La revue «MET MAR» et la météo maritime
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La revue «MET MAR» et la météo maritime
AAM association association des des anciens anciens de de la la météorologie météorologie bulletin quadrimestriel ♣ 2/3 - 2013- le numéro : 6 € numéro 171 sommaire du numéro 171 Édito de Michel Beaurepaire page 2 LA VIE DE L’ASSOCIATION • Quand l’AAM rend visite à l’ANRAAM • Voyage au maroc, d’une cité impériale à l’autre • Visite du Synchroton-soleil à Saclay • Les nouveaux administrateurs • Hommage aux disparus du Laplace • Journée rencontre «Ouest» à Brest • 43e assemblée plénière du conseil supérieur de la Météorologie page 16 AU TEMPS PASSÉ page 19 ACTUALITÉS MÉTÉO page 20 SOUVENIRS ET TÉMOIGNAGES • La revue «MET MAR» et la météo maritime française • L’hiver 2012-2013: un long tunnel humide et frais • Hommage à André Lebeau • La station de Château-Chinon • Histoire de l’avion Émeraude page 26 TRIBUNE LIBRE page 28 DERNIÈRE MINUTE page 31 INFOS SOCIALES • Anecdote : La dame du Bourget • Photos souvenirs • Météo et France • Compte-rendu • Revalorisation du conseil des pensions d’administration (juin 2013) • pélèvement • Rencontre pour la dépendance AAM-PDG Météo-France (juillet 2013) Édito Se préparer au changement climatique : un défi pour Météo-France « Changement climatique » qui n’a pas entendu ces mots ? Dès qu’il est question de climat, cette expression est de plus en plus souvent citée. L’air à la surface de la terre se réchauffe, c’est un fait bien réel. Cette constatation se vérifie entre autres avec les archives des services météorologiques nationaux. Qu’elles soient mensuelles ou annuelles, les températures moyennes les plus élevées se situent de la fin du XXe siècle jusqu’à nos jours. Si le réchauffement de la planète d’ici la fin du siècle est de plusieurs degrés comme le laissent supposer les modèles climatiques, notre vie au quotidien sera profondément modifiée. Aussi, face aux vagues de chaleur, aux phénomènes météorologiques dangereux de plus en plus violents, aux anomalies climatiques sévères et à la soudaineté des évènements qui nous attendent dans les décennies à venir, nous devrons adapter nos comportements et avoir recours aux services climatiques afin de suivre leurs conseils comme c’est déjà le cas avec la procédure de vigilance météorologique mise en place par Météo-France en octobre 2001. En amont, les services climatiques doivent s’adapter face au changement climatique qui s’intensifie de plus en plus chaque jour. L’Organisation météorologique mondiale apporte son soutien et responsabilise chaque service météorologique dans cette démarche. Les climatologues ont donc la nécessité d’être bien armés, bien préparés, de prendre en compte toutes les échelles de temps pour la traversée d’un futur de plus en plus chaud et chaotique. Ce sont eux qui vont prodiguer des conseils, informer les populations afin que chacun puisse adopter les comportements les mieux adaptés aux futures conditions climatiques. Pour cela, il est nécessaire qu’ils soient bien préparés et formés. Bien conscient de cette évolution et des défis à relever, Météo-France organise deux actions phares. Pour la formation de ses propres climatologues est lancé en interne le projet COCLICO, plan de formation de la climatologie en région. Et à l’international en liaison avec l’Organisation météorologique mondiale, il est créé un stage anglophone de deux semaines dont l’un des objectifs est d’aider les services météorologiques étrangers à homogénéiser les données climatiques. Un défi d’envergure, un besoin fort où chacun attend des équipes de Météo-France un soutien météorologique à la hauteur de l’ampleur de ce changement sans précédent. MICHEL BEAUREPAIRE arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 « LA VIE DE L’ASSOCIATION … Quand l’AAM rend visite à l’ANRAAM* ans le numéro 170 d’Arc en Ciel D vous avez pu lire en page 25 un article présentant l’ANRAAM, l’associa- tion homologue de la notre au Maroc. Lors du voyage touristique de l’AAM au Maroc qui s’est déroulé du premier au huit avril 2013, nous avons consacré l’après midi de notre arrivée à une rencontre avec des membres de l’ANRAAM et de la Météorologie nationale de ce pays. Dès l’arrivée du premier groupe de l’AAM vers 15h locales, en provenance de Toulouse, à l’hôtel Morrocan House à Casablanca, Mohamed Sabre, président de l’ANRAAM accompagné des membres du bureau, nous attendait (photo N° 1) . Nous avons pu faire la connaissance de celui avec qui nous avions correspondu par courriel depuis déjà près de deux ans. Dans l’attente de l’arrivée du groupe des Parisiens qui s’est fait un peu attendre, suite à un retard de l’avion, les premiers souvenirs communs ont pu s’échanger autour d’un thé à la menthe servi par l’hôtel en guise de bienvenue. A la descente du car du groupe en provenance de Paris, j’ai pu présenter à Mohamed Sabre les membres du bureau de l’AAM qui nous avaient rejoint ainsi que les participants à notre voyage, en particulier Jean-Jacques Vichery qui avait initié les premiers contacts avec l’ANRAAM. Le temps de poser les bagages et de faire un peu de toilette, nous voilà repartis en car vers la Direction de la Météorologie nationale où nous attendait Si A Mokssit, le directeur général en personne, et ses collaborateurs. Nous prîmes alors la direction de la salle du Conseil pour la cérémonie protocolaire organisée par l’ANRAAM et la DMN du Maroc afin de signer un protocole d’accord de coopération entre les deux associations. Si A Mokssit (Directeur de la Météorologie nationale du Maroc)a pris la parole pour nous souhaiter la bienvenue. Il a ensuite rappelé les missions essentielles de la Météorologie Marocaine en matière de protection des biens et des personnes. Il a souligné les progrès accomplis depuis plusieurs années dans ce domaine notamment grâce à la coopération avec Météo-France, qu’il juge exemplaire et indispensable. A mon tour j’ai souligné la nécessité de poursuivre les contacts entre les météorologistes des deux pays au- delà de leur vie professionnelle en nouant des liens d’amitié qui permettent un véritable rapprochement entre nos cultures. Mohamed Sabre (Président de l’ANRAAM) a, quant à lui, insisté sur le souhait de voir se créer, sur la base des liens entre l’AAM et l’ANRAAM, une association internationale des anciens météorologistes. Nous avons tous regretté l’absence de notre collègue Jean Galzy, qui a longtemps dirigé les services météorologiques marocains et qui pour des raisons de santé n’a pas pu participer à ce voyage. A l’issue de la lecture du protocole d’accord qui prévoit cinq domaines de coopération : - le domaine technique, scientifique, culturel et éducatif. - le soutien aux membres des deux associations. - les échanges d’information en matière de retraite et de couverture sociale. -le domaine des loisirs - les relations internationales. Il a été procédé à sa signature par Mohamed Sabre et moi-même. Le protocole a été ensuite contresigné par Si A Mokssit et notre président d’honneur Jean-Jacques Vichery (Photo 2 et 3). *Association Nationale des Retraités, des Anciens et des Amis de la Météorologie du Maroc Photo 5: l’ensemble des participants avec les cadeaux de l’ANRAAM (tableaux peints par des artistes peintres membres de l’ANRAAM) 2 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 La vie de l’association… Photo 1 : Christian Lefèvre (membre de l’AAM) au centre et Mohamed Sabre (président de l’ANRAAM) à gauche à l’hôtel de Casablanca. Un échange de cadeaux a suivi cette signature, c’est ainsi que l’AAM a reçu une superbe théière en argent et deux magnifiques tableaux peints par deux membres de l’ANRAAM messieurs Elmostafa EKLANSARI, et Abdelali ANNOUNI. Ces tableaux ont été installés en bonne place pour décorer notre local à Saint Mandé. L’ANRAAM a reçu une enveloppe philatélique premier jour dédicacée par le graveur du timbre relatif aux journées mondiales de la Météorologie, une cravate de l’AAM et des livres sur la Météorologie écrits par Jean-Pierre Chalon. Un cocktail, offert par la DMN a clôturé cette cérémonie de signature avant que les principaux chefs de service nous fassent visiter leurs installations. Cet aperçu, notamment dans les services informatiques et de la Prévision (photo 4), nous a permis de mesurer les progrès accomplis dans ces domaines par nos collègues. Avant de nous séparer, une photo de groupe prise dans le hall de la DMN (photo 5) a permis d’immortaliser ce grand moment. Je remercie encore au nom de l’AAM nos collègues marocains pour leur accueil chaleureux et leur amitié sincère. Nous ferons en sorte que cet accord de coopération puisse renforcer les liens entre nos deux pays. Photo 2 : la signature du protocole : de gauche à droite, Mohamed Sabre (président ANRAAM), SI A Mokssit (directeur de la Météorologie du Maroc), Jean-Louis Plazy (président de l’AAM) et JeanJacques Vichery (président d’honneur de l’AAM) Photo 3 : l’échange des documents : de gauche à droite, Mohamed Sabre (président ANRAAM), SI A Mokssit (directeur de la météorologie du Maroc), Jean-Louis Plazy (président de l’AAM) JEAN-LOUIS PLAZY Photo 4 : la salle de prévision Crédit Photos : M. Hassan commandité par le président de l’ANRAAM arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 3 La vie de l’association… Le groupe AAM ous partîmes 23 et, par un N prompt renfort, nous nous vîmes 43 en arrivant au port ... « Voyage au Maroc, d’une cité impériale à l’autre du 1er au 8 avril 2013 ou plutôt à l’aéroport de Casablanca. En effet, les uns sont partis de Paris, les autres de Toulouse. Météorologiquement, nous n’avons pas été très dépaysés : les pullovers étaient bien venus et les pelouses très verdoyantes ... : une pluie, qualifiée ici de «bienfaitrice», était tombée ici depuis une semaine. De même, du point de vue architectural, la route moderne qui relie l’aéroport à Casablanca nous présente, après une succession de champs géométriques, de hauts buildings modernes. C’est l’entrée en matière d’une cohabitation naturelle entre tradition et modernité. Dans le car nous menant à l’hôtel, l’accompagnateur nous fait la présentation de son pays : « Le Maroc est une monarchie ; son jeune roi, Mohammed VI, est apprécié pour l’esprit de tolérance qu’il a instauré, sa lutte contre la corruption et pour le virage moderne qu’il a su imprimer à l’économie de son pays, tout en essayant, parallèlement, de poursuivre une politique sociale d’éradication des bidonvilles. Si les deux langues officielles sont 4 l’arabe et le Tamazight, le français est compris par tous ceux qui ont bénéficié d’un parcours scolaire minimum (le taux d’alphabétisation est d’environ 75%). Le pays se situe dans la région du Maghreb, s’étend sur une superficie de 446 550 km2 (710 850 km2 en comptant le Sahara occidental), compte 1835 kilomètres de côtes et abrite 32,5 millions d’habitants. Les grandes villes sont groupées à l’ouest du pays en raison de l’attrait de la mer et de la présence, à l’Est, des hautes montagnes de l’Atlas qui culminent à 4 100 mètres. Elles réunissent une majorité de la population mais ont, chacune, leur spécificité : Casablanca, la blanche, plus grande ville du pays, est la capitale économique mais la capitale administrative et politique est Rabat ; la capitale spirituelle est Fès, la capitale agricole, Meknès, le plus grand port de commerce, Tanger et le plus grand port de pêche, Agadir. Marrakech, ville impériale, est la première ville touristique». Nous découvrons nos chambres d’hôtel au décor tout droit sorti des Mille et Une Nuits (photo 1), puis bravons à nouveau, en sens inverse, les encombrements de 18 heures pour nous rendre à la cérémonie officielle de jumelage de l’AAM arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 La vie de l’association… avec l’association sœur du Maroc. Après les intéressants discours des personnalités et les échanges de cadeaux, un apéritif fourni en nombreuses délicieuses pâtisseries orientales nous y sera offert, suivi d’une toute naturelle visite du centre météo national (voir page 2). Le lendemain, un petit déjeuner pantagruélique nous proposait encore toutes sortes de petits gâteaux, un délicieux thé vert et de juteuses mandarines locales. Pendant le trajet vers la Mosquée Hassan II, l’accompagnateur nous fait observer la forte présence française dans le pays (le Maroc a été sous protectorat français jusqu’en 1956), les noms des rues et des places, le style des bâtiments administratifs, mais aussi les bus verts type RATP, le tramway, la Lyonnaise des Eaux, ... Cependant, il ne faut pas sous-estimer la vigoureuse présence économique espagnole (magasins, hôtels, …). Au long des rues, d’innombrables chantiers de construction en cours, mais aussi, parfois, à l’arrêt. À l’arrivée devant la Mosquée (photo 2), le saisissement est intense devant la majesté et la pureté de cet ensemble, conception conjointe, au XXème siècle, d’un architecte français et de 50 architectes locaux. Cette «cité de la religion», érigée en partie sur la mer, comprend, outre son immense salle de prière pouvant abriter 25 000 personnes, salle d’ablutions, médiathèque, école coranique, … De cette merveille tant technologique qu’artistique, entièrement ouvragée, réalisée en un temps-record par 3 300 artisans, nous allons pouvoir apprécier, grâce à un guide passionnant, la valeur et le symbole de chaque détail, tous joyaux de marqueterie, de mosaïque ou de sculpture, réalisés dans les matériaux les plus nobles. La perspective de paix et de tolérance qui a régné dans la conception fait cohabiter un peu partout l’étoile à 5 branches des 5 piliers de l’islam avec l’étoile de David, la coquille de Saint Jacques de Compostelle et la fleur de lotus. Un monumental toit ouvrant, monté sur glissières, assure l’aération de son immense salle de prière. Le minaret, construit dans la pure tradition arabo-andalouse, est le plus haut du monde (210 mètres). Après une traversée des quartiers «chics» de la ville (opulentes villas des princes d’Arabie Saoudite, grands cabarets, commerces de luxe, …) et un repas de fritures de poissons, nous prenons la route vers Rabat. «Ribat» signifie forteresse. Nous pénétrons dans l’enceinte d’une ville dans la ville : le Palais Royal, siège du gouvernement et de tout ce qui s’y attache. Ressortant par l’étroite porte dite «du Haut Commandement», nous parcourons le quartier des ambassades et des ministères. Ici, comme dans tout le pays, ces bâtiments officiels sont montés en briques rouges et leurs toits en tuiles vertes (couleur de l’islam). Puis, nous traversons la Kasbah, succession de petits commerçants dont les articles sont souvent étalés sur le sol dallé de galets. Un arrêt pour apprécier l’emblème de la ville : la grande tour Hassan II avec ses zelliges en faïences polychromes … prestigieux décor pour un nid de cigognes ! Un autre arrêt pour le Mausolée Mo- 1 Une des chambres 2 La mosquée Hassan II 3 mausolée Mohammed V arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 5 La vie de l’association… hammed V (photo 3), où, un timing remarquable nous permet d’assister à la relève de la garde à cheval. Á noter que de nombreuses rues sont ornées d’arbres colorés : anacardiers et orangers (aux oranges amères non comestibles). 4 des remparts de Meknès 5 la porte de Bab El Mansour 6 les greniers d’Ismaïl 7 Volubilis sous les nuages 6 En direction de Meknès, la route longe d‘innombrables champs d’oliviers et d’orangers (délicieuses, celles-là). Á l’arrivée, rencontre amusante, dans notre hôtel qui affiche complet : une course cycliste, le Tour du Maroc, se déroule cette semaine et fait étape ce jour à Meknès. Sportifs et managers s’affairent, un alignement de vélos occupe le hall d’entrée, l’agitation est à son comble. Cet hôtel, au style occidental, si différent de celui de Casablanca, avec son décor ultramoderne impersonnel, est apprécié par certains d’entre nous et en déçoit d’autres. Meknès a été fondée au Xe siècle et fortifiée plus tard. Moulay-Ismaïl assura son essor. La ville est, en fait, partagée en deux villes, l’ancienne et la nouvelle, toutes deux entourées de remparts (photo 4) percés de nombreuses portes monumentales. Il est remarquable de noter la diversité de ces portes («Bab»), symboles à la fois de pouvoir, de richesse et de sécurité, chacune érigée dans le style de celui qui l’a conçue (ou voulue). L’imposante porte Bab El Mansour (photo 5) ; entièrement décorée de céramique verte, mène aux constructions de la ville impériale. Achevée en 1732, cette porte est considérée par les habitants comme le lien entre le passé et le présent. Après avoir franchi une troisième fortification, nous pénétrons dans la kasbah impériale ; nous y parcourons, entre autres, les ruines des immenses silos à grains voûtés (4 mètres d’épais-seur!) des «Greniers d’Ismaïl» (photo 6) ; ensuite, de retour au car, nous longeons les jardins des écuries royales, grand haras régional dont les étalons sont renommés dans le monde entier, puis parcourons le golf royal. À noter en outre que 150 mosquées sont disséminées dans Meknès, dont 15 dans le centre ! Pendant que nous dégustons notre repas de tajine et de crêpes croustillantes au sucre, un déluge s’abat sur la ville et des trombes d’eau transforment les routes en torrents infranchissables. Sous d’impressionnants nuages noirs, nous nous dirigeons vers Volubilis, cité antique romaine classée au patrimoine universel de l’UNESCO. Ses intéressants vestiges (arc de triomphe, anciennes huileries, et, en particulier, mosaïques de sol), malheureusement non protégés des intempéries et des visiteurs indélicats, nous sont présentés … dans le vent et la pluie (photo 7 et 7 bis). Puis, un soleil resplendissant éclaire le paysage alentour ; la petite ville sainte de Moulay Idriss, grand lieu d’un pèlerinage annuel, apparaît, juchée sur le mont, avec son original (et unique dans le pays) minaret cylindrique. Nous nous y rendons et parcourons ses ruelles piétonnes en pente vertigineuse, bordées d’une multitude de petites échoppes proposant tout ce dont la population a besoin au quotidien : théières, bassines, babouches, tagines, vanneries, tissus scintillants, viandes suspendues, olives de toutes couleurs, figues plus ou moins sèches et autres montagnes de fruits et légumes multicolores, le tout arrivant par charrettes tirées par d’adorables petits ânes (photo 8). Et, comme c’est bien agréable de ne pas changer chaque jour d’hôtel, nos organisateurs nous ont prévu, pour le lendemain, une seconde boucle nous ramenant le soir à Meknès. Ce quatrième jour est ainsi consacré à la visite de la plus ancienne des villes impériales, Fez, cité berbère du VIIIème siècle, capitale religieuse et intellectuelle du pays. Un arrêt, sur un point haut, nous permet de dominer ce curieux ensemble, en fait constitué de la juxtaposition de trois villes autonomes : la Medina datant du Moyen Âge et où l’espérance de vie est plus élevée qu’ailleurs (pas de pollution : tous déplacements à dos de mulet), la ville moderne de style andalou et la ville nouvelle. Malheureusement, en ce lieu venté, notre ami Hervé Darnajoux fait arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 La vie de l’association… une mauvaise chute pour laquelle il devra être hospitalisé puis rapatrié (à ce jour, son état de santé s’améliore doucement). Le groupe, attristé par cet événement, reprend le car pour se diriger vers cette Medina, la plus grande du monde, qui vit encore au rythme d’autrefois, avec ses fontaines, son pavement en petits losanges, ses médersas (nous visitons l’une de ces anciennes écoles coraniques, la Mosquée Qaraouiyine (photo 9), son université (c’est là que le zéro et les chiffres « arabes» ont été énoncés) et, bien sûr, ses souks. Après le quartier des légumes et des poissons, nous atteignons celui des tailleurs, puis celui des tanneurs, aux senteurs putrides, celui des dinandiers (photo 10), incroyablement bruyant, … Une foule grouillante et pressée circule en tous sens dans ce labyrinthe, tirant des centaines de petits ânes lourdement chargés de gros sacs de toile aux contenus divers. Puis, c’est la visite rituelle de la fabrique de tapis, avec son ballet de présentation bien rodé pendant que nous sirotons un thé à la menthe. Le cadre est magnifique : un riad traditionnel de forme carrée, au sol de marbre et aux murs entièrement couverts de mosaïque. De là, nous gagnons le magasin de la tannerie, où l’on nous explique les sept étapes de traitement des peaux, en particulier, leur brassage, par les tanneurs, dans les bacs de cet échiquier multicolore géant (photo 11). Images de ce dur labeur tant vues en photo ou en film, mais si impressionnantes ici par leur réalité concrète. Chacun, ensuite, va acheter, après un inévitable marchandage, qui un sac, qui une ceinture, une veste ou un pantalon. Cette longue marche matinale a creusé les estomacs : un repas traditionnel (couscous cuit dans le tagine de terre) nous est servi dans un cadre enchanteur, un autre magnifique riad au sommet duquel une terrasse domine la ville et ses remparts. C’est ensuite la visite d’une poterie, dans laquelle nous sont montrées et expliquées les six délicates étapes de traitement de l’argile. Nous ne pouvons détacher nos yeux des mains de ces artistes ciselant des pièces minuscules de mosaïque. La couleur locale caractéristique des céramiques est un bleu profond, le «bleu de Fez» (couleur utilisée, par exemple, pour les ornements de la «Porte Bleue»). Le retour à l’hôtel s’effectue par une autoroute à péage toute neuve, non sans avoir, avant de quitter la ville, fait quelques pas dans le quartier juif, caractéristique par ses maisons aux balcons de bois, magasin sur la rue et logement audessus afin de pouvoir servir le client à toute heure. Le lendemain, un long parcours nous attend, route sinueuse du Moyen Atlas que le temps bouché nous empêche d’admirer. Le paysage est vert, les plantations d’oignons, alignées entre des rangées de pierres et couvertes de bâches jaunes, défilent. Les célèbres forêts de cèdres et de chênes se cachent dans la brume. La pause-repas « chez l’habitant « est appréciée. Les deux jours suivants seront consacrés à la quatrième et dernière cité impériale, Marrakech. Bonne nouvelle, nous trouvons ici le soleil et échangeons enfin blousons et pull-overs contre Tee-shirts et casquettes. Contrairement à Casablanca, la ville est rose mais, comme les autres, elle se partage en trois quartiers, la Kasbah, la Medina et la ville nouvelle. Le premier édifice à voir est la Mosquée de la Koutoubia (photo 12), avec son haut minaret visible à 25 kilomètres, ici aussi emblème de la ville. Koutoub signifie «manuscrit» : en effet, au pied de cette tour, se tenait autrefois un grand souk de libraires. Pénétrant ensuite dans la Medina, nous parcourons des ruelles bordées d’échoppes multicolores et atteignons les tombeaux Saadiens, lieu de repos des familles impériales, datant du XVIe siècle. Ces tombeaux, impressionnants par la finesse de leur décoration mais situés dans un jardin simple de petite taille, inspirent le recueillement. Nous nous rendons alors au Palais El Badi, érigé en 1578 à la suite de 7 bisVestiges de Volubilis 8 Le marché de Moulay Idriss 9 La mosqué Qaraouiyine e 10 la place des dinandiers arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 7 La vie de l’association… 11 les tanneurs à l’ouvrage 12 Le minaret de la Mosquée de la Katoubia à Marrakech 13 Dans les ruelles de la Medina de la ville rose de Marrackech 8 la célèbre victoire de la «Bataille des Trois Rois». De cet imposant bâtiment, objet de gros efforts de restauration, il ne reste que les hauts murs d’enceinte crénelés et une immense esplanade centrale plantée d’orangers arrosés, grâce à un système complexe d’irrigation, par des eaux provenant de l’Atlas. Nous sommes par ailleurs amusés par le ballet incessant des cigognes qui ont envahi les lieux. Le musée de Marrackech est implanté dans un paisible et élégant Riad pourvu d’une cour centrale carrée verdoyante, toute décorée de mosaïque. Sont exposés là des vêtements et des armes traditionnelles, des poteries, et, même, des balançoires de bois pour jeunes enfants. Cette exposition nous permet de mieux imaginer la vie à cette époque dans les milieux aisés. Au cœur du dédale de la Medina, nous entrons ensuite dans une sorte de cave d’Ali Baba. Pendant un temps infini, on nous présente avec un esprit commercial digne de HEC ou, comme on voudra, du plus efficace camelot– divers flacons et sachets à base d’huile d’argan (dont le Maroc est le seul producteur au monde), de cumin, ou autres épices diverses (photo 13). Impossible de ressortir de ce lieu sans être convaincu d’avoir acheté le produit miracle qui nous était absolument indispensable ! Quelques virages plus tard, le groupe débouche sur la place Jemaa-el-fna, immense espace de vie intense où se mêlent badauds, musiciens, boutiquiers, danseurs, charmeurs de serpents, en une foule compacte et tranquille. À la nuit tombante, des dizaines de «restaurants» ambulants vont s’installer, proposant merguez, beignets, oranges pressées ou thé à la menthe. Le soir, un dîner festif, animé par quelques musiciens traditionnels de luth et percussions et danseuses folkloriques, nous attend au Palais mauresque Chahramane. La matinée suivante est consacrée à la visite des Jardins Majorelle, collection remarquable de centaines d’essences variées issues des cinq continents, puis, à l’écart de la ville, de la Palmeraie, quartier peuplé d’étrangers s’étant fait bâtir de luxueux riads. L’après-midi, chacun, selon son rythme, choisit de parachever ses achats souvenirs dans les ruelles du souk, en s‘offrant le plaisir d’un retour en calèche, ou bien part faire une balade, en car, vers une vallée fraîche aux cascades majestueuses, lieu prisé pour ses viandes et légumes que l’on achète soimême et que l’on porte à cuire dans les tagines des restaurants bordant la rivière. Nous avons pu observer, au long de ce périple, un pays dont les seules richesses sont les phosphates et l’agriculture et qui, pourtant, grâce au libre-échange avec l’Europe et les USA, a mis en place, en quatre ans, un développement industriel impressionnant. Parallèlement, le tourisme, ressource essentielle, a montré ses attraits : chaleur de l’accueil, guides spécifiques compétents pour chaque lieu découvert, des monuments remarquables que l’on visite toujours trop vite et tant d’artisans/artistes que l’on ne se lasse pas de regarder travailler. Encore un voyage remarquablement pensé et pour lequel nous remercions chaleureusement les organisateurs. FRANÇOISE TARDIEU Crédits Photos (article et bonus page 30) Françoise Tardieu, jean-Claude Biguet, Christian Lefèvre, Jean-jacques Vichery. arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 La vie de l’association… « Les nouveaux administrateurs née avec une première affectation à l’aéroport d’Ajaccio puis à la Base Aéronavale de Saint-Raphaël, et me préparais au Brevet Supérieur (BS) météorologiste. Suite au renouvellement annuel par tiers des administrateurs de l’AAM, il restait, suite à l’AG 2012 à Arles, à présenter à nos lecteurs Jean-Paul Benec’h : c’est chose faite dans ce numéro d’Arc En Ciel. Pour l’occasion nous innovons : après une entrée en matière à la troisième personne c’est bien volontiers que nous lui laissons la plume pour raconter son « histoire » à la météo. 1970: re bonjour le « nouveau » Saint-Cyr (68 était passé par là !) pour une année de B.S suivi du cours de radiosondage…formateur pour un 1e séjour en Polynésie. L’année 71 consacrée à la météorologie très typée des Tuamotu en tant que chef de station sur le petit atoll de Puka-Puka reste un souvenir extraordinaire avec une petite équipe soudée plus la légion. ean Paul Bénec’h est JVannes, né le 21 août 1945 à mais c’est dans De 1972 à 75 deux autres bases aéronautiques dans ma Bretagne entre Lann-Bihoué et Landivisiau avant de retrouver le Pacifique grand consommateur de météos. L’année 75 aux Iles Gambier – un autre paradis, mais avec beaucoup de travail les « Côtes du Nord » car cette fois responsable d’une équipe de 17 météos en service H 24. qu’il a grandi. Le bac L (littéraire) obte- Ma « marine » s’acheva par quatre annu au lycée à Guingamp, nées à l’état major de l’escadre à Brest il espérait mettre le cap avec de nombreux exercices en mer pour à l’Est pour des études lesquels les chefs d’état-major étoilés rennaises. C’est au contraire une route comme Philippe De Gaulle sont friands Ouest qui lui fût tracée. d’informations météo… précises. « Embarqué » à l’école de Maistrance pont de la marine nationale à Brest il me fallut en juillet 64, à l’issue d’une année de formation maritime choisir une spécialité dont je n’avais jusqu’alors aucune idée. Le salut vint des crayons de couleurs de M. Richon chef de station et enseignant à l’école navale de Lanvéoc-Poulmic. Séduit par l’analyse en surface qu’il nous fit tracer, je choisis l’une des 4 places de Météorologiste. Pour attendre le début des cours du Brevet Elémentaire météo en janvier 1965 au Fort St Cyr, nous fûmes affectés provisoirement sur les porte-avions Foch et Clémenceau à Toulon. Pas de meilleure école que ce « pont d’envol » pour apprendre en direct les nuages, l’observations, le pointage, les joies du carbone des rouleaux de fac-similé, les rudiments du métier. Les 6 mois de formation furent donc facilités par les bases déjà acquises. Breveté élémentaire, je retrouvais quelques mois le porte-avions Clémenceau avant d’embarquer en décembre 65 sur l’aviso escorteur Commandant Bourdais pour l’assistance aux pêches à TerreNeuve, au Groenland, en Mer de Barentz. Deux années magnifiques ( cf Arc En Ciel n°170). Mais la morue ne « nourrit » pas le météo, et je quittais les glaces de l’Atlantique pour la chaude Méditerra- technologies, la vente, la météo moderne. L’ordinateur à peine entrevu en Guyane s’impose en station. Cette vie et ce travail en CDM dans ce 3e échelon - valorisé à l’époque - demeurera pour moi, j’en suis heureux et fier, l’une des richesses de notre métier. Les relations débutées à l’époque avec le Musée Maritime de La Rochelle perdurent via l’AAM dans un partenariat où la Mémoire des Frégates Météo est à entretenir. Il y a du pain sur la planche ! Le besoin vital de Bretagne me ramène « au pays » dès qu’une des rares places qu’offre la région s’ouvre à Vannes en septembre 98 après la victoire en Coupe du monde. Huit belles années pour finir la carrière dans un de ces CDM de « 3e zone » souvent ignoré quand ce n’est moqué aux deux autres étages. Je suis heureux et fier d’avoir travaillé là où s’exprimait le cœur du métier. La richesse du potentiel humain avec toutes les tâches et possibilités offertes par une météo de terrain y synthétisaient cette fonction que j’aurais embrassé un peu par hasard en 1964 et quitté en 2006 comme les excellents collègues que j’affectionne de revoir fréquemment, eux qui sont chargés à présent de fermer la porte d’un centre dont la mort est programmée pour 2015. Des activités syndicales, bureau d’Aramis, Clas Ouest ont richement complété ma carrière, voies toutes tracées pour adhérer à l’AAM et devenir ce délégué régional qui faisait défaut en Bretagne. S’il a été laborieux dans les débuts, le rassemblement à présent d’un bon groupe d’adhérents à nos retrouvailles annuelles, comme la collaboration à des travaux sur la Mémoire, légitiment l’appartenance à une association active des « anciens » de la météo. L’arrivée d’observateurs bénévoles - petites mains précieuses de nos météos départementales - au sein du groupe renforce la motivation, celle qui fait défaut maintenant aux collègues qui quittent le plus souvent désenchantés notre joli métier. La météo n’est plus ce qu’elle était, mais tout compte fait elle aura été une belle compagne pour moi, et il fait toujours beau en Bretagne. Le grand changement intervient en 1979 où je choisis de quitter la Météorologie de la Marine pour celle de l’Etat. Mes débuts «civils » se firent au CDM de Guipavas où l’excellente ambiance quasi familiale du « Pen ar bed » reste un souvenir mémorable. Obs, carto, transmission, prévi aéro les tâches de fond, encore à l’ancienne durant quatre belles années où la richesse des contacts humains assurait le soutien aux coups durs de la vie. Départ en février 84 pour la Guyane où le désir d’outre-mer fût comblé au delà des espérances. Loin des clichés sur le climat bien moins désagréable que les « ont-dit » ne le colportent, guère débordé par les tâches professionnelles, les souvenirs de ce pays marquent à jamais. Quelle chance entre autres de découvrir le fleuve Maroni en pirogue, la forêt amazonienne ! Le retour en métropole se fit en urgence pour La Rochelle par défaut, Brest convoitée était inaccessible, et un remplacement s’imposait en Charente Maritime en mars 1987 : j’y resterais 11 années. Mais quel plaisir de travailler dans l’une Voilà ce qu’avait à nous (vous) dire Jeansinon la plus belle station météo en Paul, et … il l’a bien dit. France, splendide mirador sur les tours de La Rochelle. LA RÉDACTION La météo marine y prend toute sa place dans un port dévolu à la voile, où l’on apprend la brise dans les Pertuis, la prévision, la communication, les nouvelles arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 9 « La vie de l’association… Visite du Synchrotron-Soleil à Saclay Dans le cadre des activités de l’ANAFACEM/IDF et en partenariat avec l’AAM, un groupe de 25 membres a visité le jeudi 11 avril 2013 l’un des trois plus importants projets scientifiques français : le Synchrotron SOLEIL. Ce centre de recherche, inauguré en 2008, est implanté sur le plateau de Saclay (Essonne ; 91), à proximité du CEA et de l’Université Paris XI Orsay. Avant la visite, le traditionnel repas, cette fois au restaurant « Les Chevaliers des Balances » (en référence aux pesées des cavaliers avant les courses, car les haras sont nombreux dans la région) a réuni 14 convives dans une ambiance chaleureuse (photo 1). La poêlée de lotte et de Saint Jacques et la copieuse profiterole ont été particulièrement appréciées ! Mais, une fois repus, il a bien fallu aller s’instruire … une heure de présentation scientifique et technique nous attendait au centre ; certains s’y sont un peu «reposés» ... Nous avons appris d’abord que «SOLEIL» est l’acronyme de Source Optimisée de Lumière d’Énergie Intermédiaire du Lure (Laboratoire d’Utilisation du Rayonnement Électromagnétique). Il s’agit en clair d’un accélérateur de particules (photo 2) - en l’occurrence des électrons- qui émettent, à chacune des déviations qu’on leur fait subir, un «rayonnement synchrotron». SOLEIL s’inscrit dans un large réseau de partenaires incluant le Centre national de la recherche scientifique (CNRS), l’Éducation Nationale, une dizaine d’universités, ainsi que fondations et pôles de compétitivité d’Île de France et d’ailleurs. Par ailleurs, d’évidentes collaborations scientifiques et techniques lient SOLEIL à plusieurs autres centres de rayonnement synchrotron. On trouve quelque 60 synchrotrons dans le monde, toutes générations confondues. En France, un autre équipement synchrotron, de dimension européenne, l’ESRF, est implanté à Grenoble : il partage son temps de faisceau entre 11 pays partenaires mais ne permet pas de couvrir 10 l’ensemble des besoins de la communauté scientifique française. Avec SOLEIL, la France se situe dans le peloton de tête de ces Très Grands Équipements, par ses performances et sa conception issue des technologies les plus récentes. À ce titre, il draine des moyens humains et techniques considérables en termes de transfert de technologies, de développement économique local et d’aménagement du territoire. Une équipe multi-culturelle de près de 400 personnes gère, entretient le site et veille à optimiser constamment les lignes de lumière et à demeurer à la pointe des technologies. Les chercheurs (80% de l’effectif ) mènent leurs recherches propres, et accompagnent les utilisateurs à chacune des étapes de leur projet ; une cinquantaine de doctorants et post-doctorants complètent ces personnels. SOLEIL fonctionne 24 heures sur 24 et accueille, par an, plus de 2000 utilisateurs, principalement issus des laboratoires de recherche publics et privés, ainsi que 5000 visiteurs. Après cette présentation générale, une explication théorique nous est fournie. Une cellule en platine de 2 cm de diamètre, similaire à la petite électrode de laquelle sont extraits les électrons qui circulent dans le grand anneau, passe dans les rangs. Les informations reçues alors seront ensuite largement éclairées par notre parcours dans les lieux. La route des électrons circulant à la vitesse de la lumière ne pouvant, bien évidemment, être interrompue, le tunnel de 150 mètres de diamètre est franchi par des escaliers et observé par-dessus, sur un pont. À noter que toute partie du bâtiment doit être parfaitement stabilisée pour ne pas faire bouger le tunnel et les nombreux visiteurs béotiens contribuent parfois à une certaine vibration ... Il règne ici un grand silence, si ce n’est la soufflerie, indispensable pour que la température soit maintenue avec une grande précision à 21°C en toutes saisons. Nous dominons ainsi le LINAC (Linear Accelerator) dans lequel les électrons produits par l’électrode citée plus haut sont projetés puis accélérés par des lentilles magnétiques. Ils seront envoyés ensuite dans le Booster, ac- célérateur circulaire d’une centaine de mètres de long, dans lequel ils seront encore accélérés jusqu’à atteindre une vitesse proche de celle de la lumière (300 000 km/s). Enfin, ils seront propulsés dans le grand anneau, dit « de stockage «, globalement circulaire, mais, en fait, succession de courtes portions rectilignes raccordées par une série d’électroaimants chargés de dévier légèrement la trajectoire des électrons (c’est la présence de ces très nombreux puissants électroaimants (photo 3) qui interdit le site aux porteurs de pace-makers : le risque est un dérèglement de leur appareil). Chacune de ces déviations va provoquer l’émission d’une lumière exceptionnelle chargée d’une énergie hors du commun (10 000 fois plus intense que la lumière solaire) : le faisceau de lumière «synchrotron»: les longueurs d’onde qui le constituent s’étalent dans un champ beaucoup plus large que le visible, depuis l’infrarouge jusqu’aux rayons X les plus durs, en passant par les ultraviolets. On nous montre alors la maquette d’une section de l’anneau et du tube en aluminium dans lequel circulent les électrons. Il doit régner dans ce tube étroit un vide poussé, car toute collision dévierait aléatoirement certains des électrons, provoquant à la fois évasion et perte d’énergie. Un tel vide est obtenu par étapes successives, par des systèmes très performants qui étonnent certains participants se souvenant des difficultés à obtenir, à la Météo, des vides bien moins vides ….. Les parois de l’anneau sont en béton épais chargé en plomb et fer afin de protéger personnels et visiteurs de tout rayonnement, en particulier . Puis, nous passons par la salle de contrôle où 4 ingénieurs veillent en permanence sur chaque partie du dispositif, toutes visualisées sur écrans. Retournant à l’extérieur de l’anneau, nous observons, toujours par-dessus, les «tubes» de lumière qui partent tangentiellement à l’anneau et sont dirigés chacun vers un laboratoire, le faisceau étant canalisé par des lentilles magnétiques afin de l’empêcher de diverger. Avant d’atteindre l’expérience (objet, matériau, cellules vivantes, surface,…), il faudra encore filtrer cette lumière afin de sélectionner la longueur d’onde adaptée à arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 La vie de l’association… Photo 1 : Le groupe au restaurant Photo 2 : L’anneau de stockage de SOLEIL (350 m de pourtour) Photo 3 : Electroaimants et cabines d’optique l’analyse préparée, cela au moyen de filtres magnétiques. Les photons vont frapper l’échantillon. Cette lumière, très intense, va pénétrer profondément la matière et informera, soit par diffraction si elle est composée d’ultraviolets, sur la structure en surface ou en volume de l’échantillon, soit par absorption si elle est composée d’infrarouges, sur ses propriétés chimiques. Les laboratoires sont donc disposés à l’extérieur de cet anneau de 350 mètres de périmètre, là où aboutissent chacune des 26 «lignes de lumière». Nous nous amusons à regarder ces petites cabines encombrées de matériel électronique, de cordons électriques emmêlés, de tubes et capsules emmaillotées de papier d’aluminium … bref l’amusant voisinage de la technologie la plus performante et du bricolage comme dans tout laboratoire de recherche (photo 4)! Les applications de ces études sont multiples : recherche fondamentale (80%) et recherche appliquée (laboratoires pharmaceutiques, industriels, …). Sont concernées la physique fondamentale pour l’étude des propriétés électroniques et magnétiques de la matière (comme le stockage magnétique d’informations à ultra-haute densité), la médecine et la biologie pour l’imagerie des vaisseaux sanguins, des tissus osseux ou des constituants de la cellule, la chimie (détection de substances polluantes dans l’environnement, optimisation du fonctionnement des pots catalytiques, élaboration de nouveaux matériaux), la géophysique (connaissance de la structure du manteau terrestre), l’étude d’objets d’art ou archéologiques (âge, authenticité, constituants, …). Plus prosaïquement, ont lieu aussi des études sur le vieillissement du chocolat, la cuisson du pain ou le contrôle des bouteilles en plastique, … À l’ère de la génomique et des nanotechnologies, nous avons besoin d’aller voir la matière vivante (cellule, virus, bactéries...) ou inerte (éléments chimiques, matériaux divers...) à l’échelle de l’atome : les thèmes sont infinis et la curiosité de l’homme aussi. FRANÇOISE TARDIEU Photo 4 : Super matériel et ... bricolage Crédits photos : 1, 3 et 4 : Françoise Tardieu, 2 : doc Synchrotron Soleil arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 11 La vie de l’association… « Hommage aux disparus de la frégate Laplace le 10 mai 2013 à la Pointe Saint Mathieu Nul besoin que Georges Pernoud dans Thalassa ne la mette en évidence, la Pointe St Mathieu au nord-ouest du cette « fin du monde » bretonne ( Pen ar Bed) est depuis toujours un lieu magique. Le second temps fort était consacré à une très belle cérémonie d’hommage solennel aux 51 victimes, marins et civils du Laplace au Mémorial national de la pointe Saint mathieu. Débuté par une cérémonie militaire au pied de la stèle, un hommage très émouvant leur a été rendu en présence des familles, fils et filles, petits-enfants des disparus, des autorités civiles et militaires locales et brestoises, Sur ce promontoire imposant la mariet d’un rescapé du naufrage. ne honore les disparus en mer, une stèle haute de 17 mètres, érigée en Michel Aïdonidis. Chef du centre de Guipavas représentait Météo France, 1927 leur rend hommage. L’ensemble du site – phare et Abbaye, sans oublier le sémaphore – est largement mis en valeur sur cette pointe où l’océan embouque la rade de Brest. Mais c’est dans le vieux fortin du XIX° tout proche que demeure le souvenir des marins « Morts pour la France », lieu de mémoire et de recueillement (photo 1 Le cénotaphe). L’association « Aux Marins » fondée en 2005 y assure le souvenir de ces marins dont la mémoire est honorée dans les trois cryptes du cénotaphe qu’accueille ce fortin de granite, de verre et de métal. Jean-Paul Bénec’h de l’AAM en tant que délégué régional Ouest (photo 5). Nous avons dévoilé dans la crypte le portrait de Pierre Colcanap, ingénieur météo brestois, décédé dans le naufrage le 16/09/50. Au delà de l’émouvante commémoration de ce jour, il convient de mettre en lumière la puissance évocatrice de ce lieu de mémoire que je vous invite très sincèrement à découvrir si vous pousSur les parois de l’une des cryptes sez vers ce sublime « Pen ar bed ». sont apposées les photographies Par ailleurs, n’oublions pas la riche et confiées par les familles des disparus forte histoire de nos frégates météo, pour en faire un grand album qui peranciennes - Carimaré, Jacques-Cartier met la transmission et la mémoire de et les 3 sister-ships du Laplace, Levergénération en génération. rier, Le Brix et Mermoz - , comme moLe 10 mai, l’association « Aux marins » dernes - France 1 et 2 - dans des condiorganisait deux temps forts en hom- tions de mer souvent très difficiles et mage aux 51 disparus de la frégate La- le rôle précieux du travail de nos collègues embarqués. Ils ont été de véritaplace dont 5 météorologistes. bles pionniers de notre science avant Le premier s’est déroulé à Plougonvel’avènement de la modernité actuelle. lin (commune dont dépend le site) par le vernissage d’une exposition sur le L’AAM souhaite dans son action Laplace (photo 2 et 3) et la météorolo- conserver le souvenir, la mémoire de gie embarquée. Extrêmement bien do- ses anciens. cumentée tant sur le drame de la nuit Cette cérémonie (et cette exposition) du 15/16 septembre 1950, que sur le est le témoignage de cette histoire à travail de ce bâtiment météo, les actijamais marquée au fer rouge par le vités du bâtiment hydrographique Ladrame du Laplace. place actuellement mis en œuvre par la marine nationale (photo 4 : affiche Hommage leur soit rendu également à de l’exposition sur la Frégate météoro- travers ce compte-rendu. logique Laplace). JEAN-PAUL BÉNEC’H 12 *Vous retrouverez le récit du naufrage du Laplace dans le n° 155 d’Arc en Ciel p 18 et 19. **Sur le site de l’association « Aux Marins » ( www.auxmarins.net ) je vous invite tout particulièrement à voir le lieu en cliquant sur « le mémorial » puis « panoramas ». Magnifique panoramique à 360° de St mathieu. Photo 1 : Cénotaphe de la pointe Saint-Mathieu Photo 2 : affiche de l’exposition photo 3: inauguration de l’exposition Photo 4 : affiche mémorial ST Mathieu photo 5: Jean-Paul Bénec’h et Michel Aïdonidis dans la crypte arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 La vie de l’association… Affiche de l’exposition 2 5 4 Jean-Paul Bénec’h et Michel Aïdonidis dans la crypte 3 Inauguration de l’exposition Affiche mémoriale Saint Mathieu 1 Cénotaphe de la pointe de Saint-Mathieu arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 13 La vie de l’association… « Journée rencontre «Ouest» à Brest le 22 mai 2013 arce que non content de nous ouP vrir la promesse d’une belle journée entre collègues à Océanopolis, le Pen ar Bed * breton nous offrait son meilleur visage, ensoleillé à souhaits. Grâce au concours majeur de Claude Fons l’idée d’axer la journée autour d’une découverte d’Océanopolis avait séduit 24 adhérents du grand ouest. Un bon score, devenu coutumier en dépit des habituelles défections de camarades retraités au programme trop chargé. Mais avec en grande première l’amicale participation de « petits nouveaux », deux couples d’observateurs bénévoles, l’un venu d’Herbignac (44 - près de Guérande), l’autre en voisins, de Ploudalmézeau. Ils ont été conquis et se sont vite fondus dans la famille météo. riche idée que d’avoir choisi Quelle Brest pour ces 5 retrouvailles Ouest. ! es chantemps gent ont pu se dire les « anciens » ! Après une photo de famille (photo N° 1) par la presse locale, en voiture grenouilles, pour un petit rallye vers les ports brestois et le beau tableau de la somptueuse rade de Brest peint du bleu du ciel tacheté de voiles blanches. Océanopolis nous attend immense polygone qui accueille 450.000 visiteurs/an. Déjeuner au restaurant de ce site grandiose avant une présentation de la visite par le directeur Eric Hussenot qui nous a également retracé la genèse et la philosophie du projet (photo 2). Les météos de Guipavas ont toujours été associés, dans leur domaine, à ce dessein. Accueil chaleureux et instructif avant que d’entamer un parcours de 3 bonnes heures….( quand on pense que la journée entière ne suffit pas pour tout découvrir) Qu’importe nous naviguons entre les pavillons, polaire, tropical, tempéré, biodiversité….ne manquaient que celui des Abysses récemment exposées, clou de la saison 2012. Il y a matière ! Océanopolis est géant (photo 3 et 4), si bien conçu que la découverte, le plaisir, la beauté, l’étonnement et l’enseignement y sont constants. Une bonne idée que d’inviter ces « para-météos » à se joindre aux effectifs de l’AAM. Nul doute que les prochaines années ne voient grossir leurs rangs auprès de nous. Seul regret, que les loutres tout réC’est au Centre Départemental Météo cemment introduites, y demeurent endu Finistère à l’aéroport de Guipavas core timides et noctambules caractèque nous nous sommes retrouvés sur res que les animaliers s’attacheront à les dix heures pour un café gourmand inverser, promis. de bienvenue, et la rencontre avec les actifs du jour après une présentation du centre par son chef Michel Aïdonidis, chef d’un centre en pleine restructuration et non des moindres ! Les Largement après 17 heures, dislocation du groupe, avec pour certains un kilométrage conséquent, mais pour beaucoup la satisfaction d’un excellent moment entre collègues « occi- dentaux ». D’aucuns l’auront prolongé dans ce Brest attachant et riche. Rencontre impromptue entre participants de la veille, le lendemain dans le splendide vallon du Stang Alar – toujours sous le soleil – il y a tant à voir autour de Brest dans ce Finistère Nord ..et fort….nous y reviendrons. Merci à Claude Fons, à ses copains d’Océanopolis, à Eric Hussenot pour son accueil et son extraordinaire Aquarium, à Michel Aïdonidis, à notre webmaster Marco Murati pour le café (comme quoi il n’y a pas que l’informatique à l’AAM !) et à tous pour votre présence. JEAN-PAUL BÉNEC’H 2 De gauche à droite : jean-Paul Pallier, Marc Murati, Jean-Paul Bénec’h, Claude Fons et le directeur d’Océanopolis Éric Hussenot. 3 Au sein de l’aquarium 4 Un petit poisson parmis les gros * bout du monde 14 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 La vie de l’association… « 43e Assemblée plénière du Conseil Supérieur de la Météorologie ette assemblée s’est tenue le C 24 mai dernier à St-Mandé dans la salle Robert Génot qui doit nous ac- cueillir pour notre Assemblée générale le 1er octobre prochain. Le PDG de Météo-France, M. François Jacq, vice-président du CSM, présidait cette session. Dans une courte introduction, il est revenu sur les éléments essentiels du contrat 2012-2016 liant l’Etat et MétéoFrance (traitement de l’information et observations-il faut noter l’arrivée d’un nouveau super calculateur fin 2012-, la Prévision, le Climat, la Recherche). François Jacq a évoqué les contraintes budgétaires et la restructuration territoriale en cours en précisant que Météo-France « n’était pas au bout du chemin ! ». Ensuite, Olivier Moch, secrétaire permanent du CSM, a donné la parole aux présidents des 11 commissions(1) qui ont précisé le contenu de leurs travaux réciproques depuis 1 an, tiré le bilan des vœux de 2012 (sur les 16 formulés, 12 ont été satisfaits, 4 partiellement satisfaits), explicité ceux soumis à MétéoFrance cette année (au nombre de 12). Plusieurs commissions ont effectué des rapprochements dans leurs travaux, c’est le cas de la commission Santé et de celle sur l’énergie-environnement autour des questions de pollution atmosphérique. Dans le domaine de l’éducation-formation, il a été souligné l’importance, en terme de recherche d’informations scientifiques et techniques, des visites du site de MétéoFrance (13 millions de pages visionnées en 2011) ; par ailleurs les 6es Olympiades de géosciences ont lieu en Argentine avec 3 lauréats français. L’après-midi était réservé à 5 exposés (autour de 3 thèmes) suivis d’une table ronde sur le thème de la « Météorologie satellitaire ». Que « voit »-on vraiment avec les satellites ? C’est une question non triviale à la quelle se sont attachés à donner des éléments de réponse les 5 intervenants. Hervé Roquet (du Centre de Météorologie Spatiale de Lannion) a brossé un historique des 50 années de satellites météorologiques (depuis Tiros-1 en 1960) ; la première image fut reçue en Europe le 24/12/1963 ; pendant une vingtaine d’années, de 1966 à 1988, le CMS a éla- boré des néphanalyses où étaient décrits les nuages sur l’Atlantique et l’Europe d’après les observations satellitaires. Au départ, on n’avait que des images visibles (donc uniquement de jour) puis s’est ajouté le signal infrarouge (IR) (longueur d’onde > 0,8 µm) qui a permis d’avoir des informations la nuit comme le jour (sur la température du sol, de la mer ou du sommet des nuages, c’est-àdire de la dernière couche « vue » par le satellite). Aujourd’hui, on utilise plusieurs canaux IR donnant des informations différentes (y compris pour détecter la neige au sol). La résolution horizontale tend à diminuer (on arrive à 375 mètres, si bien qu’on « voit » les méandres de la Seine ou les bois autour de Paris, plus froids que les alentours le jour par ciel clair l’été). Cathy Clerbeaux (Université Pierre et Marie Curie / Laboratoire LATMOS) a montré comment l’absorption d’un signal par certains gaz dans certaines longueurs d’onde permettait de détecter les feux (via le monoxyde de carbone), les pollutions liées à la pollution automobile (dioxyde d’azote), par exemple. Laurence Eymard (Observatoire des Sciences de l’Univers) est intervenue pour montrer qu’avec des signaux micro-ondes (millimétriques), on pouvait « voir » à l’intérieur des nuages (qui ne les absorbe pas) ; par ailleurs, certains satellites défilants(2) embarquent des radars détecteurs de précipitations comme leurs « cousins » du réseau terrestre. Florence Rabier (Météo-France/CNRM) a montré que les données satellitaires sont de plus en plus utilisées dans l’analyse puis la prévision météorologique au point qu’en 10 ans ces données ont été multipliées par 10 et constituent 85% de l’ensemble des données. Elle estime que 70% de la qualité des prévisions vient de la présence accrue de données satellitaires. Ces données, on le devine, ne sont pas spontanément des mesures de températures ou d’humidité mais des radiances (ou luminances) qui mesurent une puissance par m2 et selon une direction donnée reçue par le satellite. Pour mesurer cette puissance, sur le satellite européen défilant METOP, on utilise un interféromètre dont le principe a été découvert par A. Michelson, physicien américain de la fin du 19e siècle (celuici avait permis de montrer la constance de la vitesse de la lumière et que l’éther n’existait pas). L’interféromètre embarqué sur METOP a pour acronyme IASI. Pour retrouver les températures et humidités, il faut passer par l’utilisation d’outils mathématiques complexes (comme la transformée de Fourier par exemple). Alain Ratier (Directeur d’Eumetsat, ancien Directeur adjoint de Météo-France) a présenté les projets tant pour les satellites géostationnaires(3) (projet MTG) ou polaires(4) (projet EPS seconde génération). Ils visent à mieux satisfaire les besoins en prévision opérationnelle et environnementale ainsi qu’en matière de connaissance du climat. Sur MTG, il y aura 16 canaux (5 de plus) avec 1 à 2 kilomètres de résolution ; les images seront renouvelées toutes les 10 minutes (15 actuellement). Par ailleurs, des sondages pourront être obtenus toutes les demi-heures. Sur EPS seconde génération, 2 lignes de satellites exploreront l’atmosphère dans des canaux différents (dont un canal radar appelé diffusomètre permettant de cerner les vents, force et direction, à la surface des mers, même en cas de couverture nuageuse). Toutes ces données supplémentaires, tous les orateurs en conviennent, nécessitent d’importantes recherches et des moyens de calcul pour qu’elles soient correctement digérées et aboutissent à satisfaire encore mieux les besoins. Une table ronde très intéressante présidée par François Jacq avec ces cinq intervenants a clos la journée. MICHEL RUCHON (1) agriculture, aviation de transport, aviation légère, éducation-formation, environnement-énergie, hydrologie, marine, santé, sécurité civile, tourisme-information, transports terrestres- génie civil (2) les satellites défilants ont une orbite basse (900 à 1500 kilomètres au-dessus de la Terre) et défilent au-dessus du globe en traversant l’équateur et en s’approchant des pôles ; à l’exception des zones polaires visitées 15 fois par jour, les autres régions ne sont balayées que 2 fois par jour (à la même heure solaire locale pour les satellites dits héliosynchrones) (3) les satellites géostationnaires sont à 36000 kilomètres de la Terre, au-dessus de l’Equateur et tournent aussi vite qu’elle si bien qu’ils sont toujours au-dessus du même point vu en permanence, mais de très haut, les zones polaires étant moins bien perçues (4) les satellites polaires sont des satellites défilants dont l’orbite s’approche auplus près des pôles arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 15 « AU TEMPS PASSÉ… La revue «MET MAR» et la météo maritime française ’est avec beaucoup de plaisir que nous reprenons dans ce numéro d’Arc En Ciel un large extrait d’un article du journal La Baille (revue de l’association des Anciens Elèves de l’Ecole Navale) paru en septembre 1998 sous le numéro 261. Nous remercions l’amiral François Pézard, rédacteur en chef de La Baille, pour son accord, et comme le souligne Jacques Darchen, pour l’estime que cette revue a accordée aux écrits de Météo-France dans le passé. C Cet article, sous la signature de notre ami Jacques Darchen, est précédé d’une introduction que nous complétons, quelques quinze années après, de ces quelques lignes. En effet, Jacques Darchen, rédacteur en chef honoraire de Met Mar, a poursuivi sa participation à cette publication jusqu’à la fin de celle-ci en décembre 2007 (N°217), apportant ainsi son concours à Michel Hontarrède qui lui succéda en tant que rédacteur en chef. En 2008, les revues Met Mar et Atmosphériques éditées par Météo-France fusionnèrent et donnèrent naissance à la revue Météo Le Magazine dont le premier numéro est paru en mars 2008. Beaucoup de lecteurs de Met Mar, et notamment ceux membres de l’AAM, furent déçus de cette disparition de leur revue météo préférée, mais Michel Hontarrède (*) devenu rédacteur en Chef de Météo Le Magazine veilla à ce que cette nouvelle publication consacre une partie de son contenu au monde de la mer. Après une longue période dans la maistrance de la Marine nationale centrée sur onze années de service à la mer, Jacques Darchen sert une trentaine d’années dans les cadres de la Météorologie nationale. Au cours de ces décennies, il assume les fonctions de rédacteur en chef de la revue Met-Mar, enseigne la météo maritime et tropicale à l’Ecole nationale de la météorologie et en milieux universitaires, publie plusieurs ouvrages de climatologie et une centaine d’articles. Il donne de nombreuses conférences de nature scientifique et … littéraire (il est vice-président des amis de Pierre Loti). En retraite, il poursuit un certain nombre d’activités à l’Académie de marine, dont il est membre titulaire, au Conseil supérieur de la météorologie et à la Société météorologique de France. Il brosse ici un historique de Met-Mar ; cette revue, bien connue des personnels de passerelle de la Marine marchande et de la Marine nationale, reflète l’évolution d’une activité touchant de près aux choses de la mer. La vie de la revue Met-Mar est indissociable de l’essor de la météorologie maritime française. En décembre 2011, il a été mis fin à l’édition de la revue Météo Le Magazine, et du même coup « les amoureux » de la météorologie et de la mer sont privés à tout jamais Au début des années 1950, la section de météo maritime des beaux récits qu’ils pouvaient lire dans ces publica- du SCH (Service central hydrographique de la Marine) pastions de Météo-France. se avec armes et bagages à la Météorologie nationale. Ce Cet article de Jacques Darchen dans La Baille a, entre transfert a pour but un développement opérationnel qui doit s’ajouter aux activités de climatologie poursuivies par autres, le grand mérite de retracer l’histoire de la création le SCH depuis une petite centaine d’années. de Met Mar en 1953 et son évolution jusqu’à la fin des anLa section nouvelle adopte le sigle MN/MAR (pour Météo nées 1990 ; il reste à écrire la fin de l’histoire de Met nationale/Marine), ce qui indique clairement les dualités Mar et de celles et ceux qui ont participé à sa belle aven- et les appartenances. ture et qui en avait fait une des plus belles et passionnan- Les rapports entre la Marine et la Météo sont, à partir de 1954, réglés par une convention aux termes délibérément tes revue de la météorologie. flous permettant des interprétations très libres et une PIERRE CHAILLOT grande facilité de mouvement dans le lancement et la réalisation de projets encore à l’état d’ébauche. Les signataires pensent avec raison que les buts principaux étant atteints, il sera toujours temps d’adopter un texte plus cor(*) Michel Hontarrede est, depuis début 2013, le chef du centre seté permettant de passer à ce moment là de la période des pionniers à celle des gestionnaires. départemental de La Rochelle. 16 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 Au temps passé… De fait, les artisans attelés à cette tâche à la fois difficile et exaltante de développer les choses de la mer dans une maison traditionnellement tournée vers l’aéronautique, n’eurent pas à se plaindre puisqu’ils conserveront leurs coudées franches pendant … une trentaine d’années ! Au cours de cette période, nombre d’opérations sont montées et des mesures adoptées dont on rechercherait en vain l’origine dans un texte quelconque. Les choses se règlent souvent par concertation directe entre les intéressés dont la séparation géographique se limite aux deux stations de métro séparant le pont de l’Alma de l’hôtel de la Marine. Le capitaine de vaisseau, chef de MN/MAR, sorte d’homme-orchestre, représente la Météo auprès de la Marine et vice versa. Il dispose d’une équipe comprenant des officiers d’active, un ou deux ingénieurs civils et une trentaine de gradés météorologistes dont la spécialité a été créée vers la même époque. Il a barre, avec l’accord de la DPM (direction du personnel de la Marine), sur les 250 marins-météorologistes qui servent dans les forces. La revue MET-MAR… … fait ses premiers pas à ce moment là. Dans le début de ces années 1950, le SCH publie un bulletin périodique appelé «cahiers du Centre d’océanographie et d’études des côtes» qui perdurera pendant quelques années et qui rassemble une partie de ce qui fera la manne de Met-Mar, en particulier des articles d’ingénieurs météos. Il publie aussi un «bulletin d’information» dont la vie sera éphémère. C’est donc, poussé par une sorte d’obligation morale et, surtout, par la force des choses, car tout ce qui doit se réaliser un jour vient à son heure, que naît en 1953 le «Bulletin d’informa-tion des Navires sélectionnés» qui prendra le nom de Met-Mar en 1960. La revue première manière est à la charge des officiers adjoints de MN/MAR qui se livrent à un énorme travail de collecte et de traduction de documents la plupart du temps d’origine anglo-saxonne. Dans les années 1960, tout en gardant le cap, la revue change de main et passe dans celle d’un civil de MN/MAR, transfuge, il est vrai, de la Marine nationale. La responsabilité effective de la publication revient à cette seule personne à laquelle directeur de la Météo et chef de MN/MAR accordent une confiance absolue, ne lui imposant aucune contrainte, aucune pression au fil des décennies. Ce genre de fonctionnement correspond à un cas d’espèce qui implique une confiance réciproque portée aux limites. Au cours du temps, un équilibre est réalisé entre les sujets traités. Ils sont nombreux et aucun ne sera négligé mais on s’appesantira volontiers sur ceux qui correspondent aux priorités du moment. On distingue ainsi des périodes chevauchantes dont les dominantes pourraient être : «navires sélectionnés», «météo-océanographie», «plaisance» … arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 17 Au temps passé… Les navires sélectionnés … bâtiments marchands exécutant et transmettant plusieurs fois par jour des observations à des fins de prévision et de climatologie, font l’objet depuis toujours des soins de Met-Mar. Il s’agit, d’une part d’apporter par des articles d’un niveau adapté un complément à la formation des officiers de pont acquise dans les écoles de la Marine marchande, d’autre part de susciter une émulation entre ces navires par l’établissement et la publication d’un palmarès mettant en relief les mérites des commandants, des officiers observateurs et des officiers radios. Ce palmarès est établi par MN/MAR en accord avec le SCH qui reste partie prenante dans ce genre d’activité. Les bâtiments de la Marine nationale entrent très tôt dans ce même réseau, les autorités concernées insistant même pour que soit établi et publié un palmarès spécifique exactement calqué sur celui des navires marchands. Progressivement de nombreux articles tirés de Met-Mar servent de thèmes d’études dont la matière est intégrée aux programmes d’enseignement tant dans la Marine marchande qu’à l’Ecole navale. La qualité des millions d’observations exécutées sur les mers au cours des décennies par les marins français est liée pour une large part à l’action opiniâtre soutenue par Met-Mar. En France, la prévision du temps est passée en 40 ans de la gomme et du crayon au supercalculateur qui traite 150 milliards d’opérations par seconde ( !). Or, dans tous les cas, il est impérieux de livrer au calcul des données de base que sont, entre autres, les observations de navires, qui témoignent au plus près d’une réalité de nature imprécise et fuyante. Le plus puissant des calculateurs ne peut s’accommoder d’une provende médiocre. De même, ces satellites qui tournent au-dessus de nos têtes, dont plusieurs à vocation de service océanique, disposent de senseurs dont les données ont besoin, toujours aujourd’hui, d’être comparées à des «vérités-mer». La Météo océanographique … en France s’est fortement développée dans une conjoncture favorable sur une dizaine d’années avant de prendre une vitesse de croisière soutenue. Dans le milieu des années 1960, les chefs de file de l’océanographie française, les professeurs Lacombe et Tchernia, avec l’accord préalable et tacite de MN/MAR, convainquent les édiles de la Météorologie nationale de la nécessité d’étudier comme un même ensemble les couches supérieures de l’océan et l’atmosphère au contact. Cette époque correspond à une sorte d’âge d’or qui voit naître le CNEXO (Centre national pour l’exploitation des océans), construire et mouiller à poste fixe en Méditerranée occidentale, d’abord une première bouée-laboratoire puis une seconde, plus grosse et armée par deux hommes d’équipage. Des équipes scientifiques de 4 à 6 personnes se succèdent à bord de cet engin original pour des missions de 10 à 15 jours. Le personnel de MN/MAR y participe et c’est ainsi que paraîtra une étude portant sur l’évolution de la température de la mer dans les couches superficielles en fonction de conditions météos variées. Les résultats, publiés 18 dans Met-Mar et dans des brochures spécialisées, constituent une première en Europe. Dans le même temps, le concept de Méditerranée occidentale-modèle réduit d’océan, ébauché puis consolidé par le professeur Lacombe, mettant en jeu l’influence des descentes d’air froid sur la plongée des eaux de surface vers les grands fonds, est vulgarisé et claironné par Met-Mar. Cette manière de voir les choses devait, un peu plus tard, être largement admise par la communauté internationale et l’OMM (Organisation météorologique mondiale) l’entérinera de façon officielle. Désormais l’espace d’intérêt météorologique s’étend depuis la limite inférieure de la stratosphère jusqu’aux profondeurs océaniques. Ces conceptions seront, à partir de 1967, enseignées à l’Ecole nationale de la météorologie. Pendant une quinzaine d’années, le rédacteur de Met-Mar en aura la charge. La météo tropicale … ne pouvait que suivre dans la même voie puisque la zone située entre les tropiques, essentiellement maritime, est littéralement la chaudière du globe. La chaleur solaire, issue d’un rayonnement proche de la verticale, est emmagasinée dans les premiers mètres de l’océan avant d’être répartie en latitude par les courants, atmosphériques et marins. Les phénomènes tropicaux, et en tout premier lieu les cyclones, sont étudiés à MN/MAR et chaque numéro de Met-Mar présente des études exhaustives traitant de la dynamique météo-océanique de ce redoutable tourbillon. A noter que Met-Mar est alors la seule revue de langue française à dresser un bilan complet des cyclones qui se produisent chaque année dans le monde entier. La plaisance … est, comparativement, une nouvelle venue dans la revue. Cela tient à cette force des choses évoquée plus haut. Si Met-Mar fait montre d’une belle pérennité dans sa conception et dans sa démarche, c’est que le rédacteur est resté durablement inamovible, l’oeil fixé sur le cap à tenir. Depuis 1960, pendant 30 ans, le responsable a traité ce qui lui paraissait important ; 120 numéros, cela donne le temps de s’exprimer. Le successeur a pris la barre avec passion, sans changer diamétralement de cap, mais il lui appartenait sans doute d’apporter, sinon du sang neuf, du moins des colorations originales qui se confondent avec l’air des temps nouveaux. L’ingénieur Michel Hontarrède, est un prévisionniste confirmé. Pendant des années il rédigea le fameux bulletin journalier de prévision marine diffusé par France-Inter. Il est aussi un navigateur hauturier éprouvé. Met-Mar publia jadis ses démêlés avec le Horn. La revue s’est donc ouverte au monde de la voile et des rapports amicaux ont été établis avec les nouveaux conquérants des grands espaces, depuis les plus modestes jusqu’aux noms qui brillent au firmament des sept mers. arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 JACQUES DARCHEN ACTUALITÉS… « L’hiver 2012-2013 : un long tunnel humide et frais L’hiver 2012 - 2013 en France, caractérisé par un ensoleillement déficitaire dans de nombreuses régions, s’est prolongé bien au delà de l’hiver météorologique, période calendaire de décembre à février. Les températures plutôt fraîches, sans être extrêmement froides durant l’hiver, sont restées basses en fin d’hiver et au début du printemps. La pluviométrie sensiblement excédentaire a favorisé l’approvisionnement des nappes phréatiques. La température moyennée sur la France et sur la saison est légèrement inférieure à la normale. Cette moyenne masque de brusques variations temporelles ainsi que des contrastes géographiques. La moitié ouest du pays a bénéficié de températures légèrement supérieures à la normale alors que la moitié est a connu des températures plus fraîches. A remarquer la grande douceur de mi décembre au début janvier. Elle nous faisait douter que nous étions en hiver. Les précipitations ont été particulièrement abondantes dans le SudOuest ainsi que du nord de l’Auvergne au sud de la Bourgogne mais sont restées déficitaires en Languedoc-Roussillon et Basse-Vallée du Rhône. Sur l’ensemble de la saison et du pays, la pluviométrie est supérieure à la normale d’environ 15 %. Dans le nord du pays, les pluies se sont fréquemment conjuguées avec les chutes de neige, jusqu’en plaine, sans toutefois occasionner d’épaisseur au sol remarquable. L’ensoleillement a été très faible cet hiver sur l’ensemble de la France, notamment dans un large quart nord-est où le déficit est compris entre 20 et 40 %. Seules les régions méditerranéennes ont bénéficié d’un ensoleillement proche de la moyenne. Indicateurs des températures minimales et maximales 1er décembre 2012 au 15 avril 2013 - zone climatique : France. (Source de Climascope) MICHEL BEAUREPAIRE Cet article est extrait du bilan de l’hiver 2012-2013 du site meteofrance.com : http://climat.meteofrance.com/chgt_climat2/bilans_climatiques/bilanclim?document_id=27406&portlet_id=89575 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 19 « SOUVENIRS ET TÉMOIGNAGES… Hommage à André Lebeau Comme nous vous l’avions indiqué dans l’ARC EN CIEL précédent (N°170), nous vous présentons ci-après un hommage à André Lebeau décédé subitement en février de cette année. Cet hommage n’a surtout pas la prétention de tracer de manière exhaustive l’action d’André Lebeau durant son passage à la direction de la météorologie de 1986 à 1995. Ainsi, après un texte de Pierre Bauër qui évoque l’ensemble du parcours professionnel d’André Lebeau, vous trouverez, sous la plume de membres de l’AAM, quelques récits et anecdotes rappelant des évènements vécus et des sentiments ressentis auprès d’André Lebeau. Nous avons placé cet hommage à André Lebeau dans la nouvelle rubrique « Souvenirs et Témoignages » car il nous a semblé que les textes qui suivent correspondent tout à fait à l’esprit qui a présidé à sa création. LA RÉDACTION André Lebeau, né le 4 mars 1932, à Montceau-lesMines, est décédé des suites d’une très courte maladie le 25 février 2013 Ancien élève du Lycée Saint-Louis et reçu major en 1952 à l’Ecole normale supérieure, André Lebeau participa à la deuxième expédition en Antarctique de l’Année Géophysique Internationale (1956-1958) pendant laquelle il construisit et mit en fonctionnement l’observatoire magnétique de la station Dumont d’Urville dont les résultats scientifiques fournirent la matière de sa thèse de doctorat (1965) « Les courants électriques dans l’ionosphère des régions polaires ». Il fit son service militaire comme ingénieur hydrographe (1958-1961) au Service Central Hydrographique, devenu depuis Service Hydrographique et Océanogra- 20 phique de la Marine (SHOM), ce qui lui permit, par la suite, d’accéder au grade d’ingénieur en chef de l’armement de réserve. Créateur et directeur du Groupe de Recherches Ionosphériques, un laboratoire jouissant du double statut de laboratoire propre du Centre national de la recherche scientifique (CNRS) et de département du Centre national d’études des télécommunications (CNET), il contribua au développement initial de la recherche spatiale. Il entra au Centre national d’études spatiales (CNES) en 1965 en qualité de directeur des programmes et des plans, puis à partir de 1972 de directeur général adjoint chargé des programmes et de la politique industrielle. En 1975, il fut nommé directeur général adjoint et directeur des programmes futurs et des plans de l’Agence spatiale européenne (ESA), nouvellement créée, et joua un rôle déterminant pour le lancement du programme Ariane, ainsi que pour celui de la mission Hipparcos. Il quitta l’ESA en 1980 pour prendre la direction de La Mission du Musée des sciences et de l’industrie qui était chargée de la création de la Cité de La Villette. En 1980, il fut élu professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers, titulaire de la chaire de techniques et programmes spatiaux rattachée au département d’économie et gestion et présida ce département de 1984 à 1986. En 1986 il fut nommé directeur de la Météorologie nationale qu’il transforma en établissement public, MétéoFrance, et dont il devint Directeur général. Il conduisit la décentralisation de Météo-France à Toulouse, où il construisit la Météopole. Dans le cadre de ces fonctions, il fut élu à la viceprésidence de l’Organisation météorologique mondiale et présida, de 1990 à 1994, le Conseil de l’organisation européenne des satellites météorologiques Eumetsat. En 1995 il fut appelé à la présidence du CNES, qu’il quitta en 1996 suite à un désaccord politique avec sa tutelle ministérielle sur l’ampleur de la participation française à la station spatiale internationale (ISS). Il fut élu correspondant du Bureau des longitudes en 1972 et titulaire en 2001, et présida le Bureau des longitudes en 2008 et 2009. André Lebeau était également membre de l’Académie de marine et membre honoraire de l’Académie de l’air et de l’espace. Membre très actif du Bureau des longitudes et très attaché à la mission et au patrimoine de celui-ci, André Lebeau s’y est beaucoup investi dans la perspective de projets sociétaux qui lui tenaient à cœur comme l’océanographie opérationnelle, l’émergence du programme européen GMES pour la surveillance de l’environnement et la sécurité et la navigation par satellite avec le système européen Galileo. On lui doit en particulier des contributions majeures aux ouvrages du Bureau sur les enjeux stratégiques, scientifiques et techniques de Galileo (publication commune avec l’Académie de l’air et de l’espace et avec l’Académie de marine), et sur les Observatoires (Observer la Terre). C’est grâce aux relations établies statutairement par le Bureau avec le SHOM qu’il a été amené, sur lettre de mission du ministre de la Défense, à jouer un rôle déterminant dans la transformation en établissement public administratif (EPA) de ce service en 2007. Il est également l’auteur de plusieurs ouvrages de réflexion sociétale dont, en particulier, L’enfermement planétaire (Gallimard, 2008) et Les horizons terrestres : réflexions sur la survie de l’humanité (Gallimard, 2011). Sous des dehors très calmes, André Lebeau développait une énergie considérable et faisait preuve d’un grand charisme et d’un sens élevé des relations humaines. Ce fut un homme de synthèse mêlant ouverture scientifique avec rigueur dans ses écrits. arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 PIERRE BAÜER Souvenirs et témoignages… André Lebeau, la parole et le geste Avec André Lebeau, la météorologie nationale est devenue majeure. De 1920 à 1976, elle resta rattachée au service de l’Etat chargé de l’aviation civile : le sous-secrétariat d’Etat de l’aéronautique et des transports aériens tout d’abord, le ministère de l’air ensuite, puis le secrétariat d’Etat à l’aviation de Vichy et, après-guerre, le secrétariat général à l’aviation civile (et commerciale jusqu’en 1960). 1976 vit la séparation du SGAC en deux directions d’administration centrale distinctes, la Direction générale de l’aviation civile (DGAC) et la Direction de la météorologie nationale (DMN), cette dernière placée sous l’autorité de Jean Labrousse. « La météorologie connaissait, depuis plusieurs décennies, un lent déclin dont l’action de Jean Labrousse avait contribué à renverser le cours. » En novembre 2011, André Lebeau rendait ainsi hommage à l’action de son prédécesseur. Lorsqu’il lui avait succédé, en 1986, dix ans s’étaient déjà écoulés depuis la création de la DMN ; mais l’institution avait du mal à s’affranchir de son ancienne tutelle, notamment en matière budgétaire et de gestion des personnels. Et ce fut bien André Lebeau, premier directeur à ne pas être issu du sérail, qui donna sa vraie place au service public de la météo, en marquant tout d’abord ses frontières avec la DGAC, puis en relançant l’opération de regroupement des services de la formation, de la recherche et de l’exploitation à Toulouse et enfin en donnant à l’institution, transformée en établissement public, la personnalité morale. Cette prise progressive d’autonomie fut un combat, fondé sur une vision, appuyé sur une volonté de fer, sur une capacité d’écoute doublée d’une grande force de conviction et sur une connaissance profonde des hommes et de leurs limites - assortie d’une grande humanité. Les décennies d’inféodation de la météo à l’aviation s’étaient accompagnées d’une certaine sous-administration, et les années Lebeau (1986-1995) virent les services de Boulogne, puis de l’Alma et de Toulouse, s’étoffer en cadres administratifs qui permirent à la DMN de développer ses compétences de gestion et de réussir ses deux particulièrement attentif à la qualité des conditions de travail des prévisionnistes et j’ai pu personnellement apprécier son soutien sans réserve lors de la mise en place du projet de station de travail «Synergie». En 2009, j’adressai à André Lebeau un exemplaire dédicacé de mon ouvrage sur la «Prévision Numérique du Temps» avec un petit mot lui disant combien j’avais apprécié sa contribution à la modernisation de MétéoFrance. Je pense qu’il fut touché par ce témoignage car il me remercia en ajoutant : «J’ai passé huit années bien remplies à Météo-France et je suis heureux de constater qu’on n’y garde pas un trop mauvais souvenir de moi.» Ce fut une grande satisfaction pour moi en 2011 d’accueillir André Lebeau parmi les membres du jury chargé de désigner le lauréat du prix Patrick Brochet décerné chaque année par l’AAM à un élève de l’ENM. À la fin du mois de janvier 2013, alors qu’il me communiquait son classement personnel des candidats, il soulignait la difficulté de l’exercice qui lui était demandé compte tenu des critères adoptés : qualité du travail de recherche, qualité de la présentation et effort de vulgarisation, en notant : «La difficulté essentielle réside dans la pondération des PIERRE LAUROUA, ancien chef du bureau des per- critères de jugement. Il s’agit inévitasonnels techniques puis directeur des personblement d’additionner des vaches et nels de Météo-France. des moutons. C’est une difficulté qui ne peut être éludée, mais il me semble qu’elle devrait être étudiée.» Cette remarque tout à fait pertinente, il est Témoignage sur André vrai, me paraît tout à fait révélatrice des scrupules d’un esprit très cartéLebeau sien obligé malgré tout d’exercer son Durant l’hiver 1989-90, alors que ve- jugement avec une certaine dose de nait de m’être confiée la responsabili- subjectivité. té de la Prévision Générale, la France fut balayée par un grand nombre de JEAN COIFFIER tempêtes pour lesquelles les prévisionnistes s’efforcèrent de communiquer avec tact les alertes météorologiques auprès des services de la Sécurité Civile. À cette occasion j’ai pu André Lebeau me rendre compte qu’André Lebeau et les pêcheurs avait parfaitement pris conscience des difficultés auxquelles étaient confron- du Guilvinec tées les prévisionnistes et n’hésitait André Lebeau a mis fin aux pratiques pas à intervenir personnellement de- historiques, diverses et variées, parvant les médias toujours prompts à la fois opaques, en matière de contrecritique. Il réalisa combien la qualité parties pour la fourniture de bulletins du travail effectué par les prévision- météo personnalisés aux médias et à nistes était importante pour l’image certaines catégories professionnelles. de marque de la Maison. À l’occasion Cela n’alla pas sans grincements à du déménagement du Service de Paris l’intérieur comme à l’extérieur. Ainsi, à Toulouse je peux témoigner qu’il fut le journal Le Monde supprima la rugrands chantiers. André Lebeau faisait confiance, et ce fut pour les gestionnaires de l’époque l’opportunité de participer à des actions majeures, dont ils percevaient clairement les enjeux. Le cap était donné, la volonté ne faisait pas de doute - André Lebeau aimait à dire que le mot priorité ne souffre pas le pluriel -et la structure administrative, bien que renforcée, restait légère… C’était comme si, tout à coup, l’appareil institutionnel avait perdu sa pesanteur : le principe hiérarchique, dès lors qu’il était au service d’une détermination sans faille, devenait le mode d’action le plus simple et le plus efficient. J’ai été l’un des collaborateurs d’André Lebeau, et c’est ma plus grande fierté professionnelle. J’ai évoqué plus haut sa capacité d’écoute ; je me souviens avec émotion du jour où, entouré d’ingénieurs qui n’osaient pas lui déconseiller une mesure favorable à l’un de leurs pairs mais en contradiction avec la politique de gestion outre-mer difficilement mise en place à l’égard d’autres personnels, je lui demandai si je pouvais lui donner mon avis : « Vous me le devez », réponditil. Tel était André Lebeau. arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 21 Souvenirs et témoignages… brique météo pendant quelques semaines avant de céder. Avec TF1, notre directeur tira gloire d’avoir abouti à une convention signée « Lelay Lebeau ». La régularisation était-elle générale ? Non, car un petit village armoricain résistait opiniâtrement. Les comités locaux des pêches du Finistère ont effectivement continué à recevoir officiellement et gratuitement des bulletins adaptés à leurs zones de pêche ; certains navires transmettaient certes des observations en mer mais, rémunérées selon les taux prévus par la loi de finance, cela ne constituait donc pas une contrepartie. A l’arrivée d’André Lebeau à la direction de la météorologie nationale, la pêche française avait entamé son déclin et le comité du Guilvinec avait déjà à son actif des d’actions très musclées, comme le saccage des marchés d’intérêt nationaux de Rungis et de Nantes. Quelques années plus tard, il s’illustrera en bloquant l’appareillage du navire école Jeanne d’Arc et en 1994 provoquera indirectement l’incendie du parlement de Bretagne. L’origine de l’incendie est en effet une fusée de détresse tirée lors d‘une très violente manifestation de pêcheurs à l’occasion d’une visite à Rennes du premier ministre de l’époque, Edouard Balladur. A l’annonce que désormais les bulletins seraient payants, une délégation de pêcheurs en colère fit irruption dans le bureau d’André Lebeau à Boulogne-Billancourt. Il n’était pas un spécialiste du rétropédalage, pourtant la délégation fit tant et si bien qu’elle obtint la promesse de la gratuité. Restait à faire rentrer cette exception dans la nouvelle politique commerciale. Muté peu après à la direction interrégionale Ouest, la seule mission explicite mais impérative et sans délai que me confia Lebeau fut de rétablir la paix et la confiance avec les pêcheurs du Guilvinec. Un an après, la réconciliation sera durablement scellée autour d’un déjeuner convivial et commencera une période de coopération fructueuse au cours de laquelle, entre autres contreparties, les pêcheurs expérimenteront la station automatique BATOS créée pour faciliter les observations en mer et leur transmission. MICHEL LE QUENTREC 22 Trois syndicalistes évoquent André Lebeau Quand André Lebeau a été nommé à la tête de ce qui s’appelait encore la Météorologie nationale, à la fin de 1986, nous étions, chacun d’entre nous, « aux responsabilités » dans nos syndicats respectifs * ; nous siégions, entre autres, dans le Comité technique paritaire central (CTPC), instance de débats entre représentants du personnel et ceux de la Direction, donnant des avis avant décision. Ce ne fut sans doute pas facile au début pour André Lebeau de succéder à Jean Labrousse, d’autant plus que celui ci venait d’être évincé de la Direction de la Météo suite à une alternance politique ; André Lebeau devenant de surcroît, le premier directeur choisi hors du « sérail » du corps des ingénieurs de la Météo. Mais bien qu’intégrant un milieu scientifique assez éloigné de ses fonctions précédentes, son adaptation dans ce nouvel emploi fut remarquable et son intérêt fût tel qu’il rédigeât un livre blanc, vision sur l’évolution de la météo. Pendant les huit années de mandat d’ André Lebeau, des débats majeurs sur l’orientation du service public de la météo avaient cours dans l’enceinte du CTPC. C’était parfois très tendu : ce fut l’époque où la décision de transfert des installations techniques centrales à Toulouse a été prise, celle aussi où le passage de la Météorologie du statut d’administration centrale à celui d’établissement public administratif (EPA) a été décidé malgré un avis négatif des deux tiers des personnels. Ainsi, André Lebeau eut à affronter des grèves importantes, notamment celles de 1989. A cette époque, comme dans d’autres administrations, les personnels techniciens et ingénieurs des travaux aspiraient à faire reconnaître leurs qualifications en terme de meilleures rémunérations et déroulement de carrières. Le conflit fut très dur avec les autorités de tutelle. André Lebeau comprit les aspirations des personnels ; conscient que le service public de la Météo ne pourrait pleinement jouer son rôle sans que les personnels vissent peu ou prou leurs qualifications reconnues, il « contribua » à la mise en place des améliorations statutaires et indemnitaires qui permirent la fin du conflit. Dans les réunions du CTPC, André Lebeau pouvait tout aussi bien sortir au débotté une citation en latin que quitter la salle de colère ! Avec le recul, nous ne pensons pas que ces colères étaient feintes ; André Lebeau s’est attaché avec sincérité à créer les conditions du développement de Météo-France grâce à son regard extérieur et à une solide culture scientifique même si nous combattions, chacun à notre manière selon nos options syndicales, ses choix. Nous pouvions trouver parfois en lui un certain autoritarisme mais il faut reconnaître qu’il était adossé à une vraie autorité. Après avoir quitté Météo-France, André Lebeau s’est toujours intéressé à la météorologie et à ses développements, et selon ses dires ** il a vécu à Météo-France « une de ses meilleures expériences professionnelles ». Il y a plus de 20 ans, les mots ont parfois été vifs entre André Lebeau directeur et nous. Aujourd’hui, c’est avec respect que nous inclinons devant la mémoire d’André Lebeau qui a incontestablement marqué de son empreinte le service météorologique français. PIERRE CHAILLOT, CLAUDE MIFSUD ET MICHEL RUCHON * il s’agissait du SPASMET/CFDT (syndicat aujourd’hui affilié à Solidaires), du SNITM/FO, du SNM/CGT ** lettre adressée à M. Ruchon , actuel Secrétaire général de l’AAM, après réception du livre de Sophie Roy sur le site de l’Alma qu’il lui avait fait parvenir. arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 Souvenirs et témoignages… Vous trouverez ci-après deux textes concernant la Station de Château-Chinon. L’un retrace l’historique de cette station Météo à partir d’une interview d’André Sourd réalisé le 8 juin 2012 par Francis Dutartre et son évolution dans le temps. André Sourd y travailla de novembre 1946 au 10 mars 1988, date à laquelle il prit sa retraite et eut « la triste mission » de procéder à la fermeture définitive de la station. L’autre, sous la plume de Francis Dutartre est le récit de l’accident de l’avion « EMERAUDE » à Corbigny en Janvier 1934, accident à l’origine de la création de la station météo de Château Chinon. LA RÉDACTION « Château-Chinon a station Météo de Château-Chinon Ll’accident fut construite en 1935/1936 suite à de l’avion Emeraude le 15 janvier 1934 à Corbigny. Cet avion, un Dewoitine 332 baptisé EMERAUDE, trimoteur, revenait d’Indochine, il avait à son bord 10 personnes : Un équipage d’élite : M. LAUNAY pilote, M. CRAMPEL mécanicien, M. QUEYREL radiotélégraphiste, Des personnalités : M. PASQUIER Gouverneur Général d’Indochine, M. BRUSSEAUX Officier d’Ordonnance du Gouverneur, M. CHAUMIE Directeur de l’Aviation Civile au Ministère de l’Air et Madame, M. LARRIEU Chargé de mission M. Maurice NOGUES Directeur Général Adjoint de la Cie Air France, M. BALAZUC Directeur Matériel Air France. Il avait fait escale à Marignane puis à Lyon Bron où l’équipage avait pris connaissance d’une météo très défavorable. Lors de l’accident sévissait une violente tempête de neige sur le Morvan. Le Morvan a bien, un type de temps et de climat particulier. Château-Chinon point haut du Morvan fut choisi, suite à cet accident, pour l’installation d’une station météo afin d’établir une surveillance permanente des phénomènes atmosphériques, de ce fait assurer la protection et la sécurité des avions, qui à l’époque traversaient cette région à une altitude bien plus basse que ceux d’aujourd’hui. Dans un premier temps un poste d’observation provisoire fut installé dans la vieille prison de la ville. En 1936, la station étant construite sur la colline dite « Le Calvaire » (598m) qui domine la ville, elle devint opérationnelle. A ce jour, elle est toujours présente, sa configuration d’origine n’a guère changé. Des années d’avantguerre, nous n’avons pas trouvé de trace de quelconques archives. De juillet 1940 à octobre 1944 la station fut fermée. Elle fut occupée et pillée par les Allemands qui en firent un point d’observation fortement armé. L’année 1944 a été mouvementée pour ce poste d’observation isolé et difficile d’accès. Les maquis dans le Morvan (Socrate, Camille, Les Fréchots, Ouroux en Morvan etc…) étaient nombreux, ils rendaient les Allemands nerveux, de gâchette facile, d’autant plus sur ce poste isolé ; il ne faisait pas bon circuler dans les alentours. En octobre 1944, en attendant la remise en état des locaux actuels, une station fut installée provisoirement à la « Villa Aquilon ». Station mal placée avec une vue à 180 degrés sur les monts du Morvan, la vallée de l’Yonne mais aucune vue à l’ouest. Le personnel était militaire, un chef de station adjudant et trois « bidasses ». Cet adjudant, Eloi CHAVOT se retrouva vite reclassé Ingénieur des Travaux, (même promotion que CABANIS). La station remise en état, rénovée, fut opérationnelle le 13 août 1945 avec du personnel civil et militaire. Eloi CHAVOT fut chargé de recruter et de former le personnel sur le « tas ». Avec Eloi CHAVOT débutèrent donc, Jean FERET, LADENISE et BRUCKER. En cours de l’année 46 arrivèrent MINET Jean, TERMINET Robert, (beau-frère de Jean FERET). André SOURD fut recruté en novembre 1946, Roger DESLONGUE recruté en 47 quitta la station en 1949. Ces météos furent nommés adjoints techniques. Le travail consistait à l’observation permanente du temps et la climatologie. Pendant une courte période 45/46 des sondages vent ont été effectués. Les ballons étaient lancés du haut de la tour d’observation, ils subissaient des rabattants et plongeaient souvent dans la vallée de l’Yonne ! Bref, ce n’était pas un lieu de lancement idéal et les sondages furent abandonnés ! Les messages météorologiques étaient transmis à la station de Dijon via les PTT avec un téléphone à manivelle ! Nous recevions les messages de la météo de Nevers et nous étions chargés de les transmettre avec les nôtres à Dijon ! Certainement pour des mesures d’économie… La station faisait alors partie du Réseau Synoptique de Base. La station était très souvent sollicitée par les agriculteurs qui appréciaient d’avoir un lien local, efficace, connaissant bien l’irrégularité, la particularité du climat morvandiau. Une atmosphère de confiance s’était établie avec le personnel. Bien sûr il y avait d’autres usagers : pépiniéristes, maraîchers, presse, les services publics, l’aviation légère, les assurances, les travaux publics, les transports, les écoles, les étudiants, etc… La station était ouverte sur l’extérieur. Eloi CHAVOT resta à Château Chinon jusqu’en septembre 1954, ensuite il fut économe au fort de St Cyr à Bois d’Arcy (78). Robert TERMINET partit sur les frégates puis obtint une mutation à Trappes. Henri HAMEL, ingénieur des travaux, qui venait de l’Aigoual, prit la suite, jusqu’en 1964, puis il fut muté à Trappes. Arrivé en 1952, Marcel ZIMMERMAN muté en 1954 à Saint Raphael, a eu une fin tragique puisqu’il décéda lors de la catastrophe du barrage de Malpasset en décembre 1959. Après le départ d’Henri HAMEL en 1964, Jean FERRET devint chef de station. Des personnels se succédèrent, Daniel RIGNOT, Francis DUTARTRE affecté pour quelques mois au retour d’Algérie, GUYON, Françoise LEVEQUE mai 1983 à janvier 1986, jeune technicienne en sortie d’école. arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 23 Souvenirs et témoignages… Puis restèrent Jean FERRET, Bernard SCHATT (arrivée en 1951) et André SOURD. L’effectif se réduisit au fur et à mesure des départs en retraite, Jean FERRET en 1982, Bernard SCHATT en novembre 1988. Après novembre 1988, Il ne resta qu’André SOURD qui était devenu chef de station au départ de Jean FERRET. Lors de son départ en retraite, à 60 ans, le 10 mars 1989 il a eu la triste mission de fermer la station, non sans une pointe de nostalgie et beaucoup de regrets. Les bâtiments de la station et le terrain ont été donnés à la ville de Château Chinon, en échange la ville a construit, sur le terrain, un petit abri qui héberge la station automatique, le matériel de l’Agence de Bassin Loire-Bretagne et les archives de la station (carnets d’obs, diagrammes, diagrammes quotidien d’état du ciel etc… Les archives remontent à fin 1945. Actuellement les bâtiments de la station sont utilisés par Radio Morvan. Evolution de la station La station a évidemment connu des évolutions techniques. A partir du 1er mars 1969 elle fut dotée d’une station automatique à transmission numérique S.A.T.I.N. électronique MYQ 4930 A N°8, deuxième génération de Station automatique après la SITT électro-mécanique. Emission toutes les heures de renseignements météorologiques (DD,FF,PPPP,TT, UU,RRR). Les centres de réceptions étaient le CDM de Dijon et Lyon Bron. Le personnel assurait une surveillance suivie des capteurs, une maintenance premier degrés. La station automatique c’est bien mais il arrivait que les météos de Nevers et de Dijon demandent des précisions sur la météo du Morvan. Ceci arrive encore actuellement, bien qu’André SOURD soit en retraite… La station de Château Chinon a participé de 1977 à 1987 au réseau BAPMON (Background Air Pollution Monitoring Network ) en échantillonnant les précipitations sur une base mensuelle avec un pluviomètre automatique qui ne se découvre que pendant les précipitations. Les analyses étaient effectuées suivant les recommandations de l’OMM dans un laboratoire de central (IRCHA). A l’épo-que 6 stations seulement faisaient partie de ce réseau (ABBEVILLE. CARPENTRAS, CHATEAU-CHINON, GOURDON, PHALSBOURG, ROSTRENEN). « Histoire de l’avion Émeraude, trimoteur DEWOITINE 332 Depuis 1984 est installé à la station par le service hydrologique centralisateur de l’Agence de Bassin LOIREBRETAGNE à ORLEANS un pluviomètre enregistreur à transmission automatique radio. Deux vues de la station météo de Château Chinon : la première vue nord et ouest, la seconde ouest et sud. 24 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 Souvenirs et témoignages… ntré à la compagnie AIR France en E octobre 1933, le DEWOITINE D 332 prototype vient d’effectuer une tournée de démonstration dans les capitales d’Europe, piloté par Marcel Doret, pilote d’essai. Maurice Nogues veut essayer le nouvel appareil. Avec Jean Mermoz comme co-pilote, il part faire une inspection de la ligne d’Amérique du Sud, voyage effectué sans incident. Cependant Nogues envisage de faire un voyage en Extrême Orient. Il entend profiter de la mission spéciale qui doit ramener le Gouverneur Général Pasquier. C’est le 21 décembre 1933 à 8 heures précises que l’avion décolle pour Saïgon. Il devrait relier cette destination en 48 heures et 30 minutes de vol effectif au lieu des 79 heures jusqu’alors nécessaires. L’équipage : le pilote André Launay, le radio Ferdinand Queyrel et le mécanicien Camille Crampel, tous trois habitués de la ligne d’Extrême Orient. Quelques incidents ont eu lieu durant le parcours. Le 25 décembre, l’Emeraude est à Athènes. Le soir même Nogues écrit à sa femme une lettre avec des pressentiments. Sa lettre « Je t’écris de l’aérodrome d’Athènes où nos moteurs nous retiennent, nous avons déjà perdu un jour à Rome, mise en route laborieuse, je l’ai piloté de Brindisi à Athènes ». Athènes, Beyrouth, Damas, Karachi, le temps presse, le 28 décembre ils atterrissent à Saïgon soit 7 jours depuis Paris. La presse relate cette arrivée. Une foule accueille le Dewoitine EMERAUDE. A la sortie de l’avion, une jeune femme, derrière elle son mari, Emmanuel Chaumié, puis Maurice Balazuc de la direction d’Air France suivi du patron Nogues. Les applaudissements redou blent lorsque l’as des pilotes apparaît, le sympathique André Launay. Puis Nogues prend la parole, il rappelle son premier voyage commercial avec Launay en 1931. Le Gouverneur Général Pasquier arrive d’Hanoï. Et c’est le retour vers la France. A bord de l’avion il y a en tant que passagers : Pierre Pasquier Gouverneur Général de l’Indochine, Léon Brusseaux Capitaine Officier d’Ordonnance du Gouverneur Pierre Pasquier, Maurice Nogues pionnier de l’aviation, Directeur Général Adjoint chargé de l’exploitation de la Cie AIR FRANCE, Emmanuel Chaumié Directeur de l’Aviation Civile et son épouse Colette Chaumié, Maurice Balazuc Directeur Technique de la Cie AIR France, Jean-Jacques Larrieu Journaliste, Chargé de Mission. L’équipage est un équipage d’élite avec André Launay pilote, Camille Crampel mécanicien, Ferdinand Queyrel radiotélégraphiste, Le 13 janvier 1934 l’EMERAUDE se pose à Damas, l’avion gagne Corfou, puis Brindisi, enfin Marignane. Pour Paris le temps n’est pas au beau fixe, les voyageurs auraient pu gagner Paris par tout autre moyen de locomotion. Mais le Gouverneur est attendu à Paris, une réception solennelle est organisée ! Le champagne est prêt à couler à flots. Le tout Paris sera présent pour saluer le grand homme qui revient de la colonie française. Départ de Marignane, les derniers bulletins météos sont mauvais. Nogues prévient Chaumié : « Ca ne va pas, brume à Lyon, neige dans le Centre et un vent de plus de 100 km/h au Bourget. « Est-il prudent de partir » demande Chaumié. « Nous pouvons toujours aller jusqu’à Lyon disent les pilotes ! Après nous verrons… ». C’est alors que le premier acte du drame se joue. Sans tenir compte des interrogations de l’équipage, un ordre exprès arrive de Paris : « Il faut partir immédiatement » ; face à leurs objections s’oppose un ordre plus formel « Départ immédiat ». Nogues n’hésite pas, il obéit : « On partira ». Après le départ de Bron, on s’interroge du regard. Chacun sait que c’est de la folie pure! Dans le poste de pilotage deux hommes sont côte à côte, Nogues et Launay, ils ont compris. Vont-ils réussir ? Ils ignorent une chose, la force de la tempête. Les monts du Charolais passés, l’avion avance avec peine à cause de la neige, certainement du givre. L’inquiétude monte au Bourget, pour les pilotes Mermoz, Saint-Exupéry, Costes ; chacun espère mais ils savent que cela sera très dur. Entre pilotes les sentiments sont graves, ils sont unis. Mais les responsables de la réception voient seulement leur belle fête perturbée! Le champagne ne coulera pas… Et c’est la terrible nouvelle à 10 heures du soir. Plusieurs témoignages concordent, il faisait un temps épouvantable sur Corbigny, rafales de vent en tempête, pluie, neige fondue, grêle et une nuit d’encre. L’avion venait de traverser le Morvan ; étant donné l’intensité, le vacarme du bruit des moteurs, il volait très bas sur la ville. Des témoins ont vu une ligne de lumière, les hublots sans doute, piquant vers le sol à 45 degrés, puis aussitôt une immense flamme, une explosion et le bruit strident des moteurs fut stoppé net. La configuration des débris laisse à penser que l’appareil était sur le dos avant le crash : il avait perdu un aileron qui fut retrouvé à 2 kilomètres du point de chute. Déséquilibré et ingouvernable, il a dû partir en spirale et tonneau sans que l’équipage n’ait pu faire aucune manœuvre. Les moteurs sans doute à grand régime pour lutter contre la tempête se sont emballés lorsque l’appareil s’est mis en descente, d’où leur rugissement au moment de l’impact. Il n’y eu aucun survivant. Une montre gravée au nom de Launay fut retrouvée ; elle était arrêtée à 19h21. FRANCIS DUTARTRE Le DEWOITINE 332 à Toulouse en 1933 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 25 TRIBUNE LIBRE… « «La dame» du Bourget… C’était exact. A chaque fois que son mari gagnait une étape, la photo de la « dame blonde » figurait souvent dans la oici une curieuse anecdote sur les réactions d’une presse avec Louison ! » JEAN CANIOT « dame blonde » lorsque le radar du Bourget fonctionnait. « Lorsque nous mettions en fonction ce radar pour connaî- L’occasion de vous présenter ci-dessous une photo de tre la hauteur de la base des nuages, cet appareil émettait l’aéroport du Bourget (photo 1). un crépitement aiguë intense ! Bien entendu, aussitôt, les Sur cette photo, prise en novembre 1950 par Jean Caniot, visiteurs installés sur la terrasse supérieure de l’aéroport on remarque de gauche à droite : s’éloignaient de la source du bruit. Nous avions remarqué L’extrémité de la terrasse réservée aux visiteurs et que seule une jeune femme blonde, ayant l’habitude de l’antenne du radar avec derrière celle-ci un DC3 du même venir à cet endroit, ne s’enfuyait pas. L’un des nôtres, un modèle que celui portant l’immatriculation « F BEIG » utilisé régulièrement pour accomplir des vols météos. Deux observateur demeurant à Dugny, la connaissait de vue. C’était, disait-il, l’épouse du célèbre coureur cycliste de appareils du type « Languedoc SO.161 » d’Air France sont visibles à droite. l’époque « Louison Bobet ». V 1 3 Photos souvenirs (documentation Jean-Caniot) Le radar du Bourget en 1950 2 Stage militaire de météorologistes, Le Bourget 1950 26 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 Météorologistes : Debout de gauche à droite: -? Porzio (Marseille), Müller (Douaï), Lalanne (Biscarosse), Caniot (Lambersart), Leclerc (Lille), Blanc (Bouches-du-Rhône) Accroupi : -?, -?, Poineau (Lorraine), -? Tribune libre… 3 « Visite de la direction de la météorologie nationale, Paris le 4 mars 1972 De gauche à droite : Gabriel Millet (penché) Anne Thérèse Penelle (✞) Michèle Parsy jean Caniot Patrick Meyer (✞) Odile Caniot (derrière le technicien assis) Une inconnue Un inconnu Suzanne Meyer Annie Caniot (de dos) Météo et France ors de son récent départ à la retraite, Lnavigué, Philippe Nacass qui a longuement nous a raconté quelques unes de ses anecdotes qui ont marqué sa carrière. Je retiendrai celle-ci pour les lecteurs d’Arc en ciel : «De retour à la vie civile, au CERAM (Centre de recherches atmosphériques de Magny les Hameaux) , il est naturel que je rejoigne l’équipe naissante des Bouées Marisondes et Navisondes. En plein développement, ces objets flottants transmettent leurs données par le tout nouveau satellite ARGOS qui les localise. Ils me permettent alors de continuer à naviguer pour les semer sur toutes les mers du globe. Tout d’abord, je trouve peu logique de larguer, en plein milieu de l’Atlantique ou du Pacifique, des bouées seulement marquées des mots «Météorologie Nationale» ce qui est de peu d’utilité pour les pécheurs Canariens ou Açoriens qui les rencontrent. J’invente donc les mots « MÉTÉO » et « FRANCE » que je peins l’un à coté de l’autre pour la première fois sur une Marisonde le 29 mai 1978 à bord d’un cargo naviguant vers la Guyane. Puis je récidive, le 16 août 1978, sur le même cargo, sur une Navisonde. Cette initiative me vaut à l’époque quelque remontrance de la hiérarchie du CERAM qui trouve les mots «MÉTÉO FRANCE» non réglementaires et ridicules.» Mais l’avenir me donnera raison !! Dix ans plus tard, l’INPI (Institut National de la Propriété Industrielle) délivrait le certificat d’enregistrement de la marque dépsée :« Météo-France ».* PHILIPPE NACASS (*) ndlr : c’est sous l’impulsion du regretté André Lebeau en 1993 que la Direction de la Météorologie Nationale (DMN) s’est transformée en MÉTÉO FRANCE. Cela s’est fait lors du changement de statut de la DMN (administration Centrale) en Etablissement Public à caractère Administratif (EPA). Quelque temps auparavant un débat avait eu lieu en CTP Central pour savoir si le nouvel EPA allait s’appeler FRANCE MÉTÉO ou MÉTÉO FRANCE : c’est cette dernière appellation qui fut retenue. arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 27 « Dernière minute… Compte-rendu du Conseil d’administration du 25 juin 2013: Membres présents : JL Plazy, JN Veyron-Churlet, Philippe Larmagnac, Michel Ruchon, Nicole Gazonneau, JeanClaude Biguet, Michel Le Quentrec, Michel Beau, Michel Beaurepaire, MarieClaude Bigot, Martine Camblan (par téléphone avec pouvoir donné à Michel Ruchon), Joseph Chouchana, Jean Coiffier, Marc Murati, Jean-Jacques Vichery. Membres excusés : Pierre Bauër, JP Bénec’h, Jean-Michel Bidéondo, Jean Pailleux Invités présents : J. Caniot (animateur délégation Nord), Pierre Chaillot (rédacteur en chef AEC), Francis Dutartre (animateur délégation Sud-ouest), Jérôme Duvernoy (vérificateur aux comptes), Invités excusés : Jacques Lorblanchet (délégué Sud-est) La réunion s’est tenue dans les locaux de Météo-France à Saint-Mandé, salle A134 de 10h à 15h45 Après avoir adopté le compte rendu du conseil du 7 février le conseil d’administration a traité les points suivants : Organisation de l’AG du 1er octobre à St-Mandé : L’AG sera convoquée pour 15h mais le matin à 10h30, Jean-Pierre Javelle donnera une conférence sur le Verrier ; un buffet sera possible sur place à midi (28 euros). Le lendemain de l’AG, une visite du château de Vincennes sera prévue pour ceux qui le souhaitent. L’appel à candidatures pour le renouvellement du CA est envoyé en juillet ; comme d’habitude, le vote pour élire les administrateurs se fera à l’entrée de l’AG ou par correspondance. La liste des invités à l’AG a été définie. Approbation des points à soumettre à l’AG du 1er octobre Statutairement (art. 9.1), le CA doit approuver l’ordre du jour de l’AG. Ont été approuvés la liste des points suivants : a/Modification des statuts et règlement intérieur (une dernière version a été élaborée en séance qui sera envoyée aux membres) ; b/Comptes 2012 ; c/Rapport du vérificateur aux comptes ; Jérôme Duvernoy nous a donné en 28 séance un pré-rapport tendant à donner le quitus aux trésoriers pour l’année 2012 ; d/Montant de la cotisation 2014 ; le CA propose qu’elle s’élève à 28 euros du fait de l’élévation des coûts en cours et envisageable ; e/Proposition d’élection d’un président d’honneur (le CA a proposé à l’unanimité un membre) et annonce la nomination de membres honoraires ; f/Accord de coopération AAM-ANRAAM (signé le 1er avril 2013 à Casablanca). Budget prévisionnel 2013 Philippe Larmagnac présente ce point : il faut noter que 8000 euros de cotisations sont recouvrés à la date du 19/06 (il reste donc environ 1500 euros à recouvrer !), que la subvention de Météo France a été versée (10000 euros) ; les frais de l’AG à la charge de l’AAM sont estimés à 1500 euros. Rapport des comités •Loisirs : Jean-Jacques, animateur du comité loisirs a fourni des documents très élaborés concernant l’environnement de l’AG 2013, le dépouillement questionnaire envoyé au début de l’année sur les attentes des membres concernant les activités, le bilan du voyage au Maroc, le choix du voyage au printemps 2014 (ce sera une croisière à partir de Venise sur le Pô en mai) et le choix du lieu de l’AG 2014 (ce sera la Bretagne) ; •Publications : le comité s’est réuni le 18 avril ; Michel Beaurepaire indique que les numéros habituels sortent normalement ; Pierre Chaillot et Jean Coiffier donnent des précisions sur le numéro spécial consacré à la mémoire de Jean Labrousse et Jean Lepas (ce numéro paraitra en fin d’année). Un autre ouvrage de nature différente a été préparé par les collègues de Brest sur l’histoire de la météo en Finistère (1720-2002) ; Marc Murati explique que des collectivités locales peuvent contribuer au financement. Jean-Louis propose que l’AAM soit maître d’ouvrage ; l’imprimerie de Météo France pourrait imprimer l’ouvrage à 800 ou 900 exemplaires (incluant les membres et les lots fournis aux collectivités locales ayant contribué au financement). D’autres documents pourraient être édités mais demandent une certaine validation ; •Mémoire : Jean-Louis Plazy indique qu’il y a eu peu d’évolution depuis février ; Michel Beau travaille sur les interviews qu’il a réalisées et estime qu’il est souvent difficile d’accéder à des documents anciens exploitables ;Joseph Chouchana a rencontré monsieur Viton et a procédé à son interview ; •Site internet : Marc a fait un gros travail d’enrichissement du site. Les membres du CA sont invités à poursuivre la veille du site et à signaler les erreurs subsistantes à Marc ; •Jury du prix AAM : Le CA valide officiellement le choix de Jean-Pierre Chalon comme membre du jury (en remplacement d’André Lebeau) ; Jean Coiffier indique que Thibaut Laffineur est le candidat ITM choisi par le jury (mémoire sur les Polar Low*) ; le prix sera donné le 11 juillet en présence de JeanLouis Plazy ; •Jeunes : Jean Coiffier évoque les dernières rencontres de Toulouse et la possibilité d’établissement d’une convention entre Planète Sciences et l’AAM ; Jean-Louis prendra contact avec la représentante de Planète Sciences •Activités des délégations régionales : Nicole évoque les 4 sorties organisées en Ile-de-France depuis février en lien avec l’ANAFACEM régionale ; Michel Ruchon fait lecture du document de Jean-Paul Benech parlant essentiellement de la rencontre de Brest ( 24 personnes réunies le 22 mai) et de la cérémonie en souvenir de la frégate météo Laplace (accident du 15/09/1050 faisant 51 morts dont 5 météos) à la pointe St-Mathieu (29) ; Jean-Louis évoque la rencontre des amis du Sud-est tenue le 14 juin (29 personnes) à Vaison-laRomaine (visite de ruines romaines et restaurant) ; Francis précise qu’une réunion se tiendra en septembre devant statuer sur la réorganisation de la délégation sud-ouest ; enfin, Jean Caniot nous a éblouis par sa présentation des paysages culturels uniques de la Flandre et du Hainaut (dernière visite du 8 juin) tant française que belge. •Entrevue avec le PDG : elle est envisagée le 18 juillet (Jean-Louis, Philippe et Michel Ruchon le rencontreront). MICHEL RUCHON A midi, notre amie Marie-Claude Bigot, qui est en retraite depuis le 1er juillet, nous a offert l’apéritif ; Jean-Louis lui a offert au nom de l’AAM quelques cadeaux et l’a remerciée pour tout son travail en direction de l’AAM (de par ses fonctions à la DRH ) et aussi au sein même de l’AAM dont elle est administratrice depuis 2011 et souhaite le rester à l’avenir. *dépressions de taille réduite sur les zones polaires des océans. arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 Rencontre AAM- PDG Météo-France* e 18 juillet, une délégation composée du préLLarmagnac sident Jean-Louis Plazy, du trésorier Philippe et du secrétaire général Michel Ruchon a rencontré le PDG de Météo-France François Jacq qui était accompagné de Mme MarieAnge Folacci, Directeur de la Communication. Le président a d’abord évoqué le voyage au Maroc du printemps 2013 qui a permis la rencontre protocolaire -et la signature d’un protocole -entre l’ANRAAM et l’AAM. Le président a remercié M. Jacq pour le soutien qu’il a accordé à notre initiative. Le président a également remercié M. Jacq pour l’éditorial donné en ouverture du numéro spécial d’Arc en Ciel consacré à la mémoire de Jean Labrousse et Jean Lepas ; sur le chapitre du souvenir, le PDG nous a informés qu’une journée d’hom-mage à André Lebeau se tiendrait le 24 octobre 2013, probablement à Saint-Mandé. Toujours dans le cadre de la mémoire, le président a informé le PDG de la publication prévue de nos collègues de Brest sur l’histoire de la météorologie dans le Finistère ; l’AAM en serait le maitre d’ouvrage pour la coordination et l’édition. Le président a remercié le PDG pour la numérisation achevée des numéros d’AEC et l’a informé des 10 interviews d’anciens réalisées. Le président a remercié le PDG pour la subvention versée en mai et a annoncé que la cotisation serait probablement augmentée en 2014 pour maintenir un équilibre entre subvention et cotisations dans les recettes. Puis la question des locaux utilisés par l’AAM a été abordée : le PDG assure qu’à Trappes comme à StMandé, l’AAM occupera, à horizon visible, des locaux équivalents à ceux occupés aujourd’hui. Concernant la possibilité de s’adresser aux observateurs bénévoles pour les inviter à adhérer à l’AAM, le PDG nous a invités à la prudence car il y a un contentieux en cours avec l’URSSAF qui a déjà coûté à Météo-France. Quand tout sera clarifié, il sera éventuellement possible de demander aux directions régionales de faire parvenir notre invitation à l’adhésion des observateurs bénévoles. Concernant la question de la disparition « envisagée » du centre de vacances du Bataillet, le PDG nous a indiqués que la DGAC envisageait cette disparition, suite à la mission de la Cour des Comptes concernant les activités sociales communes ; le PDG reconnaît qu’il suit la position de la DGAC tout en soulignant que Météo-France n’avait pas baissé la part des crédits alloués à l’action sociale, contrairement à la DGAC. MICHEL RUCHON *Ndlr : Dans l’espace réservé aux membres sur le site de l’AAM (http://www.anciensmeteos.info), vous pouvez lire la version intégrale du compte-rendu de cette audience. arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 29 Action sociale… Prélèvement pour la dépendance Depuis le 1er avril 2013, une contribution additionnelle de 0,3% est prélevée sur le montant des retraites en faveur de l’autonomie et de la dépendance. Ce prélèvement est affecté à la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA). Cette caisse était auparavant principalement financée par un prélèvement de 0,3% sur les salaires et une contribution additionnelle de 0,3 % sur les revenus du patrimoine et les produits de placement. La CNSA est un établissement public créé par la loi n°2004-626 du 30 juin 2004 et mis en place en mai 2005. La loi n° 2005-102 sur l’égalité des droits et des chances des personnes handicapées du 11 février 2005 a précisé et renforcé ses missions. Depuis le 1er janvier 2006, la CNSA est chargée notamment de financer les aides en faveur des personnes âgées dépendantes et des personnes handicapées. PIERRE CHAILLOT Bonus photos (voyage au Maroc) 2 1 3 8 4 5 6 7 9 1/ Fontaine (jardin du musée de Marrakech) 2/ Jardin Majorelle à Marrakech 3/ Pont ombragé au jardin Majorelle 4/ Relève de la garde du Mausolée Mohamed V (Rabat) 5/6 Intérieur Mosquée Assan II 7/ Plats traditionnels marocain 8/ Cigogne dans le ciel marocain 9/ Dromadaires (palmeraie de Marrakech) Revalorisation des pensions de retraite en 2013. Régime général (pour tous) Cette revalorisation de 1,3% a été décidée par le gouvernement après qu’il ait fait sienne la prévision d’inflation pour 2012 de 1,8% arrêtée par la Commission Economique de la Nation le 19 mars dernier. Elle a pris effet au 1er avril 2013. La revalorisation a été calculée de la manière suivante : prévision d’inflation 2013 (1,2%) plus l’écart entre l’inflation (hors prix du tabac) constatée en 2012 (+ 1,9% selon l’INSEE) et la prévision initiale pour 2012 (1,8%) ; cet écart étant donc de 0,1%, la revalorisation en 2013 est bien de 1,2 + 0,1% soit 1,3%. Retraites complémentaires (pour le privé) Les retraites complémentaires ARRCO (ensemble des salariés du privé y compris les cadres) et AGIRC (cadres), ont fait l’objet d’un accord entre certaines organisations syndicales et organisations patronales le 13 mars 2013. Ces retraites complémentaires sont calculées selon un système de points. Pour l’ARRCO, la valeur du point est majorée de 0,8% et pour l’AGIRC de 0,5 %. Ainsi, à compter du 1er avril 2013 : - pour l’ARRCO, la valeur du point est fixée à 1,2513 € (1,2414 € en 2012) ; - pour l’AGIRC, la valeur du point est fixée à 0,4352 € (0,4330 € en 2012). Cette revalorisation des retraites complémentaires est donc inférieure à celle de la retraite de base (+ 1,3%) car l’accord entre le patronat et les organisations syndicales signataires a prévu d’augmenter ces retraites complémentaires moins que l’inflation pendant 3 ans afin de résorber une partie des déficits de ces caisses de retraites (de leur coté, pour cette même raison, les actifs et les entreprises patronales ont accepté d’augmenter les cotisations retraites de 0,1%). La crainte des retraités du régime général (et donc des retraités de la fonction publique) était que le gouvernement suive l’exemple de l’accord sur les régimes complémentaires pour désindexer l’augmentation des retraites de l’évolution de l’inflation. Pour 2013, le gouvernement a finalement opté pour le maintien de cette indexation… on peut croiser les doigts pour qu’il en soit de même en 2014 ! PIERRE CHAILLOT arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171 31 http : // www.anciensmeteos.info CORRESPONDANT RÉGIONAUX CONSEIL D’ADMINISTRATION Président d’honneur Jean-Jacques Vichery: 03 20 32 89 81 BUREAU DE L'A A M Président Jean-Louis Plazy : 04 90 47 52 40 Vice-Présidents Jean-Noël Veyron-Churlet : 05 61 55 06 36 Secrétaire général Michel Ruchon : 01 30 45 33 80 Secrétaire adjoint Nicole Gazonneau : 01 46 78 58 44 Trésorier Philippe Larmagnac : 02 54 46 28 44 Trésorier adjoint Jean-Claude Biguet : 01 43 58 86 50 Michel Le Quentrec : 06 71 90 70 77 Autres membres Pierre Baüer : 05 61 76 40 64 Michel Beau : 01 47 36 35 37 Michel Beaurepaire : 01 77 94 70 14 Jean-Paul Bénec’h : 02 97 47 53 02 Jean-Michel Bidéondo : 03 26 07 60 09 Marie-Claude Bigot : 02 37 31 59 12 Martine Camblan : 02 98 40 02 26 Joseph Chouchana : 01 60 10 08 14 Jean Coiffier : 05 61 13 65 25 Marc Murati : 02 98 07 30 99 Jean Pailleux : 05 61 06 76 11 Photo de couverture : la mosquée Hassan II Crédit photo : Christian Lefévre Ile-de-France… • Michel Ruchon : 01 30 45 33 80 23 allée Paul Langevin 78210 St-Cyr l’école • Nicole Gazonneau : 01 46 78 58 44 5 rue du Docteur Paul Laurens 94800 Villejuif Nord… • Jean Caniot : 03 20 92 51 75 17 avenue de Soubise 59130 Lambersart • Jean-Jacques Vichery : 03 20 32 89 81 20 rue George Sand 59710 Avelin Sud-Ouest… • Francis Dutartre : 05 61 91 94 51 1553 route de Toulouse 31470 Saint-Lys • Jean Coiffier : 05 61 13 65 25 25 boulevard Armand Duportal 31000 Toulouse Sud-Est… • Jacques Lorblanchet 344 allée de l’orée du Golf 34280 La Grande Motte • Marcel Vial : 04 42 83 23 60 11 impasse de la Gache-Saint-Jean 13600 La Ciotat Centre-Est… • Michel Estéoule : 04 78 28 72 49 304 Bd des Canuts 69300 Caluire Ouest • Jean-Paul Bénec’h : 02 97 47 53 02 6 rue de Mangorvennec 56980 Saint Avé • Marc Murati : 02 98 07 30 99 20 rue de la gare 29460 DIRNORD La Réunion… • Guy Zitte : 02 62 30 68 14 13 cité Océan Montgaillard 97400 Saint Denis de la Réunion Secrétariat de l’AAM à Trappes, Joëlle Tonnet téléphone : 01 30 13 61 65 c o u r r i e l : a a m @ m e te o . f r Bulletin Directeur de la publication MICHEL BEAUREPAIRE quadrimestriel publié par l’association Rédacteur en chef : des anciens PIERRE CHAILLOT de la météorologie 7 rue Teisserenc de bort 78190 Trappes Comité de rédaction : MICHEL BEAUREPAIRE JEAN-PAUL BÉNCH’H JEAN-MICHEL BIDÉONDO ROGER BEVING MARTINE CAMBLAN JEAN CANIOT PIERRE CHAILLOT JOSEPH CHOUCHANA MICHEL RUCHON conception, réalisation, impression: D2C/IMP (Météo-France) ISSN 1270 511X n° SIRET: 49324 104 6000 17 arc en ciel, bulletin de l’association des anciens de la météorologie, numéro 171