convention générale réaffirme la résolution de
1976 et encourage les diocèses à approfondir leur compréhension.
Résolution 1985-D082:
Résolu, avec l’approbation de la Chambre des évêques, Que la
68e Convention générale encourage vivement chaque diocèse
de cette Église à trouver des moyens efficaces pour favoriser
une meilleure compréhension des personnes homosexuelles,
dissiper les mythes et les préjudices sur l’homosexualité, offrir
un soutien pastoral et rendre vivante l’affirmation que les
Annexe
171
personnes homosexuelles ont droit “à l’amour, l’acceptation,
l’accompagnement pastoral et le soutien de l’Église” comme
cela fut reconnu par la Convention générale en 1976.
Phoenix, 1991: la Convention générale affirme l’approche
traditionnelle du mariage entre un homme et une femme, et reconnaît
une “discontinuité” entre cet enseignement et le vécu de nombreux
membres de l’Église Épiscopale.
Résolution 1991-A104:
Résolu, avec l’approbation de la Chambre des députés, Que
la 70e Convention générale de l’Église Épiscopale affirme que
l’enseignement de l’Église Épiscopale est que l’expression
d’une sexualité physique est appropriée seulement dans le
cadre d’une vie monogame, “l’union d’un homme et d’une
femme par le cœur, le corps et l’esprit” “voulue par Dieu pour
leur joie mutuelle, pour l’aide et le réconfort qu’ils s’apportent
dans la prospérité comme dans l’adversité et, lorsque c’est
la volonté divine, pour la procréation des enfants et leur
éducation dans la connaissance et l’amour du Seigneur”,
comme établi dans Le Livre de la prière commune; et de plus
qu’il soit
Résolu, Que cette Église continue à travailler à la
réconciliation de la discontinuité entre cet enseignement et
l’expérience vécue par de nombreux membres de ce corps; et
de plus qu’il soit
Résolu, Que cette Convention générale confesse son échec
à gérer et résoudre cette discontinuité à travers son travail
législatif fondé sur des résolutions portant sur des aspects
spécifiques et variés de ces problèmes; et de plus qu’il soit
Résolu, Que cette Convention générale commissionne les
évêques et les membres des délégations diocésaines pour
mettre en place des moyens pour toutes les congrégations
de leur juridiction afin de dialoguer et approfondir notre
compréhension sur ces problèmes complexes; et de plus
cette Convention générale demande au président de chaque
province de désigner un évêque, un député laïc et un député
du clergé de sa province pour faciliter ce processus, pour
recevoir les rapports des diocèses lors de chaque rencontre de
leur synode de province et préparer un compte rendu pour la
71e Convention générale; et de plus qu’il soit
Résolu, Que cette Convention générale demande à la Chambre
des évêques de préparer un enseignement pastoral avant la
71e Convention générale en utilisant les enseignements du
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Annexe
processus diocésain et provincial et en faisant appel lorsque
cela est nécessaire aux connaissances de théologiens, de
théologiens de l’éthique, de chercheurs en sciences sociales
et de personnes gays et lesbiennes; et que trois laïcs et trois
membres du clergé de la Chambre des députés, nommés par
le président de la Chambre des députés soient inclus dans la
préparation de l’enseignement pastoral.
Indianapolis, 1994: la Convention générale ajoute l’orientation
sexuelle, ainsi que le statut marital, le sexe, les handicaps et l’âge
aux catégories pour lesquelles l’Église assure un traitement non
discriminatoire à ses membres.
Résolution 1994-C020:
Résolu, avec l’approbation de la Chambre des évêques, Que le
titre I, canon 17, section 5 soit amendé comme suit:
Personne ne devrait se voir refuser les droits, les statuts, ou
[l’accès à] une place égale aux autres dans la vie, le culte et la
direction de cette Église du fait de sa race, sa couleur, [ou] son
origine ethnique, sa nationalité d’origine, son statut marital,
son sexe, son orientation sexuelle, ses handicaps ou son âge,
sauf précision contraire dans [ce] canon.
Indianapolis, 1994: la Convention générale demande une étude des
“fondations théologiques et considérations pastorales impliquées dans
le développement de rites honorant l’amour et l’engagement entre
personnes de même sexe”.
Résolution 1994-C042:
Résolu, avec l’approbation de la Chambre des députés, Que la
71e Convention générale demande à la Commission en charge
de la liturgie et au Comité de théologie de la Chambre des
évêques de préparer et présenter à la 72e Convention générale,
dans le cadre du dialogue constant de l’Église sur la sexualité
humaine, un rapport traitant des fondations théologiques et
considérations pastorales impliquées dans le développement
de rites honorant l’amour et l’engagement entre personnes de
même sexe; et de plus qu’il soit
Résolu, Qu’aucun rite pour honorer l’amour et l’engagement
entre personnes de même sexe ne soit développé sauf si la
préparation d’un tel rite a été autorisée par la Convention
générale; et de plus qu’il soit
Résolu, Que la somme de $8,600 soit allouée pour la
réalisation de ce travail, sous réserve que les fonds soient
disponibles.
Annexe
173
Philadelphie, 1997: la Convention générale réaffirme l’approche
traditionnelle du mariage et demande que l’étude de ce sujet continue.
Résolution 1997-C00:
Résolu, Que la 72e Convention générale affirme le caractère
sacré du mariage chrétien entre un homme et une femme avec
l’intention de rester ensemble pour la vie ; et de plus qu’il soit
Résolu, Que cette Convention demande à la Commission
en charge de la liturgie de continuer son étude des différents
aspects théologiques concernant les couples de même sexe et
de faire un rapport complet comprenant des recommandations
sur les étapes futures nécessaires afin de résoudre les
problèmes liés à ces relations basées sur un engagement
profond, au plus tard en novembre 1999 pour considération
lors de la 73e Convention générale.
Denver, 2000: la Convention générale reconnaît les relations de couple
autres que le mariage.
Résolution 2000-D039:
Résolu, Que les membres de la 73e Convention générale
souhaitent que cette Église offre une structure protégée et juste
dans laquelle tous peuvent utiliser leurs dons et leur énergie
créative pour sa mission; et de plus qu’il soit
Résolu, Que nous reconnaissons que, si les problèmes liés à la
sexualité humaine n’ont pas été résolus, il y a aujourd’hui des
couples dans le Corps du Christ et dans cette Église qui vivent
dans le mariage et des couples dans le Corps du Christ et dans
cette Église qui vivent dans d’autres formes d’engagements de
vie commune; et de plus qu’il soit
Résolu, Que nous attendons que ces relations aient pour
caractéristiques, fidélité, monogamie, affection réciproque et
respect, une communication attentive et honnête, et l’amour
sacré qui permet aux membres d’une telle relation de voir l’un
dans l’autre l’image de Dieu; et de plus qu’il soit
Résolu, Que nous dénonçons la promiscuité, l’exploitation, et
les relations abusives dans les relations que peuvent avoir nos
membres; et de plus qu’il soit
Résolu, Que cette Église compte tenir pour responsables de ces
valeurs tous ses membres et leur apportera son soutien dans
la prière, les encouragements et l’accompagnement pastoral
nécessaires pour vivre fidèlement en accord avec celles-ci; et de
plus qu’il soit
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Annexe
Résolu, Que nous reconnaissons que certains, agissant en leur
âme et conscience, étant en désaccord avec l’enseignement
traditionnel de l’Église sur la sexualité humaine, agiront de
façon contraire à cette position; et de plus qu’il soit
Résolu, Que dans la continuité des précédentes actions de la
Convention générale et de cette Église, et en réponse à l’appel
au dialogue de la Lambeth Conference, nous affirmons que tous
ceux qui se trouvent de chaque côté d’un problème controversé
ont une place dans l’Église, et nous réaffirmons l’impératif
de promouvoir des échanges entre personnes ayant des
expériences et des perspectives différentes, tout en reconnaissant
l’enseignement de l’Église sur la sainteté du mariage.
Minneapolis, 2003: Tenant compte des différences toujours présentes,
la Convention générale reconnaît “que les communautés de foi
locales agissent dans les limites acceptables de notre vie commune
en explorant et en faisant l’expérience de liturgies célébrant des
bénédictions de couples de même sexe.”
Résolution 2003-C051:
Résolu, Que la 74e Convention générale affirme:
1. Que notre vie ensemble en tant que communauté de foi
est fondée sur l’œuvre de salut de Jésus-Christ et exprimée
dans les principes de Chicago-Lambeth Quadrilateral: les
Saintes Écritures, les Credo historiques de l’Église, les deux
sacrements dominicaux et l’Épiscopat historique.
2. Que nous réaffirmons la résolution A069 de la 65e
Convention générale (1976), “les personnes homosexuelles
sont des enfants de Dieu qui ont, comme toute autre personne,
pleinement et également droit à l’amour, l’acceptation,
l’accompagnement pastoral et le soutien de l’Église.”
3. Que, dans notre compréhension des personnes homosexuelles,
des différences existent parmi nous sur la meilleure réponse
pastorale à apporter à ceux qui ont l’intention de vivre dans une
union monogame; et ce qui est, ou devrait être, requis, permis
ou interdit par la doctrine, la discipline et le culte de l’Église
Épiscopale concernant leur bénédiction.
4. Que nous réaffirmons la résolution D039 de la 73e
Convention générale (2000), “nous attendons que ces
relations aient pour caractéristiques, fidélité, monogamie,
affection réciproque et respect, une communication attentive
et honnête, et l’amour sacré qui permet aux membres d’une
telle relation de voir l’un dans l’autre l’image de Dieu”, et que
ces relations existent à travers l’ensemble de l’Église.
Annexe
175
5. Que nous reconnaissons que les communautés de foi locales
agissent dans les limites acceptables de notre vie commune en
explorant et en faisant l’expérience de liturgies célébrant des
bénédictions de couples de même sexe.
6. Que nous nous engageons, et appelons notre Église, dans
l’esprit de la résolution A104 de la 70e Convention générale
(1991), à continuer à prier, étudier et à continuer le travail
de discernement sur la réponse pastorale à apporter aux
personnes gays et lesbiennes, d’inclure une compilation et le
développement de ressources par une commission spéciale
organisée et nommée par l’évêque présidant pour faciliter
un dialogue de discernement le plus large possible dans
l’ensemble de l’Église.
7. Que notre baptême en Jésus-Christ est inséparable de
notre communion les uns avec les autres, et que nous nous
engageons dans cette communion en dépit de nos diversités
d’opinions et, selon les diocèses, une diversité de pratique
pastorale avec les gays et les lesbiennes qui sont parmi nous.
8. Que c’est une question de foi, notre Seigneur veut notre
unité pour nous ses disciples, ce qui pour nous implique de
vivre dans les limites fixées par la Constitution et les canons
de l’Église Épiscopale. Nous croyons que cette discipline
exprime notre fidélité à notre organisation et facilitera la
conversation que nous recherchons, non seulement dans
l’Église Épiscopale, mais aussi plus largement dans la
Communion anglicane et au-delà.
Anaheim, 2009: la Convention générale demandait à la Commission
en charge de la liturgie et de la musique de “recueillir et développer
des ressources théologiques et liturgiques” pour la bénédiction de
couples de même sexe.
Résolution 2009-C056:
Résolu, avec l’approbation de la Chambre des députés, Que
la 76e Convention générale reconnaît l’évolution du contexte
aux États-Unis et dans d’autres pays, la législation autorisant
ou interdisant le mariage, l’union civile ou le partenariat
domestique pour les personnes gays et lesbiennes change
dans diverses juridictions civiles ce qui appelle une nouvelle
réponse pastorale de cette Église, et un processus ouvert pour
la considération de ressources théologiques et liturgiques pour
la bénédiction de couples de même sexe; et de plus qu’il soit
Résolu, Que la Commission en charge de la liturgie et de
la musique, en consultation avec la Chambre des évêques,
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Annexe
recueille et développe des ressources théologiques et
liturgiques, et en fasse le rapport à la 77e Convention générale;
et de plus qu’il soit
Résolu, Que la Commission en charge de la liturgie et de
la musique, en consultation avec la Chambre des évêques,
définisse un processus ouvert pour la conduite de son travail,
incluant la participation de provinces, diocèses, congrégations
et individus engagés dans ce type de travail théologique,
et invitant à une réflexion théologique à travers toute la
Communion anglicane; et de plus qu’il soit
Résolu, Que les évêques, en particulier ceux dont des diocèses
se trouvent dans des juridictions civiles où le mariage de même
sexe, l’union civile ou le partenariat domestique sont légaux,
peuvent offrir une réponse pastorale généreuse pour satisfaire
aux besoins des membres de cette Église; et de plus qu’il soit
Résolu, Que cette Convention honore la diversité théologique
de cette Église en ce qui concerne la sexualité humaine; et de
plus qu’il soit
Résolu, Que les membres de cette Église soient encouragés à
s’engager dans cet effort.
Indianapolis, 2012: dans la résolution A049, la Convention générale
a recommandé l’étude et l’utilisation du document “Je te bénirai et
tu seras une bénédiction”, a autorisé la liturgie à titre provisoire,
et a demandé la mise en place d’un processus d’évaluation et de
développement additionnel des ressources théologiques. De plus, dans
la résolution A050, la Convention générale a demandé à ce qu’un
groupe de travail étudie les différentes aspects du mariage, y compris
les autorisations ou interdictions légales concernant les mariages de
couple de même sexe.
Résolution 2012-A049
Résolu, la Chambre des députés approuve, Que la 77e
Convention générale recommande l’étude et l’utilisation
de “Ressources liturgiques I: Je te bénirai et tu seras une
bénédiction” dans les congrégations et diocèses de l’Église
Épiscopale, en incluant les révisions suivantes:
Dans l’intégralité de “Je te bénirai et tu seras une bénédiction”,
remplacer “de même genre” par “de même sexe”;
B p. 184 (Te bendecire pdf, p.1): remplacer “Ressources
B
pour la bénédiction de couples de même sexe” par
“Ressources pour la présentation et la bénédiction de
l’alliance d’un couple de même sexe”;
Annexe
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B p. 240 (Te bendecire pdf, p. 83): ajouter après le
B
premier paragraphe “Au moins un des membres du couple
doit être chrétien et baptisé.”
B p. 240 (Te bendecire pdf, p. 83): dans le paragraphe 2,
B
ligne 1, supprimer “dont au moins une est baptisée”
B p. 241 (Te bendecire pdf, p. 85): dans l’adresse du
B
célébrant à l’assemblée, supprimer: “quoi qu’il advienne”
(paragraphe 1, ligne 9);
B pp. 241-242 (Te bendecire pdf, p. 85): dans l’adresse
B
du célébrant à l’assemblée, supprimer l’intégralité du
paragraphe 2 “Les attend... nous appelle tous à partager.”)
B p. 242 (Te bendecire pdf, p. 85): dans l’adresse du
B
célébrant à l’assemblée, remplacer “Prions ainsi”, paragraphe
3, ligne 1, par “Ainsi, au nom du Christ, prions”;
B p. 245 (Te bendecire pdf, p. 90): après la prière pour la
B
paix dans leur foyer et l’amour dans leur famille, ajouter
la prière suivante: “Pour qu’ils/elles aient la grâce, quand
ils/elles se font du mal, de reconnaître et d’admettre leur
faute, de se demander pardon et de demander ton pardon;
Seigneur, en ta tendresse (ou Seigneur, en ta bonté), Écoute
notre prière.”;
B p. 246 (Te bendecire pdf, p. 91): remplacer le passage
B
commençant par “Après un temps de silence” par: “On
peut ajouter une ou plusieurs des prières suivantes”;
B p. 247 (Te bendecire pdf, p. 93): dans les engagements
B
(dans les deux formes proposées), ligne 7, remplacer “Je
t’honorerai et te garderai” par “Je t’honorerai et t’aimerai”;
B p. 248 (Te bendecire pdf, p. 94): dans la première forme
B
d’échange d’anneaux, remplacer la ligne 2 par “qu’ils
soient un symbole de l’alliance constante”;
B p. 248 (Te bendecire pdf, p. 95): dans la bénédiction du
B
couple, entre le premier et le deuxième paragraphe, ajouter le
passage: “Le célébrant continue de l’une des façons suivantes”;
B p. 248 (Te bendecire pdf, p. 95): dans la bénédiction
B
du couple, ajouter un troisième paragraphe après “Amen”:
“ou bien / Que Dieu, la sainte et indivisible Trinité, vous
bénisse, vous protège et vous garde, et dans sa miséricorde
vous comble de sa grâce infinie, afin que vous soyez
agréable à Dieu en corps et en âme. Que Dieu fasse de
vous un signe de la bonté et de la fidélité constante rendues
manifestes dans la vie, la mort et la résurrection de notre
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Annexe
Sauveur, et vous conduise aux réjouissances du banquet
céleste, où il vit et règne pour toujours. Amen.”
B p. 257 (Te bendecire pdf, p. 104): dans le paragraphe
B
qui se trouve sous l’intitulé E. Vocation, remplacer “1
Samuel 18” par “1 Samuel 3”;
et de plus qu’il soit
Résolu, Que la 77e Convention générale autorise l’utilisation
provisoire de “La présentation et la bénédiction de l’alliance
d’un couple de même sexe” des “Ressources liturgiques I: Je
te bénirai et tu seras une bénédiction” à partir du premier
dimanche de l’Avent 2012, après obtention de la permission
et sous la direction de l’évêque dans l’exercice de son autorité
ecclésiale; et de plus qu’il soit
Résolu, Que les évêques, en particulier ceux dont les diocèses
sont établis dans des juridictions civiles où les mariages, les
unions civiles, ou les partenariats domestiques de couple de
même sexe sont légaux, peuvent donner une réponse pastorale
généreuse pour répondre aux besoins des membres de l’Église;
et de plus qu’il soit
Résolu, Que les évêques peuvent autoriser l’adaptation de
ces documents pour répondre aux besoins des membres de
l’Église; et de plus qu’il soit
Résolu, Que la disposition du Canon I.18.4 soit étendue au
“Ressources théologiques pour la bénédiction des couples
de même sexe”, nommément “Il reste à la discrétion de tout
membre du clergé de cette Église de refuser de” présider un
rite de bénédiction tel que défini ici; et de plus qu’il soit
Résolu, Que cette Convention honore la diversité théologique
de cette Église dans le domaine de la sexualité humaine, et
qu’aucun évêque, prêtre, diacre ou laïc ne doit être forcé ou
pénalisé d’une quelconque façon du fait de son objection
de conscience ou de son soutien envers la décision de la 77e
Convention générale concernant la bénédiction de couples de
même sexe; et de plus qu’il soit
Résolu, Que les ressources théologiques pour la bénédiction
de l’alliance d’un couple de même sexe continuent d’être
développées par la Commission en charge de la musique et
de la liturgie pendant la période trisannuelle 2013-2015, en
portant une attention particulière au développement de la
relation aux Écritures et aux sources et catégories appropriées
de théologie systématique (comme la Création, le péché, la
grâce, la salut, la nature humaine); et de plus qu’il soit
Annexe
179
Résolu, Que la Commission en charge de la liturgie et de la
musique développe un processus ouvert pour évaluer “Je te
bénirai et tu seras une bénédiction”, invitant les commentaires
des provinces, des diocèses, des congrégations et de chacun à
travers toute l’Église Épiscopale et la Communion anglicane
ainsi que de nos partenaires œcuméniques, et à en faire le
rapport à la 78e Convention générale.
Résolution 2012-A050
Résolu, la Chambre des députés approuve, Que la 77e
Convention générale demande à l’évêque présidant et au
président de la Chambre des députés de nommer un groupe
de travail d’un maximum de douze personnes – théologiens,
liturgistes, prêtres et éducateurs – afin d’identifier et explorer
les dimensions bibliques, théologiques, historiques, liturgiques
et canoniques du mariage; et de plus qu’il soit
Résolu, Que le groupe de travail consultera la Commission
en charge de la constitution et la Commission en charge de la
liturgie et de la musique pour répondre au besoin pastoral de
prêtes pour célébrer des mariages civils de couples de même
sexe dans les États qui l’autorisent; et de plus qu’il soit
Résolu, Que le groupe de travail consultera des couples mariés
ou ayant d’autres formes d’engagement relationnel à vie, ainsi
qu’avec des célibataires; et de plus qu’il soit
Résolu, Que le groupe de travail consultera d’autres Églises de
la Communion anglicane et nos partenaires œcuméniques; et
de plus qu’il soit
Résolu, Que le groupe de travail étudiera les questions soulevées
par le changement des normes culturelles et des structures
légales, y compris les législations autorisant ou interdisant le
mariage, l’union civile ou le partenariat domestique entre deux
personnes de même sexe, aux États-Unis et dans les autres pays
où l’Église Épiscopale est établie; et de plus qu’il soit
Résolu, Que le groupe de travail développera des outils pour
une réflexion théologique et des normes pour des discussions
théologiques au niveau local; et de plus qu’il soit
Résolu, Que le groupe de travail fera un rapport sur ses
avancées à la 78e Convention générale; et de plus qu’il soit
Résolu, Que la Convention générale demande à la
Commission mixte en charge du programme, du budget et
des finances de considérer l’allocation d’un budget de 30,000
dollars pour la mise en pratique de cette résolution.
180
Annexe
Glossaire
C’est dans le but de mieux informer les personnes concernées et de
faciliter les discussions sur les ressources théologiques et liturgiques,
ainsi que les préparations pour la liturgie autorisée par la Convention
générale, que ce glossaire de termes légaux canoniques, auxquels
s’ajoutent d’autres termes souvent utilisés dans les discussions sur
les bénédictions de couples de même sexe, a été préparé. La plupart
de ces termes sont discutés de façon plus approfondie dans l’essai
“Foi, espoir et amour: ressources théologiques pour la bénédiction de
couples de même sexe”.
Bénédiction. “Le signe actif de la grâce divine”84 Quand une
bénédiction est donnée, par exemple lors de la “Célébration et
bénédiction de mariage” ou pendant un rite de bénédiction de couple
de même sexe, l’Église croit que la bénédiction de Dieu a été reconnue
dans la vie du couple et transmise de façon nouvelle à travers l’action
de l’Église. La bénédiction maritale implique trois aspects distincts
mais interdépendants: nous (l’Église) louons Dieu pour la grâce déjà
discernable dans la vie du couple; nous prononçons la bénédiction de
Dieu sur cette alliance de couple pour renforcer leurs liens d’alliance;
et nous missionnons le couple pour témoigner de l’amour de Dieu
pour le monde.
Bénédiction d’un mariage civil. Rite du Livre de la prière commune
par lequel un homme et une femme déjà mariés par l’autorité civile
compétente, avec la documentation appropriée, peuvent faire bénir
leur mariage civil par l’Église.
Canon. Les canons de l’Église Épiscopale sont les lois qui définissent
la mise en actes des principes ecclésiaux de l’Église tels que définis
par la Constitution de l’Église Épiscopale et révisés par la Convention
84 Alan Richardson, ed., A Theological Word Book of the Bible (New York: Macmillan,
1960), 33.
Annexe
181
générale. Chaque diocèse de l’Église Épiscopale a ses propres canons,
qui doivent être conformes aux canons de l’Église Épiscopale.
Mariage civil. Un mariage civil est un mariage obtenu en suivant la
procédure légale de l’État ou de la juridiction dans laquelle le mariage
est contracté. Le mariage civil est souvent décrit comme une forme
particulière de contrat légal, établi et régulé par chaque État et mis
en place par deux parties consentantes. Un mariage civil apporte à la
fois des avantages légaux et des responsabilités, aussi bien au regard
de la loi fédérale que de l’État. Les statuts du mariage civil de l’État
établissent quels couples ont l’autorisation ou l’interdiction de se
marier et qui est autorisé à officier lors d’un mariage civil.
Union civile. Une union civile est un contrat légal dont le statut est
autorisé et reconnu par les lois de certains États. Les statuts d’une
union civile donnent généralement aux couples, y compris les couples
de même sexe, les droits, avantages et obligations d’un couple marié
selon les lois de cet État. Ces avantages et responsabilités varient
d’un État à un autre et dans certains cas ne reprennent pas tous les
avantages d’un mariage civil. Les statuts spécifient qui est éligible pour
une union civile et qui est autorisé à officier lors d’une union civile.
Dans les lois fédérales actuelles et dans celles d’au moins trente-cinq
États, les unions civiles ne sont pas reconnues du tout ou ne sont pas
reconnues comme équivalent à un mariage civil. Certains États qui
n’autorisent pas les unions civiles reconnaissent les unions civiles
obtenues légalement dans un autre État.
Le mariage “de fait”. Un mariage “de fait” est établi lorsqu’un homme
et une femme vivent ensemble et se définissent comme mari et femme
pendant un temps suffisant, avec l’intention exprimée et mutuelle de
former un mariage. Certains États exigent sept années de cohabitation
continue, mais d’autres ne précisent pas un nombre d’années. Dans les
États qui reconnaissent le mariage “de fait”, le statut de ce mariage
est généralement identique à celui d’un mariage civil, avec les mêmes
avantages et obligations. Moins de vingt États reconnaissent les
mariages “de fait”.
Constitution. Sauf indication contraire, se réfère à la Constitution
de l’Église Épiscopale Protestante des États-Unis d’Amérique, aussi
connue sous le nom d’Église Épiscopale, telle qu’adoptée par la
Convention générale en octobre 1789 et amendée lors des Conventions
générales qui ont suivi.
Alliance. Relation fondamentale entre Dieu et le peuple de Dieu.
Le concept a une histoire longue et variée, biblique et autres. Les
chrétiens croient que la relation d’alliance dérive en premier lieu de
182
Annexe
l’alliance pleine de grâce que Dieu a faite avec nous en Christ. Nous
mettons cette alliance en acte dans le baptême et la nourrissons dans
l’eucharistie. Pour l’Église, une alliance est une relation initiée par
Dieu à travers Jésus-Christ à laquelle des personnes répondent par la
foi; dans laquelle Dieu demande à son peuple d’être fidèle, de rendre
justice, d’aimer la miséricorde et de marcher humblement avec Dieu; et
auquel, à travers le Saint-Esprit, Dieu donne la grâce d’y parvenir. En
tant que chrétiens, nous répondons à l’alliance pleine de grâce de Dieu
en Christ en vivant toutes nos relations dans la fidélité. Les Écritures
et l’histoire chrétienne témoignent de ces éléments essentiels d’une
relation d’alliance: prononcer des vœux, s’engager pour la vie et porter
les fruits de la grâce de Dieu dans cette relation.
Alliance de mariage. Le Livre de la prière commune proclame que “le
mariage chrétien est l’alliance publique et solennelle d’un homme et
d’une femme en présence de Dieu” (LPC, p. 322). Dans le catéchisme
(LPC, p. 710), en réponse à la question “Qu’est-ce que le mariage
chrétien?”, on lit: “Dans le mariage chrétien, un homme et une femme
s’unissent pour la vie; ils échangent leurs promesses devant Dieu et
devant l’Église et reçoivent la grâce de Dieu et sa bénédiction pour les
aider à être fidèles à leurs engagements.”
“Defense of Marriage Act” (DOMA – Loi sur la défense du mariage).
La loi “Defense of Marriage Act”, communément appelée DOMA, est
une loi fédérale qui définit le mariage comme étant l’union légale entre
un homme et une femme dans toutes les lois fédérales, et qui permet
que les États (ou autres entités gouvernementales) n’aient pas besoin
de reconnaître un mariage d’un autre État s’il a été contracté par des
personnes de même sexe. La loi DOMA a été signée en 1996. Les lois
de certains États interdisant le mariage entre personnes de même sexe
sont connues comme “state DOMAs” (DOMA d’État).
De plus, au moins trente-cinq États ont leur propre loi de défense
du mariage et deux autres États utilisent un langage appuyé pour
définir le mariage comme étant seulement entre un homme et une
femme. Dans une trentaine d’États, les électeurs ont approuvé des
amendements aux constitutions d’État qui définissent aussi le mariage
comme seulement entre un homme et une femme.
La loi DOMA soulève des problèmes légaux importants quand
des personnes de même sexe se marient légalement dans un État et
déménagent ensuite dans un autre État qui ne reconnaît pas ou ne
permet pas les mariages entre personnes de même sexe.
Divorce. Procédure légale définie par les lois d’État par laquelle il
est mis fin à un mariage et à travers laquelle le tribunal détermine
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les futures obligations légales et financières des parties l’une envers
l’autre et envers leurs enfants. Dans les États ayant des unions civiles,
la procédure pour y mettre fin est généralement appelée “dissolution”
ou, en tout cas, un autre terme que “divorce”.
Partenariat domestique. Certains États et certaines villes ont mis en
place des lois ou des ordonnances pour un partenariat domestique,
donnant à des couples de même sexe ou de sexes opposés certains
droits spécifiques, moins nombreux que ceux donnés par le mariage ou
l’union civile. Ce que recouvrent ces lois varie considérablement d’un
endroit à un autre.
Mariage sacré. Le mariage sacré est un mariage chrétien, tel que défini
ci-dessus dans “l’alliance de mariage”, utilisant la “Célébration et
bénédiction de mariage” ou un Ordre pour la célébration du mariage
du Livre de la prière commune.
Jugement de statut marital. D’après le canon I.19.2, un “membre de
l’Église dont le mariage a été annulé ou dissous par un tribunal civil
peut demander à l’évêque ou l’autorité ecclésiale du diocèse dans
lequel cette personne est légalement ou canoniquement résidente un
jugement de son statut marital aux yeux de l’Église. Ce jugement
peut être une reconnaissance de l’annulation ou de la fin du mariage
en question.” Un jugement de statut marital peut être demandé à
tout moment, pas uniquement lorsque l’on considère se remarier. De
nombreux membres de l’Église trouvent soutien et réconfort, à la fin
d’un mariage civil, en demandant ce jugement qui leur établit un statut
de non marié(e) aux yeux de l’Église. Un tel jugement est aussi utile
si la personne souhaite se remarier et doit, d’après le canon I.19.3(a),
fournir des preuves de la fin de son précédent mariage à travers une
annulation ou un divorce. Ce processus est distinct de la consultation
avec l’évêque du diocèse pour le remariage après un divorce,
mentionnée dans le canon I.19.3(c).
Mariage de même sexe. Certains États donnent aux couples de
même sexe accès au statut de mariage civil, utilisant généralement
l’expression “mariage de même sexe”. Dans ces États, ces mariages
se voient accorder les mêmes droits et obligations que le mariage civil
légal de cet État. À l’heure actuelle, le gouvernement fédéral et plus de
trente-cinq États ne reconnaissent pas ces mariages (voir “Defense of
Marriage Act”).
Vœu. Promesse solennelle et volontaire. Les vœux du mariage sont des
engagements volontaires institués et acceptés par l’Église, par lesquels
la femme et l’homme se donnent et se lient l’un à l’autre. Les vœux
échangés lors d’un mariage sacré ou dans la liturgie proposée pour la
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bénédiction de couples de même sexe représentent l’engagement, la
fidélité et le témoignage.
Dans la vision chrétienne des alliances de couple, en particulier à la
lumière de l’alliance pleine de grâce de Dieu avec nous en Christ, un
“vœu” signifie la pérennité et l’inviolabilité. L’Église affirme et soutient
cette définition d’une relation liée par des vœux pour des couples qui
entrent dans le mariage ou pour des couples qui entrent dans une
alliance de couple en utilisant la liturgie proposée. L’Église reconnaît
aussi que les alliances humaines vont parfois, peut-être souvent, ne pas
être à la hauteur du modèle établi dans l’alliance que Dieu a faite avec
nous dans le baptême. Néanmoins, les chrétiens s’efforcent d’établir
des relations liées par des vœux avec l’aide de Dieu et le pouvoir du
Saint-Esprit.
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